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4 juin 2016 6 04 /06 /juin /2016 04:55

Leo et son amie Maya sont des enfants qui habitent la petite ville de Valleby. On y trouve un grand hôtel, un cinéma, un musée, le salon de thé de Sara Bernard, et même un port car la mer n'est pas loin. Si Leo et Maya connaissent bien le commissaire de police de Valleby, ce n'est pas parce qu'ils sont eux-mêmes des malfaiteurs. Au contraire, il arrive à ces enfants de jouer aux détectives, et de résoudre des énigmes. En ce moment, quelqu'un kidnappe des chiens et demande une rançon aux propriétaires. L'inconnu en a volé quatre, mais la police n'a aucune piste. Ce jour-là, Leo et Maya ont prévu d'aller au cinéma Bio-Rio, pour la séance de l'après-midi. On y projette un western, "Le cow-boy siffleur".

Il y a de l'animation dès leur arrivée. Zorban, l'ouvreur chargé de la sécurité, est obligé de bousculer un peu le râleur Robert Andersson, le réceptionniste de l'hôtel. Leo et Maya se rendent compte à cette occasion que Zorban a plein de monnaie sur lui, et possède une grosse montre en or. Quant à Björn, le projectionniste du cinéma, il a les moyens de venir travailler en taxi. Avec son grand chapeau, le marchand de friandises semble plutôt se passionner pour le film que de vendre ses produits. Il n'y a que Mademoiselle Blom, la caissière, qui n'a pas l'air riche parmi le personnel du Bio-Rio. La séance commence, Leo et Maya s'installent avec le public pour apprécier le western.

Très vite, Leo s'aperçoit qu'il se passe des choses un peu bizarres dans ce cinéma. Zorban et la caissière semblent très occupés ensemble. Le marchand de friandises a l'air fasciné par le film. Il y a un petit incident, mais le projectionniste répare rapidement, et continue la diffusion du film. Leo repère une pièce fermée à clé, où il croit entendre le gémissement d'un chien. S'il ne se trompe pas, ce doit être Charlie, le caniche de Mme Ivy Rose. Zorban n'est pas loin, et Leo doit regagner sa place dans la salle. Quand le film est terminé, Leo et Maya entament leur enquête. Ils ont plusieurs suspects, qu'il s'agit de surveiller autour de la séance de 19H. Justement le commissaire de police sera présent, et interviendra quand les deux enfants vont piéger le kidnappeur de chiens…

Martin Widmark : Mystère au cinéma – Leo et Maya, les petits détectives (PKJ – Pocket Jeunesse, 2016)

Cette série de romans illustrés s'adresse aux petits lecteurs à partir de 8 ans. L'auteur est Suédois, mais la petite ville qui sert de décor est assez universelle. Dans chaque volume, les portraits des principaux personnages permettent de les visualiser, et on trouve un ou plusieurs plans qui situent les lieux où se déroule l'action. Outre ce “Mystère au cinéma”, on retrouve Leo et Maya dans “Mystère au terrain de foot”, où le match entre l'équipe de Valleby (entraînée par le facteur local, Franco Bollo) et celle de Solbacka est émaillé de mystérieux incidents. Si le commissaire de police est gardien de but de l'équipe, ce sera à Leo et Maya de résoudre une fois de plus l'affaire. Mme Ivy Rose et son caniche, voisins du terrain, seront de nouveau concernés.

Dès maintenant, on peut également lire “Mystère au club hippique”. Sara Bernard, avec son cheval Copain, a de bonnes chances de gagner cette course face aux autres jockeys, hommes et femmes, plus professionnels : Valentin Larsson, Romain Kruse, la comtesse von Tratt (avec son cheval Black). Si les chevaux ne semblent pas en grande forme, c'est probablement que la course a été truquée. Avec leur copine Miranda, la fille du directeur du cirque, Leo et Maya vont devoir démontrer que ce n'est pas Sara Bernard qui a triché. Course hippique ou match de foot sont évoqués grâce aux sympathiques illustrations de Helena Willis. Un prochain titre, “Mystère au camping”, est annoncé pour septembre 2016. Une série qui donnera sûrement le goût de lire aux plus jeunes lecteurs.

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3 juin 2016 5 03 /06 /juin /2016 04:55

En 1990 en Californie, Andrew vit en couple avec Melissa. Il est âgé de plus de vingt-sept ans, mais garde l'air juvénile d'un adolescent. Il a été élevé par ses grands-parents. Il se souvient du drame qui se produisit en 1964, alors qu'il n'avait que dix-huit mois. Son père Harry Combs a abattu sa mère Helen et Paul Watkins, l'amant de celle-ci. Il incendia leur maison, mais il épargna son propre fils Andrew. Harry Combs avait déjà un passé agité, à cette époque. Il était homme de main pour la mafia, un exécuteur aux ordres d'un parrain de Dallas, George Rathbone. Après ce crime, Harry disparut définitivement avec une forte somme. Il changea de nom, se rebaptisant Harry White, et ouvrit une librairie à Louisville, dans le Kentucky. Sa deuxième épouse Teresa avait aussi un vécu douloureux. Plusieurs décennies plus tard, Harry veille à ce que l'alcoolisme de Teresa n'empire pas.

Au décès de son grand-père, Andrew s'aperçoit que son père était resté en contact, une lettre par an. Il a engagé un détective privé californien pour retrouver la trace d'Harry. Malgré les réticences de Melissa, Andrew ressent le besoin de retrouver son père. Pour le tuer. Arrivé à Louisville, il hésite, pense commettre une erreur. Dès qu'Harry l'a vu traîner près de sa librairie, il a "reconnu" son fils. Mais entre-temps, un problème s'est posé : le détective privé Silas Green a décidé de faire chanter Harry. Dix mille dollars pour taire ce qu'il sait du passé du libraire. Quoi qu'il en dise, Harry a largement les moyens de payer. Il a conservé dans son coffre-fort assez d'argent, quelques souvenirs, et une arme. Mais il se doute d'avance que cet enquêteur minable n'en restera pas là, bien qu'il paie. D'abord, Harry doit renouer avec Andrew. Même si sa version des faits est peu crédible.

Son fils l'écoute, accepte de loger chez lui et Teresa, sans changer d'opinion au sujet de l'assassin de sa mère : “Ce n'est pas parce qu'Andrew l'avait devant lui en chair et en os qu'il le détestait moins… Il savait de quoi cet homme était capable. Les gens ne changeaient pas… Des êtres mauvais pouvaient avoir des moments de bonté, de vulnérabilité. Mais ils n'en étaient pas moins mauvais.” Éliminer Harry reste son but. Avant cela, tous deux doivent s'occuper du détective, qui relance son père. Il n'impressionne pas Harry, c'est sûr, mais l'ancien tueur est-il encore capable d'abattre froidement quelqu'un ? Tuer n'est pas sans conséquences, explique-t-il à Andrew : “En ce bas monde, il y a ceux qui ont déjà tué et les autres. Et ces autres sont meilleurs à tous égards. Ils ne sont pas dénaturés…” Pour commencer, père et fils surveillent Silas Green.

Sentant un danger imminent, Harry a mis Teresa et Andrew à l'abri. Il a eu raison, car il reçoit la visite d'un binôme de flingueurs. Ils n'ont sûrement pas le professionnalisme d'un homme tel qu'Harry, même un peu rouillé. Les affronter, s'en débarrasser ne va pas poser de problème. Néanmoins, il ne faudrait pas que tout cela arrive aux oreilles de Rathbone, à Dallas. Du moins, pas trop vite. Andrew envisage toujours de buter son père, malgré ce début d'expérience en commun…

Ryan David Jahn : La tendresse de l'assassin (Actes Noirs, 2016)

À chaque roman, Ryan David Jahn change complètement de thème. On l'a constaté dans ses titres précédents : “De bons voisins”, “Emergency 911”, “Le dernier lendemain”. Les sujets en sont très différents, dans les époques comme dans les ambiances. Pourtant, un élément flagrant apparaît dans ces livres, y compris dans “La tendresse de l'assassin” : la construction stylistique. Des retrouvailles sous tension entre un père et son fils, ça peut se traiter avec un récit dense, nerveux, une narration linéaire n'empêchant pas l'intensité des rapports entre les personnages. La mort étant, ou pas, au bout du suspense. Ça donnerait un petit polar bien fichu, c'est sûr. Non, l'auteur est ici nettement plus subtil.

Ryan David Jahn nous raconte donc le présent (de 1990), entrecroisé avec des scènes du passé. Cet aspect du parcours d'Harry, dans les années 1960, n'est pas destiné à légitimer ses actes, on le verra. S'ajoutent à ces deux facettes des passages "fantasmés". Dès le début, on sait que la source de la haine du jeune Andrew peut être un "faux souvenir". La mort, elle est aussi au cœur d'un manuel distribué aux agents de la CIA, dont on nous présente des extraits. Car si tuer, c'est concret, il existe une psychologie de la mort. Ce que l'on constatera au final. Cette fois encore, c'est le sans-faute : l'excellent Ryan David Jahn entraîne ses lecteurs dans un roman noir très prenant, puissant, supérieur.

Lire aussi la chronique sur "La tendresse de l'assassin" chez Nyctalopes :

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2 juin 2016 4 02 /06 /juin /2016 05:08

Anglaise, Stephanie Harker arrive au États-Unis pour des vacances avec son fils Jimmy. À l'aéroport de Chicago, elle doit repasser les contrôles. C'est à ce moment que le gamin de cinq ans est kidnappé sous les yeux de la jeune femme. Créant un esclandre, elle est vite calmée au Taser par les agents de sécurité. Un peu de temps passe avant que Stephanie soit interrogée par Vivian McKuras, agente du FBI affectée à l'aéroport. Pour la procédure habituelle, il est déjà trop tard. Les vidéos de surveillance confirment que Jimmy a bien été enlevé, par un homme en (faux) uniforme d'employé de sécurité. Vivian est quelque peu surprise d'être chargée de ce kidnapping. L'Alerte Amber est activée, tandis que la policière interroge Stephanie afin de mieux comprendre ce qui vient de se passer.

Plus de cinq ans auparavant, Stephanie exerçait le métier d'écrivain fantôme, de nègre littéraire. Une émission de télé-réalité venait d'offrir la gloire à une jeune femme originaire de Leeds, Scarlett Higgins. Fille d'un père mort du sida en prison et d'une mère alcoolo, elle sut se faire remarquer. La candidate idéale pour cibler un public populaire. D'autant qu'elle provoqua un clash dans un second programme, le scandale la médiatisant encore davantage. Écrire "l'autobiographie" de Scarlett, Stephanie était d'accord, à condition que ce soit sur des bases saines. Vivant avec Joshu, un DJ indo-pakistanais allumé, Scarlett était enceinte. Le livre serait publié autour du mariage programmé avec Joshu, et de la naissance de l'enfant. Stephanie et Scarlett devinrent bientôt amies.

Même si ça énervait son propre petit ami Pete, Stephanie resta proche de la jeune star. Celle-ci étant en réalité beaucoup plus futée qu'elle ne voulait le montrer aux caméras. Stephanie fut même présente quand, peu après la publication du livre et son mariage, Scarlett accoucha de son bébé. Chez elle, la jeune mère fut bientôt entourée de sa cousine amie d'enfance, Leanne, et de Marina, employée de maison roumaine. Pour les sorties n'amusant pas Scarlett, Leanne lui servait de doublure… À Chicago, l'agente du FBI Vivian McKuras réalise un peu mieux la situation. Stephanie lui suggère de contacter un policier de Scotland Yard, Nick Nicolaides….

Val McDermid : Lignes de fuite (Éd.J'ai Lu, 2016)

On ne prend pas le risque d'en dire trop en résumant un tel roman. Une multitude de détails précis, de situations particulières, émaillent le récit et lui offrent une tonalité qu'on ne peut traduire à travers les grandes lignes de l'histoire. Certes, un enfant a disparu dans un lieu public. Auteure chevronnée, Val McDermid a l'habileté de ne pas s'arrêter à une simple traque du ravisseur, à la recherche du gamin. C'est en explorant le passé, avec le parcours personnel de Stephanie, que l'on va approcher du cœur de l'intrigue. Évoquer une starlette vulgaire issue de la télé-réalité, de celles qu'on aime détester, on peut se dire que Val McDermid y a pris un certain plaisir : Scarlett est présentée avec ironie, tout en étant parfaitement crédible. Oui, il faut être assez maligne pour plaire au public. Entre les confidences de Stephanie et les faits présents, magnifique construction, pour un polar sinueux. Un roman addictif, que l'on prend plaisir à explorer dans ses moindres méandres. Disponible désormais en format poche, chez J'ai Lu.

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1 juin 2016 3 01 /06 /juin /2016 04:55

Mrs Raisin est une femme énergique, une pure citadine londonienne. Elle a consacré sa vie à sa société de communication : “Agatha n'était habituée qu'à trois registres : autoritaire avec ses employés, insistant avec les médias, onctueux avec ses clients.” Elle n'est âgée que de cinquante-trois ans, quand elle décide de vendre son entreprise et d'aller vivre à la campagne, dans les Cotswolds. Agatha Raisin a acquis et a fait aménager un cottage dans le petit village de Carsely. Elle sent très bientôt qu'elle aura du mal à s'intégrer. Ce n'est pas en débauchant la femme de ménage de sa voisine qu'elle améliorera la chose. Elle se dit que participer à un "concours de quiche" local peut lui donner une image sympathique. Sauf que, ne se nourrissant que de plats au micro-ondes, elle ne connaît rien à la cuisine. Agatha achète une quiche aux épinards chez son traiteur habituel, à Londres.

Le couple Cummings-Browne, organisateurs du concours, lui semble prétentieux. Elle est aisée, lui se dit ex-major. Déception : c'est Mrs Cartwright qui remporte le concours de quiches, comme tous les ans. Favoritisme, sans doute. Peu après, le major Cummings-Browne meurt empoisonné, à cause de la quiche d'Agatha Raisin. Elle contenait de la ciguë aquatique. Le jeune agent de police Bill Wong ne tarde pas à deviner la supercherie. Elle doit avouer. Vérification faite auprès du traiteur, il ne peut s'agir que d'un accident. Encore que la ciguë aquatique, on n'en trouve pas partout. Sa voisine hargneuse et le reste du village vont la considérer comme la tricheuse qu'elle est, beau résultat. Pour le week-end, Agatha invite son ancien assistant Roy Silver, vingt-cinq ans, avec son ami Steve. Ceux-ci l'encouragent à soupçonner un meurtre, et à mener sa propre enquête.

Entre fête villageoise et visite d'un château, le trio fait du tourisme. Ils remarquent qu'une dame inconnue fixe haineusement Agatha. Elle va demander à Bill Wong de l'identifier. Le jeune policier l'incite à cesser ses inutiles investigations. Agatha entre en contact avec le pasteur et sa très patiente épouse. Laquelle admet que les tricheries sont fréquentes dans les concours locaux. Toujours dans le but de s'intégrer, mais aussi d'enquêter, Agatha participe au comité paroissial. Elle rencontre Mrs Cartwright, la gagnante, une joueuse impénitente flanquée d'un mari inquiétant. Celle-ci souligne que la veuve Cummings-Browne est une bonne comédienne amateur. Ce n'est pas l'odieux couple Boggle qui remontera le moral d'Agatha. Une piste se présente : Barbara James fut une des conquêtes du major. La discussion entre elle et Agatha se termine en pugilat, dans un lieu public.

Mrs Raisin décide raisonnable de cesser son enquête, et de se consacrer à une vente aux enchères caritative, cédant des objets dont elle ne veut plus. Rejointe par Roy, il s'agit de rameuter la population des environs. C'est un franc succès, relayé par quelques médias. Entre la dame qui l'observait avec haine et une agression près de son propre cottage, Agatha n'en a pas fini avec cette enquête. Malgré le soutien amical de Bill Wong, elle envisage de quitter Carsely. Elle devrait le faire avant qu'il ne soit trop tard, car Agatha va être confrontée à l'assassin du major, mettant sa vie en danger…

M.C.Beaton : Agatha Raisin – La quiche fatale (Albin Michel, 2016)

C'est la toute première aventure de Mrs Agatha Raisin, une série de romans (vingt-sept titres à ce jour) qui connaît un beau succès en Grande-Bretagne. Il s'agit d'hilarantes comédies policières, telles que les Britanniques savent en écrire. L'auteure ne cache pas la référence à la plus grande "reine du crime", Agatha s'improvisant enquêtrice à la manière d'une Miss Marple. Néanmoins, elle souligne des nuances : “Est-ce que tu lis Agatha Christie ? Eh bien, moi aussi. Ces romans policiers sont charmants mais, crois-moi, les meurtres sont en général des crimes soudains et violents, perpétrés dans les grandes villes, par exemple quand une brute imbibée d'alcool bat sa femme à mort...”

Il n'en reste pas moins qu'on s'inscrit ici dans la tradition de l'intrigue énigmatique : “Elle acheta trois romans policiers — un Ruth Rendell, un Colin Dexter et un Colin Watson — puis regagna sa voiture. Elle ouvrit le Colin Watson d'une chiquenaude et fut happée dès la première page. Ah ! Les joies de la littérature policière !” Nous faisons connaissance avec cette pétulante quinquagénaire, cheveux châtains, visage carré, silhouette trapue, et assistons à ses démêlés de citadine, totalement inadaptée dans un paisible village anglais. Cumulant bourdes et bévues, se croyant une brillante détective, Agatha Raisin trouvera quand même des gens moins hostiles. Tel le sympathique jeune constable Bill Wong, et Margareth Bloxby, l'épouse du pasteur (qui lui-même trouve Agatha insupportable).

L'univers de l'héroïne se peuplera au fil de la série, avec les rôles de la femme de ménage Doris Simpson, de l'ex-assistant Roy Silver, du nouveau voisin James Lacey (apparaissant ici vers la fin), et de quelques autres personnages récurrents. On les retrouvera dans le deuxième opus, “Remède de cheval”, également disponible en français. Inutile de préciser que les tribulations d'Agatha Raisin, racontées avec fluidité sur une tonalité enjouée, sont riches en péripéties mouvementées et en drôlerie. Si le polar peut être très sombre, il est également fort agréable de lire d'excellents romans souriants comme celui-ci.

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31 mai 2016 2 31 /05 /mai /2016 04:55

Watertown est une ville du Massachusetts, dans la banlieue de Boston. Tout ici est typique des agglomérations américaines, sans atout particulier. À part peut-être son Grand Hôtel des Congrès datant de 1927. On y trouve un quartier mal famé, les Bellams. C'est à Watertown que s'est achevée la course-poursuite avec les auteurs des attentats du marathon de Boston en avril 2013. Le seul cas où cette ville fit parler d'elle. Marié, père de deux filles, Paul McCarthy est le shérif de Watertown. Sa famille reste son point de repère, même si leur vie est sans fantaisie. Dans son métier, il compte sur ses adjoints, Gomez et les autres, pour l'assister. Ce soir-là, le septuagénaire Jimmy Henderson est assassiné et mutilé en ville, dans son propre pick-up. McCarthy le connaissait depuis longtemps.

Henderson, vieux bonhomme sans histoire ? C'était sans doute moins vrai ces derniers temps. En effet, Laura Henderson, fille de la victime, s'est acoquinée avec Alexander Marshall, un repris de justice. “Ils se sont d'abord associés pour revendre de la came, puis ils ont habité ensemble. Alexander a rapidement eu des vues sur la fille de Laura, Julia.” Quand on sait quel fut le parcours délinquant de Marshall, et si on y ajoute une possible affaire de mœurs autour de la jeune Julia, il apparaît comme le principal suspect du meurtre. Un coupable trop idéal ? Wilde, un flic venu renforcer l'équipe du shérif, estime que Marshall n'a pas le profil dans ce cas. D'autant que le meurtrier n'a rien volé. McCarthy n'est pas si sûr, non plus. La seule piste plausible serait un club de fitness, base d'un trafic de drogue.

Franck dirige en dilettante une agence de détectives new-yorkaise. Il est de passage à Watertown. Franck est un dandy cocaïnomane affichant des opinions anti-conformistes, pouvant surprendre la population d'une telle ville. Installé au Grand Hôtel des Congrès, il s'intéresse bientôt au meurtre de Jimmy Henderson. Ayant intercepté des infos, il se penche sur le dossier d'un ancien acteur de films pornographiques. Celui-ci dirige un club de fitness, où passe de la drogue. Club dont le propriétaire n'est autre que Lance Le Carré, un homme d'affaire que Franck a approché. S'il organise des réceptions mondaines, c'est surtout un puissant caïd mafieux. Il ne faut pas sous-estimer ce genre de personnes…

Quentin Mouron : Trois gouttes de sang et un nuage de coke (10-18, 2016)

C'est dans un décor exemplaire de banalité, que l'auteur peut exploiter une intrigue à la tonalité toute personnelle. Il ne mise ni sur une enquête balisée avec une succession de témoignages et d'hypothèses, ni un scénario percutant façon série-télé à l'Américaine avec des flics chevronnés. C'est davantage une suite de rencontres, qui crée l'ambiance. D'un côté, nous avons un policier professionnel et attentif, menant une existence plutôt routinière. De l'autre, c'est une galerie de personnages décalés que nous découvrons. À commencer par le singulier détective Franck, influencé par le sâr Péladan. Il ne correspond pas vraiment à l'image traditionnelle du "privé". “Cette affaire n'est motivée par rien de raisonnable, ni même de passionnel. Je vous l'ai dit : il ne s'agit que de curiosité… Que ferais-je à New York ? Éventrer des poubelles ? Brasser des ordures ménagères ? Non merci ! Il ne s'agit pas d'une "affaire". Considérez cela comme un divertissement, un caprice. Et de la première importance” explique Franck à son assistante.

Flânerie dans les rues de Watertown, éventuels quidams soupçonnables, des pistes qui restent floues. Et pourtant, on a envie de savoir quelle direction prendra cette affaire. On retient aussi quelques portraits, dont ceux du repris de justice et du romancier best-seller. Ou celui de la fille d'Henderson : “Sacrée Linda ! pense [le shérif] McCarthy. Pour être folle, elle n'en est pas moins attachante. Elle peut fulminer, récriminer, se braquer contre la terre entière, elle ne fera jamais de mal à une mouche. Au fond, elle fait ce qu'elle peut.” Quentin Mouron figure parmi les "nouvelles voix" du polar noir, pour le plaisir des amateurs de romans quelque peu hors normes. À découvrir en format poche (dès le 2 juin 2016).

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30 mai 2016 1 30 /05 /mai /2016 04:55

Samuel Fox est âgé de trente-deux ans. Garçon intelligent, bien éduqué (“Maman m'avait apporté sa curiosité ; papa, sa méthodologie, sa logique, son sens de l'ordre, des procédures”), il s'orienta bientôt vers le métier de policier. Sam débuta à la Brigade des Mœurs. Il s'aperçut vite qu'il n'entrait pas dans le moule : les fics n'ont pas assez de temps pour cerner le cas de chacun, voire pour aider les gens. Il garde des contacts, telle son amie Karen qui a des soucis tant personnels que hiérarchiques. Depuis huit ans, Sam est enquêteur pour une société privée, sans doute le meilleur. “Ma spécialité, ce sont les enquêtes sur les malveillances, les actes frauduleux, les personnes à risque…” Les arnaques à l'assurance se multipliant, la traque aux escrocs c'est son sujet : plus de trois cent affaires résolues, beau palmarès. Côté privé, c'est plus compliqué pour Sam.

Depuis l'enfance, il cherche son identité sexuelle. Il est attiré par les femmes, mais autant par les hommes. En réalité, la question est plus intime : Sam se sent plus Samantha que Samuel. Depuis quelques mois, il prépare sa métamorphose. Transformation complète et complexe qui coûte extrêmement cher. Douloureuse aussi, malgré la quantité de médocs non conventionnés qu'il absorbe. Il lui faudra encore un semestre avant d'atteindre son but, devenir femme. Non content de le placardiser, afin de l'éloigner de Paris, son patron Édouard l'envoie en mission dans la cambrousse entre Brive-la-Gaillarde et Souillac. Un bar-restaurant pour routiers faisant motel y a subi ces dernières années de multiples dégradations. Vandalisme stupide avec une part de malchance ou escroquerie répétitive à l'assurance, c'est ce que Sam devra déterminer sur place.

L'accueil est carrément froid de la part de Karl Clash, le patron septuagénaire du miteux établissement. Sam ne s'attendait pas à ce qu'il se montre coopératif. Il constate la trace des dernières dégradations. Dans un coin du parking, Doriane vit là, dans une caravane. C'est une prostituée défraîchie, pas rebutante. Elle a immédiatement compris la "féminité cachée" de Sam. Chaleureuse et dynamique aussi, Doriane s'occupe du service dans le restaurant. Globalement, l'activité n'est guère rentable. Sauf les soirs où Karl propose un repas festif : la faune des routiers est au rendez-vous. Nuit bruyante, peu de sommeil pour Sam qui loge au motel. Un seul autre client, Jean-Claude, formateur en entreprise, dessinateur de nus féminins à ses heures, “un dandy de province” pas antipathique.

Ce n'est pas en s'adressant à la gendarmerie que Sam en apprendra davantage. Le genre d'affaire qu'ils classent sans s'interroger, dans ces brigades rurales. En fonction des éléments à sa disposition, Sam “commence à gratter une première conclusion” : Karl vivote, l'argent de l'assurance lui est utile, ça n'en fait pas un escroc de grande envergure. Toutefois, lorsque l'enquêteur reprend contact avec la policière Karen, le portrait du vieil hôtelier prend une autre tournure. Infos issues des archives, filatures, recoupements… Le dossier ne sera néanmoins pas clos quand Sam termine son rapport…

Jérémy Bouquin : Sois belle et t'es toi (Éd.Lajouanie, 2016)

Il existe diverses manières de raconter une enquête. Imiter le classicisme façon Sherlock Holmes, Maigret, Miss Marple ou Hercule Poirot, ça ne manque pas de charme. La tonalité de certains auteurs s'avère nettement plus fiévreuse. C'est le cas de Jérémy Bouquin, qui écrit furieusement, en quantité et en qualité. Il a produit une dizaine de romans, quelques nouvelles, des scénarios de BD. Un "besoin d'écriture" qui répond probablement à deux critères : un plaisir de construire de solides histoires, et un défi consistant à se démarquer du simple polar. Non pas en développant un thème absolument neuf – ce n'est pas le premier enquêteur traquant une escroquerie à l'assurance. Mais en présentant un récit à la fois d'une réelle vivacité, riche en psychologie, aux ambiances très convaincantes.

Que vaudrait une intrigue criminelle sans un contexte singulier ? Avec un héros ni mâle, ni femelle en guise de narrateur, il eût été facile de verser dans le grivois, de tomber dans la vulgarité, de sombrer dans la caricature sexiste. À l'inverse, le portrait de Sam est finement nuancé. Certes, son comportement heurtera fatalement la bien-pensance des puritains indécrottables. Entre force masculine et sensibilité féminine, c'est peut-être ce qui lui permet de jauger les faits avec équité. Entre autres choses, de comprendre ces routiers ayant besoin de décompresser, ou ce couple improbable végétant dans ce restaurant obsolète. Jérémy Bouquin fait mouche une fois encore, confirmant son talent.

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29 mai 2016 7 29 /05 /mai /2016 04:55

Mattia Lorozzi, onze ans, élève de CM2, est orphelin de père depuis plusieurs années. Son père Ryad Younès fut éducateur de quartier dans cette ville. Demi-frère de Mattia, Stefano est un chirurgien trentenaire. Il n'a jamais voulu se mêler de la nouvelle vie de leur mère. Jeune adulte, Gina, la sœur de Mattia, voyage beaucoup depuis quelques temps, comme si elle fuyait leur ville. Amélia, la mère du gamin, a souhaité confier son fils à Zé, qui en est devenu le tuteur légal. Âgé de vingt-quatre ans, Zéphyr Palaisot est un gardien de nuit passionné de grande poésie littéraire. À cause de la mort de l'étudiante Émilie Vauquier, il a traversé une sombre période. Issu d'une famille honorable, il a rompu avec ses parents. Il vit avec la jeune Gabrielle, une suicidaire qui vient encore de se rater. Elle risque à tout moment d'être internée en psychiatrie, même si Zé la protège autant qu'il le peut.

Réfractaire à toute forme d'enseignement, Mattia baigne dans une ambiance dépressive. Silencieux de nature, ça lui convient malgré tout. Il est préférable de faire profil bas face aux services sociaux, mais Zé et lui n'y échapperont certainement pas. Mattia est suivi par une psy, à laquelle il se confie modérément, mais dans un climat de confiance. Elle peut, le moment venu, lui éviter de finir dans un foyer. Amélia, sa mère, ne donne plus signe de vie depuis quelques semaines. Sa sœur Gina réapparaît le soir de Noël. Néanmoins, pour Mattia, le bilan actuel n'est guère joyeux. D'autant que deux hommes rôdent autour de Zé et lui. Probablement des policiers. Les flics ne sont pas appréciés dans cette ville, depuis une bavure remontant à une quinzaine d'années. Le policier qui tua l'adolescent Saïd Zahidi bénéficia de la mansuétude de la Justice, ce qui entraîna quelques heurts.

Mattia n'était pas encore né au temps de cette affaire. Il a compris que son père fut très marqué par la mort de Saïd. Certes, la victime était un ado turbulent, frondeur, sûrement de la graine de racaille. Pourtant, son décès n'eut rien à voir avec de la légitime défense : le flic Thomas Ross l'a tué volontairement. Ce qui provoqua l’écœurement de Gina et de la population du quartier de Verrières. Aujourd'hui, on voit de nouveau fleurir des tags à la mémoire de Saïd sur les murs de la ville. Que l'on efface bien vite. Ces rappels du passé sont l'œuvre de Karim, un ami de Gina resté fidèle aux proches de Saïd, dont la jeune Siham. Pris sur le fait par la police, Karim résiste fièrement aux interrogatoires, refusant de signer toute déposition. Des tags, c'est nettement moins grave que le meurtre de Saïd. Il n'est pas exclu que quelqu'un ait envie de venger sa mort, même quinze ans après.

Le sommeil de Mattia est troublé par d'oppressants cauchemars, des hallucinations. La psy explique qu'il s'agit de "paralysie du sommeil", problème récurrent chez Mattia. Entre le saccage de l'appartement de Zé, la demande d'internement par un tiers visant Gabrielle, une visite des services sociaux, et le passage devant un juge pour décider si Zé doit rester son tuteur, l'univers de Mattia n'a rien de tranquille. S'il se sent aussi volontaire que sa sœur Gina, et bien qu'ils soit intelligent et observateur, il reste un enfant de onze ans. Quoi qu'il arrive par la suite, il aura besoin d'un équilibre mental dont son environnement est plutôt dépourvu…

Cloé Mehdi : Rien ne se perd (Éd.Jigal, 2016) – Coup de cœur –

Si Cloé Mehdi avait rédigé un plaidoyer militant, une charge contre les abus policiers, le roman n'aurait pas grand intérêt. La délinquance existe, et les forces de l'ordre font leur métier, intervenant contre ceux qui défient les lois. En cas de meurtre, pour la Justice, il ne doit pas y avoir deux poids deux mesures, voilà tout. On est d'accord pour "préserver la paix sociale", éviter par exemple des émeutes. Toutefois, n'oublions pas de mesurer les conséquences de certains faits, touchant personnellement témoins ou protagonistes. Il y a ceux qui garderont une distance, quasi-indifférents au sort des autres, tel Stefano. Et puis d'autres qui prendront à cœur les circonstances du drame. Ce qui fut le cas du père du petit Mattia. Répondre qu'il s'agit alors de schizophrénie ? “C'est à peine si tu trouveras deux psychiatres capables de t'en donner la même définition” admet la psy de Mattia.

L'angle choisi par l'auteure est nettement plus habile. À travers le regard de ce gamin, on suit ici son quotidien chahuté par les réalités du monde des adultes. Gabrielle n'est pas la seule à trouver que vivre est d'une lourde complexité. S'il n'a que vingt-quatre ans, s'il fut un étudiant exemplaire, le parcours de Zé a été très vite semé d'embûches, suite à un épisode déterminant. Il en va de même pour tout l'entourage du petit Mattia. Et c'est ce qui fait la force de cette histoire, évidemment. Il est facile de décréter qu'il s'agit de "cas sociaux", d'une sorte de fatalité. La psychiatrie, puisqu'il en est largement question, n'est pas un problème de génétique, ni de milieu social. Ça vient d'une perception intime, d'un sentiment d'impuissance face à ce que l'on ne peut gérer. Ceux qui se croient forts ou supérieurs devraient y réfléchir : au cours d'une vie, certains faits sont pesants à porter.

Un thème aussi noir doit comporter des passages plus légers, nul doute que l'auteure le sache. Une part de poésie, comme quand Mattia et sa sœur grimpent sur une grue pour regarder la ville. De la tendresse protectrice, dans la relation entre Zé et Gabrielle. De l'humour grinçant, quand il faut incarner "la famille idéale" aux yeux des travailleurs sociaux : correspondre aux normes, simuler le conformisme façon télé-réalité ou sitcom à l'américaine, oui c'est de la bêtise. En toile de fond, l'intrigue criminelle issue du passé, mais probablement pas close, apparaît telle une ombre. Il convient de saluer la subtile écriture de Cloé Mehdi : chacun des aspects de cette fiction apparaît d'une juste tonalité, chaque instant du récit décrit le vrai vécu ordinaire des personnages. Coup de cœur évident pour un remarquable "polar social".

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27 mai 2016 5 27 /05 /mai /2016 04:55

Né en 1978, Rick Hoffman voulait devenir journaliste d'investigation. Le goût du luxe balaya ses ambitions : poste lucratif dans un magazine de Boston glorifiant les puissants, fiancée décorative et soirées mondaines, belle réussite… Jusqu'à ce que le commanditaire cesse de financer. Aujourd'hui, c'est la dèche pour Rick. Plus d'appartement dans les quartiers chics, ni de jolie fiancée. Quelques piges pour la version web du magazine ne rapportent quasiment rien. Dans la maison paternelle, il squatte le bureau de son père.

Celui-ci, Leonard Hoffman, ne fut pas un avocat prestigieux, un défenseur de nobles causes. Néanmoins, il savait séduire ses interlocuteurs et avait la confiance de ses clients. Parmi eux, on trouvait des propriétaires de clubs de strip-tease et autres établissements des quartiers chauds du Boston de l'époque. De grosses sociétés, aussi. Près de vingt ans plus tôt, Leonard Hoffman fut victime d'un AVC provoquant une aphasie totale. Il végète depuis dans une structure médicalisée, ne s'exprimant plus, restant sans réaction.

La maison de Leonard aurait besoin de rénovation. Ce dont peut s'occuper le voisin Jeff, qui dirige une entreprise du bâtiment. Lorsque Rick découvre une forte somme en billets cachée dans un mur, Jeff a probablement repéré le magot lui aussi. Il n'imagine sûrement pas que ce sont près de trois millions et demi de dollars en argent liquide, que Rick vient de dénicher. Il serait risqué de les mettre dans une banque, on se poserait des questions. Rick lui-même s'interroge sur l'origine de ce pactole inattendu.

Il ne s'agit évidemment pas d'argent économisé par son avocat de père. Il contacte Joan, la secrétaire retraitée de Leonard. Elle lui confie des agendas, la comptabilité et d'autres documents remontant jusqu'à 1996, date de l'AVC de l'avocat. Aux Archives Municipales, Rick retrouve quelques éléments supplémentaires. Il semble que ses recherches gênent quelqu'un, car il est bientôt kidnappé et menacé de mort par un Irlandais. Il n'a pourtant découvert que des éléments épars, dessinant quand même le rôle ambigu de son père.

Par un patron de club, puis une collègue journaliste, Rick se fait expliquer la “banque du cash”. Certaines activités génèrent de grosse sommes en liquide qui, passant entre les mains d'un intermédiaire tel que Leonard Hoffman autrefois, serviront à des bakchich, des pots-de-vins. Boston fut transformé voilà plusieurs décennies par un projet d'urbanisme colossal, le Big Dig. Il est facile de supposer que la corruption régnait à tous niveau autour de ces travaux. Attention car tout ça est dirigé par des gens haut-placés et sans pitié.

Se sachant pris en filature, certainement par le gang de l'Irlandais, Rick se montre le plus prudent possible. Il se méfie autant de Jeff et de ses ouvriers. Côté cœur, il a renoué avec Andrea Messina, une amie de lycée, divorcée avec un enfant. Pas sûr qu'il se montre très adroit avec cette idéaliste, dégoûtée par le monde de la finance où elle fut employée. Il s'avère que l'AVC de Leonard s'accompagna d'un coup sur la tête, ce qui est étrange. Rick s'intéresse à Alex Pappas, un cador très discret de la communication de crise. L'accident de voiture mortel d'une famille d'origine dominicaine vingt ans plus tôt est-il une des clés de l'histoire ? Possible, car on a acheté le silence de leurs proches. Vouloir faire la lumière sur tout cela, c'est pour Rick s'exposer au danger, face aux sphères influentes de Boston…

Joseph Finder : Jour de chance (Éd.Bragelonne - Thrillers, 2016)

On ne contestera pas l'étiquette "Thriller" concernant les livres de Joseph Finder. Il conçoit avec habileté ses scénarios, afin que tout contribue à intensifier le suspense. Il accroche ses lecteurs dès l'entame du récit, et jamais le rythme ne faiblit jusqu'au dénouement. Les portraits de ses personnages sont d'une belle précision, peaufinés durant la progression de l'intrigue. Celle-ci est empreinte de sombres mystères et de menaces autour du héros, qui s'inscrit dans la tradition du journaliste-détective. C'est en perdant le luxe et le confort, entraînant une certaine léthargie, que Rick revient à son véritable métier, "à l'ancienne". Pour définir à quoi correspondait la fonction de "facilitateur" de son père, également.

C'est là que l'on se rapproche au plus près du roman noir. Les investigations de Rick le plongent dans les facettes secrètes du bizness à l'américaine. Tous les moyens sont bons pour “faire partie des géants”, comme dit un des protagonistes. Appartenir à l'élite est une ambition honorable. Y parvenir et y rester afin de tout contrôler, en pratiquant magouilles et corruption, trafics d'influence et conflits d'intérêts, ça ne l'est plus. Car cela suppose de masquer, y compris par la force, tout ce qui est délictueux ou carrément illégal. Quant au mépris de la population, sans doute figure-t-il dans les gènes de ceux qui se croient si supérieurs, voire irremplaçables. On est bien là dans les sujets abordés par le roman noir.

L'idéalisme, incarné par Andrea Messina et l'œuvre éducative qu'elle a créée, prendra-t-il sa revanche sur la pourriture des maîtres de la ville et la dictature du fric ? On ne peut que le souhaiter. Mêlant adroitement les genres, faisant la synthèse entre le thriller et le noir, Joseph Finder nous propose un suspense très vivant et fort crédible, d'une justesse remarquable.

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