Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
18 mai 2010 2 18 /05 /mai /2010 06:08

 

Aux éditions Plon, la collection Nuit Blanche nous propose son deuxième titre,Le fils des brûlésde Laurent Brard. D’abord, petit résumé de l’intrigue…

Sarole est une commune rurale d’environ dix mille habitants. Sa sœur Thania s’y étant installée avec sa famille, le policier Oscar Bellem a obtenu un poste dans cette petite ville tranquille. Jamais il n’a eu de véritable vocation pour ce métier, lui qui voulait devenir scénariste pour le cinéma. Douze ans plus tôt, un drame démontra publiquement son incompétence. Si on ne la viola pas, la jeune Cécilia fut sauvagement assassinée et mutilée. Le meurtrier ne fut jamais identifié. S’il avait réagi au lieu de suivre la procédure, Bellem aurait peut-être pu sauver la victime. L’affaire médiatisée condamna le policier à se faire oublier, au gré des affectations. À Sarole, même si un article de presse a rappelé le cas Cécilia, il espère tourner la page. La famille de Thania, son copain de bistrot Bernard et sa fille Lilie, psychologue, l’y aideront. Il va démissionner de la police.

BRARD-2010Bellem reçoit sur sa messagerie Internet des courriers anonymes provocateurs. Ces mails ne sont pas qu’une mauvaise plaisanterie. “Cette histoire sentait la menace, beaucoup plus que le canular ou le fiel. La précision du propos lui sautait maintenant aux yeux. Chaque phrase faisait mouche.” Bientôt, l’inconnu qui signe le Fantôme prend contact avec Bellem, en échangeant via Internet. Il affirme que l’affaire Cécilia trouve son origine à Sarole. Deux cent cinquante kilomètres séparent pourtant Talernes, ville où a eu lieu le crime, et Sarole. La seule affaire marquante ayant agité la petite ville fut celle de “la maison des brûlés”. Ce jour-là, le lycéen Antoine Foubert rentra à la ferme familiale animé d’une détermination meurtrière. Il n’avait plus peur de son père tyrannique. Il l’abattit sans hésitation, avant de supprimer sa trop passive mère. Puis, Antoine s’enfuit dans la voiture paternelle. Il fut arrêté plus tard, à Paris.

Bellem s’interroge sur le message téléphonique anonyme qu’il a reçu. De vieilles croyances ne l’aideront pas à comprendre, à savoir de qui ou de quoi se méfier. Bernard et ses amis se souviennent de l’affaire locale, précisant que la maison ne fut brûlée que quelques temps après le double meurtre. C’est la date du double meurtre qui frappe Bellem. Oui, il existe bien un lien avec Cécilia. “Ça ne te suffit pas de faire des rapprochements vaseux entre ta Cécilia et nos cramés, il faut en plus que tu te mettes à croire que tout le monde trempe là-dedans. Non, mais tu débloques ou quoi ?” lui reproche son ami Bernard. Bellem ne peut compter sur le soutien de son supérieur Castaldo, mais son collègue Delorme est prêt à l’aider. La piste d’une symbolique Croix de Malte est bien fragile.

Retrouver la trace d’Antoine ne suffit pas. Définir le rôle du curé de Sarole, briser l’omerta locale, découvrir qui est ce fantôme qui rôdant en ville et s’introduisant chez lui, mission difficile que Bellem s’est assignée. “Pour un flic sur le point de mettre un terme à sa carrière, il avait mis du cœur à l’ouvrage. En toute conclusion, il se retrouvait au point de départ. Des soupçons, mais pas de preuves, pas de témoignages, pas d’aveux. Le dossier Cécilia restait vide, et le lien supposé avec l’affaire Foubert s’effilochait de jour en jour (…) Au bout du rouleau, Bellem n’espérait plus rien.”

L’histoire baigne dans une atmosphère fort bien décrite. Même si l’idée de "petite ville où tout le monde se connaît, et où il ne se passe jamais rien" reste une vision citadine d’une ruralité quasi-disparue. Néanmoins, l’ambiance de cette bourgade endormie craignant de réveiller de troublants secrets s’avère de bon aloi. Le flic désabusé hanté par un épisode de son passé est un personnage classique du polar. Parvenir à crédibiliser ce genre de héros nécessite une bonne maîtrise d’écriture. Ici, on nous montre les failles du policier, ses angoisses et ses doutes, mais aussi son besoin tenace de faire la lumière avant de changer de vie. Ce portrait nuancé nous permet de sympathiser avec lui. Reconstituer le lien incertain entre deux affaires, savoir qui souhaite que soit relancée une enquête, importe davantage que d’établir la culpabilité de tel ou tel. La narration étant fluide, on est vite captivé par les mystères de ce très bon suspense.

Cliquez ici  sur l'article présentant la collection Nuit Blanche 

Partager cet article
Repost0
17 mai 2010 1 17 /05 /mai /2010 06:14

 

Le cinquième roman de Jérôme Bucy vient de paraître aux Éditions Belfond.La colonie des ténèbresest un suspense riche, précis, avec ses étrangetés et ses mystères, comme aime les concocter cet excellent romancier.

Andersen Olchansky est consultant en informatique. Un métier peu fiable pour son autoritaire grand-mère Nilsonne, qui l’a élevé depuis le décès de ses parents à l’âge de sept ans. La véritable passion d’Andersen, ce sont les chauves-souris. Il consacre du temps à étudier celles qui nichent à Paris, dans le tunnel de la Petite Ceinture, sous l’hôpital Broussais. Il protège et soigne celles qui hibernent dans les combles de son immeuble. Avec son ami et voisin Martin, ils ont créé un forum Internet s’adressant aux défenseurs des chiroptères, des pipistrelles, de toutes les chauves-souris. Le réseau a même des contacts en Allemagne.

BUCY-2010Le groupe chimique Naturalis lance un nouvel insecticide non polluant, le Nat-Green, et associe son image à transformation de la Petite Ceinture parisienne en “voie verte”. Leur site Internet ayant déjà été victime de piratage, ils font appel à Andersen pour contrer les attaques. L’informaticien note que ses interlocuteurs ne jouent guère la transparence avec lui. Il a pu enregistrer le film-pirate passé sur le site Naturalis, montrant la mort d’un couple, y associant la société. C’est dans la région de Bourges que se trouve la plus grosse usine Naturalis, près du village de Vornon. Andersen s’y rend, afin de mener une enquête sur d’éventuels décès suspects liés aux insecticides. Sans doute quelques employés sont-ils morts, mais nul n’admet reconnaître le couple apparaissant dans le film-pirate.

Seule Éphémère, jeune femme d’une vingtaine d’années qui rôde dans de l’église local, pourrait le renseigner. Par nature solitaire, elle cherche bientôt à savoir ce qui s’est réellement passé ici seize ans plus tôt. L’institutrice fut massacrée par son mari, M.Ziegel, employé chez Naturalis, qui se suicida. Éphémère garde le sentiment imprécis qu’elle fut proche de ce couple. Elle pense que ce fut Ziegel qui l’initia à l’observation des chauves-souris. Et ces bottes d’enfant que l’on aperçoit sur le film-pirate, ne seraient-ce pas les siennes ? À Paris, des batailles entre chauves-souris dans le tunnel sous l’hôpital Broussais intriguent Andersen. Un militant écologiste accuse les insecticides Naturalis, ceux produits naguère en Allemagne par la société Roder. Andersen connaît les rassurants rapports de toxicité diffusés par Naturalis. À la Faculté des Sciences, il fait autopsier des cadavres de chauves-souris, mais les résultats sont assez peu probants.

Au temps de la Guerre Froide, en 1962 à Berlin, le Dr Sterz fut consulté dans deux affaires criminelles. Pour le policier Kelmann, ces femmes torturées furent victimes d’un militaire américain nommé Ferning. C’est surtout le cas des fils de ces femmes qui intéressa le Dr Sterz. Amadouer le petit Wolfgang pour le sortir de son mutisme n’était pas aisé. Plus mûr, le jeune Hans finit pas fuir sa famille d’accueil. L’omniprésente Stasi, la police politique, empêcha Sterz d’approcher les enfants pour les aider concrètement. Imaginer que la Stasi avait élaboré un complot visant l’innocent Ferning, impossible à démontrer dans le contexte… Tandis que la jeune Éphémère cherche d’autres traces dans son passé, Andersen poursuit son enquête à Spandau, près de Berlin. Il existe là-bas un centre de recherches sur les chauves-souris. Celles du Bloc3 sont aussi agressives que les chiroptères de la Petite Ceinture…

Résumer un roman de cet auteur est toujours un plaisir. Car, plus on donne d’éléments, moins on en dit sur l’histoire elle-même, finalement. Depuis Batman, la chauve-souris symbolise souvent la lutte entre le Bien et le Mal, idée reprise et développée ici de façon très personnelle. Même s’il nous offre quelques scènes-choc, Jérôme Bucy n’est pas un adepte des descriptions sanguinolentes, de la violence complaisante. L’enquête empirique de son héros progresse autant dans l’action que par la réflexion, grâce aux situations auxquelles il est confronté. La logique scientifique côtoie ici les comportements humains, à la psychologie moins facile à cerner. Si Andersen n’entre pas dans le militantisme écologiste, il souligne quand même les méfaits certains des produits chimiques non contrôlés. L’esprit perfectionniste de Jérôme Bucy se vérifie cette fois encore, notamment lorsqu’on arrive au point de convergence des deux récits. On approche alors de la vérité, mais elle attendra le dénouement.

Évoquons aussi Éphémère, personnage fantomatique. “Elle se sentit profondément solitaire ce soir-là, avec l’intuition que ce serait toujours ainsi. Affamée, sans l’espoir d’être rassasiée un jour. Toujours à l’affût, cachée dans l’ombre, mangeant l’autre des yeux, se nourrissant de ses mots mais le cœur vide et sec. Recluse sous la table, tout près de l’autre mais loin de lui, à l’écart de la tendresse et du bonheur. Recroquevillée sur elle-même, les bras repliés sur ses jambes maigres, sans personne à serrer ou a aimer (…) Jamais vers la vie. Comme sa mère et sa grand-mère. Une malédiction familiale qui ne s’éteindrait jamais.”

Mon article sur les premiers romans du même auteur, cliquez ici 

Cliquez ici pour ma chronique sur "La chambre d'ambre", précédent suspense de Jérôme Bucy 

Partager cet article
Repost0
16 mai 2010 7 16 /05 /mai /2010 06:16

 

Le premier roman de Knut Faldbakken est aujourd’hui réédité dans la collection Points policiers. Bonne occasion de découvrir L’Athlète, un polar très agréable à lire, aux personnages réellement singuliers.

Hamar est une ville tranquille de Norvège, à cent trente kilomètres au nord d’Oslo. Le 17 mai, jour de fête nationale, l’Amicale de retraités dirigée par Loretta Due donne une réception dans ses locaux. Le lendemain, on trouve sur les lieux le cadavre d’un vieux monsieur qui participa aux festivités, Jacob Lind. Le quadragénaire policier Valmann et sa jeune collègue Anita Hegg s’occupent de ce décès suspect. Lind a pu être victime d’une insuffisance diabétique, mais des détails étonnent les enquêteurs. L’homme semble mal rhabillé, sans le gilet qu’il portait ce soir-là, après un possible acte sexuel. En outre, deux femmes mûres disent avoir été la “fiancée” du défunt : un peu simplette, Edith Sommer est la protégée de Loretta Due; quant à Élise Valmoe, 57 ans, c’est une romantique ayant du mal à calmer ses rêves charnels refoulés. Élise fantasme sur un tableau placé au-dessus de son lit, où le Christ apparaît sous l’aspect sensuel d’un athlète.

FALDAKKEN-PointsAucune trace de Jacob Lind à l’état-civil. Ce passionné d’Art habitait à Hamar depuis cinq ans sous un faux nom. S’il vivait chichement, on découvre une collection de tableaux dans son box, au grenier de son immeuble. Valmann pense d’abord à des œuvres volées, mais Lind semblait en faire commerce discrètement, dans la légalité. Edith Sommer est sauvagement assassinée dans le jardin d’Élise. Valmann et Anita Hegg sont à peine surpris qu’Élise n’ait rien entendu, car elle vit dans une maison “hermétique” et plane dans ses rêveries. Par ailleurs, on a relevé des traces sexuelles dans le lit de Lind. Edith y a eu une relation, mais peut-être pas avec le défunt. Valmann découvre l’identité réelle de Lind, membre d’une famille de marchands d’Art d’Oslo. Selon l’expert appelé par Valdmann, la collection de Lind représente une belle valeur, même si elle ne contient pas de vrai chef d’œuvre.

Tandis que la police criminelle enquête, Valmann et Anita Hegg suivent leurs propres pistes. Ils interrogent Loretta Due, qui ne cache pas son antipathie envers Jacob Lind. La mort violente de sa protégée l’a rendue nerveuse. Malgré l’insistance de Loretta, Élise n’est pas pressée de léguer ses tableaux à l’Amicale, surtout pas “L’Athlète”. Le concierge qui se charge de divers petits boulots dans le quartier a été assassiné. Peut-être fut-il serviable, mais il avait une face cachée. La romantique Élise ne s’intéresse guère à ces crimes, car elle a un nouveau voisin. Ce vieux monsieur distingué vient de s’installer en face de chez elle, dans l’appartement de Jacob Lind…

Sans rien dévoiler, précisons que l’affaire trouve son origine dans l’Histoire de la Norvège, à l’époque de l’occupation nazie. À l’opposé de l’image brumeuse et froide des pays scandinaves, Faldbakken nous présente, dans un décor printanier, des personnages menant une vie désuète. Pourtant, ces gens âgés taisent de noirs secrets. Vivant hors de la réalité avec son “Athlète”, Élise est absolument irrésistible, mais aussi assez touchante. Le policier Valmann prête également à sourire, lorsqu’il se prend pour Bogart face à ses jeunes partenaires, ici symbolisées par sa collègue Anita Hegg. Il mène l’enquête à son rythme, analysant autant les indices que la psychologie (plutôt singulière) des protagonistes. Grâce à la tonalité de la narration, souple et entraînante, on se laisse volontiers captiver par cette intrigue nuancée.

Partager cet article
Repost0
15 mai 2010 6 15 /05 /mai /2010 06:18

 

Disponible aujourd’hui chez Points policiers, “Heureux au jeu” de Lawrence Block est une histoire qui fleure bon l’atmosphère des sixties dans l’Amérique prospère, avec pro du poker, femme fatale et arnaque où le cave se rebiffe.

Ancien magicien, William Maynard est un tricheur professionnel. Il a dû fuir Chicago, où une partie de poker a mal tourné. Il s’est arrêté dans cette petite ville, le temps de se faire réparer les dents, et de remettre en place le pouce qu’on lui a déboîté. Quand on l’invite à jouer entre amis au poker, c’est pour Bill l’occasion de récupérer un peu de fric afin de poursuivre sa route. BLOCK-PointsIl est vite séduit par Joyce, l’épouse du riche avocat Murray Rogers, l’hôte de la soirée. De vingt ans plus jeune que son mari, Joyce a repéré les tricheries de Bill mais se tait. Quand elle lui rend visite, ils deviennent amants. Joyce avoue regretter sa vie aventureuse d’autrefois. Si elle mène une vie confortable, le contrat de mariage concocté par l’habile avocat ne fait pas d’elle l’héritière en cas de décès. Il faudrait trouver une combine pour escroquer son époux. Elle propose un faux kidnapping avec rançon, mais Bill estime que c’est trop aléatoire. L’idéal serait d’envoyer Murray Rogers en prison.

Grâce aux relations de l’avocat, Bill obtient un bon job dans cette ville, vendeur de fonds de placement. Ses nouveaux amis lui présentent une jeune femme, Barbara, absolument charmante. Impossible de se laisser aller au romantisme, car Bill garde en tête qu’ils n’évoluent pas tous deux dans le même monde. D’autant qu’il est en train de fabriquer le personnage d’August Milani, maître-chanteur. Bill le fait exister physiquement. Il créée aussi des fausses preuves solides contre Murray Rogers. Il s’agit de faire croire que l’avocat aurait assassiné Milani. Qu’importe qu’on ne retrouve jamais le cadavre, si tous les éléments accusent l’avocat. Toutefois, songeant à s’installer ici, Bill hésite à poursuivre. Mais Joyce fait pression sur lui. La mise en scène finale est parfaite. Murray Rogers est rapidement inculpé pour meurtre.

Joyce joue à l’épouse choquée, mais informe Bill que l’avocat a décidé de riposter, de prouver son innocence. Il en deviendrait presque sympathique à Bill, ce mari floué. Pourtant, quand il lui rend visite en prison, Murray Rogers lui annonce qu’il va plaider coupable, invoquer la démence passagère. C’est un bon moyen d’être libéré sous contrôle judiciaire, et de mener à bien sa vengeance…

Ecrit dans les années 1960, mais traduit depuis peu, ce suspense cultive notre nostalgie des solides romans noirs, où le héros est toujours dépassé par la situation, entraîné vers l’échec. L’état d’esprit de Bill évolue tandis qu’il met en place la machination. Entre confort et risque, un tel personnage ne choisit pas la facilité. Si l’affaire ne tourne pas à son avantage, l’ex-magicien court un réel danger. Il n’est pas nécessaire de vanter les qualités de Lawrence Block. Pour les amateurs de noirs suspenses s’inscrivant dans la meilleure tradition, c’est un pur plaisir.

Partager cet article
Repost0
14 mai 2010 5 14 /05 /mai /2010 06:11

 

Pour la 8e année, les amoureux du polar et du roman noir se retrouveront les 11 12 et 13 Juin 2010 sur la digue promenade du Havre, les après-midi, et à l’Espace Oscar Niemeyer le soir.

Le festival du Polar à la plage, organisé par l’association "Les Ancres Noires", montera ses chapiteaux à deux pas de la mer pour accueillir, des auteurs et des dessinateurs, des lectures, des débats, du théâtre, des conteurs le samedi et le dimanche de 14 à 19h. Il sera possible de partager un tajine de la mer au restaurant "Les Régates" avec les auteurs le dimanche midi (sur réservation).

Rendez-vous sur la digue promenade, avec :

- Les librairies La Galerne - Dombre - Label Bulles - Au Bouqui’n’oir et les bouquinistes Blandine Donneau et Les yeux d’Elsa.

POLARàlaPLAGE-2010- Les auteurs annoncés : Patrick Bard - Thierry Crifo - Dominique Delahaye - Régis Descott - Caryl Ferey - Luc Fivet - Sylvie Granotier - Pierre Hanot - Philippe Huet - Graham Hurley - Joseph Incardona – Michel Leydier – Dominique Manotti - Peter May - Jean-Hugues Oppel - JB Pouy – Patrick Raynal - Christian Roux – Anne Secret - Romain Slocombe - Colin Thibert - Marc Villard.

- Les dessinateurs et scénaristes : Alep et Deloupy – Will Argunas - JC Chauzy - Douay et Piatzszek - Édith – Germain – Loustal - Riff.

- Le cinéaste Bertrand Tavernier (le dimanche)

- Des conférences-débats dans le bus Dell'Arte : Le roman de procédure - Les arts dans le roman noir - Le lieu du crime - Polar et Politique - Hommage à Pascal Garnier.

- Contes noirs sous petit chapiteau avec les conteurs d' "Autrement dire" - Théâtre de rue avec la compagnie "TuxHinor" - Concerts sur la plage

Vendredi 11 juin : Au Cabaret Électric ouverture du festival à 18h30 : remise des prix des lycéens. Théâtre : le vendredi et le samedi soir vous serez embarqués dans un lieu surprenant.

Samedi 12 juin à partir de 21h, concert «Polaroïds-Rock» 7e compilation au Cabaret Electric : Textes des auteurs mis en musique par des groupes régionaux: Homogène – Micromegga – Jeanbon - Va l’dire à ta mère – Sheraf - C.Roux - Bamboo for chopsticks - Polaroids rock – Nightingate - Ana) - The sounk – Kasuals - Retro Satanas-

Dimanche 13 juin, présence du cinéaste Bertrand Tavernier

-14h à 15 30: dédicace à la plage.

Au Sirius - 16h: Le Juge et l’assassin, suivi d'un débat

- 20h: Dans la brume électrique, suivi d'un débat

Pour tout renseignement complémentaire consulter le site Internet:

http://www.lesancresnoires.com/polar2010.htm

Partager cet article
Repost0
13 mai 2010 4 13 /05 /mai /2010 06:11

 

C’est un nouvel épisode dans le pur esprit poulpesque que nous propose Serguei Dounovetz, avecSarko et Vanzetti(Éd.Baleine). Dans cette affaire, malgré l’abus de bières locales, Le Poulpe n’a pas l’intention de perdre le Nord.

Si Gabriel Lecouvreur possède une conscience sociale affûtée, c’est en grande partie à l’anarcho-syndicaliste Vanzetti qu’il le doit. Le Poulpe apprend que celui-ci vient d’être arrêté pour le meurtre d’un vigile. La victime a été retrouvée égorgée dans le bureau du patron de la SARKOPHAGE, où des documents importants ont été dérobés. Cette usine d’armement est en grève depuis environ deux mois. Elle va être délocalisée à l’autre bout du monde. Les ouvriers exigent une indemnité de 30000 Euros pour tous. Le conflit s’enlise, les CRS surveillent, la direction ne cède rien. Le patron n’est autre que Félix Lache, porte-parole du parti politique majoritaire, le PMU. C’est son témoignage accusateur contre Vanzetti, qui a conduit le bouillant militant en prison. Certes, Vanzetti a bien un alibi, mais il ne veut compromettre personne. Alors que le policier Vergeat rôde autour de l’usine, Le Poulpe doit absolument disculper son vieil ami Vanzetti.

DOUNOVETZ-1Se faisant passer pour un journaliste, Gabriel rencontre les grévistes. Une poignée d’entre eux, conscients de jouer leur survie, font figure d’irréductibles. “Le seule chose que je sais, c’est que ces mecs vont récupérer mon job et qu’après j’aurai plus qu’à crever la gueule ouverte” conclut l’un d’eux. Gabriel ne doute pas que l’accusation contre Vanzetti vise à briser leur unité. Il sympathise avec Redouane, jeune Kabyle laïc et philosophe, qui ne dédaigne pas les trafics habituels de sa cité Jean Ferrat. Gabriel se rapproche aussi de l’alibi de Vanzetti, la serveuse Paquita, 19 ans. Quand Le Poulpe est violemment agressé par trois costauds au service de Félix Lache, Redouane intervient pour l’aider. Et c’est la belle Paquita qui joue à l’infirmière câline avec Gabriel. Par la force des choses, Le Poulpe va rester fidèle à sa coiffeuse blonde et rose, Chéryl. De son côté, en son absence, celle-ci ne se prive pas d’expériences sexuelles originales.

Par l’intermédiaire de Redouane, Gabriel obtient le témoignage d’un Tchétchène sans papier qui dit avoir assisté au meurtre du vigile. L’exécuteur serait le boss d’un gang très actif dans le secteur. À l’usine, le climat tendu sent l’insurrection. Les ouvriers ont pris le patron en otage. Gabriel négocie un tête-à-tête avec lui. “Le tocard en costard, qui se trouvait à quelques mètres de ses tentacules, avait tenté la veille de le faire disparaître de la surface de la terre à coup de manches de pioches maniés par trois nervis maladroits. Sa première réaction, fort naturelle, aurait été de lui rendre la pareille, jusqu’à ce que mort s’ensuive…” Le Poulpe se contente d’un geste plus mesuré. Son ami Pedro lui ayant fourni un flingue, Gabriel essaie avec l’ami Redouane de démêler les embrouilles du clan tchétchène. Dans cette affaire, le Kabyle défend son propre intérêt. Même si Le Poulpe parvient à faire pression sur Félix Lache, il ne serait pas contre un feu d’artifice final…

Il est évident que Serguei Dounovetz fait partie des auteurs qui partagent les valeurs de Gabriel Lecouvreur. Être témoin des réalités sociopolitiques de notre époque, être acteur en tentant d’apporter des amorces de solutions, c’est bien le rôle du Poulpe. “Avec leur répression tous azimuts, leur racket généralisé sur les points, les radars, l’alcool au volant, sans parler des clopes, c’est un véritable carnage social qui a été mis en place. Ces cons de moralistes aux relents maurassiens, de vertueux quand ça les arrange, sous prétexte de sauver la Sécu, sont en train chaque jour de mettre un peu plus le pays à genoux” estime-t-il. Son point de vue sur les mauvais prétextes qui expliqueraient une impossible intégration maghrébine est aussi plutôt juste. De Vergeat au Polikarpov, tous les éléments de son univers sont réunis ici. La bière coule à flot, au fil de cette aventure. Soulignons en particulier, la maladresse de Gabriel dans sa relation avec Chéryl, souriantes parenthèses. Les péripéties agitées abondent dans cet excellent épisode. Cliquez ici sur le "Portrait chinois" de Serguei Dounovetz 

 

Partager cet article
Repost0
12 mai 2010 3 12 /05 /mai /2010 06:08

 

Basées à Saint-Étienne, les Éditions du Caïman viennent de publier leur premier titre. AvecLa guerre a son parfum, Jean-Louis Nogaro confirme les qualités remarquées dans un de ses précédents polars,Saint-Étienne Santiago(Éd.Ravet-Anceau, 2007). Petit survol de l’intrigue de ce nouveau roman…

Saint-Étienne, fin mai 1944. Le jeune Lucien Bornier est une sombre crapule. Pas simplement un de ces traficoteurs qui, en temps de guerre, subsistent grâce à de petites combines. Surnommé l’Embaumé, Bornier traite directement avec l’occupant nazi. Il entretient des relations privilégiées avec un oberführer de la Wehrmacht, Gustave Hermann. Il a échappé au STO, et bénéficie de laissez-passer de toutes sortes. La Gestapo paie bien les armes ou les émetteurs volés chez les maquisards. Dénoncer sans scrupule ses concitoyens ne le gêne pas, puisque ça rapporte gros. Le seul luxe affiché par Bornier, ce sont les parfums coûteux, soigneusement choisis, à ses yeux signes d’élégance.

NOGARO-2010La menace du débarquement des Alliés désorganise les troupes allemandes. Les relations avec la Milice étant moins lucratives, il est temps pour Bornier de récupérer sa valise bourrée d’argent et de quitter la ville. Le 26 mai, un bombardement aérien secoue Saint-Étienne, causant de graves dégâts. Bornier trouve l’occasion de changer d’identité, avant de disparaître. Une trentaine d’années plus tard, un inconnu pense le reconnaître dans un train. Ce notable de Clermont-Ferrand, riche chef d’entreprise originaire du Puy-en-Velay, serait-il cet homme dont-il cherche la trace depuis si longtemps ? Il doute que Lucien Bornier soit mort en héros, en 1944. C’est dans un des nombreux cimetières stéphanois qu’il trouve finalement la preuve qu’il cherchait.

En avril 2007, une série de braquages vise les parfumeries Martinaud dans la région de Saint-Étienne. L’affaire intrigue l’oisif Ernest Cafuron, un escogriffe traînant quotidiennement dans le bistrot de son copain Paul. Il s’inquiète pour sa petite amie Linda, employée dans une boutique Martinaud pas encore attaquée. Cafuron mène sa petite enquête dans les parfumeries braquées. Il semble que les voleurs n’emportent que des parfums fantaisie, de peu de valeur. Selon de témoignage d’une esthéticienne, ces braqueurs sont probablement allemands. Même s’il n’est guère apprécié du père de Linda, Cafuron se doit de protéger la jeune femme. Il s’installe durant tout l’après-midi dans le bistrot faisant face à la parfumerie. Mais il provoque un incident, qui l’empêche d’assister à l’attaque de la boutique. Or, justement, les braqueurs ont kidnappé Linda…

Ce court roman noir utilise avec aisance le contexte historique et géographique stéphanois, l’auteur connaissant bien sa région. Les portraits des protagonistes sont parfaitement réussis. Celui de Bornier, vil salopard profitant de la guerre pour s’enrichir salement, autant que celui d’Ernest Cafuron, jeune séducteur désargenté aimant l’aventure. Les seconds rôles sont aussi fort bien dessinés. Si la suite du récit apparaît plus souriante, elle n’en contient pas moins sa part de noirceur. Sans doute est-ce une occasion de se souvenir que beaucoup de collabos et traîtres en tous genres ont échappé à l’Épuration. Utilisant un format bref, c’est sur une narration vive que Jean-Louis Nogaro nous entraîne dans ce texte. À découvrir !

Cliquez ici sur le site des Éditions du Caïman 

Partager cet article
Repost0
11 mai 2010 2 11 /05 /mai /2010 06:10

 

Le roman de J.Eric Miller “Décomposition” ne se sera disponible qu’à partir du 20 mai 2010, dans la collection Domaine Policier chez 10-18. Néanmoins, comment résister à le chroniquer dès maintenant, tant cette road-story est remarquable ?

Elle a environ vingt-cinq ans. Elle conduit une Ford Mustang. Comme beaucoup de gens, elle fuit La Nouvelle-Orléans menacée par l’ouragan. Direction le nord et l’ouest, vers Seattle. C’est là-bas qu’elle espère retrouver George, son ancien amant, un type bien avec lequel elle peut prendre un nouveau départ. Dans le coffre de la Mustang, elle transporte le cadavre de son amant actuel, Jack. Elle l’a assassiné la veille. Peut-être est-elle encore sous son emprise, car elle ne parvient pas à se séparer du corps. En quittant brusquement George pour Jack, elle croyait avoir trouvé le prince charmant. Celui qui lui ferait oublier le passé, ses parents et la mort de son petit enfant, Danny Boy. Écrivain et enseignant, Jack avait l’arrogance de ceux qui se pensent supérieur. Pour le sexe, il était toujours prêt. Ça ne lui déplaisait pas à elle. Là encore, ses exigences cyniques allait loin dans la dépravation. Avec lui, ce ne fut pas le conte de fée attendu.

MILLER-2010Dans une station-service, elle entreprend de libérer les poules convoyées dans un camion. Les conséquences sont cataclysmiques. Elle recueille une des volailles, qu’elle baptise Petite Poule. Elle explique sa situation à cette compagne de voyage, qui parait l’écouter. Puis elle fantasme sur un beau flic de la route, qui a l’air d’apprécier la beauté de la jeune femme. Il ne tarde pas à la contrôler pour excès de vitesse. Elle l’imagine homosexuel, et le plaint. Tout en roulant, les souvenirs de Jack et de George lui occupent l’esprit. Elle finit par s’assoupir au volant, embourbe sa voiture, mais parvient à poursuivre son voyage. Elle fait une pause dans un motel. C’est là qu’elle va devoir se séparer de Petite Poule. Quant à se reposer, dormir sans avoir fait l’amour avant, impossible pour elle. De temps à autre, elle ouvre le coffre, vérifiant la rigor mortis de Jack. L’odeur du corps devient forte, mais un peu de déodorant masque la puanteur.

Elle trouve le moyen de réparer l’œil de Jack, qui a été picoré par Petite Poule. Elle s’aperçoit qu’elle passe non loin de chez ses parents. Elle n’a aucune envie de les revoir. Néanmoins, elle y retourne comme pour tourner la page. Ça ne pouvait pas finir autrement que par une dispute, évidemment. Quand arrive le troisième jour du voyage, elle se trouve aux abords d’un lac. Si le destin les a conduits là, c’est sans doute pour qu’elle jette son amant dans l’eau. Pourtant, elle y renonce : “Le lac semble si calme et si beau, et Jack est sale et infect. Je ne crois pas qu’il soit bon de les mettre en rapport.” Elle doit sembler pitoyable aux gens qui la croisent, car un homme lui offre un sandwich et un peu d’argent. “J’ai un peu le tournis, sans doute à cause de l’odeur et de l’altitude. Du manque de sommeil et de tous ces kilomètres” se dit-elle. Malgré tout, elle continue son trajet, rêvant encore de rejoindre George…

Une road-story conduisant sagement les lecteurs du point de départ à l’arrivée ne serait guère palpitante. Logiquement, notre héroïne traverse bon nombre de mésaventures, sans se départir de son candide optimisme : “Certes, je suis un peu sale. Certes, je suis fatiguée (…) Mon petit ami est dans le coffre de ma voiture alors qu’il devrait être enterré. Tout ça est vrai. Et alors ? Je me regarde dans le miroir, avec ma robe neuve qui dévoile mes jambes et accentue ma taille et mes seins, et je me trouve à nouveau jolie. Je sais que ce voyage va être pénible, mais je vais y arriver. Je ne sais même pas où habite George exactement, mais je le trouverai.” Puisque selon elle, tout se répare, son conte de fée prendra forcément la bonne tournure. Entre-temps, elle ne se prive pas d’évoquer, avec excitation et en détail, ses relations sexuelles très chaudes avec le défunt Jack. On sourit énormément à la lecture de son histoire. On le fait sans moquerie, car cette pauvre fille larguée est pathétique. Assez déjantée aussi, interprétant le monde à sa manière. Juste à côté de la réalité, en somme. Sur un tempo vif, le récit s’avère captivant, enthousiasmant.

Partager cet article
Repost0

Action-Suspense Contact

  • : Le blog de Claude LE NOCHER
  • : Chaque jour des infos sur la Littérature Policière dans toute sa diversité : polar, suspense, thriller, romans noirs et d'enquête, auteurs français et étrangers. Abonnez-vous, c'est gratuit !
  • Contact

Toutes mes chroniques

Plusieurs centaines de mes chroniques sur le polar sont chez ABC Polar (mon blog annexe) http://abcpolar.over-blog.com/

Mes chroniques polars sont toujours chez Rayon Polar http://www.rayonpolar.com/

Action-Suspense Ce Sont Des Centaines De Chroniques. Cherchez Ici Par Nom D'auteur Ou Par Titre.

Action-Suspense via Twitter

Pour suivre l'actualité d'Action-Suspense via Twitter. Il suffit de s'abonner ici

http://twitter.com/ClaudeLeNocher  Twitter-Logo 

ACTION-SUSPENSE EXISTE DEPUIS 2008

Toutes mes chroniques, résumés et commentaires, sont des créations issues de lectures intégrales des romans analysés ici, choisis librement, sans influence des éditeurs. Le seul but est de partager nos plaisirs entre lecteurs.

Spécial Roland Sadaune

Roland Sadaune est romancier, peintre de talent, et un ami fidèle.

http://www.polaroland-sadaune.com/

ClaudeBySadauneClaude Le Nocher, by R.Sadaune

 http://www.polaroland-sadaune.com/