Lise Lartéguy est une policière de la BRB, en poste au Bastion, le nouveau QG de la police, dans le quartier des Batignolles. Cette motarde brune âgée de vingt-huit ans habite près du canal Saint-Martin. Sportive et efficace dans son métier, Lise s’inscrit dans une lignée familiale de militaires, de gendarmes, de flics. Son défunt père Paul fut un des grands noms de la hiérarchie policière. Boisfeuras, actuel patron du Bastion, n’est autre que le parrain de Lise. Camille Lartéguy, son frère, est capitaine de gendarmerie, promis à un bel avenir. Il subsiste pour elle un problème conflictuel avec sa mère Maria, d’origine espagnole, qui est hospitalisée pour de longs soins. Souvenirs sans doute de l’enfance et de la jeunesse chaotique de sa fille. Car Lise est sujette à de sévères crises psychologiques.
Aujourd’hui, elle parvient tant soit peu à contrôler ses pulsions violentes. Les conseils de son père pour affermir son caractère face au Mal qui l’habite lui ont servi. Du moins, la plupart du temps, elle sait freiner sa rage. Néanmoins, quand il s’agit de pourchasser des truands ou de traquer (à titre personnel) des malfaisants ayant échappé à la Justice, Lise laisse s’exprimer ses accès de violence. Se calmer en se défoulant contre des pourris, un bon remède, et pour le reste, Lise se maîtrise. Cette nuit-là, elle rejoint son frère Camille sur une opération-radar de la gendarmerie. De puissants véhicules sont bientôt repérés, pour ce qui ressemble à un go-fast. Lorsque ces voitures sont interceptées, ça tourne très vite à une scène guerrière. Camille est gravement blessé ; les malfaiteurs s’enfuient.
Lise est sûre d’avoir aperçue une jeune fille otage dans un des véhicules. Son enquête s’oriente sur des cas de personnes disparues que l’on a retrouvées vidées de leur sang. Le policier Laugier, d’un autre service, collabore avec elle autour de cette piste. Au Bastion, tous sont mobilisés, certains s’intéressant à un camion d’armes de guerre qui fut volé en Ukraine. Avec ses collègues, Lise explore les cités de banlieue où fleurissent de nombreux trafics. Mettant la pression sur un jeune Black, elle obtient un nom : Lino Franchi, membre d’une bande de braqueurs corses. C’est quand elle déniche une propriété appartenant à la S.A.Numilex, que son enquête progresse à grands pas. Cette société masque les activités de Cyril Affanasiev, un milliardaire russe mafieux au passé extrêmement chargé.
Il s’agit d’un suspect quasiment intouchable. Mais Lise estime qu’existe un lien entre lui et des truands corses. Sous le pseudonyme de "la Foudre", elle approche cette bande. Lise n’a pas de difficulté à démontrer qu’elle peut intégrer le gang des frères Paoli. En inspirant confiance au baroudeur qui dirige les braquages pour eux, la violence contenue de Lise peut se libérer. Sans qu’elle oublie quelle est sa cible, le Russe. Mais l’initiative peut être dangereuse pour l’entourage de la policière, autant que pour elle-même…
Elle le saisit par le col pour le plaquer contre le mur. Il lui suffirait de le tirer d’un coup vers elle et de le repousser de toutes ses forces pour que son crâne explose. Alors elle lui serrait le cou, elle serrait pour se retenir. Marcus commença à devenir rouge, il était en train d’étouffer. Lise vida ses poumons et le relâcha. Il tomba le long du muret, elle lui balança des coups de botte dans les côtes.
— Dégage ! Dégage, je te dis !
Le garçon rampa pour se redresser et, sans jeter un coup d’œil en arrière, pris ses jambes à son cou. Lise resta un moment à recouvrer son souffle. Son pied balaya le sol pour envoyer les sachets de dope dans la grille d’égout, alors que ses yeux fixaient sa main qui tremblait. Il y avait toujours la seringue et le paquet de coke. Elle les glissa dans la poche de son pantalon et quitta la venelle.
Dès le début, Jacques-Olivier Bosco affiche la couleur : vous adorez les romans d’action, vous allez en avoir ! Vous appréciez les histoires rythmées par des courses-poursuites, de la bagarre et des échanges de tirs nourris ; c’est ce qu’il vous offre. Vous voulez pénétrer dans l’univers du banditisme, avec ses personnages hauts en couleur typés traditionnels et d’autres plus féroces et cruels encore ; il va vous en présenter une sacrée brochette. Avec pour illustration musicale, quelques références très rock, puisque l’ambiance s’y prête. Il ne reste plus qu’à suivre le tempo vif des péripéties qui s’enchaînent sans temps mort. La narration est plus que "visuelle", on pourrait dire : cinématographique. Les pétarades, vous les entendez claquer tandis que vous observer les scènes détaillées.
Toutefois, JOB n’ignore pas qu’un scénario vraiment solide ne repose pas uniquement sur de tels moments, aussi excitants soient-ils. Au centre, il est nécessaire d’avoir un héros digne de ce nom. En l’occurrence, c’est une héroïne qui mène la danse. Pas la première flic perturbée de la littérature polar, c’est certain. Pourtant, celle-là est gratinée, car c’est une sorte de malédiction qui explique sa psychologie particulière, sa brutalité. “La police, pourquoi pas. Mais vous l’avez placée dans un service où des officiers armés fréquentent les criminels les plus violents de France ! C’est comme filer un bidon d’essence et un briquet à un pyromane qui se trouverait dans une grange remplie d’explosifs. — Justement, ces défauts sont aussi des qualités, elle n’a pas peur d’aller au charbon...” Le manque d’équilibre comportemental peut s’avérer un atout favorable dans le cas de Lise.
Une fonceuse, à tous points de vue. Audacieuse, elle ne manque ni de témérité, ni de capacité de réflexion. Son portrait est plus nuancé, au final, car sa sphère privée reste son point faible. C’est toute cette complexité personnelle qui la rend attachante à nos yeux. À chacun de ses romans, Jacques-Olivier Bosco développe des aventures effrénées, afin d’aller toujours plus loin et plus fort dans le suspense et l’action. Avec “Brutale”, une fois de plus, il confirme son talent d’auteur de polars trépidants.
Jacques-Olivier Bosco : Loupo (Éd.Pocket, 2016) - Le blog de Claude LE NOCHER
http://www.action-suspense.com/2016/05/jacques-olivier-bosco-loupo-ed-pocket-2016.html
Cliquez pour lire mes chroniques sur de précédents romans de Jacques-Olivier Bosco.