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8 août 2010 7 08 /08 /août /2010 06:12

 

À la découverte des auteurs québécois, à travers la collection Coups de tête (Éd. Les 400 Coups). Voici un singulier polar rock de Jean-François Poupart : Toujours vert.

Dans l’Amérique de 2018, le détective privé Mike Burns est un junkie à peine encore vivant. Ancien soldat de la guerre d’Irak à Falloujah, ex-flic combinard le plus corrompu du pays, ce loser traîne sa carcasse de drogué. Maire d’Evergreen, musicien retraité, Ray Mazarek est un ami de vingt ans. Il fait appel à Burns, car un meurtre a été commis dans sa ville. Située près de Fort Lauderdale en Floride, Evergreen est une gated communauty, petite ville privée et surveillée au maximum, avec tous les services de luxe imaginables. Depuis une vingtaine d’années, elle est uniquement habitée par des stars du rock à la retraite, tous multimillionnaires. Ils sont devenus riches avec trois accords à une époque lointaine, et ils méritent bien le repos éternel entourés de leurs comparses. En vertu du règlement local de sécurité, Ray offre deux millions à Burns pour que les autorités américaines ne viennent pas s’occuper de ce meurtre.

POUPART-2009La victime était Jon Lord, ancien claviériste de Deep Purple. On l’a retrouvé mort égorgé dans la piscine de Lou Reed. Mike Burns est capable d’analyser le corps bien plus concrètement que le légiste, le Dr Manson. Sans doute Jon Lord avait-il quelques ennemis, mais ce que souhaite Ray est clair : un simple rapport de complaisance bidonné par Mike, évoquant un décès accidentel. Malgré tout, le détective interroge Lou Reed, qui semble avoir un alibi. Au club que fréquentait Jon Lord, Burns sympathise avec la barmaid Grace, ex-chanteuse de Jefferson Airplane. Peu après, shooté à haute dose, il a une sauvage relation sexuelle avec Debbie Harry (Blondie), pas moins destroy que lui. Visé par un coup de feu, Burns frôle la mort. Hospitalisé, il reste plusieurs jours dans le coma, dont il se réveille mal rétabli. À la morgue de l’hôpital, il fait une étrange découverte. Mais ce qui prime pour Burns, c’est de faire avouer à Grace ce qu’elle sait.

Affaibli par sa blessure sanguinolente, le détective ne retrouve pas la barmaid. Il assiste à un pitoyable show chez Alice Cooper. Evergreen jubile. C’est ça, la vie éternelle. Pas vraiment se sentir jeune, mais se sentir désirant. Même joué à la vitesse des mourants, le rock donne encore toute sa déraison (…) Les lumières neutres aident vaguement à dissimuler les crevasses de tous ces vieux rockers défiant la mort. Dans la cave d’Alice Cooper, Burns découvre des documents qui lui donne une possible piste. Accusé de troubler la tranquillité d’Evergreen, Burns est mis en prison. On va le remettre aux autorités policières, en l’accusant du meurtre de Jon Lord. Ce qui signifie automatiquement la peine de mort, dans l’Amérique de 2018. Mike Burns doit utiliser les quelques forces qui lui restent pour éclaircir cette sombre affaire…

On l’a souvent répété, rock et polar appartiennent à la même famille, celle de la culture populaire. Le québécois Jean-François Poupart nous en donne ici une très belle démonstration, une des plus convaincantes qui soit. Evergreen, repaire de stars du rock, vieillards dérisoires agglutinés dans les luxueux décors d’une cité ultra-sécurisée, entre leurs disques d’or et leurs fêtes nostalgiques. On imagine assez précisément cette ambiance. Fondée en 1620 sur l’exil des intégristes religieux du Mayflower (on appréciera la thèse de Brad Perry), l’Amérique ressemblera-t-elle dans quelques années à celle décrite ici ? Avec des exécutions de condamnés à mort aussi spectaculaires ? Quant à l’intrigue, bien noire, elle est à la fois simple et bien pensée. Dans la meilleure tradition, le destin fatal entraîne le héros tandis que ses adversaires préservent leurs secrets. Un roman court, inspiré, enthousiasmant.

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4 août 2010 3 04 /08 /août /2010 06:11

 

Direction le Québec, avec un excellent polar noir de Michel Vézina publié dans la collection Coups de tête des Éditions Les 400 coups : Sur les rives (2009).

Reporter indépendante au Québec, Mélanie Bonne s’intéresse principalement à des dossiers tordus. L’affaire venant de se produire à Rimouski appartient à cette catégorie. Quand le cadavre d’une femme mutilée a été découvert à l’Anse-aux-Sables, on a alerté le policier Charles Lesage. Celui-ci a immédiatement reconnu le corps de son ancienne amante, Adèle. Trente-deux ans plus tôt, Lesage tomba éperdument amoureux de cette femme, dont la réputation de prostituée n’était pas usurpée. Adèle disparut à l’époque, suite à l’incendie de son hôtel. L’enquête sur sa mort s’annonçait pénible, les meurtres étant rares dans cette région située à trois cent vingt kilomètres au nord-est de la ville de Québec. Quand Lesage retrouva les morceaux manquants du cadavre d’Adèle sur son bateau, il fut certain d’être visé. Après une longue abstinence, il se réfugia dans l’alcool. Son supérieur et ami, le capitaine Bélanger, ne doutait pas de son innocence. Quand l’assassin apparut, détaillant les sombres raisons de son crime, l’affaire vira au drame malgré l’intervention intuitive de Bélanger.

VéZINA-2009Mélanie se rend à Rimouski afin de cerner le contexte, écoutant, prenant le pouls sans poser de question. Les gens de la région n’aiment pas que des journalistes ne s’intéressent à eux que lorsque des drames surgissent (…) L’ambiance est d’ailleurs plus anglo-saxonne que latine. Étrange pour une petite ville où personne ne parle autre chose que le français. Les coiffures sont soignées, les vêtements propres, les sourires rares. Rimouski est une petite ville bourgeoise, propre sur elle. Le capitaine Bélanger accepte de rencontrer Mélanie, qui cite un cas identique s’étant produit à Moncton quelques années auparavant. Le policier répond qu’une nouvelle affaire similaire vient de se produire à Provincetown. Conclure à une série criminelle est pourtant prématuré.

Natif d’Haïti, Faustin Robert se présente comme enquêteur itinérant. Voyageur au passé compliqué, il dépend du NYPD, la police de New York. À Cuba, à Miami, Faustin a recensé plusieurs autres affaires identiques. Des meurtres semblables peuvent encore se produire au Canada. Entre son amant Jimmy, rasta blanc rimouskois, et le marginal Pierrot, un mystique déjanté, Mélanie n’avance guère dans son enquête. Elle a tendance à abuser de l’alcool et, surtout, de la drogue. On apprend que des nouveaux cas au scénario identique ont eu lieu à Carleton, puis à Baie-Comeau. Bélanger, Mélanie et Faustin suivent ces affaires de près. Déterminer ce qui relie ces crimes n’a rien d’évident. Est-ce parce qu’ils ont trop approché la vérité que Bélanger et Mélanie risquent d’être empoisonnés ?…

Voici un roman (et un auteur) québécois que les lecteurs francophones amateurs de noirceur doivent absolument découvrir. Il mérite vraiment le qualificatif de polar noir. Ce sont des personnages forts, au vécu souvent tourmenté, qui animent cette intrigue. Même si le climat dense est assez glauque, le sujet est bien plus subtil qu’une banale histoire de serial killer. Grâce à la tonalité vive du récit, on est tout de suite embarqués dans une étrange suite criminelle, racontée avec la nervosité nécessaire. Des tripes, du sang, du mystère, du danger, tels sont les ingrédients indispensables. La ville canadienne de Rimouski existe, avec un lieu nommé Pointe-au-Père (ce qui a pu inspirer l’auteur). Soulignons le savoureux réalisme des dialogues, usant avec malice du parler authentique : Ça sent la marde ! J’l’ai connue, moé, Adèle… Je l’savais qu’a l’était pas morte. Un jour ou tard, a l’allait revenir. A l’avait encore des affaires en suspens, moé j’pense. Sourires aussi dans les titres allusifs de chaque chapitre. Un polar de très belle qualité !

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4 août 2010 3 04 /08 /août /2010 05:00

Ni un tempo rock, ni l'hymne Québécois, juste une chanson que j'aime.  

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12 avril 2010 1 12 /04 /avril /2010 07:16

 

Une escapade au Québec, aussi sympathique que mouvementée, voilà ce que nous propose François Barcelo dansFantasia chez les Plouffe ("Suite Noire", Éd.La Branche). Rappelons que le patronyme Plouffe est très populaire là-bas, grâce à un roman, un feuilleton et quelques films. Un survol cette souriante intrigue…

Au Québec, la famille Plouffe est réunie en ce week-end estival à Saint-Antoine-sur-Richelieu. Ils sont là pour l’anniversaire du grand-père, Théophile Plouffe, qui fête ses quatre-vingt-dix ans. Comédien, doublure voix de stars, Antoine est le petit-fils préféré de l’aïeul. C’est sans nul doute lui qui amène à Théophile le cadeau que le grand-père attend le plus: un arrière-petit-fils. BARCELO-2010Antoine espère qu’ainsi, l’héritage lui reviendra un prochain jour. Il présente le petit Jonathan, dix-huit mois, comme son fils. Ce n’est pas la vérité, car il s’agit de l’enfant de la propriétaire de son logement, la blonde Marie. Antoine pense être le meilleur menteur qui existe : ­“Moi qui suis plutôt pourri sur scène et devant les caméras, je mens naturellement, comme je respire. Je ne me demande jamais comment je vais dire un mensonge, mais quel mensonge je vais dire. Les mots sortent alors spontanément, comme de la bouche d’un croyant assermenté, main sur la Bible, devant un tribunal.”

Dès le début de soirée, Antoine installe le bébé dans le tiroir d’une commode, en guise de lit. Tiroir qu’il ferme à clé, pour que l’enfant soit en sécurité, et ne le dérange pas. La fête familiale est logiquement arrosée. Elle s’achève par une tentative de feu d’artifice, causant des blessures légères à Antoine. Il se prépare à aller dormir, mais n’y parvient pas. Il doit avouer que sa jeune cousine Marie-Laine, autrefois laideron, est aujourd’hui diablement excitante. Puisqu’elle l’a, pour ainsi dire, invité dans sa tente de camping jaune, autant en profiter. Peut-être Antoine est-il un peu fatigué pour la gaudriole, mais tant pis. Sauf qu’il se trompe de tente, ce qui lui vaut une volée de coups. Explication inutile : “De toutes façons, il est trop tard puisque tout le monde susceptible de me taper dessus l’a fait au moins une fois. Personne ne parle de faire venir une ambulance alors qu’il me semble que j’en ai plus besoin que tout à l’heure.”

Au matin suivant, Antoine garde les séquelles des chocs de la nuit : “…ma tête ressemble beaucoup à celle d’un corps à la morgue dans un film policier. Che Guevara avait la même gueule que moi quand on a pris ses dernières photos. Le pire, c’est que moi, je vis encore.” Il va être temps de sortir le petit Jonathan de son tiroir fermé à clé. Sauf que la clé en question n’est plus en place. Antoine va devoir forcer la serrure du tiroir. C’est alors qu’arrive la mère du bébé, Marie. Elle est accompagné d’une bande de motards, les Devil’s Own, qui ne sont pas exactement des tendres. Quand il ouvre finalement le tiroir couchette, Antoine s’aperçoit que l’enfant a disparu…

Ce roman court est placé sous le signe de l’humour noir. Catastrophes en série, pour le malheureux héros de cette histoire. Plutôt qu’un véritable loser, c’est un irresponsable qui va au devant des ennuis. Il faut admettre que le reste de la famille est assez gratinée, également. Quant à Marie et ses amis motards s’invitant à la fête (après un long détour, il est vrai), il sont encore caricaturaux à souhaits. Tonalité amusée et scénario bien pensé, même si l’enlèvement du bébé n’est pas vraiment mystérieux. Un suspense très agréablement divertissant.

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