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3 octobre 2014 5 03 /10 /octobre /2014 04:55

La classe de l'intransigeante Miss Marple est partie en voyage scolaire à Londres. Parmi ses élèves du collège Maurice-Leblanc, il y a trois perturbateurs qu'elle surveille de près. “Longue ficelle blonde aux joues tâchées de rousseur”, la jeune Agatha lui paraît la plus turbulente. Avec son copain rondouillard Hercule et leur ami sportif Sherlock, ils forment un trio d'incontrôlables. Bien que maîtrisant mal la langue anglaise malgré ses origines, Agatha espère bien croiser le beau Prince William. Même par hasard, peu de chances que ça arrive. À l'hôtel, Agatha partage la chambre de la timide et silencieuse Camille, ce qui est censé la calmer. Le séjour débute par un traditionnel tour de Londres dans un de ces hauts bus rouges accueillant foule de touristes.

Faisant une pause-sandwich à Saint-James Park, Agatha et ses amis font la connaissance d'un ado de leur âge, James. Il appartient à la famille royale, c'est un petit-neveu de la reine. Plus tard, la classe de Miss Marple visite Westminster Palace, lieu chargé d'histoire entre tous. Dans quelques jours, une cérémonie y sera organisée autour d'un document précieux, le Traité de Paix entre la Grande-Bretagne et l'Irlande. S'égarant dans le palais, Agatha se retrouve piégée dans une pièce interdite au public. Hercule et Sherlock vont bientôt la rejoindre, heureusement. Pendant ce temps, le fameux Traité de Paix a été volé. La sévère Miss Marple prive Agatha, Hercule et Sherlock des visites suivantes dans Londres. Ce qui n'empêche nullement le trio de revenir à Westminster Palace.

Accompagnés par leur royal ami James, les trois collégiens explorent un passage secret, un tunnel souterrain avec d'effrayantes chauves-souris. Cachés, ils ne reconnaissent pas l'individu mystérieux qui utilise aussi le tunnel. Probablement le voleur du Traité de Paix. Ils débouchent dans un bureau de Buckingham Palace, où James est chez lui. Malgré la vigilance de Miss Marple, le trio se lance dans une expédition nocturne à Westminster Palace, toujours avec James. Le vieux concierge Edward s'explique mal le vol du document précieux, car la sécurité est assurée ici. Le lendemain, c'est le jour J pour la cérémonie officielle entre autorités irlandaises et britanniques. Le trio fausse à nouveau compagnie au groupe de Miss Marple, pour tenter de récupérer le Traité de Paix…

Caroline Triaureau : Agatha Doyle au service de Sa Majesté (Naïve Livres, 2014)

Ce roman jeunesse offre une belle manière de s'initier aux romans policiers anglais de la grande tradition. La jeune héroïne porte les noms combinés d'Agatha Christie et d'Arthur Conan Doyle, écrivains incontournables de la littérature de mystère. En fin de volume, l'auteure explique aux jeunes lecteurs ses clins d'œil concernant les autres personnages principaux : la “vraie” Miss Marple était une vieille dame perspicace et non une prof dure, Hercule Poirot avec ses “petites cellules grises” et le détective Sherlock Holmes ont inspiré les prénoms des camarades d'Agatha Doyle.

Il eût été étonnant que Moriarty ne jouât pas un rôle dans les mésaventures de nos intrépides collégiens français. Quelle chance ils ont d'avoir rencontré un jeune membre de la famille d'Elisabeth II, ces trois-là ! Il s'agira donc de retrouver un document dérobé, ce qui permet d'expliquer en exergue un point d'histoire, le conflit entre Grande-Bretagne et Irlande. Au fil du récit, quelques phrases simples en anglais donnent aussi le ton. Reste à savoir si la jeune Agatha réussira à croiser son prince charmant, marié (sûrement par erreur, estime-t-elle) à la duchesse Kate. Un suspense parfait pour jeunes lecteurs, et peut-être pour moins jeunes.

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1 octobre 2014 3 01 /10 /octobre /2014 04:55

Marco Benjamin est lieutenant de police à Lyon. Âgé de quarante-trois ans, il est divorcé de Caroline. Marco et elle ont une fille de seize ans, Chloé. Son ex-femme vit désormais avec l'artiste-peintre Julio Savenaze. Le commissaire Massé, son supérieur, n'ignore pas l'impétueuse nature de Marco Benjamin. Il l'a pourtant désigné comme chef de groupe, pour enquêter sur un tueur en série qui s'attaque à des adolescentes. Le coupable est un cruel sadique qui torture à mort ses victimes. La dernière disparue est une fugueuse âgée de seize ans, Jennifer. Telle sa fille Chloé, celle-ci a pu fréquenter des concerts de rock, et y croiser un pseudo-photographe qui l'aurait enlevée. Un guérisseur apprécié des notables lyonnais, Ismaël, pourrait probablement aider Marco.

Le policier se rend dans une ferme ardéchoise afin de rencontrer cette espèce de gourou, sosie d'un Jésus-Christ idéalisé. Ses visions semblent précises. Marco se lance dans une opération en campagne, entre une vache excitée et un corbeau mort. Il découvre bientôt la cabane où a été torturée Jennifer, ensanglantée et moribonde. Image fantomatique qui ne va plus le quitter, jusqu'à ce qu'il mette la main sur le tueur. Un tel choc entraîne pour Marco quelques séances chez un psy. Auquel le policier préfère parler des comics Marvel et des super-héros de bédé, plutôt que de son état de santé. Marco invente un personnage à son image, Suicide-Man. Il crée un site Internet à la gloire de ce héros dépressif mais invulnérable. Sur les photos, Marco arbore le tee-shirt de Superman.

Entre son ex Caroline et Chloé, qui demande à prendre la pilule, le moral ne risque pas de s'améliorer pour Marco. Son collègue Paul est blessé d'un coup de couteau le soir où Marco et lui pensent avoir identifié le tueur. Après avoir pris en otage une fillette, l'homme s'enfuit. Suicide-Man a sauvé la gamine, c'est le plus important. Tout juste âgée de dix-huit ans, la rousse Elsa est une fervente admiratrice du site de Suicide-Man. Elle a fugué, ce qui se conçoit quand on constate la bêtise de son père. Marco accepte d'héberger la jeune fille, malgré l'ambiguïté de leur différence d'âge. Le policier et Elsa consultent à nouveau Ismaël, au sujet du tueur qui a blessé Paul avant de disparaître. Le spiritisme du gourou ne donne cette fois que des indications imprécises.

Disposant d'un appât, Marco et Ismaël vont traquer avec succès le criminel. Toutefois, le policier reste insatisfait, imaginant que leur suspect a été piégé par son donneur d'ordres. Pour le commissaire Massé, les clowneries de Suicide-Man ont suffisament duré. Joanna, l'assistante d'Ismaël, va requinquer sexuellement Marco. Au grand dépit de la jalouse Elsa. Le policier va être accusé d'un meurtre. Ça n'est pas pour déplaire à son collègue Lanson. Si Suicide-Man n'a pas dit son dernier mot, il lui faut d'abord échapper à la police…

Alain Gagnol : Un fantôme dans la tête (Le Passeur Éd., 2014) – Coup de cœur –

Certes, les enquêtes de police ordinaires ne sont pas sans charme. Un flic bedonnant qui fume la pipe, collecte les indices, interroge les témoins puis le suspect, un scénario de bon aloi. Néanmoins, quand le flic est beaucoup plus déjanté, pas loin d'avoir “les fils qui se touchent”, au point de se transformer en personnage de bédé pour éviter de sombrer dans la plus noire dépression, ça devient nettement plus excitant. Quand il s'occupe des crises de somnambulisme de son ex-épouse, s'inquiète de l'obsession pour la pilule de sa fille, se fait casser les oreilles dans des soirées rock pour djeunes, ça le rend plus attirant. Quand il s'invite dans une sorte de secte façon hippie, écoute un Jésus-Christ réincarné, se laisse séduire par une adepte bronzée, c'est peu conventionnel et bien plus piquant.

Marco Suicide-Man ne perd jamais de vue la monstruosité du tueur qu'il pourchasse. Mais lui-même applique des méthodes pouvant laisser perplexes sa hiérarchie et ses collègues. C'est dire qu'il s'embarque (et le lecteur avec lui) dans des aventures mouvementées et pleines de risque. Sans se départir d'un humour mi-jovial, mi grinçant : “J'aime bien quand tu te compares à des hémorroïdes, Lanson, cela prouve qu'il te reste encore des moments de lucidité.” Vêtu d'un vieux tee-shirt défraîchi de Superman censé le protéger, notre héros bouscule avec bonheur les investigations classiques. Sourires et succession de péripéties sont au programme de cet excellent suspense. Bravo à Alain Gagnol pour ce polar, un des plus endiablés de l'année. Coup de cœur.

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30 septembre 2014 2 30 /09 /septembre /2014 04:55

Recueil de quatre nouvelles.

"Vend Peugeot 306" : Cette femme a une vie rêvée, entre son mari Yan (hélas trop absent, trop occupé) et leur fils Paul. Vivre en bord de mer, y faire des balades, c'est très plaisant. Songer à leurs vacances sous le soleil d'Espagne, tout autant. Un acheteur potentiel est prêt à acquérir sa voiture, une 306 en bon état. Si son autoradio diffuse du Gainsbourg, c'est plutôt le succès de Zanini “Tu veux ou tu veux pas ?” qu'elle devrait fredonner.

"Le congélateur" : Âgée de trente-neuf ans, Mme Vidal est mère de famille et employée de bureau. Comme pour tout le monde, son entourage est peuplé d'importuns, de gêneurs. Dans sa société, elle aimerait être débarrassée de deux fâcheux, par exemple. À l'école de son fils, la directrice est une enquiquineuse, elle aussi. Son amie Perrine lui apporte une idée qui, semble-t-il, a déjà fait ses preuves : “Il suffit de prendre en photo la personne à l'origine de tes tourments et de mettre la photographie au congélateur : la personne en question sera aussitôt neutralisée.” Mme Vidal va tester ce procédé, genre vaudou façon esquimaux, qui fonctionne très bien. Elle en use et même elle en abuse, au point que son congélateur n'y suffit pas. Il y a tant de malfaisants, de par le monde. Mais elle va bientôt se heurter à une adversaire pas moins tenace qu'elle.

"Jean-Pierre" : Épouse de Mathieu Ravon, Lucie est enceinte d'environ sept mois. Ce sera un garçon. Tout se passerait pour le mieux, si son mari n'émettait une idée contrariante pour la jeune femme. Il tient à prénommer leur fils Jean-Pierre. Certes, la liste des Jean-Pierre célèbres est longue, mais quelque peu datée. Des quinquagénaires, au minimum, peuvent s'appeler ainsi. D'ailleurs, en se renseignant sur l'impact du prénom sur les intéressés, Lucie le vérifie illico : son voisin et son collègue de bureau, ils ont tous des têtes de Jean-Pierre. Un prénom comme Thomas, qui est celui du père de Lucie, ça sonne plus actuel, moins vieillot. Il faudra ruser pour convaincre Mathieu.

"Maman !!!" : Murat est un quadragénaire qui n'a jamais fait grand-chose dans sa vie. Il cohabite avec sa mère, qu'il adore et qui s'occupe de tout dans leur quotidien. Bien sûr, Murat est parfaitement conscient que sa mère vieillit. Même s'il n'a que de vagues idées sur la cryogénisation, puisqu'ils possèdent un bon congélateur, son projet est de congeler sa mère. Pour un incapable comme Murat, ça suppose quand même des complications. Sa mère pourra être hébergée chez une certaine Mme Bazinc. Toutefois, cette solution idéale et si sympathique ne va durer qu'un temps.

Pascale Dietrich : Le congélateur (Éditions In8, 2014)

Sans aller jusqu'à parodier “l'enfer, c'est les autres”, la formule de Jean-Paul Sartre dans sa pièce Huis-Clos, du moins faut-il admettre que “les autres” sont envahissants. Un mari voulant imposer un prénom obsolète au bébé, des casse-pieds à foison autour de soi, un acheteur de voiture dérangeant les pensées de la vendeuse, même se faire cryogéniser ne suffit pas à être tranquille. On a bien raison de penser que, si notre vie est pleine de désagréments alors qu'on la voudrait heureuse et sereine, c'est à cause des autres.

Dans ces quatre histoires, Pascale Dietrich nous propose une galerie de portraits dessinés avec une belle ironie. “Je ne pus articuler un mot de toute la soirée, obnubilée par l'idée que quelqu'un, quelque part, jouait le même jeu que moi. C'était un peu comme si la seule puissance nucléaire du monde découvrait qu'un pays concurrent détenait l'arme atomique” se dit, par exemple, celle qui congèle les gens détestables. Si la nouvelle qui introduit le recueil reste fantasmatique, les suivantes vont s'avérer plus criminelles. Rien de sanguinolent, car le sourire domine. Une tonalité fort séduisante, donc à découvrir.

- "Le congélateur" de Pascale Dietrich est disponible dès le 9 octobre 2014 -

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29 septembre 2014 1 29 /09 /septembre /2014 04:55

Pour éviter de virer racaille en Seine-Saint-Denis, le jeune Joe est devenu apprenti-curé, “aspirant en herbe” ne délaissant pas tout-à-fait les pétards. Le père Walter lui confie une mission. Le curé Denisov, aussi marginal que Joe à l'origine, était en poste à Montmirail, dans la Marne. Son décès brutal mérite explication. Il s'agira pour Joe d'aller fouiner dans cette bourgade aux confins du pays champenois, vêtu de sa soutane. Inspirer confiance, c'est plus facile en tenue sacerdotale. Joe contacte une amie du défunt curé, Suzanne Hichorn. Ancienne artiste de cirque réputée, elle mesure à peine un mètre. Elle vit dans l'ancienne gare de Montmirail, qu'elle a héritée de sa sœur journaliste, décédée. Suzanne et Joe s'entendent bien, mais l'aspirant prêtre est sûr de n'être pas le bienvenu ici.

À Paris, Daniel Bensila aurait pu devenir un écrivain et scénariste valable, si l'éditeur et producteur de films Krieber avait été plus fiable. Une nuit, au volant de la MG de Krieber, il renverse une jeune femme dans la rue, avant de s'enfuir. Or, il y avait un témoin, ancien flic qui connaît quelque peu la famille de Maria, la victime. À Montmirail, les Affatigati possèdent une entreprise vendant toutes sortes d'objets religieux. Belle clientèle dans le clergé international, pour les trois fils de Cesare Affatigati et leur sœur Maria, même si leur production n'est pas toujours de bon goût. Paris n'est qu'à quatre-vingt-dix kilomètres de Montmirail : les frères ne tardent pas à y régler leurs comptes, avant de ramener chez eux Maria, désormais handicapée. Ce qui n'arrange pas les affaires de Daniel Bensila.

Joe a pu penser qu'un motard défiguré, pilotant un engin décoré d'une flamme rouge et d'une queue verte, pouvait être son ennemi. En réalité, Kevin Cheramy est le fils d'un gendarme local et il fut un vrai ami du curé Denisov. Dans la cave de la gare de Suzanne, Joe découvre le cadavre d'un homme à l'état de squelette. Sa mère pourra ainsi faire une croix sur l'éventuel retour de ce Fabre. L'architecte François Laurens n'apprécie guère non plus la petite enquête de Joe. Ce dernier commence à en avoir marre de la soutane, bien qu'elle l'ait aidé jusqu'à là. À Paris, toujours surveillé par l'ex-flic, Daniel Bensila cherche un éditeur. Ce qu'on lui propose finalement n'est pas de haute volée. Joe va faire éclater un scandale, lorsqu'il trouve des preuves de la vie secrète de Montmirail…

Hervé Mestron : Marionnettes (Éd.Wartberg, 2014)

Les visiteurs qui chercheraient Godefroy de Montmirail dans cette ville de 3800 âmes seraient déçus. Il y a bien un château et le souvenir d'une bataille napoléonienne, mais ce n'est pas la plus attractive des villes de la région, question tourisme. L'ancienne gare est proche du cimetière, dans un décor très campagnard. À cause de l'exode rural, il semble qu'on se résigne à vivoter ici, comme dans beaucoup de bourgades oubliées. L'ambiance est-elle aussi peu animée que nous le décrit l'auteur ? C'est probable. Ça ne s'excite guère que chez les Italiens qui commercialisent des bondieuseries. Quand un curé vient du 93, il a intérêt à prétendre arriver d'ailleurs en France. La tranquillité règne à Montmirail. Ce ne sont pas deux ou trois décès qui viendront la perturber.

C'est un chassé-croisé de personnages insolites qu'Hervé Mestron met en scène. Des curés hors norme, un écrivain sans le moindre avenir, un motard rockeur et sa protégée quasi-muette, une famille où frères et sœur forment une curieuse fratrie, une artiste de cirque naine, et quelques habitants du cru. C'est sur une tonalité enjouée qu'il raconte une histoire fort bien construite. Nul besoin de crimes trash, ni d'enquête façon experts de la police scientifique, juste des morts vaguement suspectes pour alimenter une intrigue où plane un mystère diffus. Au final, un suspense réussi, laissant une excellente impression aux lecteurs.

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26 septembre 2014 5 26 /09 /septembre /2014 05:10

Au début de la décennie 1990, Ray Lamar est un quinquagénaire ayant pas mal bourlingué ces dix dernières années. Dans son activité de porte-flingue, il a montré qu'il était un pro. Il effectua de nombreuses missions pour Memo père et fils, des caïds du trafic de drogue. Aujourd'hui, Ray a besoin de raccrocher, de retourner dans sa ville d'origine, Coronado au Nouveau-Mexique. Il l'a quittée il y a dix ans, suite à une affaire dramatique, mais Ray a encore des proches là-bas. Coronado est un de ces endroits qui se sont développés grâce au pétrole. Un essor qui attira des travailleurs, pour lesquels on construisit des maisons désormais désertes. Car les puits de pétrole se sont bientôt épuisés, et Coronado perd de la population au fil des ans. Toujours en vie, Gus, le vieux père de Lamar, en a fait l'amère expérience. Il s'est enrichi avec le pétrole, puis a tout perdu en espérant une embellie.

Après l'armée, Ray travailla un temps avec son père. Il épousa Marianne, ils eurent un fils. À l'époque, c'était Angela Lopez qui gérait à Coronado le trafic de drogue pour un cartel. Le shérif du comté était alors Tomás Herrera, le cousin germain de Ray, fils de son oncle Luis. Un accident de voiture, provoqué selon Ray, causa la mort de sa femme Marianne. À cause de ça, son fils est resté handicapé depuis. Il a été élevé par Gus, depuis que Ray a fui Coronado. Il se produisit une seconde affaire, parallèle à la première. Qu'elle ait été ou pas responsable de l'accident de Marianne, Tom Herrera soupçonna Angela Lopez. Il finit par abattre malencontreusement cette trafiquante. Qui laissa une orpheline, Elena, depuis adoptée par des amis de Tom. S'il échappa à une condamnation, le shérif Herrera perdit son poste. Devenu presque un paria, ces dix dernières années ont été cruelles pour lui.

Ray accepte une ultime mission pour le fils Memo, parce que ça va se passer à Coronado. Il est accompagné de Jimmy Sanchez, vingt-six ans, le neveu de Memo. Intercepter une livraison de douze millions d'héroïne du cartel adverse, pas si difficile pour Ray. Mais il est obligé de buter un des hommes, tandis que le jeune Sanchez laisser filer le second qui n'est que blessé. Le type hospitalisé, Ray devra le supprimer. Edna Kelly est l'actuelle shérif de Coronado. Elle fut l'adjointe de Tom. Edna reste amicale envers lui, même si le maire de la ville déteste toujours son ex-shérif. D'ordinaire, il n'y a pas de crimes aussi spectaculaires ici. Certes, elle sait que le patron de bar Dario Campo a succédé à Angela Lopez, pour diriger les trafics. L'aide de Tom Herrera ne lui serait pas inutile. Les cousins Ray et Tom se retrouveront fatalement. Quant à assainir cette ville, c'est improbable…

Urban Waite : Les charognards (Actes Noirs, 2014)

Après “La terreur de vivre” (2010, disponible dans la collection Babel), voici le deuxième roman noir d'Urban Waite. Une pure noirceur hante effectivement cette histoire. D'abord, par son décor. Coronado est une ville subissant un déclin industriel inexorable, qui aura peut-être disparu vingt ans plus tard. Maisons vides, terrains vagues, boulots rares. Ce qui n'empêche pas une bataille de territoires entre deux gangs du trafic de drogue. Même en temps de crise, ce bizness continue. Et cause des morts. Un scénario autour d'une guerre entre bandes, aussi acharnée soit-elle, n'offrirait pas grand-chose de nouveau. Ce que l'on retient, ce sont les personnages, et les liens entre eux.

Le fataliste Gus, père de Ray. L'oncle Luis, alcoolique invétéré. Tom Herrera, ancien shérif qui paie toujours sa faute. Edna Kelly, essayant de ne pas être trop larguée dans son rôle de policière. Le jeune Sanchez, plus frimeur que tueur à gages compétent. Et surtout, Ray Lamar, qui n'est “plus le même homme” depuis le drame qui l'a éloigné de sa ville. Ce n'est pas seulement un froid professionnel du crime. Son fils, ses proches, malgré ce qu'ils ont tous subi, Ray garde un lien viscéral avec eux. Bien sûr, son retour s'annonce sous le signe du sang, de la cruauté. Dès le début de la mission, le meurtre du vieux Burnham donne le ton.

Urban Waite nous invite chez les durs, les desperados, marqués par un sombre destin : un roman noir authentique, sans pitié.

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25 septembre 2014 4 25 /09 /septembre /2014 04:55

Vigo Vasquez, surnommé Le Noir, “un chef de bande, un bandit sans foi ni loi comme on n'en faisait plus. Un tueur.” Belle réussite, quand fut arrêté ce truand aujourd'hui âgé de cinquante-quatre ans, emprisonné en Alsace. En plus de diriger son gang, Vigo était aussi un pédophile et un tueur en série d'enfants. Après que plusieurs juges d'instruction aient échoué, l'affaire fut rondement menée par l'ancien patron de la P.J., Rollin. Succès qui lui a permis de monter en grade, devenant préfet de police. Le policier Erwan Lauterbach participa à la conclusion de cette enquête. Pour lui, le bilan est nettement plus mitigé. Il est veuf, père d'une fillette de quatre ans qu'il élève avec sa propre mère.

Divorcée du mafieux corse Matéo Rizzo, Nathalie Ruiz fit partie des avocats de Vigo Vasquez. Si ses défenseurs furent souvent efficaces, impossible de le sortir du pétrin cette fois. Meurtres de plusieurs enfants, ça ne pardonne pas. D'autant qu'un témoin capital, le malchanceux Elvio Vitalli fit pencher finalement la balance de la Justice. Sans états d'âme, le juge Tranchant condamna Vigo Vasquez. D'ailleurs, il existait des preuves, et l'ADN du coupable fut retrouvé autour d'un des crimes. Toutefois, on pouvait se demander comment un tel cador du grand banditisme s'était abaissé à tuer une série de gamins. Rollin masqua habilement ce genre d'interrogations, l'essentiel étant d'avoir capturé le fauve.

Cinq enfants viennent d'être séparément kidnappés, avant d'être séquestrés ensemble sur un bateau. Pas n'importe quels mômes, d'où l'obligation faite aux parents de garder secret ces enlèvements. Il s'agit de la fille de Nathalie Ruiz et de Matéo Rizzo, de celle du juge Tranchant, de la fillette du policier Lauterbach, des fils de Rollin et d'Elvio Vitalli. Le responsable des ravisseurs s'est bientôt manifesté : c'est Vigo Vasquez, qui est parvenu à s'évader de prison grâce à des circonstances particulières. Il exige que la vérité soit faite, que les parents avouent leurs fautes, car il confirme n'être pas le tueur. Le préfet Rollin entend mener l'affaire à sa manière, interdisant que les autres parents interviennent.

Parmi les captifs, le fils Vitalli et la fille de l'avocate envisage de s'enfuir. Échec partiel, car ils ignorent dans quel port ils sont. Matéo Rizzo, l'ex de Nathalie Ruiz, reste un homme d'action, et ne compte que sur lui-même pour retrouver leur fille. Erwan Lauterbach suit la même piste que le Corse, dans un bar servant de repaire à des truands. Bien qu'ils n'aient pas les mêmes valeurs, l'objectif de sauver leurs filles les réunit. De son côté, un ancien flic enquête pour le juge Tranchant, suivant la piste de jeunes Gitans. Lauterbach et Rizzo débarquent dans un port de la Mer du Nord, où une certaine Marie-Louise Mariani semble avoir un rôle dans l'organisation de Vigo Vasquez. L'enquête mouvementée du duo va les mener jusque dans un club de vacances en Belgique…

Jacques-Olivier Bosco : Quand les anges tombent (Éd.Jigal, 2014)

Films policiers, romans noirs, d'Auguste Le Breton ou André Héléna à nos jours, sûrement un peu de Michel Audiard, Jacques-Olivier Bosco s'est nourri d'une large “culture polar”. Il en connaît toute la mythologie. Aussi bien ce qui concerne le grand banditisme, les destins fatals des losers, sans oublier les corrompus de tous poils. Il n'ignore pas qu'un roman d'action ne captive les lecteurs que s'il est réellement percutant. Mettre en harmonie un tempo très rythmé et une intrigue de bon niveau n'est pas un exercice si facile. Le scénario se doit d'être vraiment solide, et les personnages absolument convaincants. Cet équilibre, Jacques-Olivier Bosco l'obtient dans les aventures agitées qu'il nous raconte ici.

Bien que soient en cause des meurtres d'enfants puis un quintuple kidnapping, il n'est pas question de tomber dans le pathos. Si le truand et ses acolytes sont des durs, les parents restent également déterminés. Moins froidement que l'adversaire, mais avec volonté. Le cas du manipulateur et cynique préfet Rollin ne nous est pas caché. Ambiance tendue, qui n'empêche pas des pointes d'humour. Un enquêteur parallèle se nomme Burma, non pas Nestor mais René Burma. Outre les clins d'œil à quelques amis, notons des passages tels que celui-ci : “La salle était vide, des patères aux murs (…), des douches à faire peur à Stephen King lui-même, avec leur carrelage de boucherie et la tuyauterie rouillée et tordue.” Ces sourires sont complémentaires d'une histoire sombre mais vivante, possédant tous les ingrédients qui séduiront les amateurs des meilleurs polars.

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23 septembre 2014 2 23 /09 /septembre /2014 04:55

Sheryl Gibson aurait pu rester vivre à Gallup, au Nouveau-Mexique, où son père tenait un garage sur la Route 66. Mais, en cette seconde moitié des années 1960, la Californie est plus attirante que jamais. Car le LSD et toutes sortes de drogues y circulent. Surtout si on entre dans la Famille, le cercle d'adeptes de Charles Manson. Au Spahn Ranch, autour de celui qui se proclame le nouveau Jésus-Christ, c'est sexe et drogues à volonté. Blonde et bronzée, Sheryl en a profité ces derniers mois. Elle s'avoue plutôt sympathisante, que réellement fascinée par les délires de Manson. Néanmoins, Sheryl fait partie du groupe qui pénètre dans une propriété de Cielo Drive, ce samedi 9 août 1969. Au nom de la Famille, ces prédateurs vont commettre un carnage, massacrant l'actrice Sharon Tate et plusieurs autres personnes présentes. Écœurée, Sheryl s'enfuit dès que possible.

La jeune femme se cache autant des flics, qui mènent une enquête active, que des fêlés de la Famille. Le nommé Cacho Sullivan la fait entrer dans sa troupe de strip-teaseuses, se produisant dans les bleds de la côte Ouest. Un bon job pour une jolie fille. C'est ainsi que Sheryl va rencontrer un jeune Noir appelé Meredith Hunter, dit Murdock. Il se garde bien de lui révéler ses véritables activités. Le trafic d'armes volées est aussi florissant que celui de la drogue en Californie. Avec son fournisseur Travis, les mitraillettes Uzi, les Remington et autres flingues ne sont jamais en rupture de stock. Alors que Sheryl vient habiter chez son amant noir, celui-ci est prêt à livrer un arsenal aux Hells Angels d'Oakland. Leur chef Big Walters paye cash les armes récemment dérobés dans un bled des environs, Lindsay.

Les flics ne tardent pas à repérer les flingues des Hells Angels d'Oakland. Le vindicatif Big Walters est furieux, comptant bien faire payer cette embrouille à Meredith Hunter. Avec sa bande, bien que le Black ait déménagé par prudence, ils vont vite retrouver la planque de Meredith et Sheryl… Tandis que Charles Manson et plusieurs adeptes sont en prison, les Rolling Stones viennent de perdre leur guitariste Brian Jones. Malgré tout leur tournée continue, tel un hommage. Les voici en Californie où, à soixante-dix kilomètres de San Francisco, sur le circuit automobile d'Altamont, ils vont attirer trois cent mille spectateurs. Même si les Stones se déchaînent, la violence et la mort rôdent sur l'évènement. Pour Sheryl, c'est une nouvelle étape dans les épreuves qu'elle doit traverser, pas la dernière…

Marc Villard : Sharon Tate ne verra pas Altamont (Cohen & Cohen Éd., 2014)

Marc Villard reste le grand styliste français de la nouvelle et du roman court. Utiliser pour contexte des épisodes entremêlés de l'histoire californienne, c'est déjà une sympathique idée. À la fin du livre, se place d'ailleurs une chronologie des faits. Toutefois, les lecteurs n'attendent pas une simple reconstitution de l'époque, et l'auteur n'est pas de ceux qui tomberaient dans cette facilité. Ce qu'il nous raconte, c'est le parcours d'une jeune femme dans l'univers débridé qu'était la Californie d'alors. Durant cette décennie, le mouvement hippie s'est développé, fort attirant pour toute une jeunesse.

Goûter aux drogues était une manière de se libérer du conformisme. C'est l'expérience que veut vivre la belle Sheryl. Notre héroïne a la malchance de fréquenter le cercle de Charles Manson, la Famille. Concernant ce personnage halluciné et cruel, soulignons que l'aura satanique de Manson n'a guère faibli quarante-cinq ans après son arrestation. Par ailleurs, si les révoltes de 1968 et Woodstock ont marqué l'apogée du Flower Power, du Peace and Love, Marc Villard n'ignore pas ce que symbolise le concert d'Altamont. Dont il décrit admirablement l'ambiance. Par la suite, la “contre-culture” va se marginaliser, et perdre son caractère rebelle. Avec son habileté coutumière, l'auteur nous plonge dans le bain de ces années-là, pour un roman (d'une centaine de pages) de très belle qualité.

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22 septembre 2014 1 22 /09 /septembre /2014 04:55

Gillian Carax, c'est la flic de choc de la police lilloise. Elle s'autorise une vraie liberté dans sa vie intime, entre son pizzaïolo préféré et son collègue Dubois. Ce dernier est marié à Sandy, psychologue scolaire, ce qui les oblige à interrompre leur relation. Leur complicité de policiers reste intacte, y compris face à leur supérieur Pelletier. Tenu par l’Égyptien Bachir Hassan, le Bar des Îles est un des endroits que Gillian fréquente volontiers. On vient d'y retrouver le cadavre au visage mutilé de Djamila, serveuse dans ce bar, et prostituée à l'occasion. C'était une des indics de Gillian. Le corps a été tué ailleurs, puis déposé ici. Déjà sur l'affaire, Paul Dubois va être rejoint par son amie Gillian. Bachir dit ne rien savoir, mais on ne peut pas lui accorder une totale confiance.

Dans l'appartement de Djamila, Gillian découvre des vêtements de luxe. Facile de deviner que la victime faisait des extras, participant à des soirées sexuelles. La laide prostituée Soraya, Égyptienne d'origine aussi et copine de Djamila, n'aide pas tellement Gillian. Le proxénète Sergio ferait un possible suspect, mais ce n'est pas un type si violent, et il a un bon alibi. Il y aurait encore un certain Mustapha, mais son arme habituelle n'est pas celle du crime. La victime étant cliente de la discothèque Le Pirate, Gillian y tente sa chance. Elle fait la connaissance d'un cardiologue quadragénaire, Albin Lefébure, dit “Frédéric”. Elle se fait appeler “Mélissa”. Il lui propose bientôt de participer à des soirées sado-maso où, vu son allure de guerrière, elle jouera de façon convaincante le rôle de dominatrice.

C'est du côté de Courtrai, en Belgique, qu'une certaine Marilyn tient un club SM. Première soirée un peu trop simplette pour Gillian-Mélissa, si ce n'est qu'elle reconnaît un client de l'endroit, un magistrat lillois. L'enquête avançant trop lentement, Gillian se permet une visite clandestine chez le couple Lefébure. Elle y dérobe l'ordinateur et le portable du fameux “Frédéric”. L'expertise n'y trouvera rien de vraiment compromettant, le médecin et son ami magistrat s'avérant prudents. Par contre, il se confirme que “Frédéric” possède un alibi solide le jour de la mort de Djamila.

Une branche familiale égyptienne de la victime semble pratiquer l'intégrisme religieux. Peut-être les enquêteurs devraient-ils chercher de ce côté ? Quand Gillian provoque une nouvelle rencontre avec “Frédéric”, il lui propose un scénario plus élaboré que la première fois. Chez Marilyn, va avoir lieu un simulacre de cérémonie héritée de l’Égypte ancienne, dans une sorte de temple antique reconstitué. Avec le magistrat et deux jeunes femmes, Eva et Audrey. Cette fois, les choses vont s'accélérer. Les coupables éliminent les traces, compliquant la tache de Paul Dubois et Gillian. Celle-ci prétextera finalement un voyage à Londres pour régler quelques comptes...

Lucienne Cluytens : La panthère sort ses griffes (l'Atelier Mosésu, 2014) – Coup de cœur –

S'il est un roman qui répond exactement à la définition du polar d'action et de suspense, c'est bien ce nouveau titre de Lucienne Cluytens. Elle a concocté une solide histoire, ce qui tient au fait que l'auteure n'est nullement une néophyte. Elle publie depuis dix ans, chez Liv'Éditions (deux romans), puis chez Ravet-Anceau (quatre titres dans la collection Polars en Nord), ainsi que chez Krakoen. Lucienne Cluytens est une romancière qui maîtrise ses intrigues, sachant dans le cas présent exploiter une tonalité rythmée. Car ça bouge sans temps mort, dans cette aventure trépidante de la fonceuse Gillian.

Voilà donc une héroïne intrépide qui pourrait rivaliser avec les plus redoutables flics de la littérature policière ou du cinéma, sans craindre les adversaires dangereux, musclés ou rusés. C'est dans le cadre de “soirées spéciales” qu'elle va intervenir. En effet, la Belgique frontalière a la réputation d'abriter des clubs sulfureux. Si, dans la majorité des cas, le SM sert juste de piment à des jeux sexuels assez ordinaires, des séances scénarisées sont sûrement plus extrêmes. Pas de voyeurisme exagéré : l'érotisme reste ici lié à l'affaire criminelle. Quoi qu'il arrive, la détermination de Gillian-la panthère à éclaircir l'affaire est sans faille, qu'on se le dise ! Un polar très excitant, dans la meilleure tradition.

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