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2 mars 2011 3 02 /03 /mars /2011 06:48

 

C’est dans la collection "Robert Pépin présente…" chez Calmann-Lévy qu’est publié le nouveau suspense noir de Lawrence Block Entre deux verres

À New York, dans le quartier Saint-Paul, vers 1980. Matthew Scudder est un ancien flic, divorcé, à l’occasion détective privé sans licence. Il entretient une relation avec une femme, Jan, sans former un véritable couple. Alcoolique repenti sevré depuis un an, Matt occupe l’essentiel de son temps à suivre le programme des Alcooliques Anonymes. C’est ainsi qu’il retrouve Jack Ellery, qu’il a connu dans le Bronx quand ils étaient mômes. Matt sait déjà que son copain d’enfance, devenu un petit malfrat, a été épinglé par la police. Il a même fait quelques séjours en prison. BLOCK-2011Jack s’est assagi en suivant les préceptes des A.A. Parrainé par l’homosexuel rigide Greg Stilman, Jack a vite progressé dans les étapes du programme. Depuis un certain temps, il cherche à réparer ses torts auprès de plusieurs anciennes victimes, louable initiative.

Matt croise une autre fois Jack, qui a cette fois-là le visage tuméfié d’un type sévèrement tabassé. Concentré sur sa propre cure et peu soucieux de renouer avec lui, Matt apprend la mort de Jack par Greg Stillman. C’est un meurtre, mais ce cas minable n’intéresse guère le policier Dennis Redmond. Par contre, en tant que parrain du défunt, Greg Stillman est plus troublé.

Une confession écrite par Jack donne cinq noms. Il souhaitait réparer ses torts vis-à-vis de ces gens. Si l’un est en prison, Matt veut retrouver les autres. Son ami indic Noir albinos Danny Boy l’aidera car Jack des hauts et des bas (le sobriquet d’Ellery) a laissé des traces dans les mémoires. Numéro un de la liste, Mark Sattenstein avoue que c’est lui qui a cogné Jack, sous l’effet de la colère. Pas un profil d’assassin. Les deux suivants sont aussi faciles à rencontrer.

Hal Crosby Hart, devenu conseiller politique, s’était fait arnaquer par Jack sur un traficotage de drogue. M.Dukacs, lui, avait été violemment braqué dans son commerce par Jack. Malgré son identité trop ordinaire, Robert Williams, dernier de la liste, est finalement retrouvé. Jack avait couché avec sa compagne Lucille. Un épisode de sa vie dont Scooter Williams se moque définitivement, car il y a bien longtemps que le couple n’existe plus.

Même si Greg Stillman estime qu’il a fait ce qu’il a pu, Matt n’aime pas l’idée de laisser l’enquête inachevée. D’autant que Jack fut mêlé avec un complice à un braquage ayant causé une victime. C’est le comparse non-identifié qui tira. Dans les maigres affaires de Jack, il y aurait peut-être un indice. Et puis la vie continue, Matt se rapproche de la belle Donna, plus libre que Jan. Pourtant, quand se produisent un meurtre bientôt suivi d’un curieux suicide, Matt a besoin d’aller au bout de la vérité…

 

Pour le décor, on nous décrit non sans nostalgie le New York d’il y a trente ans, avant les lois coercitives interdisant de boire, de fumer, de vivre. New York, en mutation perpétuelle : La ville se réinventait constamment et il s’y créait de plus en plus d’endroits destinés aux riches (…) En regardant les immeubles que l’on était en train de rénover de fond en comble, je me demandai ce qu’étaient devenus les gens qui les occupaient avant que quelquun ne vire leurs murs et leurs sols. Je décidai de penser à autre chose. «Bien sûr, me dit une voix intérieure. Oublie ces pauvres cons. La Ville va s’occuper d’eux, leur trouver une benne à ordures sympa où ils pourront s’installer.»

L’atmosphère se crée autour du sevrage de Matthew via les Alcooliques Anonymes. Réunions moralisatrices, bondieuserie et parrainage, nous suivons ça dans le détail. Quant au contexte criminel, si une enquête est menée sur les relations de la victime, rien à voir avec des investigations balisées. L’affaire semble peu évoluer, pourtant il existe bien un meurtrier dans l’ombre. Un roman riche, où Lawrence Block montre une fois encore les plus belles facettes de son talent.

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22 mai 2010 6 22 /05 /mai /2010 06:14

 

Le nouveau roman de Lawrence Block est intituléKeller en cavale” (Seuil Policiers). Un vrai suspense, qu’on lit avec un réel plaisir, tout simplement. Voici les grandes lignes de cette histoire, qui fourmille de péripéties plutôt souriantes.

Tueur à gages expérimenté, et passionné de philatélie, Keller a économisé assez d’argent pour prendre sa retraite. Néanmoins, il a accepté une ultime mission confiée par son associée Dorothea, pour le compte d’un certain “Appelez-moi Al”. Le voici à Des Moines, attendant le feu vert du commanditaire, non sans prendre un maximum de précautions. Il aurait pu aisément abattre la cible désignée, mais sait patienter. Quand John Longford, gouverneur noir de l’Ohio, est victime d’un meurtre, Keller comprend que ça sent le roussi. Quand toutes les télés diffusent la photo de son propre visage, le désignant comme étant l’assassin, ça ne peut qu’être un traquenard. “Il avait la chance d’être doté d‘une tête assez quelconque, sans traits distinctifs auxquels se rattacher, mais dès lors que plusieurs centaines de millions de personnes auraient vu la photo, ça tombait sous le sens que l’une d’entre elles le reconnaîtrait”.

Ayant dépensé une forte somme contre des timbres, Keller risque de manquer d’argent liquide pour regagner New York. Pas facile de changer de tête, ni de voiture. BLOCK-2010-AIntervertir des plaques d’immatriculation, tel est le subterfuge qui va lui permettre de brouiller les pistes. Ensuite, pas question de prendre le car ou le train. Il poursuit son périple sur la Route 30, ne dépense que pour l’essence, dort clandestinement dans un motel de l’Indiana. Dans une station-service, il est obligé d’éliminer le gérant qui l’a reconnu. Il empoche le fric, et prend la casquette du type, à l’effigie d’Homer Simpson. Bonne initiative : “Plus les gens regardaient Homer, moins ils prêtaient attention à Keller.” Il parvient à faire une halte en Pennsylvanie, avant d’apprendre une mauvaise nouvelle par le journal. Si Dorothea ne répondait pas au téléphone, c’est qu’elle a péri dans l’incendie criminel de sa maison. Keller réalise qu’il n’a plus d’alliés.

Son appartement new-yorkais n’est pas le sanctuaire espéré. Il y passe, le temps de s’apercevoir que ses dix gros albums de timbres de collection ont tous disparu. La police ou les amis de “Appelez-moi Al”, qu’importe ! Il récupère du fric qu’il avait planqué et file vers le Sud, du Mississippi jusqu’à La Nouvelle Orléans. Ayant changé de casquette pour faire plus “local”, Keller sauve une femme victime d’une agression. Bien que Julia ait reconnu son visage, elle ne craint pas de l’héberger. Ils ne tardent pas à devenir intimes. Grâce à Julia, Keller modifie suffisamment son aspect pour ne plus être identifiable. Il s’installe dans cette nouvelle vie. Employé sur les chantiers de Donny, il investit dans un pick-up. Une petite annonce dans un magazine dédié aux timbres va bientôt changer les choses. Un petit voyage de Des Moines à Portland s’impose pour régler définitivement ses problèmes…

Ce n’est pas complètement une “road story”, puisque le héros finit par trouver son paradis en Louisiane. Néanmoins, toute cette partie du récit est déjà très excitante. Comment traverser la moitié des États-Unis sans se faire repérer, constitue un bel exercice de style. Certes, on déplore le meurtre d’un quidam, moindre mal puisque c’était un adhérent de la NRA. Les mésaventures de Keller s’avèrent tragicomiques, entre autres grâce à la casquette "Homer". Ce qui offre une tonalité sans aucune lourdeur à cette histoire. On partage ses regrets pour la perte de son associée et la disparition de sa collection de timbres, mais aussi son bonheur de démarrer une vie “normale”. Un personnage extrêmement sympathique, avouons-le (déjà apparu dans “Le blues du tueur à gages”). Quant au talentueux savoir-faire de Lawrence Block, il est indéniable.

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15 mai 2010 6 15 /05 /mai /2010 06:18

 

Disponible aujourd’hui chez Points policiers, “Heureux au jeu” de Lawrence Block est une histoire qui fleure bon l’atmosphère des sixties dans l’Amérique prospère, avec pro du poker, femme fatale et arnaque où le cave se rebiffe.

Ancien magicien, William Maynard est un tricheur professionnel. Il a dû fuir Chicago, où une partie de poker a mal tourné. Il s’est arrêté dans cette petite ville, le temps de se faire réparer les dents, et de remettre en place le pouce qu’on lui a déboîté. Quand on l’invite à jouer entre amis au poker, c’est pour Bill l’occasion de récupérer un peu de fric afin de poursuivre sa route. BLOCK-PointsIl est vite séduit par Joyce, l’épouse du riche avocat Murray Rogers, l’hôte de la soirée. De vingt ans plus jeune que son mari, Joyce a repéré les tricheries de Bill mais se tait. Quand elle lui rend visite, ils deviennent amants. Joyce avoue regretter sa vie aventureuse d’autrefois. Si elle mène une vie confortable, le contrat de mariage concocté par l’habile avocat ne fait pas d’elle l’héritière en cas de décès. Il faudrait trouver une combine pour escroquer son époux. Elle propose un faux kidnapping avec rançon, mais Bill estime que c’est trop aléatoire. L’idéal serait d’envoyer Murray Rogers en prison.

Grâce aux relations de l’avocat, Bill obtient un bon job dans cette ville, vendeur de fonds de placement. Ses nouveaux amis lui présentent une jeune femme, Barbara, absolument charmante. Impossible de se laisser aller au romantisme, car Bill garde en tête qu’ils n’évoluent pas tous deux dans le même monde. D’autant qu’il est en train de fabriquer le personnage d’August Milani, maître-chanteur. Bill le fait exister physiquement. Il créée aussi des fausses preuves solides contre Murray Rogers. Il s’agit de faire croire que l’avocat aurait assassiné Milani. Qu’importe qu’on ne retrouve jamais le cadavre, si tous les éléments accusent l’avocat. Toutefois, songeant à s’installer ici, Bill hésite à poursuivre. Mais Joyce fait pression sur lui. La mise en scène finale est parfaite. Murray Rogers est rapidement inculpé pour meurtre.

Joyce joue à l’épouse choquée, mais informe Bill que l’avocat a décidé de riposter, de prouver son innocence. Il en deviendrait presque sympathique à Bill, ce mari floué. Pourtant, quand il lui rend visite en prison, Murray Rogers lui annonce qu’il va plaider coupable, invoquer la démence passagère. C’est un bon moyen d’être libéré sous contrôle judiciaire, et de mener à bien sa vengeance…

Ecrit dans les années 1960, mais traduit depuis peu, ce suspense cultive notre nostalgie des solides romans noirs, où le héros est toujours dépassé par la situation, entraîné vers l’échec. L’état d’esprit de Bill évolue tandis qu’il met en place la machination. Entre confort et risque, un tel personnage ne choisit pas la facilité. Si l’affaire ne tourne pas à son avantage, l’ex-magicien court un réel danger. Il n’est pas nécessaire de vanter les qualités de Lawrence Block. Pour les amateurs de noirs suspenses s’inscrivant dans la meilleure tradition, c’est un pur plaisir.

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23 novembre 2008 7 23 /11 /novembre /2008 08:57

 

Dans la collection Seuil Policiers ( www.editionsduseuil.fr ) soulignons la sortie d’un nouveau titre de Lawrence Block, un des maîtres du roman noir. “Mensonges en tout genre” se compose de deux romans. Dans “Terrain de mésentente”, John Hayden et son acolyte tentent une solide arnaque. Le principe, offrir à un pigeon une fraction de ce qu’il a payé jadis pour un terrain sans valeur, et lui faire croire que ledit terrain fait partie d’un lot bien plus conséquent. L’idée, inciter le pigeon à payer une fortune pour détenir l’ensemble des terrains. Le coup est réalisable, si on s’y prend bien. Mais dans ce genre d’affaire, il faut aussi chercher la femme, en l’occurrence la belle Evvie… Dans “La valise et la fille”, Joe Marlin passe son temps à déménager d’un hôtel à l’autre, évidemment sans payer, et à arnaquer son monde. Un jour, dans une valise qu’il a volée par hasard, Joe trouve un gros paquet d’héroïne. Peu après, il est abordé par Mona, une splendide créature. Elle lui propose de la débarrasser de son mari, justement le propriétaire de la fameuse valise. Vite amoureux de Mona, Joe se lance dans la plus belle arnaque de sa carrière. Peut-être devrait-il se méfier de certains hasards ?

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