Parmi les thèmes abordés par G.J.Arnaud dans ses suspenses, il faut souligner celui du “cercle familial”. Un groupe d’individus réunis dans leur propriété, rien de plus ordinaire. Sauf quand l’ambiance tourne au mystère, devenant carrément menaçante. Par exemple, c’est ce que va ressentir l’étudiante Flore, dans “La tribu des vieux enfants” (1979). Les cinq enfants Vergèse sont des adultes entre vingt-trois et trente ans. Les trois hommes et les deux femmes se sont tous mariés, mais leurs conjoints sont successivement morts par accidents. Ils passent leurs vacances ensemble dans la bastide provençale appartenant à leur famille. Flore a récemment épousé Louis, l’aîné du groupe. Elle s’interroge sur ce curieux clan, et ces décès qui ne semblent pas les perturber. Pourtant, ce n’est peut-être pas la motivation financière qui explique cette série de morts autour des Vergèse.
Voici deux autres romans sur le même thème, proches quant au décor, mais avec des intrigues et des contextes différents. Si le premier est bien signé G.J.Arnaud, le second fut publié chez Eurédif sous le pseudo d’Ugo Solenza. Toutefois, on y reconnaît immédiatement la manière de cet auteur.
"Tendres termites" (1972, G.J.Arnaud)
Clotilde Saint-Rémy est immobilisée dans son fauteuil roulant depuis un accident. Cet été-là, elle a décidé de réunir ses quatre enfants à La Musardière, sa propriété provençale. Elle n’y venait plus souvent, car elle vit dans une luxueuse maison de santé. Clotilde a engagé une jeune employée de maison, Valérie, chargée du ravitaillement et du ménage. Les enfants, ce sont Daniel, âgé de dix-huit ans; sa sœur Julie, à peine plus jeune; Jérôme, treize ans, et Serge, onze ans. Ils passent l’année dans des internats de divers pays européens. Même avant l’accident, ni Clotilde ni son mari Adrien ne se sont jamais occupés de l’éducation de leur progéniture, laissant ce soin à de coûteuses écoles. D’ordinaire, les enfants rejoignent leur père, pour de libres vacances estivales. D’ailleurs, ils ne se sentent guère à l’aise dans la belle propriété de leur mère. Même si Jérôme s’intéresse aux charmes de Valérie, il va s’essayer à un début de fugue avec son frère Serge. Daniel et Julie s’éclipsent également, pour passer huit jours chez des amis.
L’ambiance finit par apparaître plus saine dans la famille Saint-Rémy. L’idée de vivre ici ensemble toute l’année fait son chemin. D’autant que ça coûterait moins cher à Adrien. L’employée Valérie en serait ravie, elle aussi. Clotilde écrit à son mari pour lui proposer cette suggestion. L’arrivée d’Adrien risque d’alourdir le climat dans la maisonnée. Clotilde en vient à se demander ce que ses enfants ont derrière la tête, si ce sont des monstres. Son état physique et mental n’explique pas ses étranges moments de dépression. Une lettre anonyme vient encore troubler le jeu. Clotilde se sent en danger, paranoïa ou vraie menace ? La famille va bientôt toucher une très forte assurance-vie. Si ses enfants ont pris le pouvoir, Clotilde comprend de moins en moins quels secrets ils partagent.
"Il ne viendra plus personne" (1975, Ugo Solenza)
La famille Larroque habite une grande propriété provençale, dans le Var. Il y a Louis, le père; Muriel, la mère, un peu plus jeune que son mari; le fis David et la fille Elsa, une blonde aux yeux verts âgée de quinze ans. Parmi leurs amis, ils comptent une artiste des environs, Véronica Dalas, qui n’est pas insensible au charme de Louis Larroque. Ils ont à leur service Mme Mabel, une personne assez étrange. Vêtue de noir, “elle n’avait pas quarante ans, mais s’habillait comme une vieille paysanne lorsqu’elle quittait la propriété.” Parfaite dans son service, Mme Mabel observe un grand respect de la religion. Elle pense que la jeune Elsa n’est autre que sa propre fille Marie, disparue douze ans plus tôt. Elle montre un forme d’attachement maternel envers Elsa, ce que l’adolescente rejette. Pourtant, Mme Mabel pense avoir découvert la preuve absolue qu’elle est bien sa fille.
La mort supposée accidentelle de leur amie Véronica Dalas accroît le malaise au sein de la famille Larroque. Mme Mabel ne l‘aimait pas beaucoup : “Cette femme se montrait aguichante envers les deux mâles, tortillait un peu trop du popotin lorsqu’ils étaient là. Le Seigneur n’avait pas supporté plus longtemps ce manège-là et l’avait condamnée à mourir de façon assez atroce. On pouvait prier pour elle sans la regretter.” Louis et Muriel ont évidemment remarqué l’attitude de plus en plus malsaine de Mme Mabel concernant Elsa. Cette femme est-elle folle ? C’est à craindre. Son obsession maternelle et la prétendue preuve, son goût trop absolu pour la religion, les questions que se posait Veronica peu avant sa mort, les petits troubles de santé de Muriel, cet énigmatique courrier en poste restante… Les indices inquiétants s’accumulent. Tandis que la tension monte chez les Larroque, qui mène réellement un pervers jeu criminel ?