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10 mai 2010 1 10 /05 /mai /2010 06:09

 

C’est à Nantes et dans sa région qu’Hervé Sard situe son nouveau roman, intituléMorsaline(Krakoen, 2010). Mais, plutôt que la géographie, ce sont les personnages animant cette histoire (souvent souriante) qui sont dignes d’intérêt.

Le commissaire Czerny et sa fine équipe de la police nantaise sont chargés d’un double meurtre. Surnommée “Morsaline”, la clinique La Bruyère est une maison de repos située à Kerande. Deux patients y ont été assassinés par balle. Le premier, Duclois, a été retrouvé mort sur un banc du parc. C’était le fils dévoyé d’un important homme d’affaires de la région. Arrogant et plutôt détestable, Duclois-fils allait être exclu de la clinique pour avoir eu des relations sexuelles avec une autre patiente, Évelyne Evans. Celle-ci a quitté l’établissement. L’autre victime était un type assez ordinaire. S’il avait eu des ennuis avec la justice, ce Berthomieu apparaissait surtout comme un affabulateur sympathique. Tels sont les premiers éléments recueillis par Czerny et son adjoint Mazurelli, auprès des soignants de la clinique. Faute de meilleur suspect, Chauvin, voisin de chambre de Berthomieu, est considéré comme le coupable.

Ce qui chiffonne le policier Mazurelli, c’est la différence de classes sociales entre les deux victimes. Czerny admet qu’on ne tue pas deux individus si éloignés sans qu’il existe un lien entre eux. SARD-2010De son côté, leur collègue Carol Joly enquête sur le meurtre d’un maître chanteur nantais, se faisant appeler de Broglie. Elle espère que la clé USB de la victime lui livrera des noms. Les fichiers sont codés, et d’autres risquent d’être effacés par une mauvaise manipulation. Carol acquiert vite la conviction que le tueur s’est servi d’une arme professionnelle. Czerny rencontre le mari et la fillette d’Évelyne Evans, qui n’est récemment passée qu’en coup de vent chez eux. Son comportement la rend fort suspecte, sauf que la jeune femme n’avait aucun motif d’abattre Berthomieu. Tandis que Czerny subit la pression de sa hiérarchie afin d’épargner le puissant Duclois-père, il charge Mazurelli de retrouver la piste d’Évelyne Evans.

Il s’avère que le maître chanteur a été tué avec la même arme que les deux victimes de la clinique. Certes, selon l’autopsie, les horaires concordent de façon très approximative. Czerny demande à Carol Joly d’infiltrer la clinique, en se faisant passer pour une patiente. Grâce à sa voisine de chambre Sévérine, Carol est bien adoptée. Elle observe et écoute, ressentant quand même le climat oppressant des lieux. Par un ex-amant d’Évelyne, le policier Mazurelli obtient une adresse, et tente de prendre la jeune femme en filature. Pas si simple, au point que Mazurelli disparaît brusquement, ce qui inquiète Czerny. Une visite à la propriété de Duclois-père n’apporte guère d’éclaircissements au commissaire. Dans l’ombre, plusieurs personnes suivent de près l’évolution des affaires en question. Même si la police croit avoir identifié le tueur, rien n’est certain…

On retrouve ici le singulier commissaire Czerny, qui enquêta dans “La mélodie des cendres” (Krakoen, 2008). Personnage décalé, raisonnant selon sa propre logique à base de cubes, vivant en couple avec un mainate alcoolique, ce drôle d’enquêteur est entouré de collaborateurs non moins originaux. Leurs méthodes sont sans doute un peu bavardes, et leurs suppositions souvent hasardeuses. Ils progressent comme dans le labyrinthe, se heurtant à plus de questions que de réponses. Néanmoins, ils finiront pas démêler l’imbroglio, quitte à ne pas trop insister sur les preuves à fournir. C’est à travers les personnages (quantité d’intervenants dans cette histoire) et l’ambiance (entre autres, le contexte de la clinique “Morsaline”) que l’auteur fait évoluer l’affaire, plutôt qu’en décrivant une enquête classique. Il suffit de se laisser entraîner pour apprécier ce foisonnant roman. La narration enjouée apporte une tonalité très agréable.

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9 mai 2010 7 09 /05 /mai /2010 06:39

Deux rendez-vous polars à noter.

A Paris, le 20 mai 2010 à partir de 18h30, "Terminus Polar" reçoit Stéphanie Delestré et Hagar Desanti, pour "Le dictionnaire des personnages populaires". Plusieurs contributeurs de l'ouvrage seront aussi présents.

TerminusPolar-dico

LesOgres juin2010

 

 

 

A Lyon, La librairie "Au bonheur des ogres" reçoit Ayerdhal le 11 juin à partir de 17h. Le lendemain, 12 juin, ce seront Luciano Marrocu (avec son traducteur) et Guillaume Lebeau qui seront présents dès 17h.

 

 

Ces séances de dédicaces sont toujours une bonne occasion de rencontrer les auteurs.

 

 

[Cliquez ici pour ma chronique sur le premier roman de Luciano Marrocu "Fáulas"] 

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8 mai 2010 6 08 /05 /mai /2010 06:18

 

La Deuxième Guerre Mondiale est un thème inépuisable, sur lequel il s’est publié des milliers d’ouvrages documentaires. Beaucoup abordent tel point historique précis, évoquent tel personnage marquant. D’autres choisissent de vulgariser plusieurs aspects de cette période auprès d’un large public. C’est le cas du livre de Philippe Valode et Robert Arnaut :Les dossiers secrets de la Seconde Guerre mondiale, actuellement dans la collection First Histoire. À travers quatorze chapitres, les auteurs retracent des faits parfois mal connus de tous.

Sans doute savons-nous que la Ligne Maginot fut d’une totale inutilité, puisque les troupes allemandes la contournèrent en quelques jours. Néanmoins, il est bon de rappeler qu’elle fut l’objet de lourds combats, attaquée par l’envahisseur afin de ne pas être pris à revers. “L’implacable haine de Hitler pour les Rommel” constitue un fait historique assez connu, également. La trouble relation entre le maréchal Rommel et Adolf Hitler est ici détaillée. De même, dans “Le passé douteux du père du programme spatial américain”, les auteurs reviennent sur le parcours de Wernher von Braun, initiateur des bombes volantes V2.

VALODE-ARNAUTCertains personnages, sans doute méconnus aujourd’hui, s’avèrent intéressants. À l’image du communiste Georges Guigouin qui, dès septembre 1940, créa un maquis de "francs-tireurs" dans le Limousin. Il devance ainsi la doctrinaire direction du Parti, à laquelle il va souvent s’opposer durant la guerre. Autoritaire, celui qu’on surnomme le "Préfet du maquis" entend conserver son autonomie. Il imagine et participe à toutes les actions pouvant nuire à l’occupant. Mais quand le Parti lui demande de libérer la ville de Limoges, Guigouin estime à juste titre que c’est prématuré. Quelques semaines plus tard, cette libération se passera sans problème majeur. Après la guerre, la direction du PC fera en sorte d’écarter Guigouin par tous les moyens, y compris par la calomnie.

Le cas de Michel Hollard est aussi exemplaire. C’est “L’homme qui a sauvé Londres des V1”. Résistant de la première heure, il réussit à entrer en contact, en Suisse, avec les autorités anglaises. Au péril de sa vie, il monte à travers la France un réseau d’espionnage particulièrement efficace. Lui-même sillonne le pays pour vérifier les informations qu’on lui transmet. C’est ainsi qu’il est intrigué par une construction, la première rampe de lancement des V1. Il réussit à envoyer son rapport et les plans aux Anglais. Les nazis devront trouver d’autres solutions pour viser Londres avec leurs mortels engins.

À l’inverse, l’amiral Platon fut le roi des mauvais choix. Détestant les Anglais, d’autant plus après la meurtrière attaque Mers el-Kébir, c’est un partisan sans états d’âme du régime pétainiste. Il est bientôt nommé Secrétaire d’état aux Colonies, mais ne convient guère à ce poste. “Aveuglé par ses passions, Platon en appelle au maréchal pour radicaliser la politique de collaboration” en 1942, alors que le gouvernement cherche à apaiser la situation. Il est finalement écarté des arcanes du pouvoir, et cultive une haine tenace contre Pierre Laval. Au temps de l’épuration, cet adepte de la manière forte ne sera pas oublié.

Intéressant chapitre aussi que celui de “Radio Humanité et la guerre des ondes”. En effet, les messages défaitistes à connotation communiste de cette Radio Humanité étaient en réalité une manœuvre propagandiste de Goebbels. Elle était diffusée depuis Stuttgart, en Allemagne. L’expérience, pas si porteuse, fut finalement interrompue. Mais les auteurs soulignent l’importance de la radio dans ce contexte, et la guerre des messages entre les virulents collabos de Radio Paris et l’équipe gaulliste de Radio Londres… Un autre chapitre revient sur les traîtrises ayant visé l’État-major de la Résistance en France, à travers Jean Moulin et le général Delestraint. Ardent partisan des chars blindés, ce dernier se sent proches du général de Gaulle depuis longtemps. Il devient bientôt l’adjoint de Jean Moulin au sein de l’Armée Secrète. Il est évidemment difficile d’accuser, de prouver avec certitude qui a dénoncé ces responsables de la Résistance. Peut-être même la négligence d’un des proches de Delestraint a-t-elle eu de funestes conséquences.

La légende du Trésor des Républicains espagnols, caché en France à la fin de la guerre civile d’Espagne, est aussi analysée. On doute fort qu’un tel trésor ait jamais existé, la débâcle finale des combattants républicains ne leur ayant sûrement pas permis d’emporter ou de détourner des lingots d’or ou toute autre valeur. Toutefois, des chercheurs de trésor continuent à croire en ce mythe. Les autres chapitres sont consacrés à : La première bataille de l’eau lourde, La fin cruelle de Carl Heinrich von Stülpnagel, Malraux et les milliards de la Résistance, Meurtres au maquis du Puy, Le dernier train fantôme pour Dachau. Ces divers sujet permettent donc d’aborder des épisodes de la guerre.

Même si on s’éloigne un peu du polar, du roman, puisqu’il s’agit de faits vécus, cet ouvrage ne manque pas d’intérêt. Les rappels historiques sont toujours salutaires.

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7 mai 2010 5 07 /05 /mai /2010 06:16

 

DOUNOVETZ-1Plusieurs auteurs ont accepté de répondre au “Portrait chinois” soumis par Action-Suspense.

Aujourd'hui : Serguei Dounovetz.

 

En mai 2010, il publie une nouvelle aventure du Poulpe : Sarko et Vanzetti (Éd.Baleine). Vient aussi de paraître, aux éditions Six pieds sous terre, une BD de Paco Roca et Serguei Dounovetz : L’ange de la Retirada. Il est aussi l’auteur de Un ange sans elle (Moisson Noire, 2008), Spirit 59 (Le Rocher, 2006), Vipères au train (La Vie du Rail, 2004), Odyssée Odessa (Fleuve Noir, 1999), La vie est une marie-salope (Fleuve Noir, 1998), Moviola (Le Dilettante, 1994).

Chez Souris Noire (Éd. Syros), il a publié plusieurs romans-jeunesse : Plongée en eau trouble, Le marabout de Barbès, et Les gothiques du Père-Lachaise. Aux éditions Mare Nostrum, il a publié Fleur de bagne (coll.Polar Rock) et Born Toulouse forever.
 

Si tu étais un assassin, quelle arme aurais-tu utilisé ?

 Des faux cils et un marteau.

DOUNOVETZ-4

Si tu étais le cauchemar des cauchemars ?

Un chanteur de rap.

Si tu étais le rêve absolument inaccessible ?

Boire un coup dans un boxon (j'ai bien écrit boire) avec dieu le père, son fils saint d’esprit et la mère de ce dernier, celle qu’est micheton.

 

Si tu étais le pire défaut humain ?

Tomber en religion. Parce que c’est la pire des maladies, elle a tué plus que la grippe Espagnole et le sida réunis. Et ce n’est pas fini !

Si tu étais un personnage historique (lequel), serais-tu pire ou meilleur ?

Pépin le bref. Je serais pire, plus bref encore.

Si tu étais l'amant d’une star, vivante ou disparue, ce serait qui ?

Brigitte Bardot dans “Le mépris”.

Si tu étais un animal 1/ sauvage, 2/ domestique ?

1/ Un mustang 2/ Un mustang incrusté dans la calandre d’un coupé Ford Mustang décapotable.

DOUNOVETZ-3

 

 

Si tu étais une ville 1/ de France, 2/ d’Europe ?

1/ La commune de la Butte aux cailles pour repousser encore et encore les versaillais.

2/ Ménilmontant, parce que je suis un gars qui est né là.

Si tu étais un jour de la semaine ou une heure de la journée ?

La semaine des 4 jeudis. Pour rien foutre 4 jours et branler les 3 jours qui restent.

Si tu étais un métier (autre qu’auteur), lequel et pourquoi ?

Rentier pour écrire que des conneries.

Si tu étais une catégorie musicale ?

Le Rock, parce qu’il adoucit les meurtres.

Si tu étais un sport ?

La boxe Française pour remonter les noix, à défaut des bretelles, de mes contradicteurs.

 

Cliquez ici sur le site de Serguei Dounovetz

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6 mai 2010 4 06 /05 /mai /2010 06:09

 

Coup d’œil sur l’actualité polar aux Éditions du Seuil. Plus précisément, il s'agit de suspenses "internationaux" : un agent américain seul face au terrorisme islamique, et un flic non corrompu qui enquête en Corée du Nord.

Alex Berenson a obtenu en 2006 l’Edgar du premier roman, pour “L’espion fidèle”. Son héros est l’espion américain John Wells. BERENSON-2Ayant réussi à infiltrer Al Qaida, il est depuis si longtemps clandestin dans cette organisation que la CIA ne lui fait plus vraiment confiance et se demande même s’il est encore vivant. C’est alors que sur ordre d’Al Zawahiri, le second de Ben Laden qui coordonne toutes les attaques contre les États-Unis, John Wells doit revenir en Amérique. Averti de son retour, la CIA n’est pas prête à lui laisser carte blanche. Seule Jennifer Exley, son officier traitant, est sûre qu’il n’est pas passé à l’ennemi. Alors qu’Al Qaida prépare son plus gros attentat contre les USA, Wells, qui est devenu musulman et a des doutes sur la politique étrangère américaine, se retrouve seul contre tous. Un livre fort bien construit, très documenté, ne tombant jamais dans la simplification, qui désigne sans complaisance l’ennemi terroriste.

La suite des aventures de John Wells vient de paraître dans la collection Seuil Thrillers : “La guerre fantôme”. De retour à Washington après avoir sauvé New York d’un horrible attentat commandité par les Taliban, l’espion John Wells a du mal à retrouver la vie civile. C’est ainsi que lorsque la CIA a les preuves d’un regain d’activité Taliban en Afghanistan, il n’hésite pas à repartir. La mission de récupération d’un transfuge nord coréen se transforme en fiasco pour les USA. CHURCH-2010Pendant ce temps, en Chine, de bien étranges manœuvres militaires et tentatives de confrontations navales avec les États-Unis ont de quoi inquiéter. Sans même parler de luttes de pouvoir au plus haut niveau de l’appareil communiste chinois. Quant aux Iraniens, qui aimeraient bien avoir la bombe atomique, ils se rapprochent dangereusement de la Chine.

Contexte asiatique également pour une autre nouveauté, dans la collection Seuil Policiers. “Quand la lune disparaît”, le suspense de James Church, a pour décor Pyongyang, la capitale nord-coréenne. De retour d’une mission périlleuse à l’étranger, l’inspecteur O de la police de Pyongyang, trouve son nouveau patron à la porte de son bureau. Fait extraordinaire, un hold-up de banque vient de se produire et le patron veut des résultats rapides. Pourtant, y a-t-il vraiment urgence ? Il semblerait bien que quelque part dans les hautes sphères du pouvoir quelqu’un ne tienne pas tellement à ce que l’inspecteur O arrive à ses fins. Et on le lui fait savoir d’une manière qui, elle, ne prête pas à confusion.

Cela dit, il faut quand même y aller etPLAQUE1 l’inspecteur O se trouve vite en présence de personnages étranges : un marchand de bas de soie, un policier écossais, un berger aveugle, tous individus qui l’entraînent dans une conspiration de plus en plus dangereuse. Car dans ce pays communiste où tout le monde surveille tout le monde, faire un faux pas coûte souvent la vie.

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5 mai 2010 3 05 /05 /mai /2010 06:12

 

IntituléPlus fort que le doute(Éd.Fleuve Noir), le nouveau Nicci French est publié en ce début mai 2010. Si d’autres romans de ce duo d’auteurs sont racontés sur un tempo rythmé, ce suspense plus lent privilégie la psychologie.

Ellie, 34 ans, vit à Londres avec son mari Greg, comptable associé à leur ami Joe. Deux femmes agents de police lui annoncent une dramatique nouvelle : Greg est mort dans un accident de voiture, ainsi que sa passagère. Gwen, Mary, Fergus, Joe, les proches du couple entourent Ellie dans cette épreuve. Grâce au témoignage du policier arrivé sur les lieux et de la médecin légiste, le tribunal établit bientôt les circonstances de l’accident. Rater le virage de Porton Way n’a rien d’anormal. Par contre, Ellie s’interroge sur la passagère, Milena Livingstone. La version admise par tous, c’est qu’elle était la maîtresse de Greg. FRENCH-2010Ellie refuse d’y croire. Elle trie les affaires de son mari, chez eux et à son bureau, mais n’y trouve aucun signe d’une liaison amoureuse avec cette Milena. Au domicile des Livingstone, le beau-fils de cette femme ne peut guère l’aider.

Ellie compte bien poursuivre son enquête après les obsèques de son mari : “…j’ai su que ce jour-là je n’avais pas pleuré Greg et, par-dessus tout, que nos adieux n’étaient pas terminés.” Quel que soit l’opinion de leurs amis et de la police qui, l’affaire étant close, lui demande “d’accepter les faits”, le jeune femme est sûre d’elle. Quand elle reconstitue l’intégralité de l’emploi du temps de Greg, Ellie n’y trouve pas de temps pour une liaison extraconjugale. Elle doit en apprendre davantage sur la passagère. Elle se rend au siège de Party Animals, la société organisatrice d’évènementiels de Milena Livingstone. Frances, l’associée de Milena, s’avoue totalement débordée. Se présentant sous le nom de son amie Gwen, Ellie lui propose de l’aide bénévole. Il est vrai que Milena était bordélique, que la comptabilité de la société est loin d’être à jour.

Ellie cherche le moindre détail indiquant un lien éventuel entre Greg et Milena. Là encore, il lui est bien difficile de trouver des indices de “non-tromperie”. Ellie devient bientôt intime avec Johnny, le traiteur-restaurateur qui collabore avec la société Party Animals. Elle rencontre aussi David, le mari de Frances, qui traite des affaires assez nébuleuses. Il s’avère que l’extravertie Milena a eu beaucoup d’amants, avec de cinglantes ruptures. Ellie finit par découvrir le code de l’ordinateur de Milena, le nom d’une actrice française. Parmi ses correspondants, l’un apparaît énigmatique. Elle pense l’avoir rapidement identifié. Il est bientôt préférable qu’Ellie s’éloigne de la société de Frances. Un suivi psychologique ne lui apporte guère d’aide. Quand la jeune femme tombe sur un cadavre, elle avoue son enquête à ses proches, avant de se présenter à la police. L’inspecteur Ramsay se montre autant irrité que soupçonneux…

Ellie ne pourra “accepter le deuil” que si elle détermine la réalité des faits, que si elle prouve que son mari n’était pas l’amant de sa passagère. La vérité, seul moyen d’effacer le doute. Combative et rusée, l’héroïne progresse sans découvertes décisives, mais au fil de petits indices. Son entourage se veut protecteur, ce qui n’est pas ce dont elle a besoin. Illustrant la classe moyenne londonienne, tous les personnages du groupe d’amis sont très crédibles. Quand Ellie usurpe le nom de Gwen pour s’immiscer dans les bureaux de Party Animals, ça donne des scènes plutôt savoureuses. On apprécie la ténacité de l’enquêtrice, dans une ambiance qui ne manque pas de densité — due au rôle incertain de plusieurs protagonistes. Une intrigue réussie.

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4 mai 2010 2 04 /05 /mai /2010 06:19

 

PLAQUE1Coup d’œil sur trois nouveautés, trois solides thrillers présentées actuellement par J’ai Lu. "Thriller" est un mot, une sorte d'étiquette, qui regroupe des suspenses fort différents, dans la manière comme dans la qualité. Certains ne manquent pas d'ironiser sur ce mot, jugé fourre-tout. Ce n'est pas tout à fait justifié. Certes, le thriller n'a pas la caractéristique du roman d'enquête, avec témoins et suspects qu'il s'agit d'interroger de façon parfois linéaire. Bien sûr, ça ne ressemble pas au roman noir, avec son approche humaniste et sociale des protagonistes et du contexte. En effet, ce sont rarement de purs suspenses, dans l'ambiance desquels on plonge en frémissant.

DESTREMAU-JaiLuNéanmoins, les bons thrillers parviennent à mélanger habilement ces trois notions. Quelquefois en y mêlant une dose d'étrangeté ou de psychologie assez bien pensée, pour corser le mystère. On admettra que pour nous désorienter, les auteurs de thrillers forcent très fréquemment sur les effets, le rebondissement spectaculaire. Parfois, on s'y laisse prendre, pas toujours. Pourtant, c'est bien la solidité des scénarios qui fait le trait commun des thrillers. Autrement dit, de bonnes histoires bien racontées. Or, n'est-ce pas ce que cherchent la plupart des lecteurs ?

 

Denise Mina et Alex Barclay font partie du cercle d'auteurs ayant depuis longtemps convaincu le public. Parmi ces nouveautés, c’est sans doute aussi l’occasion de découvrir un auteur un peu moins connu. Commençons par celui-ci.

MINA-JaiLuJean-Baptiste Destremau : "Sonate de l’assassin" (Prix Orange 2009)

« Je ne tue jamais le lundi. C’est une question d'exigence personnelle et de rythme. Il ne faut y voir ni superstition, ni vieille habitude de célibataire. J'ai toujours préféré les fins de semaine pour réaliser cette partie de mon oeuvre.» Laszlo Dumas. Pianiste de renom, mais longtemps dit sans génie. Jusqu'au jour où il se met à faire quelques fines erreurs volontaires et à occire celui qui, au premier rang de la salle de concert, les repère. Immédiatement, son jeu devient meilleur et les critiques s'accordent pour voir en lui un nouveau virtuose. C’est alors qu’il tombe amoureux de l’une de ses cibles…

Denise Mina : "La mauvaise heure"

BARCLAY-JaiLuGlasgow, 1984. Paddy rêve d'être nommée reporter criminel au Scottish Daily News. Un soir, elle entrevoit dans le vestibule d'une maison huppée le visage ensanglanté d'une femme. L’homme arrogant qui bloque la porte l’éloigne contre un billet... Le lendemain, le corps de la femme est retrouvé mutilé. Paddy est sûre de tenir son scoop. Mais comment procéder ? Si elle avoue avoir pris le billet, elle perdra son job. Si elle persiste à enquêter, c’est sa vie qui va être menacée.

Alex Barclay : "Froid comme le sang"

Jean Transom, 35 ans, vit seule avec son chat. Elle n’a pas d'amis, pas d'amant, encore moins d'ennemis, et travaille pour le FBI. Bref, elle mène une existence réglée jusqu'au jour où elle est retrouvée assassinée dans les montagnes du Colorado. Ren Bryce, agent du FBI aussi douée qu'incontrôlable, est chargée de l'enquête. Elle n'a pas le début d’une piste mais, pour que justice soit faite, elle vaincra les démons qui la hantent nuit et jour.

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3 mai 2010 1 03 /05 /mai /2010 06:09

 

Aux éditions Après La Lune, la collection Lunes Blafardes est de retour, avec un roman de Serge Vacher qui nous emmène dans la campagne limousine,Lo Cro do Diable.

Ça se passe à la fin des années 1990 entre la Creuse, la Corrèze et la Vienne, sur le Plateau de Millevache. C’est le Limousin rural, aux alentours de Bugeat. Trentenaire, Pierre Carmet est un célibataire habitué des bals à Masléon, où il n’a pas de mal à trouver des filles consentantes. Si la musique de Mario Darcel est approximative, c’est l’ambiance festive et quelques rapports sexuels rapides qui importent. Malgré son Brevet de Technicien Agricole et son expérience à l’usine Valliers (charcuterie, boyaux, salaisons), Pierre vivote de petits boulots. Il est finalement contacté par Louis Chastagnier, un agriculteur quadragénaire ayant besoin d’un bon ouvrier. VACHER-2010En effet, depuis que son vieil employé Georges Nouhaud est parti en retraite, Louis est débordé. Même plus de temps à consacrer à sa ravissante jeune épouse, Mine. Louis engage bientôt Pierre.

Six mois passent vite, au cœur de la saison agricole. Il est temps de partir pour Pierre. Mais Louis en ayant marre de se débrouiller seul, il demande à Pierre de rester. Ce qui ne déplait pas au célibataire, car il est comme tout le monde sous le charme de l’énigmatique Mine.

Lo Cro do Diable est une crevasse géologique bordant les terrains de Louis. Un jour où avec son chien Pépère, Louis passe près de ce Trou du Diable que craignent les habitants du cru, il y découvre deux cadavres. Il s’agit de son ancien ouvrier Georges, et de son amie de saoulerie, Marie la Mie. Bien sûr que ces deux-là avaient l’habitude de s’alcooliser, mais de là à s’aventurer sans doute en pleine nuit dans ce décor ! En effet, c’est Georges qui a entraîné sa copine Marie dans les parages. Il pensait y avoir aperçu des fantômes ou des lutins, à l’entrée de cette grotte hostile.

Max Léobon, journaliste à L’Écho du Limousin, et Bastien Lenoir, placide flic de Limoges s’intéressent à cette petite affaire dans la Creuse. Pour l’un, ce coin-là, c’est juste un tas de cailloux. L’autre précise : “La Creuse, mon pote, c’est aussi rempli de paysans et de loups. Que tu sais pas qui c’est les plus méchants. Il parait même que l’ours brun hiberne là-bas…” Le duo part chercher des témoins de ce double décès. Au bar de Marcelle, ils en discutent avec Louis et Pierre. Ce qu’ils ignorent, c’est que Bob le chasseur à l’arbalète rôde dans le secteur. Il surveille le passage qui permet d’accéder au Cro do Diable. S’il a l’âme d’un guerrier, Bob est surtout en mission pour Bellecourt, qui défend lui-même certains intérêts politico-économiques. Mais le stockage de déchets nucléaire en provenance d’Allemagne mobilise peu, par ignorance. Quand Louis est victime d’un accident de tracteur, Pierre pourrait être fortement suspecté…

C’est avec une vraie tendresse que l’auteur évoque le Limousin et ses décors naturels sauvages. “Louis put ainsi entendre enfin le vent bruissant les branches sèches, caressant les herbes encore debout, le vent sifflant le long de la lande, dont le souffle chaud en cette fin d’après-midi venait lui caresser le corps… Il écouta les branches mortes craquer au passage furtif d’un animal, les oiseaux muets d’abord, surpris eux aussi du silence après les grondements infernaux du moteur de la machine, se remettre à chanter, s’appeler de nid en nid, puis voleter un peu (…) Il écouta encore le vent filer vers le trou sombre, la crevasse, lo Cro do Diable, si profond, si plein de légendes, porteur de maléfices…” Cet environnement est menacé par un projet aux conséquences mal maîtrisées, bien que les complaisants rapports officiels se montrent rassurants.

Serge Vacher nous présente aussi une belle galerie de personnages, issus du quotidien. Jojo noyant sa retraite dans l’ivresse, Louis le paysan sincère, le beau Pierre séducteur de balloches, Bastien le flic un peu blasé, Max le journaliste humaniste (“Dis donc, c’est pas parce que je fais des piges dans un journal régional de merde, à rencontrer des paysans obtus, des sportifs poussifs ou des hommes politiques sans envergure qu’il faudrait me prendre pour un imbécile. Mon boulot, c’est de comprendre où je vis et de les faire causer, ces cons-là. Qui sont quelquefois pas si cons que ça, d’ailleurs.”) Le contexte, cette vie simple et honnête qui est la leur, est bouleversé par plusieurs morts suspectes. Pour de minables enjeux internationaux, somme toute. Les héros locaux de cette histoire semblent dire : “Laissez-nous vivre à notre guise, à notre rythme”. Voilà sans doute ce qui rend cette intrigue convaincante.

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