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13 octobre 2013 7 13 /10 /octobre /2013 04:55

Novembre 1918. Âgée de trente ans, Léonie Rivière est veuve de guerre. Mort sur le front, son mari Antoine avait déjà perdu sa fortune par des investissements douteux. Léonie vit seule à Paris, dans ce quartier de Montparnasse où elle croise des artistes tels Modigliani ou Cendrars. Elle survit en écrivant quelques piges pour les journaux, sous le pseudo de Lys de Pessac. En ce 11 novembre, règne partout une excitation particulière, symbole du conflit terminé. Gagner maintenant la paix, se déshabituer de la guerre, ça viendra avec le temps. Léonie rencontre Edgar Prouville, séduisant ancien combattant. Elle a envie qu'il lui parle de cette guerre qui lui a pris son mari Antoine. De son côté, Edgar a vécu un épisode sanglant au printemps 1917, non loin du Chemin des Dames. Bien que sur ses gardes, ce rescapé est légèrement blessé par un coup de poignard, qui ne s'explique guère.

Se disant marchand d'art, Edgar est devenu l'amant de Léonie. Celle-ci préfèrent ne pas s'arrêter à ses idéaux réactionnaires et à sa conception cynique du marché de l'art. Après les obsèques de Guillaume Apollinaire, Léonie accepte de stocker dans son appartement les toiles achetées par Edgar. Elle ignore comment il se procure ces tableaux, dont l'un est signé Modigliani. Finalement, Léonie est engagée par les journaux L'Excelsior et Le Petit Parisien. Elle va faire équipe avec le photographe Norbert Rameau, qu'elle croisa furetant à Montparnasse. Leur première enquête concerne les agences matrimoniales, florissantes avec tant de veuves. Léonie interroge une spécialiste sur les méthodes de ces officines, et sur les motivations de ces candidates au mariage. En catalogue, l'agence dispose d'une photo appât du sémillant Edgar. Qui se fait appeler dans ce cas Arthur Séverin.

Edgar a disparu. Chez Léonie, des traces de sang s'avèrent inquiétantes. Parmi leurs amis artistes, on prétend ne pas connaître Edgar ou Arthur. Norbert Rameau et Léonie trouvent le gourbi où il logeait, impasse de la Gaîté. Ils sollicitent les ministères, où l'on finit par avoir trace de l'affaire sanglante du printemps 1917. Arthur Séverin en aurait réchappé, effectivement. Mais rien n'indique qui a pu vouloir aujourd'hui le faire disparaître. Le duo découvre, rue Delambre, le véritable appartement d'Arthur ou d'Edgar. Divers documents démontrent qu'il a agi tel un escroc au mariage, sans vergogne. Les tableaux stockés chez Léonie seraient-ils des faux ? Le Modigliani est bientôt authentifié par un expert. Norbert et Léonie aimeraient que le policier Meissonnier et son adjoint Bonny les aident. Occupé sur une autre grosse affaire, l'inspecteur vérifie finalement une série d'empreintes digitales...

Michel Quint : Veuve noire (Éd.L'Archipel, 2013)

Si Michel Quint est l'auteur de l'excellent “Effroyables jardins”, les lecteurs devraient aussi se souvenir qu'il fut récompensé par le Grand prix de Littérature policière pour “Billard à l'étage” (1989). Et que sur environ quarante ouvrages, longs ou plus courts, aucun n'est ni moyen, ni passable. Tous ses livres possèdent de véritables qualités, liées en majeure partie à l'écriture.

Descriptif ou plus lyrique, Michel Quint donne toujours le mot juste, la tournure adéquate. Exemple d'une scène lumineusement décrite en quelques lignes : “Ils sont à La Rotonde, Libion à son poste, colosse hiératique derrière son zinc, et il écoute Léonie rappeler ses frasques à Modigliani, éternel costume en velours, d'ouvrier, qui dessine dans son cahier bleu, d'un seul trait, main droite, et tient son ballon de rouge de l'autre.” Pour évoquer une période si oubliée, Michel Quint est un des rares écrivains qui possède cette force évocatrice capable de reconstituer parfaitement l'ambiance d'alors.

Apollinaire est encore dans tous les cœurs, l'ombre d'André Breton grandit, Jean Cocteau couche avec l'éphèbe Radiguet, Gertrude Stein s'impose peu à peu, Kiki de Montparnasse pose pour les peintres prometteurs ou confirmés, toute une faune artistique s'agite dans un Paris renaissant. Entrer dans l'Après-guerre suivant ce noir conflit, après les fautes de nos militaires (dont l'offensive Nivelle), après les mutineries et les fusillés pour l'exemple, après tant de morts et de gueules-cassées, avant les réparations financières qu'on exigera de l'Allemagne, tel est le douloureux arrière-plan de cette histoire.

Les femmes vont vers une plus grande autonomie, telle l'intrépide et délicieuse Léonie. C'est aussi un temps où escroqueries et crimes ne manquent pas. Arnaqueurs et assassins imaginent une impunité causée par cette période trouble. Grâce à son indéniable talent, Michel Quint entraîne ses lecteurs dans cet univers, pour une aventure tumultueuse et fascinante.

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11 octobre 2013 5 11 /10 /octobre /2013 04:55

Saint-Vincent-des-Vignes est un petit village du Beaujolais, comptant moins de cinq cent électeurs. Situé près du mont Brouilly, la localité est un pays de vignobles. Âgé d'à peine quarante ans, premier adjoint à la mairie de sa commune, Archibald Sirauton a été juge d'instruction à Lyon. Se métamorphosant en viticulteur, adoptant un aspect moins soigné, il a choisi de revenir dans sa propriété familiale, le manoir de l'Ardières. Il y est entouré de Bougonne (sa mûre employée, qui mérite son sobriquet) et du jeune Filoche (un ancien délinquant, qui ne manque pas d'instinct). Sans oublier son chien Tirbouchon, labrador au pelage anthracite, animal fort intelligent. Ponctuellement, Archibald reçoit ici sa compagne Xavière Sifakis, comédienne. Il est de ceux qui veulent faire vivre leur terroir.

Deux vieilles sœurs bigotes viennent de découvrir près de la chapelle du mont Brouilly le cadavre égorgé de Joseph Marzot, le maire de Saint-Vincent. Près du corps, on découvre des signes qu'elles estiment lucifériens. Sachant qu'une petite secte s'est installée dans les environs, il faut s'attendre à tout avec ces Naturiens. Pour Archi et Filoche, il s'agit plus certainement d'une mise en scène imitant un rituel satanique. Ce n'est pas qu'Archi ait du respect pour la secte Naturia, machine à décerveler comme tous ces groupuscules, mais il ne le sent pas impliqués. Selon le fils du maire, son père paraissait nerveux peu avant sa disparition. Peut-être parce que sa fille Marina a quitté le village, pour s'acoquiner avec ce voyou de Paulin Camut, qui exploite une boite de nuit techno.

Ce meurtre semble surtout lié au récent achat par Marzot du Vignoble du Diable. Selon la rumeur, un mauvais investissement que ces terrains peu productifs. Le gourou de la secte a tenté lui aussi d'acquérir cette propriété, ayant appartenu à un repris de justice. Croire que Bacchus, le défunt cambrioleur, ait enterré son butin en bijoux quelque part dans le Vignoble du Diable est plausible, mais Archi en doute car la police fouilla les lieux. On peut s'interroger sur ce camion italien venant du port de Gênes, ou sur les visites de Marina et Paulin Camut à la secte Naturia. Les réponses du gourou sont peu convaincantes.

Par ailleurs, si les viticulteurs Brandin et Fournier sont coutumiers des disputes, leurs fils respectifs ont l'air de comploter ensemble. Cédric Fournier est victime d'un accident de voiture, son bolide ayant été saboté. Puis c'est le fils Brandin qui est assassiné. Tant pis pour l'incompétent commissaire Poussin, qui se prend un peu trop pour Humphrey Bogart, il n'a qu'à se fourvoyer sur des fausses pistes. Archi et l'adjudant-chef Fernandez vont démêler seul cette affaire criminelle...

Philippe Bouin : Le vignoble du Diable (Presses de la Cité, 2013)

Philippe Bouin est un romancier chevronné, qui publie depuis plusieurs années. Il s'est imposé en particulier avec des suspenses tels que “Comptines en plomb” (2008, Prix polar Cognac), “Paraître à mort” (2010), “Va, brûle et me venge” (2011). Il s'agissait d'excitants polars sombres, aux intrigues sinueuses. Il apparaît clairement que cet auteur a choisi un nouveau registre avec “Le vignoble du Diable”. Sans pour autant abandonner la forme tortueuse du récit (on est loin d'une enquête linéaire), il y a énormément d'humour dans cette histoire campagnarde racontée avec une tonalité enjouée et fluide. Même si quelques crimes sont commis, nettement moins de noirceur, au profit d'un bon suspense et d'une ambiance drolatique.

Les comédies policières se servant de décors ruraux sont généralement savoureuses. On se souvient de celles, exemplaires, de Charles Exbrayat. C'est l'occasion d'offrir aux lecteurs des portraits souriants. Dès le début, l'ambiance est donnée grâce au duo d'hallucinées confites en religion. L'allure baba-cool du héros (devenu méconnaissable pour ceux ont côtoyé le magistrat qu'il fut), l'ironie de Bougonne (qui se revendique “cougar”), et même les pensées intimes du chien Tirbouchon (qui n'apprécie guère le mauvais goût) confirment l'esprit amusé. On est en droit de penser que des caractériels hargneux tels que Fournier et Brandin ne sont pas si éloignés de la réalité. Bien d'autres protagonistes sont également croqués, dont un commissaire à nœud papillon plagiant Philip Marlowe. Un très agréable polar, à lire en consommant (avec modération) quelques verres de Beaujolais.

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10 octobre 2013 4 10 /10 /octobre /2013 04:55

Il se passe des trucs bizarres dans la Grosse Cité, grande ville d'un futur proche. Gustave Flicman habite en famille avec ses parents et ses cinq sœurs. C'est un jeune agent de police, en poste au commissariat de quartier Adinike® (pour des questions de budget, les services publics sont sponsorisés). Depuis quelques temps, plus de cent-trente livreurs de pizzas ont été attaqués par un étrange individu. Il s'agit d'un nain barbu vêtu d'un pyjama et portant un bonnet, ce qui n'est pas le portrait du délinquant ordinaire, faut l'avouer. Il ne vole d'ailleurs que les pizzas, jamais d'argent. Ce jour-là, Gustave le repère et essaie d'interpeller le gnome. Le nain en pyjama réplique en lui balançant une enclume, figurez-vous. Gustave s'en sort bien, quand même, bientôt rejoint par son collègue Pticop.

Officiellement, l'affaire n'intéresse pas vraiment leurs chefs. Pourtant, en tête à tête, le supérieur hiérarchique éclaire la situation pour Gustave. Selon les théories d'un savant du dix-neuvième siècle, les lutins sont des créatures qui existent vraiment, puisqu'on les a imaginées. Ce qui fait que, de nos jours, vu qu'on a construit des villes à la campagne, ces gnomes sont devenus des Lutins Urbains. Explication tordue, p'têtre bien, mais il vaut mieux que la population ne soit pas informée au sujet de ces créatures. Gustave constate que, même dans sa famille, personne ne croit aux lutins, à part sa plus jeune sœur. Ah, on vient d'arrêter un suspect qui ressemble vaguement au nain en pyjama. Ce SDF de 71 ans est un marginal qui tient à son enclume, mais pas le coupable, pense Gustave.

Le jeune policier déniche une piste. Un énigmatique Professeur B. connaîtrait le fin mot de cette affaire. Son adresse est à peine secrète, puisque c'est à l'Université d'Onirie qu'on le trouve, en banlieue de la Grosse Cité. Bien que son collègue Ptitcop l'ait prévenu que c'est dangereux, l'intrépide Gustave va débarquer là-bas pour l'arrêter. Il est accueilli par l'ado Loligoth, une jeune fille plutôt pas banale. Gustave se retrouve dans une sorte de vieil hôtel à l'abandon, avant de pénétrer dans une drôle de salle où le décor le rend fiévreux. Diplômé en lutinologie, le Professeur B. n'apparaît pas dangereux et lui parle volontiers du Pizz'Raptor. Par contre, face à un groupe de gnomes, Gustave ne fait pas le poids. Et s'il insiste, il risque de passer pour un fou, comme ceux qui enquêtèrent avant lui. Téméraire, Gustave tente malgré tout de démêler ce furieux micmac...

Renaud Marhic : Lutins Urbains – L'attaque du Pizz'Raptor (Éd.P'tit Louis, 2013)

Journaliste, romancier et créateur de la collection Polars&Grimoires, Renaud Marhic est pluridisciplinaire. Il nous propose cette fois un roman-jeunesse, s'inspirant de personnages qu'il créa voilà environ dix ans. Ces Lutins Urbains s'adressent d'abord aux enfants, dont l'imaginaire reste encore peu vicié par le manque de fantaisie qu'on leur impose ensuite. Quelques adultes savent conserver une part juvénile, donc ceux-là liront avec grand plaisir ce conte actuel. Qu'on prévienne les plus âgés, ils risquent d'entendre parler d'une souris verte à pois bleus qui roule en quad. Grands ou moins grands, on ne risque pas de s'ennuyer une seconde, en suivant les aventures hyper-agitées et aussi mystérieuses qu'étranges de l'agent de police Gustave Flicman.

S'il se sert du folklore lié aux lutins, trolls, et autres énergumènes nés des légendes, l'auteur esquisse tout de même des aspects de notre société. Le monde d'aujourd'hui n'a pas encore de commissariat de quartier Adinike® ou de Palais de Justice Happy Burger®. Expliquons assez tôt à nos mômes pourquoi ce serait anormal. Quant à la paix sociale qui justifie l'incarcération arbitraire d'un innocent, bien sûr que ça ne s'est jamais produit. S'adressant en priorité à des jeunes, Renaud Marhic raconte cette histoire avec beaucoup d'humour et de péripéties. Un suspense très agréable, pour tous publics.

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9 octobre 2013 3 09 /10 /octobre /2013 04:55

Au début des années 2000, grâce à l'éditeur Marc Alpozzo, Franck Thilliez publia son tout premier roman en numérique, “Conscience animale”. C'est en 2005, qu'il rencontre le succès avec “La chambre des morts”. Ce roman est récompensé par le Prix des lecteurs Quais du Polar et par le Prix SNCF du polar français. En 2006, “La forêt des ombres” vient confirmer que Franck Thilliez a gagné un large public. De “La mémoire fantôme” (2007) à “Puzzle” (2013), en passant par “Le syndrome E” (2010) ou “AtomKa” (2012), chaque titre de cet auteur fait partie des best-sellers. Toutefois, ceux qui lancèrent réellement Franck Thilliez (ainsi que Karine Giebel, d'ailleurs), ce furent Jack Pop (1949-2007) et sa compagne (qui signait Woômanh). C'est dans leur collection Rail Noir, aux éditions La Vie du Rail, que Thilliez commence vraiment à imposer son inspiration. Les deux romans qu'il publie alors ont pour héros le tourmenté commissaire Sharko.

Franck Thilliez : Train d'enfer pour Ange rouge + Deuils de miel (Pocket, 2013)

Dans “Train d'enfer pour Ange rouge” (Rail Noir, 2004), l'épouse du policier (Suzanne) a disparu depuis environ six mois, sans qu'apparaisse aucun indice. Sharko est chargé d'enquêter sur une série de meurtres. Des jeunes femmes sont victimes d'un tueur cruel les entraînant dans des jeux sadiques, qu'il filme jusqu'à leur mort. On retrouve leurs corps torturés et mutilés, non sans que l'assassin laisse des signes destinés à la police. Il contacte bientôt Sharko, pour lui apprendre que c'est lui détient son épouse. D'après ses dires, elle va prochainement accoucher, alors que Sharko ignorait qu'elle était enceinte. Ces révélations décuplent les motivations du policier. Une piste l'amène dans les milieux du sadomasochisme, un univers très secret, potentiellement menaçant. L'enquêteur s'intéresse aussi à un jeune réalisateur de snuff movies. Une direction erronée, qui va inciter le tueur en série à réagir contre ce réalisateur et ses proches. Même en parvenant à identifier le criminel et à sauver sa femme, l'avenir s'annonce sombre pour Sharko...

Le policier va connaître une seconde aventure dans “Deuils de miel” (Rail Noir, 2006). Il a vécu un drame un an plus tôt, à cause d'un chauffard nommé Patrick Chartreux. C'est dans l'église d'Issy-les-Moulineaux que débute sa nouvelle enquête. Le cadavre d'une femme quinquagénaire y a été retrouvé nu. Chevilles entravées, mais pas de traces de sévices ou de blessures. Son crâne rasé était couvert de papillons, sept gros insectes vivants. L'auteur de cette mise en scène pourrait être un fan d'histoires horrifiques, mais il n'a pas manqué de sang-froid. Il a laissé un laissé un message mystérieux, au sens mystique ou apocalyptique, que Sharko doit tenter de décrypter. Docteur en théologie, Paul Legendre amorce une interprétation du message. Sept fléaux destructeurs, un chiffre qui prend du sens. Même s'il découvre de nouveaux indices, Sharko va s'enfoncer peu à peu dans une sombre atmosphère, non dénuée de folie...

Puissants, noirs et troublants, ces deux romans sont désormais disponibles chez Pocket, réunis en un seul livre. Excellente occasion de découvrir ces premiers thrillers, car il est fort possible que les admirateurs de Franck Thilliez n'aient pas lu ces titres-là. Idem pour les lecteurs connaissant encore mal les œuvres de ce romancier. Par ailleurs, “Puzzle”, le nouveau suspense de Franck Thilliez, vient de paraître aux éditions Fleuve Noir. Nul doute qu'il soit tout aussi intense que les précédents.

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8 octobre 2013 2 08 /10 /octobre /2013 04:55

Loupo est un braqueur actuel. Solitaire dans l'âme, même s'il opère avec son ami Kangou, sur les tuyaux de leur copain Le Chat. Loupo fréquente peu le milieu des truands, dont il sait se faire respecter, au besoin. Avec Kangou, qui pilote les motos volées à chaque coup, ils pillent les banques de Paris et de sa région. S'il est surnommé Le Flingueur, c'est parce que Loupo tire à chaque braquage pour impressionner employés et clients. Il a amassé un joli tas de fric, auquel il ne touche pas. Marié à la belle Maria, père de famille, Kangou se shoote un peu et perd pas mal de fric au jeu. Néanmoins, Loupo peut avoir une confiance totale en lui. Le Chat leur a promis un vrai gros braquage pour très bientôt, mais il faut patienter avec des coups moins fructueux.

Loupo n'est pas de ceux qui bénéficieraient de circonstances atténuantes devant la Justice. Certes, abandonné par sa mère, il connut l'orphelinat, l'Assistance Publique d’Évry, ce qui attisa certainement sa révolte intérieure. Tôt, avec quelques-uns de ses potes, Loupo s'engagea dans la délinquance, apprentissage qui n'est jamais sans conséquences. C'est ainsi qu'ils perdirent leur ami Smalto. Ce qui n'arrêta pas Loupo dans sa marche en avant, vers des braquages toujours plus juteux, autant que risqués. Le dernier en date va mal tourner. Comme toujours, Loupo tire pour affoler les gens présents dans la banque. Par accident, il touche un môme, dont il ne sait s'il est mort ou blessé. En plus, il n'y a quasiment pas de fric dans cette agence, car on les a prévenus.

Très vite, Loupo culpabilise au maximum, envisage le suicide, mais songe plutôt à se rendre après avoir laissé son pactole à Kangou. Quant à savoir qui les a balancés, volontairement ou pas, c'est le petit ami du Chat, l'Ange blond. Avant de se livrer aux flics, c'est une affaire que Loupo doit régler. Le gang qu'il a en face de lui est dangereux, mais il a des arguments-choc et pas grand chose à perdre. S'il était capable de s'attacher à la jeune Nora, sincèrement amoureuse de lui, peut-être agirait-il autrement. Même quand il a l'occasion de rencontrer la mère du môme qu'il a atteint, la culpabilité ronge Loupo. Il se sent tel un monstre. Les flics ont pisté Nora, mais Loupo parvient à s'échapper par les toits, non sans difficultés. Après avoir trouvé refuge chez Kangou et sa famille, le gros coup attendu se prépare...

Jacques-Olivier Bosco : Loupo (Éditions Jigal, 2013)

Quand une histoire est racontée par le héros, à la première personne, ça donne du rythme et ça permet des images explicites puisque personnelles : “C'est pour ça que je m'y sens chez moi, la nuit. Seulement la nuit. J'ai les sens qui guettent, qui attendent. Je me rappelle tous les coups qu'on faisait, les petits cambriolages de pavillons, les casses d'entrepôts. Parfois la nuit était glacée, mordante et agressive...”

Ce mode narratif incite le lecteur à chercher l'angle positif, même si celui qui nous parle n'est pas un saint. C'est là que Loupo ne correspond pas à cette approche. C'est un type froid, déjà “en sursis” bien avant cet épisode de sa vie. Il ne souhaite ni admiration, ni pitié. Ses moments d'apitoiement sur lui-même (“Je suis un monstre. Je le savais. Je le savais.”) ne sont pas destinés à nous émouvoir. Il n'éprouve pas de plaisir à s'enrichir par les braquages. Il a juste besoin de cette adrénaline qui afflue pendant quelques minutes, de l'excitation du casse, aussi brève soit-elle. Voilà la seule drogue de ce loup solitaire.

L'auteur fait référence à Léo Malet et André Héléna, pionniers du roman noir à la française. Il est vrai que la délinquance glissant vers la criminalité est intemporelle. La violence devient vite l'unique réponse des gens traqués. En réalité, Loupo fait parfois penser aux personnages désabusés de David Goodis, conscients qu'ils seront rattrapés par la fatalité. Ils ont connu trop de déboires pour solliciter la sympathie. Cette notion n'existe pas dans le monde des animaux, or Loupo se veut animal. Il va déranger le lecteur, ne l'ignore pas. C'est pour cette raison-là que, malgré de petites faiblesses, ce polar trouve une certaine force.

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3 octobre 2013 4 03 /10 /octobre /2013 05:48

Au nord-est des États-Unis, ne comptant qu'un million d'habitants, Rhodes Island est le plus petit État du pays. La seule métropole est Providence, sa capitale. Natif de cette ville, Liam Mulligan sera bientôt quadragénaire. Séparé de sa femme, la jalouse et agressive Dorcas, il est journaliste pour le principal quotidien local. Ce métier est une vraie vocation pour Mulligan, qui n'aime guère qu'on l'appelle par son prénom. Même si la presse est en crise, rien d'autre ne l'excite que l'investigation à l'ancienne, le reportage en profondeur. Dans un État où la corruption est omniprésente, où emplois fictifs et magouilles diverses sont monnaie courante, il y a tant de sujets à dénoncer. Parfois, il doit obéir au rédacteur en chef, et traiter des articles genre “la chienne qui a traversé le pays pour rejoindre ses maîtres”. Ou accepter d'être secondé par le fils du propriétaire du journal, jeune freluquet frais émoulu d'une école spécialisée. Sans lâcher ce qui l'intéresse vraiment.

En trois mois, neuf incendies ont causé cinq morts dans le quartier de Mount Hope. C'est là que Mulligan et Rosie, la chef des pompiers, vécurent leur enfance. Aujourd'hui, il n'y reste plus que des immeubles assez délabrés et de modestes maisons. Rosie s'investit au maximum pour sauver ce qui peut l'être, tandis que Mulligan veut comprendre ce qui se passe. Selon les enquêteurs d'incendie Polecki et Roselli, ces sinistres sont dûs à la simple malchance. Pour le journaliste, ils ne sont pas accidentels. S'il n'y a pas d'escroquerie apparente, il peut s'agir d'un pyromane. Sur les photos du public regardant les incendies, Mulligan repère vite un asiatique, qu'il ne tarde pas à baptiser “M.Extase”. Le bookmaker Zerilli, ami du reporter, organise des groupes de vigiles volontaires pour surveiller le coin. Avec des battes de base-ball, d'où leur surnom, les DiMaggio. On n'est pas à l'abri d'une bavure. Mulligan obtient aussi certaines infos de son copain assureur, McCracken.

Si Gloria, photographe du journal, n'est pas insensible au charme de Mulligan, celui-ci débute une relation amoureuse avec la belle Veronica Tang. Jeune journaliste, elle dispose de sources sûres, y compris sur des cas ultra-confidentiels. Par contre, alors qu'on célèbre les obsèques d'un ancien caïd de la Mafia,Mulligan pense en connaître plus qu'elle sur les possibles successeurs mafieux. À vrai dire, ceux-ci sont d'honorables hommes d'affaires ayant rompu avec le banditisme. Il est établi que le pyromane utilise une cafetière garnie d'essence, doté d'un minuteur. Alors qu'un pompier retraité de ses amis est suspecté, Mulligan offre à Polecki la photo de “M.Extase”. On va bientôt l'alpaguer. Toutefois, il a de bons alibis. Quand se produit une série d'incendies simultanés à Mount Hope, la population se mobilise. Approcher de trop près la vérité va causer de nouvelles victimes. Et Mulligan doit se réfugier chez sa tante Ruthie. Néanmoins, il finira par désigner les coupables...

Bruce DeSilva : Pyromanie (Actes Noirs, 2013)

Voilà un polar qui s'inscrit dans la lignée du roman noir traditionnel. “À l'ancienne”, par certains aspects. C'est très probablement parce que Mulligan est un journaliste dont les méthodes évoquent le temps passé de la grande presse d'investigation. C'était écrit dans le journal, donc c'était de l'info confirmée. Les reporters ne se fiaient qu'à leur expérience de terrain et à leurs contacts. À notre époque, on communique alors que la vocation de ces journalistes consistait à informer, sans trop se laisser piéger par les officiels. Lobbies et micro-trottoirs ont supplanté leur honnêteté. Sans être âgé, Mulligan est un vétéran de la génération des purs et durs, avec ulcère à la clé. Un héros qui n'est pas sans rappeler les meilleurs détectives de la littérature policière. Y compris par sa rudesse, et parce qu'il est entouré de jolies femmes.

Dessiné avec soin, son univers nous devient rapidement familier. Les portraits de tous les personnages apparaissent très crédibles, et souvent subtils. La devise de l’État de Rhodes Island, c'est “Hope”, l'espoir. Ça prend un sens, ici. Mais son moteur, c'est la corruption. “Ceux d'entre nous qui vivent ici savent qu'il en existe deux sortes, la bonne et la mauvaise, comme pour le cholestérol. La mauvaise enrichit les politiciens et leurs amis cupides au dépens du contribuable. La bonne améliore l'ordinaire des fonctionnaires sous-payés (…) La bonne corruption est sans matière grasse. Elle est biodégradable. Elle évite la paperasserie.” Bon dosage entre humour et noirceur, dans cette intrigue à suspense de premier ordre. Un roman très excitant, à ne pas manquer !

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1 octobre 2013 2 01 /10 /octobre /2013 04:55

Léopold Harossian est un artiste peintre d'origine slave. S'il expose plutôt à Berlin et dans d'autres villes, il habite et travaille à Paris. Léo élève seul sa fille Anouk, sept ans. C'est peu après la naissance de leur fille que son épouse Sofia a disparu. Écrivain, elle a choisi de s'éclipser de leur vie, n'emportant que son ordinateur portable. Départ volontaire, qui explique que l'enquête fut bâclée. Depuis, Léo ne désespère pas de retrouver Sofia. Son ami sexagénaire Stephen, ancien policier, l'aide à explorer certaines hypothèses. Parmi ses relations, des artistes comme Udo Gantz ne l'ont guère aidés dans sa quête. Léo réalise qu'il n'a pas tort de s'en méfier, car Sofia et Udo furent plus intimes qu'il l'imaginait. Sans doute Léo ne s'est-il que trop peu intéressé aux fantasmes de son épouse, à l'époque.

Sofia appartenait à un cercle d'amis adeptes du shibari. Technique ancestrale de ligotage, d'abord réservée aux tortionnaires, c'est devenu une pratique érotique dans l'art de nouer des liens autour d'un corps de femme. Un jeu se pratiquant avec le consentement de la victime, n'ayant rien à voir avec la perversion du bondage. Dans la ligne du grand maître Oniro, on vise l'esthétisme à la japonaise. Du moins en théorie, car l'ex-flic Stephen se souvient d'une affaire ayant entraîné une plainte. Des séances étaient organisée au sein d'un club très privé par un couple, Gabriel et Adèle. Depuis, ils se sont faits discrets dans ce domaine. Léo connaît la galeriste Adèle, chez laquelle il a acquis un tableau. Une toile qu'elle tient à récupérer, car elle servit de modèle encordée pour l'œuvre.

À Montreux, dans le canton de Vaud, un môme et son copain s'interrogent sur cette dame logeant au principal hôtel local, qui a demandé de l'aide via un message. Ils téléphonent finalement au numéro indiqué. Stephen identifie la provenance de l'appel. Léo et Anouk partent pour la Suisse. Ils ne tardent pas à repérer les deux gamins, mais le premier contact est raté. Rusant davantage, Léo réussit non sans mal à obtenir quelques infos sur la dame au message. C'est assurément Sofia. Entre-temps, en particulier grâce à son agent Calliste, Léo a fréquenté divers milieux pouvant l'aider à approcher le cercle secret des passionnés de shibari. Selon Udo, l'artiste cérébrale qu'est Sofia cherchait à vivre une expérience apaisante. Concepts et pratiques qui échappent toujours à Léo.

Adèle la galeriste, Éléonore l'éditrice, Agnès la ghost writer disparue, et d'autres voies ne l'ont mené nulle part, à ce jour. Cette fois, quels que soient les risques, Léo confie à son ami policier retraité : “Voilà presque sept ans que je cherche, Stephen. J'ai eu tout le temps de me prendre des portes et de perdre des points. J'ai pas fait flic, en option à la fac, alors je crois en ma main. Et là, crois-moi, j'ai le bon jeu”...

Raphaëlle Thonont : L'art des liens (Écorce Éditions, 2013)

Il s'agit d'un premier roman ambitieux, comme on doit s'y attendre d'un livre publié chez Écorce Éditions. L'un des buts consiste à nous faire pénétrer dans l'univers très fermé des artistes possédant quelque notoriété. Se côtoyer ponctuellement, voire même s'apprécier, n'implique pas une totale franchise. L'ambiance mondaine entre artistes, collectionneurs, galeristes, apparaît ici plutôt crédible. Probablement parce que les tensions ressenties par Léo, le héros, ne lui permettent guère d'avancer frontalement dans ces milieux feutrés. Le maître-mot, c'est l'esthétisme. Il peut masquer des vérités moins reluisantes.

Le shibari, art des liens, veut se démarquer du banal fétichisme, du vulgaire bondage. On y inclut une spiritualité orientale, qui sublimerait le “geste” de l'encordage strict du corps nu. Toutefois, on reste dans la soumission acceptée, où la confiance est primordiale. État d'esprit assez difficile à comprendre si, comme l'essentiel d'entre nous, on ne partage pas ces goûts. Jusqu'où le jeu peut-il aller trop loin, et pour quelles conséquences ? Telles sont les questions subliminales que l'on peut se poser.

Ce roman ne fait en aucun cas l'éloge de ces pratiques, de dérapages plus malsains que raffinés. Sur la construction de l'histoire, on notera des changements de rythme narratif. Ils peuvent dérouter, mais distinguent l'étape finale de l'intrigue. Un suspense riche en singularités, c'est forcément un livre à découvrir.

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29 septembre 2013 7 29 /09 /septembre /2013 04:55

À Boston, Tessa Leoni est agente de police, patrouillant la nuit. Âgée de vingt-six ans, elle a une fille de six ans, Sophie. Mari de Tessa, Brian Darby travaille pour une compagnie maritime. Deux mois sur un navire, deux autres à terre. Malgré les rythmes de Brian et de Tessa, leur vie s'est bien organisée. D'autant que Mme Ennis, vieille dame proche de la jeune mère, est présente quand il s'agit de garder Sophie. Cette enfant est une gamine intrépide, qui adore sa mère et a bien adopté Brian. La famille vit dans sa maison à lui, au cœur d'un quartier central de la ville, depuis trois ans. Leur garage est dédié au sport, à un outillage complet non utilisé et aux rangements maniaques de Brian. Depuis près d'un an, il s'est beaucoup musclé, s'adonnant à un entraînement intensif en salle. Par ailleurs, on l'estime aimable, s'occupant avec sensibilité de Tessa et de Sophie.

D.D.Warren est commandant de la brigade criminelle de Boston. Ayant pour compagnon Alex, elle pense être aujourd'hui enceinte de lui. En ce dimanche neigeux de mi-mars, elle est appelée par son collègue Bobby Dodge pour un meurtre. Tessa Leoni vient d'abattre son mari, en rentrant chez eux au petit matin. Sa fille Sophie a disparu. Peu d'indices à récolter sur la scène de crime piétinée, si ce n'est une trace humide dans le garage. Tessa porte des traces de coups sur le corps et au visage. Elle aurait tiré en légitime défense. Un témoignage préparé de sa part, dans lequel D.D.Warren discerne des incohérences. Tessa n'est d'ailleurs pas une faible femme, elle a suivi des cours de combat. Hospitalisée, il s'avère que Tessa a vraiment reçu des coups ce matin-là. L'alerte-enlèvement est lancée pour essayer de retrouver la petite Sophie, mais n'obtient pas de résultats.

Le passé de Tessa ressurgit. À seize ans, elle a abattu en légitime défense le frère de sa meilleure amie, Julianna Howe. Sombrant un temps dans l'alcoolisme, elle eut son enfant seule. Elle se ressaisit, faisant des sacrifices pour entrer dans la police d’État. Hamilton, le lieutenant-colonel dirigeant la caserne où elle est en poste, était informé de tout cela. À l'exception de Shane Lyons, délégué syndical de leur brigade, Tessa fréquentait peu les autres agents. Il est possible qu'elle ait été impliquée dans une escroquerie touchant les finances de leur caserne. D.D.Warren finit par comprendre que la chronologie des faits est inexacte, concernant la mort de Brian Darby. Elle met bientôt Tessa en état d'arrestation. Incarcérée, la jeune femme sait que le sort de sa fille est entre ses mains, et projette déjà de s'évader. D.D.Warren ignore encore beaucoup de détails sur son mari...

Lisa Gardner : Preuves d'amour (Albin Michel Spécial Suspense 2013)

C'est grâce à la première aventure de D.D.Warren que Lisa Gardner fut récompensée en 2011 par le Grand prix des lectrices de ELLE pour “La maison d'à côté”. On a pu retrouver cette policière dans “Les morsures du passé”, et maintenant dans ce “Preuves d'amour”. À l'opposé d'une “experte en tout”, D.D.Warren peut ressentir les choses, mais ne prétend jamais avoir la science infuse. Par exemple ici, si elle note un détail sur les lieux du crime, c'est l'autopsie du corps de Brian qui lui offre le bon raisonnement. À la fois, une pro qui ne s'en laisse pas conter, risquant néanmoins de déjouer avec retard les ruses de suspects habiles. Petites failles qui la rendent humaine, tout en restant solide et logique, voilà certainement le contraste faisant que l'on sympathise avec cette héroïne.

Cette histoire est un face-à-face, à la double narration. Les faits autour de D.D.Warren, d'une part. Le récit de Tessa Leoni, d'autre part. Le portrait de cette dernière se dessine de plus en plus nettement. Ce n'est pas une femme au parcours ordinaire. Début de vie chaotique, mais elle est intelligente, se préparant au mieux pour franchir les obstacles. On verra que sa sortie de prison est préméditée, et qu'elle connaît les cibles à détruire pour espérer récupérer Sophie. Au sujet de la disparition de l'enfant, l'auteure ne cultive pas les effets pathétiques mélos. La gamine n'est pas moins volontaire que sa mère. Lisa Gardner a concocté une intrigue dominée par les femmes, et c'est ce qui en fait la force. Un roman d'enquête au suspense palpitant.

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