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12 août 2014 2 12 /08 /août /2014 04:55

Âgé de trente-deux ans, Scott James est policier en uniforme à Los Angeles. Il fait équipe en patrouilles avec Stephanie Anders. Scott espère intégrer bientôt une unité d'élite. Cette nuit-là, tous deux assistent à un accident de la circulation entre un camion et une Bentley. Mais quand intervient une Gran Torino, une fusillade éclate. Le couple de policiers est visé, même si ce sont les occupants de la Bentley qu'on ciblait. Stephanie Anders est abattue par les tueurs, Scott James en sort gravement blessé. Neuf mois et demi plus tard, Scott a toujours des séquelles post-traumatiques et physiques, qu'un psy a du mal à soigner. Le policier est hanté par les images de la scène meurtrière. Pendant tout ce temps, l'enquête sur la mitraillade n'a pas vraiment avancé.

Scott James a été accepté dans la brigade canine, l'unité K9. Pour le recaser, plutôt que grâce à ses compétences. Leland, le patron, ne voit pas d'un bon œil que Scott choisisse le berger allemand Maggie. Cette chienne a appartenu au corps des Marines. Son maître est mort en opération en Afghanistan. Maggie, qui l'a protégé jusqu'au bout, souffre de stress post-traumatique, comme Scott. La chienne ne supporte pas le bruit des coups de feu, handicap majeur. Même avec des médicaments, le psy de Scott ne peut guère aider la chienne. L'idée de Leland est d'inciter Scott à renoncer à ce boulot, Maggie ne pouvant être entraînée correctement. Néanmoins, le couple fonctionne assez bien. La chienne ne tarde pas à adopter son nouveau maître.

L'inspecteur Orso et sa collègue Cowly relancent l'enquête sur la fusillade. Scott retourne souvent sur les lieux, maintenant avec Maggie. Il s'est aperçu que les cambriolages sont fréquents dans ce quartier. Pas impossible qu'un braqueur présent cette nuit-là ait pu voir quelque chose de précis. Même si ce sont aussi des drogués, tels Marshall Ishi, que l'on va arrêter avec l'aide des flics de l'unité spéciale vols. Scott étudie les témoignages et la reconstitution des faits dans le dossier mis à sa disposition. Les victimes de la Bentley, Pahlasian et Beloit, passèrent par deux clubs avant la fusillade. Pour Scott, ça n'explique pas que “deux richards se baladent en Bentley pendant une demie-heure dans un quartier pourri à cette heure de la nuit”. Pour Maggie, l'entraînement continue...

Robert Crais : Suspect (Éd.Belfond Noir, 2014)

Voilà un suspense diablement sympathique, par un romancier chevronné puisqu'il est déjà l'auteur d'une quinzaine de titres. Concernant l'intrigue criminelle proprement dite, Robert Crais sait ménager ses effets. Après la scène-choc de la fusillade, il va distiller les menus indices, les possibles pistes. Il nous présente un policier plutôt solitaire, persévérant à chercher des éléments sur la mort de sa partenaire. Un thème classique et solide. Idem pour l'aspect psychologique. Depuis quelques années, les Américains ont admis la notion de stress post-traumatique : c'est un sujet récurrent que l'auteur utilise avec pertinence. Pour le héros comme pour la chienne Maggie, puisque Scott James a intégré la brigade canine (K9, prononcez K-nine).

Ce qui séduira bon nombre de lectrices et de lecteurs, c'est bien sûr la nouvelle partenaire du policier, pesant quarante kilos. D'autant que certaines scènes sont “vues par” Maggie, la chienne militaire. La relation entre un animal (capable d'un véritable dressage) et son maître (directif sans dureté) apparaît effectivement bien décrite. Les amoureux des chiens s'y reconnaîtront certainement. On ne sera pas surpris qu'existe un projet de film autour de cette histoire, avec un tel tandem chien-maître. Toutefois, quant au livre, un polar ne fonctionnerait pas sans un scénario sérieux et une narration fluide : atouts favorables qui sont bien présents dans ce “Suspect”.

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11 août 2014 1 11 /08 /août /2014 04:55

L'univers de M.Fernand, c'est le quartier Pigalle, de la rue des Martyrs à la place Clichy. On l'y voit passer dans sa Rolls Silver Shadow quelque peu défraîchie. On reconnaît sa haute silhouette, son manteau de poils, son chapeau sombre à larges bords. M.Fernand est toujours accompagné par sa chienne Jouvencelle et par son amant-garde du corps Karl, un Allemand à l'accent teuton prononcé. Toutes les nuits ou presque, on trouve M.Fernand au Favori, le club de Gérard Lambert. Pourtant, malgré son allure, il a beaucoup perdu de son prestige en 1978. Il n'est plus le flamboyant Fernand Legras, qui vendit des tableaux de maîtres aux plus riches Américains. En ce temps-là, il côtoyait les célébrités du cinéma dans les soirées mondaines, se sentant leur égal. La gloire est passée, la roue a tourné, d'autant plus logiquement que les toiles qu'il écoulait étaient des faux.

Aujourd'hui, M.Fernand végète avec Karl dans une chambre d'hôtel minable. S'il fréquente l'immeuble du 11 boulevard de Clichy, c'est parce qu'Annie – épouse de Jimmy Fallow – est généreuse avec lui, en argent et en alcool. Elle voudrait bien que M.Fernand aide son fils Fredo à percer dans la chanson. À cette même adresse, vivent aussi la baronne Lydie et son fils André, une belle paire de drogués. M.Fernand alimente leur vice. Et le couple Kowalski : Irène est prof, son mari est un peintre sans clientèle. Crédule, la jeune femme est sensible à l'aura de M.Fernand. Il a vécu une vie si aventureuse et connu tant de personnalités. Ça déplaît plutôt à Annie Fallows, cette admiration d'Irène. D'ailleurs, les crises colériques de M.Fernand agacent parfois ses hôtes de l'immeuble. Il reste capable de ruser, afin de ne pas perdre son crédit auprès de ces gens dont il abuse.

Un mafieux corse serait acheteur d'un faux Dufy. Hélas, M.Fernand a perdu l'essentiel de ses contacts chez les faussaires. Il y encore l'alcoolique Bronstein. Lui ne fait pas de copies, mais il espère que le peintre Patrice Benamou pourra produire un Dufy. Ce dernier se doute du nom du commanditaire, et pourrait se passer d'intermédiaire. M.Fernand sait où dénicher un authentique Dufy. La baronne en possède un, qu'elle n'a pas l'intention de lui vendre. Le mafieux Albertini invite M.Fernand pour des vacances au ski, afin de mettre un peu de pression sur lui car il le sait aux abois.

Venu de Périgueux, marié à une ex-prostituée dont il a éliminé le proxénète, Cabrillac est commissaire de police dans le secteur de Pigalle. Suite au meurtre d'une pute du quartier, le policier Le Guen des RG contacte Cabrillac. La faune mafieuse qui tourne autour du club Le Favori, il fait tout ce qu'il peut pour l'alpaguer. Albertini et Lambert, mais aussi Fernand Legras, qui est en attente d'un procès. Cabrillac a bientôt l'occasion d'enquêter aussi bien au 11 boulevard de Clichy que parmi les habitués du Favori…

Louis Sanders : La chute de M.Fernand (Éd.Seuil, 2014)

L'auteur s'inspire de Fernand Legros, marchand de tableau qui connut une belle notoriété dans les années 1960-70. Il n'était pas lui-même un faussaire, mais possédait un réseau de copieurs d'œuvres très pointus. Il avait sa technique pour faire authentifier les toiles, s'adressant aux veuves souvent ruinées des artistes peintres. Cultivant son personnage, il possédait une prestance indéniable qui lui permit de vendre des dizaines de faux tableaux.

Sa vie romancée par l'écrivain Roger Peyrefitte, et son autobiographie, ont contribué à sa légende. Pour comprendre le succès de cet escroc, sans doute faut-il le replacer dans son époque. Entre culot et habileté, non dénués de charisme, ces gens sans scrupule n'avaient pas peur de se lancer dans des arnaques énormes. Comme ils visaient les plus friqués, la population les trouvaient sympathiques, et s'amusait de leurs aventures.

S'agissant d'une fiction, c'est un clone de l'original que nous présente l'auteur. D'ailleurs, Fernand Legros est décédé à l'âge de cinquante-deux ans quelques années plus tard. Dans la misère, comme le héros de cette histoire. Louis Sanders réussit à restituer l'ambiance générale de cette époque, la fin de la décennie 1970.

Pigalle conserve sa réputation sulfureuse, les Corses ont encore la haute main sur les boites de nuits parisiennes, et si les flics sont efficaces, ils ne se prennent pas encore pour des “experts”. Effectivement, de même que le grand banditisme évolue, le temps des grands arnaqueurs se termine. Certes, il y en aura d'autres, mais ils manqueront de brio. L'histoire est ici assortie d'une enquête criminelle, toutefois on retient en priorité le climat d'alors, et le délicieux portrait du fantasque M.Fernand. Un savoureux roman.

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8 août 2014 5 08 /08 /août /2014 04:55

En cet hiver 1930, la steppe enneigée isole plus que jamais le petit village de Vyriv, dans l'ouest de l'Ukraine. Ce qui convient aux habitants, car les envoyés de Staline sillonnent l'Union Soviétique afin d'installer le collectivisme. Être privés de leurs modestes biens, une échéance inéluctable que les paysans d'ici espèrent retarder, faute d'y échapper. Russe d'origine, Luka a longtemps été combattant, avant de s'installer dans le village natal de sa femme, Natalia. Ils élèvent leurs fils jumeaux de dix-sept ans, Viktor et Petro, et la petite Lara âgée de neuf ans. Leur nièce Dariya, fille de Dimitri Spektor et de la sœur de Natalia, est une gamine intrépide de huit ans, qui fréquente leur foyer.

Un jour, Luka et ses fils ramènent à la maison un inconnu quasi-mourant, dont le traîneau transporte les cadavres de deux enfants d'environ dix ans. La fillette morte a été mutilée, comme victime d'anthropophagie. Alors que Luka et les jumeaux enterrent discrètement les corps, Dimitri intervient. Malgré l'incompréhension, les premiers habitants arrivés sont assez raisonnables. Surexcité, Dimitri rameute les autres villageois, exigeant qu'on leur livre l'inconnu. Luka essaie de les calmer, mais ne peut éviter le lynchage. Les affaires du mourant indiquent qu'il s'agissait d'un soldat, d'un officier médaillé. Grâce à des photos, Luka réalise qu'il était le père des deux victimes. Sans doute traquait-il leur assassin.

La petite Dariya a disparu. Luka doit se bagarrer avec Dimitri, le père de la gamine, quand il accuse à tort et à travers. On remarque dans la neige les traces d'un homme botté, qui est certainement le voleur d'enfants. Il est préférable d'attendre le matin afin de tenter de le poursuivre. Luka, ses deux fils et Dimitri partent en chasse. Le coupable laisse quelques traces, volontairement. Quand le petit groupe se trouve à découvert, le criminel les prend pour cible. Luka comprend que c'est un tireur d'élite, assurément bien équipé, qui veut jouer avec eux. “Nous ne sommes plus seulement des chasseurs, nous sommes aussi des proies” constate Luka, qui envisage de continuer seul.

Plus loin, le kidnappeur a laissé comme indice dans la neige un scalp d'enfant. Quand Luka et ses fils rencontrent une jeune femme, Aleksandra, elle leur apprend que les émissaires de Staline sont arrivés dans les villages environnants. Les persécutions ont commencé, sous la direction d'un certain Lermentov. Bien qu'ayant envie autant que ses fils de rentrer à Vyriv, Luka ne peut renoncer à sa mission. Le périple dans la neige se poursuit. Même s'ils arrivent à retrouver le ravisseur et Dariya, les voyageurs risquent de devoir se frotter aux miliciens de Staline. Échapper aux griffes de Lermentov et de ses sbires ne garantit pas pour Luka un retour à une situation normale…

Dan Smith : Le village (Cherche Midi Éd., 2014)

Polar ou thriller ne sont probablement pas les qualificatifs qui conviennent. Un suspense dur, sombre et puissant, voilà ce qu'a concocté l'auteur. Tout est cruauté dans le contexte, et il faut une lucidité teintée d'humanisme pour que le héros résiste aux épreuves. “Tu n'as jamais été un fermier. Tu as toujours été un soldat. Un soldat qui joue au fermier, et je vois dans tes yeux que ce n'est pas ta vraie nature” constate son épouse. Il est vrai que Luka a combattu durant la guerre de Crimée, dans la confusion des camps en présence : “J'appartenais à l'Armée noire anarchiste de Nestor Makhno, qui avait affrontée seule l'Armée blanche du général Wrangel, avant de s'allier à l'Armée rouge.” Toutefois, il n'est pas simplement question d'un jeu de piste, entre un ancien baroudeur et un criminel.

Cette traque se passe à l'époque où débutent le méthodes staliniennes visant à accaparer les biens personnels de la population et à réduire les libertés individuelles, à développer la puissance de l’État russe y compris dans les moindres villages du pays. On sent la tension à Vyriv où, comme partout, la rumeur a précédé la venue des communistes destructeurs. Par contre, cela n'excuse nullement le lynchage initial causé par la haine et l'effet de groupe malsain. Qu'un criminel s'attaque à des enfants n'autorise pas à abolir les justes lois. On est là dans un épisode violent de l'Histoire ─ où plane une menace de plus en plus concrète, où résister est vain car ça ne fait qu'ajouter de la nervosité ─ ce qui influe fatalement sur les faits. Le froid et la neige ajoutent une âpreté aux aventures de ces personnages. Un roman de qualité supérieure.

─ “Le village” de Dan Smith est disponible dès le 21 août 2014 –

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5 août 2014 2 05 /08 /août /2014 04:54
Les Hautes-Vosges, du côté de Bussang.

Les Hautes-Vosges, du côté de Bussang.

Experte en informatique, la frêle Aglaé Cimonard appartient à l'équipe du commandant Pierre-Arsène Leoni, à la Brigade criminelle de Lille. Sans doute est-elle la plus discrète du groupe, qui ignore tout de sa vie. On la surnomme Fée. Victime d'un accident avec une voiture pendant son jogging, l'agente Cimonard a été hospitalisée. Elle est dans le coma. Doutant d'un simple choc accidentel, Leoni prend l'affaire au sérieux. Dans l'appartement de la victime, ordinateurs et matériel technique ont d'ailleurs disparu. Elle est mise sous protection policière à l'hôpital. Il s'avère que la jeune femme a changé d'identité. Fille métissée d'une Chinoise, elle s'appelait Feng Leveneur. Sa vie a basculé à cause d'un drame familial. Une bonne raison de tourner la page, en changeant de nom.

Pendant une récente semaine de congés, Aglaé-Feng a pris contact avec Sophie Delaunay à Wissemberg, bourgade de trois cent habitants dans les Hautes-Vosges. Une piste que Leoni va explorer avec sa compagne, la médecin légiste Éliane Ducatel. Ils louent un gîte dans la région, tandis que Mémé Angèle – la grand-mère de Leoni, qui s'occupe de sa fille Lisandra – va tenter d'aider la victime. Tous les jours, la vieille Corse se rend à l'hôpital pour veiller sur Aglaé-Feng, espérant susciter une réaction de sa part. À Wissemberg, si le couple est bien accueilli par le loueur Fredo, la population pratique une certaine omerta au sujet de Sophie Delaunay. Ou plutôt, concernant l'établissement de soins pour adolescents dépressifs, où est elle employée comme beaucoup de gens d'ici.

Peu d'infos non plus sur la disparition de Mathieu Perrin, Juliette Becquart et Lucas Simler, trois ados traités au Centre Anna-Demange. Trois semaines plus tôt, le trio s'est enfui en volant la voiture de la directrice et de l'argent. Ils étaient devenus très complices depuis leur arrivée au Centre. Alors qu'ils sont reçus par Évelyne Thouvenot, directrice de cet établissement depuis l'origine, Leoni et Éliane apprennent la mort de Sophie Delaunay. Sa chute dans le massif montagneux environnant n'est sûrement pas due au hasard. Leoni et les gendarmes intervenus sur place sympathisent, n'ayant pas de raisons d'être rivaux. À l'hôpital de Lille, Mémé Angèle repére ce qui semble être une fausse infirmière. Il faut renforcer la surveillance autour d'Aglaé-Feng, dont l'état s'améliore vaguement.

Le fondateur du Centre, c'est le médecin Élias Marchal. L'établissement porte le nom de sa défunte épouse Anna, décédée prématurément. Si Évelyne Thouvenot lui est fidèle, il n'a jamais voulu en faire son amante. Élias Marchal fut naguère l'inventeur d'un médicament sédatif aux effets secondaires dévastateurs, bien que le Zolopram n'a jamais été interdit. Aujourd'hui, avec le groupe pharmaceutique Akos dont il est un des directeurs, il lance un nouveau médicament, le Selenor. À cause d'une récente visite contrariante, menaçante pour sa réputation, Élias Marchal s'est isolé dans son chalet de Wissemberg. Il laisse au nommé Ferreira le soin de régler certains problèmes. D'autres morts violentes, passées ou à venir, risquent d'endeuiller ces décors forestiers…

Elena Piacentini : Des forêts et des âmes (Éd.Au-delà du raisonnable, 2014)

Après la belle réussite de son cinquième titre, “Le cimetière des chimères” (2013), Elena Piacentini n'avait pas le droit de décevoir son public. Elle est certainement consciente de cette exigence. Une manière de ne pas se répéter consiste à changer d'ambiances. On va donc s'éloigner de la métropole lilloise, non pas en direction de la Corse natale de Leoni, mais vers les Vosges. Dans ces paysages de vallées et de forêts, le climat serait apaisant si l'on n'y commettait aussi quelques crimes. Bien qu'elle nous décrive la réelle beauté des lieux, l'auteure ne s’appesantit pas sur de redondants clichés. Par exemple, on dessine une fois pour toutes le village ou le bâtiment du Centre de soins Anna-Demange. À noter au passage que ce nom de famille, Demange, et ses déclinaisons sont très courant dans ce département lorrain.

L'incontournable Mémé Angèle est heureusement présente, avec ses délicieux aphorismes en langue corse et sa tendresse naturelle. Soulignons le rôle actif de la médecin légiste Éliane au côté de son compagnon Leoni. Outre l'équipe de policiers, et le cas singulier d'Aglaé Cimonard, on rencontre ici des personnages possédant de vrais caractères. Tels le loueur de gîte et éleveur de canards Frédéric, et la directrice trop soumise Évelyne, ou encore le couple de gendarmes associés à l'affaire. L'écriture nuancée nous permet de capter la nature intime de ces protagonistes.

En toile de fond, c'est du bizness des médicaments (et ses faramineux profits) dont il est question. À la suite du roman, Elena Piacentini explique sa réflexion à ce sujet. Pour élargir le marché, on “crée” de nouvelles maladies ou des problèmes psychologiques pas si avérés. Si la population mondiale est visée commercialement, les enfants sont une cible prioritaire : “Votre enfant se montre agressif ? Il est hyperactif. Il est victime de sautes d'humeur ? Il est bipolaire. Il a du mal à se concentrer pour faire ses devoirs ? Il fait preuve d'un grave déficit d'attention. Les prescriptions de psychotropes s'envolent, alors que les effets à long terme de ces molécules, notamment sur le développement du cerveau, sont mal connus.” Il semble que les méfaits annexes de certains traitements n'entament pas la bonne conscience des industriels de la pharmacie, ni de quelques médecins complices. L'affaire du Mediator en a témoigné. On pourrait qualifier ces milieux de mafias, pour leurs pratiques souvent occultes, ou du moins opaques.

Avec “Des forêts et des âmes”, un suspense d'enquête aussi réussi que les précédents, Elena Piacentini confirme ses qualités de romancière. Récompensée par le Prix Calibre 47 et par le Prix Soleil Noir en 2014, c'est une auteure dont il faut lire tous les livres.

Les Hautes-Vosges, du côté de Plainfaing-Habaurupt.

Les Hautes-Vosges, du côté de Plainfaing-Habaurupt.

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3 août 2014 7 03 /08 /août /2014 04:55

Ivan est un jeune flic diplômé. C'est en Seine-Saint-Denis qu'il débute dans le métier. Ses collègues sont “des types volontaires pour vadrouiller dans le 9-3 et pour affronter des situations bien scabreuses.” C'est le cas de son coéquipier Franck, pas vraiment adepte de la finesse. “Le boss les avait associés au nom de la complémentarité. Un fonceur et un cérébral. Souvent efficace mais toujours pénible.” S'il est vrai que le 9-3 est synonyme de racaille et de délinquance, grâce à l'interpellation d'un proxénète, Ivan a déniché une affaire bien différente. Un dossier ayant entraîné de longues semaines d'enquête, de la surveillance et des filatures, avec l'aval du son supérieur, le capitaine Martel. Pas le genre qui intéresse Franck, mais il est bien obligé d'y participer.

Dans leur ligne de mire, la société REDI, acronyme de Recyclage de Déchets Industriels. Leur activité semblait saine : “Une usine du coin collectait des merdes de toutes origines et les dispatchaient officiellement vers des lieux de traitement certifié. Sauf que, au lieu d'envoyer les scories dans des décharges contrôlée, l'exploitant se débarrassait des saletés n'importe où, sans se soucier de leur dangerosité.” Ce qui expliquait un service moins coûteux, donc très rentable. “Du liquide en provenance de la pétrochimie, du solide en provenance de nombreux secteurs” que les camionneurs partaient vider dans la nature, dans des décharges sauvages, pensa d'abord Ivan. Mais les filatures montrèrent qu'il s'agissait d'un réseau plus complexe. Les déchets étaient expédiés en Afrique.

Cette fois, c'est le flagrant délit qu'ils visent. Le coup de filet, qui ne touchera pas que les exécutants, mais aussi les hauts responsables. Ils vont suivre un camion suspect jusqu'à Marseille, Ivan et Franck dans une voiture, leurs collègues Paul et Serge dans une autre. Avec la puce électronique GPS planquée sous le poids-lourd, c'est moins compliqué de ne pas se rapprocher trop près. Il suffit de ne pas le perdre quand il fait des pauses-repas, lorsqu'il prend à bord un auto-stoppeur, quand il va aux putes. Les précédant à Marseille, Paul et Serge pensent avoir repéré le lieu d'embarquement des conteneurs à déchets. En arrivant dans le Sud, le bahut accélère, paraissant vouloir respecter les délais. La suite ne se passera pas comme l'ont prévu Ivan, Franck et leur supérieur…

Jérôme Zolma : Les poubelles de Babylone (coll.Osaka, Éd.Oslo 2014)

C'est une novella, une longue nouvelle d'une cinquantaine de pages. Une fiction militante, destinée à attirer l'attention sur un sérieux sujet. À la suite de ce texte, un entretien avec Jérôme Zolma en explique l'origine. L'Europe, le mode de vie des Occidentaux, produisent une quantité astronomique de déchets que nous sommes loin de retraiter en intégralité. S'il existe des traités internationaux interdisant les trafics de ces produits dangereux pour la santé, ça n'empêche nullement des cargos-poubelles de les déverser à travers le monde dans des pays pauvres. Beaucoup d'entre nous raisonnent comme le flic Franck, pensant que ça crée une activité économique dans ces pays. C'est ignorer que la toxicité de ces déchets cause la mort de nombreuses personnes, dont des enfants.

Ces pratiques sont connues, en témoignent les articles relevés par Jérôme Zolma sur la question. Un récit fictif assez percutant, et quelque peu didactique, illustre souvent les faits avec davantage de réalisme qu'un document, fut-il précis. Peu de moyens sont mis en œuvre, finalement, pour traquer ces trafics-là, moins spectaculaires aux yeux de la population que lorsqu'il s'agit de drogue. Pourtant, ces “passeurs de déchets” sont-ils plus passifs, moins violents que ceux qui trafiquent les stupéfiants ? On connaît le talent d'auteur de Zolma, il le met ici au service d'un thème qui devrait nous mobiliser.

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2 août 2014 6 02 /08 /août /2014 04:55

Vlad est SDF à Moscou. “Le nombre de sans-abris en Russie est compris entre 150.000 et 350.000, selon le Ministère de l'Intérieur, mais des experts estiment qu'ils sont de 1,5 à 4,2 millions sur une population totale de 141,2 millions d'habitants.” Il est aujourd'hui âgé de quarante-deux ans. Dans la froidure hivernale moscovite, Vlad squatte avec un ami de la rue, Alex. Il a même récemment retrouvé un bon copain d'autrefois, Ponche. Celui-ci a monté une entreprise, mais il a fait faillite. Parce que, même si personne ne s'en soucie, tous les sans-abris ont une histoire.

Le parcours personnel de Vlad débuta à Lioubertsy, une ville plutôt pauvre de la grande agglomération de Moscou, à vingt kilomètres du centre. En 1980, âgé de huit ans, Vlad vit à Lioubertsy avec son père Mikhaïl, sa mère d'origine française Anne, et son frère Nikolaï. C'est une famille où l'on s'accommode des rigueurs de l'Union Soviétique, où l'on écoute un peu de chansons étrangères, où l'on discute du présent et de l'avenir. Écolier rêveur assez solitaire, Vlad aime ses parents et son frère. Il peut compter sur la solide main de son père, sur sa rassurante présence.

À l'âge de douze, c'est à la gare de Lioubertsy que Vlad perd brutalement ce père, capital pour lui. “Vlad s'est enfermé dans d'autres mondes, des mondes de solitude : les jeux vidéos, la lecture, la réflexion intérieure l'écriture... À l'école, les choses ne se passent pas trop bien non plus : Vlad se recroqueville sur lui-même, s'adresse peu à ses camarades, ne joue pas pendant la récréation...” Il est bientôt envoyé dans un internat pour cinq ans, tandis que sa mère Anne se débrouille comme elle peut, occupant un emploi de caissière dans un magasin. Tant qu'on veut bien d'elle.

Dans la vie de Vlad, il y eut aussi le mariage de son frère Nikolaï avec Milena. Évènement heureux pourtant assorti d'un drame. Puis Vlad devint bibliothécaire, un petit poste qui convenait à cet amoureux des livres. Mais cela ne dura pas, même s'il n'y était pour rien. Alors, Vlad finit par choisir la rue, comme tellement d'autres qui se sont heurtés à tant de murs, qui ont traversé trop de drames. Il a sympathisé avec le sans-abri Alex. Son ancien ami Ponche l'a rejoint. Il est tombé amoureux de la jeune rebelle Varya. Il fréquente les cybercafés. Et risque sa vie, dans cette ville impitoyable…

Antoine Léger : Le 6 coups de minuit (Éditions Paul & Mike, 2014)

Il y a mille manières de raconter une histoire. Quelques pages suffisent pour une nouvelle, ou il en faut quelques centaines pour écrire un pavé. La longueur d'un texte n'a jamais été un critère. Avec ce roman court, Antoine Léger nous dessine le portrait d'un homme. Qu'il soit “sans-abri” et Russe, c'est un fait. Pourtant il aurait pu avoir le même destin dans un autre pays, ou une autre vie moins marquée par la mort dans le sien. En réalité, Vlad est un personnage universel. Pas de ceux que les imbéciles bourrés de certitudes traiteraient de “perdant”, de “loser”. Non, c'est la profonde sensibilité que l'on sent en lui qui octroie à Vlad cette universalité. Les gens fragiles ont aussi leur place dans la société.

Il est à noter que la narration n'est pas linéaire, loin s'en faut. Car ce sont des images du passé – les échecs ou les dures expériences – qui construisent le parcours de chacun. Et puis, intervient une deuxième voix, qui détermine l'étape actuelle de Vlad. Ce qui apporte la preuve qu'un court roman, bien écrit, peut aussi posséder une densité.

Ce livre est préfacé par Claude Mesplède, expert en littératures policières.

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1 août 2014 5 01 /08 /août /2014 04:55

Jeune journaliste, Ludovic Mermoz s'est installé dans un village à quelques encablures de Saint-Étienne, dans le massif du Pilat. Il y a crée un petit journal local, “Le vilain canard du Pilat”. Il est entouré de Lucile Kerouec, “miraculée des services psychiatriques”, et de Lola Campagnole, championne de twirling bâton. Outre ces deux collaboratrices ayant des attaches dans la région, il y a aussi Yvon Ben Ouassil. Ce marginal mi-Breton, mi-Tunisien s'implique volontiers dans les enquêtes journalistiques de Ludovic Mermoz. L'ouverture d'une aire pour gens du voyage agite une partie de la population de Latourbière-sous-Pilat. Sous l'impulsion d'un ex-commerçant d'ici, Edmond Lopard, il s'est même créé un comité d'opposants, la LDL. Jérémy di Calcio, un jeune quelque peu paumé, ne jure plus que par ce nouveau gourou, apôtre de l'intolérance.

Ludovic Mermoz est averti par un appel téléphonique anonyme qu'un cadavre gît dans un fossé, non loin de l'aire des nomades. Sur place, il n'y a plus qu'à alerter la gendarmerie. Le corps est celui d'un jeune Tzigane, Imir Kastriot. Le vieux chef des gitans installés sur l'aire, Artoran, n'est pas loquace envers les journalistes. Pas hostile, non plus. Ce qui, entre marginaux, laisse une chance à Yvon Ben Ouassil de l'apprivoiser. Artoran compare Imir Kastriot à un hérisson, “niglo” en langage gitan. Un animal parfois tué par hasard, ou alors par un de ses prédateurs naturels. Les gendarmes ne tardent pas à arrêter Zéoviev, un voisin. Plusieurs sanglants indices l'accusent. Mermoz et son équipe pensent qu'il a simplement déplacé le corps, mais qu'il est innocent. D'ailleurs, un paysan d'à côté est en mesure de fournir un très bon alibi à Zéoviev.

Pour les journalistes du “vilain canard du Pilat”, les meilleurs suspects restent Jérémy di Calcio et Edmond Lopard. En ce soir du 14 juillet, ils font la tournée des bals de la région afin de retrouver le jeune di Calcio. Quand on le secoue un peu, il avoue les avoir alerté par téléphone, mais nie être impliqué dans le crime. Pourtant, dès le lendemain, Jérémy di Calcio se dénonce, avant d'être rapidement incarcéré. S'il a voulu se protéger, il n'est pas certain qu'il échappe à la mort. Au journal, menaçant Lola Campagnole, un cambrioleur a volé leurs récents fichiers photos. Peut-être qu'on ne souhaite pas que ressurgisse le passé d'Imir. Suivant une autre piste, Mermoz et Yvon surveillent la belle Nina et la boite de nuit “Standing Ovation”. Un repaire de mafieux, à n'en pas douter. Reste à savoir qui avait le plus intérêt à supprimer le jeune gitan…

Jean-Louis Nogaro : Niglo (Coëtquen Éditions, 2014)

On retrouve ici le contexte d'un précédent roman de Jean-Louis Nogaro, “La morte des tourbières” (Éd.du Caïman, 2012). Le décor, c'est un secteur du Massif Central proche de la vallée du Rhône, autour de Saint-Genest-Malifaux, non loin de Saint-Étienne (Loire). D'ailleurs, c'est dans cette ville que débute l'affaire, trois ans plus tôt. Des paysages que l'auteur connaît bien, ce qui explique que ses personnages s'y déplacent avec aisance. On nous livre peu d'éléments sur Ludovic Mermoz et son équipe. Le plus insolite et attachant, c'est Yvon, le Djerbien baba cool. L'association d'Edmond Lopard rappelle tous ces comités anti-gens du voyage nés ces dernières années, attisés par des politicards populistes.

L'intrigue s'inscrit dans la bonne tradition du roman d'enquête, avec sa panoplie de pistes incertaines, de suspects aux alibis douteux, de témoins plus ou moins utiles. Ce qui entraîne les lecteurs au gré de péripéties mouvementées à souhaits. Dans le polar, la forme classique est toujours une valeur sûre : le récit étant d'une très belle fluidité, on suit avec un vrai plaisir les investigations de ces journalistes campagnards.

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30 juillet 2014 3 30 /07 /juillet /2014 05:20

Âgé de quarante-huit ans, Lemuel Gunn fut policier à la criminelle du New Jersey, avant de devenir espion pour la CIA, opérant en Afghanistan. Désormais, il s'est installé comme détective privé à Hatch, dans le Nouveau-Mexique. Il vit dans une grande caravane en alu, ayant servi d'appartement à Douglas Fairbanks Jr lors d'un tournage. Sa voiture est une authentique Studebaker coupé Starlight 1950. Il a adopté Kubra Ziayee, jeune Afghane de dix-sept ans et demi qui poursuit maintenant ses études aux États-Unis. Lemuel Gunn est l'amant de France-Marie, rousse comptable québécoise divorcée gérant ses comptes. Il n'apprécie pas la modernité, se sentant plus proche de l'époque de Nat King Cole, de Bo Diddley, voire de l'époque du cinéma muet avec Clara Bow. Il garde en lui une certaine rancœur après son expérience de baroudeur en Afghanistan.

Ornella Neppi est âgée de trente-trois ans. Ayant des origines corses, cette marionnettiste est aussi par intérim garante de caution judiciaire. Elle a été mal avisée dans le cas du nommé Emilio Gava, quarante-deux ans, arrêté pour un deal de drogue dans un bar. Dès la caution versée, il a disparu. Elle s'adresse à Lemuel Gunn, le détective le moins cher, en espérant qu'il retrouve le fugitif. L'enquêteur baptise la jeune femme Vendredi, masquant peu son attirance envers elle. Gunn contacte le commissaire Awlson, de Las Cruses, où se sont déroulés les faits. Emilio Gava a été dénoncé anonymement, mais l'enregistrement téléphonique démontre que c'est lui-même qui a appelé. Il y a sûrement une logique là-dessous. Les photos d'Emilio Gava, y compris celles du journal local, ont été interdites sur intervention du FBI. Jennifer Leffler, complice d'Emilio Gava, n'existe pas légalement.

Lemuel Gunn enquête aux Jardins de l'Est d'Eden, où logeait le disparu. Le concierge, puis les voisins avec lesquels il jouait au poker le dimanche soir, lui donnent quelques pistes. Gava avait une amante blonde, dont on ne sait rien. Il semblait attendre quelque chose. Il passa des appels téléphoniques clandestins vers le Nevada. Gunn interroge le dealer impliqué dans l'arrestation, avant de se rendre à Chicago chez le coûteux avocat de Gava. Le détective apprend que Gava bénéficie du programme de protection des témoins. Mais, au FBI d'Albuquerque, personne n'est prêt à collaborer.

Plus tard, Charles Coffin lui rend visite à sa caravane. Cet agent du FBI chargé du cas Gava lui explique les détails. Une vendetta entre familles mafieuses propriétaires de casinos à Clinch Corners, dans le Nevada. Gunn et Ornella se rendent bientôt dans le désert Mojave, à Nipton. Bonne occasion de devenir intimes. Dans un ex-saloon devenu salon de coiffure, on les met sur la piste d'Annabel Saxby, ex-amante de Gava. Elle a servi d'intermédiaire entre lui et un mafieux de Clinch Corners, qui conduit une Cadillac coupé Lasalle 1938. Au casino, les Baldini ne sont pas opposés à une entente avec le détective. Le danger reste présent, y compris pour l'entourage de Gunn…

Robert Littell : Une belle saloperie (Points, 2014)

C'est un délicieux roman de détective que nous propose Robert Littell, auteur confirmé surtout connu pour ses histoires d'espionnage. Le “privé” Lemuel Gunn est un personnage idéalement décalé pour incarner ce rôle. Si sa culture n'inclut pas l'informatique et autres notions actuelles, il s'agit d'un homme d'action qui ne craint pas grand monde. Outre le Nouveau-Mexique, il nous donne l'opportunité de découvrir le désert Mojave et le Nevada. Avec ces bourgades où viennent s'encanailler les habitants de Los Angeles. À la poursuite d'un type aussi brutal et rusé que fantomatique.

L'auteur intègre les codes du noir polar traditionnel, dans la lignée du Philip Marlowe de Raymond Chandler. Pour autant, il ne cherche pas à être parodique. L'intrigue classique est solide, le récit comporte cette part d'ironie typique de ces histoires, les caractères des protagonistes parfaitement dessinés. On se régale à suivre les péripéties de cette enquête fidèle aux critères du genre. Un excellent suspense, aucun doute !

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