Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
4 mars 2012 7 04 /03 /mars /2012 06:46

 

Chrysostome Gourio est l’auteur d’une aventure de Gabriel Lecouvreur, dit Le Poulpe “Le dolmen des dieux” (Éd.Baleine, 2010). Chez le même éditeur, il nous propose aujourd’hui “Le crépuscule des guignols”.

Dix ans plus tôt, Arthur Saint-Doth et Lazare Gauthier étaient agents spéciaux dans un service de police. On les chargea de réprimer des groupuscules prônant une révolte philosophique. Adeptes d’actions spectaculaires, ces rebelles furent bientôt matés. GOURIO-2012Félix, leur Guide, est emprisonné depuis cette époque. L’obscur mouvement s’est éteint rapidement. Reconverti dans la viticulture, Arthur habite en Touraine avec sa compagne et leurs jumeaux. Ce jour-là, un commando prend pour cible la maison d’Arthur. Sa famille périt dans cette opération explosive. Il ne lui est pas difficile de comprendre qui sont ses ennemis. En prison, Félix lui confirme que cette vengeance n’est pas la sienne. Que les disciples d’Heidegger ont choisi de radicaliser leur combat. Arthur se réfugie chez son ami Lazare. C’est à Paris qu’ils doivent rechercher les maîtres de ce nouvel activisme violent.

Facile à dire, mais le duo n’a pas de contacts dans la capitale. Une petite révolte estudiantine agite une fois de plus le quartier autour de la Sorbonne. Venu de Nice, David se fait appeler Le Prince. Adepte de Machiavel, c’est un Kantien qui désapprouve les excès des Heideggériens. Il est à la tête d’un réseau aussi discret qu’il peut être efficace. Pénétrer dans la Sorbonne bouclée, s’approcher du QG des rebelles, c’est jouable selon David. Son complice Phédon leur apporte la logistique technique. Passant par les égouts, puis les salles du sous-sol où sont remisés des trésors de livres endormis, le duo repère vite la cave servant de QG. L’homme aux cheveux blancs qui dirige les Heideggériens refuse d’expliquer le massacre de la famille d’Arthur. Mitraillé par ses adversaires, le duo doit fuir vaille que vaille.

Pendant la convalescence de son ami qui a été sérieusement blessé, Lazare veille sur Arthur dans une planque fournie par David. Ce dernier réalise que ce n’est plus de sédition philosophique dont il s’agit. Ce sont de véritables actes de guerre qui sont menés par leurs ennemis. Il réunit son réseau afin de contrer la stratégie des autres. Les données récupérées sont alarmantes : “Ajoutons à cela qu’ils possèdent un arsenal impressionnant, nous pouvons en conclure qu’ils ne sont pas là pour faire des pâtés de sable.” Un rendez-vous au Jardin du Luxembourg, pour une impossible concertation avec les radicaux, vire à la bataille meurtrière. Face à cette philosophie démente conduisant à une sanglante révolution, il est bon de connaître les plans des heideggériens avant de les combattre…

 

Nous vivons en des temps où la philo est nettement moins attrayante que les salaires absurdes des sportifs, la vie privée d’éphémères célébrités, ou les gains des financiers qui détruisent l’Économie. Beaucoup diront que les thèses de philo n’intéressent vraiment que leurs auteurs, plus une poignée de disserteurs adeptes de l’enculage de diptères. La Pensée ne suffit pas à remplir le réfrigérateur, selon les pragmatiques qu’on ne démentira pas.

Pourtant, les philosophes peuvent être utiles. Par exemple, lorsqu’ils servent de personnages à une fiction. D’autant qu’ils préfèrent tous le Grand Merdier plutôt que l’apathie générale. Chez eux, comme ailleurs et pour faire court, il y a des bons et des méchants. Partisans de l’influence positive sur la société, contre suppôts d’une évolution mortifère, pour mieux le dire.

C’est un autre état d’esprit qui guide les deux ex-baroudeurs. Celui de la vengeance, sous les auspices métalliques bruyants de James Hetfield. Ça va dézinguer à tour de bras. Y compris avec le soutien final de fringants cow-boys musiciens venus du Québec. Non sans un clin d’œil à Gabriel Lecouvreur et à son vieil ami Pedro. Avec des citations, dont on ne garantit pas qu’elles soient toutes authentiques. Puisqu’ils carburent au Saint Nicolas de Bourgueil et au Chinon, Arthur et Lazare ne peuvent pas être totalement condamnable. Quand la philo cesse d’être prise de tête, ça nous donne un savoureux roman d’action, très divertissant.

Partager cet article
Repost0
1 mars 2012 4 01 /03 /mars /2012 06:33

 

Une nouvelle édition de Des clientes pour la morgue est disponible dès mi-mars 2012 chez Pocket. Retour sur l’intrigue de ce San-Antonio…

SanAntonio-mars12Suivant son instinct, le commissaire San-Antonio prend en filature une dame d’un certain âge. Ce qui l’oblige à la suivre dans le train Paris-Genève, puis à s’installer dans le même hôtel de luxe genevois que cette personne. En réalité, la dame est un homme encore jeune, ce qu’avait bien compris San-Antonio. En surveillant son suspect, il assiste au suicide de l’inconnu, suite à un appel téléphonique. Avant sa mort, l’homme a dissimulé un disque de métal que San-Antonio s’empresse de récupérer. Si la police helvétique est coopérative, la blonde standardiste de l’hôtel n’est pas très franche. San-Antonio doit un peu la secouer pour obtenir la vérité. Cette rondelle de métal possède assurément une valeur, mais son utilité reste un point d’interrogation pour le commissaire qui rentre à Paris.

L’homme travesti voyageait sous le nom de Mme Fouex. Décédée depuis peu de mort naturelle, cette dame était employée à l’ambassade des Etats-Unis. C’est son neveu, Georges Gerfault, qui avait endossé son identité pour aller en Suisse. Bien qu’élève du Cours Simon, le jeune homme était un comédien sans notoriété. Tout ça n’offre guère d’indications à San-Antonio. Celui-ci habite avec Félicie, sa brave femme de mère, au 103 rue de l’Église à Neuilly. Ils sont la cible d’un tireur à la mitraillette. Qui réussit à disparaître, non sans avoir supprimé la blonde standardiste genevoise qui l’avait guidé là. Le tueur et son commanditaire ne sont pas du genre à laisser vivants des témoins. À l’ambassade des Etats-Unis, on dit à San-Antonio que la défunte Mme Fouex était une employée sans histoire.

Une belle femme occupe l’appartement de Georges Gerfault. Pas assez prudent, le commissaire est visé par l’inconnue armée. Après coup, il s’aperçoit que le disque de métal a disparu : Ce disque ne s’est pas envolé comme une soucoupe, c’est ma miss-pistolet qui me l’a barboté (…) elle a eu le courage de me passer à la ratisse après m’avoir choqué une pastille valda dans le poitrail ! Voilà une pépée qui a froid n’importe où, sauf aux yeux… Suivant la piste d’un costaud au crâne rasé, San-Antonio se trouve embarqué contre son gré dans une péniche. Ses deux ravisseurs cherchent la rondelle de métal, qu’il n’a plus. Rudes adversaires pour San-Antonio, qui ne s’en tirera pas sans quelques brûlures. À peine hospitalisé, le commissaire doit poursuivre sa mission car un danger explosif menace Paris…

 

Il est bon de souligner qu’il s’agit d’un des premiers San-Antonio, datant de 1954. Déjà intrépide, le commissaire appartient à un service de police peu précisé (la DST). Il nomme son supérieur le chef ou le boss, sans se montrer aussi familier qu’il le sera plus tard avec Le Vieux. Il est entouré d’une brochette d’inspecteurs, SanAntonio1954mais Bérurier n’est encore qu’une (grosse) silhouette dans cette histoire. Félicie, la mère du héros, est bien présente et active dans deux scènes agitées.

Le petit univers qui sera celui de San-Antonio est juste esquissé, l’enquêteur prenant seul tous les risques pour mener à bien l’affaire. Il encaisse divers mauvais coups, des chocs plutôt sévères. Comme le titre l’indique, on compte ici plusieurs victimes féminines, dont un homme. Les péripéties s’enchaînent à un rythme soutenu et fort mouvementé. Déjà enjouée, la tonalité est moins marquée par l’humour que dans ses romans à venir. On pourrait noter quelques superflus résumés de la situation, qui n’altèrent toutefois pas le tempo narratif. C’est, bien sûr, une aventure de San-Antonio à redécouvrir.

[Visitez aussi le blog "Ils lisent San-Antonio"]

Partager cet article
Repost0
28 février 2012 2 28 /02 /février /2012 06:41

 

Lire autre chose qu’un roman ordinaire ou formaté, c’est possible. Par exemple, en découvrant Aux armes défuntes de Pierre Hanot, publié chez Baleine.

HANOT-2012-1Né à Montluçon en 1915, le sous-lieutenant Polmo (Paul Maurice) est l’exemple même de l’esprit guerrier. La Seconde Guerre mondiale ne lui a pas permis de jouer au héros, vu qu’il a passé quatre ans en captivité. Démobilisé, il s’engage dans la Légion Étrangère. Il va leur faire voir à ces niakoués, ce qu’est un soldat au service de la France ! En 1948, on l’embarque sur un rafiot bourré de militaires à destination de l’Indochine. Il a le temps de se faire un copain, Fifi, étant donné que le navire progresse plutôt au ralenti. Fraterniser avec le nommé Helmut sera plus aléatoire, vu le passé sulfureux de cet Allemand. L’étape à Port-Saïd, c’est le début de l’exotisme. Pas loin de là, dans un bordel d’Ismaïlia, Polmo rencontre l’amour de sa vie, Zeinab. Du moins, il l’idéalise au point qu’elle ne quittera plus jamais sa mémoire. En janvier 1949, Polmo arrive dans la baie d’Along.

Haiphong et Saigon, les piliers de l’occupation française dans la région, premières découvertes de Polmo. Même si la guerre reste encore abstraite, ils ne sont pas exactement les bienvenus. Avec ses subordonnés Algériens, le sous-lieutenant Polmo remonte le Fleuve Rouge pour une mission d’exploration du pays. Ce qui lui donne l’occasion de rencontrer un aumônier mystique et jouisseur, qui méprise les Viets bien plus encore que Polmo. Le passage d’un ministre vient animer leur mission. Rien de vraiment excitant au BMC de Bui-Chu, pour Polmo qui ressasse l’image de Zeinab. Une expérience, avec l’aumônier, dans la fumerie d’opium de Dai Phong rend le baroudeur philosophe. Polmo n’oublie pas qu’ils sont en guerre, face aux guet-apens des Viets, efficacement meurtriers.

Bien longtemps après cette époque, on retrouve Polmo. Reconnecté grâce aux progrès de la science, il a le droit depuis quelques années à une nouvelle vie. Pas tellement glorieuse, dans cette Île d’en Bas où les Dominants ont relégué toutes sortes de déclassés. Le monde entier est en décroissance, à part quelques lieux protégés. L’ancien soldat reste un brillant orateur, qui fascine ses amis Kid Vicié, Sulfate, le Cerveau et 220. Kid, qui vénère les stars défuntes du rock, serait le moins pire du groupe, peut-être. Polmo est le seul à avoir des souvenirs sexuels, qu’il réinvente d’ailleurs. Il s’immisce en fraude dans l’Île des Laborieux, mais là aussi les amours sont plutôt virtuels. Même quand la situation s’aggrave pour Polmo, condamné à survivre sur l’Enfer aux Varans, il est toujours combatif. Avec ses amis et son copain La Rouille, ils s’introduisent même dans l’Île d’en Haut…

 

HANOT-2011Un polar historique virant à l’intrigue futuriste ? Ce serait fort mal exprimer l’idée de ce roman. Probablement, parce qu’il est impossible d’apposer une étiquette qui qualifie cette histoire. Certes, la guerre d’Indochine a eu lieu et l’avenir arrivera bien un jour. Pourtant, à travers les déboires de Polmo, ce n’est pas ce que nous raconte l’auteur. Imaginons une fiction qui frôlerait la réalité, restant néanmoins en décalage. Le sort de ce pitoyable héros n’est en rien dramatique, puisqu’il n’existe que dans la vérité de ce conte abracadabrant. Il suffit d’embarquer sur le brinquebalant navire qui l’emporte vers l’Orient pour suivre ce personnage hors norme.

Inventivité, fantaisie, écriture, sourire, voilà sans nul doute les quelques mots à retenir. Pierre Hanot est un illusionniste, avec la poésie et l’humour que supposent ses tours de magie. Il fait apparaître une image, parfois symbolique ou délirante, avant qu’un nuage de fumée nous entraîne vers une autre scène aussi improbable. Et c’est ainsi que nous nous laissons charmer par ce récit original. Un auteur qui réveille notre plaisir de lecteurs.

 

D'autres chroniques sur les romans de Pierre Hanot : "Les clous du fakir" (Prix Erckmann-Chatrian) - "Serial Loser" - "Les hommes sont des icebergs". Il a a aussi répondu au Portrait chinois. Un prochain roman sera publié dans la collection Vendredi 13, aux Editions La Branche.

Partager cet article
Repost0
27 février 2012 1 27 /02 /février /2012 06:28

 

Chez Actes Noirs, c’est à un retour au 18e siècle que nous invite Casanova et la femme sans visage d’Olivier Barde-Cabuçon.

En janvier 1757, le nommé Damiens s’introduit au château de Versailles et tente de poignarder Louis XV. Avant qu’il ne porte un second coup, Volnay s’interpose. Se débattant, Damiens lui balafre le visage. Personne ne s’interroge alors sur la présence ni les motivations de Volnay, fils d’un homme persécuté par le pouvoir. BARDE-2012En remerciement pour cet acte de bravoure, le roi accède à la requête de Volnay, créant pour lui le poste de commissaire aux morts étranges. Même s’il doit rendre quelques comptes à Sartine, le lieutenant criminel de Paris, Volnay a toute autorité pour mener ses enquêtes. Il fait pratiquer des autopsies par un étrange moine, dont il est seul à connaître les secrets. En ces temps où la bonne société pratique l’alchimie et autres expériences, le laboratoire du moine n’est d’ailleurs pas exceptionnel. Le moine et une pie bavarde sont les uniques amis de Volnay.

1759. Une jeune femme a été assassinée. On lui a enlevé la peau du visage, l’écorchant alors qu’elle était encore vivante. Cette Mlle Hervé appartenait à la Cour, faisant même partie des proches du roi. Volnay n’ignore pas que Louis XV est entouré d’un harem de filles mineures. Toute cette débauche est gérée par Le Bel, premier valet de chambre du roi, et par la marquise de Pompadour, favorite royale. Il est fort probable que Mlle Hervé ait été enceinte de Louis XV. Mais la jeune femme était également la maîtresse et l’informatrice du lieutenant criminel Sartine. Cette affaire de meurtre est suivie de près par le parti dévot, en la personne du père Ofag et de son bras armé, Wallace. D’autres opposants, ceux de la Confrérie du Serpent, observent aussi ces faits. Volnay connaît bien ces derniers, mais s’en est éloigné car leur Maître et les objectifs initiaux ont changé depuis quelques temps.

D’autres s’intéressent à ce crime. À commencer par le chevalier de Seingalt, qui n’est autre que l’aventurier vénitien Casanova. Volnay éprouve peu de sympathie pour cet homme et son faux titre de chevalier. Quand apparaît la belle Chiara d’Ancilla, tous deux sont bien vite rivaux pour séduire la jeune femme. Celle-ci cultive un esprit scientifique et progressiste, digne des Lumières. Chiara reste discrète sur ses relations à la Cour. Outre Casanova et elle, le mystérieux comte de Saint-Germain, conseiller de la Pompadour, suit l’évolution de l’enquête. S’il cultive sa légende de vie éternelle, Saint-Germain est moins futile qu’on le croit. Ce n’est pas grâce au grand-père de Mlle Hervé, un sorcier charlatan, que Volnay en apprendra plus. La lettre royale que détenait la victime est une des clés, sans nul doute. À l’intérieur du Parc-aux-Cerfs, le roi poursuit ses turpitudes sexuelles. Une de ses amantes, Marcoline, est à son tour assassinée et défigurée…

 

L’époque de l’Histoire de France choisie par l’auteur est propice aux plus sombres intrigues. L’impopularité du roi, d’abord surnommé Le Bien-Aimé, grandit de jour en jour. Le comportement du Louis XV, supposé amateur de nymphettes, qui ne s’occupe ni de gouverner, ni du sort de son peuple, n’améliore pas son image. De nombreux groupuscules complotent contre le pouvoir royal. Méfiance à tous les niveaux, nous dit Volnay : Il n’y a plus de paroles innocentes, toute plaisanterie malheureuse est rapportée au lieutenant de police générale. Dans les dîners, les amis se méfient de trop parler car bien des hommes de qualité font aujourd’hui métier d’espions. Je ne parle même pas des domestiques qui sont tous vendus à quelque seigneur ennemi de leur maître. Les Français n’apprécient guère les manigances de la marquise de Pompadour, ici présentée sous un aspect moins défavorable. Peut-être préservait-elle une certaine unité du pays, en effet, sans toutefois se soucier de la population. En outre, l’ésotérisme est omniprésent chez ceux qui se pensent évolués, supérieurs, source de belles escroqueries.

C’est dans ce contexte de mécontentement et de suspicion générale qu’enquête Volnay. Un personnage aussi complexe que son titre de "commissaire aux morts étranges", on le constatera. Quant à ce diable de Casanova s’introduisant partout selon son seul intérêt, comme le veut sa légende, il mène son propre jeu. Tout comme le fait, dans l’ombre, le comte de Saint-Germain. C’est un très instructif voyage dans le temps que, grâce à ce polar historique, nous offre Olivier Barde-Cabuçon.

Partager cet article
Repost0
24 février 2012 5 24 /02 /février /2012 06:33

 

On a fait la connaissance de François-Claudius Simon dans La valse des gueules cassées, de Guillaume Prévost. Le bal de l’Équarisseur, deuxième aventure de ce héros, s’avère tout aussi excitante que la première.

En juin 1919, les accords de paix restent incertains tant que n’est pas signé le Traité de Versailles. Bien qu’âgé, Clemenceau y consacre toute son énergie. PREVOST-2012Si on respecte le Tigre, son autoritarisme excessif provoque des mouvements sociaux agitant la population française. Dans le même temps, la Brigade Criminelle est chargée d’enquêter sur une série de meurtres. D’abord, une vieille prostituée alcoolique est retrouvée morte au cœur des abattoirs de La Villette. On n’entre pourtant pas si facilement dans ces lieux la nuit, pour y accrocher un cadavre parmi la viande. Le message Chacun son tour, trouvé près du corps, confirme que l’assassin a voulu du spectaculaire. Puis c’est une jambe de femme qui est découverte dans les cuisines du Ministère de la Guerre, où Clemenceau a ses bureaux. De la viande pour le Tigre, tel est le nouveau message du tueur.

Pour François-Claudius Simon et ses collègues du Quai des Orfèvres , il s’agit bien de meurtres planifiés. Le reste du cadavre correspondant à la jambe est bientôt examiné à la morgue du Quai de la Rapée. La femme a été tuée à l’aide d’un merlin, ce marteau qui sert à assommer les bœufs. On ne tarde pas à identifier les deux victimes. C’étaient des habituées d’une guinguette du Plessis-Robinson, des entraîneuses. La police organise une opération destinée à coincer d’éventuels suspects fréquentant la guinguette. C’est le cas d’un garçon-boucher de La Villette au faciès de bouledogue. Il leur échappe provisoirement. À cette occasion, les policiers entendent parler d’un milord quinquagénaire, qui pourrait bien avoir des activités illégales. Peu après, le criminel adresse des courriers aux principaux journaux, sous la signature de l’Équarisseur.

François-Claudius Simon se fait embaucher à l’abattoir, afin de glaner quelques renseignements. Par le nommé Finou, il obtient des précisions sur un traficotage autour de la viande. Ce qui expliquerait comment le premier cadavre a pu entrer à l’abattoir. Une troisième victime est découverte près du Château de Versailles, aux Réservoirs. Il s’agit de Gilda, une fille que les policiers ont rencontré à la guinguette. Comment ne pas faire le lien entre ce crime, Clemenceau et Versailles où s’élabore si difficilement le traité de paix ? Un nouveau courrier énigmatique de l’Équarisseur est, cette fois, adressé à François. Parmi les pistes que la police peut exploiter, il y a celle de Holsen le Tortionnaire. Sa bande et lui sont sans doute au service de l’Équarisseur. Cet adversaire réserve de mauvaises surprises au policier, s’attaquant même à la fiancée de François. Quant à son objectif véritable, il concerne ce qui est caché dans l’Hôtel Gaillard…

 

Autour de François, il faut évoquer aussi sa fiancée peintre, Elsa; le jeune policier Jean Lefourche, frère de celle-ci; l’épicière sexagénaire Mado, faisant office de mère pour François; le Noir Barnabé, qui subit le racisme, le journaliste homo Fangor, et l’équipe de la Criminelle. Sans oublier le vrai Xavier Guichard, qui fut un grand nom de la PJ en ces temps-là. Avec les bandes de malfrats réellement durs, les sympathiques guinguettes, les peintres de Montparnasse dont Soutine et Modigliani, l’ambiance des abattoirs et bien d’autres détails, Guillaume Prévost reconstitue admirablement l’atmosphère de cette époque.

La guerre de 14-18 n’est pas complètement arrivée à son terme. Sans un solide traité de paix, la Grande Boucherie risque de reprendre. Côté police, un peu de rivalité existe entre les Brigades Mobiles crées par Clemenceau et le Quai des Orfèvres. C’est dans ce contexte finement présenté que se situe une enquête riche en mystères et en pistes à vérifier. Des flics de choc au cœur de l’action, n’hésitant pas à se mettre en danger pour traquer celui qui se fait appeler l’Équarisseur. Digne des meilleurs romans populaires d’aventures publiés au début du 20e siècle, ce suspense est diablement palpitant.

Partager cet article
Repost0
22 février 2012 3 22 /02 /février /2012 06:41

 

De Marc Boulet, on avait pu apprécier Le roi de Pékin (Denoël, 2009). Son nouveau roman Contrebandiers vient de paraître chez Rivages/Noir.

En 1985, Marc a quitté la France pour exercer ses talents à Honk Kong. Il est vite devenu le caméraman attitré des films de Rita Lee, star de films X. Ils ont tourné des pornos classiques ayant connu plus ou moins de succès. BOULET-2012Ils ont gagné autant de fric avec des films nettement plus hard, plutôt répugnants. Philippe, le frère de Marc, les a bientôt rejoints. Rita n’intéressant finalement plus les producteurs, il faut trouver d’autres sources de revenus. La solution vient de Franck, homosexuel ressemblant à un cachalot, qui se présente comme le frère de Rita. Il organise des passages de marchandises en contrebande. La première tentative, un demi-échec suite à un incident à la douane, ne les empêche pas de continuer. La Corée est une destination où Marc et Philippe finissent par avoir leurs habitudes. Peu de risques pour les passeurs et gros profits pour Franck.

Liz est une jeune Californienne, fille d’une famille très riche. Plus tard, elle espère devenir comédienne. Pour l’heure, elle se joint au trafic des deux frères. Marc ne peut se contenter d’une relation amicale avec cette jolie fille, même s’il apprécie par ailleurs les prostituées. La contrebande devient plus rentable encore lorsqu’il s’agit de Business trips. Un trafic de bijoux et montres de luxe en direction du Japon, sous couvert de voyages d’affaires, où tout se passe bien. La contrebande de l’or est plus problématique. Probablement dénoncé, Philippe est arrêté avec un chargement à l’aéroport de Delhi, en Inde. Marc et Franck n’y peuvent rien, mais leurs relations se dégradent. Pour pouvoir quitter l’Asie avec suffisamment de fric, Marc, Liz et Rita explorent la production chinoise de drogue. Leur périple en Chine n’est pas de tout repos, mais dix kilos de haschich apportent de forts bénéfices.

Grâce à Liz, Marc a obtenu sans difficulté un visa pour les Etats-Unis. À Beverly Hills, Marc n’est plus un contrebandier, un délinquant, mais le fiancé de la riche héritière d’un couple de producteurs de télévision. Toutefois, ses études n’aident pas Liz à devenir comédienne, et le petit capital du couple baisse rapidement. Ils sont restés en contact avec Rita. Celle-ci profite d’un trafic de Rolex (vraies ou fausses) pour les rejoindre en Californie. Le trio passe trois semaines au Mexique, où ils décident de repartir vers l’Asie. Ils s’installent cette fois dans une région de l’Inde, mais leurs aventures prennent une tournure meurtrière. Leur fuite va les conduire jusqu’en Thaïlande, dont les pays voisins offrent bien des opportunités de trafics. Ces trois baroudeurs trouveront-ils le refuge idéal à Koh Wai ? Rien n’est moins sûr…

 

Voilà une histoire qui devrait choquer les adeptes des grandes valeurs morales. Le sexe dans ce qu’il a de plus sale en constitue la première étape. Vient ensuite une escalade vers diverses contrebandes. Un métier que le héros considère comme parfaitement honorable : Les gouvernements volent ainsi l’humanité. Alors, nous autres contrebandiers, à notre échelle, que faisons-nous ? Nous refusons de nous laisser baiser, nous défendons, nous œuvrons pour la justice et la liberté en permettant aux gens d’acheter des produits à leur vraie valeur marchande…

Marc n’est pourtant pas un cynique, faisant parfois même preuve de sensibilité. C’est la vie qu’il s’est choisie, marginale et excitante à ses yeux. De grosses sommes à gagner, mais aussi des périodes moins fastes. Une vie engendrant fatalement la criminalité. Trahison, suspicion, et dangers en tous genres planent autour du trio. Ce roman prend la forme d’une confession, sans rien atténuer du rôle malsain du narrateur. Une tonalité réaliste qui nous hypnotise quelque peu, au point de ne plus juger le trio Marc-Liz-Rita. Malgré des facettes sordides, on le suit avec une certaine fascination, il faut bien l’avouer. Un noir roman d’aventure impeccable !

Partager cet article
Repost0
20 février 2012 1 20 /02 /février /2012 06:24

 

Direction le Gabon, avec les Éditions Jigal qui publient le nouveau polar de Janis Otsiemi Le chasseur de lucioles.

OTSIEMI-2012Dans la capitale gabonaise, il y a des flics consciencieux tels Boukinda et Evame, de la Direction Générale des Recherches. Et d’autres comme Koumba et Owoula, toujours prêts à accepter un bakchich pour fermer les yeux, qui fréquentent assidûment les bordels locaux. Joseph Obiang ne devait pas être un flic tellement honnête non plus, lui qui fut mêlé à la disparition d’armes à feu. On a trouvé son cadavre sur la plage du Tropicana. Boukinda et son collègue enquêtent, tout en sachant qu’ils ont peu de chance d’attraper celui qui a abattu ce Obiang.

À Libreville, il y a toutes sortes de bandes, souvent des malfrats d’occasion. C’est le cas de Marco, qui ne gagne guère sa vie en balayant les rues. Quand Bosco lui propose un braquage, avec le garagiste Tom pour complice, Marco hésite car c’est un coup préparé par Sisco. C’est un caïd douteux, que l’on surnomme Lucky Luke, l’homme qui se tire avec le pognon plus vite que son ombre. Et Sisco a été mêlé à de sales affaires, où il y a eu des morts. D’ailleurs, il se garde bien de dire d’où viennent les armes à feu qui serviront au braquage. Marco et ses amis se laissent tenter. Ils peuvent penser qu’ils ont eu raison, car il n’y a pas eu de victimes et le butin se chiffre en millions. L’opération agite quand même les polices de la ville, alors il est préférable qu’ils restent très prudents.

Des prostituées ont été martyrisées et tuées dans des chambres miteuses au motel Le Labyrinthe ou au motel La Semence. Même s’il garde un œil sur le spectaculaire braquage, c’est une enquête pour le flic véreux Koumba. Une bonne occasion de faire raquer les responsables de motels, afin de leur éviter des poursuites. De leur côté, Boukinda et Evame font bientôt le lien entre le meurtre de Obiang et le braquage fructueux. Grâce à leur ami journaliste Gaspard Mondjo, aussi bien informé que la police, ils sont sur les traces de Sisco. Au sein de la bande, la tension monte vite entre Sisco et Marco. Ce dernier sait qu’on peut retrouver leur piste à cause des armes utilisées.

L’ex-compagnon de la deuxième prostituée assassinée est vaguement suspecté. Mais, dès le troisième cas, Komba et Owoula ont compris que c’était l’œuvre d’un tueur en série. C’est la mobilisation générale dans chaque service de police. Les uns visant la bande du braquage, les autres recherchant activement celui qu’ils ont baptisé le chasseur de lucioles. Mais qui soupçonnerait Georges Paga ?…

 

Ce polar 2012 de Janis Otsiemi est encore plus corsé que les précédents. Croisant plusieurs niveaux d’intrigues, il gagne en densité. Les portraits sont affinés, eux aussi. On différencie par exemple un truand sans règles, et ses complices agissant par besoin financier. Côté flics, même présentation nuancée. Tout cela permet à l’auteur de nous raconter en finesse le contexte criminel gabonais. Et de souligner que Libreville est très cosmopolite, avec des gens venus de divers pays africains. Outre l’aspect purement policier, en témoigne la question du SIDA, c’est un roman comportant une bonne part de chronique sociale. Et puis, il y a toujours ce délicieux langage (partager la bouche d’un autre, c’est être du même avis; le bouya-bouya, ce sont les embrouilles). Ce qui ajoute une belle authenticité à l’histoire, bien sûr. Chaque chapitre est même assorti de proverbes locaux. Merci à Janis Otisemi pour ce beau voyage à Libreville !

 

Voilà l’occasion de rappeler que je n’ai pas attendu la récente approbation des médias (Libération, Canal+), ni celle de Michel Le Bris et d’Étonnants Voyageurs, pour chroniquer Janis Otsiemi. Dès ses débuts, son talent m’a convaincu alors que le microcosme journalistique et cultureux l’ignorait. Qu’il soit aujourd’hui mieux médiatisé est une excellente chose. Retour détaillé sur ses titres précédents…

 

OTSIEMI-2007Peau de balle (Éditions du Polar, 2007). Sur une intrigue qui a fait ses preuves, un roman qui ne manque pas d’originalité. Il utilise à la fois un vocabulaire imagé, des expressions typiques (Je vais le couteauner, Fais l’avion, une couloirdeuse ou une bouasse…) et du vieil argot français pas si désuet. Soulignons une belle fluidité narrative, rendant le récit fort entraînant. Janis Otsiemi n’oublie pas que le roman noir comporte aussi un témoignage social. Il montre de façon vivante la société gabonaise actuelle, à travers sa population, la corruption ou les magouilles très présentes, la réussite légitime de quelques-uns, la violence des interrogatoires policiers, et le poids du pouvoir à la tête du pays…

Yan, sa copine Mimi, et son ami Khalif, préparent un kidnapping très rentable. Khalif a trouvé le chauffeur dont ils ont besoin pour l’enlèvement. Plus âgé que le trio, Bello a 32 ans, dont plusieurs années passées en prison. Expérimenté, il mesure davantage les risques que ses complices amateurs. Pour Bello, ce rapt sera son dernier coup, aussi exige-t-il d’en être l’organisateur plutôt que Yan. Le trio accepte. C’est Mimi qui eût l’idée du kidnapping. Elle fut un temps l’employée de Pascal Simba, un rupin, un ouattara qui a largement les moyens de payer. Bello s’occupe de tout, afin d’être prêt au moment prévu.

C’est au cœur d’une école pour enfants de nababs que Mimi et Bello vont chercher la petite Jennifer, la fille de Pascal Simba. Le rapt aurait pu se passer en douceur. Deux surveillantes et le vigile s’interposent. Bello doit déquiller le vigile, avant de s’enfuir avec Mimi et la fillette. Ils arrivent sans encombre dans la planque de Bello... Owoula et Koumba, deux flics de la PJ, s’en occupent rapidement. La rumeur évoque un braquage au siège d’Air France, avec prise d’otage d’une gamine. Sûr que cette version plairait bien aux autorités compétentes du bled pour camoufler l’affaire, mais le duo de policiers mène une vraie enquête, se rendant bientôt chez le riche Simba. Que celui-ci ait une épouse légitime, une deuxième femme, une flopée de maîtresses, et pas mal d’adversaires n’explique rien. Quand les ravisseurs réclament une rançon de cinquante millions, pas question de mettre en danger sa fille en se servant de faux billets...

 

OTSIEMI-2009La vie est un sale boulot (Jigal, 2009). Janis Otsiemi adopte une intrigue confirmée : sortie de prison, casse fructueux, partage du butin, sans que la structure du récit soit pour autant linéaire. Si le vocabulaire est simple, il est encore agrémenté d’expressions locales fleuries. On s’attache vite à ce pauvre bougre de Chicano, dont le destin n’est pas guidé par la chance. Progressivement, s’installe une certaine noirceur meurtrière. L’autre élément favorable, c’est évidemment le contexte gabonais, l’auteur ne cachant pas les tares de son pays…

Chicano sort de la prison centrale du Gros-Bouquet, où il a purgé quatre ans pour un braquage. Il a été gracié par erreur alors qu’il lui restait trois années de tôle. Certes, il n’était que le chauffeur lors du casse visant un riche commerçant libanais installé ici. Mais ce Farrad fut abattu par ses complices, que Chicano n’a jamais dénoncés. Les puissants Arabes vivant au Gabon ne pardonnent pas quand on tue un des leurs. Libre, Chicano ne veut plus de coups foireux. Il n'a pas oublié son amie Mira. La jeune femme n’habite plus chez sa mère. Un gamin indique à Chicano sa nouvelle adresse. Vivant aujourd’hui avec un autre homme, Mira a perdu sa splendeur. Chicano retourne vers son quartier, où il envisage de travailler dans le petit garage de son frère aîné, Gabi.

Chicano retrouve ses anciens amis, Ozone et Lebègue, et leur nouveau complice, Petit Papa. La bande prépare un gros coup, le jour même. Vu le butin annoncé, Chicano se laisse entraîner. Habillés en soldats, ils vont s’attaquer à la Trésorerie du camp militaire de Baraka, où l’on prépare la paie de la garnison. Face à Ozone et Lebègue, armés et déterminés, le colonel Odja ne peut guère opposer de résistance. Les truands s’emparent du pactole. Au moment de faire les comptes, au lieu des cinquante millions prévus, il n’y en a que vingt. La bande a engagé des frais, réduisant le bénéfice. Ses trois membres actuels se concertent, n’ayant pas l’intention de laisser sa part à Chicano. Les policiers Koumba et Owoula ne sont ni plus efficaces, ni plus honnêtes que la moyenne des flics de Libreville. Bien que l’armée se charge d’enquêter sur le vol du camp de Baraka, Koumba ne tarde pas à comprendre ce qui s’est passé...

 

OTSIEMI-2010La bouche qui mange ne parle pas (Jigal, 2010). Nouvelle exploration fort réussie de la pègre gabonaise. Petites combines, trafics divers, arnaques éprouvées, tout est bon pour traquer le gros coup, dans un pays où l’argent se dépense vite. “Les Gabonais ne sont pas des bâtisseurs… [Ils] ont plutôt la réputation d’être des flambeurs, des canneurs, des coureurs de jupons.” Les petits voyous veulent juste glaner du fric qui sera vite claqué. Dans la police, on suit le même raisonnement, semble-t-il. Le réel talent de Janis Otsiemi se confirme. Se servant sans en abuser du vocabulaire et des expressions locales, il ajoute une saveur particulière à son récit…

Solo sort d’un séjour en prison, à cause d’une bagarre mortelle dans un bar. Spécialiste des coups tordus, il tombait pour une affaire banale. Solo a bientôt besoin d’argent. Parmi la faune de délinquants de Libreville, il peut compter sur son cousin Tito. D’ailleurs, celui-ci lui lâche sans problème une avance sur un prochain coup. Avec le paquet de fric, Solo règle ses dettes et lève une pute. Solo sera le chauffeur de l’affaire amenée par Tito. Même s’il n’est que l’exécuteur pour de mystérieux commanditaires, Youssef dirige l’opération. Ils vont kidnapper un môme, et le livrer à un marabout. Solo désapprouve ce genre d’affaires malsaines : “Trop de choses avaient changé pour lui depuis sa sortie de taule. Les gars n’avaient plus de code d’honneur. Sans coutume et patrie [sans foi, ni loi], ils avaient vendu la honte aux chiens.”

Pendant ce temps, Joe et Fred profite d’une nouvelle combine. Il s’agit de faire chanter de riches femmes mariées, piégées par des photos sexuelles. Dodo et Jimmy ont un autre bizness, le braquage. Ils s’attaquent à une agence de la Western Union, un casse sans faute. Quant à Solo, il s’acoquine avec son vieil ami Kenzo. Babette, l’amante de Kenzo, profite en ce moment des largesses d’un banquier. Un pigeon qu’il ne sera pas difficile d’attirer avec la promesse de billets miracles, apparemment une arnaque classique sans grand risques. Les policiers Koumba et Owoula trouvent toujours le moyen d’obtenir leur pourcentage, quitte à laisser courir des coupables. Puisque leur supérieur, le colonel Tchicot, leur accorde toute sa confiance, ils auraient tort de ne pas en abuser. L’enquête sur la série de meurtres d’enfants n’avance guère. Selon la rumeur, ces crimes rituels sont attribués à des politicards. Encore faut-il des preuves...

Janis Otsiémi est invité au 9e Salon du livre de Genève du 24 au 29 avril 2012, dans le cadre du Salon Africain.

Partager cet article
Repost0
17 février 2012 5 17 /02 /février /2012 06:36

 

C’est le Lieutenant général de police Nicolas de la Reynie (1625-1709) qui créa les premiers services d’enquête, aux temps de Louis 14. La grande histoire de la police retient évidemment le nom de François Vidocq (1775-1857), forçat évadé qui devint Chef de la Sûreté. Mais c’est surtout à partir de 1871 que la police parisienne s’organise, s’installant jusqu’en 1888 au 7 Quai de l’Horloge.

CANCES-DIAZ-1Puis vient le temps du 36 Quai des Orfèvres, glorieuse adresse universellement connue. La quasi-totalité des grandes affaires criminelles passera longtemps par ces bâtiments: de l’assassinat de Jean Jaurès en 1914 jusqu’à l’attentat de la Rue Copernic en 1980 ou à celui du RER B de Saint-Michel en 1995, de l’affaire Violette Nozières en 1933 à celle de Guy Georges en 1994 ou celle de Thierry Paulin vers 1987, de l’assassinat du président Paul Doumer en 1932 à celui du PDG de Renault en 1986 par Action Directe, du cas de Lucien Léger en 1964 à celui du Japonais cannibale en 1981, et bien d’autres encore. Car l’histoire du "36" est aussi liée à la Bande à Bonnot, à l’affaire Stavisky, aux comploteurs de la Cagoule, au gang des Tractions avant, etc.

L’enquête policière, ce sont encore de grandes avancées techniques. Depuis ces inspecteurs qui se grimaient pour guetter leurs suspects, puis les classements et méthodes photographiques imaginés par Alphonse Bertillon, jusqu’à l’ADN et aux spécialistes de criminalistique actuels. Il faut également évoquer la Mondaine et l’Antigang, brigades spécifiques. Et un ouvrage sur le "36" ne peut oublier que le nom de Simenon y reste associé, grâce au commissaire Maigret.

Publiée aux Éditions Jacob-Duvernet fin 2011, cette Histoire illustrée du 36 des anciens policiers Claude Cancès et Charles Diaz est bien sûr intéressante par ses textes, mais surtout par ses illustrations. La très riche iconographie permet de suivre à travers le temps l’évolution de la police, de ses méthodes d’investigation et de la criminalité. On peut regretter, puisque les crimes politiques sont évoqués, qu’il manque des détails sur la proximité politicienne entre l’État et les hauts-fonctionnaires du "36". Et puis on a peut-être moins d’admiration que les auteurs pour des grands noms de la PJ, le commissaire Broussard n’ayant jamais fait l’unanimité dans l’opinion, par exemple. Néanmoins, le lieu par lui-même reste impressionnant et symbolique. Et les documents anciens présentés ici constituent un témoignage, une facette de l’Histoire de France encore récente.

CANCES-DIAZ-2

Partager cet article
Repost0

Action-Suspense Contact

  • : Le blog de Claude LE NOCHER
  • : Chaque jour des infos sur la Littérature Policière dans toute sa diversité : polar, suspense, thriller, romans noirs et d'enquête, auteurs français et étrangers. Abonnez-vous, c'est gratuit !
  • Contact

Toutes mes chroniques

Plusieurs centaines de mes chroniques sur le polar sont chez ABC Polar (mon blog annexe) http://abcpolar.over-blog.com/

Mes chroniques polars sont toujours chez Rayon Polar http://www.rayonpolar.com/

Action-Suspense Ce Sont Des Centaines De Chroniques. Cherchez Ici Par Nom D'auteur Ou Par Titre.

Action-Suspense via Twitter

Pour suivre l'actualité d'Action-Suspense via Twitter. Il suffit de s'abonner ici

http://twitter.com/ClaudeLeNocher  Twitter-Logo 

ACTION-SUSPENSE EXISTE DEPUIS 2008

Toutes mes chroniques, résumés et commentaires, sont des créations issues de lectures intégrales des romans analysés ici, choisis librement, sans influence des éditeurs. Le seul but est de partager nos plaisirs entre lecteurs.

Spécial Roland Sadaune

Roland Sadaune est romancier, peintre de talent, et un ami fidèle.

http://www.polaroland-sadaune.com/

ClaudeBySadauneClaude Le Nocher, by R.Sadaune

 http://www.polaroland-sadaune.com/