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19 juin 2016 7 19 /06 /juin /2016 04:55

Fondé en 1948 par le critique et romancier Maurice-Bernard Endrèbe, le Grand Prix de Littérature Policière est une institution dans l'univers du polar et du roman noir. Il suffit de consulter la liste des lauréats pour admettre que de nombreux auteurs majeurs ont été honorés par ce prix. Il récompense les deux meilleurs romans policiers, français et étrangers, publiés durant l'année. Actuellement, la sélection se fait en juin, par le jury composé de dix personnes. La liste officielle du Grand Prix de Littérature Policière 2016 présente ses 35 titres (15 Français, 20 Étrangers). Les vainqueurs dans les deux catégories seront désignés en septembre 2016.

LES GAGNANTS 2016 DU GRAND PRIX DE LITTERATURE POLICIERE SONT ICI :

Grand Prix de Littérature Policière 2016 – les sélectionnés

Les auteurs et romans français :

Frédéric Andréi : BadLand – Albin Michel, mars 2016

Morgan Audic : Trop de morts au pays des merveilles – Rouergue Noir, 2016

Jacques Bablon : Rouge écarlate – Jigal, janvier 2016

Franck Bouysse : Plateau – La Manufacture de livres, déc. 2015

Luc Chomarat : Un trou dans la toile – Rivages/Noir, mars 2016

Marc Fernandez : Mala Vida – Prélude Ed., octobre 2015

Emmanuel Grand : Les salauds devront payer – Liana Lévi, 2016

Pierric Guittaut : D'ombres et de flammes – Série Noire, mai 2016

Louise Mey : Les ravagées – Fleuve Editions, mai 2016

Alexis Ragougneau : Evangile pour les gueux – Viviane Hamy, janvier 2016

Sébastier Raizer : Sagitarius – Série noire, fév. 2016

Louis Sanders : Auprès de l'assassin – Rivages/Noir, mai 2016

Jean-Marc Souvira : Les sirènes noires - Fleuve Editions, novembre 2015

Elisa Vix : Ubac (Rouergue Noir, janvier 2016) 

Ahmed Tiab : Le Français de Roseville - Ed.L'Aube noire, janvier 2016

( http://www.action-suspense.com/2016/06/ahmed-tiab-le-francais-de-roseville-ed-l-aube-noire-2016.html )

 

 

Les auteurs et romans étrangers :

Jon Bassoff : Corrosion – Gallmeister, 2016

Alex Berg : Ta fille morte – Ed.J.Chambon, janvier 2016

William Boyle : Gravesend – Rivages/Noir, mars 2016

Gordon Ferris : Les justiciers de Glasgow – Seuil, Mars 2016

Castel Freeman : Viens avec moi – Sonatine, janvier 2016

John Harvey : Ténèbres, ténèbres – Rivages/Thrillers, novembre 2015

Joseph Kanon : Berlin 49 – Seuil, février 2016

Un-Su Kim : Les planificateurs – L'Aube noire, févier 2016

Iain Levinson : Ils savent tout de vous – Liana Levi, octobre 2015

Jo Nesbo : Soleil de minuit – Série Noire, mars 2016

Jo Nesbo : Le fils – Série Noire, octobre 2015

Nele Neuhaus : Des vivants et des morts – Actes Noirs, février 2016

Leif G.W.Persson : Celui qui terrasse le dragon – Rivages/Thrillers, 2016

Marisha Pessl : Intérieur nuit – Gallimard, juin 2015

Boris Quercia : Tant de chiens – Asphalte, novembre 2015

Dolores Redondo : Une offrande à la tempête – Mercure noir, mars 2016

Markus Sakey : Un monde meilleur (2 tomes) – Série Noire 2015-2016

Mark Haskell Smith : Ceci n'est pas une histoire d'amour – Rivages, juin 2016

Jan Costin Wagner : Le premier mai tomba la dernière neige – Ed.J.Chambon, octobre 2015

Carlos Zanon : J'ai été Johnny Thunders – Asphalte, mars 2016

- Cliquez sur les titres en caractères bleus pour accéder à mes chroniques sur ces livres -

N'ayant pas lu la totalité de ces 35 titres, je ne peux recommander que les romans chroniqués chez Action-Suspense, dans l'ordre de mes préférences :

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18 juin 2016 6 18 /06 /juin /2016 04:55

Originaire de New York, Maureen Coughlin est âgée de trente ans. Elle s'est installée à La Nouvelle Orléans, où elle termine sa formation d'agent de police. À New York, quelques mois plus tôt, elle a traversé une épreuve violente, ce qui l'a incitée à tourner la page. Diplômée, elle doit faire ses preuves sur le terrain, avant d'être titularisée. Elle est tutorée par le sergent Preacher Boyd, gros bonhomme placide autant que chevronné. Ce qui contraste avec Maureen, sportive musclée mais plutôt maigrichonne. Elle reste en contact avec sa mère Amber, et le compagnon de celle-ci, Nat Waters, retraité du NYPD. Ils ont fêté ensemble sa remise de diplôme, dans le Vieux-Carré de La Nouvelle Orléans. Maureen veut prouver qu'elle a toute sa place dans la police d'ici, largement restructurée depuis le désastre causé par l'ouragan Katrina.

Bill Loehfelm : L'antre du mal (Éd.10-18, 2016) – Coup de cœur –

Suite à une arrestation agitée au sein d'un couple de junkie dans le 6e District, secteur où elle est affectée, Maureen espère que ça n'aura pas des conséquences négatives. Boyd ne manque pas de lui rappeler que, hiérarchie oblige, c'est à la Criminelle de poursuivre cette enquête, pas à une agente comme elle. Maureen doit observer les quartiers où ils opèrent, chercher à s'y intégrer. Par exemple, en ne bousculant pas la Mère Mairesse, vieille figure locale. Ou en restant courtoise avec Norman Wright, petit délinquant qui essaie de forcer la voiture d'un certain Bobby Scales. Autour, Maureen repère une nouvelle fois un trio d'adolescents. Des guetteurs au service des trafics, certainement. Elle finira par les identifier, mais n'est pas aussi rapide à la course que l'un d'eux, Mike-Mike, âgé de treize ans. Son "cousin" Goody, quinze ans, sait se faire discret.

Le troisième gamin a douze ans, il se prénomme Marques. Il est doué avec ses baguettes pour jouer de la musique. Il fait partie de l'orchestre Roots of Music, destiné à l'insertion des jeunes. Un môme récupérable, peut-être. Contrairement à ce jeune plus âgé, affichant une allure à la Bob Marley, qui semble bien être le second de l'introuvable Bobby Scales. C'est quand le voleur Norman Wright est assassiné, que Maureen entre en contact avec Christine Atkinson, capitaine à la Criminelle. Elle va collaborer avec l'enquêtrice sans pour autant oublier qu'elle n'est qu'une "bleue". Côté vie privée, ce n'est pas la stabilité pour Maureen : elle est l'amante de Patrick, cuisinier promis à un bel avenir, mais celui-ci va finalement rompre. Pour tous deux, c'est leurs métiers respectifs qui priment. Maureen se recueille parfois dans une église désaffectée, comme pour effacer son passé new-yorkais.

Lorsque la Plymouth de Bobby Scales est retrouvée incendiée, la policière Atkinson fait de nouveau appel à Maureen. Car, dans le coffre, on a découvert le cadavre d'un des jeunes du trio qu'elle connaît. Étonnant que l'affaire se soit produite dans ce secteur si fréquenté, estiment l'enquêtrice et Maureen. Sans doute la jeune agente de police ne passe-t-elle pas inaperçue, car elle est bientôt menacée par l'émule de Bob Marley. Dont le boss reste dans l'ombre. Preacher Boyd et Maureen obtiennent des infos sur le trio d'ados : seul Marques n'est pas encore un repris de justice fiché. Il est possible que le rôle de la Mère Mairesse ne soit pas si neutre dans tout cela. Même lors de ses heures de repos, Maureen reste impliquée dans le dossier, bien que ça n'entre pas dans ses fonctions. Sa ténacité risque d'obliger Bobby Scales à réagir avec violence…

Bill Loehfelm : L'antre du mal (Éd.10-18, 2016) – Coup de cœur –

Voilà un authentique roman noir à classer parmi les histoires de durs-à-cuire. Au centre, une jeune femme dont le portrait nous est dessiné avec une subtile crédibilité. Son aventure précédente, retracée dans “Face au Mal”, est un sinistre épisode de sa vie, ce qui marque encore sa mémoire. L'essentiel, c'est qu'elle prend un nouveau départ, faisant preuve d'un beau volontarisme.

Le premier aspect que l'on retient, c'est donc son initiation au métier de policière. D'agent de police de base, dans les rues, et non pas – c'est important – d'enquêtrice gradée. Elle doit apprendre à maîtriser ses réactions rageuses, à écouter et à parlementer, à s'insérer dans la population à majorité noire. Son sympathique formateur lui répète assez quelles sont les règles à suivre ! Lui non plus, on n'a pas de mal à l'imaginer, ce gros flic vite essoufflé, néanmoins donnant de bons conseils et sachant jauger la future titulaire. Duo percutant auquel il convient d'ajouter la capitaine Atkinson. Un modèle à imiter pour Maureen. Un personnage d'un professionnalisme froid, mais plus cordiale en privé.

Toutefois, ce polar ne se résume assurément pas à sa part criminelle. C'est, probablement avant tout, un magnifique hommage à cette ville complexe qu'est La Nouvelle Orléans. Entre le sinueux Mississippi et le lac Pontchartrain, la géographie s'y exprime de façon différente d'ailleurs : “Aucun témoin n'indiquerait que le suspect s'était enfui vers l'est ou vers l'ouest. Sur les canaux de la police, les opérateurs radio recouraient aux points cardinaux, mais pour tous les autres, rien n'était au nord ou au sud. C'était lakeside, côté lac, ou riverside, côté fleuve. Rien n'était à l'est ou à l'ouest. C'était uptown ou downtown.” Du Superdome, temple du football américain et de l'équipe des Saints, au Vieux-Carré, vestige touristique de la colonisation française, La Nouvelle Orléans possède une identité – qui échappe au reste des habitants des États-Unis.

Ce n'est pas dans les lieux assez connus que Maureen débute en tant qu'agent de police, mais dans des quartiers populaires. Dont l'auteur parvient à nous faire sentir l'ambiance. Avec ses maisons shotgun, ici ses parcs et ses ruelles, là ces lieux (tel le Charity Hospital) pas tous réhabilités après Katrina. Ou encore ces gargotes, vendant des plats cajuns ou mexicains. Même si tout est gangrené par les trafics et la violence, on veut encore croire au "thou shalt not kill" (Tu ne tueras point) biblique. Cette ville singulière et attachante, Maureen va elle aussi tomber sous son charme.

Un roman noir remarquable, à ne surtout pas manquer.

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16 juin 2016 4 16 /06 /juin /2016 04:55

À Porto, Mário França se définit comme “le plus grand détective du monde”. Ce qui paraît très exagéré à l'inspecteur-chef Consciência de la PJ, se pensant lui-même bon enquêteur. Il est vrai que, si Mário França et son équipe “d'assistants” ne paient pas de mine, ils savent se montrer efficaces. Lors d'une cérémonie à l'église de Lapa en présence d'officiels locaux et d'une délégation venue du Brésil et d'Uruguay, le détective vient d'être témoin d'une affaire doublement énigmatique. D'abord, l'urne contenant la relique du cœur du roi Dom Pedro IV a disparu. En parallèle, l'architecte Jorge Vinagre – l'organiste de l'église – est décédé subitement, en apparence de mort naturelle. S'il n'a pas encore de client pour ces deux affaires, Mário França s'informe sur l'histoire du Portugal au 19e siècle, afin de situer la portée de la disparition du cœur royal.

Peu après, trois clients engagent le détective, chacun lui signant un gros chèque. La Confrérie de Lapa et la délégation sud-américaine veulent retrouver la relique. Quant à la petite-amie de l'architecte-organiste, Sofia Almagre, elle soupçonne un meurtre. Après la mise en action de son équipe, Mário França assiste à une soirée mondaine chez les Falcão, famille du roi du textile. Un moyen d'approcher la haute-société. Dès le lendemain, le détective se retrouve “dans une voiture de la Judiciaire, escorté voire harcelé par un gradé qui a une tête de tortue, un sans-grade qui mastique un chewing-gum, et une Procureure du ministère public avec un corps qui pousse au crime et des yeux de chatte castrée.” Le policier Consciência et la procureure Gabriela Seisdedos sont confrontés au décès suspect de Kid Tranquilo, champion de poker.

En fait, ce jeune homme n'est autre qu'Hélio Vilas, fils du roi de l'industrie du liège. S'il gagnait beaucoup, il claquait surtout énormément d'argent. Comme pour Jorge Vinagre, l'autopsie reste incertaine sur la cause de sa mort. À part régler un conflit avec le gang de Valbom, des petits voyous, Mário França doit admettre qu'il ne progresse guère. Certes, la police opère une descente au club "Le Petit Enfer" de DJ Case, fils de la famille Falcão et l'associé du défunt Kid Tranquilo. Mais les investigations du détective vont le mener de Saint-Jacques-de-Compostelle (Espagne) jusqu'à Montevideo (Uruguay), sur la piste d'un trafiquant de reliques rarissimes. Devenu l'amant de Gabriela Seisdedos, Mário França interroge aussi Vera, la petite-amie du champion de poker, ou le comte d'Amial, industriel dont le titre de noblesse n'est que relatif.

Ayant empêché un suicide du haut du pont Dom Luis, le détective commence bientôt à y voir plus clair dans les petits et grands secrets des protagonistes. C'est au tribunal de la Relação, où le policier Consciência accuse des coupables erronés, que le détective va publiquement désigner les véritables responsables des crimes…

Miguel Miranda : La disparition du cœur des symboles (L'Aube Noire, 2016)

Force est de reconnaître que Mário França a plutôt l'air d'un fouineur dilettante que d'un détective expérimenté. Avec lui, on flâne dans Porto, de l'église de Lapa jusqu'au Mur des Morutiers, sur la rive du Douro. On s'accorde une pause au café Astória, face à la Place de la Liberté. On s'invite dans les propriétés viticoles produisant le fameux vin, ou chez les industriels de la région. On voyagera même de Galice en Amérique Latine. Au gré de ses pérégrinations, le "privé" n'est pas sans collecter moult informations, sans imaginer des hypothèses pas si farfelues. Et même si son équipe de déclassés ne semble pas brillante, il s'agit d'assistants jouant chacun un rôle fort utile. Quant au pigeon Gandolino, amateur de chips aux crevettes, il déjoue l'espionnage informatique qui viserait Mário França.

C'est avec beaucoup d'humour, teinté de malice et de dérision, que Miguel Miranda nous raconte les aventures de son héros dans ce délicieux roman d'enquête. Un excellent suspense, auquel s'ajoutent ça et là de beaux moments de poésie. Y compris dans les cauchemars du détective : “C'est pour cela que je déteste la nuit. Les sons enflent, le bureau semble habité par des faunes, des êtres ailés, par d'autres qui rampent – des âmes en peine, une légion démoniaque convoquée par l'obscurité… C'est un être vivant, j'en suis sûr. J'habite ses entrailles, comme Jonas habite celles d'une baleine.” Fidèle à la meilleure tradition, c'est en présence des suspects réunis que la vérité sera faite. Un vrai régal !

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15 juin 2016 3 15 /06 /juin /2016 04:55

Vernais est une station balnéaire ordinaire, petite ville côtière peu touchée par le crime. Le commissaire Roger Vignes, marié mais ignorant son épouse, approche allègrement de la retraite. Le lieutenant Stanislas Delorme est son principal adjoint. Célibataire, il vit avec sa chienne Lucky, et s'en trouve très bien. Mariée à un homme d'affaire au bizness pas très clair, Margot Farges découvre le cadavre d'un quinquagénaire inconnu dans sa piscine. Ce n'est pas son mari Franck, absent, qui lui viendra en aide. La police enquête, ne tardant pas à identifier la victime. Il s'agit de Serge Kinderf, qui vivait en marginal depuis que des évènements douloureux l'aient fortement perturbé.

Le corps est reconnu par ses deux fils, Stéphan et Walter. Si Stéphan, le plus jeune, a été marqué par leurs problèmes familiaux, ce n'est guère le cas de son aîné. Walter est employé dans une agence de communication, mais se veut surtout écrivain en devenir. Dans la lignée d'un Thomas Pynchon ou d'un Malcolm Lowry, si possible. S'ennuyant dans son boulot, Walter ne laisse pas indifférente sa collègue Aude, même s'il garde sa réserve envers elle. On retrouve bientôt un second cadavre anonyme. Le légiste remarque une inscription en cyrillique sur son corps. Peu importe que ça signifie “L'absence est fatale”, l'essentiel est que cet homme appartient sûrement à une mafia russe.

Vignes, Delorme et leurs collègues enquêtent au domicile d'un nommé Jean Quibert. La maison de ce type, qu'on dit quelque peu dérangé, est un véritable dépotoir. Entre odeurs infectes et immondices variés, on trouve d'abord deux cadavres. Parmi les autres traces, il y aura aussi un crâne d'enfants et des ossements. Quibert n'est pas en état d'être interrogé, pour l'heure. Grâce à Margot, Stanislas Delorme s'intéresse au cas de Franck Farges, dont le passif apparaît chargé. Dans le même temps, le mari de Margot connaît de sérieux problèmes. Il est enlevé, séquestré et torturé par des Russes, auxquels il a des comptes à rendre. Franck Farges ne maîtrise vraiment rien de la situation en cours.

Trentenaire, Félicien Faderne est un scientifique, employé par la société Blakol. S'il a été kidnappé par une jeune blonde armée, c'est pour assurer sa protection, semble-t-il. Car ses travaux de recherche sont loin d'être anodins. Félicien l'ignorait, mais Blakol est une officine œuvrant pour l'intérêt national. Sous les ordres d'un énigmatique Horb, la blonde Anne doit s'occuper de lui, le temps que certaines menaces soient écartées. Non sans devoir mettre KO des adversaires, elle récupère l'ordinateur de Félicien afin qu'il continue sur son projet...

Gilles Vidal : Le sang des morts (Coll.Hélios Noir, Éd.ActuSF, 2016)

Excellente initiative que de rééditer en format poche ce remuant roman d'aventure, où les policiers ne sont pas au bout de leurs peines. Une affaire où il sera question de chirurgie esthétique, d'une collection de fioles de sang, d'une femme qui a tenté un retour incognito. Et où même la chienne Lucky sera blessée, avant que son maître n'élimine le malfaisant qui lui a fait du mal. Walter Kinderf et son cadet, Félicien et Anne auront leur rôle à jouer, bien entendu. Quant au principal criminel, bien qu'il utilise plusieurs pseudonymes, il sera pourchassé avec succès. On aura compris que c'est un foisonnement de péripéties, un festival de rebondissements, que nous offre l'auteur. Gilles Vidal est un narrateur hors pair, qui se délecte à nous raconter en détail les tracas rencontrés par les protagonistes.

Si la tonalité se veut légère, fluide et même assez enjouée, ne nous y trompons pas : l'intrigue est diablement solide, parfaitement mesurée dans sa construction. Avec ses scènes courtes illuminant le récit, le feu d'artifice est sous contrôle. Le chassé-croisé des personnages n'empêche nullement qu'ils nous soient présentés avec précision. Si Stan Delorme, flic peut-être moins désabusé qu'il l'affiche, est un des pivots du roman, tous en sont héros autant que lui. Ce qui constitue un des beaux atouts de l'histoire, qu'on aurait tort de confondre avec un polar basique où se croisent bons et méchants. Gilles Vidal nous captive et fait sourire, nous entraînant dans un affaire palpitante.

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14 juin 2016 2 14 /06 /juin /2016 04:55

Âgé de quarante-sept ans, Jim Thane vivait en Californie avec sa femme Libby, plus jeune que lui. S'il fut un brillant cadre dirigeant dans des sociétés de haut-niveau, il a traversé une période glauque. La drogue, les jeux d'argent et les putes l'ont fait sombrer. Libby ne l'a pas laissé tomber, bien que leur enfant soit décédé accidentellement. Depuis deux ans, Jim pratique l'abstinence sous le contrôle d'un ex-policier. Grâce à son ami Tad Billups, qui représente un groupe d'investisseurs, Jim a enfin une nouvelle chance. Tad lui confie un poste de directeur intérimaire, sur la côte ouest de la Floride. Il s'agit de redresser, dans les plus brefs délais, une société développant un nouveau logiciel informatique. Un défi qui paraît presque perdu d'avance, trop de millions ayant été dilapidés pour peu de résultats.

En ce mois d'août, Libby a préparé leur installation en Floride. Pour sa désintoxication, Jim est contraint de s'adresser à un psy local. Au sein de l'entreprise, rares sont les employés fiables, hormis la comptable Joan, la réceptionniste Amanda et le programmeur Darryl. Le logiciel n'est que très approximatif : son potentiel n'est pas nul, mais sa rentabilité est loin d'être flagrante. Jim pense que la "reconnaissance faciale" via l'informatique, ça pourrait intéresser des banques. Dans un premier temps, le ratage de la démonstration compromet cette opportunité. Un policier du FBI, de Tampa, continue à enquêter sur la disparition soudaine de Charles Adams, ancien directeur de la société. Jim ne lui avoue pas qu'il vient d'en découvrir la raison probable : un énorme détournement d'argent.

En effet, plus de trois millions de dollars ont été versés à un fournisseur fantôme. Il fallait pour ça l'aval du directeur. Jim utilise une ruse afin de dénicher l'adresse supposée dudit fournisseur, à Sanibel Island. Dans le grenier de cette maison vide, des millions en billets de banque, pactole qu'un gang vient récupérer sous les yeux de Jim. Son épouse Libby estime qu'il doit s'en tenir à ce qu'a demandé Tad Billups, protéger les intérêts de celui-ci, et gérer la fin de la société s'il ne peut faire mieux. Même s'il faut licencier, à commencer par le prétentieux directeur des ventes, des contrats sont miraculeusement signés pour le logiciel. Y compris avec la banque où la démonstration fut loupée. Jim finit par profiter de l'embellie sans se poser de questions, même si ces ventes lui semblent artificielles.

Jim s'est rapproché d'Amanda, la réceptionniste. D'origine russe, la jeune femme lui confie son parcours, aussi chaotique mais plus violent que celui de Jim. L'agent du FBI est sur la piste de l'insaisissable mafieux russe Ghol Gedrosian, qui paraît désormais poursuivre ses activités délictueuses en Floride. Jim affirme ne rien savoir au sujet de cet homme, ce qui est inexact. Car il connaît, du moins partiellement, "l'influence" du Russe. Des révélations inattendues vont bientôt changer la situation pour Jim. Fermer les yeux devient impossible pour lui. Dans un premier temps, il trouve refuge à Fort Myers Beach, chez Amanda. Mais le danger est omniprésent, et Jim ne peut convaincre sans preuve l'agent du FBI…

Matthew Klein : Sans retour (Série Noire, 2016)

Ce roman se décompose en deux parties. La première décrit le redressement économique d'une entreprise, selon la méthode américaine devenue universelle : pas de sentiment ! Jim Thane étant un ex-junkie et alcoolo, accro au jeu et aux prostituées, l'objectif devient hasardeux. Heureusement qu'il est soutenu moralement par son épouse. On a un aperçu du rôle des investisseurs à capital-risque, et du fonctionnement de certaines "start-up" qui ne sont que des gouffres financiers. Activités illusoires, mais l'essentiel pour les employés est d'afficher un beau statut social et de bénéficier des budgets, tant que l'argent coule à flots. Les sommes dépensées en "recherche et développement" sont-elles toujours justifiées ? Ça n'existe pas qu'aux États-Unis, ces sociétés quasiment factices.

Dans la seconde partie, l'histoire vire au polar schizophrénique. En dire davantage serait trop en dévoiler. Néanmoins, un certain nombre d'éléments apparus précédemment dans le récit offrent un lien avec cette progression de l'intrigue. Si le héros glisse vers la perte de contrôle, postulat bien connu du roman noir, le dénouement restera plus obscur que la moyenne. Ce qui importe peu, puisque tout est dans "l'aventure" à laquelle il vient d'être confronté. Au réalisme sociétal non dénué d'ironie, succède donc un roman d'action : un suspense à double facette riche en péripéties, que l'auteur maîtrise et rend captivant.

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13 juin 2016 1 13 /06 /juin /2016 04:55

C'est une ville grise avec des artères rectilignes, un pont en plein milieu, des bâtiments de guerre dans l'arsenal militaire, le tout plombé à l'année par une pluie monotone. Une "Cité du Ponant" attrape-tempête : “Tout ce que l'Atlantique accumulait de dépressions et de contrariétés venait vomir ici, comme si c'était là que l'océan avait choisi de se venger des hommes.” Raymond est un ex-serrurier, placé dans la cohorte des sans-emplois pour donner bonne conscience à ceux qui ont un travail. Ce solitaire occupe son temps entre les vieux films au cinéma Les Amandiers, et quelques bistrots de cette ville qui en compte des quantités. C'est ainsi qu'il rencontre le Colonel, un vieil orateur de bars, une figure locale.

Si ce bonhomme fripé n'a jamais appartenu à l'Armée, la discipline est un leitmotiv pour lui. Le Colonel n'est pas un philosophe de comptoir ordinaire. Il réserve sa verve à des récits fantasmatiques orientaux : quand il évoque l'Inde, le voilà lyrique. Il s'emballe dès qu'il parle de Shéhérazade. N'écrit-il pas un livre, futur sommet de la littérature, où il sera question de jungle et de garnison, du Bengale et de ses tigres féroces, peut-être même de fakirs ? À la Bibliothèque, il est le seul à consulter un ouvrage de référence, traitant des aventures véritables de valeureux explorateurs d'antan. Le Colonel possède un kriss authentique, ce poignard particulier qui en fait une arme admirable de perfection.

La petite bande autour du Colonel s'est étoffée. Outre Raymond, il y a René. Ce n'est pas qu'un athlète de bistrots, qu'un champion de la bière. C'est en vue des Jeux olympiques qu'il s'entraîne, bien que personne ne l'ait vu en plein effort. “Un grand sportif se muscle dans l'ombre” affirme-t-il. Le quatrième larron du groupe, on l'appelle Gabegie. Il s'agit d'un aveugle à l'aspect lunaire, d'un adepte du tir à l'arc. Ses talents d'archer visant vers le vide ne sont pas sans inquiéter : il se fait parfois alpaguer par les flics. Mais “chaque fois qu'il décochait au-dessus du grand rien, il était déjà en plein sur le podium. C'était une victoire sur tous les connards qui lui avaient fait des misères quand il était petit, et une manière de saluer la mémoire de son père.” Ils forment un sacré quatuor !

Au-delà de l'exotisme de ses récits, ceux que le Colonel porte au pinacle, ce sont les guerriers mouktars : ils représentent le summum du courage, de l'intelligence, de la force. “Le guerrier mouktar, c'est le combat fait homme. C'est la fin des dieux… L'homme qui prend en main son destin, qui le fait ployer, qui le tord en sons sens, il a plus besoin de bon Dieu pour exister. Y a plus rien de tracé : C'est lui qui commande, quoi. Le mouktar ignore la fatalité ! Il prend tout à bras-le-corps et si on l'en empêche, il s'infiltre, il fait le mur, il escalade, se faufile, bondit entre les pièges.” S'ils décidaient un jour de fuir cette ville maudite, c'est des guerriers mouktars qu'ils devraient s'inspirer. Cambrioler un nabab prétentieux deviendrait alors un jeu d'enfant pour le Colonel et ses braves…

Arnaud Le Gouëfflec : Le guerrier mouktar (Éd.Sixto, 2016)

Un extrait s'impose, pour partager l'état d'esprit du Colonel : “L'imagination, c'est un sortilège. Quand tu la sors de sa boîte, elle te fait valser. Si tu la maintiens sous presse, elle donne des coups dans le couvercle. Faut qu'elle vive, quoi ! C'est une bête vivante…

L'imagination est un muscle. Si tu la travailles pas, si tu la développes pas, elle s'atrophie, elle se rabougrit. Elle tombe comme une poche flasque. Quand on a la santé, elle est bien pleine, elle tient autour de l'os. Les gens qu'ont pas d'imagination, je les repère à cent mètres. Ils dégagent un parfum de faiblesse. Ils sont moites à l'intérieur et leurs pensées, elles suintent dans leur cervelle exactement comme la main d'un type pas franc qui glisse dans la tienne. J'ai jamais pu supporter ce genre de mollesse. Les gens qu'ont pas d'imagination, c'est les plus cons. La connerie, c'est précisément ça, mes agneaux, le manque d'imagination. Définition ! Le con, il n'y a que lui. Il ne voit pas au-delà. L'abruti sans imagination, il n'en a même pas assez pour se mettre à la place des autres. Celui qui sait pas s'y mettre, dans la peau d'autrui, il est cuit. Enfermé dans son petit caisson. Pas de compassion. Pas d'intelligence, pas de finesse, donc pas d'imagination.”

 

Il est déconseillé aux grincheux, aux négatifs, aux râleurs, de lire les romans et autres productions d'Arnaud Le Gouëfflec. On ne voudrait pas que ces lecteurs soient contaminés par le talent passionné de cet auteur. Il nous présente des personnages dont la marginalité pourrait déplaire à ces tristes conformistes, qui n'y verraient qu'une histoire de "piliers de bistrots". Alors qu'on est là dans la lignée d'Antoine Blondin, avec “Un singe en hiver”. Des héros qui regardent la vie "autrement", entre poésie et lucidité, au gré de leur fantaisie ou de leurs rêves, que l'on envie quelque peu. Le dénouement risque d'assombrir le destin de ces guerriers mouktars, certes. Combattre le quotidien sans surprise n'est-il pas la mission de ces “clochards célestes” dignes de Jack Kerouac ?

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12 juin 2016 7 12 /06 /juin /2016 04:55

Le commandant de police Jean-Louis Perrot, père de famille divorcé, avec son collègue et ami célibataire le capitaine Hubert Lefèvre, sont en poste à la PJ de Bordeaux. Leur supérieur, le commissaire Law, est un Anglais qui ne maîtrise pas toutes les subtilités de la langue française. Ils sont chargés d'enquêter sur la mort suspecte de Tania Borel, âgée de trente-trois ans, habitant avec sa famille dans un lotissement de la région bordelaise. Ce sont les deux fillettes de la victime qui ont découvert le corps. Chauffeur-routier, le mari Jérémy Borel était absent, et semble posséder un bon alibi. Le père et ses filles ont trouvé provisoirement refuge chez Karine Plassard, leur voisine.

Mortellement frappée avec un tisonnier, où l'on a effacé les empreintes, Tania Borel n'a pas subi de violences sexuelles. Les deux policiers interrogent les proches, les voisins et les employeurs du couple. Ils apprennent que Tania avait perdu son emploi depuis plusieurs mois, sur des soupçons injustifiés. La jeune femme n'en avait pas parlé à son mari. Sans doute craignait-elle la réaction de Jérémy. Les témoignages des ex-collègues féminines de Tania sont contrastés, mi-positifs, mi-négatifs. Dans l'ensemble, le portrait de la victime apparaît plutôt lisse. Un peu trop, probablement. Perrot sait qu'il ne faut pas se baser uniquement sur ce qu'en disent les témoins, fielleux ou amicaux.

Damien est divorcé de son ex-femme Karen. Ils ont eu une fille ensemble, Capucine. Il vit désormais avec Annabelle, formant un couple harmonieux. Sauf qu'Annabelle n'arrive pas à être enceinte. Des analyses médicales faites sans en avertir Damien indiquent que c'est lui qui est infertile. Ce qui pose question quant à la paternité, dans le cas de Capucine. Femme directive, Karen paraît dénuée de sensibilité, assez égoïste même si elle adore sa fille. Malgré la stérilité de Damien, quelques mois plus tard, Annabelle est enceinte. Ce qui provoque un certain agacement chez Karen. C'est impossible, elle est bien placée pour le savoir. Peut-être Karen risque-t-elle de représenter une manque pour Annabelle.

Bruno et Stéphane sont eux aussi en couple. Le désir d'avoir un enfant les perturbent de plus en plus. “Ils ne sont pas moins valables que d'autres. Ils sont même sans doute par bien des aspects des gens meilleurs que beaucoup. Et Bruno sent qu'ils feront des pères formidables...” Mais légalement, bien que leurs métiers soient une garantie de stabilité, c'est encore difficile. Voire interdit, s'ils avaient le projet de faire appel à une inconnue. À cause de leurs activités très prenantes, ils apprennent tardivement la mort de Tania. De leur côté, le binôme de policiers progresse lentement, collectant quelques pistes. Ce qui n'empêchera pas un autre meurtre, commis par le même assassin…

Anne-Solen Kerbrat : Là où tout a commencé (Éd.du Palémon, 2016)

Il est bon de différencier la forme et le fond, dans ce roman. L'auteure nous présente une enquête policière balisée, dans les règles de l'art. Elle ne se prive pas d'ajouter quelques détails privés sur ses deux flics, ce qui leur donne une vraie consistance, une crédibilité. C'est aussi l'occasion de provoquer des moments souriants, aux dépens de leur supérieur, ou sur la voracité d'un des policiers. Indices et hypothèses sont suggérés sans lourdeur, au fil de leurs investigations.

C'est évidemment le contexte, on ne peut plus actuel, qui rend très intéressant ce roman. Depuis toujours, c'est naturel, la plupart des couples souhaitent avoir un ou des enfants. Mais la société a évolué, de nouvelles possibilités existent. Une seconde union après un divorce, ou des couples homosexuels : on n'est plus dans la situation familiale traditionnelle. Tout ça n'induit aucune perversité, mais peut compliquer la vie des conjoints. Voilà ce qui pimente l'intrigue concoctée par l'auteure, dans ce bon suspense.

Anne-Solen Kerbrat : Là où tout a commencé (Éd.du Palémon, 2016)

Les huit romans policiers d'Anne-Solen Kerbrat sont disponibles aux Éditions du Palémon : Dernier tour de manège à Cergy, Mi Amor à Rochefort, Jour maudit à l'Île-Tudy, Bordeaux voit rouge, Saint-Quay s'inquiète, Cure fatale à Nantes (rééditions), Par-delà les grilles, Là où tout a commencé (inédits). Coup d'œil sur les deux premiers titres de cette série, qui met en scène les enquêteurs Perrot et Lefèvre.

"Dernier tour de manège à Cergy" – Prix du Goéland Masqué Penmarc'h 2006

Jean-Louis Perrot enquête, suite à la découverte du cadavre d’une jeune fille dénudée sur le manège de la base de loisirs de Cergy-Neuville. Juliette, seize ans, était la fille de Paul Bordenave et Céline Goodwill, divorcés. Le père, absent la veille, et sa compagne sont bouleversés. La mère ne masque pas sa propre fragilité. Juliette devait passer la nuit chez son amie de lycée, Adèle. Celle-ci ne peut expliquer ce qui s’est produit. Perrot s'interroge sur deux proches de Juliette : sa tante Marianne, antiquaire, et son oncle Louis, peintre. Leur sensibilité s’accorde mal avec le clan des Aciéries Bordenave, aujourd’hui dirigées par leur frère Paul. L’ancien petit ami de Juliette n’est pas concerné. Elle était enceinte de son nouvel amant, non identifié. Le policier est sensible au charme de Céline, laquelle reste marquée par le décès brutal de son père adoré. Un témoin fournit une piste sérieuse : il a vu le père d'Adèle et sa maîtresse sur la base de loisirs cette nuit-là. Celui-ci a déjà eu des ennuis avec la justice...

"Mi Amor à Rochefort"

Perrot et Lefèvre enquêtent à Rochefort, en Charente-Maritime. On y découvre successivement trois cadavres dénudés et mutilés. La première victime, Nathalie Bonneau, était une assistante sociale ayant de sérieux problèmes de couple. Néanmoins, son mari semble effondré. Le second mort est Eric Soubise, directeur d’un service social. Sa séduisante veuve, ne paraît guère le regretter. Le troisième se nommait Jacquard, prof de Langues Orientales. Il paraissait apprécier les belles asiatiques, parfois mineures. En ce froid mois de février, les deux policiers interrogent témoins et proches des victimes. Des analyses ADN sont demandées. Le nommé Bobo se promène souvent non loin des lieux de ces crimes, piste incertaine. Sur chaque cadavre, on trouva une sorte de signature : N.A.T. Dans les archives des victimes, des lettres anonymes, dont on ne tarde pas à connaître l’auteur. Ce Stéphane Plie fut condamné à dix ans de prison. L’avis des deux intervenants sociaux pesa contre lui. Il affirme toujours que ce fut un accident. Les deux policiers harcèlent Stéphane Plie, qui nie ces trois meurtres...

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11 juin 2016 6 11 /06 /juin /2016 04:55

Londonienne pur jus, Agatha Raisin n'avait que de cinquante-trois ans, quand elle vendit son entreprise de communication et s'installa à la campagne, dans les Cotswolds. Elle a eu un peu de mal à s'intégrer dans ce village de Carsely, où elle avait acheté un cottage. Mais en résolvant une affaire criminelle plus vite que son seul ami, le jeune agent de police Bill Wong, elle a gagné la sympathie. Fréquenter l'épouse du pasteur et les dames de son association caritative, c'est bien. Mais Agatha Raisin cherche surtout à séduire son voisin quinquagénaire, le colonel en retraite James Lacey. Sans être indifférent, celui-ci pourrait lui préférer Freda Huntingdon, nouvelle venue à Carsely, bien plus jeune qu'Agatha.

Agatha pense se relancer professionnellement à Londres, en s'associant avec son ancien collègue Jack Pomfret. Son épouse et lui ont vécu entre-temps en Espagne, mais le bar qu'ils y avait créé s'avéra une expérience décevante. Agatha s'aperçoit que Jack Pomfret n'est pas des plus fiables, et s'en retourne au village. Elle possède maintenant deux chats, Hodge et Boswell. Un bon prétexte pour tenter de charmer le beau vétérinaire exerçant ici depuis peu, Paul Bladen. Il serait divorcé, encore qu'Agatha n'en soit pas trop sûre. Après un premier rendez-vous raté, Bladen l'invite à dîner dans un restaurant grec médiocre. Il a sans doute besoin de financement pour mener à bien son projet de clinique vétérinaire.

Alors qu'il soigne un cheval dans les écuries de Lord Pendlebury, Paul Bladen est victime d'une seringue destinée à l'animal. Selon les premières constatations du policier Bill Wong, malgré une bosse sur le crâne du vétérinaire, il doit s'agir d'un accident. Agatha convainc son voisin James Lacey, qui s'ennuie quelque peu, d'interroger ensemble Lord Pendlebury. Celui-ci est un vieux gâteux pas aimable, estime Agatha. Néanmoins, les faits confirment la thèse accidentelle. Assistant aux obsèques du vétérinaire, Agatha note la présence de beaucoup de femmes du village. Pour elle, nul doute qu'il ait été un "coureur de jupons". Avec James Lacey, elle poursuit son enquête à Mircester, la petite ville des environs.

Agatha commence par saccager les toilettes d'un pub, avant de rencontrer des témoins. Ni l'associé du vétérinaire, ni l'ex-épouse de Paul Bladen, n'apparaissent troublés par le décès de celui-ci. Ça ne semble pas être une question d'héritage, le défunt n'ayant guère d'argent. James Lacey n'est pas loin d'admettre que leur enquête parallèle est inutile. Toutefois, le décès de la bibliothécaire Mrs Josephs va relancer les soupçons. Certes, elle était diabétique, mais Bill Wong remarque des indices suspects. Le corps a été traîné dans la maison, et bientôt l'autopsie va révéler une sorte d'empoisonnement. Le témoignage de Cheryl Mabbs, ex-employée de Paul Bladen, indique qu'il fricotait avec Freda Huntingdon, et qu'il courtisait d'autres clientes…

M.C.Beaton : Agatha Raisin – Remède de cheval (Albin Michel, 2016)

Après “La quiche fatale”, voici la deuxième aventure de Mrs Agatha Raisin, une série de romans à succès en Grande-Bretagne. On est ici dans la meilleure tradition des comédies policières à l'Anglaise, héritée d'Agatha Christie. Qui offre son prénom à la dynamique héroïne quinquagénaire s'improvisant détective amateur. Afin d'éviter de se morfondre dans son village, charmant car typiquement british mais plutôt endormi, elle imagine des mystères et des crimes. Ceux-ci ont effectivement eu lieu, quoi qu'en pense d'abord Bill Wong. Agatha va d'ailleurs faire la connaissance des parents du jeune constable, qui sont d'un abord assez peu engageant.

Émule de Miss Marple dans une version rajeunie, Agatha ne craint pas d'aller déranger des personnes qui, souvent, n'ont que faire d'investigations supposées farfelues. Pourtant, elle n'a pas tort de persévérer, de vouloir percer le mystère, de traquer la vérité. Tout cela nous est raconté avec beaucoup de drôlerie, bien sûr. Sa maladresse dans ses relations avec les hommes qu'elle vise y contribue largement. Un bouton sur le nez peut également engendrer des conséquences catastrophiques, et carrément humoristiques. Succession de péripéties agitées, narration très vivante et fluide, on passe un excellent moment en lisant les enquêtes de Mrs Agatha Raisin.

Bonne nouvelle ! Les tomes 3 et 4 des aventures d'Agatha Raisin

seront disponible en français dès novembre 2016.

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