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15 avril 2016 5 15 /04 /avril /2016 05:00

Célibataire d'une cinquantaine d'années, Jean-Claude Antonave habite dans un immeuble avec sa mère, qui se déplace en fauteuil roulant. La vieille dame est directive, l'ambiance plutôt étouffante, mais il s'en accommode. Jean-Claude est employé à la comptabilité des établissements Frangrin, grosse usine de nourriture pour chiens. Trente ans qu'il manie les chiffres, exemple même du salarié modèle et ponctuel. Pas très grand pour un homme, il est souvent charrié par ses collègues. Ce qui ne dérange guère Jean-Claude, car ça fait partie des rituels d'une telle entreprise. Encore que le climat professionnel ait évolué ces trois dernières années, depuis que Frangrin a été racheté par un groupe industriel texan.

Les méthodes des Américains sont plus agressives. Dans un premier temps, Jean-Claude s'est “dit que c'était une chance, que ça allait secouer ses habitudes.” Pas d'inquiétude à avoir, même si les commandes s'essoufflent quelque peu et si le chiffre d'affaire reste en deçà des objectifs de l'investisseur. Toutefois, au sein du personnel de chez Frangrin, on entend de plus en plus souvent parler de Punto Niesto. Cette petite ville de Slovaquie, dans la région de Bratislava, le groupe américain vient d'y installer un site de production tout nouveau. Dans cette contrée aux hivers rigoureux, les employés coûtent moins cher qu'ici, nul n'est dupe. En faisant le dos rond, on peut espérer échapper aux licenciements.

D'abord, c'est juste une chaîne de production que les dirigeants délocalisent vers Punto Niesto. À travers les mails internes à l'entreprise, on constate que beaucoup de gens sont successivement embauchés là-bas, chez les Slovaques. Puis arrive le moment redouté où il faut former en France certains cadres de Punto Niesto. La responsable comptabilité du site slovaque se nomme Ilanka Pop. “Âgée de vingt-deux ans, Ilinka est titulaire d'un double master en commerce international et droit des affaires. Elle parle couramment le français, l'anglais, le russe...” Cette jolie blonde, c'est Jean-Claude qui est chargé de sa formation. Elle est plus grande que lui, d'une bonne tête, et fait forte impression.

Tandis que ses collègues ne se privent pas de faire des commentaires égrillards, vulgaires, au sujet de la nouvelle venue, Jean-Claude affiche son professionnalisme hérité de trente ans dans l'entreprise. Néanmoins, il a ressenti immédiatement un coup de foudre pour cette ravissante jeune femme. Après toute une vie marquée par la frustration sexuelle, les fantasmes du quinquagénaire Jean-Claude se réveillent brutalement. Ilinka n'encourage pas les approches de leurs collègues français. Elle accepte poliment de dîner un soir chez Jean-Claude et sa mère. Elle participe sans sourciller à la traditionnelle fête de Noël de la société. Elle va retourner dans son pays. Ça va bientôt changer, chez Frangrin…

Anne-Céline Dartevel : Pop Fiction (Éd.In-8, 2016)

C'est une drôle d'histoire d'amour que nous raconte Anne-Céline Dartevel dans ce court roman, ou novella. Il n'y a évidemment pas d'âge limite pour le romantisme, et même un personnage d'allure insignifiante tel que celui-ci a bien le droit de tomber amoureux. On se doute bien qu'une idylle réelle s'avère plus qu'improbable. Outre la maladresse de ce Jean-Claude, le contexte ne se prête pas du tout à l'intimité. Ce sont les conditions dans lesquelles se déroule le récit, qui lui offrent un grand intérêt.

L'auteure décrit avec une parfaite crédibilité la réalité sociale d'une entreprise rachetée par des financiers sans scrupule vis-à-vis du personnel. Visant uniquement le profit maximum, ils n'investissent nullement pour améliorer la situation d'une entreprise solide. Il s'agit d'exploiter sa bonne image, sa structure fiable, son potentiel commercial, avant de couler la société d'origine. Ensuite, les marques se vendent toujours, désormais de qualité plus médiocre, produites à moindre coût dans d'autres pays. Quant aux bénéfices engraissant les actionnaires, la rumeur prétend qu'existeraient des paradis fiscaux.

Au-delà de la première partie de “Pop Fiction” où le sourire reste de mise, non sans ironie, c'est dans la suite de cette aventure qu'Anne-Céline Dartevel "met le turbo". Auteure de plusieurs nouvelles publiées et primées, elle nous entraîne vers un final très original. Une histoire vraiment séduisante.

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14 avril 2016 4 14 /04 /avril /2016 04:55

Des Pyrénées jusqu'aux Cévennes, le froid glacial qui sévit est inhabituel à cette époque de la Saint-Valentin, mi-février. Ferrans et sa famille ont décidé d'aller passer trois jours à la montagne, non loin du Mont Aigoual. À l'auberge du Bonheur, un nom prometteur. Ils envisagent de faire du ski. Âgé de cinquante-huit ans, Ferrans est dans l'immobilier. Il est accompagné de ses filles Moira et Clothilde, neuf et treize ans. Laure, la compagne de Ferrans, n'a pas d'enfant. Grande femme blonde, elle a près de vingt ans de moins que lui. L'épreuve que traverse actuellement Laure la rend insomniaque et dépressive. Son grand-père paternel Antoine, qui l'a élevée avec sa défunte épouse Teodora, vient d'être enterré. Simples ombres dans sa vie, les parents de Laure ne se sont jamais occupés d'elle.

Âgé à son décès de plus de quatre-vingt-dix ans, Antoine Brenon n'était pas juste son Gp, c'était une icône pour Laure. Né autour de 1920 dans le Barrio Chino de Barcelone, ce fils de prostituée fut très jeune impliqué dans la guerre civile. C'est ainsi qu'il perdit de vue son ami de cœur, Gabriel. Au retour des combats, il séjourna un temps dans un bordel de Barcelone, avant de fuir vers la France avec tant d'autres réfugiés espagnols. Du camp d'Argelès, de sinistre mémoire, il fut envoyé avec quelques autres à Bram, dans l'Aude, à mi-chemin entre Carcassonne et Castelnaudary. Apprendre la langue française, ce fut pour lui une façon de tourner la page. C'est là qu'il passa tout le reste de sa vie, avec Teodora. Telle est l'image que Laure s'est forgée de son aïeul, qu'elle pleure tant aujourd'hui.

L'auberge du Bonheur est vieillotte et moche. Pas de connexion Internet ni téléphonique. Amélie, la patronne de l'endroit, est volumineuse. Elle possède un lézard baptisé Roxy, qui effraie Laure. Pas la moindre trace de neige autour, dans la station de sports d'hiver. Le moniteur de ski s'ennuie et picole. Le docteur Ali Talib, généraliste local, dispose de tout son temps pour faire du sport, du jogging. Ferrans cherche des solutions pour occuper ses deux filles. Laure n'arrive pas à se concentrer pour lire, sa passion. Surtout, impossible de se reposer vraiment, alors qu'elle a tellement besoin de sommeil. Son grand-père vénéré ne cesse de hanter ses pensées. En omettant peut-être que presque toute sa vie durant, son aïeul paternel se considéra comme globalement heureux.

Bien que l'ambiance du village cévenol sans neige et de l'auberge désuète n'aient rien de si hostile, Laure continue à se sentir oppressée, laissant Ferrans avec Moira et Clothilde. Puisqu'ils ont sous la main un médecin plutôt désœuvré par ailleurs, autant lui demander une consultation pour Laure. Et si le premier traitement ne fait pas d'effet réel, le docteur Talib a des comprimés plus puissants dans sa réserve de pharmacie…

Anne Bourrel : L'invention de la neige (Éd.La Manufacture de Livres, 2016)

Anne Bourrel nous avait épatés avec “Gran Madam's”, désormais disponible chez Pocket. On pouvait craindre ensuite, non pas une déception, mais qu'elle nous présente un roman moins intense. Le pire eût été soit qu'elle adopte une tonalité peu personnelle, soit qu'elle se contente d'une intrigue faiblarde. Toutefois, on avait cru deviner que cette auteure n'est pas du genre à "se reposer sur ses lauriers". Et que, même si son histoire suivante devait être psychologique encore, on ne tomberait certainement pas dans les platitudes. Autant le dire sans plus tergiverser, “L'invention de la neige” est une belle réussite !

La plupart des gens ont une vie structurée, simple et rassurante. Un peu égoïste parfois, mais il est légitime de privilégier son cercle avant de se préoccuper des autres. La vie de Laure n'a pas été aussi basique que ça. Une taille exceptionnelle (plus d'un mètre quatre-vingt) dans sa famille, un problème à un œil, un risque d'infertilité. Des parents qui ne se sont jamais chargés d'elle. Une mère absente, transparente, inexistante pour sa fille. Ce n'est sûrement pas un hasard si Laure s'est attachée à Ferrans, bien plus âgé qu'elle : pas le prince charmant, mais une tranquille sécurité. Comme auprès de son aïeul.

Son grand-père défunt, c'était le portrait du héros absolu. En même temps qu'elle, on revoit Antonio en Catalogne et à la bataille d'Huesca, dans les affres de sa jeunesse, au cœur des quartiers mal famés et parmi les victimes de la Guerre d'Espagne. Si le manque de neige désespère son compagnon, dans ce décor qui devrait les enthousiasmer, c'est la perte de ce grand-père qui alimente la neurasthénie de Laure. Ce qu'Anne Bourrel parvient à nous faire partager, et même ressentir, grâce à une narration très singulière. Elle n'est finalement pas exempte d'une certaine lueur, cette histoire grise et triste. Excellent roman.

D'autres chroniques sur "L'invention de la neige", chez Nyctalopes et chez Fondu au Noir :

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13 avril 2016 3 13 /04 /avril /2016 04:55

Trois ans après l'ouragan Katrina, au printemps 2008 à La Nouvelle Orléans. La brune Nola Céspedes est journaliste pour le Times-Picayune, après ses études à l'université Tulane. Âgée de vingt-sept ans, fille d'une réfugiée cubaine qui l'a élevée sans père, Nola est issue d'un quartier populaire détruit depuis. Encore peu aisée, elle circule dans sa vieille Pontiac Sunfire, et habite en colocation avec Uri, un serveur gay. Elle compte plusieurs copines, noires ou hispaniques, plus fortunées qu'elle. Outre Fabi et Soline, commerçante avisée, Nola est proche de Calinda. C'est une des rares Noires employées au bureau du procureur. Un contact utile pour obtenir des dossiers, en vue de l'article que Nola va devoir traiter.

À l'heure où l'étudiante Amber Waybridge vient de disparaître à l'hôtel Copper Pot, Nola se voit proposer par son rédacteur en chef une enquête sur les pédophiles et violeurs qui ont profité du désordre de Katrina pour s'évaporer. Alors que la loi de Megan les obligerait à se signaler aux autorités. Un bon sujet pour sortir de la rubrique Loisirs du journal. Mais ces clandestins ont intérêt à rester cachés. Nola interroge un psy spécialisé dans les délinquants sexuels, puis se rend à la prison d'Orleans Parish pour une première approche de la question. Mike Veltri, un ex-condamné, accepte de témoigner. Nola s'est munie d'un Beretta, sécurisant pour une jeune femme devant rencontrer des pervers sexuels avérés.

Ancien directeur adjoint d'école habitant le typique Vieux Carré de La Nouvelle Orléans, Blake Larusse est prêt à parler de son passé, lui aussi. Il y a un autre témoin anonyme, un brin narcissique, fier de vivre en marge du système. Javante Hopkins a certainement gardé des instincts sadiques, et ne paraît pas à Nola d'une grande sincérité. Outre ces adresses obtenues grâce à Calinda, elle interroge des femmes sensibilisées. Bourgeoises de Garden District sévères avec ces délinquants qui seraient une menace, ou habitantes de quartiers modestes fatalistes par nature, ça complète le sujet à traiter. Quant à l'affaire Amber Waybridge, la police n'est pas très active. On finit par trouver son cadavre mutilé…

Polar poche - Joy Castro : Après le déluge (Folio policier, 2016)

À travers le regard d'une native de La Nouvelle Orléans, l'auteur dresse un portrait nuancé de l'évolution de cette ville particulière. Depuis l'installation des Français il y a plus de trois siècles, son histoire est d'une richesse infinie. Du Couvent des Ursulines au Vieux Carré du Quartier Français, on nous rappelle çà et là quelques aspects du passé. Avec Nola, nous visitons aussi bien les rues animées de Charles Street ou Royal Street, que les endroits moins brillants de l'agglomération. Sans doute a-t-on relogé une partie de la population dans des “shotgun shacks”, ces bungalows longs qui font proprets, mais la discrimination persiste dans ce décor urbain vivant pour l'essentiel du tourisme.

À l'inverse, quand il s'agit de crimes sexuels, Noirs et Latinos sont les premiers désignés. Pourtant, dans les fichiers de police, toutes les races sont représentées à peu près à égalité. “Dans plusieurs États, plus d'une centaine de délits différents, dont le recours aux service d'une prostituée, peuvent valoir à leur auteur la triste qualification de «délinquant sexuel» ; en Louisiane, ils incluent les «crimes contre nature» qui vont du sexe oral à la zoophilie et à la nécrophilie. Autant dire que très peu de ces «criminels» constituent une menace pour la société mais, depuis l'instauration de la loi de Megan, ils sont tous mis dans le même sac.” Joy Castro relativise avec raison cette stigmatisation censée rassurer les voisinages. Sans être dupe des pervers qui se prétendent guéris après la prison.

Derrière ses attraits festifs, la ville est menaçante, voire dangereuse, et la possession d'armes par les civils n'arrange rien. Si le côté polar-roman noir est bien présent dans cette histoire, ce qui en fait l'intérêt majeur (et même la force), c'est ce qui concerne la sociologie. Un suspense plein de qualités.

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12 avril 2016 2 12 /04 /avril /2016 04:55

Enseignant itinérant pour l'Alliance française, Victor Dombes est en poste à Londres quand il apprend que Palmyre, son amie d'enfance, a disparu. Il l'a perdue de vue depuis assez longtemps. Basée à Genève, elle effectue des missions pour l'OMS. Avec son ami anglais Huffham, Victor se déplace à Paris afin de rencontrer Olivine, la mère de Palmyre. Depuis la disparition de sa fille, elle reçoit le distingué nonagénaire Leduc, qui fut un ami du vrai père de Palmyre. Octave, son géniteur âgé aujourd'hui de quatre-vint-dix-sept ans, partit vivre en Espagne après la dernière guerre. Pour échapper à l’Épuration, car il était très impliqué dans les milices pétainistes. Une piste à retrouver, sans doute. Victor et Huffham font la connaissance d'un éboueur malien, Fulbert, peut-être pas en situation régulière. Il les accompagnera dans leur enquête, qui s'annonce internationale.

À Nancy se tient le procès d'Aubin Regnault qui, à plus de quatre-vingt-dix ans, est accusé du meurtre de son épouse, bien plus jeune que lui. Grâce à son avocat Paulin, Victor entre en contact indirect avec le vieil homme. Fin des années 1930, Regnault, Leduc et Octave adhérèrent aux mouvements d'extrême-droite, combattant la République. Ils furent des proches de Deloncle, le chef de la Cagoule. C'étaient des activistes, qui se joignirent vite à la Milice de Darnand durant la guerre. À côté d'Octave et Regnault, exécutants convaincus, Leduc fut davantage un tacticien. L'avocat Paulin est bientôt écœuré quand, en plein procès, son client avoue ses crimes d'autrefois mais nie celui de son épouse. Il se peut qu'il ait tort, car ça médiatise l'affaire. À Genève, Victor a fait la connaissance de Lumina Forcaz, la colocataire de Palmyre, une jeune femme dynamique… et armée.

Une piste se présentant à Dorchester, en Grande-Bretagne, Victor, Huffham, Fulbert et Lumina l'explorent sans tarder. Ils rencontrent un nommé Traddles, ancien des services secrets anglais. Palmyre est effectivement venue ici, mais pas son père. S'il est capable de leur fournir de précieux renseignements, Victor n'accorde qu'une confiance modérée à Traddles. En Fulbert non plus, il ne doit plus avoir confiance. Il semble bien que le cadavre d'un noyé nonagénaire retrouvé ces jours-ci soit celui d'Octave. Sa fille aurait traversé clandestinement le Channel pour rentrer en France.

Victor poursuit tout seul l'enquête, de Nancy à Nice. Là-bas, un vieux témoin s'intéresse encore aux visiteurs africains et russes qui fréquentent la propriété de Leduc. Il n'est pas vraiment difficile d'imaginer quel genre d'affaires illicites ils traitent ensemble. Le périple de Victor Dombes va le conduire dans le département du Cher, au pays du Grand Meaulnes, où s'est réfugiée la mère de Palmyre. Mais il semble que les adversaires de Leduc et de ses anciens amis suivent les mêmes traces. Il est prudent qu'Olivine et Victor quittent la France pour la tranquillité zurichoise. Toutefois, Victor va pousser jusqu'à Vaduz, au Liechtenstein, pour en apprendre plus sur les agissements financiers de Leduc…

Alain Van der Eecken : De si vieux ennemis (Rouergue Noir, 2016)

Parmi les nationalistes fascisants qui, jadis, optèrent pour la collaboration avec les nazis, échappèrent à des condamnations avant de soutenir l'OAS en Algérie, voire de servir plus tard la dictature argentine, en reste-t-il qui soient toujours en vie ? Ce n'est pas à exclure, après tout. La crème des collabos obtint parfois des planques dans les filiales à l'étranger d'une grosse société française. Postes reposants, qui ont pu leur assurer une longévité de vie. Question santé, ils seraient devenus résistants. Et une part de leur idéologie, épurée par un ravalement de façade populiste, est désormais "tendance" au bistrot du coin. C'est le contexte avec lequel Victor, le héros à la fois candide et pugnace de cette enquête, va devoir se dépatouiller. Si les temps changent, les réacs d'antan restent véreux.

Loin de la démonstration lourdingue, l'auteur a préféré introduire un certain humour dans son récit. Avec notamment des personnages comme Lumina Forcaz qui manie volontiers les armes ou le polyglotte Huffham. Sans oublier le sombre thème de fond, nous suivons avec amusement les pérégrinations de Victor, qui risque de recevoir quelques coups et d'aller au-devant d'un certain nombre de surprises. Les péripéties agitées s'enchaînent sur un tempo sans aucun temps mort, à travers l'Europe. Tout de même, on espère qu'il sera en mesure de retrouver sa chère amie d'enfance Palmyre. Voilà un roman d'aventure fort sympathique, au style tonique.

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11 avril 2016 1 11 /04 /avril /2016 04:55

En ce mois d'octobre, le commissaire Lucien Workan et sa fine équipe de policiers rennais sont appelés à enquêter du côté de Saint-Malo. Là-bas se prépare le départ de la Route du Rhum, célèbre course de voiliers. Au volant de sa Bentley, ce n'est pas pour participer à cette fête nautique que Workan se rend dans la cité corsaire. Robert Boverger, conseiller en nutrition animale, a été retrouvé mort dans un entrepôt de sel du port malouin. Avant cela, débarquant du TGV, il avait été victime d'une chute accidentelle tout près de la gare. On peut se demander comment il transita jusqu'à la société portuaire où on fit en sorte de le saumurer. On n'a pas retrouvé la valise à roulettes qu'il ramenait de Paris.

Sa veuve, qui tient une boutique de toilettage canin, paraît plutôt évasive au commissaire Workan. Est-il vrai qu'elle ignorait la raison de l'aller-retour parisien de son époux, et qu'il avait une valise pour rentrer ? Aux abords de la gare, Workan ne tarde pas à rencontrer M.Villard, le témoin qui alerta les secours après la chute de Boverger. Ce sont des habitués des lieux, avec son chien pisseur. Avec un limier tel que Workan, on ne tait pas longtemps la vérité : M.Villard avoue qu'il est quelque peu responsable de l'accident de Boverger. Il n'est nullement complice du reste de l'affaire, ne sait rien du transfert du cadavre, ni de la valise disparue. Workan visite l'entrepôt stockant du sel venant du monde entier.

La deuxième victime dans ce dossier n'est autre que la veuve de Boverger, la spécialiste du toilettage. Il semble bien qu'elle ait été exécutée afin de récupérer la précieuse valise à roulettes, qui était en sa possession. Un évènement attirant les foules comme la Route du Rhum, avec les équipages, les invités privilégiés et le public de curieux, ça fait craindre un attentat aux autorités. Les agents des services anti-terroristes sont venus en nombre dans la cité malouine, restant incognito. Tel ce vigile à l'entrée d'une soirée festive offerte au club Toad Horny par un sponsor russe, riche septuagénaire. Ce Bermakov, qu'il croise ce soir-là, le commissaire Workan ferait bien de l'avoir à l'œil.

Pour les meurtres des Boverger, le policier a peut-être un suspect, le nommé Jérémy. Mais celui-ci produit des alibis inattaquables. C'est vers les Rochers de Rothéneuf qu'un troisième crime est perpétré. Retraité fortuné, M.Prince a été assassiné chez lui. Sachant que son assistant Stuart Gibson a disparu subitement, on doit légitimement le soupçonner. Grâce au témoignage d'un chauffeur de taxi, Workan a de bonnes raisons de s'interroger sur le rôle réel de Jérémy. Un autre corps mal identifiable est retrouvé. Le policier anti-terroriste Felice Paoli, vieil ami de Workan, lui confirme qu'un attentat est bel et bien à redouter ici. Le commissaire devra faire appel à sa sœur, Alice Workan, pour mesurer les risques encourus…

Hugo Buan : Le quai des enrhumés (Éd.du Palémon, 2016)

Septième aventure pour le commissaire Workan, enquêtes désormais toutes disponibles aux Éditions du Palémon. C'est toujours avec grand plaisir qu'ont suit ce fougueux policier et son équipe : son adjointe berbère et amante Leila Mahir, le capitaine Lerouyer qui a des soucis avec l'IGS, et le policier Roberto. Sa hiérarchie peut compter sur des résultats, à condition de ne pas faire la fine bouche quant aux méthodes de Workan. Il ne déteste pas secouer les témoins. Face à une secrétaire nymphomane, il saura garder ses distances. Si l'intrigue est sérieuse et maîtrisée, le ton est largement celui de la comédie policière. Un flic circulant en Bentley, logeant dans un hôtel malouin de grand luxe, on imagine bien que c'est fait pour sourire. Les scènes drôles, et même ironiques, ne manquent pas.

Connaissant parfaitement les lieux, Hugo Buan se sert d'un contexte existant, la Route du Rhum, un des évènements destinés à attirer la manne touristique à Saint-Malo. On trouve encore des budgets conséquents pour célébrer le nautisme, même par temps de crise. Le type de menace qui, dans cette histoire, plane sur cette fête des voileux est totalement crédible, hélas. De l'humour et du danger, une affaire riche en péripéties : les tribulations malouines du commissaire Workan régalent une fois de plus les lecteurs.

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10 avril 2016 7 10 /04 /avril /2016 04:55

Figure majeure de la littérature américaine, Dashiell Hammett (1894-1961) est considéré comme le fondateur du roman noir. “Moisson rouge”, “Sang maudit”, “Le faucon maltais”, “La clé de verre”, “L'introuvable” : cinq titres, et des dizaines de nouvelles, qui ont fait sa réputation. Au-delà du parcours de l'écrivain, celui de l'homme Dashiell Hammett s'avère singulier. C'est probablement au travers des lettres qu'il adressa à ses proches, que se dessine le mieux son portrait personnel. Toute sa correspondance réunie dans cet ouvrage (publié précédemment sous le titre “La mort c'est pour les poires”) permet de le cerner. Il n'est pas inutile de lire les présentations dues à Josephine Hammett, fille de l'auteur, et de l'éditeur Richard Layman, qui a composé ce livre. Une bonne entrée en matière.

On distingue ici cinq étapes de la vie de Dashiell Hammett. Ses débuts ("Écrivain") et sa grande période ("Célébrité") sont déjà intéressants. En particulier parce que cet homme marié, père de deux filles, rencontre la femme de sa vie, la dramaturge Lillian Hellman. La fidélité qui naît entre eux n'est pas "conjugale", puisque l'une et l'autre ne se priveront pas de relations amoureuses extérieures. Leur complicité est autant artistique qu'intime. C'est à la troisième étape ("Soldat") que l'on va vraiment partager les sentiments profonds de Dashiell Hammett, exprimés dans ses lettres. Malgré sa santé précaire, le patriotisme de l'écrivain l'a poussé à s'engager dans l'armée. Âgé d'une quarantaine d'années, il est affecté dans une garnison des îles Aléoutiennes, au sud de l'Alaska.

Il va créer et animer, quasiment seul, un petit journal à destination des troupes locales. Une publication intelligente, loin de la simple propagande militaire. Il écrit beaucoup à ses proches, isolement oblige : à Lillian Hellman, à ses filles Josephine et Mary, à des amies de New York, etc. On sent un certain enthousiasme, et il a tant de choses à raconter, sur lui-même et sa tendresse envers les personnes qui lui tiennent à cœur, sur son quotidien dans l'armée : “Cette machine à écrire, que j'ai récupérée à la suite de marchandages compliqués avec un mécanicien de la marine, n'a pas été beaucoup utilisée, et vu qu'elle a été bringuebalée de bateau en bateau, certaines de ses pièces sont foutues, ce qui ne rend pas son utilisation facile. Je dois penser à la faire réparer...”

Dashiell Hammett : Un type bien – Correspondance 1921-1960 (Éd.Points, 2016)

De ce période, pas si désagréable pour lui, Dashiell Hammett tirera l'ébauche d'un sixième roman, quelque peu autobiographique, “Tulip”. L'après-guerre ne s'annonce pas sous les meilleurs auspices pour l'écrivain. C'est l'étape du "Militant" : avant le conflit mondial, il ne cachait nullement ses sympathies communistes. Non pas pour imposer cette idéologie aux États-Unis, mais pour donner la parole au peuple, au nom de la liberté d'expression. La Guerre Froide n'est pas sans conséquence sur le monde culturel américain : début 1950, le sénateur Joseph McCarthy entreprend la persécution de nombreux intellectuels. Écrivain et président d'une association communiste, Dashiell Hammett est entendu par le comité de McCarthy. Il va être condamné à quelques mois de prison, pour refus de coopérer.

Ses lettres d'alors se veulent optimistes, mais cette incarcération le marque fortement sur le plan physique. Il subissait depuis longtemps des problèmes respiratoires, que les abus d'alcool aggravaient. “J'ai pris une cuite monumentale pendant trois semaines pour fêter mon retour à la vie civile, puis j'ai essayé de m'en remettre, ce qui n'est pas allé sans quelques difficultés” racontait-il déjà en octobre 1945 à sa fille Josephine. Après la prison, et compte-tenu de divers problèmes financiers, l'état de santé d'Hammett le fait entrer dans l'ultime étape de sa vie, "Survivant". Entre son appartement de Katonah (État de New York) et ses séjours à Martha's Vineyard, sa santé est instable, mais il reste en contact avec Josephine, prenant des nouvelles de la famille de sa fille.

Dashiell Hammett meurt le 10 janvier 1961, à l'âge de soixante-six ans, d'un cancer et suite à une généralisation de ses maux. Son œuvre littéraire, interrompue de longues années plus tôt, fait référence pour quantité de lecteurs. Réunie sur 700 pages, sa correspondance nous offre quelques clés pour comprendre son personnage privé, et la fascination dont il est toujours l'objet. Un ouvrage documentaire remarquable.

Mes chroniques sur quelques livres dans l'univers de Dashiell Hammett :

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9 avril 2016 6 09 /04 /avril /2016 04:55

Un Coup de cœur fut attribué par Action-Suspense à “La mauvaise pente” de Chris Womersley, à sa sortie. Ce roman est désormais disponible en format poche, chez J'ai lu.

Polar poche : “La mauvaise pente” de Chris Womersley chez J'ai Lu

Lee est âgé d'une vingtaine d'années. Sa sœur Claire et son mari Graeme restent sa seule famille. Ado au décès de ses parents, Lee a rapidement mal tourné. La délinquance l'a bientôt mené en prison. Il sut faire face à un dur comme le nommé Morris. Il semble même qu'il ait causé la mort de quelqu'un, là-bas. Employé par le caïd Marcel, le repris de justice Josef est un truand vieillissant, qui a toute sa vie été trop tourmenté pour se montrer brillant. Il a repéré Lee à sa sortie de prison, lui faisant miroiter une existence facile s'il bossait pour lui. La première mission importante du jeune malfaiteur consistait à intervenir chez la famille Stella, mêlée au trafic du caïd Marcel. Guère impressionnés, ils lui ont tiré dessus, puis ils ont déposé son corps dans un motel miteux, avec la valise de Lee contenant l'argent de Marcel, pas plus de 6000 $.

Wild est un médecin généraliste quinquagénaire aux yeux bleus, mais à l'allure fatiguée. Morphinomane, il a plusieurs fois tenté de décrocher, sans succès. Sa dépendance lui a fait commettre une erreur médicale. Wild vient de tout quitter, fuyant les suites judiciaires de cette affaire. Il s'est arrêté dans ce même motel minable où Lee gît, gravement blessé. Si le médecin peut nettoyer la plaie, il est incapable de retirer la balle du corps. Ne pouvant s'éterniser là, Wild envisage de se rendre chez son vieux maître, le Dr Sherman. Sur le trajet, une première halte oppose le duo à deux étudiants, un frère et une sœur, qu'ils doivent menacer. Rien ne garantit leur silence. Wild et Lee font étape dans un second motel, où leur véhicule est remarqué par la police. Malgré l'état de santé de Lee, le duo doit s'enfuir au plus vite.

De son côté, Josef remonte la piste. 6000, c'est une broutille, mais le caïd Marcel n'aime pas se faire doubler. Le vieux Josef apprend que Lee a une sœur, s'adresse aux Stella, interroge la patronne du motel où on déposa le corps sanglant du jeune homme, découvre qu'un docteur s'occupe du blessé... La morphine dérobée par Wild est utile pour calmer les douleurs de Lee, tandis que le duo continue le voyage dans un wagon de marchandise. Dans une gare de triage, Wild est arrêté tel un vagabond par un agent de sécurité. Bien que faible, Lee intervient pour le sauver avant l'arrivée de la police. Vaille que vaille, le duo arrive jusqu'à la maison du Dr Sherman. Mais rien n'est terminé…

 

La première qualité d'un roman noir consiste à nous montrer, soit comment le Destin avance vers une inexorable fatalité, soit la possible lueur de rédemption qui sauvera le (ou les) héros. Il ne suffit pas de nous dire que ceux-ci se sont lancés dans une fuite éperdue, encore faut-il nous révéler d'où ils viennent. Et, peut-être, quelle est “la faute” qui les a entraînés vers leur perte. Ces circonstances (car il n'y a jamais de raison unique) ne peuvent pas être identiques pour un médecin drogué, un jeune voyou, et un truand déclinant. Il faut fouiller dans leurs vies, revenir sur le passé respectif de chacun, explorer même leurs cauchemars, pour les connaître tant soit peu. C'est là que réside le talent de Chris Womersley, dans cette écriture maîtrisée qui donne une force au contexte et un réalisme crédible à ses personnages. Au fil du récit, leurs portraits s'étoffent, ajoutant une intensité grandissante à leur périple. Sombre histoire, oui. Un roman de qualité supérieure, assurément proche de l'excellence.

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8 avril 2016 5 08 /04 /avril /2016 04:55

Laurent (né le 9 mai 1976) et son frère William (né le 30 janvier 1978) ont été élevés par leur mère à Marseille. À peine adulte, l'aîné s'installa dans un cabanon en bord de mer. Où il faisait la fête avec des amis, se mêlant de trafics. En 2007, Laurent fut impliqué dans un vol de tableau, et fit un peu de prison. William, intermittent du spectacle, eut un parcours moins agité. Une de ses activités, c'était la photo de mariage. En 2009, à Manosque, alors qu'il préparait ses prises de vues, il repéra un inconnu suspect. Peu après, à l'heure de prendre les photos de groupe du mariage, des braqueurs s'attaquèrent au bureau de la Poste locale. Il y eut des blessés. Un des bandits fut abattu : Luciani, un ami de Laurent. L'affaire agaça quelque peu le truand Del Pappas, caïd pas antipathique, mais qui n'aimait pas que des amateurs troublent ses propres projets.

Comme il l'avait annoncé à son cadet, Laurent partit vivre en Floride, à Naples. Leur amie Léa Kavitchek l'accompagnait. Mais c'est avec une certaine Linda Powers qu'il se maria. Il adressait ponctuellement des photos par mail à son frère William et à leur mère. Laurent claquait visiblement beaucoup d'argent. Sur un des clichés, il figure avec un certain Milan Franek, "l'inconnu suspect" de Manosque, qui échappa au carnage. Un amateur doublé d'un con dangereux, selon Del Pappas. En Floride, Laurent a aussi retrouvé Sol, un copain traficoteur marseillais. Le frère de William s'est lancé dans le bizness des œuvres d'art. On peut penser qu'il a débuté grâce à une toile de maître volée en France. La santé de leur mère déclinant sévèrement, et restant sans nouvelle de son frère depuis janvier, William part rechercher Laurent aux États-Unis en juillet 2014.

William découvre l'ambiance de Miami et de ses environs. “Tant qu'il y a quelque part quelque chose à acheter, que ce soit des donuts ou de l'alcool ou des trucs que tu peux même pas imaginer, (...) mec, t'es à Miami et ici tu seras toujours et partout considéré comme un consommateur potentiel” lui explique-t-on. Il contacte l'ex-épouse de Laurent, et retrouve l'adresse de leur copain Sol. Il renoue avec Léa, D.J. dans un club, mariée à un riche et jaloux Cubain d'origine. C'est du côté de Key Biscayne qu'il espère faire évoluer ses investigations. Il y dénichera la trace de Milan Franek, mais pas celle de son frère.

William est bientôt confronté à la police, le lieutenant Willeford (quinqua ressemblant à Alec Baldwin) et le sergent Breedan (sosie de Matt Damon). Le laid colosse Haïtien qui le file depuis plusieurs jours, c'est le détective privé Denis Couleuvre, dit Grand Denis. Il lui explique que Laurent – et ses amis Milan et Sol – ont commis la grave erreur de nuire aux intérêts d'une communauté puissante en Floride, les Cubains anti-Castro. Si la prêtresse Marie-Louise a quelques compétences vaudoues, pas certain que ça mette William à l'abri de dangers à venir. Willeford et Breedan n'ont aucune raison de le protéger, non plus. Son périple risque de finir à l'hôpital, non sans avoir récupéré ce qui appartenait à son frère…

Guillaume Guéraud : Shots (Éd.du Rouergue, 2016)

Auteur d'une quarantaine de livres, Guillaume Guéraud est très connu pour ses romans destinés aux adolescents. C'est bien une histoire visant un public adulte, qu'il a concoctée ici pour la collection La Brune, des Éditions du Rouergue. Un scénario dans la tradition des "pièces du dossier", qui permet de cerner un sujet sans être purement linéaire. William, son héros, nous présente son "carnet de route" illustré par des photographies. Celles qui datent des années passées, plus celles de son voyage en Floride sur la piste de son frère. Sauf qu'il reste plus aucune photo, seulement leurs légendes (c'est le mot qui correspond idéalement, en effet). Est-ce à cause de “Damballa, le dieu serpent, l'esprit de la connaissance” qui n'aime pas que subsistent de mauvaises images ?

Polar ou un roman classique ? Cela n'a guère d'importance. Néanmoins, on notera que Guillaume Guéraud fait ici et là référence à la mythologie polardeuse : n'est-on pas dans le fief de “Deux flics à Miami" ? Un policier nommé Willeford (écrivain publié chez Rivages/Noir) et un truand appelé Del Pappas (“Cheveux gris et barbe grise… Il a les rides du rire et un visage de gamin que sa barbe ne parvient jamais à camoufler”, beau portrait de cet auteur méridional de polars). En Floride, on n'est pas loin de Cuba, ni d'Haïti, on le vérifiera dans cette intrigue palpitante, où le "carnet de voyage" ne tarde pas à évoluer vers une aventure mouvementée. Un suspense très excitant !

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