Dans ces chroniques quotidiennes, je n'ai aucune raison de parler de moi. Pour une fois, je vais pourtant raconter une anecdote me concernant. Elle n'est pas comique, tant pis. Ça commence par une très agréable journée estivale. Ce jeudi 8 août 2013, je recevais des amis Vosgiens, les Villemin. Ça n'engage à rien de citer leur nom de famille, puisque près de la moitié des habitants des Vosges s'appellent ainsi. Qu'on se rassure, il ne sera pas question de “l'affaire Grégory (Villemin)”, bien trop médiatisée pour laisser une place à la vérité des faits. Non, depuis des années que je n'avais plus rencontré ces amis chers, nos conversations ont abordé divers sujets. Quand ils me racontent une histoire se passant “du côté de Bussang”, je rebondis. Car, à mi-chemin entre Remiremont et Bussang, se trouve Saint-Maurice-sur-Moselle. Où vit un de mes romanciers préférés, Pierre Pelot. “Ah oui, il écrit pour Vosges-Matin, des textes assez affirmés” répondent les Vosgiens. Textes d'écrivain trop libre d'esprit sans doute, car j'ai appris par la suite que Pierre Pelot a été viré de ce journal au printemps. (Sa chronique sur ce sujet est ici)
Mes amis Vosgiens sont repartis, après une de ces journées qui font du bien au moral.
Tiens, me dis-je, voilà quelques temps que je n'ai plus lu Pierre Pelot. Je sais avoir sous la main, enfin sans trop chercher, un de ses vieux romans destinés à la jeunesse. “Sierra brûlante”, une aventure de son personnage fétiche, Dylan Stark. Le vingt-et-unième opus de cette série, publié dans la collection Plein Vent en 1971. Le résumé qui suit n'est pas de mon cru, mais de Raymond Perrin (“Dylan Stark 2”, Éd.Lefrancq 1998) : « Dylan, toujours solitaire, connaît une chasse aussi injuste, mais plus tragique, que celle qui visait un Noir un an plus tôt. Cette fois, c'est en pleine sierra brûlante que s'est réfugié un Indien Navajo échappé de sa réserve, avec sa femme et son enfant, en volant un cheval dans un ranch. Mais Walker, le propriétaire, se tue accidentellement en poursuivant l'Indien et, aussitôt, son fils organise la poursuite pour retrouver celui qu'il croit être l'assassin de son père. Des poursuivants rivaux sont prêts à tout pour toucher mille dollars, même à tuer lâchement l'Indien Oola, incapable de se défendre par les mots ou par les armes devant l'inexorable pouvoir blanc. Après la traversée tragique d'un désert torride, Dylan se retrouve avec un enfant sur les bras, dans le soleil mourant, sur la place de Jarales. »
Les admirateurs de Pierre Pelot savent probablement qu'il a un fils, né le 21 juin 1969, qui a été doté du double prénom de son père et de celui du personnage : Pierre-Dylan Pelot. Il a également reçu en héritage la fibre artistique de son papa écrivain, le fils étant un dessinateur inspiré.
En parallèle de ma lecture, je me renseigne sur l'actualité de Pierre Pelot. En avril 2013, il a publié chez Fayard “La Ville où les morts dansent toute leur vie”, son 178e titre. Lisons ce qu'en dit l'éditeur : « À l’Est règne la dévastation, la terre n’est plus que tumulte. Arrachée à ses racines par ce désastre, une jeune schizophrène est confiée à Grange, un dessinateur solitaire qui pourrait bien être son père. Mais l’homme refuse d’assumer cette enfant dont le corps de femme et l’originalité le troublent. Il décide alors de tout braver, quitte à tout perdre, pour la rendre à son pays imaginaire. “La Ville où les morts dansent toute leur vie” est un road book onirique et obsédant. Pierre Pelot y entremêle ses passions pour le fantastique et le western, le roman noir et d’amour. Il nous offre un personnage inoubliable, Léonore, résolue malgré tous les obstacles à retrouver une terre connue d’elle seule, où elle peut enfin se sentir vivre. “La Ville où les morts dansent toute leur vie” est un roman illustré. Le dessin de couverture est signé Manu Larcenet. »
Cette petite recherche sur Pierre Pelot m'apprend une autre info, bien plus dramatique. Pierre-Dylan Grosdemange, alias Dylan Pelot, est décédé d'une rupture d'anévrisme le 22 janvier 2013 à Nancy, près du parc de la Pépinière. On est de tout cœur avec Pierre Pelot dans cette terrible épreuve. Il a souvent illustré la cruauté de la vie dans ses romans. Il faut lire ici la belle chronique qu'il a consacré au départ brutal de son fils, âgé de quarante-trois ans.
Parmi les créations de Dylan Pelot, “La nuit de l'invasion des nains de jardin venus de l'espace”, un court-métrage (parodique) réalisé en 1997.
Ecrivosges, un site pour tout savoir sur Pierre Pelot