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4 juin 2015 4 04 /06 /juin /2015 04:55

Chez Omnibus, paraît un double roman signé San-Antonio : “Y a-t-il un Français dans la boîte à gants”. Il ne s'agit pas d'une aventure du célèbre commissaire, mais de romans complémentaires : “Y a-t-il un Français dans la salle ?” (publié en 1979) et “Les clés du pouvoir sont dans la boîte à gants” (paru en 1981). L'histoire débute ainsi : ancien ministre et chef d'un puissant parti, le RAS, Horace Tumelat est un homme politique sans scrupules, macho, manipulateur, sournois, impitoyable, plutôt vulgaire en privé – qui reste malgré tout attachant. Il fricote volontiers avec sa secrétaire Ginette Alcazar, sous l'œil de son majordome Juan-Carlos.

Ses aspirations élyséennes vont se trouver brusquement compromises : d'abord, il hérite d'un encombrant secret après le suicide de son oncle, le vieil Eusèbe qui s'est pendu. Héritier de sa maison, il s'y rend et croise Paul Pauley le flic qui le surveille de près, ainsi que Georgette Réglisson, la femme de ménage. Celle-ci a une très jolie fille : Noëlle, blonde, dix-sept ans, elle joue de la flûte et plaît beaucoup au Président. Tomber amoureux de la juvénile Noëlle, ça ne peut que compliquer sa vie et ses ambitions. Horace Tumelat a d'autres soucis : dans le mur de la salle de bain de son oncle, il cache depuis plus de vingt ans le secret qui a poussé le vieil Eusèbe au suicide.

Dans “Les clés du pouvoir sont dans la boîte à gants”, suite directe du premier roman, Horace Tumelat va chercher à se venger d'une journaliste en mettant sur pied une machination diabolique. Autour de lui, gravite une galerie de personnages sulfureux et détestables : une épouse délaissée et frigide, une secrétaire amoureuse et jalouse, un photographe de presse à scandale et maître chanteur, un flic zélé et cinglé... Frédéric Dard avait voulu signer ces deux livres de son pseudo, San-Antonio, même si le commissaire n'y figure pas. Car il utilise dans ce diptyque toute l'invention langagière, et la frénésie des situations abracadabrantes, qui offrent à ses lecteurs un infini plaisir. 878 pages de Frédéric Dard à ce rythme, ça ne se refuse pas.

San-Antonio : Y a-t-il un Français dans la boîte à gants (Omnibus) - ou San-A en grands caractères ?

Si l'on nous cite les titres suivants : “À prendre ou à lécher”, “Ça ne s'invente pas”, “Concerto pour porte-jarretelles”, “N'en jetez plus”, “Si ma tante en avait”, il y a de fortes chances que l'on pense immédiatement à des romans de San-Antonio. Entouré du gras et tonitruant inspecteur Bérurier, du vieux et fidèle policier Pinaud, de sa brave femme de mère Félicie, le commissaire chéri de ces dames est au cœur d'enquêtes bondissantes et de péripéties explosives. Pas la peine d'en dire plus, si ce n'est que le langage est aussi (ou d'abord) ce qui excite les lecteurs de San-Antonio. Pour celles et ceux qui voudraient lire ou relire ces aventures, ayant un problème de vue ou cherchant un confort de lecture, la librairie Ilivri présente les cinq titres cités ici en grands caractères. On peut se renseigner sur leur site (cliquez ci-dessous)...

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3 juin 2015 3 03 /06 /juin /2015 07:50

Quand Saddam Hussein naît en 1937 dans la région de Tikrit, l'Irak reste un pays instable, bien que les Anglais aient placé sur le trône Fayçal 1er. À Bagdad, le pouvoir central est impuissant face aux conflits interethniques et religieux, les tribus étant puissantes dans chacun de leurs fiefs. Saddam est un bébé non désiré, qui n'a jamais connu son géniteur. Sa mère va bientôt se remarier, et aura d'autres enfants, Saddam apparaissant comme le bâtard de la famille. Son beau-père, “Ibrahim Hassan est un colosse au tempérament vicieux et brutal. Adipeux, le visage encadré d'un collier de barbe, la lèvre surmontée d'une fine moustache, il a le regard dur et froid. Il sera le tortionnaire de Saddam pendant six longues années.” Ce salopard, l'enfant n'est pas près d'oublier qu'il sent mauvais.

Jusqu'à l'âge de dix ans, Saddam est un va-nu-pieds en guenille qui survit, éprouvant une certaine jouissance à tuer des animaux. Une enfance solitaire, faisant de lui un être retors et cynique. En 1947, il se réfugie chez son oncle Khairallah, qu'il admire. Ancien officier, il a été chassé de l'armée, devenant instituteur à Bagdad. Il va scolariser le petit Saddam. Il lui offre même, vers l'âge de quatorze ans, un revolver. Objet fétiche que l'ado garde en permanence avec lui, et dont il se servira finalement. L'oncle Khairallah va surtout être le mentor, l'inspirateur politique de Saddam Hussein. À l'exemple de Nasser en Égypte, les peuples arabes militent pour la décolonisation totale de leurs pays. En Irak, le parti Ba'as gagne des partisans. Saddam y adhère jeune, jusqu'à en devenir le tyrannique leader…

Idi Amin Dada est né en Ouganda entre 1923 et 1925, à Koboko, au cœur de l'Afrique noire. Peu certain d'être son géniteur, son soldat de père abandonne vite sa famille. Fille d'un chef tribal du Congo, sa mère Assa mène durant l'enfance d'Idi Amin une vie plutôt vagabonde. Cette mystique pratique la sorcellerie, assortie de rituels sanglants. Gros bébé joufflu, son fils baigne dans cette ambiance glauque. En 1941, Assa et Idi Amin se rapprochent de la capitale ougandaise. “Victime d'une discrimination ethnique à l'encontre des Nubliens, [il] n'ira que quelques mois à l'école. Il a alors entre treize et seize ans, une carrure déjà herculéenne et des mains larges comme des battoirs. Avec d'autres laissés-pour-compte, il monte parfois à Kampala pour se colleter avec les étudiants, plein de haine contre ces privilégiés qui s'imaginent certainement bien supérieurs à lui...”

Vers la fin de son adolescence, sa mère Assa dégote un certain caporal Yafesi Yasin, avec lequel ils vont vivre quelques temps. Un militaire dont le décès sera assez suspect, qu'on suppose dû à la sorcellerie d'Assa. En 1946, Idi Amin devient soldat dans la King's African Rifles, en tant qu'aide-cuisinier. Ce qui ne l'empêchera pas de participer à des massacres, et d'en tirer un immense plaisir. “Ses protecteurs britanniques cautionnent également son accession au pouvoir lors du coup d'état du 25 janvier 1971. Commence alors le règne déjanté d'Idi Amin Dada...” qui va marquer la décennie jusqu'en avril 1979. Il causa près de trois cent mille victimes durant son règne cruel. “L'anthropophagie rituelle sert aussi à s'approprier la force d'autrui et à inspirer la terreur chez les ennemis, une coutume à laquelle l'enfant devenu dictateur ne dérogera pas, notamment en gardant toujours en réserve dans des congélateurs les têtes de quelques contestataires présumés...”

Véronique Chalmet : L'enfance des dictateurs (Éd.Points, 2015)

Idi Amin Dada et Saddam Hussein sont deux des despotes présentés dans cet ouvrage. On y lit aussi les “portraits d'enfance” de Pol Pot, Staline, Kadhafi, Hitler, Franco, Mussolini, Mao et Bokassa. Est-ce que les premières années de vie et le contexte familial des futurs dictateurs expliquent leur désir de pouvoir absolu, leur violence pour conquérir le sommet et réprimer les opposants ? Généralement solitaires, parfois ballottés, souvent maltraités, ces enfants-là développent une forme particulière de charisme. Ils ne charment pas, ils imposent leur force. Ils ont été seuls, ils s'entourent d'un groupe ou d'une tribu, de personnes déterminées. Des criminels aussi, car si le chef sans pitié donne les ordres, les exécutants ne rechignent pas, au contraire.

Cet ouvrage est réédité en poche, dans la collection de Stéphane Bourgoin “Points Crime”, qui publia déjà “L'enfance des criminels” d'Agnès Grossmann. Ces livres ont toute leur place dans ce cadre, car tout dictateur est un assassin au même titre qu'un tueur-en-série ou qu'un meurtrier d'occasion. Enfants mal-aimés ou mal élevés, il ne s'agit nullement de justifier ou d'excuser les tyrans, mais de montrer les circonstances qui ont précédé leur prise de pouvoir. Les rappels historiques de ce genre sont toujours utiles, nécessaires.

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2 juin 2015 2 02 /06 /juin /2015 04:55

Istanbul est une métropole de plus de quatorze millions d'habitants. Bien qu'âgé de cinq ans seulement, Alper Kamu figure parmi les plus insolites d'entre eux. Déjà autodidacte, il est dispensé d'école maternelle. Il écrit et il lit couramment, des romans et des ouvrages savants. Ses parents ont engagé une baby-sitter, Hatice Abla, ne manquant pas de charme aux yeux du gamin. Âgée de seize ans, elle vient d'un lointain village. Malgré sa présence, Alper continue à passer du temps dans la rue. En particulier avec ses amis de l'immeuble Güzelyayla, quelque peu plus vieux que lui. Il ne craint plus trop d'y croiser Gazanfer, son ennemi juré, qui séjourne en prison. Alper y fait la connaissance d'Ümit, douze ans, qui habite là avec sa famille depuis peu. Curieuse ambiance chez eux, Alper l'a compris.

Si Ümit ne respire guère la joie de vivre, Alper comprend bientôt que c'est parce que “toute sa famille ressemblait à un paratonnerre de malheurs”. Il y a sa mère, souffrant de tachycardie, perpétuellement en train de geindre sur ses maux. Et puis ses deux sœurs aînées, Dilek et Safinaz, qui n'affichent pas vraiment leurs sentiments. Seul Yusuf, le jeune oncle d'Ümit, apparaît sympathique. Colombophile amateur, il a placé un pigeonnier sur le toit de l'immeuble Güzelyayla, essayant d'entraîner un couple de pigeons, Héra et Zeus. Une réussite relative, il faut l'avouer. Il y a encore l'oncle Abdullah, vague parrain de toute la famille. Et puis aussi, il y avait Mehmet, le frère handicapé d'Ümit. Ce dernier l'a étouffé mortellement, acte qu'il reconnaît et qui lui vaudra, pour le moins, un suivi social.

Dans le même temps, les parents d'Alper sont également confrontés au décès de l'oncle Nebi. Celui-ci vivait pauvrement, ayant rompu quelques années plus tôt avec son épouse, la tante Feriha. On ne peut pas dire qu'elle ait bonne réputation auprès de la mère et du père d'Alper, cette femme-là. En guise d'héritage, Alper récupère la série complète des romans Pardailhan et tout un lot de photos ayant appartenu à l'oncle Nebi. Sur une d'elles, une certaine Adalet, qui semble bien avoir été "la femme de sa vie" du défunt oncle. Alper imagine qu'il existe donc un petit mystère, puisque c'est Feriha que Nebi épousa. Lors d'une soirée alcoolisée au raki entre ses parents et des amis, Alper entend à nouveau parler de cette Adalet. Ce qui n'éclaire pas davantage l'énigme la concernant.

Bien que la version d'Ümit soit claire, Alper ne croit pas que son ami ait tué son frère. Il lui faudrait des preuves pour convaincre Onur Çalışkan, le commissaire de police adjoint. Le policier a de l'estime envers l'art déductif d'Alper (il en fait la preuve encore une fois dans un autre dossier), mais personne ne veut douter de la version des faits. Afin de mieux les connaître, Alper accompagne Ümit et sa famille dans un parc de loisirs. Il frôle la noyade, peut-être poussé par son ami. Tandis que son ennemi Gazanfer est sorti de prison, et que se prépare une rixe guerrière entre ados de deux quartiers stambouliotes (pour une histoire de Düldül), Alper poursuit la mission finalement assez risquée qu'il s'est fixée…

Alper Canigüz : Une fleur en enfer (Mirobole Éditions, 2015)

Après “L'assassinat d'Hicabi Bey”, c'est avec un franc plaisir que l'on retrouve le petit Alper Kamu pour une deuxième aventure. S'il n'a que cinq ans, il est diablement débrouillard, le bougre ! Entre un père tristounet, une mère dépressive et une baby-sitter inutile, il garde toute son indépendance. Doté de belles capacités intellectuelles, Alper reste un émule de Sherlock Holmes et autres détectives prestigieux. S'il suit les évènements et observe son univers citadin, s'il interroge plus ou moins habilement les protagonistes, des réponses ne lui seront données que tardivement. La vie du quartier ne se résume pas à des énigmes, il a aussi une "vie sociale", Alper. Même s'il n'est pas chaud pour querelles et bagarres.

N'oublions pas d'évoquer les amours, fussent-ils fantasmés, du petit Alper. Il s'éprend de Begüm Gülüm, une belle doctoresse de l'hôpital, qui le soigne : “[Elle] s'est alors esclaffée de si bon coeur que j'eus la certitude que le maléfice lié à nos sorts était désormais rompu, et que si j'avais eu douze ou treize ans de plus, elle eût accepté sur-le-champ ma demande en mariage.” Du côté de la baby-sitter Hatice Abla, elle le traite trop comme un enfant pour cultiver l'espoir : “Je suis resté bouche bée un long moment avant de me rendre compte que je n'avais jamais subi d'affront aussi lourd de ma vie. La femme que j'aimais flirtait sous mes yeux avec un mufle, tandis que je restais assis sur ses genoux, à l'aise comme un pacha !” C'est avec beaucoup d'humour qu'est racontée cette délicieuse nouvelle enquête d'Alper Kamu.

- Disponible dès le 4 juin 2015 -

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1 juin 2015 1 01 /06 /juin /2015 04:55

Autrefois comme aujourd'hui, l'Histoire du monde a toujours été peuplée de femmes ou d'hommes, auteurs de crimes pervers ou passionnels, coupables de meurtres en série ou d'assassinats dus aux circonstances, de tueurs sanguinaires ou de cas mystérieux. Il ne s'agit plus de faits-divers ordinaires, mais d'une volonté délibérée confinant à la cruauté. Si, quelle que soit l'affaire, l'acte impulsif est possiblement plaidable, la différence réside souvent dans la froideur cynique du "grand criminel", hermétique à toute pitié.

Sans doute est-il utile de distinguer les époques. Au temps du seigneur Gilles de Rais, du régicide François Ravaillac, de la comtesse sanglante Elisabeth Báthory, du brigand Louis Mandrin, ou de l'empoisonneuse marquise de Brinvilliers, l'esprit guerrier et la violence de la société d'alors impliquent plus facilement l'idée de mort. Qu'on tue par intérêt, pour ne pas laisser de témoins ou pour se défendre, c'est justifié par la force du plus fort ou du plus fourbe. En ces siècles où l'on meurt souvent tôt, la vie humaine est moins sacrée.

Jacques Expert : Scènes de crime (Presses de la Cité, 2015)

Dès que l'on aborde le 19e siècle, supposé plus civilisé, les crimes prennent une tournure plus spectaculaire. Parce que l'assassin s'avère énigmatique, tel Pierre-François Lacenaire guillotiné en janvier 1836, connu comme poète et dandy. Parce que les époux Martin ne semblaient nullement dangereux, dans leur auberge pourtant rouge de sang. Parce que dans son manoir délabré de Corrèze, Marie Lafarge paraît innocente de l'empoisonnement de son époux. Parce que la bonne simplette Hélène Jégado, malgré ses multiples crimes, est restée si longtemps insoupçonnable aux yeux de ses employeurs.

Peut-être plus méconnu, il faut aussi citer le cas de Jean-Charles Avinain, boucher dans le civil, soldat dans les armées du 19e siècle, puis truand envoyé au bagne, qui finira à son retour par dépecer ses victimes. D'Henri Pranzini à Marguerite Steinheil, en passant par la nounou diabolique Amelia Dyer, l'anarchiste Ravachol, l'éventreur Joseph Vacher, et Caserio qui assassina le président Sadi Carnot, les Assises d'avant 1900 ont à juger des personnages qui vont marquer l'opinion, de mieux en mieux informée sur ces affaires.

Arrive le 20e siècle. La criminalité semble exploser, puisqu'on dénombre des quantités de figures d'assassins. En France, dès les premières années et durant l'entre-deux-guerres, les noms de Jeanne Weber (l'ogresse de la Goutte-d'Or), de Jules Bonnot avec sa bande, des sœurs Christine et Léa Papin, de Violette Nozière ou de Lætitia Toureaux, font la "une" de l'actualité judiciaire. Aux États-Unis, si on retient le cas du mafieux Al Capone, on doit également se souvenir d'Albert Fish : le Vampire de Brooklyn aurait commis plus d'une centaine de meurtres, incluant sadomasochisme, coprophagie et cannibalisme.

Dans cet ouvrage, le journaliste-écrivain Jacques Expert relate en quelques pages les faits criminels autour de soixante meurtriers. Outre ceux cités ci-dessus, on ne va pas se lancer dans une énumération fastidieuse. Les cas de Ted Bundy ou de Charles Manson sont bien connus du public actuel, en général. Ceux des tueurs Francis Heaulme et Guy Georges nous sont plutôt familiers. Pour le public français, John Wayne Gacy (le clown tueur) et Waltraud Wagner (infirmière autrichienne supprimant ses patients) sont moins évocateurs. Nous aussi, avons eu Christine Malèvre, infirmière accusée d'avoir éliminé sept personnes en 1997-1998.

Si l'on sait que Lucien Léger, décédé en 2008, a passé plus de quarante-et-un ans derrière les barreaux, un record de détention, on nous rappelle ici pour quel crime il fut arrêté en 1964. Quant à l'affaire Simone Weber, au milieu des années 1980, suite à la disparition de son amant Bernard Hettier qu'elle a probablement découpé et morceaux, ce fut un épisode compliqué dans la carrière du juge Thiel. Le cas de Pierre Bodein qui, de 1969 à 2004, entre ses périodes d'incarcération séquestra, viola, tua ou mutila ses victimes, en fait un criminel notoire du 20e siècle en France. Si l'instituteur Marcel Lechien fut moins violent, son procès à Évreux en 2004 montra toute sa perversité sexuelle envers les mineurs.

Il se publie de nouveau bon nombre de livres traitant d'affaires criminelles, pas forcément toutes célèbres ou dont on a quelquefois oublié les détails. C'est une très bonne chose, ça permet de rafraîchir la mémoire de tous sur ces dossiers. Jacques Expert y contribue à son tour, avec ces soixante portraits. D'un lointain passé jusqu'au présent, il lui suffit de quelques pages pour cerner chacune des situations, pour retracer le principal. Un ouvrage qui intéressera assurément les amateurs de criminalité.

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31 mai 2015 7 31 /05 /mai /2015 04:50

Mariés depuis près de quinze ans, Katrin et Thomas Ortrup ont un enfant de trois ans, Leo. Ils ont déménagé depuis peu de Cologne à Münster, où vivent les parents de Katrin. Son père médecin et sa mère très croyante lui ont donné une éducation stricte. Elle s'accorde depuis l'âge adulte moins de rigueur. La blonde Katrin est psychothérapeute, employée dans un cabinet. Thomas est très pris par son métier, dans l'industrie. Le déménagement bouscule un peu la famille Ortrup. Au jardin d'enfant de Leo, Katrin fait la connaissance de Tanja Weiler, et de son petit Ben. Tanja lui apparaît plus dynamique que la moyenne des mères. Tandis que Thomas part pour un voyage d'affaires à Lima, au Pérou, Katrin réalise qu'elle est enceinte. Elle n'a pas le temps d'en parler avec son mari.

Âgé de soixante-et-onze ans Franz Wiesner, le père de Katrin, décède brusquement bien qu'il ait été envoyé aux Urgences. Possible que la récente mort de sa chatte bien-aimée l'ait choqué. Thomas est obligé de revenir rapidement de Lima, pour les obsèques de son beau-père. Le temps de la cérémonie, Katrin confie son fils Leo à la garde de Tanja. Celle-ci a du retard, ensuite, pour lui ramener l'enfant. Katrin se rend à l'adresse de son amie, tombant sur la véritable Mme Weiler, la vraie mère de Ben. Tanja Meyer, c'est son identité, était la baby-sitter de son fils : elle a démissionné le matin même. Inquiète et paniquée, Katrin alerte immédiatement la police de Münster. Peter Käfer et sa collègue Charlotte Schneidmann commencent à enquêter, interrogeant tous les témoins potentiels.

À trente-neuf ans, la policière Charlotte est une femme revendiquant son indépendance, célibataire plutôt fêtarde. Même si son dernier amant est assez agréable, son refus de tout engagement reste intangible. Élevée sans père par une mère alcoolique, Charlotte a vécu un épisode traumatisant dans sa jeunesse. Elle essaie maladroitement d'interroger le petit Ben. La ravisseuse a laissé peu de traces. Pourtant, une photo de groupe où l'on devine Tanja pourrait aider les enquêteurs. Serait-elle diabétique comme les gens sur ce cliché ? C'est plutôt un moyen de révéler à Katrin que Patrick a eu une maîtresse. La secrétaire de son mari porte alors plainte pour agression sexuelle. Malgré les dénégations de Patrick, qui parle de calomnie, Katrin préfère se réfugier chez sa mère en attendant la suite.

Pour Charlotte et Peter Käfer, un trafic d'enfants paraît fort incertain. Un témoin pense avoir vu Leo crasseux près d'une ferme des environs. Le duo de policier se doit de vérifier. Ils s'intéressent au club Alecto, ancienne boîte de nuit que Thomas fréquenta quinze ans plus tôt. Des boucles d'oreilles semblent relier Tanja et une défunte employée de ce club, Annabell. Si la chatte du père de Katrin a été martyrisée, les deux policiers estiment utile de faire exhumer et autopsier le corps de Franz Wiesner. Il s'avère qu'il a effectivement été empoisonné à l'insuline. Katrin s'adresse à Margarethe Brenner, l'ex-secrétaire de son père, tandis que Charlotte et Peter Käfer avancent lentement dans leurs investigations…

Christine Drews : Ennemie intime (Albin Michel, 2015)

Quelle qu'en soit la forme, c'est très fréquemment la vengeance qui motive les crimes, la rancœur expliquant la préméditation. C'est donc un suspense s'inscrivant dans la tradition classique qu'a écrit ici cette auteure allemande. Il est vite établi qu'il ne s'agit pas d'un cas simple de "stalking", d'enlèvement par une femme "en mal d'enfant". Aucune demande de rançon non plus, Christine Drews glissant sur cet aspect pour nous le faire oublier. Roman d'enquête toutefois agrémenté de considérations psychologiques personnelles, tant pour Katrin, la mère de l'enfant disparu, que pour Charlotte, au passé perturbé.

Pour ce qui est du décor, Münster (en Westphalie, à ne pas confondre avec notre Munster en Alsace) apparaît comme une agglomération typique d'Allemagne. Les lecteurs français n'ont pas de raison d'être déroutés par le contexte. Par exemple, le choix des patronymes allemands (Meyer, Wiesner, Brenner, Schneidmann…) est destiné à situer les personnages. (Pour l'anecdote, notons que l'usage des chèques bancaires a longtemps été rare dans ce pays, les Allemands préférant les billets, voire les grosses coupures.) Malgré un suspense très présent, l'auteure ne dramatise pas la disparition du petit Leo. L'essentiel étant qu'on le retrouve, et que l'on comprenne les motivations de cet acte. Un excellent polar.

- "Ennemie intime" est disponible dès le 4 juin 2015 -

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28 mai 2015 4 28 /05 /mai /2015 04:55

En 1919, La Nouvelle Orléans est une grande ville comptant plus de 380.000 habitants. Malgré une géographie particulière et des ouragans ponctuels, sa prospérité vient de ses différences avec tant d'autres villes américaines, plus puritaines. Multiculturelle, "The big easy" tolère tous les excès permettant de faire la fête, même si le quartier de Storyville n'est plus autant un lieu de débauche. Si la forte population noire subit comme ailleurs la ségrégation, c'est elle qui donne sa tonalité musicale à cette agglomération, grâce au jazz et au blues. À l'image de ce jeune cornettiste de dix-huit ans, qui se nomme encore Lewis Armstrong. La mafia italienne est très présente à La Nouvelle Orléans. Ses membres sont des Siciliens, tous venus de Monreale, ce qui limite les guerres de clans. Gangrenée par la corruption, la police locale a une réputation exécrable.

Cette année-là, un criminel vite surnommé "le Tueur à la hache" assassine sauvagement depuis quelques semaines des couples d'épiciers d'origine italienne. Sur les lieux, il laisse à chaque fois une carte de tarot, images de luxe peut-être françaises, pas de la fabrication courante. C'est le policier Michael Talbot qu'on charge d'enquêter sur ce meurtrier qui va bientôt récidiver en tuant le couple Schneider, dont lui est avocat. Michael Talbot est marié avec Annette, ils ont deux enfants. Un mariage clandestin, car son épouse est Noire. Il sait que sa mission est une sorte de piège. S'il est très mal vu, c'est parce qu'il dénonça un de ses collègues, Luca d'Andrea. Cet inspecteur participait à de nombreux trafics. Il vient de sortir de prison, après une détention de cinq années.

Ida Davis est une jeune métisse de dix-neuf ans. Amie de toujours de Lewis Armstrong, elle n'ignore pas les tourments familiaux de celui-ci, même s'il conserve le moral grâce à la musique. Ida Davis est secrétaire de l'agence Pinkerton de La Nouvelle Orléans, dirigée par le flemmard Lefebvre. Pour prouver sa valeur de détective, Ida entreprend d'enquêter sur le "Tueur à la hache". Son ami Lewis va souvent l'accompagner, car la ville n'est pas si sûre. Ils interrogent d'abord Mme Hawkes, infirmière des premières victimes. Ida pense que cette série de meurtres masquent un trafic de fausse monnaie. Prenant en filature un jeune voleur malingre, Ida et Lewis aperçoivent son boss, Cajun massif à la barbe rousse. Il semble s'agir d'un nommé Morval, propriétaire d'une usine.

Côté police, Michael Talbot ne néglige pas les tuyaux du journaliste John Riley, qui lui conseille de rechercher un certain Lombardi. Kerry Behan est un jeune agent arrivé depuis peu de son Irlande natale. Il est conscient que Michael est mal aimé des autres, mais il va grandement l'aider. En 1911, le policier Jake Hatener traita une affaire ressemblant fort à celle du "Tueur à la hache", mais ce flic désagréable s'est bien gardé d'en parler à Michael. Suivant la consigne de leur supérieur, Michael et Kerry se renseignent sur des repris de justice supposés cinglés. Pourtant, c'est plutôt vers "la Main Noire" des Siciliens, que les deux policiers espèrent trouver des indices. Les mafieux prétendent que l'assassin ne peut qu'être un Noir, ce qui est très improbable pour Michael.

Mandaté par Don Carlo, le vieux caïd de la mafia, l'ex-policier Luca d'Andrea mène aussi son enquête. Un moyen de financer son retour en Sicile. Il va même jusque dans le bayou, contactant la prêtresse vaudoue Simone, sur le conseil d'un vieil ami Haïtien. Quand il est arrêté pour avoir cambriolé le bureau d'une des victimes du criminel, Luca d'Andrea propose à Michael Talbot de travailler de façon complémentaire. Quand John Riley publie une lettre écrite par le "Tueur à la hache", la panique gagne jusqu'à la mairie de La Nouvelle Orléans. D'autant que la ville est menacée par l'arrivée d'un nouvel ouragan…

Ray Celestin : Carnaval (Le Cherche Midi, 2015) ─ Coup de cœur ─

Pas de hasard si ce suspense a été récompensé en Grande-Bretagne par le Prix John Creasey du premier roman, par la Crime Watchers Association. L'intrigue s'inspire du cas réel d'un tueur en série signant Axeman qui, tel Jack l’Éventreur, cessa brutalement ses crimes (en octobre 1919) et ne fut jamais identifié. L'auteur reproduit la vraie lettre que ce meurtrier adressa à la presse. Cette fiction ne prétend pas reconstituer l'affaire telle qu'elle se déroula. Ray Celestin crée des personnages qui, selon des motivations diverses, enquêtent afin d'arrêter le coupable. Si le policier intègre Talbot et son assistant Kerry ont un rôle officiel, la mafia missionne un ancien flic pour mener d'autres investigations.

Il faut avouer que les deux plus attachants protagonistes sont Ida Davis, la téméraire secrétaire de chez Pinkerton, prête à sillonner la ville du French Quarter jusqu'aux docks, en passant par les honky tonks de Back'O Town et autres quartiers typiques, avec son ami musicien. C'est un Louis Armstrong jeune, à l'air encore poupin (“Son visage rond d'un noir très sombre était l'écrin idéal pour son sourire si reconnaissable”), mais qui a déjà traversé quelques épreuves, qui deviendra quelques années plus tard un maître du jazz. On frémit avec ce couple d'amis, déterminé et sans trop de complexes, mais plutôt inexpérimenté. Ils seront directement en danger : “Ida hurla et Lewis la dévisagea avec de la panique dans le regard. L'une des brutes, le plus petit, sortit une matraque et assomma Lewis.”

Enquête criminelle, certes. Néanmoins, c'est le contexte de La Nouvelle Orléans qui offre sa force à ce roman. Les décors sont restitués avec soin, sans toutefois s’appesantir. La mythologie de cette ville cosmopolite est évoquée. Non sans humour, lorsqu'est cité un héros local, Jean Lafitte : “Sans ce pirate on serait Anglais, et on parlerait leur langue.” S'il est question de culte vaudou, la prêtresse Simone est surtout guérisseuse, soignant même les pauvres filles après avortement. Bien que majoritaires, les Noirs ne peuvent pas grand choses contre le racisme ambiant, ni contre les lois. Mais à l'occasion d'obsèques, ou sur les bateaux à vapeurs du Mississippi, les meilleurs joueurs de blues et de jazz s'expriment, améliorant tant soit peu leur condition sociale.

À la veille de la Prohibition (qui entra en vigueur en janvier 1920), on consomme ici de l'absinthe, pourtant déjà interdite. La Nouvelle Orléans étant un port important, tous les trafics s'y développent. Bien entendu, tout en restant assez discrète, la mafia pèse sur l'économie de la ville. Les conditions climatiques ont aussi un sens, car la pluie drue est annonciatrice d'une tempête féroce. On le constate, l'aspect meurtrier n'est pas le seul atout favorable de ce remarquable suspense. Quant à découvrir l'identité du "Tueur à la hache", on verra bien si nos enquêteurs y parviennent. Un roman de qualité supérieure.

La Nouvelle Orléans en 1919 ( coll.Richard Campanella : www.richcampanella.com )

La Nouvelle Orléans en 1919 ( coll.Richard Campanella : www.richcampanella.com )

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27 mai 2015 3 27 /05 /mai /2015 05:25
Gipsy Paladini : J'entends le bruit des ailes qui tombent (2015)

Après "Sang pour sang", son premier titre ayant connu un joli succès, Gipsy Paladini vient de publier un nouveau thriller, "J'entends le bruit des ailes qui tombent". Voici la présentation de ce roman :

« Al avait déjà pensé au mal, le pur et dur, celui qui ne connaît ni la souffrance, ni la morale, celui qui évolue dans un néant absolu sans passé, sans présent, sans futur. Il avait parlé à des tueurs dans les yeux desquels il n’avait rien lu. Le vide. Le noir. Un abîme. Pas même une branche pourrie à laquelle s’accrocher. On plongeait en chute libre dans leurs rétines et on ne s’arrêtait jamais, parce que le mal n’a pas de fond. »

New York, 1969. Au milieu des bouleversements sociaux et politiques qui ensanglantent cette fin de décennie, une poignée de meurtres ne pèse pas lourd dans une ville comme New York. Mais lorsque de jeunes enfants sont retrouvés assassinés dans des mises en scène macabres, la terreur s’installe. L’inspecteur Al Seriani, rongé par la culpabilité depuis la mort de son coéquipier, est mis sur l’affaire.»

Gipsy Paladini a accepté de répondre à quelques questions, ce qui nous éclaire d'avantage sur ce thriller.

- "J'entends le bruit des ailes qui tombent" fait référence à Léonard Cohen, célébrité des années 1960-70. Cette époque est-elle une source d'inspiration plus forte que la nôtre ?

- G.P. : Oui. J'aime les bouleversements qui chamboulaient le monde à cette époque et en particulier les États-Unis. L'émancipation des femmes, la rébellion des Noirs pour leurs droits, l'immigration massive vers le rêve américain, une époque sanglante, pleine de rage et d'espoir, qui connut Bukowski, Charles Manson, Martin Luther King ou encore John Kennedy. Une époque aussi défigurée par la guerre du Vietnam qui marquera à jamais les esprits. Et puis il y a la si fascinante New York, l'identité unique de ses quartiers : Harlem, la star déchue et décadente, Broadway la magnifique et ses shows grandiloquents, le quartier défavorisé du Lower East Side qui ne lui brillait vraiment que par ses crimes, puis le Village et ses clubs underground qui virent les débuts de Bob Dylan auprès de Johnny Lee Hooker. 

Je me suis inspirée, pour le titre, d'un poème de Leonard Cohen, qui me fait penser aux anges déchus, au bruit que firent leurs ailes quand ils tombèrent. Ce n'est pas, à ma connaissance, le thème qu'a traité Cohen dans ce poème, mais c'est ce que cette strophe m'a inspirée. C'est tout à fait en accord avec le thème du livre et les jeunes victimes qu'on y croise. 

- Le titre initial citait, me dites-vous, Ted Bundy. Sans trop en révéler, quelle est ici la place de ce fascinant tueur en série ?

- G.P. : C'est une simple référence, il n'a pas de place à proprement parler dans le roman, même si on y croise des personnages de son acabit. Mais il représente le mal à l'état pur, un thème qui hante le personnage principal, Al Seriani, qui n'a de cesse de vouloir le comprendre. Dans le livre, il se prend d'amitié  pour un prêtre -une amitié basée sur la fascination de la pureté que celui-ci est censé représenter-, et qui, lors d'une de leurs conversations, lui dira:

Le mal, comme le bien, est indestructible. Vous trouverez l’harmonie quand vous aurez accepté la présence du mal et cessé vos inutiles tentatives de vouloir le détruire pour apprendre à vivre avec.

Vous pensez donc que je ne devrais pas essayer de comprendre ?

Non, ce que je pense est que vous ne cherchez pas la réponse au bon endroit.

J’aurais pourtant pensé qu’une église était l’endroit idéal pour ce genre d’affaires.

Non, pour comprendre le mal il ne faut pas chercher en Dieu, il faut chercher en soi. 

- Comment peut-on acquérir votre roman ? 

- G.P. : Pour le moment, le livre est disponible sur Amazon. 

Pour en savoir plus sur ce thriller, et visionner la bande-annonce, rendez-vous sur le site de Gipsy Paladini

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26 mai 2015 2 26 /05 /mai /2015 04:55

Depuis près de vingt-cinq ans, Stéphane Bourgoin s'est forgé une réputation de spécialiste des tueurs en série. Auteur de nombreux livres sur le sujet, il a également publié plusieurs almanachs du crime. Le principe : à chaque jour de l'année, correspond un fait divers ou un épisode de la vie d'un criminel. Il peut s'agit de "brèves" autour de meurtres, ou de textes plus détaillés. Certaines affaires font partie de longue date de l'Histoire du crime. D'autres cas sont bien plus contemporains, pas moins horribles que les crimes d'autrefois. En voici quelques exemples, montrant la diversité des faits divers évoqués.

14 février 2013. En Afrique du Sud, un homme tue son épouse à coups de couteau, avant de la décapiter avec une hache et une scie. Il est dénoncé à la police par son fils de quinze ans qui a assisté à la scène. La tête est retrouvée dans une baignoire… Le père voulait emporter la tête dans le KwaZulu-Natal, pour participer à un rituel de magie noire afin de devenir riche. Étonnante façon de célébrer la Saint-Valentin.

Le 21 mars 1967, libération conditionnelle de Charles Manson qui vient de purger sept ans de prison pour des chèques falsifiés. Deux ans plus tard, des membres de la Famille, dont il est le gourou, commettent les meurtres de Sharon Tate et de ses amis, ainsi que des époux LaBianca. S.Bourgoin présente ici une fable cruelle écrite par Charles Manson.

1er avril 2014, on nous rappelle le cas de Geoffroy Dameure "le Cannibale de Romainville" relâché à cause d'une erreur de procédure. Une enquête de la caisse de retraite au sujet du père de Geoffroy Dameure, que des voisins décrivirent lui-même "comme un homme taciturne, aux cheveux longs et à la barbe hirsute", permit d'effrayantes découvertes dans la cave. Il s'agissait des restes de sept cadavres, visiblement cuisinés par le suspect. Stéphane Bourgoin en profite pour s'interroger, en trois questions, sur le cannibalisme.

Le 7 juin 1977, Ted Bundy s'évade pour la première fois d'une prison du Colorado. Il est repris quelques jours plus tard, mais parvient à s'échapper à nouveau le 30 décembre de la même année. Le plus célèbre des serial killers est exécuté le 24 janvier 1989 en Floride, pour trois meurtres. Il était suspecté d'une vingtaine d'autres crimes aux États-Unis, et d'une série de vingt-huit assassinats au Canada.

Au 18 juillet 1981, on revient en détail sur un criminel moins connu, Jack Henry Abbott. Abandonné dès l'enfance, à partir de l'âge de douze ans, il ne fréquente que des maisons de redressements et la prison, devenant bientôt "une bête féroce". C'est grâce à l'écrivain Norman Mailer et à des amis célèbres qu'Abbott bénéficie d'une libération conditionnelle, qui devrait l'aider à quitter ce cercle de violence qu'est sa vie. Mais en juillet 1981, il tue sans motif sérieux un jeune employé de restaurant à Greenwich Village. Il prend la fuite à travers le pays, mais sera rattrapé et condamné. Le livre "Dans le ventre de la bête" raconte son histoire. Norman Mailer resta fasciné par ce personnage si dangereux.

Stéphane Bourgoin : La Bible du crime (Éd.de La Martinière, 2015)

Le 9 octobre 2014, un condamné à mort est libéré après neuf ans de prison, dont quatre dans le Couloir de la mort au Texas. Manuel Velez fut condamné pour le meurtre de son bébé d'un an, alors qu'il travaillait sur un chantier à plus de mille kilomètres de là. Cet immigré hispanique au faible QI, ne lisant pas l'anglais, avait signé une confession sans en connaître le sens. Par contre, sa petite amie avait des antécédents de maltraitance sur enfants. Un cas comme celui de Manuel Velez n'est pas rare aux États-Unis.

Le 14 décembre 2012, c'est de tuerie collective dont il est question. Le jeune Adam Lanza souffrait de troubles du comportement, mais suivait une scolarité à peu près normale, sans se mêler vraiment aux autres. Il est très habile pour démonter et installer des ordinateurs, et participe à des jeux vidéos guerriers. Depuis quelques temps, ses rapports avec sa mère Nancy se sont détériorés, mais personne ne semble avoir prévu ce qui arriva. Le 13 décembre, Adam Lanza abat sa mère qui revenait de vacances. Le lendemain, il tue vingt enfants et six adultes à l'école Sandy Hook de Newton.

Cet éphéméride criminel nous parle aussi bien de la naissance d'Elizabeth Short ("le Dahlia Noir") le 29 juillet 1924, que celle de Clyde Barrow le 24 mars 1909, revenant avec détails sur la carrière tumultueuse de ce dernier. Il faudrait encore citer l'histoire d'Ed Gein, assassin des années 1950 et incendiaire, qui inspira à Robert Bloch le personnage de Norman Bates pour "Psychose". Et aussi le cas de ce jeune admirateur d'Hannibal Lecter qui, le 9 janvier 2008, poignarda à mort son frère et sa sœur ados ainsi que leur mère. Du début à la fin de l'année, ce sont donc 365 faits véritables qui sont recensés dans cet ouvrage. Si on peut le lire petit à petit, on a tendance à se passionner pour ces histoires de crimes pas si anecdotiques.

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