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9 juin 2010 3 09 /06 /juin /2010 06:13

 

La littérature policière n’est pas née spontanément avec la génération actuelle d’auteurs. Elle a son histoire, que les amateurs de "culture polar" n’oublient pas. Dans le Panthéon virtuel des passionnés, certains noms s’imposent parmi les romanciers français. On citera logiquement Léo Malet ou J.P.Manchette, par exemple. Pourtant, notre mémoire de lecteur ne se réduit pas à ces auteurs marquants. D’autres ont imposé un polar français de grande qualité. Inventivité des intrigues, regard juste sur la société, vérité du hasard ou de la malchance, tonalité souriante voire ironique, ces auteurs du 20e siècle doivent garder leur place dans nos lectures. Ils ont décrit les sombres aspects de la nature humaine, souvent avec une vraie subtilité. Publiée chez Plon, la collection Noir Rétro va permettre aux lecteurs d’aujourd’hui de retrouver ces excellents romans. Voici les premiers titres proposés…

NOIR RETRO-1En juillet 2010, Attention les fauves (1981,Prix Mystère de la Critique) de Brice Pelman.

Doria vit seule et heureuse avec ses jumeaux âgés de 11 ans sur les hauteurs de Nice. Lors d’une visite, son voisin Jourdain, frustré sexuellement, la viole et l’étouffe. Dormant à l’étage, Patrick et Marieke n’ont rien entendu. Quand ils découvrent le corps de leur mère, les deux enfants mesurent la catastrophe. La mort de leur mère signifie qu’on va les mettre en pension, les séparer. Ils décident de ne rien dire, de vivre comme si rien ne s’était passé. Une journée ordinaire commence par l’école. Ils ont aussi besoin de provisions, quelques courses. Non seulement cette vieille bigote qu’est Mme Josepha leur pose des questions, mais elle promet de passer voir leur mère. Patrick et Marieke vont devoir ruser, écarter le danger. D’autant que leur tante Françoise, une véritable casse-pieds, vient aussi en visite. Et puis, il y a ce voisin, que les enfants connaissent à peine, Jourdain.

Celui-ci n’en mène pas large depuis le crime. Déjà que sa vie n’a rien de drôle, avec une épouse en mauvaise santé mentale. Jourdain se prépare à répondre aux policiers, s’étonnant qu’il n’y ait pas plus rapidement d’enquête. S’agit-il d’un subterfuge, d’une manœuvre le visant ? Ou bien la jeune femme en a-t-elle finalement réchappé ? Il approche donc les enfants, qui déclarent que leur mère est en voyage. Aurait-elle abandonnés ses mômes, à cause du choc peut-être ? À tout moment, Patrick et Marieke risquent qu’on s’aperçoive de la mort de Doria. À cause de son absence, d’un carreau cassé, de l’odeur aussi. Si l’oncle Paul y met son grain de sel, ça va compliquer encore les choses. Combien de temps cacheront-ils la vérité ? Jourdain ne parvenant pas à s’expliquer cette disparition, son doute sera l’instrument de sa perte.

En juillet aussi, Du Rififi chez les femmes (1957) d’Auguste Le Breton.

Ce roman fut adapté au cinéma en 1959 par Alex Joffé, avec Nadja Tiller, Robert Hossein, Sylvia Monfort, Roger Hanin, Françoise Rosay, Eddie Constantine. Un classique des films évoquant le Milieu de l’époque. La belle Vicky de Berlin tient le Ration K, bar à filles de Bruxelles. Les frères Napos, propriétaires du Vertige, ont décidé de racketter tous les bars de la ville. Affrontement entre tenancières et tapineuses, entre caïds et faussaires. Le Beau Marcel, chargé de l’affaire des faux talbins, devra orchestrer les rivalités entre deux clans, les affaires de filles, de territoires qui ne font pas bon ménage.

NOIR RETRO-2En septembre, Le demi-sel (1952) d’André Héléna.

Bien que son talent n’ait été que tardivement reconnu, André Héléna figure parmi les premiers auteurs de romans noirs, version française. Un romancier qu’il est bon de redécouvrir, à travers certains de ses meilleurs titres, tel celui-ci. La poisse, c’est ce qui caractérise le héros du Demi-sel, Balthazar. Parce qu’il avait eu affaire à un salopard et qu’il lui avait réglé son compte, il se savait maintenant traqué. Mort de frousse, terré chez lui, il observe de l’autre côté de la rue l’homme qui semble l’attendre dans l’encoignure de la porte, juste en face. Empoignant son Mauser, il tire et puis s’éloigne à pas tranquilles. C’est le commencement de la fuite, et le voici pris dans un engrenage dont il ne pourra pas s’extraire.

En octobre 2010, Rictus (1972) de Jean-Pierre Ferrière.

Mathieu Collard est âgé de 34 ans. Il est marié à Jeanne, 24 ans. Ils ont un fils de deux ans, François. Mathieu est employé aux Cartonneries du Loiret. Il habite près de Chartres. Le Dr Jean-Louis Tristan, son généraliste, vient d’apprendre à Mathieu qu’il est atteint du cancer. Plus que quelques mois à vivre. Que deviendront sa femme et son fils sans lui, sans argent ? La jeune prostituée Sandra compatit, mais c’est Mlle Simone (l’assistante du Dr Tristan) qui offre à Mathieu le moyen de gagner une forte somme. Pour cela, il tue Alexandre Chassagne, homme d’affaires supposé véreux.

Mathieu n’a rien révélé à Jeanne. Il paie les traites de la maison, achète une voiture. Peu de temps après, survient un drame dont Mathieu reste le seul survivant. Hospitalisé, il apprend qu’il n’a absolument pas le cancer. À sa sortie, il veut contacter le Dr Tristan, mais le cabinet de celui-ci est fermé. Il ne semble pas avoir eu d’assistante. Par contre, il avait une maîtresse, Élisabeth Chassagne, avec laquelle il est parti s’installer à Cannes. Mathieu réalise qu’on l’a manipulé pour tuer le mari. Il propose à la prostituée Sandra de l’accompagner à Cannes, sans expliquer ses motivations. La vengeance de Mathieu va toucher les proches de Tristan…

NOIR RETRO-3En novembre, Le Doulos (1957) de Pierre Vial-Lesou.

Ce roman fut remarquablement adapté au cinéma par Jean-Pierre Melville, avec Serge Reggiani, Jean-Paul Belmondo, Jean Desailly, au début des années 1960. A sa sortie de prison, quand il apprend que sa femme a été exécutée, Maur n’a qu’une idée, se venger. Après avoir abattu celui qu’il croit en être le commanditaire et lui avoir dérobé son magot et son revolver, il va à la rencontre de son meilleur ami, Silien. Ce dernier est considéré par tous les truands comme un porteur de doul. Tout en essayant de persuader Maur de ne pas replonger, Silien lui remet le matériel nécessaire au nouveau coup que son ami projette. Quand il sort de chez Maur, Silien appelle le commissaire Saligrani. L’engrenage est lancé : si l’amitié est de règle chez les truands, les apparences sont trompeuses.

En décembre 2010, Noël au chaud (1979) de Georges-J.Arnaud.

Un de ces villages de Provence où les maisons poussent à l’identique, étouffant la grande bâtisse au bout du chemin. C’est la demeure de Raymonde, 76 ans. Tous au village souhaitent sa disparition, le lotissement prévu par Monsieur le maire pourrait voir le jour. Mais voilà, veuve, sans enfant, c’est sa vie à Raymonde, alors vendre : jamais ! Augusta Pesenti, sa voisine et seule amie, vit dans son pavillon entourée de l’affection des siens: une famille. C’est en l’observant que vient petit à petit à Raymonde l’idée de faire ce qu’il faut pour arriver à son but...

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8 juin 2010 2 08 /06 /juin /2010 06:10

 

Parmi les nouveautés publiées cette semaine chez Pocket, sans nul doute y a-t-il deux titres à ne pas manquer. Après "Rituel", on va retrouver Flea Marley et Jack Caffery dans "Skin", de Mo Hayder. Mais commençons par le roman d’un auteur français, Xavier-Marie Bonnot : "Les âmes sans nom".

BONNOT-Pocket2010À Marseille, le policier Michel de Palma conduit ses enquêtes selon ses propres méthodes, ce qui déplait à sa hiérarchie. S’il s’interroge sur sa fin de carrière, sa collègue Anne Morachini le soutient avec affection. On a découvert le cadavre mutilé de Pierre Martel, présenté selon une curieuse mise en scène. Les enquêteurs vont perquisitionner chez la victime, au cœur de la Cité de la Sauvagère. Ils y trouvent des dossiers dissimulés, sur des nationalistes bretons et autres documents méritant d’être décryptés. Il s’avère que Martel était un agent de la DST infiltré dans ce quartier sensible, où des Islamistes sont actifs. Pourtant, suspecter une improbable piste salafiste serait simpliste.

Michel de Palma trouvent trois témoins, des minots qui ont remarqué un septuagénaire aux cheveux blancs et aux traits durs. Celui-ci semblait surveiller Martel. Dans les dossiers de ce dernier, beaucoup de documentation sur l’IRA des années 1980. Ainsi que des symboles celtes ou bretons, au sujet desquels Anne s’informe. De vieux habitants du coin se souviennent d’un meurtre datant de vingt ans, presque dans les mêmes décors. La victime était Barbara Flanagan, qui figure sur des photos du flic de la DST. Les rapports de l’époque conclurent à un suicide. Dans l’ombre, le septuagénaire Quéré poursuit sans état d’âme sa mission meurtrière.

Les policiers trouvent des éléments sur Barbara Flanagan. Française, elle fut l’épouse d’un activiste de l’IRA. Issu d’une famille impliquée dans la lutte, galvanisé par le sort de Bobby Sands, Sean Flanagan contribua à plusieurs attentats. La précieuse bague disparue de Barbara peut constituer une piste à suivre. Quand Michel se rend chez Morvan, ex-militant nationaliste, il trouve son cadavre mis en scène comme dans le cas Martel. L’assassin n’est pas loin, mais Michel le rate de peu. Le policier craint que le tueur supprime un des jeunes témoins de la Cité de la Sauvagère. Dans l’ordinateur de l’agent de la DST, il apparaît que Morvan appartenait à un groupuscule mêlant mythes celtiques et violence terroriste fascisante…

Avec Michel de Palma, héros de précédents romans de l’auteur, nous explorons ici la nébuleuse terroriste qui entoura l’action de l’IRA. Servi par une riche documentation, ce roman souligne divers aspects de cette lutte armée. La détermination nationaliste s’expliquait. Le recours à des supplétifs fachos aux motivations mystico-celtes supposait certains dérapages. En face, les services secrets anglais et français ripostaient, soit aussi brutalement, soit en manipulant avec cynisme les protagonistes. Un contexte qui reste passionnant. Quant à l’intrigue purement criminelle, elle est bien présente et plutôt subtile, avec une vérité nuancée. Loin d’être classique, grâce à un scénario solide et une narration précise, cette enquête est très réussie.

HAYDER-Pocket2010Mo Hayder : "Skin". À Bristol, le policier Jack Caffery vient à peine de terminer son enquête précédente sur un réseau criminel s’inspirant de rituels africains. Mais il sent encore planer l’ombre du tokoloshe, et n’est pas certain que le vrai coupable ait été arrêté. Plusieurs cas de disparitions et de suicides se sont produits ces derniers jours. Jack devrait participer aux recherches avec ses collègues. Estimant qu’il existe peut-être un lien avec le dossier mal élucidé, il aborde autrement les suicides de Ben Jakes et de Lucy Maloney, et la disparition de Misty Kitson. Plongeuse de la police, Flea Marley prend parfois des risques, frôlant la narcose. Quand un jeune officier trop sûr de lui affirme que Lucy n’a pas respecté les règles du profilage des suicidaires, Flea le traite de crâne d’œuf devant Jack. Néanmoins, Jack admet que certains détails restent troublants.

Flea Marley trouve le cadavre de Misty Kitson dans le coffre de sa propre voiture. Le scénario lui apparaît vite : elle avait prêté le véhicule à son frère Thom, fragile mentalement. Il reconnaît avoir paniqué quand il a accidentellement heurté Misty. Vu le retentissement autour de la disparition de Misty, difficile de contacter si tardivement la police. Flea ne peut espère d’aide de Thom, ni de la compagne de celui-ci, la sévère Mandy. Elle maintient le corps dans une baignoire glacée, pour éviter qu’il ne se dégrade. Puis Flea repère le lieu de l’accident. Elle est quasiment certaine que Ruth Lindermilk, une voisine quinquagénaire alcoolique, a été témoin de l’accident. Cette matrone n’est guère facile à manier. Pendant ce temps, l’amie médecin légiste de Jack lui confirme officieusement que la mort de Lucy n’est pas un suicide.

Dans le cas de Ben Jakes, il s’agit d’un suicide ressemblant à un meurtre. Pour Lucy Maloney, c’est l’inverse. Jack perquisitionne le domicile de la victime et interroge l’ex-mari de celle-ci. Le mode de vie de Lucy étant assez personnel, il eût souvent du mal à la comprendre. Fouillant dans l’ordinateur de la jeune femme, Jack relève qu’elle avait beaucoup plus d’argent sur ses comptes qu’il n’est normal. Il ne tarde pas à trouver une explication…

Jack Caffery et Flea Marley sont de retour dans cette suite de Rituel” (et avant Proies, 3e volet de leurs aventures). Il n’est pas indispensable d’avoir lu le roman précédent pour apprécier celui-ci. Tous deux solitaires, aussi marqués l’un que l’autre par des drames intimes, Jack et Flea ne forment pas un banal couple d’enquêteurs. Partageant une même capacité sensitive, ils vivent les faits presque séparément, leur proximité étant psychologique. Tandis que Flea tente de résoudre une situation complexe, Jack avance sans hâte dans ses investigations. Leur lucidité est un précieux atout.

Résumer un roman de Mo Hayder constitue un exercice impossible. Car tout est dans l’ambiance, dans l’approche de personnages fuyants, de détails esquissés. Ainsi on voit à peine Amos Chipeta, issu de Rituel, et pourtant il est rôde autour de Jack et jouera son rôle dans l’affaire. C’est-ce climat si particulier, bien plus intense que dans les simples thrillers formatés, que l’on apprécie dans les suspenses de l’auteur. On frissonne avec Flea, on s’interroge avec Jack, on se sent réellement à leur côté durant toute l’histoire.

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7 juin 2010 1 07 /06 /juin /2010 06:12

 

C’est avec le romanÉcho(aujourd’hui publié chez Pocket) qu’Ingrid Desjours a débuté dans le thriller. Dans la collection Nuit Blanche, parait son deuxième suspense :Potens(Éd.Plon). Essayons d’en résumer l’intrigue…

DESJOURS-2010Charlotte Dulaumait, 35 ans, mère de plusieurs enfants, a été massacrée par son assassin, ébouillantée puis poignardée à de multiples reprises. Son fils aîné Quentin est sous le choc. Le compagnon actuel de la victime, Jérémie Taudel, est sérieusement suspecté, faute de produire un alibi. Cet homme au QI supérieur se montre antipathique et méprisant, niant le meurtre. Le policier Patrik Vivier mène l’enquête. Il demande l’assistance de la psychologue Garance Hermosa, avec laquelle il entretient une relation ambiguë. Maîtrisant peu sa vie, marquée par un récent décès, cette criminaliste ne présente pas les critères idéaux. Mais, tels Charlotte et Taudel, elle possède un fort QI. Il lui est facile de s’inscrire au club Potens, d’infiltrer cette association dont la victime fit partie, comme son compagnon Taudel et son fils Quentin. On pense que ce club masque un groupe de puissants décideurs, une élite sans complexe appelée “Alpha Pi”.

Comptable dans l’entreprise de Boisseau, membre de Potens, Charlotte n’était pas une femme exemplaire. Tous ses enfants sont issus de pères différents, et elle collectionnait en outre les amants occasionnels. D’ailleurs, elle était enceinte quand on l’a tuée. Ce comportement maternel pourrait s’expliquer, car elle-même fut “une enfant de remplacement”. Néanmoins, elle se montrait sans tendresse avec son fils aîné Quentin, qui trouvait un allié en la personne de son beau-père Taudel. Ces questions liées à l’enfance replongent Garance Hermosa dans son propre passé, entre sa défunte sœur Félicia et une mère cruelle. Au sein de Potens, la psy écoute chacun, du bavard Deplavat à l’omniprésent Vasili, en passant par le roi de l’autosatisfaction Albin Pomeni et les confidences de Jérémie Taudel. Sachant que les pères des enfants de Charlotte ont des alibis, le meurtrier se trouve-t-il forcément parmi les membres du club de surdoués ?

Des querelles mal expliquées se produisent, peut-être à cause de la fébrilité du jeune Quentin. Celui-ci fait du grabuge dans l’entreprise de Boisseau. Il montre parfois des accès de violence, tels ses prouesses en “happy slapping”. C’est un cyclothymique aux réactions imprévisibles. Quand Boisseau est victime d’un accident de voiture dû à son anxiété, la police trouve des documents compromettants qui lui vaudront des ennuis fiscaux. Ces fichiers, une bonne raison d’éliminer sa comptable ? Boisseau fut déjà malhonnête durant ses études, spoliant son amie Tina Putino. Probable père du fœtus de Charlotte, s’il est protégé par ses amis de “Alpha Pi”, Albin Pomeni est quand même interrogé par la police. L’anonymat de Garance parmi les membres de Potens (et surtout de “Alpha Pi”) est moins certain qu’elle ne peu l’espérer. On peut douter quand Taudel et Boisseau fournissent des alibis mutuels. Qui fait chanter l’autre ? S’ils existent, pas sûr que les carnets secrets de Charlotte aident à cerner la vérité. Et si le coupable avoue son crime, où se situe la manipulation ?…

DESJOURS-2010Imaginerait-on une psy criminaliste parfaitement saine d’esprit, d’une rigueur absolue, pointilleuse et ordonnée, au cœur de cette affaire ? Il nous apparaît évident que Garance, perturbée par des images cauchemardesques, dissimule au fond de son subconscient quelque douloureux secret, qu’elle partagea avec sa sœur Félicia. Son rapport aux hommes, ses scarifications, en attestent. Son ami policier ne l’aide guère, entretenant une nébuleuse relation avec la trop basique Claire.

L’essentiel dans cette intrigue tient en deux thèmes. Le cas des supposés surdoués, d’abord. Certains se voient mal-aimés, d’autres affichent supériorité et mépris. Le club Potens montre que c’est davantage par la ruse que par leur pure intelligence que ces gens se démarquent. On nous cite de crédibles trucages. Le génie de la magouille serait autant l’apanage de personnes au QI moins élevé.

Second aspect souligné ici, les clubs élitistes. Ils ne défendent que leurs propres intérêts, se servant en premier pour s’enrichir, s’organisant pour défendre leur caste. Sans doute leur rôle est-il bien pire, plus destructeur, que ce que les simples citoyens peuvent envisager. Au-delà des arrivismes privés, leurs programmes ne font qu’encourager une détestable vision du monde : “…un groupe flirtant avec des idéaux d’extrême droite. Il y était question de détection systématique des enfants surdoués dès leur entrée en école primaire, et de leur placement en institution spécifique d’excellence. En outre, il encourageait ouvertement la formation de couples HQI. Derrière le paternalisme de façade qu’il opposait aux membres de Potens, se cachait un véritable mépris pour le reste de l’humanité (…) Garance ne voulait pas croire qu’une intelligence supérieure conduisît uniquement à de tels excès…”

Troublée et troublante, malgré son expérience si personnelle d’échecs mortifères et son haut QI, Garance conserve une fragilité naïve. Bien qu’elle sache amener les confidences et témoignages, elle reste asociale, son incapacité à partager avec l’autre ruine son analyse des faits. Personnage pétri de complexité, que cette jeune femme n’admettant que tardivement ses faiblesses à une consœur. Ayant “frappé fort” dès la première scène, on pouvait craindre un essoufflement de la part de l’auteur par la suite. Elle parvient à relancer en permanence le récit, quitte à nous offrir des faux-semblants que nous gobons ou pas. Car nous avons déjà compris que le dénouement sera plus tortueux que l’évidence d’un aveu. Et que, pour Garance, le bonheur se signe d’un point d’interrogation.

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6 juin 2010 7 06 /06 /juin /2010 06:28

 

POLARjuin2010

 

À Saint-Amand-Montrond (18), la librairie Sur les chemins du livreorganise une journée du polar le samedi 19 juin 2010 (de 10h à 18h, à l’Orangerie).

«Les nuits rallongent» invitent les auteurs Michèle Barrière, Gilles Bornais, Thierry Bourcy, Michel Chevron, Thierry Crifo, Christian Daumas, Paul-François Husson, Roger Langlet, Richard Normandon, Jean-Jacques Reboux, Christian Roux, Michel Steiner.

L’animation se poursuit à partir de 22h au Bistrot (rue Pont Pasquet) avec la projection de courts-métrages polars. Un rendez-vous à noter dès à présent pour les lecteurs de la région.

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6 juin 2010 7 06 /06 /juin /2010 06:25

Soleil-Vert-CavalierPhilippe Cavalier fait partie des auteurs préférés de la librairie "Soleil Vert", à Calvisson. Il est le digne héritier des feuilletonistes du siècle dernier. Il sait mêler à ses aventures : mystère, fantastique, Histoire. Après sa passionnante tétralogie «Le siècle des chimères», il revient avec une nouvelle série "Le marquis d'Orgèves". Ces derniers romans sont à ranger dans le genre romans de cape et d'épée et confirme l'auteur dans son style d'inspiration populaire.

Philippe Cavalier habite en Allemagne. Il fera spécialement le déplacement jusqu'à la librairie Soleil Vert pour venir à la rencontre de ses lecteurs le samedi 19 juin 2010. Vous êtes tous invités à le rencontrer dès 16h30. Ceux qui ne peuvent être présents peuvent se faire envoyer ses ouvrages dédicacés en  contactant  le 04.66.74.11.86.

http://www.librairiesoleilvert.com/article-philippe-cavalier-en-dedicace-le-19-juin-51422971.html

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6 juin 2010 7 06 /06 /juin /2010 06:23

 

Frontignan — du 21 au 27 juin 2010 : 13e Festival International du Roman Noir — le thème: «Mémoire intime, Histoire collective»

Des traumatismes de l’enfance aux grandes fractures de l’Histoire, que dit le roman noir de la capacité de l’homme à se réinventer ? Comment intègre-t-il dans sa quotidienneté le poids de la mémoire et de la culture ? Quelles leçons tirons-nous du passé ? Comment nourrissons-nous le sentiment d’éternel recommencement ? Comment la peur silencieuse peut-elle se transformer en colère lorsqu’elle plonge dans le passé ?

FRONTIGNAN-2010La 13e édition du Festival international du roman noir (FIRN), qui se déroulera du lundi 21 au dimanche 27 juin 2010, à Frontignan et d’autres villes alentour, invite cinquante auteurs de la planète polar autour du thème «Mémoire intime, Histoire collective».

Pour aborder l’une des questions majeures de la littérature policière d’aujourd’hui, à travers tables-rondes et séances de dédicaces conviviales à partir du vendredi, Le FIRN est le premier festival de littérature noire en France à recevoir les Anglo-saxons David Peace, Adam Braver, Percy Kemp, Simon Lewis et le Suédois Mons Kallentoft, rejoints par d’autres grands noms du genre et des auteurs à découvrir : le cinéaste Cédric Anger (Fr), Ingrid Astier (Fr), Laurent Astier (Fr), Lilian Bathelot (Fr), Stéphanie Benson (Gb), Natalie Beunat (Fr), Guillaume Bouzard (Fr), Fritz Bowwl (All), Jean-Christophe Chauzy (Fr), Michel Chevron (Fr), Didier Daeninckx (Fr), Stéfanie Delestré (Fr), Pascal Dessaint (Fr), Serguei Dounovetz (Fr), RJ Ellory (Gb), Gilbert Gallerne (Fr), Gil Graff (Fr), François Guérif (Fr), Bénédicte Heim (Fr), Christopher Hittinger (Fr-Usa) Jean-Paul Jody (Fr), Mine G. Kirikkanat (Tur), Reinhardt Kleist (All), Mattt Konture (Fr), Hervé Le Corre (Fr), Gilles Legardinier (Fr), Reno Lemaire (Fr), Laurent Maffre (Fr), Pierre Maurel (Fr), Mawil (All), Franck Membribe (Fr), Claude Mesplède (Fr), Jacques Mondoloni (Fr), Nicolas Moog (Fr), Gianni Pirozzi (Fr), Jean-Bernard Pouy (Fr), Marion Poirson-Dechonne (Fr), David Prudhomme (Fr), Frédéric Rébéna (Fr), Denis Robert (Fr), Gilles Rochier (Fr), Benoît Séverac (Fr), Jules Stromboni (Fr), Sunjata (Fr).

Source www.polar-frontignan.org

 

 

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5 juin 2010 6 05 /06 /juin /2010 06:09

 

C’est une enquête dans le microcosme de l’édition parisienne que nous propose Max Genève, avec son nouveau romanNoir Goncourt(Anabet Éd., 2010). Petit résumé de cette histoire, racontée par un auteur faisant preuve d’une belle souplesse narrative.

Le détective privé Simon Rose est engagé par l’homme d’affaires Adam Melkian afin de retrouver son frère, l’écrivain Joseph Melkian. Avant de disparaître, celui-ci a adressé à plusieurs personnes un courrier contenant une feuille blanche. Sa fille Mathilde, sa maîtresse, sa postière, son responsable d’édition Teulier, son ex-ami scénariste Baladin, son frère Adam, chacun interprète à sa manière cette feuille blanche reçue. Simon Rose connaît un peu Joseph Melkian. Le thème de la disparition ou de la fugue apparaissait dans plusieurs romans de cet auteur célèbre, jugé trop peu commercial aujourd’hui par son éditeur. Simon Rose a rendez-vous avec la séduisante Mathilde pour visiter l’appartement de l’écrivain, où ils trouvent sa maîtresse Gabrielle fort inquiète. Simon et Mathilde ne tardent pas à devenir intimes. Ils vont bientôt suivre ensemble une possible piste, qui les mène jusqu’à Naples et Capri, et à la sulfureuse actrice star Valeria Bertucci.

GENEVE-2010En parallèle, le policier Augustin Nomé demande à son ami Simon Rose de l’assister dans une affaire délicate. L’académicien septuagénaire François Moricet a reçu récemment plusieurs lettres anonymes. Ces graves menaces justifient qu’il soit maintenant sous protection policière. Simon Rose et Augustin Nomé vont interroger une prof, romancière qui s’est montrée violente contre Moricet. Si elle n’est pas suspecte, la proviseure de l’établissement scolaire est un drôle de personnage. À la date fatidique annoncée par les courriers anonymes, ce n’est pas Moricet qui est assassiné, mais son petit ami Roberto. La mise en scène macabre donne à penser que cet Italien a pu être victime de la Mafia. Ni Simon Rose, ni le policier Nomé — qui va être dessaisi de l’enquête, n’y croient vraiment. Suite à un témoignage accusateur, Moricet est inculpé du meurtre de Roberto. L’intervention de Simon Rose va permettre de rétablir les faits.

Environ un an plus tard, les prix littéraires d’automne approchent. Le conseiller éditorial Marc Teulier voit enfin reconnu son talent d’écrivain. “Puntarenas”, son nouveau roman, est déjà un succès — et il figure parmi les favoris du Goncourt. L’autobiographie de Valeria Bertucci, best-seller écrit sur commande par Joseph Melkian, pourrait bien détrôner le livre de Teulier. Commentaires et manœuvres en tous genres vont bon train dans le microcosme éditorial. Pensant avoir un élément nouveau sur le meurtre de Roberto, François Moricet donne rendez-vous à Simon Rose et à l’ex-policier Nomé. Si l’académicien n’est plus en mesure de leur fournir d’indices, son journal intime comporte peut-être des réponses. À condition de faire le rapprochement avec un article que Roberto publia jadis…

La forme est celle du roman d’enquête, mais la tonalité est bien plus originale. À l’opposé d’un lourd suspense aux effets spectaculaires, le récit s’avère fluide et enjoué. Ce qui n’empêche pas le mystère de planer autour des protagonistes, au gré des multiples péripéties de cette histoire. À la fois compétent et dilettante, le détective s’intéressant au monde littéraire est fort sympathique. Entre sa chatte Sam et sa Jaguar, son ex-psy devenu agent immobilier et son ami policier, l’univers du célibataire Simon Rose va bientôt accueillir la belle Mathilde. On aime aussi le facétieux Joseph Melkian, qui ne cherche nullement les honneurs, à l’inverse de Moricet ou de Baladin. Le regard de l’auteur sur les milieux de l’édition, où “une célébrité ne s’acquiert pas sans son lot d’infamies” (Moricet dixit), est sarcastique sans ressembler à un amer règlement de compte. Il s’agit plutôt d’une observation amusée des rites d’une élite culturelle autoproclamée. Un roman très convaincant, où l’on suit avec grand plaisir les investigations (et la vie privée) de Simon Rose.

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4 juin 2010 5 04 /06 /juin /2010 06:11

 

Beaucoup de finesse dans les polars de cette talentueuse romancière (et comédienne) qu'est Sylvie Granotier. Voici deux suspenses qu’il n’est pas trop tard pour savourer, puisque disponibles en version poche.

GRANOTIER-1"Belle à tuer"

Policier parisien, Mangin est en vacances chez des amis dans la Creuse. Des tensions agitent cette famille bourgeoise : l’épouse pense que son mari la trompe, le fils Gérard refuse leur conformisme, la jeune Lucie est un peu trop libre. Le très citadin Mangin craint de s’ennuyer dans cette campagne morte. Le commandant de gendarmerie Mercure lui soumet un dossier sur lequel il s’interroge. Quatre hommes sont décédés ou ont disparu récemment. On peut envisager une même série de meurtres. Mangin étudie l’affaire, mais préfère s’intéresser à l’énigmatique Ariane. Bibliothécaire à Aubusson, elle se montre distante quand il veut l’apprivoiser.

C’est bien une femme qui, certaines nuits pluvieuses, s’attife en séductrice vulgaire, et s’attaque à des jeunes hommes peu raffinés. Elle est alors dans un état second, qu’elle s’empresse d’oublier. Même quand cette autre vie rejoint son quotidien, elle la nie. Mangin collecte quelques indices, tentant de s’immerger dans le dossier criminel. Malgré leurs rapports difficiles, il reste obsédé par Ariane. « Rien, chez cette fille, ne collait avec rien » estime-t-il. Protégée par son vieux voisin armé et par le jaloux Gérard, Ariane s’avoue attirée par Mangin. Pour le policier, c’est une éventuelle suspecte – qu’il a plutôt envie de défendre que d’accabler.

Ariane est confrontée à un témoin, qui ne la reconnaît pas. La piste de l’improbable Eva est-elle plausible ? La mort d’un irascible garagiste concerne-t-elle la même affaire ? Mangin songe un temps à abandonner cette affaire, mais...
Il ne s’agit ni d’une simple enquête, ni de la traque d’une tueuse en série. Ce vrai suspense est aussi troublant que subtil. Le doute plane en permanence sur la probable culpabilité de la suspecte. On comprend l’instinct protecteur de ceux qui ont admis sa singularité. Mais cette histoire n’est pas absolument noire. On sourit également, du héros trop citadin ou de ses hôtes hypocritement bourgeois. Sylvie Granotier humanise les faits plutôt que de les dramatiser. Sa finesse psychologique et sa souplesse narrative sont fort agréables.

GRANOTIER-2"Tuer n’est pas jouer"

Le comédien Michel Leman avoue à un policier qu’il a commis deux meurtres. Difficile à croire, d’autant que l’homme parait dépressif. Aujourd’hui célèbre, Michel Leman revient sur sa carrière qui, depuis cinq ans, a pris un essor international. Tout commence un soir de générale au théâtre de l’Athénée. Par accident, Leman tue un médiocre maître chanteur, Patrick Manchot. Au lendemain de cette soirée où il se montre exceptionnel, Leman se débarrasse du cadavre. Bientôt, une jeune femme s’arrange pour qu’il la remarque. Il s’agit de Juliette Manchot, 23 ans, la fille de sa victime.

Au lieu de la fuir, Michel Leman engage Juliette, qui a su rapidement se rendre indispensable. Entre un tournage en Chine et une interprétation magistrale d’Hamlet à Londres, Leman a besoin d’elle pour s’organiser. Ils se marient deux ans plus tard, mais c’est plutôt un «partenariat». Leman n’est pas insensible au charme du beau Bruno, qui lui rappelle son aventure passée avec le défunt Steve. Bien que ces affaires soient closes, le commissaire Mangin s’interroge toujours sur les décès de Steve et de Patrick Manchot. Il soupçonne plus Juliette que Michel Leman d’avoir causé ces morts.

Leman sait que Juliette dispose de preuves contre lui. Ce qu’il ignore, c’est le but réel de son «épouse». Bruno peut s’avérer un allié fort utile. À moins qu’il ne soit manipulé par Juliette. Celle-ci veut profiter de la gloire de Leman, afin de devenir actrice. Peut-être y a-t-il une part de sincérité dans la prétendue admiration qu’elle affiche pour son mari ? Tous deux signent un contrat : il l’aide à se faire connaître, puis ils divorceront. Un film en duo est en projet. Les succès s’enchaînent pour Leman, mais son état moral empire. Il ne sait que déduire du rapport d’un détective chargé de surveiller Juliette. La contrer, divorcer, ce ne sera pas suffisant : il songe à l’éliminer…

Ce n’est pas un suspense de plomb, mais une intrigue nuancée. Avec la subtilité et la fine ironie déjà remarquée chez Sylvie Granotier. L’ego triomphant et la fragilité du comédien prêteraient à la caricature. Les stratagèmes d’une arriviste seraient trop ordinaires. Comédienne elle-même, l’auteur se surpasse. Elle réussit à nous faire entrer dans la vie (et les doutes) de cet acteur, confronté au grain de sable alors qu’il grimpe vers une gloire méritée. Excellent roman.

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