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19 décembre 2013 4 19 /12 /décembre /2013 10:01

L'éditeur François Guérif symbolise le roman noir américain ou international, aux yeux des lecteurs qui le connaissent comme créateur de la collection Rivages/Noir, après avoir lancé de précédentes collections similaires. Ce serait négliger certaines des bases de sa culture polar. Dans “Du polar”, livre d'entretiens avec Philippe Blanchet, publié en 2013 dans la collection Manuels Payot, il s'exprime aussi sur les romanciers français. Bien sûr, Léo Malet, Jean-Patrick Manchette, et Pierre Siniac tiennent une place dans son propos et dans son cœur. Il y eût aussi une autre rencontre, capitale pour lui : Michel Lebrun.

« C'est quelqu'un d'important pour moi. Je l'ai connu en 1972/73, en travaillant sur ce projet de livre sur le cinéma policier français, avec Stéphane Lévy-Klein. À l'époque, je le voyais comme un auteur mineur des Presses de la Cité. Et ce fut une rencontre formidable. Après l'interview, je me suis précipité chez les bouquinistes, sur les quais, pour acheter ses livres. Et lui avait été touché par ces deux jeunes gens qui s'intéressaient à son travail. Il a tout de suite proposé de nous aider. Michel avait un côté encyclopédiste. Il connaissait énormément de choses, et c'était quelqu'un de délicieux. On est devenus très amis […] Il a dû écrire une centaine de romans policiers, sous pseudonymes et sous son nom... Bon certains de ses livres étaient très mauvais, notamment les plus vieux. Mais il y a plein de bouquins sympas...» (Désolé de vous contredire, M.Guérif, mais il n'y a quasiment aucun mauvais titre parmi les romans de Michel Lebrun publiés dans les années 1950/60.)

François Guérif : Du polar (Éditions Payot, 2013)

En disant grand bien de deux romanciers incontournables, François Guérif surprendra certainement ses admirateurs. Du moins ceux qui, ayant des œillères, ne défendent que le roman noir pur et dur, et détestent autant Georges Simenon que Frédéric Dard.

« Simenon écrit des choses qui peuvent être assimilées au roman noir. D'une certaine façon, Maigret est un détective on ne peut plus classique. Mais en même temps, c'est du pur roman noir, dans le sens où ça n'est pas tellement l'identité du coupable qui compte, mais la manière dont Maigret écoute, regarde, s'imprègne de la personnalité même de l'assassin... Très souvent, il ne juge pas, d'ailleurs. En plus, à côté des Maigret, Simenon écrit toute une série de romans très noirs […] Non, pas “à la manière de”... Au contraire, il est pour moi l'exemple même de quelqu'un pour qui le roman policier, c'est un roman social par excellence. Et quand il est aux États-Unis, il n'écrit plus du tout sur ce qu'il a vu en France, mais sur ce qu'il voit sur place. C'est ce reflet qui l'intéresse. »

Quant à Frédéric Dard, Guérif n'est pas moins élogieux à son sujet :

« Je dois dire que c'est un auteur que j'ai découvert sur le tard. Je dois dire qu'à l'époque, je n'aimais pas beaucoup San Antonio ? Je trouvais ça très inégal [...] Mais il y avait l'autre Frédéric Dard que j'aimais bien. Celui des romans noirs et romantiques. Ils n'étaient pas toujours très bien construits, mais il y avait une vraie atmosphère de poisse qui planait comme ça, au-dessus des gens. [Première rencontre] Je me souviens très bien que j'étais un petit peu intimidé. Frédéric Dard, c'est un monument tout de même. Et je dois dire que ça a fonctionné tout de suite. S'il y a quelqu'un qui n'était pas difficile d'accès, ni prétentieux, ni imbu de lui-même, c'était bien lui ! [Il a] une place un peu à part. D'abord, un auteur incontestablement bien ancré dans la littérature populaire, qui commence sa carrière avec des romans noirs.

« […] Il y a un côté André Héléna, un côté poisse qui est très intéressant chez Frédéric Dard. Quelle que soit l'histoire, on sent dès le début cette espèce de prédestination qui, de toute açon, ne peut que mal se terminer […] Dard est un romancier noir, tout comme Léo Malet. Ils se connaissaient et ils s'aimaient bien. Je sais que Léo Malet disait du bien de Frédéric Dard. Et puis franchement, c'est vrai que les quelques fois où j'ai rencontré Frédéric Dard, c'était un homme délicieux […] Que ce soit Pierre Siniac, que ce soit Léo Malet, Frédéric Dard ou Albert Simonin, c'étaient des gens que tu aimais fréquenter. »

Si, par ailleurs dans ce livre, François Guérif évoque quantité d'auteurs américains, ces passages sur les écrivains français mérite autant d'être retenus.

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18 décembre 2013 3 18 /12 /décembre /2013 05:55

Dany et Agnès Quincey forment un couple parisien de quinquagénaires aisés, habitant l'Île Saint-Louis. À cinquante-quatre ans, Dany a perdu son emploi dans l'informatique. Agnès est directrice générale des parfums Destut, réputés à travers le monde. Actuellement, le lancement de leur nouveau produit, Diadème, la met quelque peu sous tension. Les deux meilleurs amis sont un couple de psys, désormais séparés, Anne et Franck Amar. Celui-ci a refait sa vie avec une jeune Russe. Dany et Agnès Quincey restent proches d'eux, même si le hasard doit s'en mêler pour que leurs amis praticiens se revoient, chez eux. En effet, Agnès vient d'être témoin de plusieurs incidents dans le métro. Deux personnes ont chuté mortellement sur la voie. Il peut aussi bien s'agir d'accidents que de suicides. Agnès croit avoir remarqué une femme en trench-coat près de la scène macabre.

Néanmoins, la vie continue. Après la soirée mondaine de promotion du parfum Diadème, et un dîner privé avec le créateur du parfum et le patron de la société, Agnès est mêlée à un autre accident dans le métro. Peut-être est-ce plus marquant encore, car la jeune Coraline n'avait que dix-sept ans. Cette fois, c'est le nommé Michael Fairbanks qu'Agnès pense avoir vu rôder autour de la scène. Cinq ans plus tôt, elle a eu une liaison sexuelle avec cet homme, ce qu'elle avoua plus tard à son mari Dany. Selon Agnés, Fairbanks se montrait assez violent dans leurs étreintes, ce qui l'envoûtait à l'époque. Qu'il soir revenu se venger d'elle après leur rupture, rien d'impossible. Elle livre une version édulcorée des faits, n'évoquant que le dernier cas, au policier Mezghani, chargé de l'enquête.

Ce dernier va bientôt déterminer que Michael Fairbanks n'existe pas. Pourtant, Agnès persiste à y croire. Anne confie à Dany que son amie Agnès fut suivie psychologiquement quand elle était adolescente. Des troubles causés par un viol, semble-t-il. Après avoir assisté aux obsèques de la jeune Coraline, le couple Quincey prend quelques jours de vacances du côté de Chinon, région natale de Dany. Celui-ci cherche à en savoir plus sur sa femme, tout en évitant le clash entre eux. Un accident lors d'une visite au château d'Ussé pourrait avoir des conséquences. Le policier Mezghani risque de finir par s'interroger sur Agnès. La psy Anne finit par conseiller de s'adresser au docteur Patrick Romestaing. Ses théories sur le syndrome de Croyde ne font pas l'unanimité, mais un séjour d'Agnès chez lui peut éclaircir les tréfonds de ces affaires...

Marc Welinski : Le syndrome de Croyde (Éd.Daphnis et Chloé, 2013)

Bien que les scénarios soient évidemment fort différents, Agnès n'est pas sans rappeler les héroïnes de “Pas de printemps pour Marnie”(1964) ou de “Sueurs froides─Vertigo” (1958), célèbres films d'Alfred Hitchcock. Est-ce que les troubles psychologiques qui les ont habitées peuvent interférer sur ce qui les perturbe aujourd'hui ? Bien sûr, ce serait résumer beaucoup trop vite la présente intrigue. Si elle s'étale sur cinq cent pages, c'est afin de cerner tous les détails du contexte.

À commencer par le couple Quincey, qui se considèrent comme des “partenaires” excluant la notion purement familiale. Agnès est une femme d'affaires typique, ce qui implique toujours une part de froideur dans ses rapports avec les autres. Ça suppose certains refoulements chez ces personnes, dominantes en apparence. Équilibre probablement plus fragile, car une femme doit davantage lutter pour atteindre socialement les sommets. Et doit s'interdire des pulsions, des choix qui seraient naturels chez d'autres femmes. On les imagine, croyant pouvoir gommer de déplaisantes étapes de leur existence passée et tout assumer dans leur vie de “dirigeante”, ce qui reste illusoire.

À l'opposé, quinquagénaire estimant pouvoir profiter de son temps, son mari Dany affiche une dose de dilettantisme. Face à la situation, inquiet et dépassé, c'est lui qui nous raconte la première partie des faits. Puis c'est au tour de l'héroïne Agnès de raconter la suite. Une introspection visant un retour à la normale, sans doute, mais les méandres de l'âme féminine sont parfois plus compliqués. Voilà une histoire où prime la psychologie, sans négliger un suspense bien réel malgré ses aspects cotonneux.

Lire également l'opinion de Pierre Faverolle et de Mimipinson.

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16 décembre 2013 1 16 /12 /décembre /2013 05:55

Julian Strummer et Pierre Moince sont deux reporters qui vont être récompensés par le Prix Pulitzer 2017, pour une enquête d'exception. Quelques temps plus tôt, l'Anglais Julian traverse une crise sentimentale, rompant avec son amante Ashlee, qui est mariée. Pour un reportage, il séjourne durant un mois en Amérique latine. Dans un coin perdu de l'Équateur, il remarque un certain Juan, guide touristique qu'il devine être un compatriote. Son vrai nom est John Woodcock, natif de Liverpool, ancien militaire britannique. Malade, il accepte de raconter son histoire, en échange de soins. Après des combats en commando plus ou moins glorieux, John intégra une unité occulte de l'armée anglaise.

Le 27 juillet 2012, il participa à une action secrète au Niger. La mission de son groupe consistait à éliminer une poignée de villageois du déserts, probablement soutiens d'Al Qaida. John eut un peu de chance quand, leur cible ayant été exterminée, son groupe fut abattu par des militaires français qui ne laissèrent aucune trace. John parvint à quitter l'Afrique, passa par son pays natal où il comprit être recherché, avant d'aller se cacher en Équateur. Certes, il y eut une version officielle de la mort collective des Peuls Nigériens. Mais l'ouverture des J.O. de Londres primait dans l'actualité de ces jours-là. Dès son retour d'Amérique, Julian entreprend de savoir ce qui a motivé cette mission meurtrière.

Il renoue avec son amante Ashlee, avant de contacter son ami journaliste Pierre Moince. Ce dernier a des relations en Afrique. Pour le colonel français en poste au Gabon qu'il connaît, silence officiel de rigueur. En confidence, il affirme néanmoins que son pays n'a commis aucune bavure. “Il y a une chape de plomb sur cette affaire qui semble convenir à tout le monde, reprit Seyresse. Je sais simplement que l'armée est plus victime que coupable, qu'elle a été manipulée.” Les deux reporters trouvent une piste au Liechtenstein, paradis fiscal. Mais Julian réalise vite que le siège de cette banque fantôme se trouve au cœur de Londres. Le duo va devoir faire preuve de ténacité pour déterminer les enjeux et les rouages de cette affaire, empoisonnante pour certains...

Bruno Jacquin : Le jardin des puissants (Éditions Les 2 Encres, 2013)

Des romanciers français sont, autant que les auteurs américains, capables d'écrire de très bons “thrillers internationaux”. En voici un exemple, avec ce roman d'aventure, comme il se doit riche en mystère et en péripéties. “En six mois, Julian et Pierre étaient allés sur les cinq continents, parcourant l'équivalent de trois tours du monde.” Quand on s'attaque à un organisme tentaculaire, il faut une part de chance et de hasard, mais on doit surtout aller dénicher les renseignements à la source. Revenir au vrai métier de reporter.

“Ne confonds pas tout et tout le monde. Ce sont les vils journalistes de révérence, obséquieux aussi bien avec ceux qui possèdent le pouvoir qu'avec ceux qui ont l'argent, quand il ne s'agit pas des mêmes ; ces journalistes de connivence, qui tentent d'imposer leur définition de l'information et au-delà, une certaine façon de penser, une certaine manière de voir le monde […] Ceux-là, oui, salissent ta profession.” Même si la vérité est sale et visqueuse, plus sombre encore que la population ne l'imagine, risquant de déséquilibrer les intérêts de dirigeants sachant se protéger, elle doit éclater dans toute sa noirceur. Publié par une petite maison d'édition, un suspense d'action plein de qualités.

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14 décembre 2013 6 14 /12 /décembre /2013 00:10

Le polar est riche, en qualité et en diversité. Cette année 2013 nous l'a encore prouvé. De la pure noirceur, des intrigues fort astucieuses, des contextes historiques ou singuliers, des références à la tradition du polar noir, de la fantaisie et de l'originalité, on n'a eu que l'embarras du choix. Justement, quand vient le moment d'en sélectionner quelques-uns, il s'en présente au moins une trentaine possédant des qualités supérieures. Précisons que “22/11/63” de Stephen King n'apparaît pas, le Maître étant forcément hors catégorie. Il y en aurait même d'autres, sans doute, parmi ceux que je n'ai pas eu l'opportunité de lire, bien qu'étant lecteur intensif. Je n'ai pas la science infuse pour m'auto-glorifier d'une compétence hors norme. Ici il s'agit juste de présenter des suggestions honnêtes.

Les 15 meilleurs polars de 2013

Alors, puisque je ne compte en retenir que quinze, tant pis pour ceux qui pouvaient figurer dans les meilleurs. Tels (par ordre alphabétique) Alex Berg : Zone de non-droit (Ed.J.Chambon), John Brandon : Little Rock (Le Masque), Didier Daeninckx : Têtes de maures (L'Archipel), Frantz Delplanque : Elvis et la vertu (Ed.Seuil), Tom Drury : La contrée immobile (Points), Lisa Gardner : Preuves d'amour (Albin Michel), Alfredo Noriega : Mourir, la belle affaire ! (Ombres Noires), Janis Otsiemi : African tabloïd (Éditions Jigal), Michel Quint : Veuve noire (Éd.L'Archipel), Thomas Raab : Metzger sort de son trou (Carnets Nord).

Ces romans n'ont pas démérité, bien au contraire.

Les 15 meilleurs polars de 2013

Cinq autres titres doivent encore disparaître du choix final. C'est douloureux, quand on a pu apprécier ces excellentes histoires. Il eût donc fallu garder également... Victor Gischler : Coyotte Cossing (Denoël), Joseph Incardona : Misty (Baleine), Hesh Kestin : Mon parrain de Brooklyn (Éd.Seuil), Miguel Ángel Molfino : Monstres à l'état pur (Ombres Noires), et Viveca Sten : La Reine de la Baltique (Éd.Albin Michel). Il s'agit de romans qui méritent, là encore, qu'un large public déguste leurs qualités.

Quinze, il n'en reste plus que quinze. “À lire impérativement”, selon une formule connue ? Action-Suspense se contente de proposer, certainement pas d'imposer. À chacun(e) de lire selon son plaisir. Néanmoins, à divers niveaux, ces quinze titres-là possèdent une saveur supplémentaire, peut-être une excellence qu'on n'a pas trouvée chez d'autres, y compris parmi les sélectionnés hélas écartés. Pour lire l'intégralité des chroniques qui leurs sont consacrées, il suffit de cliquer sur les titres.

Les 15 meilleurs polars de 2013

 

Mes 15 meilleurs polars de 2013 sont...

 

- Sam Millar : On the Brinks (Éd.Seuil)

Telle qu'il la raconte, la vie de Sam Millar a longtemps été un roman noir, prisonnier politique Nord-Irlandais avant un braquage audacieux aux États-Unis qui le conduit encore en prison. Ce n'est pas de la fiction, c'est pourtant le meilleur polar de l'année.

- Megan Abbott : Envoûtée (Le Masque)

Une histoire de femmes criminelles dans l'Amérique des années 1930. L'auteure se réfère à la meilleure tradition du roman noir, démontrant toujours une subtilité dans l'action et dans la psychologie, qui frise la perfection.

- Lauren Beukes : Les lumineuses (Presses de la Cité)

Harper Curtis est une sorte de fantôme criminel qui traverse le vingtième siècle dans la région de Chicago. Un postulat issu du Fantastique, pour une des plus originales histoires de tueurs en série, d'une sacré intensité.

- Harry Crews : Nu dans le jardin d'Eden (Sonatine)

Un inédit de cet écrivain décédé, son deuxième roman écrit en 1969. Un pur chef d'œuvre de fantaisie que ce portrait de Garden Hills, bourgade perdue de Floride, et d'habitants opiniâtres ou déjantés. Un scénario magnifiquement écrit.

- David Gordon : Polarama (Actes Noirs)

New-yorkais, Harry est un auteur de romans populaires, qui se trouve impliqué dans une affaire criminelle. Suspense, humour, et hommage aux grands ancêtres du roman noir. Une virtuosité indéniable.

- Ken Bruen : Sur ta tombe (Ed.Fayard)

Jack Taylor est toujours en vie, on se demande comment il y parvient tant il est cabossé. Cette nouvelle aventure, toujours habitée par le Mal, figure parmi les meilleurs titres de la série. Il n'est jamais trop tard pour adopter Jack Taylor.

Les 15 meilleurs polars de 2013

- Ryan David Jahn : Emergency 911 (Actes Noirs)

Dans une bourgade texane, la fille du policier Ian Hunt est définitivement déclarée défunte, des années après sa disparition. Or, elle vient d'échapper à ses ravisseurs. Un suspense astucieux à la fois dense et enjoué, dans l'Amérique profonde.

- Toby Ball : Les catacombes (Ed.10-18 inédit)

Dans une métropole américaine en 1935, le maire et ses proches sont corrompus. Un journaliste, un détective et un documentaliste des archives de la police enquêtent chacun à leur façon. Très bel hommage aux ambiances des classiques du roman noir.

- Bruce DeSilva : Pyromanie (Actes Noirs)

A Rhodes Island, Mulligan est un reporter “à l'ancienne”. La série d'incendies touchant les quartiers anciens de la ville faisant des victimes parmi ses amis, ne sont pas accidentels. Qu'il est délicieux de lire de vrais romans noirs d'investigation comme celui-ci.

- Ahmed Khaled Towfik : Utopia (Ombres noires)

L’Égypte est devenue en 2023 un pays invivable pour les plus pauvres et les plus nombreux, tandis qu'une élite financière vit dans des ghettos sécurisés... avant que la révolte gronde à nouveau. Polar d'anticipation et regard juste sur la société égyptienne.

- Romain Slocombe : Première station avant l'abattoir (Éd.Seuil)

Au début des années 1920, la Paix est dans tous les esprits. Pourtant, dans l'univers que fréquente le journaliste Ralph Exeter, ce sont les prémices d'une future guerre qui se développent. Un roman à la fois documenté et très animé.

Les 15 meilleurs polars de 2013

- Noah Hawley : Le bon père (Série Noire)

Le Dr Paul Allen ne croit pas que son fils soit devenu un criminel. Affinant son diagnostic, il relève des témoignages favorables, au fil du parcours de son fils. Basé aussi sur d'autres affaires connues, son combat restera long et incertain. Encore un suspense intense.

- He Jiahong : Crime impuni au monts Wuyi (Éditions de l'Aube)

En 1998, six quinquagénaires chinois font du tourisme dans la région du Wuyishan. L'un d'entre eux va mourir, mais l'enquête restera imprécise. Évocation du régime chinois et évolution de la justice dans ce pays, en toile de fond d'un passionnant roman.

- Michael Wallace : Les Justes (Pôle Noir, MA Editions)

Il se commet aussi des crimes dans les sectes mormones, chez les intégristes polygames de l’Église de la Seconde venue du Christ. Étudiant en médecine, le fils d'un patriarche de leur communauté enquête avec sa jeune sœur. Un climat pour le moins insolite.

- Elena Piacentini : Le cimetière des chimères (Éd. Au-delà du Raisonnable)

En cette journée neigeuse, le policier Leoni et son équipe de la PJ lilloise sont appelés au cimetière de l'Est de la ville. Il s'agirait d'un suicide, mais l'affaire est plus tourmentée qu'il y paraît. Noirceur, magouilles et sourires, pour un polar captivant.

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13 décembre 2013 5 13 /12 /décembre /2013 05:55

En cette fin d'année 2013, deux rééditions bienvenues au Livre de Poche...

 

Sylvie Granotier : "La Rigole du diable"

À vingt-six ans, Catherine Monsigny est avocate pour le cabinet de Me Renaud, ténor du Barreau. Elle espère qu’un procès criminel l’aidera à se faire un nom, en démontrant sa compétence. L’affaire Myriam N’Bissi lui en offre l’opportunité. Native du Gabon, elle réussit à échapper à la famille qui l’exploitait en France. Grâce à une association militante, elle put épouser Gaston Villetreix, plus âgé qu’elle d’une trentaine d’année. Elle partit vivre avec lui dans la Creuse, à Saint-Jean-des-Bois. Le mariage dura six ans, jusqu’au décès de Gaston. Le permis d’inhumer fut accordé, mais des cousins visant l’héritage accusèrent Myriam. Il est vrai qu’on trouva le même poison dans le corps autopsié de Gaston et dans la maison. Incarcérée à Guéret, visiblement déprimée, Myriam nie avoir tué son mari. Il est vrai que dans ce village où les portes ne sont pas fermées à clé, on a pu aisément déposer le poison chez ce couple, trop original pour la bourgade.

Catherine reste perturbée par son propre univers familial. Elle n’avait que quatre ans quand sa mère fut assassinée. Le meurtrier épargna l’enfant, qui ne saurait le reconnaître. Elle fut élevée et protégée par son père, le Dr Claude Monsigny. Ils changèrent de région et de nom. Catherine n’a jamais obtenu de détails sur le drame, son père s’étant réfugié dans une solitude fermée. Certaines nuits, la jeune femme est hantée par des images de sa mère, plus imaginées que vraies. Sans négliger des affaires mineures, Catherine s’implique dans la future défense de Myriam. Lors de ses séjours en Creuse, elle s’installe dans une chambre d’hôtes du côté d’Aubusson, chez des amis du journaliste Louis Bernier, avec lequel elle a sympathisé. Au village, elle est troublée par Olivier, un néo-rural voisin et ami du couple Gaston-Myriam. Louis et Olivier sont ses meilleurs alliés sur place, le journaliste se renseignant même pour elle...

Voici quelques éléments factuels, pas les fins détails qui donnent sa force au récit. On retrouve la virtuosité narrative, qu’on aime chez cette auteure. Il convient de noter la précision des décors et des ambiances, parisiennes ou creusoises. Au tribunal ou au cabinet de Me Renaud, à la prison de Guéret ou chez les amis de Catherine dans le Creuse, les scènes apparaissent vivantes et naturelles, d’une belle crédibilité. Autre point fort capital, la psychologie des personnages. Avec subtilité, Sylvie Granotier concocte un scénario délicieusement mystérieux, riche en questions et en péripéties. Un roman absolument passionnant.

Sylvie Granotier : Le rigole du Diable - Jean-François Coatmeur : Une écharde au cœur (Le Livre de Poche)

Jean-François Coatmeur : "Une écharde au cœur"

Disculpé par un non-lieu, le quadragénaire Gwen Malinec est libre après deux ans et demi de prison. Il reste en contact avec sa compagne Nicole, qui s’occupe de leur fille Justine. Il est préférable que Gwen ne revoit pas Antoine, 17 ans, fils adoptif de Nicole, à cause de qui il fut incarcéré. C’est dans la maison de sa défunte mère, à Pouldavid près de Douarnenez, que Gwen va s’installer avec son chien Argo. Alors qu’il approche de sa destination, une ombre fantomatique surgit dans la nuit. Ayant été agressée alors qu’elle se baignait dans une crique voisine, une jeune femme cherche du secours. Gwen accepte d’héberger Mara, 28 ans. Sa première version des faits apparaît douteuse. En effet, elle oublie volontairement de préciser qu’elle se trouvait cette nuit-là avec son amant Yvan. Gendre d’un puissant élu local, celui-ci n’est pas intervenu. Croyant que Mara s’est noyée, il laisse toutefois un ultime message sur son répondeur.

Ayant été averti qu’Antoine a fait une fugue, Gwen pousse Mara à lui confier la vraie version de sa mésaventure. Elle possède peu de renseignements sur Yvan, sauf qu’il est vaguement prof de dessin. Ce n’est pas lui qui l’a agressé dans l’eau, Mara en est certaine. Elle finit par admettre avoir été contactée par un inconnu, afin de piéger son amant. À la fois, elle fut contrainte d’accepter car on menaçait son fils hospitalisé, et elle ne pouvait refuser la jolie somme promise. Ce qui n’explique pas pourquoi c’est elle qui a été victime d’une agression. Par son ancien instituteur, Gwen envisage l’éventualité qu’Yvan soit un de ses ex-copains de classe. Septuagénaire, Guillaume fut le voisin et l’ami de Gwen. Aujourd’hui en maison de retraite, il réclame avec insistance que Gwen et Nicole lui rendent visite. Son état frisant le délire inquiète le couple, qui ne comprend pas sa manière de les rejeter. On est toujours sans nouvelle du jeune Antoine...

Il ne viendrait à l’idée de personne de contester la qualité supérieure d’un roman de Jean-François Coatmeur. Ses suspenses se savourent pour plusieurs raisons. La densité de l’intrigue constitue évidemment le premier atout. Il le démontre une fois de plus ici. Grâce à des personnages complexes aux secrets inexprimés, grâce à des situations gardant une large part d’ombre, le lecteur avance sur un chemin incertain. L’auteur est le seul maître du labyrinthe où il nous a entraînés.

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12 décembre 2013 4 12 /12 /décembre /2013 05:55

Fin des années 1920, les théâtres londoniens attirent les foules. Cette saison, c'est surtout le Woffington qui a la faveur du public avec son spectacle musical qui met en vedette la séduisante Ray Marcable. Avant le départ de celle-ci vers l'Amérique, les spectateurs s'agglutinent pour les ultimes représentations. Ce soir-là, un inconnu est poignardé parmi les gens qui patientaient dans la file d'attente. C'est un homme blond d'à peine trente ans, qu'aucun témoin n'avait vraiment remarqué auparavant. Il avait sur lui un revolver, qui n'a pas servi. On suppose un agresseur masculin. C'est l'inspecteur Grant qui est chargé de l'enquête. Les quelques personnes se trouvant au plus près de la victime n'apportent aucun indice précis. Le policier imagine, au vu du poignard peut-être espagnol, qu'il s'agit d'un “crime latin”, dont le coupable serait un hypothétique Italien.

Grant en profite pour rendre visite au théâtre à Ray Marcable, cette belle artiste dont il est un des nombreux admirateurs. Peu après, la police reçoit un courrier avec de l'argent, destiné à payer l'enterrement du défunt anonyme. Ces billets de banque neufs laissent espérer une piste. C'est forcément un proche de la victime qui leur a adressé la lettre. Un serveur de restaurant français et la cravate du défunt donnent des éléments nouveaux à l'inspecteur. Il peut penser que la victime était un musicien ou un mélomane. L'inconnu n'appartenait pas au gang de Danny Miller, mais ce truand se souvient finalement l'avoir déjà croisé lors de courses hippiques. En effet, la victime serait un bookmaker nommé Albert Sorrell. Sur un champ de courses, Grant glane quelques infos à son sujet après de jockeys et d'autres bookmakers. Sorrell n'était pas de ceux qui ont des ennemis.

Quand l'inspecteur visite le logement vide de la victime, la logeuse Mrs Everett lui apprend qu'Albert Sorrell est censé être parti en Amérique. Sur une photographie, l'homme qui figure avec la victime est son meilleur ami, Gerald (Jerry) Lamont. Mrs Everett ne livre pas au policier la nouvelle adresse de celui-ci. Elle ne tarde pas à rejoindre Jerry Lamont, afin d'organiser sa fuite vers un coin perdu d’Écosse. Ayant suivi une autre piste, les policiers arrivent trop tard chez Lamont pour le coincer. Grant s'interroge autant sur le rôle de Mrs Ratcliffe, témoin dans la file du théâtre, que sur celui de Mrs Everett, à laquelle il accorde encore le bénéfice du doute. C'est à Carninnich, près du Loch Finley, que Grant poursuit son enquête, aidé du policier local Drysdale. Mais c'est bien de retour à Londres que va se dénouer l'affaire...

Josephine Tey : Le monogramme de perles (Éditions 10-18, 2013)

Publié en 1929, “Le monogramme de perles” fut la toute première enquête de l'inspecteur Alan Grant. Il sera le héros de six romans, dont “La fille du temps” récompensé par le Grand prix de Littérature policière en 1969. Tout commence ici par un meurtre mystérieux, nous sommes donc dans un roman d'énigme digne de la meilleure tradition. Toutefois, il existe des différences notables avec d'autres romans du même genre. Ancien combattant de la première guerre mondiale, Alan Grant fait preuve d'une certaine décontraction au fil de ses investigations. Pourtant, c'est d'une succession ininterrompue de rebondissements que se compose son enquête.

Pistes erronées et faux-semblants ne manquent certes pas. On dit que Josephine Tey se passionna pour la pêche à la ligne et les courses de chevaux, ce qu'illustre quelque peu ce scénario. Écossaise d'origine, l'auteure nous offre un voyage fort sympathique sur ses terres. On apprécie également l'ambiance du Londres de l'Entre-deux-guerres, l'animation sur le Strand, la vie théâtrale qui y fut si active. Notons que c'est encore un temps où des policiers se griment parfois (ici en colporteur, par exemple) pour obtenir des renseignements que la population ne confierait pas à des officiels. Sans doute la science est-elle moins performante façon “experts”, mais un détail sur l'assassin (qui s'est légèrement blessé) n'est pas sans importance. Péripéties et hypothèses sont au rendez-vous pour un suspense diablement palpitant, qu'il est bon de redécouvrir.

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11 décembre 2013 3 11 /12 /décembre /2013 05:55

En cette fin d'année 2013, deux rééditions bienvenues chez Rivages/Noir...

 

Christian Roux : "Placards"

Une prostituée est étripée dans son appartement. Il y a du sang et des viscères partout quand sa voisine Alice découvre le carnage. Elle remarque un placard. Visiblement, un enfant y a séjourné longtemps. Elle trouve un cahier où il racontait maladroitement sa vie de bâtard caché et maltraité. Alice quitte son immeuble sans prévenir la police. Dans un parc proche, où elle côtoie un homme brun et des enfants qui jouent, elle lit le cahier. Alice et sa jeune sœur Valérie connurent aussi une enfance douloureuse. Pour Alice, le gamin du placard n'est pas loin.

Eustache est policier. Il fait équipe avec Samuel. Eustache a besoin d’écrire, de revenir sur une étape de sa vie. Pendant ses vacances d’enfant, un adulte devint son meilleur ami : souvenirs de fêtes, mais aussi d’une expérience marquante. Eustache et Samuel enquêtent sur le meurtre de la prostituée. Ils ont compris qu’un gosse était caché dans le placard. Les témoignages inutiles du voisinage égoïste ne les aident guère, pas plus que les fichiers sur ce type de crimes. Même le calme Samuel s’interroge. Comme Eustache, il porte un lourd secret lié à l’enfance. Le gamin qui ne voyait jamais le soleil voulait “nager dans le ciel”, écrivait-il. Alice devine où il se cache...

Cette histoire malsaine et sordide a pour but de provoquer le malaise. C’est la rencontre de plusieurs destins, de personnages traumatisés par des enfances perverties, par un passé impossible à effacer. L’auteur veut nous prendre aux tripes, nous heurter, nous bousculer. Il y parvient, car l’écriture et la construction du récit sont originales et percutantes. C’est un sujet dur, qui est traité avec dureté. Ce qui donne un excellent roman, teinté d’une poésie morbide.

Christian Roux : Placards - David Goodis : Cassidy’s girl (Rivages)

David Goodis : "Cassidy’s girl"

En ce début des années 1950, Cassidy végète dans un quartier miteux de Philadelphie. Pourtant, il a connu des époques plus glorieuses dans sa vie. Sportif universitaire, puis héros de la 2e Guerre, il fut pilote de ligne. Jusqu’à ce qu’un accident d’avion dont il n’était pas responsable provoque sa déchéance. Après divers jobs, il est désormais chauffeur d’autocar. Il traîne surtout une réputation justifiée d’ivrogne. C’est chez Lundy, un bar accueillant une clientèle de purs alcooliques, que Cassidy passe son temps à s’enivrer avec ses amis.

Quatre ans plus tôt, c’est dans ce même bistrot qu’il se laissa séduire par la sensuelle Mildred, devenue depuis sa femme. Cassidy est toujours accro à son excitante compagne, qui aime autant que lui les boissons fortes. Malgré l’obsession qu’elle lui inspire, les scènes de ménages se succèdent. D’autant que Mildred aguiche Haney Kenrick, qui a plus de fric que Cassidy. Tout ça finit par une sévère bagarre entre les deux hommes chez Lundy, sans vainqueur.

Cassidy devient l’amant de la jeune Doris, dont l’alcoolisme maladif lui donne envie de la protéger. Elle aussi a traversé de dures épreuves, qui l’ont fait sombrer. Cassidy décide que Doris et lui vont vivre ensemble, qu’il l’aidera à arrêter de se détruire. Ce qui rend plus que sceptique Shealy, un des amis de Cassidy. Sa violente rupture avec Mildred n’empêche pas Cassidy d’envisager l’avenir avec une certaine sérénité. Il a tort, car ses ennuis ne font que commencer...

Goodis décrit des protagonistes de la fatalité et de la médiocrité, non sans savoir-faire : “Leurs corps, intoxiqués, affaiblis par l’alcool, n’étaient plus que des masses de substances animales, privées de pensées et d’émotions, qui avançaient, avançaient toujours dans cet espoir de survivre à cet horrible voyage qu’était la traversée de la rue.” Entre alcoolisme, serein espoir dans l’avenir, et fausse accusation, Cassidy subit les aléas d’un destin chaotique. A-t-on envie de s’apitoyer sur son sort ? Pas sûr, d’où l’ambiguïté des romans de Goodis – leur force, diront ses admirateurs. La part de dérision reste rare dans le récit : “Tu n’es pas le seul, dit Shealy. On aime tous ça, nous les paumés, les épaves. On en arrive tous à prendre du plaisir quand on descend la pente, pour arriver en bas, au fond, là où c’est doux, dans la boue.” Bel exemple du roman noir traditionnel.

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10 décembre 2013 2 10 /12 /décembre /2013 05:55

Été 1995, à l'hôpital gériatrique d'Ambrex, dans région lyonnaise. Depuis quelques années, Marie-Berthe Paquet gère cet établissement ressemblant à un mouroir. Si l'on y manque un peu de personnel durant la saison estivale, la directrice n'y peut rien. Le jeune Valentin Ledoux y a été encore engagé cet été, pour un poste de gardien. Il y retrouve la belle infirmière Bérengère Bravot, qui apparaît si sûre d'elle. Valentin est plus proche, et même plus intime avec Zita Béjahoui. Cette jeune femme de ménage préfère rester ici durant les vacances, plutôt que de suivre sa famille au bled. Zita est plus amoureuse de Valentin qu'elle ne veut le montrer.

René Bernardeau est chargé de la morgue de l'hôpital, ce qui nécessite un certain savoir-faire. Il est l'amant de Marie-Berthe, leurs relations sexuelles obéissant à un petit cérémonial. Naguère, la directrice fut brièvement la maîtresse de l'agent d'entretien Étienne Chabert. Celui-ci reste fasciné par Marie-Berthe, sans avouer qu'il est assez jaloux de René. Cet été-là, Chabert retrouve un peu par hasard Ghislaine Burgelin, avec laquelle il partagea une expérience de vie. Tout ce petit monde de l'hôpital d'Ambrex se trouve confronté à une situation inattendue et perturbante.

Quand la vieille Mme Potonier se jette par la fenêtre, il ne fait guère de doute qu'il s'agisse d'un suicide. Quelques signes montraient qu'elle n'avait plus toute sa tête. Et on ne peut pas surveiller les patients en permanence. Malgré les dégâts, René lui redonne un visage correct. Peu après, c'est Mme Strudman qui se défenestre à son tour. Elle était la voisine de chambre de la première défunte. Avec cette chaleur, il fallait pourtant bien laisser la fenêtre ouverte. Quand Mme Picolet est la troisième victime de cette série, Marie-Berthe a de quoi s'inquiéter. Mais elle se sent capable de résoudre les problèmes.

Bien qu'elle ait fait poser des grillages aux fenêtres, et qu'une enquête de police ne semble pas indispensable, il vaut mieux que la directrice s'installe sur place, dans le logement de fonction qu'elle n'occupait jamais. René pourrait suspecter Chabert d'avoir provoqué ces décès, car il devine la jalousie d'Étienne. La directrice s'arrange pour exploiter la médiatisation de cette série de morts. L'aide bénévole de Ghislaine Burgelin n'est pas inutile, quel que soit le but de celle-ci. Étienne ressasse des réminiscences qu'il s'était efforcé d'oublier. Quand l'infirmière Bérengère découvre les confidences écrites d'une des défuntes, plutôt silencieuse de son vivant, c'est un élément capital...

Françoise Rey : Ultime retouche (Tabou Éditions, 2013)

En 1989, Françoise Rey connut un énorme succès avec “La femme de papier”, un roman érotique littéraire. Pour qu'elle soit cataloguée, il n'en phallus pas plus (jeu de mot de bon aloi, non ?). Elle a écrit depuis une bonne vingtaine de livres, dont un en collaboration avec Patrick Raynal. Françoise Rey n'a jamais cherché à décoller l'étiquette apposée sur son œuvre. Toutefois, si le sexe y est décomplexé, il n'est sale et sordide que pour les plus puritains, puisqu'il en reste. Un certain “libertinage” qui s'est développé depuis vingt ans, esbroufe d'une bourgeoisie friquée prétendument décoincée, est moins respectable que les romans de Françoise Rey. Car ces fictions suggestives ont le mérite d'être de bon niveau.

Avant tout, “Ultime retouche” est un suspense psychologique. La première scène montre une des bases de l'histoire. La deuxième introduit l'idée de mort peut-être criminelle. La suite est construite telle une galerie de portraits. Dans un univers plutôt clos comme celui décrit, il est vrai que se croisent les protagonistes en ordre dispersé. Si ces personnages ont fatalement un point commun, c'est leur intériorité secrète. Dans nos vies, avons-nous la moindre raison de livrer nos blessures aux autres ? Non, vu l'individualisme ambiant, sans doute gardons-nous de plus en plus ces petites douleurs si personnelles. L'érotisme pointe ici et là dans ce scénario, aussi vaut-il mieux le réserver aux adultes. Néanmoins, on retient principalement la psychologie de l'intrigue, très très proche du polar.

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