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21 juin 2015 7 21 /06 /juin /2015 04:55

Deux romans de Dominique Arly, publiés dans la collection Spécial-Police du Fleuve Noir des années 1970...

 

"Faites-moi une fleur" (Fleuve Noir, 1973)

Comme souvent pendant ses vacances, l'étudiant Hugues Marestier est envoyé en mission par son oncle Prosper. Cette fois, direction la Bulgarie, avec pour but d'en ramener une plante nouvelle, non sans avoir vérifié que celle-ci sera véritablement exploitable. C'est dans les cordes d'Hugues, puisqu'il étudie la biologie. Il n'ignore pas que la valeur de ces plantes originelles est conséquente, car ce sont quantités de fragments de ces souches qui sont ensuite commercialisés à travers le monde. Le commanditaire de l'affaire n'est pas le seul à s'intéresser à ce nouveau produit qui rapportera tant. Un puissant groupe américain est sur le coup. Ainsi qu'une jeune femme repérée par des collègues allemands d'Hugues, une Danoise que l'étudiant va tenter de prendre en filature.

Hugues s'aperçoit qu'il a été berné, que la Danoise lui a filé entre les pattes. Il lui a suffi d'échanger ses vêtements avec une Suédoise prénommée Karen, à laquelle elle a laissé sa voiture. Faute de mieux, Hugues suit Karen jusqu'à un lieu touristique : “Nous arrivâmes aux Sables d'Or au coucher du soleil. La plus belle station bulgare de la Mer Noire, disait mon guide. C'était vrai.” La mystérieuse Danoise fait de temps à autre des apparitions brèves dans cet enchanteur décor balnéaire.

Svetlana, son père et ses cousins, Bulgares concernés par la transaction, attendent avec une certaine nervosité l'arrivée du créateur de la nouvelle plante, un Russe. Hugues et Svetlana sont agressés lors d'une soirée, puis le père de la jeune femme est enlevé. Avec les cousins, des costauds, Hugues va devoir le sauver sur le yacht où on l'a séquestré. Peu après l'arrivée du Russe, les précieuses graines sont volées. À moins que ce ne soient pas les vraies ? Quand Hugues se rend au laboratoire où il doit expertiser les fameuses graines, elles sont à nouveau dérobées. À force de mésaventures, Hugues commence à discerner la vérité…

Dominique Arly : Faites-moi une fleur + Une fleur en hiver

"Une fleur en hiver" (Fleuve Noir, 1979)

Édouard Delmont est un policier retraité. Il vit avec son épouse à Valjoux, un village de l'Ain. Voilà plusieurs fois que des amis le sollicitent pour retrouver des disparus. Missions dont il se passerait volontiers, car il ne dispose pas des mêmes moyens que la police ou la gendarmerie. Même s'il y a conservé certaines relations. Édouard n'ignore pas que ces affaires débouchent trop souvent sur des drames. Il accepte néanmoins de rechercher la petite-fille d'Henri Guillan. Malade, ce vieux monsieur a connu tant d'épreuves dans sa vie. Pour lui, pour son employée de maison Mme Aubin, pour François Joulain, parrain de cette Véronique, l'ancien policier va tenter d'en apprendre davantage sur sa disparition.

Le jeune femme revenait d'un voyage en Italie, avec son amie Liliane. Quand leur voisin Jean-Pierre Suchet chercha Véronique à la gare, aucune trace d'elle. Pourtant, Liliane dit l'avoir quittée peu avant, à un précédent arrêt du train. Se peut-il que Véronique ait, entre-temps, croisé quelqu'un dans ce train, et qu'elle ait subitement décidé de partir avec lui ? Hypothèse fort improbable. Par contre, il est possible que Jean-Pierre Suchet n'ait pas dit toute la vérité. Édouard doit-il dès lors en aviser la police ? Sans doute est-ce prématuré, car une vérification mettra bientôt Jean-Pierre hors de cause.

La jeune Véronique a-t-elle connu un coup de foudre en Italie, au point d'y rester ? À contrecœur, Édouard se rend les jours suivants dans le village de Spaluzella où séjourna la disparue. En réalité, le vieux policier s'aperçoit qu'elle n'a jamais mis les pieds dans cette bourgade italienne. Véronique était nettement plus perverse que ne l'imaginaient ses proches. Elle apparaissait plutôt sage, mais sortait avec clandestinement avec un jeune homme des environs. Qui vient d'ailleurs de se tuer en voiture. Si Édouard fait toutes ces découvertes, ça n'indique pas pour autant où se trouve actuellement la jeune disparue. À force de tourner en rond dans son département, l'enquêteur trouvera finalement des témoins utiles…

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12 juin 2015 5 12 /06 /juin /2015 04:55
L'homme noir, personnage mystérieux à plus d'un titre

Quand on parle polar ou SF, "l'homme noir" ne va pas désigner le mâle africain, mais plus sûrement la noirceur de l'âme, des actes ou des tenues, du personnage-titre. En 1939, un certain André Sans publia aux Éditions de la Librairie de L'Arc (Brive La Gaillarde) un roman de 126 pages (en tirage limité et numéroté, illustré de 36 gravures sur bois de Jean Margerit) intitulé "L'homme noir". On peut supposer qu'il s'agit d'un conte à suspense car Edgar Allan Poe est cité en exergue, via un extrait de Le puits et la pendule, "Oh ! Une voix… une voix pour crier !"

G.J.Arnaud utilisa le même titre pour un roman publié dans la collection Spécial-Police du Fleuve Noir en 1975. L'histoire se passe à Lyon, dans le quartier de la Croix-Rousse. C'est là que Roger Courson, qui vit aujourd'hui à Nice, passa son enfance. Dans certains couloirs de cet immeuble désormais lézardé, les mômes d'autrefois avaient peur du légendaire "homme noir" hantant les lieux. “Lorsqu'il n'était qu'un enfant, il ne s'y hasardait qu'en compagnie des autres, un bout de bougie à la main. Outre les chausse-trappes, il y avait l'Homme Noir. Tous les enfants l'avaient vu. Lui aussi. Une ombre en grande cape et chapeau pointu qui se glissait d'étage en étage, silencieux et sinistre… On disait qu'un trésor y avait été caché par un riche soyeux au moment de la révolte des Canuts en 1831 et que l'Homme Noir n'était autre que le fantôme du soyeux recherchant son bien.” S'il est de retour chez ses parents, c'est que Roger vient d'assassiner sa compagne Gisèle. Voilà le seul endroit qu'il ait trouvé pour se cacher. Auprès de ses parents, qui sont décédés de mort naturelle, dont les corps sont toujours dans l'appartement. Un refuge pas si sûr, car des attentats visent ce pâté de maison habité surtout par des familles arabes venues d'Algérie. C'est l'œuvre d'un comité dirigé par l'étudiant Pascal Lacaze et son amie Hélène Ferni, afin d'obtenir le relogement de ceux qui vivent dans ce trou-à-rats. Ce qui risque de trop attirer l'attention des autorités sur cet immeuble, augmentant l'angoisse de Roger.

"L'homme noir" fut réédité en 1995 chez le même éditeur, dans un recueil de quatre titres. Les autres sont trois succès de cet auteur : "Enfantasmes" (Prix Mystère de la Critique 1977), "L'enfer du décor", "Les jeudis de Julie". En début d'année 2015, les éditions Rivages/Noir ont aussi publié un roman de Luca Poldelmengo intitulé "L'homme noir".

L'homme noir, personnage mystérieux à plus d'un titre

En science-fiction, on trouve également ce titre. "L'homme noir" est un recueil de huit nouvelles signées Robert E.Howard, qui fut successivement publié par Le Masque fantastique en 1976, chez NéO en 1982, au Fleuve Noir en 1991. Il existe encore un roman de fantasy de Robin Hobb publié par Pygmalion en 2005, sous ce titre.

Légères variantes dans les romans destinés à la jeunesse. Avec le livre d'Alix Clémence "Ninon et l'homme en noir" publié par Syros, dans la collection Souris Noire, en 1999. Chez PKJ (Pocket Jeunesse), "L'homme en noir" de Catherine MacPhail est le tome 3 de sa série Némésis, publié en 2010.

Côté bédé, on peut citer des titres très approchants. Tel "Mandy Riley – L'homme en noir" (tome 1) de Ray Collins et Ernesto Garcia Seijas, aux Éd. du Lombard, 1988. Plus ancien, une bédé sans doute parue dans le Journal de Tintin, puis en album : "L'homme noir de Ripaton" de Mitteï (série L'indésirable Désiré, Dargaud 1970).

L'homme noir, personnage mystérieux à plus d'un titre
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30 mai 2015 6 30 /05 /mai /2015 07:20

Qui est Pauline Dubuisson ? Un jeune femme de vingt-six ans, devenue une criminelle ? Son parcours n'est pas si simple, bien évidemment. Élevée dans une famille de notables de Dunkerque où elle vit le jour en 1927, Pauline Dubuisson possède un fort caractère dès le plus jeune âge. Elle n'a que treize ou quatorze ans quand elle commence à avoir des amants. Intelligente, elle est engagée en 1944 à l'hôpital allemand de Dunkerque. Ce qui lui vaudra de sérieux ennuis à la Libération, pour elle comme pour sa famille.

Après-guerre, Pauline fait ses études à la faculté de médecine de Lille. Là encore, la jeune femme collectionne les aventures sexuelles. C'est à cette époque qu'elle rencontre Félix Bailly. Cet étudiant tombe vite amoureux d'elle, mais rien ne montre que la réciproque soit vraie. Relation déséquilibrée, sans nul doute. Pendant plusieurs années, Pauline domine Félix, n'hésitant jamais à le tromper, à le rendre malheureux. Félix finit par comprendre la situation impossible. C'est la rupture, il quitte Lille pour étudier à Paris. Bientôt, il va plus sereinement trouver l'amour auprès de Monique, se fiançant en vue d'un mariage.

Pour Pauline, c'est une défaite inacceptable. Elle tente de renouer avec Félix, mais c'est un échec. Elle devient dépressive, essaie de se suicider, puis acquiert une arme à feu. Une dernière fois, Pauline ruse afin de revoir son ancien amant. Selon la version de Pauline, sa nouvelle tentative de suicide se transforme en accident, causant la mort de Félix. Ce qui sera contredit par la reconstitution des faits, des témoins ayant bien entendu des coups de feu peu après que les deux jeunes gens se soient trouvés ensemble. La psychologie de Pauline est complexe, et il est avéré que son comportement fut souvent malsain, pervers. Elle sera condamnée, mais subsistera un doute…

Serge Jacquemard : L'affaire Pauline Dubuisson (Fleuve Noir, 1993)

C'est en romancier que Serge Jacquemard retrace dans ce livre de la collection Crime Story l'histoire de Pauline Dubuisson (libérée en 1959 après six ans de prison, décédée en 1963). Il appuie sur certains effets, privilégiant le drame au mélo, prenant plutôt le parti de l'héroïne meurtrière de cette affaire. Néanmoins, on perçoit les questions liées à cette époque (l’Épuration, en particulier) ainsi qu'au milieu bourgeois auquel appartenait Pauline Dubuisson. Une jeune femme libre de ses instincts sexuels, le cas n'était peut-être pas si rare, mais on ne l'affichait pas sans complexe comme elle. Pour l'auteur, l'essentiel consiste à décrire tout cela grâce à une narration fluide, très vivante… Ce livre publié en 1993 est à nouveau disponible en version numérique depuis 2014, chez French Pulp.

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24 mai 2015 7 24 /05 /mai /2015 04:55

Le milliardaire américain Milton Calhoun fait appel aux services de l'agence de Bertha Cool et Donald Lam, détectives privés. Un client prometteur : fils d'un défunt agent de change, “bonne éducation secondaire, école supérieure de journalisme, a épousé Beatrice Millicent Spaulding… pas d'enfant… une liste de clubs longue comme le bras… Il semble que ce gaillard ait passé sa vie a hériter.” Milton Calhoun ne paraît pas emballé à l'idée de les engager, néanmoins il leur demande de retrouver un écrivain nommé Colburn Hale, sans préciser le motif de cette mission. Donald Lam pense qu'il est mieux renseigné sur leur agence qu'il ne l'a avoué. Ce qui l'incite à en savoir plus sur le fond de l'affaire.

Enquêtant dans le milieu des écrivains indépendants, Donald Lam s'aperçoit que Nanncie Beaver (ou Armstrong), amie de Colburn Hale, a comme lui quitté son appartement du 830 Billinger Street brusquement. Il n'a aucun mal à dénicher une piste : “Nanncie Armstrong avait emprunté un autobus de la compagnie Greyhound, et donné pour adresse la poste restante de Calexico.” Elle a très certainement rejoint là-bas Colburn Hale. Tant pis si Bertha Cool râle pour la dépense, c'est la piste à suivre pour Donald Lam. Direction la frontière californienne. Il retrouve bientôt Nanncie dans un motel. Celle-ci ne tarde pas à disparaître après une visite nocturne. Cela vient-il du coup de téléphone que Donald Lam a donné à Milton Calhoun, pour l'informer de la progression de l'enquête ? Bien possible.

Un camion transportant une maison flottante pour pêcheur traverse cette nuit-là la frontière entre le Mexique et la Californie. Peu avant, Donald avait remarqué son conducteur. Celui-ci, un nommé Sutton, est retrouvé mort le lendemain dans la maison transportée. Vieille connaissance de Donald Lam, le sergent Frank Sellers se trouve dans les parages. Il n'est pas du genre à se déplacer pour des broutilles, ce fin limier. Comme l'écrivain Colburn Hale, il enquête sur un trafic de marijuana. Le meurtre de Sutton ayant été commis avec une arme appartenant à Milton Calhoun, celui-ci est rapidement inculpé. Newberry, son avocat, n'est pas brillant. Il faudra toute l'astuce de Donald Lam, ex-avocat lui-même, pour rétablir la vérité…

A.A.Fair : L'herbe n'est pas toujours verte (Le Masque, 1971)

Il s'agit du tout dernier titre, le 29e, de la série Bertha Cool / Donald Lam que publia Erle Stanley Gardner (décédé en 1970) sous le pseudo de A.A.Fair. C'est une solide intrigue, énigmatique et riche en péripéties, qu'il concocta une fois de plus. Racontée par Donald Lam à la première personne, l'affaire prend une tonalité assez rythmée. Car le détective est plus intrépide que son associée, une dame costaude. Il suffit de suivre l'enquêteur, il sait où il va. Peut-être pas un chef d'œuvre classique du polar, mais un très bon exemple de cette sympathique série de romans.

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23 mai 2015 6 23 /05 /mai /2015 04:55

Paris, début des années 1970. Les gens tels que Monsieur Jo, on ne les appelle pas encore des tueurs en série, des serial killers. On les qualifie de psychopathes, de maniaques. Si Monsieur Jo est un personnage inventé par Chris, c'est surtout quelqu'un de dangereux. Il joue au dur dans les boîtes de Pigalle, il y fait preuve d'une grande générosité. Dans sa vie ordinaire, Christian de Grandseigne apparaît pourtant comme un jeune homme sans grand caractère. C'est le fils trop couvé d'une femme du monde snobinarde vivant dans un décor historique et précieux. Christian est un jeune homme tranquille, assez rêveur, ne cultivant aucun but précis pour l'avenir. Il ne fréquente pas grand monde, aucune femme ne semble l'intéresser. Il surveille vaguement les intérêts familiaux, gérés par Maître Guignard.

C'est donc en cachette que, la nuit, Christian de Grandseigne se rend à Pigalle, où il se transforme en Monsieur Jo. Est-il vraiment crédible dans son rôle de caïd ou n'est-ce qu'un pigeon de plus ? Est-ce pour son argent ou pour son physique que des filles, telles que Gaby, Daniela ou Andréa, s'offrent à lui ? Quand elles découvrent son secret, il doit les éliminer. Avec un couteau ne lui appartenant pas. Fièvre, crise de folie ? Il bénéficie d'un peu de chance : l'enquête policière qui débute ne fait pas le rapprochement entre Chris et Monsieur Jo. Néanmoins, un embarrassant portrait-robot est diffusé.

Maître Guignard est un ambitieux, voire un arriviste. À l'insu de Chris, il est l'amant de Mme de Grandseigne, sa mère. Il imagine même un mariage entre son propre fils et elle, même s'il est très incertain que la mère de Chris adhère à ce projet. Maître Guignard va venir en aide au jeune homme, non sans arrière-pensées. Bonne occasion de le contrôler, de l'amener à accepter des opérations financières juteuses. Toutefois, si le danger paraît s'éloigner, Monsieur Jo risque de renaître. De recommencer à tuer, en s'attaquant à Anne, la nièce de leur maître d'hôtel. Une fuite en avant probablement suicidaire…

Gilbert Tanugi : Deuil en acier (Le Masque, 1974)

Né en 1929, Gilbert Tanugi fut récompensé en 1972 par le Grand Prix de Littérature Policière pour son troisième roman, “Le canal rouge” (Denoël, Crime Club). C'est en grand format que fut publié “Deuil en acier” chez Le Masque, en 1974. Certes, il s'agit d'une intrigue plutôt sombre, mais la fluidité du récit et une certaine part d'humour évitent toute lourdeur à l'histoire. Le personnage central n'est pas sans rappeler le cas célèbre de Georges Rapin, dit Monsieur Bill, jeune bourgeois dandy qui s'encanailla avant de devenir un meurtrier. Un côté Dr Jeckyll et Mr Hyde, bien sûr. Gilbert Tanugi parvient à décrire la tension mentale qui habite le jeune homme. À replacer dans le contexte de l'époque, voilà une quarantaine d'années, où l'on s'interrogeait moins sur le rapport entre crime et folie. Un suspense à redécouvrir.

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16 mai 2015 6 16 /05 /mai /2015 04:55

De 1999 à 2001, Roger Martin publia une trilogie (Une affaire pas très catholique, Un chien de sa chienne, Quai des désespoirs) intitulée "l'Agence du Dernier Recours". Basée à Avignon, c'est une agence créée par Héléna Rénal pour lutter contre les erreurs judiciaires. Cette femme d’environ quarante ans connaît bien le problème pour l’avoir vécu. Elle a fait vingt ans de prison suite au meurtre de son père – un magistrat respecté de la région – avant d’être reconnue innocente. Héléna est aujourd’hui une militante qui ne peut pas encore totalement effacer son passé de sa mémoire. Et ses rapports avec les hommes restent difficiles. Évoquons ici cette trilogie.

 

"Une affaire pas très catholique" (Éd.Seuil, 1999)

Le cas de Frédéric Richard, Héléna a du mal à l’accepter d’emblée. Un violeur récidiviste, selon la justice. Qui a admis un premier viol, mais en nie un second commis après sa libération. Sa mère croit qu’il dit la vérité. Le jeune homme a des accents de sincérité. Pourtant, Héléna préfère se renseigner sérieusement sur le dossier avant de s’engager. L’avocat d’office, proche des mouvements nationalistes, a-t-il vraiment défendu son client ? Quant à la police, elle considère l’affaire comme parfaitement limpide. Le policier Jean Carmona en est moins convaincu. Discrètement, il contacte Héléna et lui fait part de ses doutes. Pour ce qui est d’agir, ce sera moins évident. La jeune femme retrouve aussi Gilbert Boni, ancien gardien de prison, qui se dit prêt à lui venir en aide. L’un et l’autre lui seront fort utiles, en effet.

Sur ce dossier plane l’ombre de Pierre Rouault, un notable de la région très impliqué chez les ultra-cathos et dans la droite extrême. C’est sa fille qui aurait été violée par Frédéric. Pour lui, la cause est entendue. Héléna réussit à approcher la jeune fille, mais ne peut lui faire confirmer les aspects troublants ou incohérents de cette affaire. Pierre Rouault veille : c’est sûrement lui qui a envoyé des agresseurs pour effrayer, brutaliser Héléna. Initiative stupide car c'est ce qui la décide à aller jusqu’au bout. Sans craindre les appuis de Rouault, assistée par Boni et Jean, elle défendra les jeunes victimes de cette histoire…

On retrouvera Héléna dans "Un chien de sa chienne" (Éd.Seuil, 2000), où un militant de la protection de la nature est découvert mort en forêt, près d'un blockhaus de la Ligne Maginot. Le coupable idéal est un jeune Gitan, selon la police. Son clan n'y croit pas, et embauche Héléna afin de s'occuper de l'affaire. Elle rencontre d'abord un des fils de la victime, qui doute aussi de la culpabilité du jeune Gitan…

Roger Martin : Une affaire pas très catholique + Quai des désespoirs

"Quai des désespoirs" (Éd.Seuil, 2001)

Sans vouloir culpabiliser, Héléna Rénal aurait dû s'intéresser à ce Roumain venu la voir à "l'agence du Dernier Recours". Il s'agissait d'une affaire de clandestins, de compatriotes roumains suivant une filière pour émigrer au Canada, via Le Havre. Le frère de Mircea Stanku, Virgil, est accusé d'avoir tué plusieurs personnes, peut-être un coup de folie. C'est sans nul doute parce qu'il a voulu enquêter seul que Mircea Stanku est mort. Il a laissé des documents à Maïté Baradel, responsable au Havre de "Étrangers Solidarité", qui les a transmis à Héléna. Malgré la mise en garde de son compagnon, le policier Jean Carmona, Héléna va explorer cette affaire.

Se faisant passer pour une candidate au départ vers le Canada, elle va partager de Paris au Havre le sort d'un groupe d'hommes, pris en charge par des trafiquants. Avant qu'ils n'aient eu accès aux containers dans lesquels on les fait voyager, la police intervient sur dénonciation. Quand tous sont interrogés, Héléna ne révèle pas toute la vérité à Yvelise Bernard, compréhensive capitaine de la PAF. Elle va de nouveau s'exposer à un danger réel en tentant d'utiliser une autre filière. Cette dernière est dirigée par un vieux Roumain au passé extrêmement trouble, assisté de son fils Eugène. Tous les deux se méfient d'elle. Il faudra bien les efforts conjugués d'Héléna, rejointe par Jean Carmona, de Maïté Baradel et de son mari omniscient, de l'enquêteur d'origine roumaine Nastase, et de la capitaine Yvelise Bernard pour affronter la bande en question. Et pour démontrer le rôle de la Société Havraise de Protection…

(En 1997, Roger Martin publia aux Éditions de la Voûte un roman court d'environ soixante pages, "Mort Clandestine", qui sert de base à celui-ci, seconde version plus complète)

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11 mai 2015 1 11 /05 /mai /2015 04:55

L'avocat Perry Mason fut le principal héros créé par Erle Stanley Gardner (1889-1970), qui offrit la gloire à ce romancier. Mais il écrivit également d'autres histoires, une série sur le district attorney Doug Selby, et celle signée A.A.Fair racontant les aventures de Bertha Cool et Donald Lam. Il produisit encore des romans indépendants, tels “Le grand-père futé” ou “Ding Dong drogue”. Deux titres publiés dans la collection Un Mystère, en 1958. Le premier est une très bonne comédie policière, animée par un héros diablement sympathique. Le second est un suspense riche en mystères et en péripéties dangereuses pour Rob Trenton, le personnage central.

 

"Le grand-père futé" (The case of the smokey chimney, 1943) :

Grand-père voyageur, Gramps Wiggins vient s'installer pour quelques jours avec sa roulotte chez sa petite-fille Mildred, dont le mari Frank Duryea est district attorney. Gramps Wiggins est un spécialiste des cocktails d'alcools variés, il en en fera profiter son entourage durant ce séjour. “Gramps, dit [Frank], on dirait du nectar. Qu'avez-vous mis dedans ? Un peu de liqueur mexicaine ? ─ Pas du tout. La base du cocktail est un alcool de la région du Rio Grande, avec une touche d'un petit quelque chose pour le rendre moins râpeux. Vous n'aimeriez pas savoir de quoi il s'agit. Alors buvez tranquillement, sans poser de questions.” Passionné de suspenses policiers, Gramps compte bien se mêler d'affaires en cours, traitées par Frank. Initiative absolument désapprouvée par le district attorney. Avec le shérif Lassen, ils s'occupent de la mort brutale de Reedley, un habitant de Petrie, en Californie.

La victime s'appelle en réalité Ralph G.Pressman. Il semble que cet homme d'affaire, un filou selon certains, ait cherché à s'approprier des terrains pétrolifères de la région de Petrie. Un projet fédérant contre lui de nombreux opposants, qui se considéraient comme lésés par les transactions prévues. Si l'on peut soupçonner ces propriétaires terriens floués, en particulier le nommé Hugh Sonders, le grand-père réalise que la liste des suspects est plus vaste. On peut y ajouter Harvey Stanwood, le comptable de Pressman, car il a détourné une somme d'argent. Ainsi qu'Eva Raymond, la maîtresse de Stanwood. George Karper, adversaire de Pressman dans les affaires, figure encore en bonne place. De même que la jeune épouse de la victime, Sophie Pressman, et son amant Pelly Baxter. Sans oublier Jane Graven, la secrétaire du défunt, et puis le journaliste Everett True. En furetant autour de ces suspects, qui se soupçonnent mutuellement d'ailleurs, le vieux Gramps espère démontrer la vérité avant Frank…

Erle Stanley Gardner : Le grand-père futé + Ding Dong drogue

"Ding Dong drogue" (The case of the musical cow, 1950) : Américain éleveur de chiens, Rob Trenton passe des vacances en Europe. Sur le bateau en venant, il a remarqué Linda Caroll, jeune femme dont il est tombé amoureux. Toutefois, Rob n'est pas de caractère expansif. Quand il retrouve Linda à Paris, elle lui propose de poursuivre ensemble le voyage, en Suisse. Dans une auberge, ils rencontrent un autre Américain, Merton Ostrender. Cet homme sait charmer Linda, ce qui rend Rob jaloux. Plus tard, bien que souffrant, Rob a pris le bateau du retour avec Ostrender et Linda. Lorsqu'ils débarquent à New York, mauvaise surprise pour Rob : il est suspecté de passer de la drogue. Bientôt blanchi, il rentre chez lui, mais il ne tarde pas à s'apercevoir que la voiture de Linda a effectivement servi à un trafic de stupéfiants.

Dès le lendemain, Rob cherche à revoir la jeune femme. Mais la Linda Caroll qui le reçoit n'est pas celle qu'il connaît. Peu après, il est enlevé par des gangsters, qui entendent bien récupérer leur drogue. Il parvient à leur échapper en pleine nuit, fuyant le bateau dans lequel on l'a séquestré. Rob retourne à la seule adresse dont il dispose. Outre la vraie Linda, il y retrouve le mystérieux Ostrender. Malgré sa mésaventure, personne ne paraît pressé d'alerter la police. Le jour suivant, on apprend qu'un agent du Bureau des Narcotiques, Harvey Richmond, est décédé après la fuite de Rob. Pour la police, Rob est assurément le chef des trafiquants. Le docteur Herbert Nixon, que Rob a croisé en revenant aux États-Unis, estime qu'une expertise du cadavre de Richmond est nécessaire. Rob n'est pas certain que ça le sortira du pétrin, ni que son avocat soit de si bon conseil. Reste à savoir qui se cache derrière cette affaire ?…

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4 avril 2015 6 04 /04 /avril /2015 04:55

Quimper, au cœur des années 1970, un samedi de septembre qui s'annonce ordinaire. Le sous-directeur de l'agence quimpéroise du Crédit Breton, Robert Ganne, est un passionné de chasse et d'armes. La veille, à Lorient, sa banque a été braquée par un trio. S'il devait arriver la même chose ici, Ganne est prêt à répliquer avec un flingue de combat. Son ami Michel Lagarde, ostréiculteur à Riec-sur-Belon, et lui sont en train de créer une milice bien armée. Illégal, certes, mais ils estiment qu'il y a trop de voyous qui rôdent, surtout autour des bals de la région. Et que c'est à eux de remettre de l'ordre au plus tôt.

Justement, dans un bistrot proche de la gare de Quimper, on trouve Didier et la blonde Camille, si peu farouche. Fils de bonne famille, Didier a glissé toujours davantage dans la délinquance, de petits trafics en braquages divers. Voilà trois mois qu'il poursuit à travers la France son périple chaotique de malfaiteur endurci. Depuis quelques jours, Camille et lui écument la Bretagne, échouant ce samedi-là à Quimper. La belle blonde sans culotte ne tarde pas à exciter un trio de ferrailleurs, Riton et ses frères. Avec ces trois marginaux pas trop futés, Didier tient l'occasion de jouer à nouveau au chef de bande. Il suffit de voler des voitures, avant d'aller semer la pagaille dans le coin, pour le plaisir.

Pour Jean-Pierre Le Du et Marie Dorval, c'est le grand jour, celui de leur mariage célébré dans la cathédrale Saint-Corentin. Jean-Pierre est un jeune homme assez commun, Marie est une jolie brunette, qui fait une mariée délicieuse à regarder. La noce donne lieu au cérémonial habituel, avec apéros dans un bar et pause dansante dans un club, avant qu'on se retrouve au restaurant pour un grand repas festif. On mange et on chante, comme le veut la tradition, et même la mémé Dorval entonne des refrains approximatifs.

Dans son Opel Commodore, accompagné de ses miliciens aux airs de brutes, sans attendre son complice banquier, Michel Lagarde est parti en expédition contre d'éventuels fauteurs de troubles. Le petit groupe déjà échauffé joue facilement la provocation. De leur côté, Didier et ses comparses se sont progressivement excités. C'est en se dirigeant vers les Montagnes Noires qu'ils vont s'offrir une apothéose, tombant sur un couple de jeunes mariés. Pour Jean-Pierre et Marie, le romantisme cède vite la place à l'horreur, face à ces racailles déchaînées. Le bilan de la journée, c'est l'inspecteur Cornou, de Quimper, qui l'a finalement sous les yeux, grâce à de multiples photographies. Un samedi sanglant, un vrai carnage. Dont la police traque les responsables encore vivants…

 

Il serait injuste de considérer ce roman comme une simple réédition. D'abord, parce qu'à travers une postface actuelle, Hervé Jaouen nous raconte sa découverte du roman noir et ses débuts d'écrivain, ainsi que la genèse de ce premier livre. Il faut lire les préfaces de Pierre Magnan et Jean-Baptiste Baronian rendant hommage à l'auteur. En outre, cette édition présente “six nouvelles pour finir la noce”, des textes savoureux. Publié en 1979, “La mariée rouge” fut le premier titre de la collection Engrenages aux Éd.Jean-Goujon. Il est bon de rappeler que cette intrigue fit l'effet d'un électrochoc dans l'univers polar.

Avec des auteurs tels J.P.Manchette, J.Vautrin ou P.Siniac, les histoires avaient pris une nouvelle tonalité, d'un réalisme dur et souvent cynique. En plus du fait de décentraliser son sujet en Bretagne, Hervé Jaouen y ajoutait du vivant, du vécu quotidien, et une escalade de la violence sans nul doute surprenante. Un mariage sympathique mais banal, des voyous plutôt insignifiants, un digne banquier : on ne vas se laisser longtemps bercer par la routine d'un samedi provincial. Dès les premières pages, on réalise qu'il est question de meurtres et de viols, que le récit va fatalement baigner dans le sang. Il ne s'agit plus d'un bon suspense classique, mais d'un coup de poing aux tripes des lecteurs.

Il convient encore de souligner la construction du récit et le style narratif. Nous suivons en parallèle les protagonistes, chaque parcours étant raconté sur un ton différent. Un point commun, pourtant : ces portraits sont sans concession, sans pitié. Tous se trouvent impliqués dans un maelström qui va ravager leurs vies. Aujourd'hui, autant qu'à l'époque de sa parution initiale, “La mariée rouge” reste un roman plein de force, un des polars les plus marquants de ce genre littéraire.

Hervé Jaouen : La mariée rouge + six nouvelles (BibliOmnibus, 2015)

Hervé Jaouen est aussi diablement convaincant dans des textes plus courts. Bel exemple avec “L’argent de la quête”. Dans les années 1950, Youenn est le second fils d’une famille modeste. D’origine rurale, ils habitent un petit logement du quartier Sainte-Anne. Youenn est en maternelle "sous l’église" dans la classe de Sœur Odile. Enfant souffreteux, il apprend vite à lire et à écrire. Sœur Odile s’arrange pour qu’il n’aille pas en primaire à l’école laïque. Youenn adore se retrouver avec son père, syndicaliste affirmé qui n’aime ni les riches, ni "la curaille". Youenn ne nie pas les avantages de l’enseignement reçu, mais choisit d’être un athée respectueux. Son grand frère agace toute la famille en jouant au Monsieur. Il veut influencer leur mère pour que Youenn n’entre pas en 6e à l’école publique. L’astucieux gamin n’a pas dit son dernier mot… Ici, Hervé Jaouen restitue l’exact état d’esprit de la population modeste de l’époque. Politisés ou non, ces gens éprouvaient un respect méfiant envers la religion. La rébellion de Youenn constitue une étape importante pour lui…

“Le disparu de Men Diaoul” : Vincent Lalumière était prof de math, mais préféra changer de profession. Passionné par les chiffres, il s'installa comme numérologue. Un métier que l'on peut même exercer en bord de mer, l'été. C'est là qu'une ravissante jeune veuve aborde Vincent. Gardien de phare, son mari Léon a disparu. Néanmoins, la belle Laura pense qu'il n'est pas mort comme on le croit. Certes, Vincent devrait se méfier, car toutes les séries de chiffres autour de Laura aboutissent à un 7 maléfique. Cependant, sous le charme de la jeune femme, il accepte d'aller avec elle en mer jusqu'au phare de Men Diaoul, où a péri son époux. L'ancestrale réputation diabolique de cet endroit n'est probablement pas usurpée, finalement… Les autres nouvelles : “Une trop fine mouche”, “Abus de phosphore”, “Interrogation écrite”, “Stang Fall”. Une excellente façon d'explorer ou de redécouvrir tous les talents d'Hervé Jaouen.

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