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26 janvier 2008 6 26 /01 /janvier /2008 09:44

Voici deux premières chroniques de Dasola, qui en 
présentera ponctuellement sur ce blog

Racines amères - Claude Amoz

Je viens de lire un recueil de 11 nouvelles, Racines amères de Claude Amoz (parues aux Editions de poche Rivages/noir) [...] Chaque nouvelle fait entre 5 pages (les plus courtes) et 20 pages et met en scène des gens ordinaires dont on apprend qu'ils ont un passé souvent douloureux. Les deux conflits mondiaux (1914-1918, 1939-1945) ainsi que la guerre d'Algérie ont joué des rôles importants, ou alors, au sein d'une famille, une tragédie domestique est survenue. Ces nouvelles montrent que même dans le présent, le passé est toujours là, ou bien alors, il ressurgit d'un moment à l'autre. Très bien écrit, ce recueil donne envie de découvrir d'autres oeuvres de cet auteur qui est une femme. Son nom de plume, Claude Amoz, est un pseudonyme. [Avril 2007]

La gigue des cailleras - Pascal Jahouel

[...] J'ai eu la chance de lire La gigue des cailleras (racailles en verlan) parue aux Editions Krakoen. Ce polar savoureux, deuxième ouvrage de Pascal Jahouel (rouennais de naissance), se caractérise par la langue crue, très imagée, populaire et parfois en verlan. Un dénommé La Rouille est victime d'une défenestration d'un quinzième étage dans la Cité des Moineaux, cité dortoir où la majorité de la population bigarrée est victime du chômage avec les dommages collatéraux de l'alcool et de la violence. L'histoire se passe à Rouen et sa banlieue et fait une incursion au Havre. Le narrateur du livre, Bertrand-Hilaire Lejeune, BHL pour les dames, inspecteur de police, enquête sur ce fait malheureux. Tous les personnages rencontrés sont truculents et souvent attachants, tant les flics que les autres.

La lecture de ce livre me fait par la même occasion découvrir un "petit" éditeur inconnu du grand public. Les Editions Krakoen http://www.krakoen.com/ sont situées dans le département de la Seine Maritime, elles vendent elles-même leurs ouvrages par correspondance et sont depuis tout récemment distribuées par Calibre http://www.calibre.fr/ société de distribution créée en janvier 2007. [Juillet 2007]

© http://dasola.canalblog.com undefined

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26 janvier 2008 6 26 /01 /janvier /2008 09:42

Claude AMOZ


En quelques titres, Claude Amoz a su imposer une tonalité personnelle qui ne peut laisser aucun lecteur indifférent. Elle raconte des histoires aussi sombres que captivantes, psychologiquement très fortes. Sans doute ses romans denses aux ambiances déroutantes peuvent-ils nous déstabiliser. Cette originalité a été saluée par plusieurs jurys de prix littéraires.

Claude Le Nocher : Ton premier roman (Le Caveau, 1997) a reçu le prix Sang d'Encre au Festival de Vienne. Fière de cette reconnaissance immédiate ?

Claude Amoz : Fière, je n'oserais pas (je m'en sens quand même un peu indigne!). Pleine de gratitude surtout. Je signale seulement que la reconnaissance a été moins « immédiate » qu'elle n'en a l'air dans la mesure où j'ai longtemps galéré (des années) avant d'être publiée. 

[Rappelons que Bois-Brûlé (2002) a obtenu le Prix Mystère. Etoiles cannibales (2003) a reçu le Prix du Polar SNCF]

Quête d'identité et passé douloureux sont tes thèmes de prédilection ?

C.A.: Au départ, ce n'était pas un projet calculé ; ce sont les lecteurs qui m'ont fait prendre conscience de la récurrence de ces thèmes. Pourquoi? Sans doute parce que j'ai rarement rencontré des adultes qui ne soient pas, quelque part en eux, des enfants blessés mal consolés et mal grandis (moi la première).

Tu es sombre dans tes romans, alors que tu sembles souriante dans la vie. Es-tu de nature optimiste ou pessimiste ?

C.A.: Difficile à dire. Le « connais-toi toi même » est encore l'injonction la plus difficile à réaliser. Peut-être que les romans « noirs » me permettent d'exorciser ma face sombre. De plus, on m'a appris que la suprême politesse, c'est de faire bonne figure, quoi qu'il se passe à l'intérieur. Alors le sourire...

Tu parais beaucoup aimer écrire des nouvelles ? [Racines amères (2002), Tours de clef (2004), Pour te garder (in Le Rose et le Noir, 2004)… ]

C.A.: En effet. C'est un genre que je n'appréciais pas tellement autrefois, en tant que lectrice (j'aime les créations longues, m'immerger pendant des heures dans l'univers d'un écrivain), mais depuis qu'on m'en a commandé, je me suis prise au jeu et je goûte maintenant beaucoup les textes courts. 

Quand tu rencontres tes lecteurs, quels compliments ou reproches t'adressent-ils ?

C.A.:Les principaux reproches: c'est sinistre, ça fout le blues, les personnages sont bloqués dans le passé, on étouffe, il n'y a pas d'avenir, pas d'humour... Le compliment qui me fait le plus plaisir: quand les gens disent (parfois) qu'ils se retrouvent dans certains de mes personnages.

Si on ne doit lire qu'un seul de tes livres, lequel et pourquoi ?

C.A.: Mon préféré, c'est Dans la tourbe (mais c'est le plus cafardeux). Sinon, Bois-Brûlé, où se rencontrent pas mal de mes obsessions (le poids du passé et de l'histoire, les jalousies inavouées, les mensonges...); et il est plus facile à lire, plus polar, que Dans la tourbe.

As-tu une technique de travail (rigueur des horaires, silence monacal, documentation abondante…) ?

C.A.: Les horaires ?  Dans l'idéal: je devrais écrire tous les jours, à heure fixe (pour moi, le matin). Mais dans la pratique, je traverse des zones, plus ou moins longues, et toujours éprouvantes, de silence. Et puis, quand la magie veut bien revenir, ce sont des heures et des heures de travail intense et joyeux. Je me reconnais tout à fait dans cette interview de Camus:

« La création est une discipline intellectuelle et corporelle, une école d'énergie. Je n'ai jamais rien fait dans l'anarchie ou l'avachissement physique

- Travaillez-vous régulièrement? - Je m'y efforce. Quand tout va bien, quatre ou cinq heures au début de chaque journée. Quand tout va mal... » (Essais, bibliothèque de la Pléiade, p.1921; j'aime beaucoup ce "quand tout va mal"...)

Le silence monacal ? En général, je ne mets pas de musique chez moi quand j'écris (s'il y a de la musique, je l'écoute et ne suis plus disponible à l'écriture), mais je ne suis pas maniaque, et peux travailler dans un bar plein de monde et de bruit.

La documentation abondante ? Oui, absolument. Et je vais sur place en « repérage ». Par exemple, pour Bois-Brûlé, qui se passe en Argonne, j'ai parcouru la région à pied (les gens du coin m'ont prise pour une folle!), me suis perdue (comme mon personnage) dans une forêt encore marquée par les tranchées de la Grande Guerre, ai risqué ma vie (j'ai tiré sur des bouts de fer qui auraient bien pu être les goupilles de grenades)... Heureusement, la ville d'Etoiles cannibales est imaginaire, il me suffit de fermer les yeux pour la voir (mais je me suis documentée sur les foyers pour S.D.F où j'ai moi-même travaillé, il y a longtemps).

Quelques commentaires avisés au sujet des romans de Claude Amoz.

Sur Le Caveau: « … son récit, qui fait la part belle à la psychologie, explore l'âme humaine avec virtuosité ; et les nombreuses fausses pistes tiennent le lecteur en haleine de bout en bout. Et l'écriture, répétons-le, est un régal. » (C. Mesplède, La Tête en Noir n°70, décembre 1997-janvier 1998)

Sur L'ancien crime : « Ce livre nous montre un monde de désespoir dans lequel nous reconnaissons nos villes et nos rues, nos habitudes et nos destinées, mais au travers d'un douloureux miroir noir. Les phrases sont belles, immédiates, et ne souffrent d'aucune impureté… » (N. Tribondeau, L'Année de la Fiction volume 11, Ed. Encrage 2003)

Sur Dans la tourbe : « Claude Amoz écrit comme si elle apposait sur l'intrigue une mousseline, un voile transparent qui laisserait apparaître le temps d'une phrase la signification profonde de son propos. Puis tout s'estompe, brume qui se déchire pour mieux se reformer et englober dans un rets un paysage qui se déforme au fur et à mesure que le lecteur avance dans l'intrigue. » (P. Maugendre, La Tête en Noir n°78, avril-mai 1999)

Sur Bois-Brûlé: « Comme dans les précédents romans de Claude Amoz […] le passé pèse lourdement et douloureusement sur les cœurs et sur les lieux du drame… une ambiance angoissante et fantomatique qui renforce l'empreinte durable que laisse ce livre dans l'esprit du lecteur. » (J.-C. Alizet, L'Année de la Fiction volume 12, Ed. Encrage 2004)

© Claude Le Nocher

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22 janvier 2008 2 22 /01 /janvier /2008 09:45

HERVE JAOUEN

Né à Quimper en 1946, il fut directeur d’agence bancaire avant de se consacrer à la littérature. En 1979, avec La mariée rouge et La chasse au merle, il s’impose commeundefined un auteur majeur du néo-polar. Il obtient le Prix du Suspense 1982 pour le singulier Quai de la Fosse. Plusieurs titres sont publiés au Fleuve Noir dans la collection Engrenage. A noter, deux romans de science-fiction sous le pseudo de Michael Clifden, et un policier signé Michael Ennis : Le voleur de jeans (1983). De 1984 (Le crime du syndicat) à 1999 (Merci de fermer la porte), onze romans sont publiés chez Denoël, dont : Hôpital souterrain (1990, Grand Prix de Littérature Policière), Connemara Queen (1990), Flora des embruns (1991), Le Fossé (1995), L’allumeuse d’étoiles (1996, Prix Populiste). En 1994, son roman Les endetteurs (Stock) dénonce les pratiques bancaires au détriment de la clientèle. Son champ littéraire évolue et s’élargit. Il est l’auteur d’une dizaine de romans-jeunesse, dont Mamie mémoire (1999, Prix Chronos 2000, Prix des Incorruptibles 2001). En littérature de voyage, il publie Journal d’Irlande (1984, Prix des Ecrivains Bretons) et un second tome en 1990, ainsi que Chroniques irlandaises (1995). En outre, il a écrit des textes pour des livres d’art, et traduit deux romans Irlandais. Il obtient le Grand Prix Bretagne 2002 pour Que ma terre demeure (2001, Presses de la Cité). Entre l’influence irlandaise et celle du terroir, il publie plusieurs romans chez cet éditeur. En 2006, il s’inspire de la « catastrophe judiciaire » d’Outreau pour Les ciels de la baie d’Audierne. En 2007, il a publié un roman de terroir Les filles de Roz-Kelenn, s'inspirant largement de l'histoire de sa propre aïeule (coll.Terres de France). Hervé Jaouen est assurément un écrivain de grand talent.

 

Extrait de son interview sur www.rayonpolar.com (octobre 2005)

 

Claude Le Nocher : Dans plusieurs romans, vous dénonciez les procédés bancaires amenant à l’endettement. Pensez-vous que cela s’est amélioré depuis ?

Hervé Jaouen : « Les Endetteurs » a été publié en 1994, mais j’avais commencé à prendre des notes depuis longtemps, pendant mes dernières années de mi-temps à la banque. J’étais écoeuré par les nouvelles pratiques de ventes et par les situations catastrophiques qu’elles provoquaient. Ce livre a été un véritable coup de tonnerre dans le monde bancaire. Le téléfilm qui a été réalisé aussitôt (Crédit-bonheur), et diffusé quatre fois (un record), a beaucoup fait parler de lui. J’ai reçu un tas de lettres de gens surendettés qui me prenaient pour un avocat. Mais bon, si j’en crois les statistiques, la situation n’a fait qu’empirer. Le système est le plus fort et les individus de plus en plus faibles : je veux parler de la nouvelle génération de vendeurs, formés dans les écoles de commerce, qui n’ont aucun état d’âme. « Les Endetteurs » étant épuisé depuis presque dix ans, je me dis qu’il serait bon de l’actualiser et de le rééditer.

 

Claude Le Nocher : L’injustice et les dérapages judiciaires vous inquiètent-ils ?

Hervé Jaouen : Il me semble que dans tous mes romans, même mes romans « de la terre », j’écris contre quelque chose. J’ai besoin de dénoncer. L’injustice sous toutes ses formes ? C’est un peu grandiloquent, ça fait auteur engagé (or, à mon sens, un écrivain ne peut pas l’être, rappelons-nous cette phrase de Malraux : « La politique est la pierre accrochée au cou du roman »). Je préfère l’expression « écrire contre ». Les dérapages judiciaires m’ont toujours fasciné, ainsi que leur traitement par les écrivains, que ce soit « Le Procès » de Kafka ou les bons vieux polars américains sur le thème du faux coupable. Qu’y a-t-il de pire que d’être innocent et de ne pas pouvoir le prouver ? En suivant l’affaire d’Outreau, je me suis aperçu qu’aucun journaliste ou presque, ou sinon en quelques lignes, n’avait abordé la question des enfants des innocents. Comment ces gosses ont-ils pu vivre l’infamie ? Quels dégâts la fausse accusation a-t-elle pu causer dans leur conscience ? J’ai donc imaginé d’écrire un roman de faux coupable écrit non pas comme un polar (ça aurait pu se faire) mais du point de vue d’une fille de 15 ans qui voit ses parents arrêtés et accusés de l’innommable, et raconte à la première personne, comme elle écrirait son journal, la destruction de sa famille et sa propre destruction. Cette façon de faire permet d’évacuer « le judiciaire » (la procédure) pour se concentrer sur l’émotion. Il me vient à l’idée que le thème du faux coupable me trotte dans la tête depuis belle lurette. Il y a vingt ans, j’ai écrit un « Souris noire » qui n’était rien d’autre qu’une histoire de faux coupable : un papa accusé d’assassinat, un petite fille qui sauve son papa.

 

Claude Le Nocher : Vous donnez l’impression d’un besoin de beaucoup écrire. Est-ce le cas ? Dans quelles conditions écrivez-vous (silence, horaires, documentation) ?

Hervé Jaouen : Si je compte bien, je n’écris pas plus qu’Amélie Nothomb : grosso modo un roman par an, plus, c’est vrai, quelques livres pour la jeunesse et mes notes de voyage en Irlande. Il se trouve que j’ai la chance (ou la malchance, si on pense qu’écrire me prive de pas mal de loisirs ?) d’avoir une inspiration galopante. Dans mes tiroirs, j’ai en ce moment des projets d’écriture pour les dix prochaines années, au minimum. Quand je termine un roman, je dis à chaque fois (ma femme pourrait témoigner) que je vais prendre trois mois de vacances. Trois jours plus tard, j’attaque un nouveau livre… Oui, j’ai besoin d’écrire. Sans doute pour me sentir en vie. On peut vieillir très vite. D’où un sentiment d’urgence : accoucher de tous ses projets avant d’en être incapable. C’est sans doute pourquoi je suis un écrivain très discipliné, qui ne tient pas à gâcher une puissance de travail encore intacte. J’écris tous les jours, à heures fixes (9 heures/15-16 heures), parfois avec facilité, parfois dans la difficulté, mais toujours à la fin de la journée j’ai produit quelque chose. Dix lignes ou cinq pages. Ensuite, je fais ce que j’appelle du sport utile, surtout en automne et en hiver. J’entretiens le vaste terrain qui entoure notre maison. Je défriche, j’abats des arbres, je tronçonne, je fends du bois. Ces gestes me plaisent. Je me sens en harmonie avec la nature. Autrefois, au printemps et en été, j’allais pêcher à la mouche… Oui, j’ai besoin de silence et de calme. La documentation ? Juste ce qu’il faut. Il faut se méfier de la documentation. Un roman n’est pas un essai. Suggérer est bien plus fort qu’assener. Si j’ai besoin de documentation, je lis ce qu’il faut, mais au moment d’écrire le roman je range cette documentation et ne retiens qu’une partie de ce que ma mémoire en a gardé.

 Lire l'intégralité de l'interview sur www.rayonpolar.com

 

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20 janvier 2008 7 20 /01 /janvier /2008 14:50

TERMINUS !
Evocateur, le mot “terminus” apparaît dans certains titres de romans. 
Quelques exemples...

« Terminus » (Denoël, 1980) est le titre d’un roman de Boileau-Narcejac. Paul Chavagne est chef de brigade du wagon-restaurant du Mistral. Il voyage de Paris à Nice, et retour. Il a décidé de quitter sa femme, Lucienne, plus jeune que lui. Il lui a laissé une lettre de rupture. Chavane est bientôt prévenu que son épouse a été victime d’un grave accident. Une tentative de suicide ? Ce ne semble pas être le cas. Le rôle de son ami Ludovic paraît plutôt énigmatique… undefined


















Roland Sadaune utilisa ce mot pour deux titres. En 2002, il écrit « Terminus Finistère » (Editions du Bastberg). Un tueur en série s’attaque à des agents immobiliers. L’un d’eux, yves Madec, se sent de plus en plus menacé. Le policier Pélotti tente de comprendre cette curieuse affaire. En 2006, Sadaune publie « Terminus St-Lazare » (Val d’Oise Editions) dont voici un petit résumé : La mort est entrée en gare à St Lazare. Piqué par une seringue contenant de la digitaline, un certain Choly a été assassiné dans un train de banlieue. Tom Franklin, 40 ans, capitaine à la Brigade Criminelle, est chargé de l’affaire. La victime était un jeune artiste peintre. On lui avait commandé des illustrations des gares parisiennes pour un calendrier. Son ami montmartrois Bob Lacafetière n’en sait pas plus. Franklin recense un autre cas similaire. Quelques semaines plus tôt, un nommé Vartel serait mort d’une overdose dans un train, à Montparnasse. Lui aussi était peintre, également amoureux de l’univers ferroviaire. Tandis que ses adjoints étudient les indices, Franklin consulte un ouvrage sur les grands peintres, qui peut l’aider. La piste d’une personne portant un sac 13e Rue, vue au côté de Choly, mérite d’être exploitée…

« Terminus Brocéliande » de Renaud Marhic (AK Editions, 2007) est absolument singulier, se présentant comme un Polar Féérique. Christophe R., jeune étudiant rennais, a disparu au cœur de la forêt de Brocéliande. Mac’Herig, profiler hors normes, est mandaté par la mère de l’étudiant pour retrouver sa trace. Le disparu semble s’être perdu dans un monde parallèle, ce Méta-Monde où il recherchait la troublante Linoï. S’agit-il d’un simple jeu, basé sur les légendes anciennes ? L’enquêteur doit décrypter indices et témoignages pour comprendre cet étonnant puzzle. Au risque de se tromper quand même…

Si Ange Bastiani fut un auteur moyen, « Terminus cimetière » (Un Mystère, 1961) reste un de ses bons romans. Un employé de pompes funèbres se trouve mêlé aux affaires pas très claires de son patron. Il doit récupérer un précieux colis, et affronter des truands nerveux. Il récolte quelques mauvais coups, sans être sûr de plaire à l’épouse (qu’il aime en secret) de son employeur…

« Terminus nuit » de Patrick Pécherot (Série Noire, 1999) : Le journaliste Thomas Mecker et un ami policier enquêtent sur le meurtre d’un militaire. Selon un portrait-robot, le coupable pourrait être aussi l’auteur d’un attentat au parc EuroDisney. En réalité, un groupe d’activistes fachos sème le désordre, afin d’en tirer parti politiquement. Parmi ces gens se trouvent d’anciens copains des deux enquêteurs…

« Terminus Elicius » de Karine Giebel (Rail Noir, 2004) : Dans la région de Marseille, le policier Esposito traque un tueur en série prenant pour cible des jeunes femmes. Jeanne trouva dans le train une lettre de l’assassin, signée Elicius (autre nom de Jupiter). Le criminel impressionne Jeanne. Esposito trouve un point commun entre les victimes, l’école de commerce qu’elles ont fréquenté. Jeanne risque d’être considérée comme complice du tueur, qui a un sérieux motif de se venger…

« Terminus Hollywood » d’Helen Knode (Rivages, 2003) : Journaliste spécialisée dans le cinéma, Ann enquête sur la mort de la scénariste Greta. Quand elles s’étaient rencontrées, Greta avait évoqué un ambitieux projet de film. Avec l’aide de l’incorruptible policier Lockwood, Ann tente de découvrir la vérité. Jalousie entre auteurs, au sujet d’un scénario s’inspirant d’un faits divers réel ? Pas sûr, car il est aussi question de chantage dans cette affaire. Un bordel sado-maso et d’anciens studios de cinéma cachent des secrets concernant un crime ancien…

« Terminus Ararat » de Maurice Gouiran (Jigal, 2006) : Clovis Narigou, ex-journaliste devenu berger dilettante, ne songe qu’à vivre peinard dans ses collines de l’Estaque, à l’écart du monde et de ses travers, seulement entouré de ses chèvres et de ses amis. Mais l’ami Raf, flic de son état, passe par là avec ses histoires abracadabrantes. Une secte envahit Marseille, déstablise la jeunesse. Un gosse est enlevé par on ne sait qui. Un archéologue est obligé d’escalader l’Ararat. Une histoire à dormir debout ? C’est reparti pour Clovis. Des ruines d’Aphrodisias aux musées d’Istanbul, de l’ancienne Arménie aux pentes de l’Ararat, Clovis se retrouve, sans bien comprendre pourquoi, aux prises avec une bande de cinglés aux ordres de puissants créationnistes états-uniens…

« Terminus Pondichéry » d’Hubert Huertas (Presses de la Cité, “Sud Lointain”, 2006) n’est pas un polar. C’est un roman assez singulier, non dénué de suspense. En voici un petit résumé : Possession française, Pondichéry était encore un des comptoirs de l’Inde… En 1948, naissent le même jour trois enfants. Sandjiv Moreau est le fils du médecin-chef français de l’hôpital, colonial alcoolique, et de sa pieuse épouse. Kanda-Koumarane est celui du médecin adjoint, Indien militant, et de sa femme Devika, insatisfaite de sa propre vie. Anandita est la nièce de Nanda, ‘ambulancier cyclomobile’ . Stérile, cet intouchable a adopté le bébé peu désiré par sa famille. Nanda devient le précepteur des trois bambins. Il les a placés sous la protection du dieu Ganesh, emblème de son cyclopousse. La transition vers l’indépendance de Pondichéry, ce sont huit années d’une situation politique incertaine. Chaque habitant devra choisir, rester Indien ou quitter le pays : l’Option les obsède. Les enfants grandissent ensemble sous l’œil de Nanda. Grâce à ses innocentes manigances, il réussit à faire accepter Anandita à l’école chrétienne. Si la fillette utilise un langage très cru, elle apprécie quand même sœur Gilberte. Nanda profite de la scolarisation de sa ‘presque-fille’ pour apprendre à lire. Curieux par nature, il s’avère un boulimique de lecture. Sachant écrire, il entreprend de rédiger ses mémoires. Tandis que leurs pères dérivent vers les excès politisés ou éthyliques, les deux garçons sont maintenant amoureux d’Anandita. Pour la conquérir, l’un et l’autre deviennent musiciens. Nanda, lui, finit par satisfaire les désirs intimes de Devika, la mère de Kanda-K. Quand vient l’indépendance, les enfants se séparent. Anandita se réfugie dans l’austérité religieuse…

Quelques romans, polars ou non, utilisant TERMINUS dans leur titre :

« Terminus pour les pitt-bulls » de Jean-Noël Blanc (Seuil, 2001) est bien un roman à suspense. « Terminus Montparnasse » de Michel Renouard (Editions du 28 août) a pour base le meurtre d’un criminologue dans le TGV. « Terminus grand large » d’Hélène Montardre (Pocket Junior) est un roman jeunesse : Un homme fait les cent pas devant un immeuble. Un médaillon est trouvé par terre. A l’intérieur, le portrait d’une jeune femme aux yeux couleur violette. Quel rapport avec l’homme mystérieux ? Flora et Aurélie enquêtent. « Rade Terminus » de Nicolas Fargues (Editions P.O.L.) a pour cadre Diego-Suarez, à Madagascar. « Terminus » est le titre d’un recueil de nouvelles de Jean Durin (L’Harmattan, 2006). « L’Enfant-Terminus » est un roman de Sylvia Moreno (Editions Favre).  

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20 janvier 2008 7 20 /01 /janvier /2008 14:48

ANIMAUX & POLARS

DES SERPENTS...

André Lay, qui utilisa souvent des décors exotiques, évoqua plusieurs fois les serpents dans ses romans. Dans « Sang et eau » (Fleuve Noir 1966), le héros et son amie traversent les bayous de Louisiane sur un canot. Ils y croisent non seulement de dangereux caïmans et de menaçantes tortues, mais aussi un crotale – ou serpent à sonnettes. Un adroit coup de feu résoudra la question, au grand soulagement de la jeune femme… La même espèce de serpents est évoquée dans « Mon ami le crotale » (Fleuve Noir 1972). Cette histoire se passe dans le désert du Colorado où, après cinq ans de prison, un homme attend ses anciens complices. Le classique partage du butin finira mal, y compris pour un policier véreux. Le crotale joue ici un vrai rôle : il vengera le héros… Toujours d’André Lay, l’imposant commissaire vénézuélien Perello Vallespi est confronté, lui, à un anaconda dans « Vallespi chasse la sorcière » (Fleuve Noir 1070). Enfermé par une femme inquiétante dans une cage, le bouillant policier risque d’être attaqué par l’impressionnant serpent. L’illustration de Michel Gourdon pour « Cette mort qui nous guette » d’André Lay toujours (Fleuve Noir 1966) donne à penser qu’il y est encore question de serpent.

« Les quatre vipères » de Pierre Véry (rééd.Julliard 1971) fait allusion à « quatre vipères de cristal diffusant un parfum subtil, vite surnommé par la presse l’Odeur Funèbre » nous dit la présentation de ce roman. Extrait, page 32 : « Sur la table, un serpent ! Long de quinze centimètres environ, de la grosseur du pouce, il se tenait immobile, lové, sa tête tournée belliqueuse ment vers moi (…) C’était une vipère, avec un V marqué sur sa plate tête triangulaire et une expression de méchanceté inexprimable dans ses prunelles pâles. Mais c’était une vipère de cristal… »

« L’œil du serpent » de Georges-J.Arnaud (Fleuve Noir 1974) met en scène un couple de routards se sentant poursuivis jusqu’à Toulon par un quidam inquiétant, qu’ils surnomment « l’homme à l’œil de serpent ». Une fois arrivés, ils ont sans doute tort de se croire de se croire en sécurité – protégés par le « cercle magique » du jeune homme. L’affaire est sérieuse. Ici, pas de vrai serpent, mais un œil très particulier.

On appréciera également le bon jeu de mot de James Carter pour son titre : « Le serpent d’Hipporate » (Fleuve Noir 1975) qui se passe dans le milieu médical. On peut citer aussi « Le piège aux serpents » d’Adam Saint-Moore (Fleuve Noir 1959). 

DES CHEVAUX...

Le cheval et son univers ont été trop peu exploités dans la littérature policière. Il est vrai que le dernier siècle a vu la raréfaction de cet animal. Le cheval ne fait plus partie de notre vie quotidienne depuis longtemps. Le policier historique l’a parfois réhabilité. Comme dans le roman « Dixie » d’Emmanuel Errer (Ed. Carrère, 1987) où l’on suit la longue chevauchée de Sudistes qui, en 1865, complotent pour enlever le président américain Abraham Lincoln – qui fut finalement assassiné. Une intrigue bien pensée et documentée.

Erle Stanley Gardner mérite d’être cité pour « La danseuse et le cheval » (Un Mystère 1951). Une artiste souhaite retrouver son cheval, ainsi décrit : « Un hongre alezan, mesurant un mètre soixante, avec une balzane blanche au membre postérieur droit. Il a une étoile blanche sur le front… » Mais c’est bien une affaire de meurtre – et un éventail taché de sang – qui compliqueront ce dossier traité par Perry Mason... Les courses de chevaux sont-elles la principale manière d’évoquer cet animal ? On pourrait le penser en lisant l’œuvre de l’anglais Dick Francis. Selon sa bio, il fut jockey, puis chroniqueur hippique. Il se spécialisa dans ce thème, raconta les dérives diverses de ce milieu. Parmi tous ses titres sur le sujet, on se souvient de « Panique au pesage » (Série Noire, 1964). Sam Krasmer, dans les aventures de Sam et Sally signées M.G.Braun, fut aussi un grand amateur de champs de courses. Il en est souvent question, en particulier dans « Des chevaux et des femmes » (Fleuve noir, 1971) où un jockey est menacé anonymement ; ou encore dans « Trois morts, un tiercé » (Fleuve Noir, 1967) où des gens pas tous honnêtes s’intéressent à un étalon reproducteur de grande valeur.

Les clubs équestres permettent aux amateurs d’assouvir leur passion du cheval. Un bon décor pour des récits criminels. En voici trois exemples :

Pour la collection L’Aventurier, Jacques Blois créa le personnage de Jacques-Octave d’Iseran, dit JOI. Avec son frère jumeau, il est éleveur et entraîneur de pur-sangs. Dans « Retour à l’envoyeur » (Fleuve Noir, 1967), il est sur la Côte d’Azur où ses chevaux sont engagés dans des courses. Il s’étonne que le mari italien d’une amie ait fait fortune en créant des relais équestres luxueux. Il enquête incognito, trouve bizarre la liste des chevaux proposés aux clients pour la promenade, découvre qu’il s’agit de prostitution, ce qui lui vaudra quelques coups sur la tête. A signaler, un autre roman du même auteur intitulé « A cloche-cheval » (Fleuve Noir, L’Aventurier, 1972). Pierre Nemours situa l’intrigue de « Du sang au double-oxer » (Fleuve Noir, 1978) dans un petit club équestre. Un vieux garçon d’écurie, ivrogne et malsain, ancien jockey, est tué par la ruade d’une jument nerveuse. L’enquête d’un capitaine de gendarmerie, lui-même cavalier émérite, le mène dans plusieurs clubs de la région où la victime fut employée. Un accident sans témoin, des chantages minables mais très rentables, des rivalités entre centres hippiques : une histoire très convaincante et fort bien racontée. Dans « Le mauvais bain »(Fleuve Noir, 1970) de Roger Faller, le héros épouse pour des raisons insolites une jeune femme dont le père – un alcoolique brutal – dirige un club équestre. Il s’entend mal avec son beau-père, mais va créer un bar boite de nuit pour les habitués du club. Certains y viennent avec des petites amies parfois un peu jeunes. Il faut calmer les perturbateurs, surtout celui qui joue au maître-chanteur. Deux morts – un accident, un suicide – la même nuit, cela ne peut qu’amener des ennuis à notre héros. Un très bon roman.

Citons pour terminer « Sur un p’tit cheval gris » (Supernoire, 1979) de Frank Parrish. Ici, le jeune et original héros est l’employé de deux anglaises octogénaires dirigeant une école d’équitation pour enfants de familles aisées. Le nouveau voisin, un bookmaker, tente d’obliger les vieilles dames à lui vendre leurs terrains. Elles résistent avec l’aide du jeune homme. Dans cette affaire, il est aussi beaucoup question d’abeilles (le titre anglais étant : « Sting of the honey bee »).  

ET D'AUTRES DRÔLES D'ANIMAUX...

« DES COLLETS POUR LES SOURIS » de François Baincy (1972, Fleuve Noir). Un remède efficace contre les rongeurs ? Non, des jolies infirmières sont étranglées en série. L’assassin déteste-t-il les femmes volages, ou veut-il supprimer sa compagne parmi les autres ? Rien de tel. Un double dénouement pour une enquête classique et bien construite.

« LA DAME AUX CORBEAUX » de Georges Tiffany (1970, Fleuve Noir S.P.785). Y évoque-t-on ces oiseaux maléfiques ? Oui, une femme mûrissante a deux plaisirs dans la vie : séduire de jeunes étudiants étrangers, et nourrir les corbeaux près de chez elle. Les jeunes disparus sont retrouvés en morceaux. La police enquête. Cette dame finira mal. Original, sanguinolent, et souriant. Un très bon roman.

« ATTENTION AU BARRACUDA » de Michel Lebrun (1963, Un Mystère 666). Un gros poisson exotique et dangereux ? Non, un requin des affaires se croit irrésistible auprès des femmes. Quand l’une d’elles se venge, il a de quoi s’inquiéter. Impossible de redevenir honnête en quelques semaines. Un roman bien ficelé de l’inoubliable Lebrun.

« LES CHIENS SONT LACHES » d’Adam Saint-Moore (1980, Fleuve Noir S.P.1549). Qu’en pensent les mordus du polar : toutous or not toutous ? Oui, des féroces dobermans assurent la sécurité nocturne d’un jeune héritier menacé, pendant que le flic privé saute sa sœur. Ce qui n’empêchera pas qu’il soit enlevé, et le maître des chiens assassiné. Au début, le discours facho du policier déçu peut déplaire, à juste titre. Sur la fin, il ne fait plus autant le malin. Un roman pro, solide, bien fait.

« ATTENTION AU CHEVAL BLEU » de Ben Benson (1953, Un Mystère 123). Un mustang du Far West, version punk ? Non, une statuette de l’époque T’ang (influence de Van Gulik ?) qu’un jeune brocanteur fauché propose à un milliardaire. Quatre morts, dont un flic. Un policier pur et dur, un brin désabusé, mène son enquête et s’oppose à un jeune collègue arriviste. Une intrigue de très bonne qualité.

« CHIENS ECORCHES » de G.J.Arnaud (1974, Fleuve Noir S.P.1143). Le meilleur ami de l’homme est-il en danger ? En effet : un voleur de chien alimente un trafic destiné aux laboratoires. Mais son jeune associé est moins cruel. Et un vieillard gênant va s’égarer dans la nature. Pour le trafiquant, tout est bon pour gagner de l’argent. Des faits divers réels servent de base à cette excellente intrigue. Du même auteur : « Un coup de chien » (1963, Fleuve Noir) Une enquête sur des chiens empoisonnés dans un quartier. Un flic besogneux s’en occupe, malgré les moqueries de ses collègues. Une affaire de rivalité professionnelle risquant de finir par un meurtre.

« NE TUEZ PAS LES PEKINOIS » de Roger Vilard (1983, Fleuve Noir S.P.1827). Elimine-t-on ici des Chinois ou de gentils petits chiens ? Oui : des vilains méchants motards paumés violent une femme, et tuent quatre chiens. La vengeance de leur maîtresse sera sans pitié, via un ancien flic. Que les chiens portent les noms des quatre mousquetaires reste le principal intérêt de ce livre même pas drôle.

« UN CHAT POUR CLIENT » d’Erle Stanley Gardner (1964, Un Mystère 717). Un matou s’adresse-t-il à l’avocat Perry Mason pour le défendre ? C’est à peu près çà : les héritiers d’un riche défunt menacent d’empoisonner le chat d’un vieil employé fidèle qui sera d’ailleurs assassiné. Pourquoi le patron a-t-il retiré un million de dollars de la banque avant sa mort ? Compliqué à souhait, comme tous les Perry Mason. Passionnant aussi. L’auteur évoqua souvent les animaux dans ses titres : « Le canari boiteux », « Le perroquet faux-témoin », « Le canard qui se noie », « Gare au gorille », « Les singes subtils », « L’hirondelle éplorée ».

« LE CHAT, LE BOULEAU ET LE PETIT MARTIN » de Pierre-Martin Perreaut (1980, Fleuve noir S.P.1580). Un fable avec un brave minet ? Oui : un conflit de voisinage, le chat d’une vieille dame est introuvable. Quand c’est le fils d’un jeune couple qui disparaît, l’affaire devient sérieuse. Kidnapping, fugue ou meurtre ? Un roman moyen de cet auteur parfois original)

« LA BICHE » de Geneviève Manceron (1956, Ditis-La Chouette n°36). Une bucolique histoire de cervidés ? Non : un braquage qui tourne mal près de paris, un flic abattu à La Bourboule, un autre menant l’enquête pour découvrir la criminelle se cachant sous le nom de «La Biche». Un roman sans prétention, qui se lit pourtant avec plaisir. L’auteur utilisait des noms d’animaux dans tous ses titres : « Les brebis tondues », « Anguilles sous roche », « La puce à l’oreille », « Pauvres petites crevettes ». En réalité, ce dernier titre évoque un tableau.

« LA CITE DES DOGUES » de Jean Failler (1998, Edition du Palémon 8). Des molosses peu sympathiques ? Simple jeu de mots ? En effet, l’aventureuse lieutenant de police Mary Lester va bien croiser ces chiens méchants lors d’une enquête à Saint-Malo. L’un d’eux va même l’attaquer, mais la petite a des réflexes.

« LES CAFARDS » de Brice Pelman (1971, Fleuve Noir S.P.911). Des idées noires ou des insectes inquiétants ? Oui, la malheureuse héroïne, après bien des avatars, sera enfermée dans une cave peuplée de cafards. Dans ces conditions, comment ne pas sombrer dans la folie ? Un excellent roman.

« LE MAMMOUTH A LA PEAU DURE » de Pierre Salva (1974, Eurédif Atmosphère n°69). Un roman préhistorique avec des monstres antédiluviens ? Non, le héros de cette série de petits romans est ainsi décrit par l’auteur : « Sous son air bovin, personne n’aurait cru qu’il était un remarquable inspecteur d’assurances, l’un des plus habiles de sa profession ». Un cousin du Gorille d’Antoine Dominique ?

« LA PUCE A L’OREILLE » de Michel Cousin (1963, Un Mystère/1973, Presses Pocket). Le héros se sent si bien dans cette propriété, auprès de la femme qu’il aime. L’arrivée de la famille et d’amis va gâcher son plaisir. Une mort supposée accidentelle, un meurtre. Le narrateur n’est pourtant pas un criminel. Quel rapport avec notre sujet ? Il suffit de lire jusqu’au bout cet astucieux roman, pas si classique.

« MAIS A QUI APPARTIENT VICTOR ? » de Mario Ropp (1980, Fleuve Noir). Oui, Victor est un chien, que personne ne reconnaît. Que faisait-il en compagnie de cette jolie jeune femme qui a noyé une voiture avant d’être accusée du meurtre de son mari ? De retour dans son quartier, où s’est-il enfui ? Une comédie policière traitée avec habileté. L’auteur titra souvent sur les animaux : « La panthère et le petit chien », « La route aux loups », « La mort en peau de phoques », « Le hérisson »,  « La nuit de l’araignée », etc...

 

© Claude Le Nocher

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19 janvier 2008 6 19 /01 /janvier /2008 10:39

CINQ FOIS CRIFO

 

Une sélection de cinq romans de Thierry Crifo...

 

« OBSESSION ELLE » (2004, Coll.Rail Noir)

En prison pendant quatre ans, Marc Voisin n’a pas cessé de penser à Eléonore. C’est à cause de son amour pour elle qu’il a été détenu. Il en sort aujourd’hui. Personne ne l’attend dehors. Ill ne veut pas être hébergé par des amis, refusant leur pitié. Dans le bus, à la gare, il retourne à la vie réelle. Dès ce premier jour, son but est la rue du Commerce. Eléonore habitait là ; elle y vit encore. Marc s’installe à l’hôtel Zola, au 2e étage, juste en face de chez elle, de la fenêtre de sa chambre.

Il y a quatre ans… Marc attendait Eléonore à la Gare de Lyon. Il lui offrait un voyage vers le Sud et le soleil. Elle n’était pas au rendez-vous. Bien qu’elle fut injoignable au téléphone, Marc ne paniqua pas : un malentendu, sans doute. Elle avait laissé sur le répondeur de Marc un message de rupture, pas hostile mais définitif. Il chercha à comprendre, la relança par courrier, rôda autour de chez Eléonore. Un soir, il s’énerva devant sa porte. Il frappa avec violence un voisin voulant le calmer. Ce sentiment d’abandon, il tenta de l’expliquer à son procès. La jeune femme n’y assista pas. On le décrivit comme immature et narcissique. Marc ne se pensait pas possessif : Eléonore l’avait trahiundefined, alors qu’il l’aimait... Il n'en a pas fini avec Elle...

En 2002, Thierry Crifo publia la nouvelle « Retour de flamme » dans le recueil « Billets brûlés » (Baleine). Voici une version longue de ce texte. Le sujet est simple : une brutale rupture. Mais, pour en évoquer les circonstances et les effets, l’auteur nous présente un récit subtil. Une histoire sombre et psychologique, très réussie. Le style personnel de Thierry Crifo ne manque pas d’une belle originalité.

 



« J’AIME PAS LES TYPES QUI COUCHENT AVEC MAMAN » (2004, Le Masque)

Bénédicte est une ado de 14 ans et demi, qui en paraît 18. Elle affiche un look gothique, tête rasé, vêtements informes masquant un joli corps qu’elle refuse. Son père est décédé depuis 8 ans. Elle vit avec sa mère, femme active. Plutôt, elles se croisent dans le même appartement. Souvent, elles ne se parlent que par messages téléphoniques. Parfois, Béné rencontre chez elles les amants de sa mère. Elle déteste ces « gros ventres » venant sauter sa mère dans « la chambre à niquer ». Béné voudrait une maman comme Meryl Streep, pas une telle salope... éné est attirée par les femmes. Elle aime sa copine Rosy, fiancée avec Marco. Et la belle Leïla du bar lesbien Chez Nénette. Et aussi Fanfan, batteuse d’un groupe hardcore.

Béné sait depuis 4 ans que son père s’est suicidé. Sa mère le lui avait caché. Une fois, Béné incendia la voiture neuve d’un amant de sa mère. Avec le même type, elle simula plus tard une agression sexuelle. Malgré un non-lieu, il ne s’en est jamais remis. Solitaire, Béné fait des films. Avec sa caméra, mais surtout dans sa tête. Bénédicte a disparu. Absente, sa mère alerte tardivement la police...

L’esprit tourmenté d’une ado habitée de profondes rancœurs n’est pas facile à décrire. Ce très beau portrait dépasse le simple « mal de vivre », exprimant toute la complexité de la jeune Bénédicte. Outre la psychologie, l’auteur propose aussi un subtil suspense autour de la disparition de l’héroïne.

 

« FEMMES DANS LA VILLE » (L’idée Bleue, 2006)

Recueil de deux nouvelles.

Les portes de la liberté. Maryse, 40 ans, sort de prison après trois ans de détention. Elle redécouvre la normalité, le plaisir d’un repas dans une brasserie et d’une après-midi sensuelle avec le serveur. Le soir, elle prend le train pour Paris. Elle remarque une jeune fille suspecte, qui dérobe bientôt le portefeuille d’un homme âgé. Maryse l’oblige à le rendre. Le vieux monsieur la remercie. A la gare Montparnasse, la jeune voleuse a été arrêtée. On désigne Maryse comme témoin. Elle refuse de dénoncer la fille. Vu sa situation, Maryse risque d’être impliquée. La policière qui l’interroge est compréhensive. L’avenir de Maryse s’annonce heureux…

Marguerite et les dimanches. Marguerite, 79 ans, est veuve depuis quelques mois. À Saint-Mandé, son appartement est bien ordonné. Restant très active, elle aide volontiers le voisinage. Elle a de vieilles copines, fréquente la Maison de Quartier. Elle participe à des activités théâtrales. M.Bertrand, l’animateur, l’attire plus que ce vieux dragueur de Gustave. Pour Marguerite, le dimanche est sacré. Ce jour lui rappelle tant de souvenirs liés à son défunt mari, Ernest. Et puis, il y a la coiffeuse et le marché. Ce dimanche-là, elle ne se réveille pas dans son état normal. Sortie hâtivement, elle ne retrouve plus ses repères. Marguerite est perdue…

Deux textes qui expriment une fois encore un réel plaisir d’écriture, caractéristique chez Crifo. Très réussis, ces portraits de femmes décrivent un moment majeur de leur existence. Deux histoires sensibles, attachantes, de belle qualité.

 

« FLAMBEUR » (Editions Le Passage, 2006)

Flambeur n’est pas n’importe quel quidam dans la foule anonyme. Il appartient à l’aristocratie des joueurs. C’est un as de la roulette, un champion des casinos, un roi des grosses mises. Les jeux d’argent sont toute sa vie. S’il perd, s’il doit retourner à un quotidien sans attrait, il n’existe plus. Dès qu’il en a de nouveau les moyens, quitte à s’endetter un peu, le frisson du jeu l’envahit. Sa destination préférée, c’est la Station Balnéaire. On y fait des efforts de promotion pour attirer la clientèle, en particulier les amateurs de jeux de hasard. Selon son rituel, Flambeur s’installe, se prépare. Au casino, il jauge les autres joueurs, flaire l’atmosphère. Il est dans son univers.

L’excitation monte. Flambeur sait gérer ses pulsions, pour que la chance soit avec lui. Des échecs, des déconvenues, il en a connu : cette fameuse course hippique qui pouvait lui rapporter le pactole, si le 4e n’avait été battu d’un rien ; ce « Tapis Vert » qu’il rata à cause du stress. Jouer à la Station Balnéaire, où se côtoient vacanciers, miss d’un jours, seniors, amants en week-end, autochtones commerçants : les sensations sont ici bien plus fortes. Près de Flambeur, ce Crétin gagne et frime, sans l’impressionner. Flambeur calcule et théorise. S’il est en veine, si la tactique est bonne, cette fois ce sera un coup magistral...

Ce très beau « portrait d’un joueur » n’est certes pas une histoire criminelle. Pourtant, le jeu assassin détruit la vie de Flambeur, héros solitaire et pitoyable qui se marginalise. Thierry Crifo peaufine ses descriptions des personnages ou de la Station Balnéaire. Le tableau n’est pas figé. L’action progresse par petites touches, ver l’inéluctable destin de Flambeur.

 

« PATERNEL A MORT » (Le Masque, 2006)

Cadre supérieur parisien surmené, le père de Sophie se montre exagérément protecteur avec sa fille majeure. Inventant des prétextes à ses absences, il passe des nuits entières à surveiller Sophie en cachette. Il admet mal que sa princesse intouchable, sa « liebellule », vive sa propre vie. Trop nerveux, il est parfois violent avec des inconnus. Il en oublie même l’anniversaire des 23 ans de Sophie. Son petit ami, ce Fred à barbichette fils de médecins, il ne l’aime pas du tout. Pourtant, Sophie et Fred déménagent pour habiter ensemble. Le père rôde autour du nouveau domicile de sa fille.

Il néglige sa femme Marthe et leur cadette Marie, 13 ans. Après de sévères disputes conjugales, Marthe pourrait bien se laisser tenter par le beau Marco, un copain de Fred. Sophie est heureuse dans son nid douillet pour petit couple normal. Epanouie, elle pense déjà à un bébé. Son père rumine ses souvenirs dans l’ancienne chambre de sa fille. Il écoute en boucle cette cassette qu’elle enregistra pour lui à 12 ans. Sa collègue Elisabeth “La Louve” cherche à le séduire : premier essai raté en club échangiste, puis rendez-vous au Lutetia qui se termine encore plus mal. Son idée fixe est incompatible avec le sexe. Son décalage avec le monde réel se creuse toujours davantage....

Il s’agit du magnifique portrait d’un père stressé, possessif à l’extrême, qui dérape jusqu’à l’inévitable drame. Ce récit noir, empreint de schizophrénie, est finement raconté. Des personnages fort glissant sur une pente fatale...

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19 janvier 2008 6 19 /01 /janvier /2008 10:30

Huit romans de Christian Denis

[contact : 06.79.45.04.43]

 

« BON A TIRER » (Liv'Editions, 2002)

Patrice est le véritable auteur des romans policiers signés par Balizaire, personnalité médiatique. Ce soir-là, Patrice va publiquement dévoiler la supercherie. Il apporte d’incontestables preuves. Balizaire crie au complot, menace ! Mais Patrice l’a discrédité devant la France entière. Tandis que Balizaire disparaît (momentanément ?) Patrice voit reconnaître ses mérites. Il est publié, commence à vivre de ses écrits. C’est de façon insolite qu’il rencontre Annabelle. Celle-ci débarque à Paris, venant d’Angoulême. Issue d’une famille ultra conformiste, la jeune fille veut changer de vie. Sans prévenir06--DENIS-2.JPG ses parents, elle devient la compagne de Patrice.

Leur voyage en Irlande est moins réussi que prévu. Un homme les suivait. Un sbire de Balizaire ? Ce type va subir quelques ennuis de santé. Retour à Paris, où Anne – que le couple a connu aux îles d’Aran – les rejoint bientôt. Annabelle supportant mal la pollution parisienne, Patrice et elle s’installent en Anjou. Richard, un petit voyou, est surpris par Anne alors qu’il cambriolait l’appartement de Patrice. Il est payé par Balizaire, lequel cherche à se venger. Patrice va de nouveau lui tendre un piège. Cette fois le « gros » Balizaire ne peut plus nuire à Patrice. Mais il surgit dans la maison campagnarde du couple, menace de les tuer. Heureusement, un ange gardien veille et intervient.

Balizaire s’est réfugié dans un monastère. Alors que le père d’Annabelle (homme aux idées farfelues ou visionnaires) les rejoint, Patrice s’interroge sur la repentance de Balizaire. Il n’a pas tort. Profitant de la naïveté des moines, Balizaire subtilise le manuscrit ignoré écrit par le défunt frère Athanase – ainsi que deux incunables, qu’il vend pour se refaire une santé financière. Habilement, il refait parler de lui en bien, puis se présente comme l’auteur du livre sur Saint-Augustin (œuvre d’Athanase). Patrice devine vite une nouvelle arnaque. Bien difficile à prouver, car les soupçons ne suffisent pas. Une visite à la sœur du moine décédé leur offre de quoi griller définitivement l’imposteur…

 

« ACCORD PARENTAL SOUHAITABLE » (Liv'Editions, 2002)

Par hasard, Jeanne apprend ce que Gérard a manigancé 19 ans plus tôt pour l’épouser. Mariage sans passion, trois enfants – dont Béatrice, l’aînée. Jeanne cause la mort de son mari. Un accident, en apparence. Catherine, l’amie de Jeanne, a son rôle dans cette sombre affaire. François, séduisant jeune universitaire, est gêné par une maladie de peau, qui nuit à ses relations avec les filles. Jocelyne (étudiante) et lui pouvaient former un couple idéal. Un problème surgit. Il cherche son salut dans la fuite, refusant un poste important.

Les années passent. Devenu historien reconnu, écrivain et enseignant, François rencontre Jeanne. Malgré les filles de celle-ci, une opportunité pour tous deux. « Histoire d’amour » intéressant peu l’égocentrique Emmanuel, ami de François. Lui n’est pas si attaché à Catherine. Durant des vacances en commun, il séduit la jeune Béatrice. Est-ce par crainte de Catherine que la jeune fille disparaît ? Jeanne et François la retrouvent dans les Alpes, soignée pour dépression...

 

« PETITS MEURTRES NANTAIS » (Editions d’Arçay, 2005)

Louis-Marie Le Goupil est un publicitaire nantais indépendant. Homme cultivé, amateur de bourgogne blanc, marié à Agathe, il a deux enfants. Il dirige son agence avec succès. Un soir, il croise un groupe de jeunes femmes en goguette, menées par Alexandra. Une des copines enterre sa vie de célibataire. Louis-Marie passe la nuit avec leur amie Caroline. Dès le lendemain, il déchante. La rencontre ne doit rien à sa séduction. Ce n’était qu’un jeu entre filles. Pourtant, il reste obsédé. Il engage Caroline pour une campagne de pub. Ayant appris qu’elle a un petit ami, il ne renonce pas.

Caroline a été étranglée, alors que Louis-Marie venait de passer deux jours avec elle en secret. La police n’a pas de meilleur coupable. Le publicitaire emprisonné, son agence décline et sa femme prévoit de divorcer. Quand une amie de Caroline est à son tour assassinée, Louis-Marie est disculpé. Grâce à son livre «  La publicité dans la littérature », il connaît une certaine notoriété. Il est bientôt rejoint par ses enfants, qui ne supportent plus leur mère maniaque de la propreté. Alexandra, meneuse du groupe de jeunes femmes, devrait être interrogée. Mais le tueur reste dangereux. Les enquêteurs trouvent un suspect sérieux, un homme s’étant fait plumer comme un pigeon lors d’une autre virée entre filles. Pour Louis-Marie, l’affaire n’est pas terminée…

 

« MASSACRE A LA FAUTE-SUR-MER » (Éditions d’Espard, 2006)

L’oncle Sébastien, son neveu Pierre, l’inspecteur Renaudin, et leurs compagnes, sont en vacances à La Faute-sur-Mer, en Vendée. Le sharpeï alcoolique La Dent est là aussi. Marcel, un vieil ami de Sébastien, vient de se faire égorger. Il lui avait demandé de veiller sur son petit-fils, Benoît. Cet ex-étudiant aux Beaux-Arts abuse de la bibine. Il n’est pas impliqué dans le meurtre de son aïeul. Marcel avait retrouvé de la drogue et une forte somme, perdus par des trafiquants. Sébastien et Pierre ne tardent pas à découvrir où il a caché cette fortune (de mer).

Logeant chez le vieil Émile Raballand, un trio d’Américains menacent Sébastien. Brad Pitbull et ses copains Indiens sont les émissaires des trafiquants. Dopé, le sharpeï s’occupe de Brad. Quand ce dernier est égorgé, on soupçonne les Indiens en fuite. Sous l’influence de sa nouvelle amie Céline, Benoît se remet au dessin et à la peinture. La jeune femme est moins innocente qu’elle paraît. Arrêtés, les Indiens nient les meurtres. Sébastien s’interroge sur Émile Raballand, victime d’une attaque cérébrale qui entraîne son décès. C’est son employée, Yvonne, qui hérite de sa ferme. La jeune Yvonne n’est pas si demeurée qu’on l’a dit. Benoît et elle rénovent la ferme pour en faire un vrai gîte et organiser une expo.

 

« LA DUCHESSE DES NANTAIS » (Editions E.C.D., 2006)

L’oncle Sébastien, son neveu Pierre, et leur tribu incluant l’inspecteur Renaudin, vivent à Nantes. Lors d’un vide-grenier dans son quartier, Sébastien achète de vieux cahiers. Il s’agit d’un manuscrit relatant l’histoire de Françoise d’Amboise, Duchesse de Bretagne au 15e siècle. Respectée par le petit peuple, cette dame pieuse et riche aurait laissé un trésor caché. Sébastien situe bientôt l’endroit où il serait dissimulé. Il acquiert ce terrain de deux hectares. Sur une telle surface, les fouilles s’annoncent fastidieuses. Sous prétexte d’archéologie, les scouts de l’intégriste abbé Souiller peuvent apporter une aide utile. A défaut de trésor, on déterre un menhir d’un intérêt historique relatif. Pourtant, la propriété attire beaucoup de monde : une rave-party sauvage, où un petit dealer égare une précieuse clé ; le gourou des « Gaéliens », escrocs dont les projets seront contrariés ; Merlin, un vieux Celte susceptible et rancunier ; des malfrats, dont le chien alcoolique de Sébastien va s’occuper ; des gens du voyage, invités par on ne sait qui… Pendant ce temps, les fouilles restent vaines. Le mystérieux ultime message de la Duchesse n’éclaire guère Sébastien et les siens. Le policier Renaudin enquête, lui, sur les meurtres du dealer de la rave et d’un indic...

 

« TERREUR AUX SABLES D’OLONNE » (Editions ECD, 2007)

Esthète philanthrope, l’oncle Sébastien est toujours entouré de sa tribu : sa compagne Annette, son neveu Pierre et son épouse Aurélie, l’inspecteur Renaudin avec sa smala. Sans oublier l’abbé Souiller, le prêtre intégriste, de nouveau actif grâce au pape Benoît XVI. Une vieille dame des Sables d’Olonne a raconté à l’abbé une histoire de « trésor maudit », caché quelque part dans l’ancienne ferme de sa famille. Le prêtre en parle à Sébastien, qu’il sait expert en la matière. Selon un ami journaliste, bien renseigné sur le contexte de l’affaire, il ne s’agit pas d’une légende. Intéressé, l’oncle Sébastien loue une villa dans la région des Sables d’Olonne, pour lui et les siens. Il n’est pas seul à connaître l’existence du trésor. Ex-prostituée, Mylène est la petite-fille de la vieille dame. Elle s’est installée dans le secteur avec une bande de motards patibulaires. Sébastien s’avoue sensible au charme de Mylène.

Pour calmer l’agressivité des motards, Sébastien fait appel à Moïse, le gardien de sa propriété en Val de Loire. L’Estonien Moïse et son ami Irakien Rachid sont d’anciens militaires aux méthodes efficaces...

 

« HECATOMBE A LA ROCHE-SUR-YON » (E.C.D., 2007)

Le jeune Aziz, d’origine marocaine, a trouvé un ciboire ancien, objet religieux de grande valeur. L’oncle Sébastien est informé de cette découverte. Toujours en quête de trésor, cet esthète nantais se renseigne. Le ciboire peut provenir du butin d’un mythomane qui, durant la Révolution Française, se prétendit évêque de Vendée. Si Aziz, rappeur inspiré, fait confiance à Sébastien, il ne lui indique pas où il trouva l’objet. Dans sa cité, Aziz se méfie des intégristes musulmans. Au nom de l’Islam, les barbus veulent le racketter. Ce qui n’arrange pas le moral du Chibani, le père d’Aziz.

Quand le jeune homme est assassiné, Sébastien charge Rachid (un de ses protégés, ancien baroudeur) d’infiltrer la communauté où vivait Aziz. Cette initiative attire l’attention de Sylvie Morel, séduisante commissaire de la DST. Sébastien et elle ont la même cible, mais l’enjeu est très différent : lui vise le trésor, elle sait qu’un terroriste va venir ici préparer un attentat. En l’absence de sa compagne, Sébastien devient intime avec la jolie policière. Rachid repère un autre objet catholique chez les intégristes musulmans. Preuve qu’ils possèdent les pièces religieuses trouvées par Aziz. Le terroriste est arrivé. Sébastien et la commissaire pensent qu'il vise une free party, une rave près du site d’une pittoresque guinguette...

 

Et un roman-jeunesse : « COUP DE GENIE » (Editions ECD, 2006)

Si Mlle Lepetit était plus juste avec Kévin Martin, bientôt 12 ans, tout irait mieux pour lui en classe. Petits délinquants, les frères Bastard le prennent parfois pour cible. Dans sa famille recomposée, le beau-père de Kévin est un crétin rendant sa mère dépressive. Le jour où il trouve une lampe de poche usagée, la vie de Kévin change radicalement. La lampe abritait un génie nommé Hugo, qui exauce les vœux de Kévin. Ça lui rend bien service, à condition de ne pas en abuser. Sous la surveillance de Sir Walter et de son ami Max, Kévin est progressivement initié au sein de leur Confrérie. Il utilise les lunettes à lire dans les pensées des autres, apprend que les nains de jardin ne sont pas seulement décoratifs.

Quand son collège reçoit des élèves Suédois, Kévin tombe amoureux de Suzan. Le magique chewing-gum qui permet de parler des langues étrangères aide Kévin à conquérir Suzan. Grâce à l’avion d’un manège secret, Hugo et Kévin voyagent loin et vite. Pourtant, Sir Walter et Max savent que des dangers guettent leur jeune protégé...

 

[contactez directement Christian Denis : 06.79.45.04.43]

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18 janvier 2008 5 18 /01 /janvier /2008 16:25

 

« DES AVOCATS AVISES »


C'est, bien sûr, un clin d’œil aux titres de la série Perry Mason publiés autrefois dans la collection Un Mystère. S’il reste le maître absolu en ce domaine, d’autres personnages ne doivent pas pour autant être oubliés.

Qu’il s’agisse de Me Loursat, l’avocat alcoolique de Les inconnus dans la maison (de Georges Simenon, Gallimard, 1940) ignorant ce qui se passait sous son toit et plaidant la cause d’un jeune homme moins favorisé que ses « amis » de bonne famille… ou de Paul Biegler, déroutant avocat mi-blasé mi-combattif, de Anatomie d’un meurtre (de Robert Traver, Calmann-Lévy, 1958) défendant le lieutenant Manion, jugé pour avoir tué l’agresseur de son épouse, la trop belle Laura Manion… les avocats font partie des grands héros classiques de la Littérature policière. C’est bien naturel, puisque toute affaire élucidée – ou supposée telle – finit en justice. On parle de « romans de prétoire » pour qualifier ce genre d’ouvrages. Abusivement, car les séances au tribunal ne constituent jamais l’essentiel du récit. undefined

En effet, dans un roman comme dans la réalité, le rôle d’un avocat ne commence pas à la première audience des Assises. L’élaboration du dossier de la défense est primordial, et souvent difficile. Parfois, il faut établir quelle est la personnalité d’un accusé qui reste muet – comme dans Plaidoyer pour l’absent (d’Alain Page, Fleuve Noir, 1968) où l’assistant de l’avocat devra retrouver des témoignages de moralité favorables à cet homme qui, après des débuts artistiques prometteurs, a peut-être manqué de chance. La plupart du temps, il s’agit logiquement de découvrir le vrai coupable. Les enquêteurs s’étant fourvoyés, l’avocat doit reconsidérer l’ensemble des faits. Là où un défenseur réel se contente des pièces du dossier, l’avocat de roman prend une part active dans la recherche de preuves. Il met tout en œuvre pour sauver son client, prenant des risques pour démêler une situation complexe.

Il n’est pas question de recenser tous les avocats de romans (auxquels il conviendrait d’ajouter les juges d’instruction, les présidents des Assises, les procureurs, et autres districts attorneys, personnages-clés d’une multitude d’histoires). D’ailleurs, beaucoup n’entreraient pas dans le cadre qui vient d’être défini : les avocats meurtriers ou les avocats assassinés, par exemple. Intéressons-nous à trois d’entre eux ayant fait l’objet de séries. Le nom de Perry Mason vient immédiatement à l’esprit. C’est le champion toute catégorie en la matière, avec environ 80 romans, des millions d’exemplaires vendus, des adaptations télé. Voilà 70 ans qu’il existe, et il n’a quasiment pas vieilli. Mais évoquons d’abord deux de ses collègues, moins prestigieux mais aussi sympathiques : l’américain John Adams (du français Jean-Pierre Garen) et Valentin Roussel (d’André Héléna – sous le pseudo de Noël Vexin). Le premier ne totalise que dix-huit titres, le second dix-sept. Néanmoins, on aurait tort de minorer leurs qualités. Faisons plus ample connaissance avec ces héros, leur entourage, leur clientèle et leurs méthodes, avant de retrouver l’inusable Perry Mason.

 

JOHN ADAMS, de J.P.Garen (Fleuve Noir Spécial Police, 1961-1982)

 

John Adams est avocat dans une ville de Californie, Pin City – qui deviendra Big Pine. Il se décrit lui-même ainsi : «… Je mesure un mètre quatre-vingt-cinq et pèse dans les quatre-vingt dix kilos. Ma profession d’avocat ne me prédispose pas particulièrement aux sports violents, seulement j’ai fait la guerre de Corée dans les Marines et j’ai gardé un certain entraînement » (Poursuite sans espoir, 1963). Il est marié à Sylvia, une jeune veuve qu’il a rencontrée et défendue dans Justice à rendre (1961), premier roman de la série. Elle sera plusieurs fois directement mêlée aux affaires de son mari. Adams est associé à Patrick Sheldon (marié à Jane), leur cabinet est prospère : « Quoi que dix ans plus jeune que moi, c’est Pat Sheldon qui a provoqué notre association. Cette installation à l’âge de trente-cinq ans, après une sanglante aventure et mon mariage, a constitué un changement radical de mon existence » (Défense sans pitié, 1963). Si cet associé est présent dans l’histoire, il n’y tient généralement (comme Jane) qu’un petit rôle, devenant de plus en plus insignifiant. C’est dans Morte sous la pluie (1964) qu’il est le plus concerné par l’affaire.

Les deux meilleurs amis de John Adams sont Joe Scott et Bill Landon. Joe tient un snack-bar (puis un restaurant) que l’avocat fréquente très souvent, pour y faire le point sur le dossier en cours. Joe est un chaud lapin, qui n’hésite pas à aider Adams quand il doit se battre physiquement. Bill Landon est journaliste au « Pin City News », un informateur précieux et complice. En face, police et justice s’allient pour lui rendre la tâche difficile. Le capitaine Cartling est un policier efficace, qui sait rester juste : « La porte s’ouvre brutalement, et le capitaine Cartling apparaît. C’est un homme massif d’une cinquantaine d’années, les épaules légèrement tombantes, mais il ne faut pas se laisser abuser par son apparence car sous la couche de graisse roulent encore de solides muscles » (Malheur à la défense, 1964). C’est un enquêteur sérieux, sachant admettre ses erreurs, se basant sur les faits et non sur les rancœurs ou les impressions partisanes du district attorney. Laissons Adams nous présenter le D.A. : « Hillary Himes est petit, ventripotent et joufflu. Son crâne dégarni et brillant pourrait servir de publicité à une marque d’encaustique. Sa petite taille lui a donné sans aucun doute des complexes car il a un caractère épouvantable, mais je sais pour l’avoir affronté lors de précédentes affaires qu’il est aussi tenace qu’un bouledogue et aussi rusé qu’une tribu de renards » (Une semaine pour la défense, 1971). Un rude adversaire, très Américain dans sa mentalité bornée.

Quelle est la clientèle de John Adams ? Variée, puisqu’il défend aussi bien un petit truand de Los Angeles qu’un pompiste de Sun City. Mais ce sont souvent les proches de l’avocat qui sont en accusation. A commencer par son épouse Sylvia, plusieurs fois en cause, et par son ami Joe. Il assurera aussi la défense de son pire ennemi, le D.A.Himes. Et, restant dans la tradition, Adams sera en personne obligé de s’expliquer devant la Justice : « Voir un avocat accusé d’un crime n’est pas chose courante, à Pin City tout au moins, et cela attire la foule des grands jours. – Etat de Californie contre John D.Adams. Audience préliminaire, annonce le juge » (Dangereuse hospitalité, 1965). Sa méthode d’investigation est active et musclée. Outre les renseignements obtenus par Bill Landon, Adams affronte volontiers la partie adverse ou les suspects probables pour obtenir des preuves – quitte à se montrer quelquefois très violent. L’action est privilégiée, les séances au tribunal ne représentant en moyenne qu’un petit quart du récit. La plupart du temps, l’avocat n’a qu’un court délai pour préparer la défense de son client – ce qui donne une évidente vivacité à l’histoire. Plus que les intrigues, ce sont les conditions de chaque enquête – racontée à la première personne par l’avocat – qui priment, et donnent leur saveur à ces romans.

 

VALENTIN ROUSSEL, de Noël Vexin (Ditis-La Chouette, 1956-1961)

 

André Héléna créa ce personnage de série après en avoir discuté avec Frédéric Ditis, qui venait de lancer la collection « La Chouette ». Dans la postface de La croix des vaches (Fanval Noir, 1988) Ditis précisait : « Ce n’est pas au hasard qu’il avait décidé de faire de son héros un avocat. Le code de procédure pénale n’avait pas de secret pour lui. Gilles Perrault, qui appréciait ses romans et qui à cette époque était avocat, m’avait fait remarquer qu’Héléna ne commettait jamais la moindre erreur dans les scènes se déroulant au Quai des Orfèvres ou dans les descriptions des interrogatoires. Il était parfaitement au courant des méthodes de la police judiciaire… » En effet, Valentin Roussel ne plaide guère au tribunal, mais on le voit face à des juges d’instruction ou à la police, défendant habilement ses clients.

« - Roussel, Valentin, Roger, Alexis, 104 rue de Rennes, avocat » se présente-t-il au secrétaire d’un commissariat dans Ces messieurs de la famille (1956). Il n’est alors qu’un jeune avocat plein d’ambition. Au fil de ses aventures, il gagnera clientèle et prospérité, s’installant avenue Mozart avec sa compagne. Celle-ci se prénomme Roberte. Elle est journaliste à « Soir de France ». Une jeune femme dynamique qui participe aux affaires de Valentin (sous le prétexte d’en tirer des reportages). Gaston, rédacteur en chef du journal, apporte de l’aide à son ami avocat dans les premières histoires.

Ce n’est qu’au septième roman que Valentin bénéficiera d’une secrétaire : « Maintenant, Mlle Perlin était là en permanence (…) Il pouvait se payer une employée, et ce n’était pas là un mince triomphe. De plus, Mlle Perlin avait une excellente qualité. Elle n’était pas belle (…) C’était à cause de ces désavantages multiples que Roberte avait contraint Valentin à choisir Mlle Perlin parmi la foule des jeunes femmes accourues à son appel, non parce qu’elle était jalouse mais l’air bon chien de la pauvre fille lui avait plu » (Descente à Pigalle, 1958). Mlle Perlin jouera un rôle à part entière dans les aventures de l’avocat. Valentin Roussel se doit d’avoir un interlocuteur dans la police : ce sera le commissaire Chennier. Considérant que tous les flics se ressemblent, il le décrit peu : « Chennier le regarda et haussa les épaules. L’homme avait la quarantaine, il y avait donc assez longtemps qu’il était dans la police. Ce n’étaient sûrement pas les spectacles sordides qui lui avaient manqué » (Crochet au cœur, 1957).

La clientèle de Valentin Roussel vient de tous les milieux : des jeunes voyous qu’il essaie d’extraire de la mouise avant qu’ils ne s’y enfoncent, aussi bien que des gens modestes mal préparés aux problèmes. En s’embourgeoisant, il enquêtera Du côté de Passy (1959) et rencontrera la baronne de Cuxac (Diamants d’avril, 1960) ou M. de Puyvalador (Arrivederci Paris, 1960). S’il ne respecte pas toujours la stricte légalité, il est assez malin pour ne pas risquer sa carrière. S’il fréquente la faune de Pigalle, au point d’assister à certains règlements de compte entre bandes, il ne copine pas exagérément avec les truands (dans la postface déjà citée, Ditis ajoutait : « Il m’a toujours semblé aussi qu’il parlait très bien des hommes du Milieu. Que d’ailleurs il méprisait. » C’est absolument certain). Ses aventures permettent de découvrir les coulisses du monde des jeux d’argent clandestins, des Halles, de la boxe, des boites de nuit servant de façades aux truands, des receleurs, etc… On ne peut pas parler de méthodes d’enquête : Valentin est averti d’une sale affaire, ou il trouve un cadavre, ou il est consulté par un brave homme inquiet… et voilà notre héros plongé dans une nouvelle histoire mouvementée, aux nombreux rebondissements (le savoir-faire de l’auteur est indéniable). Les intrigues ne sont pas aussi simplistes qu’on pourrait le croire. Ce qui est remarquable, c’est la narration plutôt souriante de ces aventures, l’auteur ayant sans doute réalisé qu’on n’attire pas le public sans une dose d’humour.

Rappelons qu’il fut encadré pour les premiers romans de la série par Simone Sauvage, puis par Claire Cailleaux.

 

PERRY MASON, d’Erle Stanley Gardner (Presses de la Cité, Gallimard)

 

On ne présente plus l’avocat Perry Mason. Dans sa toute première affaire écrite en 1933, en réponse à une visiteuse, il livre une véritable profession de foi : « - D’accord, moi je suis différent. Si je me suis fait une clientèle, c’est parce que je lutte pour mes clients (…) Les gens ne viennent pas me trouver parce que ma tête ou mon mobilier les ont séduits, ou parce qu’ils ont fait ma connaissance à un club. Ils viennent me trouver parce qu’ils ont besoin de moi. Ils viennent me trouver parce qu’ils attendent que je fasse quelque chose pour eux » (Sur la corde raide, Gallimard, 1951).

Mais que serait Perry Mason sans Della Street ? C’est M.B.Endrèbe, traducteur d’une grande partie de la série, qui la décrit le mieux : « Dévouée corps et âme à son employeur – qu’elle appelle « patron » et dont elle est discrètement amoureuse – Della Street est d’un loyalisme à toute épreuve. Jamais prise de court par les réactions imprévues de l’avocat, il lui arrive même de prévenir par ses initiatives les demandes de Perry Mason, tant elle est habituée à penser comme lui. Elle est toujours prête à le seconder dans ses recherches, au risque même de se compromettre personnellement (…) En sus de quoi, elle est fort jolie, extrêmement féminine, et possède un cœur prompt à s’émouvoir devant une cause désespérée… » (Préface de l’Omnibus Objection, votre honneur, Presses de la Cité, 1990).

Le troisième pilier des aventures de Perry Mason est le détective privé Paul Drake, prêt 24 heures sur 24 à enquêter pour son voisin avocat. Lui aussi mérite bien d’être présenté : « Paul Drake, le détective, ne ressemblait en rien à l’idée qu’on se fait généralement du directeur d’une agence privée. Il était grand, avec un long coup tendu en avant. Ses yeux globuleux, à fleur de tête, avaient une perpétuelle expression d’amusement secret. Pour lui, le meurtre était un petit incident sans importance de la vie quotidienne » (La jeune fille boudeuse, Gallimard, 1951). Dans le personnel de Perry, outre Jackson – un obsédé des textes de loi – on ne peut oublier la standardiste Gertie, amusante jeune femme souvent pleine de bon sens qui joue parfois un rôle fort utile à son patron.

Le lieutenant Tragg est la plupart du temps chargé des enquêtes de police. Entre Mason et lui, on note un grand respect mutuel. Tragg est un pro, consciencieux, cherchant uniquement la vérité, ouvert à toute hypothèse si elle s’appuie sur des faits. A l’opposé, le sergent Holcomb représente le flic obtus ne cherchant qu’à nuire à l’avocat et à ses clients. Il est aux ordres du District Attorney. Les relations entre Perry Mason et le D.A.Hamilton Burger sont tendues, voire houleuses : « Les reporters et Mason savaient déjà que Burger serait frustré de la belle publicité qu’il escomptait (…) les rédactions se disputeraient les clichés montrant le district attorney , le visage convulsé de rage, essayant maladroitement de boxer Mason, tandis que l’avocat esquivait légèrement l’attaque » (La femme futée, Un Mystère, 1955). Si, estimant la cause facile, Burger laisse ses substituts s’en occuper au début du procès, il intervient ensuite soit parce qu’il pense triompher, soit pour contrer Perry Mason quand il prend l’avantage. Au final, il est évidemment battu par l’astucieux avocat.

Pour l’essentiel, la clientèle de Perry Mason est féminine – même quand il accepte de défendre des hommes, des femmes sont concernées de près. Ces jolies femmes peuvent être aussi bien serveuses de bars ou filles de milliardaires, risquer une accusation de meurtre ou vouloir sauver celui qu’elles aiment. L’important est que la situation soit insolite et attise la curiosité de Mason. Car c’est bien lui qui choisit sa clientèle. Ses honoraires varient selon les personnes, et sont parfois symboliques. Il peut engager de gros frais pour mener à bien une affaire. Pour comprendre sa méthode, il faut se souvenir que toutes les intrigues sont extrêmement compliquées. Il commence donc par glaner, en personne ou grâce à Paul Drake, un maximum de renseignements et d’indices. Au besoin, il complique encore plus les choses pour égarer la police – risquant d’être lui-même inquiété. La deuxième phase est généralement destinée à effectuer un premier tri parmi les suspects et les hypothèses possibles. Ce n’est que dans le dernier tiers du récit, consacré au tribunal, qu’on approchera peu à peu de la vérité. Toutefois, ce schéma comporte de multiples variantes. Sans doute est-il préférable de ne pas chercher à comprendre trop vite le nœud de chaque affaire. Il est plus prudent de suivre les péripéties de l’histoire afin d’en saisir tous les éléments. Le style de l’auteur étant plutôt simple, et la narration entraînante, on se laisse vite prendre au jeu. Même le grand Raymond Chandler adorait çà, nous dit-on. (Lire aussi les portraits de Perry Mason et Della Street dans L’almanach du Crime 1980 de Michel Lebrun, Editions Guénaud)

 

Il existe des points communs entre ces trois héros, mais aussi des caractéristiques fort différentes. Bien que proches, John Adams est nettement plus violent que Perry Mason – mais moins subtil lorsqu’il interroge les témoins au tribunal. Valentin Roussel entre plus vite dans le vif du sujet que ses deux confrères. Les clients de Perry Mason sont moins francs que ceux de John Adams. Ce dernier et Valentin Roussel ont une vie privée, on ne sait rien de celle de Perry Mason. Ces nuances (et quelques autres) font la particularité de chacun. Intrigues et narration n’ont pas non plus exactement la même forme. Mais laissons aux lecteurs le plaisir de les comparer, de les redécouvrir.

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