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29 octobre 2014 3 29 /10 /octobre /2014 05:55

Célibataire, M.Berger est un insignifiant employé administratif britannique. Âgé de trente-six ans, c'est un lecteur passionné et vorace pour qui le livre n'est pas un objet anodin. À l'automne 1968, il profite de certaines circonstances pour cesser d'exercer son métier. Il s'installe dans le cottage qu'il vient d'hériter de sa mère, aux abords de la petite ville de Glossom. C'est une bourgade du Devon, au sud-ouest de l'Angleterre, entre Plymouth et Exteter. Solitaire par nature, M.Berger ne fraternise guère avec la population locale. Ce grand lecteur se croit doté d'un talent d'écrivain. Ses tentatives s'avérant bientôt vaines, M.Berger admet son échec. Mais sa passion pour les meilleurs romans reste intacte.

Un jour, il est le seul témoin direct d'un accident entre un train et une jeune femme brune. Il essaie d'intervenir : “M.Berger se mit à courir tout en continuant à l'appeler, alors même que le grondement s'amplifiait derrière lui jusqu'à ce que l'express file à sa hauteur en une fulgurance de bruit, de lumière et de vapeur de diesel. Il eut juste le temps de voir la femme jeter son sac rouge, rentrer la tête dans les épaules, tendre les bras en avant et se jeter à genoux sur les rails.” Sans doute s'agit-il d'un suicide. Pourtant, la police ne trouve aucune trace aux alentours, ni le moindre impact sur la locomotive. L'inspecteur chargé de l'affaire conseille à cet hurluberlu de ne plus les déranger pour rien.

M.Berger est troublé : la scène à laquelle il a assisté présente de fortes similitudes avec le dénouement du roman “Anna Karénine”. Il vérifie la fin du roman : “Les derniers gestes de la femme avaient également reproduit à l'identique ceux de l'héroïne de Tolstoï...” Trop de lectures l'ont-elles conduit à confondre la fiction et la réalité ? “Il avait toujours vécu à distance du monde qui l'entourait, et il en payait maintenant le prix : la folie le gagnait.” Néanmoins, en février suivant, M.Berger est à nouveau témoin de la même scène avec la même jeune femme. Il s'interpose encore, empêchant celle-ci de se suicider. Puis il prend en filature cette personne, ce qui l'amène près d'un bâtiment insolite de Glossom.

Ni ici, ni dans la ville voisine, personne ne semble connaître cette “Bibliothèque privée Caxton, prêt et dépôt de livres”. Certes, situé dans un quartier peu fréquenté, l'immeuble est vieillot et paraît sans vie. S'agissant d'une bibliothèque, ça ne peut laisser indifférent le grand lecteur qu'est M.Berger. Il entreprend de surveiller l'endroit. Patient, il finit par prendre contact avec le vieux monsieur qui s'occupe des lieux. “Il s'appelait M.Gedeon et exerçait la profession de bibliothécaire de la Caxton depuis plus de quarante ans. Son métier, expliqua-t-il à M.Berger, consistait "à enrichir et à préserver la collection, à restaurer les volumes qui en ont besoin et, bien sûr, à prendre soin des personnages"…

John Connolly : Prière d'achever (Ombres Noires, 2014)

Cette histoire a été récompensée par le Prix Edgar Allan Poe du roman court 2014. Dans l'interview qui complète le récit, John Connoly explique : “Enfant, j'ai toujours vu le monde à travers les livres… Je pense que nous autres amateurs de livres, qu'on soit lecteur ou auteur (ou les deux !), les utilisons comme un prisme qui permet de mettre en lumière une expérience, mais aussi un moyen d'appréhender et de mieux comprendre le monde qui nous entoure.” En effet, ce suspense raconte la relation entre les lecteurs et les livres. Nous parlions ici de livres-papier, de cet objet qui n'a rien de virtuel, dont on aime tourner les pages, qu'on veut tenir en main afin d'en apprécier les couvertures ou pour lire quelques lignes, quelques chapitres. “M.Berger symbolise ceux qui ont compris le rôle du livre dans le continuum” dit encore John Connoly dans l'entretien final.

Ce n'est rien dévoiler de dire que la “Bibliothèque privée Caxton, prêt et dépôt de livres” recèle des originaux et des manuscrits. L'auteur ne se contente pas de décrire la passion du livre, c'est une véritable intrigue qu'il a concoctée. Avec une part de sourire, en particulier quand M.Berger passe de la consommation de thé à celle de brandy. Mais aussi – comme dans ses plus gros romans – avec une petite dose de Fantastique. À plus d'un titre, ce sont cent-quarante pages de plaisir que nous propose ici John Connoly. Comment ne pas être séduit par cette histoire s'adressant aux lecteurs passionnés ?

– “Prière d'achever” de John Connoly est disponible dès le 5 novembre 2014 –

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28 octobre 2014 2 28 /10 /octobre /2014 05:55

Ancien grand reporter, Clovis Narigou s'est retiré dans ses paisibles collines de La Varune, non loin de Marseille. Pourtant, certains crimes le replongent dans la sombre réalité. Son amante Emma Govgaline, policière marseillaise à l'allure assez androgyne, lui soumet une nouvelle affaire pour laquelle elle a besoin d'un sérieux coup de main. Un cadavre calciné a été découvert sur la plage, dans la calanque des Pierres Tombées. Le coupable, aux airs de Fantomas, a adressé une vidéo à la police, montrant les tortures infligées à la victime. Clovis y remarque un drapeau pouvant rappeler celui de la Serbie. Le lieu où l'on a trouvé le corps n'est pas loin du Fort Caffagne, devenu propriété privée après que l'Armée l'ait vendu. Clovis connaît ceux qui y vivent, l'artiste-peintre JAD et l'employé russe Micha.

À l'Argus des peintres, Jean-Antoine Dieudonné (dit JAD) possède maintenant une certaine cote. Une de ses toiles vient d'être vendue fort cher à New York. Dans un lot comprenant surtout quatre tableaux de Derain, il est vrai. Propriétaire d'une galerie d'art parisienne, la comtesse hongroise Zoltána Báthory serait une descendante d'Erzsébet Báthory, célèbre figure historique du crime. Son habileté pour présenter dans les salles d'enchères réputées des tableaux rares, certifiés par leurs propriétaires, en fait une reine de ce négoce. Le cas de JAD est différent, toutefois. Le Fort Caffagne où il vit et peint appartient à M.Sacha, un homme d'affaires russe qui trempe dans bon nombre de malversations. On suppose que c'est M.Sacha qui achète discrètement les tableaux de JAD pour faire monter sa cote.

Absent du Fort Caffagne, Micha séjournerait en ce moment à Moscou. Un galeriste cannois aristocratique révèle à Clovis que ce Micha n'est pas Russe, mais Serbe. C'est un artiste et non un simple employé. On pense qu'au temps de la guerre en ex-Yougoslavie, ce copiste de tableaux très doué aurait produit de la fausse monnaie, pour la cause Serbe. Comme le pensait Clovis, il n'y a bientôt plus de doute sur l'identité du cadavre immolé. JAD étant le fils du défunt Nando Fratigacci, truand ayant eu son heure de gloire et premier acheteur du Fort Caffagne, Clovis s'interroge aussi à ce sujet. Tandis que ses amours avec Emma sont au beau fixe, il se renseigne sur les faussaires actuels, héritiers de Fernand Legros. C'est probablement du côté de l'ex-milice serbe au service de Milošević, les Scorpions, que Clovis trouverait la meilleure piste…

Maurice Gouiran : La mort du Scorpion (Éd.Jigal - poche, 2014)

Maurice Gouiran est un des rares auteurs capables réussir l'amalgame entre le roman d'aventure riche en péripéties et l'enquête historique précise, sans négliger la vie privée de son héros. Le dosage harmonieux n'a pourtant rien de si facile, surtout quand sont évoqués des épisodes cruels d'un passé encore proche. L'explosion de la Yougoslavie du maréchal Tito a entraîné pendant une dizaine d'années un imbroglio guerrier destructeur. Le nationalisme exacerbé, avec son prétexte religieux, a brouillé les cartes. Bosniaques, Slovènes, Kosovars, Croates et Serbes, se sont entre-tués sous le regard autoritaire et cynique de généraux autoproclamés.

Les Balkans ont longtemps été laminés par les guerres. Comment penser que, même si le TPI de La Haye a jugé aussi correctement que possible les responsables, les rancœurs soient éteintes ? Les pays de l'est de l'Europe ont eux, dès la chute du Mur de Berlin, développé la corruption et tous les trafics possibles. Mafia russe, une formule commode pour masquer des méthodes criminelles. Dans cette histoire, qui ne se borne pas au décor marseillais, se mêlent le bizness de ces Slaves et les suites du conflit en Yougoslavie. Sale guêpier pour Clovis, car il n'est jamais aisé d'éclaircir des cas aussi complexes. Voilà un suspense de très belle qualité. (Roman de 2012, aujourd'hui en version poche).

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26 octobre 2014 7 26 /10 /octobre /2014 05:55

À La Nouvelle-Orléans, que s'est-il passé dans les années qui suivirent l'ouragan Katrina, catastrophe qui détruisit une partie de l'agglomération ? Dans un premier temps, parce qu'il faut reconstruire et relancer l'économie locale, l'argent afflue et le crédit permet de croire en un avenir plus serein. Vivement décriée avant et pendant le sinistre pour son racisme et sa corruption, la police se réorganise. Fut-ce pour protéger des quartiers neufs comme les maisons Brad Pitt, situées en bordure du Marais aux Alligators. C'est dans cette brigade qu'a été affecté Luke Martin, flic issu du ghetto voisin. Plus jeune, il fut tenté par les bandes sévissant depuis le Marais aux Alligators. Bien vite, Luke Martin réalise que le plus puissant des gangs, c'est la police.

Même en disposant de moyens et en bénéficiant de l'impunité, “tenir” ce quartier sensible semble mission impossible. Luke et sa brigade parviennent à montrer leur détermination aux voyous d'en face. Bien que l'insécurité ait nettement baissé, les politiciens ne font guère écho à ce succès, préférant cultiver les craintes de la population. Luke obtient un poste au centre-ville de La Nouvelle-Orléans. Il se marie bientôt à Luella Johnson, institutrice mais fille d'une famille de flics, dont le père retraité a encore une petite influence. Au cœur de La Grosse Facile, surnom qu'il attribue à La Nouvelle-Orléans, Jean-Baptiste Lafitte est le patron de plusieurs bars et autres bordels dans le secteur de Bourbon Street. Lui aussi profite du regain d'activité des dernières années.

Les Lézards de la finance ont lancé une nouvelle arnaque, la Grande Déflation. Revaloriser le super-dollar peut sembler une excellente idée. Sauf pour tous ceux qui ont des crédits, dont les salaires ne peuvent suivre les remboursements. La police est chargée d'exécuter les avis d'expulsion contre les endettés, ruinés par cette opération monétaire. J.B.Lafitte s'inquiète, car il n'est pas plus à l'abri que les autres. Par un ordre de mission, Luke Martin est chargé de s'auto-expulser de sa maison. Il arrive à gagner du temps, en obtenant le soutien de Big Joe Roody, chef du Syndicat de la Police. Luke doit passer à la vitesse supérieure, militer activement contre les expropriations. Dans son premier discours public, il appelle les policiers de la ville à refuser de se charger des expulsions.

Bien qu'étant blanche de peau, MaryLou Boudreau a compris que le meilleur filon qu'elle puisse exploiter, c'est le Vaudou. Initiée au “loas”, esprits mystérieux de cette culture, elle devient une disciple d'Erzulie, se laissant habiter par cette démone bénéfique. C'est sous le nom de Mama Legba que MaryLou devient une célébrité du sud de la Louisiane. Avec sa Troupe surnaturelle, elle anime même une émission de télé à succès. En tant que leader du mouvement anti-expulsions, Luke sera invité dans ce talk-show. Ou plutôt imposé, par le Syndicat de Big Joe Roody et les politiciens démocrates. Alors que l'élection du futur gouverneur approche, il faut contrer la clique des Républicains de Bâton-Rouge, au service des financiers. “Rendre le pouvoir au peuple”, voilà ce dont Luke doit être le symbole.

Grâce aux pouvoirs de Mama Legba et d'Erzulie, la fête du Mardi-Gras de La Nouvelle-Orléans a été débridée cette année, sans aucun interdit, et les ouragans ont épargné la région. Un vrai miracle, après lequel ses amis incitent Mama Legba à se porter candidate au poste de gouverneur. Mais si elle gagne, la Garde Nationale risque d'être envoyée pour restaurer l'ordre à La Nouvelle-Orléans. Pas plus que MaryLou, le très chrétien colonel Hathaway n'est un politicien. Éviter l'insurrection et protéger la population, même si ce n'est pas sans danger pour Mama Legba, tel est leur objectif. Et peut-être viendra le temps de la prospérité dans un État de Louisiane libéré…

Norman Spinrad : Police du peuple (Fayard, 2014) – Coup de cœur –

Né en 1940, l'écrivain Norman Spinrad est un grand nom de la Science-Fiction. Toutefois, c'est sous le signe de la “politique-fiction” que se place ce nouveau roman. Une genre qui laisse sceptique certains lecteurs, pensant qu'on va leur asséner un énième discours vide sur les bienfaits de tel ou tel dogme. Non, la politique n'est pas que propagande. “Et si, après une gigantesque catastrophe, on imaginait un nouveau départ, une remise à zéro des compteurs pour que le peuple vive mieux qu'avant ?” : tel est ici le propos de l'auteur. Écrire une thèse aurait moins d'impact que de l'illustrer par une histoire, qui met en scène les protagonistes de terrain, ceux qui peuvent initier ce changement.

Spinrad n'a pas choisi par hasard la police comme socle du renouveau. Il faut se souvenir de l'exécrable réputation, parfaitement justifiée, des flics de la Nouvelle-Orléans avant le passage de Katrina. Les actes racistes se multipliaient, la corruption était de mise. Autour de l'ouragan, les policiers ne vinrent quasiment pas en aide aux victimes. La rumeur les accusa même de piller les maisons désertées pour cause d'inondation. Elle a été capable du pire, elle serait donc capable du meilleur, estime l'auteur. Encore faut-il des leaders qui soient téméraires, qui n'aient pas peur du Pouvoir officiel, limitant les compromissions afin d'atteindre le but fixé. Dans le cas présent, passer d’un “État policier” (titre original) à une “Police du Peuple” (titre en français). Soulignons que la traduction de Sylvie Denis paraît effectivement dans l'esprit et la tonalité fluide de Norman Spinrad.

Résumer un roman aussi riche oblige à n'en retenir que la ligne principale, à occulter tant de détails qui en font la saveur. Le parcours de Luke (Martin Luther) Martin, les calculs de Big Joe Roody, ou l'apparente désinvolture de J.B.Lafitte sont décrits avec une précision qui les rend très crédibles. Sans doute dépassée par les évènements, sous l'emprise du Vaudou, MaryLou devenue Mama Legba se doit d'être l'icône de ces temps nouveaux. En fait, les intérêts des personnages présentés seraient assez divergents : l'indépendance face à la finance et à ses larbins les réunit. Pour que l'humain prime sur tout le reste, pour qu'un autre monde moins stressant soit possible, pas forcément idéal ou plus joyeux, mais sans pesant dirigisme.

La solidarité a disparu au profit d'un individualisme effréné, la politique n'est plus que gestion comptable. Grâce à Norman Spinrad, voilà un scénario inverse et optimiste – utopique ou pas – que l'on aimerait voir se réaliser. Un Mardi-Gras festif perpétuel, comme à La Nouvelle-Orléans, pourquoi pas ? Un roman très excitant.

Norman Spinrad : Police du peuple (Fayard, 2014) – Coup de cœur –
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23 octobre 2014 4 23 /10 /octobre /2014 04:55

Restaurateur de meubles anciens, Willibald Adrian Metzger est un peu expansif de nature. Néanmoins, sa relation amoureuse avec Danjela Djurkovic progresse peu à peu. Croate de naissance et fan de football, la gardienne de l'ancien lycée de Metzger réussit même à le traîner à un match des Kicker Saurias Regis, équipe pro au budget conséquent. “Metzger, que son apparence physique suffit déjà à estampiller objecteur de conscience sportive est assis tout perdu” dans cet univers d'excités. Une ambiance survoltée, où cris et chants racistes visent le gardien de but remplaçant, Kwabena Owuso. Celui-ci reste stoïque, et se montre même un goal brillant, sûr d'avoir mérité sa place. À l'entame de la seconde mi-temps, il tombe bientôt raide mort sur le terrain.

Tandis que son ami le policier Eduard Pospischill s'occupe de ce décès suspect, Metzger se soigne de façon approximative suite au refroidissement qu'il a chopé lors du match. Il s'informe tant soit peu sur ce club de football composé de joueurs mercenaires. Malgré la pompe à finance de la société de BTP Regis, les résultats restent à confirmer. En interne, le climat n'est pas serein. Pospischill annonce une mauvaise nouvelle à Metzger : Danjela a été sévèrement agressée, elle est hospitalisée, dans le coma. Son ami Petar Wollnar sert heureusement de chauffeur à Metzger pour rallier le service de traumatologie. “Une rage monumentale” anime désormais le petit ami de la victime. Mais pour commencer, il doit se charger d'Edgar, le chien de Danjela, lui qui n'a pas d'affinités avec les animaux.

Metzger interroge Zusanne Vymetal, la désagréable et hostile meilleure amie de Danjela. Bien informée, elle sait qu'entre joueurs, “on s'étripait, dans l'équipe comme à l'extérieur”. Le goal titulaire Kreuzberger et Kwabena Owuso échangeaient des coups bas. Après une visite clandestine au vestiaire du club, Metzger se rend à l'Alte Mülhe. Il est préférable que son ami Pospischill l'accompagne dans ce repaire de supporters, cet antre où les fachos racistes sont rois. Le policier peut bien arrêter un des violents clients, le patron de ce bar contacte un intercesseur pour le faire vite libérer.

Si Metger remarque un inconnu sur la bicyclette volée à Danjela, Pospischill fait une trouvaille plus cruciale dans le casier de vestiaire du gardien de but Kreuzberger. Une fiole de poison à base d'aconit désigne le goal titulaire comme probable coupable, d'autant que ce dernier a disparu depuis peu. La police disposant d'un suspect, fils de pharmacien, on va pouvoir faire un grand ménage chez les habitués de l'Alte Mülhe. Pourtant, dans l'ombre, une personne joue avec perversité le rôle de manipulatrice, voire d'exécutrice. Pour le compte de qui ? Ce n'est pas sans prendre de risques que Metzger le découvrira…

Thomas Raab : Metzger voit rouge (Éd.Carnets Nord, 2014)

Le brave Metzger est loin d'être un aventurier chevronné, un cador de l'investigation, un rival des meilleurs enquêteurs. Plutôt, un routinier mollasson se perdant volontiers dans ses pensées : “Chez Metzger, il n'y a pas de télévision, fixer le vide lui paraît largement suffisant.” Même amoureux, il appréhende la vie sans la moindre frénésie : “La journée s'annonce avec une telle lourdeur qu'à côté, les dimanches d'élection passeraient pour une sinécure”. Pourtant, s'il n'est pas un fonceur, puisqu'on s'en est pris à sa douce Danjela, Metzger avance à son rythme dans une enquête parallèle, collectant d'utiles éléments. Il peut compter sur ses amis fidèles : Pospischill et Wollnar, entre autres.

Le thème, c'est le football professionnel, ses équipes souvent artificielles. Ce qui gangrène l'ambiance autour de ces clubs, ce sont les supporters ultras. Il suffit de quelques lignes à l'auteur pour en dresser avec humour le portrait exact :

“…surgit devant lui un crâne rasé à la musculature disproportionnée, vêtu d'un jean moulant, de bottes lacées et d'un blouson d'aviateur, les yeux aussi rapprochés que ceux du flétan, le visage cramoisi comme s'il avait passé la journée suspendu à une corde à linge la tête en bas...” Car c'est en nous invitant à sourire que Thomas Raab montre l'imbécillité raciste de ce milieu. Avec la bénédiction d'une partie des dirigeants de clubs, l'agitation violente leur semblant plus rentable que de faire jouer une équipe harmonieuse.

Malgré son air falot, Metzger est un personnage diablement sympathique et efficace. “Elle a plus d'une fois constaté que c'étaient les gens les plus insignifiants qui présentaient le plus de danger.” Après l'excellent “Metzger sort de son trou” (2013), ce nouvel épisode s'avère tout aussi réussi, mêlant drôlerie et véritable suspense. Si ce n'est pas encore le cas, il est temps de faire la connaissance du modeste Willibald Adrian Metzger.

Thomas Raab : Metzger voit rouge (Éd.Carnets Nord, 2014)
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21 octobre 2014 2 21 /10 /octobre /2014 04:55

Retour au bercail pour JD Fiorella, âgé de quarante-quatre ans. Il a exercé plusieurs jobs à New York, dont celui de détective. Pour cet ex-alcoolo migraineux sujet à des cauchemars, il fallait tourner la page. Désargenté, JD est revenu s'installer chez sa mère, quatre-vingt-un ans, à Point Dume. Longtemps isolé, ce quartier de Malibu héberge d'anciennes gloires d'Hollywood, friquées mais pointant comme lui aux réunions des Alcooliques Anonymes.

Restant un garçon nerveux, JD n'hésite pas à se venger de la conductrice chauffarde d'une Porsche jaune, au mépris des conséquences. Son pote Woody lui a trouvé un boulot de vendeur à la concession Toyota du coin. Le nouveau patron est du genre intraitable, mais JD réussit de belles ventes. Ce qui entraîne une altercation avec son collègue Latino, un de ces incidents dont JD est coutumier.

C'est la voiture de sa mère qu'il utilisait faute de mieux. Quand le véhicule est incendié, JD tombe évidemment sur un flic peu coopératif. Obligé de déménager de chez sa mère, qui a prévu les déboires de son fils dans son thème astral, il emprunte un peu d'argent à l'ami Woody. Le soir où il débarque chez son pote à Santa Monica, JD découvre dans sa chambre le cadavre torturé et mutilé de Woody. Un mise en scène carrément macabre. Illico, JD se met en “mode enquête”, recueillant quelques indices et les gardant pour lui, avant d'alerter la police. Les clés de Woody lui permettront plus tard d'utiliser sa voiture, en changeant de plaques. Et il vaut mieux que les flics ignorent que JD possède une arme. Il accorde davantage de confiance à l'enquêteur Taboo Afrika qu'à son collègue Jim Archer. Néanmoins, il faut toujours jouer serré avec les flics.

À cause d'infos confidentielles sur son passé, JD perd son job de vendeur. Une employée très sexy de la concession Toyota, Vikki, lui accorde de chaudes relations intimes. Ce qui n'est pas sans le surprendre, l'incitant à la méfiance : “Un détail ne collait pas, le langage du corps. Pas net.” Quand il fait le bilan, JD est lucide : “Ce tsunami d'accrocs ne pouvait être de pures coïncidences. Pour une raison inconnue, j'étais en tête de la liste noire de quelqu'un.” Grâce à un de ses contacts, il acquiert un flingue plus puissant que le sien. Il est temps de sortir couvert. C'est chez les Alcooliques Anonymes que JD retrouve bientôt la conductrice de la Porsche jaune, Sydnye, et son prestigieux paternel, Karl Swan, producteur de films de science-fiction. Sans doute JD a-t-il méjugé le flic Jim Archer, car ce dernier est sur la piste d'un meurtrier qui a fait au moins onze victimes…

Dan Fante : Point Dume (Éd.Seuil, 2014)

Après la tétralogie consacrée à Bruno Dante (publiée chez 13e Note), son héros JD Fiorella est aussi quelque peu un double littéraire de Dan Fante. Les expériences new-yorkaises qu'il prête à son personnage sont à peu près celles qu'il a vécues lui-même. JD est le fils d'un scénariste détestant l'univers hollywoodien (tel John Fante), qui préférait le calme de Point Dume, à l'ouest de Los Angeles. S'il réussit à rester abstinent, JD admet qu'il ne sera jamais dans la ligne des Alcooliques Anonymes. Pour glaner temporairement un peu d'argent, il a recours à des solutions légales mais peu brillantes. Quand il fait une grosse vente de voiture, il faut s'attendre à un pépin ensuite. Il n'a pas le profil du gagnant, et c'est bien cette déveine quasi-permanente qui le rend terriblement sympathique.

On n'a ni envie, ni besoin de chercher des arguments-choc pour conseiller la lecture de ce roman. Un polar riche en péripéties multiples, et bourré d'humour plutôt décalé ? C'est le cas. Un rythme narratif qui ne s'essouffle jamais, relançant sans cesse l'histoire ? Un anti-héros loser, frondeur, asocial, etc. ? Quelques allusions à Malibu, quartier huppé pour stars déclinantes ? Oui, on aura compris tout ça. Surtout, c'est l'écriture vive de Dan Fante qui nous plonge immédiatement dans le sujet, pour nous entraîner dans le sillage de JD avec un immense plaisir. La qualité principale des meilleurs suspenses, c'est effectivement qu'on les lise avec délectation. Et voilà ce que nous offre ce “Point Dume”, un des polars les plus réussis de l'année.

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19 octobre 2014 7 19 /10 /octobre /2014 04:55

L'affaire Viguier est à la fois proche et lointaine dans l'esprit du public. Récente, sachant que les procès de Jacques Viguier datent de 2009 et 2010. Éloignée, puisque la disparition de Susie Viguier remonte au 27 février 2000. Il est bon d'en rappeler le contexte. Jacques Viguier est âgé de quarante-trois ans quand sa femme ne donne plus signe de vie. En août 1988, il a épousé Suzanne Blanch, vaguement étudiante en droit, la danse et le jeu de tarot la passionnant davantage. Ils ont ensemble trois enfants. Susie Viguier a trente-huit ans lorsqu'elle disparaît. Universitaire à Toulouse, Jacques Viguier enseigne le droit public. Occupant un poste symbole de réussite sociale, il passe pour un notable. Son charisme lui vaut quelques succès auprès de ses étudiantes, avec lesquelles il a des relations. En privé, c'est un homme plutôt sportif et un chasseur.

Depuis 1998, le couple bat de l'aile, bien qu'ils aient démangé dans une nouvelle maison, où il leur est plus facile de cohabiter. Voilà quelques semaines que Susie Viguier invite dans sa famille le commercial sans emploi Olivier Durandet, son amant. Le mari ne paraît pas s'apercevoir de l'intimité existant entre Susie et cet homme. Car, si Jacques Viguier est un brillant universitaire, il montre parfois une naïveté étonnante. Le 27 février vers 4h30 du matin, on pense entendre Susie Viguier rentrer chez elle. On ne la reverra plus. Tandis que l'amant s'inquiète tôt, le mari attend le 1er mars pour signaler la disparition de son épouse au commissariat. Non suspecté, Olivier Durandet s'arrange vite pour influencer les amis de Susie Viguier. Se rapprochant du commissaire Saby, chargé de l'enquête, Durandet porte des accusations accablantes envers Jacques Viguier.

Pour la police, le mari reste généralement le principal suspect. C'est l'opinion d'instinct du commissaire Saby, qui estime que l'universitaire Viguier est arrogant. Soupçons faciles à étayer, car l'intéressé se défend mal. L'amant affiche davantage d'émotion et de pugnacité que le mari. Cumulant les inexactitudes, Viguier se débarrasse du matelas de son épouse, apparaît imprécis sur une histoire de clés, etc. Placé en garde à vue, il sera mis au mois de mai 2000 en détention provisoire jusqu'à l'année suivante. “Pendant huit années, il ne se passe rien de significatif, en ce qui concerne l'enquête. La police ne cherche pas sérieusement une Susie vivante et semble attendre que son cadavre surgisse d'un fond d'un tombeau de fortune, pour coincer définitivement le mari.” Au grand vide, succède le premier procès en avril 2009, devant la Cour d'assises de Toulouse.

Le président Cousté imagine sans doute un procès exemplaire. L'avocat général Gaubert a déjà préparé son réquisitoire. S'il y a des indices troublants, pas des preuves concrètes, c'est davantage le caractère de Jacques Viguier qui permet à l'accusation d'argumenter. Sa maladresse chronique le poursuit. Grâce à un excellent plaidoyer, et en l'absence de corps, Viguier est acquitté. Le Parquet faisant appel, il sera rejugé à Albi en mars 2010. Cette fois, c'est Eric Dupond-Moretti qui assure sa défense. Sa réputation de fonceur n'est pas usurpée. En face, Olivier Durandet est toujours offensif. L'avocate de Clémence Viguier, l'aînée des enfants, démontre le rôle intrusif de l'amant dans le dossier. D'ailleurs, les trois enfants sont convaincus de l'innocence de leur père. La tension est forte, passionnée. Le verdict confirmera l'acquittement de Viguier...

Stéphane Durand-Souffland : Disparition d'une femme (Points, 2014)

Chroniqueur judiciaire, Stéphane Durand-Souffland prend délibérément le parti de Jacques Viguier, dans ce livre restituant les faits et le climat de l'affaire. Comment voir les choses autrement, en effet ? Le parti-pris policier conduit à un acharnement fort dérangeant. La complaisance des enquêteurs envers l'amant, jamais suspecté, est surprenante. Aucun effort apparent pour vraiment rechercher la disparue, c'est plus que bizarre. Des questions basiques curieusement éludées : s'il a tué sa femme, Viguier a trop peu de temps pour cacher définitivement le cadavre… ou alors, si on le suppose si adroit, pourquoi est-il si empoté quand il s'agit du fameux matelas, et assez imprécis sur le nombre de clés. En outre, Susie Viguier projetait de divorcer, son amant le savait, pas son époux.

Dans la plupart des cas judiciaires, la personnalité de l'accusé est au centre du sujet. Ici, c'est plus que jamais l'évidence. Viguier a besoin de jalons (sa femme, ses enfants, ses cours, ses maîtresses, ses loisirs...). L'un de ces repères est soudainement manquant. On attend de lui le comportement-type du compagnon angoissé, tourmenté, alors qu'il reste imperturbable, continue à organiser la vie des siens. Il est la cible, mais contribue à semer un sentiment trouble autour de sa culpabilité. Au final, le doute doit bénéficier à l'accusé. Et une meilleure lecture des faits a permis de disculper un mari qui n'avait, en réalité, pas de raison d'éliminer son épouse. Stéphane Durand-Souffland nous invite à nous forger une intime conviction en détaillant de manière vivante ce dossier particulier.

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17 octobre 2014 5 17 /10 /octobre /2014 04:50

Installés dans une ferme des environs de Quimper, Gwaz-Ru et sa famille voient arriver les années qui succèdent à la Seconde Guerre mondiale. Ce diable de Gwaz-Ru fut un gaillard qui, jusqu'à là, aboyait fort et mordait quand on le provoquait trop. Passé quarante-cinq ans, il s'est maintenant assagi. Pour son épouse Tréphine et lui, il s'agit de s'occuper de leur progéniture autant que de leurs deux anciens, la tante Marjan et l'oncle Jean-Louis. Sept enfants, nés de 1928 à 1943, ça leur fait une sacrée tablée. Non pas que Gwaz-Ru soit inquiet, car ils gagnent correctement leur vie avec l'exploitation de la ferme. Tant mieux, d'ailleurs, si on les regarde comme un clan cherchant peu le contact des autres. Et puis la fille aînée Angèle seconde parfaitement sa mère, pour se charger des plus petits. Il suffit que tout ce petit monde ne s'avise pas de tracasser Gwaz-Ru plus que nécessaire.

Nicolas, le grand fils, s'est engagé dans l'armée sitôt après la guerre. Direction l'Indochine pour aller pacifier le Tonkin. Il n'a pas été un brillant héros, ce Nicolas. Bien que malade, il a réussi a poursuivre sa carrière militaire durant les prémices des évènements d'Algérie. Ce qui n'a pas amélioré son esprit raciste. Puis on l'a renvoyé pensionné à Goarem-Treuz, la ferme parentale, où on le supporte… Avec leur semblable âme d'ouvriers sans ambition, sinon d'aller habiter dans une maison neuve, ses cadets Maurice et Julienne se sont bien vite mariés. Ils sont accueillis, de temps à autres, chez leurs parents. Toutefois, le conformisme de leur petite vie est plutôt éloigné des vieilles idées rebelles de Gwaz-Ru.

Monique a seize ans quand elle rencontre le beau Fedor dans un bal des environs. Celui du 31 décembre marque le début de leurs amours. Puisqu'il va travailler à l'arsenal de Brest, et qu'elle ne tarde pas à être enceinte, Monique va l'épouser et le suivre. Mais ce couple-là ne connaîtra pas que des moments heureux… Possédant un bon niveau scolaire, sa sœur Irène paraît mieux armée dans la vie. Elle suit un cours privé, afin de devenir secrétaire. Elle s'imprégne de la culture jazz-rock-littérature de son époque. Ayant fait ses preuves, Irène gagne un certain statut social quand elle est engagée chez un chirurgien-dentiste. C'est à Casablanca qu'elle vivra ensuite, avec son dentiste de mari, Marocain. Mais, quelques années plus tard, la famille de Gwaz-Ru est avertie d'une triste nouvelle.

Sur le conseil de son instituteur, le fragile Étienne continua ses études au lycée. Soutenu par l'abbé Coatmeur, il progressera encore davantage. Son père Gwaz-Ru n'aimait guère les calotins, mais il se fit une raison. Quant à Angèle, restée célibataire, elle devient la mémoire de leur famille, aidant autant qu'elle peut ses parents sur leurs vieux jours. Le monde a évolué depuis l'Après-Guerre. L'agglomération quimpéroise s'urbanise, laissant de moins en moins de place à une ferme comme celle de Goarem-Treuz…

Hervé Jaouen : Eux autres, de Goarem Treuz (Presses de la Cité, 2014)

Le premier tome de ce diptyque était centré autour du personnage-titre, “Gwaz-Ru”. Si le bonhomme s'est imposé grâce à sa force de caractère, le contexte n'est plus identique pour sa descendance. Certes, la volonté est toujours un atout favorable. Pourtant, l'avenir s'annonce déjà plus citadin que campagnard. Tréphine et Gwaz-Ru ne renient nullement la ruralité, mais disposant de quelques finances, ils acquièrent une gazinière au butane et un Solex pour leur fille Irène. L'eau courante viendra aussi. Si Gwaz-Ru n'est pas vraiment avare, il ne tolère la coûteuse modernité qu'à petites doses. La première moitié de sa vie ayant baigné dans les conflits et les querelles, il s'efforce de se montre bien plus souple.

Ainsi va l'univers d'un groupe familial, avec ses joies et ses peines, les plaisirs aidant à surmonter les tracas. Les Scouarnec, de Goarem-Treuz, sont-ils une fidèle représentation de familles (pas seulement bretonnes) de l'époque ? Très certainement, oui. En ce sens qu'ils ne sont pas de ceux qui veulent épater les autres, juste mener leur propre existence selon leurs mérites et leurs modestes besoins. Aucun doute, ils ressemblent à beaucoup de gens d'alors, d'un temps qui nous paraît déjà loin dans le passé. Un chassé-croisé de personnalités différentes, chacun ayant son destin, c'est ce que nous raconte Hervé Jaouen. Avec cette tonalité enjouée qui, évitant la dramatisation, offre un récit fluide et tout en finesse. Bienvenue chez les Scouarnec !

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16 octobre 2014 4 16 /10 /octobre /2014 04:55

C'est dans la Grosse Cité du futur que vit Gustave Flicman. Ce jeune policier est en poste au commissariat de quartier Adinike® (tout est sponsorisé par des marques dans cet avenir-là). Bien que ce soit un monde très moderne, il est pourtant hanté par bon nombre de lutins. Gustave en a fait l'expérience, certains d'entre eux ne sont pas gentils du tout, pas du tout. “Ne pas croire aux Lutins Urbains, c'était la meilleure façon de les empêcher de se manifester.” Alors, suivant le conseil de son Supérieur Inconnu, il essaie d'oublier ces drôles de créatures.

Pas facile, car il y a tout plein de trucs qui perturbent la ville, en ce moment. Par exemple, les messages SMS sont brouillés, et ça ne fait pas rire le chef de Gustave, le commissaire Velu. La montre du jeune policier, c'est pareil et c'est pas normal, elle indique des heures d'ailleurs dans le monde. Pas pratique pour se déplacer non plus, car le métro est en panne. Il faut marcher dans les rues, qui sont trop éclairées ou alors pas du tout. Et la circulation des voitures, un monstrueux désordre.

Ça fait quand même beaucoup d'incidents, ce qui intrigue Gustave. Dans une déchetterie, il repère un personnage qui ressemble à “un bonhomme de neige qu'on aurait coiffé d'un entonnoir avant de le peindre en rouge, peut-être. Ou alors, le Père Noël qui se serait rasé la barbe pour ne garder qu'une drôle de moustache électrisée.” Le veilleur de nuit de la Très Grande Cathédrale avait déjà croisé un gnome dans ce genre-là. Gustave essaie de prendre en filature ce lutin probablement maléfique.

Il fallait s'y attendre : ses pas le conduisent jusqu'au bâtiment de l'Université d'Onirie, qu'il connaît depuis ses déboires face au Pizz'Raptor. À la porte, c'est la jeune brunette Loligoth qui en est la vigilante gardienne. N'entre pas qui veut, mais Gustave lui, il peut. Le Professeur B se trouve bien là, s'occupant d'une machine compliquée. L'adversaire, celui qui provoque les plus gros fléaux, le bonhomme qui voit rouge, c'est “Bug le Gnome”. Pour le mettre “hors service”, celui-là, sûrement pas simple. D'ailleurs, ça fait le bonheur des catastrophistes. Une fois de plus, le Supérieur Inconnu compte sur Gustave pour résoudre le problème : “Nous devons stopper ce Lutin Urbain au plus vite. Cette fois, le risque, c'est l'apocalypse.”

Renaud Marhic : Lutins Urbains – Le dossier Bug le Gnome (Éd.P'tit Louis, 2014)

Renaud Marhic avait initié petits et grands aux mystères lutinesques de la Grosse Ville du futur avec “L'attaque du Pizz'Raptor” (2013), premier tome de la série. On se doutait bien que ce rêveur invétéré et intrépide qu'est Gustave Flicman serait confronté à de nouvelles aventures. Cette fois, la menace est encore plus sérieuse, vu que c'est à nos technologies que s'en prend “Bug le Gnome”. Avec tout ce qu'a créé le progrès, le bougre ne manque pas de cibles potentielles, au risque de provoquer un cataclysme. Le brave Gustave aura certainement besoin des services de l'Université d'Onirie.

C'est un roman jeunesse fort divertissant, avec de multiples péripéties, qu'a concocté là Renaud Marhic. Un vrai suspense qui, peut-être, nous dit aussi que l'avenir ne s'annonce pas tout rose et facile, que des catastrophes guettent les générations de demain. Ce sera à coup sûr de la faute de diaboliques lutins, comme c'est déjà le cas aujourd'hui. S'il y a du danger, il s'agit également d'une histoire pleine d'humour. Parce que les enfants ont bien le droit de rigoler un peu quelquefois, et les plus grands aussi.

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