Luc Mandoline exerce le métier de thanatopracteur, spécialité funéraire. Cet homme dans la force de l’âge est un ancien de la Légion Étrangère. Ex-baroudeur, il ne partage pas les dérives fascisantes de certains vétérans de ce corps d’armée. Nomade par goût et pour son métier, Luc Mandoline s’est fixé depuis quelques temps à Toulouse. Laura, séduisante archéologue de vingt-neuf ans, est désormais sa petite amie. Cet été-là, elle est occupée sur un chantier de fouilles près du village de Pescart, en Ariège. Bien que Laura soit peu disponible, Luc Mandoline s’installe au camping local afin de poursuivre leur relation. Il ne tarde pas à sympathiser avec d’autres touristes. Dont Mylène Plantier, adjudant de gendarmerie nordiste en vacances avec sa compagne.
Lors d’une visite en groupe de la belle ville de Mirepoix, un des touristes disparaît. Il s’agit de Jurgen Haas, un Allemand septuagénaire, ayant autrefois appartenu à la Légion. Si Luc ne renonce pas à une journée de détente avec Laura, le jour d’après Mylène et lui font part de leur inquiétude concernant Jurgen Haas auprès des collègues de l’adjudant. Outre une autre disparition, celle d’un nommé John Valmont, un nom apparaît : Gilbert Choucas est un ancien notaire, aujourd’hui octogénaire, habitant Foix. Quand Mylène tente de lui poser des questions, celui-ci affirme ne rien savoir sur Haas et Valmont. Nul doute qu’il faille se méfier de ce Choucas, qui a de solides relations politiques. En l’occurrence, le député Pergola, figure du conservatisme réac dans ce secteur.
Luc a obtenu quelques infos grâce à son ami Sullivan Mermet. Mais c’est en s’adressant à un journaliste de Toulouse que Mylène et lui apprennent des détails sur les politiciens démago-populistes de la région. Il n’exclut pas que ces disparitions aient un rapport avec une sordide affaire remontant à 1971, en Ariège. On désigna un coupable idéal, pourtant innocent, qui appartenait à la communauté des Cagots, des familles ostracisées depuis la nuit des temps. Impliquant des gens des environs, le drame qui s’ensuivit reste depuis cette époque non éclairci. Peut-être un livre écrit par Jacques Auriol, le père de Laura, fut-il l’élément déclencheur dans ce dossier criminel.
Luc et Mylène rencontrent un certain Carlos Montero. Il ne semble pas avoir la conscience tranquille, bien que niant aussi connaître les disparus. Quand un rendez-vous tardif est donné au duo d’enquêteurs improvisés, ils ne se méfient pas encore assez du piège qui leur est tendu. Mylène préfère arrêter, et interrompt ses vacances. Bien qu’il secoue un peu Carlos Montero, Luc n’obtient pas de réponse satisfaisante. À cause de contrariétés professionnelles, Laura a dû fermer le chantier de fouilles à Pescart. Le couple s’autorise un intermède de quelques semaines. Néanmoins, à la fin de l’été, Raymond Pergola prend contact avec Luc. Même si d’autres amis du député ont disparu, Luc doit-il persévérer ?…
Mais de toutes manières, Cro-Magnon et Neandertal étaient cousins avec un ancêtre commun apparu en Afrique, parce que le berceau de l’humanité, c’est l’Afrique. Bref, nous sommes tous des immigrés africains […] Les archéologues et autres scientifiques de tout poil se creusaient la cervelle depuis un bon moment pour tenter d’expliquer cette disparition [des Néandertaliens]. Quelques hypothèses avaient été émises, mais globalement, cette extinction demeurait un mystère. Laura quant à elle tenait Cro-Magnon pour responsable…
Ce roman appartient à une série autour d’un même personnage central. Maxime Gillio, Hervé Sard, Stéphane Pajot et quelques autres sont les auteurs des précédentes tribulations de Luc Mandoline, dit l’Embaumeur. Pour ce nouvel "épisode", c’est au tour de Jean-Christophe Macquet d’entraîner ce héros à la profession insolite dans des aventures énigmatiques et trépidantes. Cet "homme d'action" qu’est Luc Mandoline est-il confronté aux "hommes des cavernes", de retour du fond des âges ? Faut-il entériner les théories de scientifiques émérites qui pensent qu’ils étaient cannibales ? Dévoiler la vérité sur un fait divers remontant à près de quarante-cinq ans, est-ce vraiment souhaitable ?
Les intrigues policières n’ont pas besoin d’être complexifiées à outrance, par une structure du récit destinée à l’obscurcir, parfois artificiellement. C’est avec une parfaite fluidité, sans rien masquer et sans temps mort, que Jean-Christophe Macquet développe cette histoire, dans la meilleure des traditions. L’authenticité de Luc Mandoline se traduit par des scènes de sa vie personnelle. Telle cette soirée "romaine" sur le chantier archéologique ou à travers sa liaison avec Laura.
Quant aux investigations parallèles du héros, elles suivent leur cours, livrant çà et là des indices, des noms, des faits, au gré des péripéties. C’est ainsi que l’on conçoit un excellent roman d’enquête, comme celui-ci.
Lire aussi mes chroniques sur deux autres titres de la série L'Embaumeur.