Réflexions de bistrots comme dans les “Brèves de comptoir” de Gourio qui connurent un énorme succès, erreurs stupides d'élèves mal inspirés dans leurs copies ou aux examens, gaffes diverses et bourdes variées, il faut bien dire que les aphorismes involontaires nous font toujours beaucoup rire. Le niveau éducatif s'améliorant au fil du temps, on pourrait penser que ces “perles” langagières ont tendance à disparaître. N'en soyons pas si sûrs. Il n'est pas rare d'en entendre ou d'en lire encore. “J'ai pourtant machiné l'ticket dans votre machin” disait récemment un homme qui ne parvenait pas à sortir d'un parking, bien qu'ayant scanné son ticket à la borne automatique. Manque de vocabulaire, bien sûr. Qui amène parfois les gens à déformer les mots, à mal formuler leurs phrases. Les rapports de police n'échappent pas à ces petites bévues amusantes.
Quelques exemples de perles dans les procès-verbaux : Il était impossible de laisser l'homme dans la nature, il devait être pris en charge par un asile d'aliénés, et nous l'avons donc conduit au poste de police.- Le conducteur était alors interpellé par les gendarmes en état d'ivresse.- Elle précise que son mari est pour le moment décédé.- L'homme, un peu contrarié, finit par rédiger lui-même par écrit son témoignage oral.- Mort sur le coup, l'homme avait déjà été victime d'un accident identique l'an dernier.- L'auteur et la victime étaient aussi sourds l'un que l'autre, et ne semblaient pas bien s'entendre.- Le cadavre de l'homme qui nous est présenté correspond bien à la femme décrite par les témoins...
Quelle que soit la raison pour laquelle on se trouve face à l'institution judiciaire, il apparaît assez logique d'être impressionné. C'est même vrai pour des avocats novices. Il se raconte qu'un jeune avocat basa sa plaidoirie sur l'enfance malheureuse de son client au Pérou. En réalité, le repris de justice habitait Le Perreux (-sur-Marne, 94) et non le Pérou. Quant au simple citoyen, souvent troublé mais voulant rester à la hauteur, son propos est riche en confusions et en vocabulaire approximatif.
Citons ici quelques perles de la justice : Oui, je reconnais que je l'ai blessée avec un couteau, et j'aurais dû écouter l'avocat qui me conseillait de la saigner en justice.- Vous savez madame le Juge, j'ai toujours aimé les animaux : tout petit déjà, je rêvais d'être zoophile.- J'ai eu peur monsieur le Juge, il était comme une pieuvre à essayer de m'étouffer avec ses grandes testicules.- Madame le Juge, je vous assure, sitôt que l'on a été mariés, je suis devenu l'athlète de turc de sa famille.- J'avais réussi à mettre de côté un petit PQ, mais je l'ai tout dépensé et aujourd'hui je n'ai plus rien.- On veut me chasser de ma maison, alors que j'y ai mes meilleurs souvenirs : mon mari y est mort.- Non monsieur le Juge, c'est après le divorce que j'ai appris que j'étais enceinte, et j'ai donc fait une chorégraphie.- Non monsieur le Juge, je n'ai pas d'antécédents, mon père est mort il y a dix ans, et j'ai perdu ma mère l'année dernière.
Faute de le cultiver, l'humour est une denrée qui se raréfie et qui se déprécie. Certes, la vacherie mordante, la réplique cinglante ou la pique ironique ont encore cours. Souvent teintées de méchanceté, pas sûr qu'elles contiennent autant de drôlerie que ces petites phrases. On peut préférer cette tradition de plaisanteries “bon-enfant”, qui dérident nos zygomatiques. Les auteurs Marc Hillman et Nathalie Renard nous présentent ici un florilège de quatre cent “perles”, à lire et à relire, pour s'accorder quelques moments de franche rigolade.