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29 juin 2010 2 29 /06 /juin /2010 06:09

 

AprèsUn Corse à LilleetArt brut, voici le troisième suspense d’Elena Piacentini :Vendetta chez les Chtis(Ravet-Anceau, 2010). Précisons que les quelques indications suivantes sur le scénario ne sauraient traduire l’ensemble de cette intrigue. Car les péripéties sont ici nombreuses et agitées.

Le commandant Leoni et son équipe de la PJ lilloise sont chargés d’enquêter sur le meurtre d’une jeune femme. Aux abords d’un champs, on a trouvé le cadavre mutilé de Christelle Gallois, employée à l’aéroport. De curieuses marques sont imprimées sur son corps. Expert en matière de religion, un des adjoints de Leoni pense qu’il peut s’agir d’un meurtre rituel, rappelant le sacrifice dédié à Moloch, dieu maléfique. Car, en effet, la victime était enceinte de quelques semaines. Gourou de fanatiques religieux hostiles à l’avortement, Guillaume de Tielt a déjà eu de graves ennuis avec la justice. PIACENTINI-2010L’adjoint de Leoni qui explore cette piste s’aperçoit bientôt que son suspect a volontairement disparu. La police ne peut espérer l’aide du prêtre qui protège Guillaume de Tielt.

Leoni aurait préféré que ce soit son amie médecin légiste Éliane qui s’occupe de l’autopsie. Celle-ci est absente pour cause de voyage romantique avec son amant italien. Éliane a choisi son ami André Duval pour la remplacer. Ce légiste-là, d’une froideur cynique, ne plait guère aux policiers. Éliane elle-même se pose des questions sur le comportement de son ami. Le décès de la mère d’André a-t-il un rapport avec son attitude ? Éliane et son amant interrompent leur séjour au soleil pour se rendre en Normandie, où vivait la famille du légiste. Le couple s’introduit dans la maison de la mère d’André. Éliane s’intéresse vite au cas du frère jumeau de son ami, victime d’une mort tragique alors que l’enfant était interné dans une clinique. Elle obtient de troublants témoignages.

Policier d’Europol, Maxime Guillon suggère à l’équipe de Leoni une hypothèse qui n’est pas à négliger. Depuis de longues années, il s’interroge sur un insaisissable tueur à gages nommé Moloch. Certes, celui-ci pourrait avoir été éliminé, car il n’a plus fait parler de lui depuis quelques temps. Mais le meurtre de Christelle Gallois, suivi peu après d’une mise en scène sanglante dans une petite église de campagne, serait bien dans la manière de ce Moloch. Pour autant, Leoni n’écarte pas la piste des militants anti-avortement. L’intervention chez une des adeptes de Guillaume de Tielt va d’ailleurs mal tourner. Le policier voudrait déterminer le rôle de la journaliste Alice Debruyne dans l’affaire. L’ambitieuse jeune femme est-elle simplement en contact avec le tueur, ou manipulée par Moloch ?

Le tueur fait une autre victime, elle aussi enceinte. La police doit rapidement protéger les femmes répertoriées sur un fichier médical piraté. Parmi elles, figure Marie, la compagne de Leoni. Celui-ci estime qu’il y a trop de zones d’ombre dans cette enquête, trop de pistes divergentes. Se renseigner sur Moloch, c’est approcher certains services secrets. Maxime Guillon ne s’en méfie pas assez. Le nommé Fioraventi, qui en sait trop sur la question, a choisi de se cacher. Mais sa seule chance consiste à s’allier avec Leoni, afin de traquer ensemble Moloch…

On aura compris quelles sont les pistes suivies par les policiers, sur qui se portent leurs soupçons et, en parallèle, ceux de la légiste Éliane. Mais, pour mieux entrer dans cette histoire, il faut retenir d’abord l’état d’esprit de Leoni, ainsi exprimé par sa compagne : ­“Tu vis chacune de tes enquêtes comme un défi personnel. Une fois l’énigme résolue, tu semble enfin être en paix avec toi-même, peut-être même en paix avec les victimes. C’est à elles que tu rends des comptes, n’est-ce pas ?” Leoni s’implique à fond dans ces investigations mouvementées, aussi meurtrières qu’explosives. Il évolue en terrain miné, au risque de retrouver des traces de son propre passé. Fatalement, on dénombrera quelques victimes supplémentaires, dues à Moloch ou à d’autres. C’est plutôt un roman d’action avec de noires facettes qu’une simple enquête policière, que nous a concocté Elena Piacentini. Un suspense énigmatique et tortueux, au tempo rythmé. Ce qui n’empêche pas une part d’humour (“Avec les procédures et les manuels, on trouve toujours quelques imbéciles pour les appliquer à la lettre, sans passer par la case cerveau”). Notons encore un clin d’œil au héros d’Andrea Camilleri. Un roman palpitant, diablement passionnant !

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28 juin 2010 1 28 /06 /juin /2010 06:24

 

Avec l’été arrive le sixième numéro de la revue “L’Indic”, Noir Magazine publié par l’association Fondu au Noir. On est heureux de constater que perdure l’initiative menée par Caroline, Émeric, et leurs amis. Car publier tous les quatre mois un numéro exige plus que de la bonne volonté, une vraie organisation. Même si le thème du “Noir” est large, proposer à chaque fois un éventail d’articles variés n’est évidemment pas si simple.

L'INDIC-6Ce nouveau numéro possède plusieurs atouts favorables. D’abord, les interviews. Auteur de “Retour à la nuit” (aux Éd.Écorce), Éric Maneval évoque sa conception de l’écriture et de ses influences. Un admirateur de G.J.Arnaud (entre autres) a déjà de bonnes références. Dans “La prière du Maure” (Éd.Jigal), Adlène Meddi dresse un sombre portrait de son pays, l’Algérie. Il répond sur ce contexte dans l’interview qui lui est consacré. À l’occasion du festival Mauves en Noir, “L’Indic” a rencontré Renaud Marhic. Il est interrogé sur la collection "Polars & Grimoires", qu’il dirige chez EdB. Rappelons que le prix spécial du Jury Claude Seignolles a été attribué à cette excellente collection lors des Imaginales 2010 à Épinal.

Le dossier principal de ce numéro est consacré aux femmes, aux hommes, à leur place respective, autant qu’à l’image qu’à l’image de la femme dans l’univers du polar. Par ailleurs, on retrouve les rubriques autour de la musique, du cinéma, et des livres choisis par les chroniqueurs. Les ouvrages en question ne sont pas tous strictement du domaine du Noir, mais ils expriment notre époque de diverses manières.

Pour conclure ce numéro, outre une grille de mots-croisés pour experts, “L’Indic” nous offre une nouvelle de Thierry Marignac. Romancier (“Renegade boxing club”) et traducteur (“Racailles”), on avait noté ses qualités en matière de nouvelles dans son recueil “Le pays où la mort est moins chère”.

Pour 5 Euros, on commande “L’Indic” à cette adresse :

Fondu au Noir, 27 rue Anatole Le Braz, 44000 Nantes.

On se renseigne ou on contacte l'association sur le site :

www.fonduaunoir44.blogspot.com

 

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27 juin 2010 7 27 /06 /juin /2010 06:20

 

TEMPLEMARS-2010Un rendez-vous à noter dès à présent pour les lecteurs nordistes amateurs de polars. La ville de Templemars organise son troisième Salon du Polar le samedi 25 septembre 2010 dans l’esprit de ce qui a fait la réussite des précédents évènements. Cette journée, c’est l’occasion d’aller à la rencontre d’une vraie littérature polar portée par le dynamisme des ch’tis, dans une région où les lecteurs sont friands des romans noirs et les auteurs prolifiques.

 

Les auteurs annoncés en dédicaces, salle Henri Desbonnet (6 rue Jules Guesde) de 10h à 19h, entrée gratuite.

Jean-Bernard Pouy, Patrick Raynal, Franck Thilliez, Gérard Streiff, Didier Daeninckx… et autour d'eux plus de 40 auteurs : Eléna Piacentini, J.Wouters, Jean-Marc Demetz, Maxime Gillio, Jeanne Desaubry, Laurence Fontaine, Lucienne Cluytens, Johann Moulin, Stéphane Lefebvre, Sylvain Jazdzewski, Anne Courset Stien, Bernard Thilie, Claude Vasseur, Daniel Grenglet, Dirk Degraeve,  Emmanuel Sys, Eric Lefebvre, Fabien Koralewski, Héléne Calvez, Jean Depreux, José Noce, Lakhdar Belaid, Laurence De Greef,  Marc Fourez, Léo Lapointe,  Maryse Cherruel,  Patrick Samuel Vast, Paul Colize, Philippe Declerck, TEMPLEMARS-2010-2Philippe Govart, Philippe Masselot, Pierre Zylawski, Richard Albisser, Roger Facon, Thaddée Segard, Valéry Coquant, Xavier Gardette...

 

Les conférences. À 11h : Patrick Raynal - La série noire. À 16h : Didier Daeninckx. Les animations pour enfants : lectures interactives pour les enfants de 6 à 10 ans- 3 séances de 14h à 17h (bibliothèque municipale). Jeux d'énigmes (animations gratuites)

La convivialité. De 14h à 18h, un caricaturiste sera présent pour vous croquer le portrait (animation gratuite). De 14 à 19h, l'orchestre "New orléans"-"les espadrilles à moustaches" assurera l'ambiance musicale. Une tombola permettra de remporter de nombreux polars.

 

Contact : Patricia Gautier (Mairie de Templemars,

101 rue Jules Guesde 03.20.58.99.99)

villedetemplemars@wanadoo.fr

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26 juin 2010 6 26 /06 /juin /2010 07:50

 

Voilà moins de deux ans et demi (890 jours, exactement) qu’existe Action-Suspense. Ce vendredi 25 juin, le cap des 100 000 visiteurs a été franchi ! En créant ce rendez-vous quotidien pour les passionnés de polars, je n’aurais jamais imaginé atteindre ce chiffre de fréquentation.

100 000 MERCISJe remercie sincèrement les habitués et ceux qui viennent ponctuellement chercher ici une info, un conseil, une suggestion. Merci à toutes et à tous, de démontrer ainsi que ma démarche n’est pas vaine, que vous aussi aimez la diversité du polar. Je continue à défendre en priorité ceux qui sont moins médiatisés, et tant mieux s’ils le sont un peu plus grâce à mes chroniques. Pour autant, je ne néglige pas quelques best-sellers. Durant tout l’été, Action-Suspense sera présent avec du nouveau chaque jour. Merci de votre confiance.

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25 juin 2010 5 25 /06 /juin /2010 06:08

 

Pourquoi faut-il rééditer les romans d’Émile Gaboriau (1832-1873) ? Parce qu’il fut l’un des grands initiateurs de la Littérature policière, un des pères du roman d’enquête ? Parce que Conan Doyle s’inspira partiellement de M.Lecoq (L’affaire Lerouge) pour créer le personnage de Sherlock Holmes ? Il est vrai que l’impact de Gaboriau fut international : admiré par Valentin Williams, Fergus Hume, Bismarck, Disraeli ; traduit en Angleterre, en Italie, en Espagne, aux États-Unis ou au Japon ; il fut en France admiré par Hippolyte Taine, Francisque Sarcey, Edmond Locard (le fondateur de la police scientifique), Aristide Briand, André Gide, Jean Cocteau, Joseph Kessel, et même Michel Lebrun.

Ce sont là des arguments historiques, mais les meilleures raisons de rééditer l’œuvre de Gaboriau appartiennent aux lecteurs. Quelles sont les deux qualités essentielles de ses romans ? GABORIAU-2010D’abord, comme son collègue et ami Paul Féval, Émile Gaboriau possède un sens narratif exceptionnel. Qu’il décrive une ruelle mal famée un soir de pleine lune, une réunion de bourgeois plus ou moins aisés, une scène champêtre où plane l’ombre d’un mystère, une altercation entre deux protagonistes, un passage explosif, ou les mille questions qui viennent à l’esprit de l’enquêteur, Gaboriau est toujours juste dans sa manière de présenter les choses. Normal, telle est la fonction du romancier, peut-on répliquer. Non, à toute époque, certains auteurs se bornent à exprimer leur vision de l’histoire. Dans l’esprit de Balzac, Gaboriau montre une version réaliste et humaine de ce qu’il décrit. Le public provincial ne connaît pas les immeubles parisiens ? Il en ausculte les particularités. Les lecteurs populaires n’imaginent pas les cercles de l’aristocratie ou de la haute-bourgeoisie de leur époque ? Il leur montre le véritable aspect de ce monde élitiste. Tout apparaît véridique dans les récits de Gaboriau, grâce à cette fameuse capacité narrative. Les personnages et leurs tourments nous touchent d’autant plus qu’ils sont exprimés sans effets inutiles.

La seconde qualité de Gaboriau, ce sont ses intrigues ouvertes. Comme chez Alexandre Dumas et chez Paul Féval, tous les éléments mis en place et tous ceux ajoutés au fil du récit permettent d’avancer dans le mystère. En résumé, tout peut se produire ! Le héros malchanceux connaît une embellie, forcément de courte durée, car un personnage annexe gâche le précieux moment de bonheur, avant que surgisse un nouvel espoir, encore assombri par un sinistre coup du sort. Tout cela n’a rien à voir avec du mélodrame. Ce sont les vicissitudes d’une vie sociale, les aléas des choix et des fréquentations, les risques d’espoirs probablement déçus, etc. Gaboriau n'est pas le dernier a exploiter ce puissant moteur qu'est la vengeance, thème éternel depuis la Bible jusqu'à notre époque. Autrement dit, ce que nous raconte Émile Gaboriau serait toujours juste de nos jours. Le monde a changé, ses défauts et ses tares sont éternellement présents. Un “Expert” de la police actuelle ferait-il mieux que M.Lecoq ? Techniquement, possible. Dans certains détails liés à la réalité des gens, c’est nettement moins sûr.

Sans doute est-ce pour ces raisons qu’il est bon de republier les romans de Gaboriau. Non pas pour quelques références “historiques”, certes dignes d’intérêt, mais pour la justesse de leur narration et de leurs intrigues. L'Affaire Lerouge, Le Crime d'Orcival, Monsieur Lecoq, La Corde au cou ont été réédités dans la collection Labyrinthes. Le Petit Vieux des Batignolles a été republié aux Éd.Liana Levy). C’est aujourd’hui l’éditeur Pascal Galodé qui prend l’excellente initiative de rééditer La vie infernale, dans un volume de 568 pages. L’œuvre de Gaboriau mérite ce genre d’hommage. Les lecteurs auront raison de redécouvrir ce talentueux romancier.

L’éditeur nous propose ce survol de “La vie infernale”, évidemment impossible à résumer tant les péripéties sont riches… «Dans la soirée du 15 octobre 1869, le Comte de Chalusse est frappé d’une attaque dans le fiacre qui le ramenait à son luxueux hôtel particulier de la rue de Courcelles. La domesticité se précipite, et l’on fait venir le premier médecin qu’on a pu trouver. Celui-ci laisse peu d’espoir à mademoiselle Marguerite, jeune fille de 20 ans que le comte a retirée d’un orphelinat quelques années auparavant, et dont on peut supposer qu’elle est l’enfant naturelle.

Au cours de la même soirée, un jeune avocat de famille très modeste, mais d’un brillant avenir, Pascal Férailleur, est présenté par un soi-disant ami, le prétendu Vicomte de Coralth, dans un tripot mondain tenu par une personne assez équivoque, Lia d’Argelès. C’est en réalité un piège tendu par le Marquis de Valorsay, un viveur criblé de dettes à qui le Comte de Chalusse, ignorant l’état de ses finances, a promis la main de Marguerite avec une dot de deux millions. Cependant, et pour arriver sans encombre à ses funestes fins, Valorsay a décidé d’éliminer Férailleur ; en effet, le jeune avocat et Marguerite éprouvent l’un pour l’autre des sentiments, sans que le Comte de Chalusse ne sache rien de cette chaste idylle.

Férailleur est alors entraîné dans une partie de cartes et, accusé d’avoir triché sans pouvoir prouver son innocence, voit sa carrière désormais brisée. Comprenant d’où provient le coup, il fait croire à tout le monde son brusque départ pour l’Amérique et, avec sa mère, s’installe sous un faux nom dans un quartier éloigné, d’où il va pouvoir, tel Monte Cristo, préparer sa vengeance et sa réhabilitation. Apparences, illusions, faux nez, ce livre plonge le lecteur dans les ténèbres de l’esprit humain ; esprit dans lequel peuvent naître les forfaitures les plus inattendues et pour qui la félonie et la trahison s’avèrent une qualité. Roman de l’argent et du chantage Gaboriau tisse sa toile où il mêle, mais aussi démêle, habilement personnages et traits humains pour donner une fresque révélatrice d’un Paris du Second Empire bientôt à la veille de la Commune, avec ses rues, ses bas-fonds, ses estaminets, sa police, ses hôtels, ses maisons de jeux, son peuple.»

- Le premier tirage de cette édition comporte des coquilles en grand nombre, suite à une erreur. L'éditeur s'engage à compenser ce désagrément, pour toute personne en faisant la demande. - 

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23 juin 2010 3 23 /06 /juin /2010 07:30

 

Landowski est de retour dans Belle-Île amère (Éd.Bargain, 2010). Cette nouvelle aventure du héros créé par Serge Le Gall s’avère à la fois sombre, mouvementée et palpitante.

Le commissaire Landowski est un habitué des affaires dangereuses. Telle cette mission à la frontière du Pays Basque, où il récupère chez un ancien ministre espagnol des dossiers sensibles. Peu après, il est la cible d’un tir d’intimidation, mais ne se laisse pas effrayer. Quelques temps plus tard, Landowski se trouve à Quiberon lorsqu’il est avisé qu’un meurtre vient d’être commis en face, à Belle-Île. Reporter chevronné, baroudeur de l’information, Robert Draner séjournait sur l’île. Il avait rendez-vous avec une personne pouvant le renseigner sur son enquête en cours. Piégé par un individu fantomatique exigeant qu‘il lui donne son dernier carnet de reportage, Draner a été torturé avant d’être exécuté. LE GALL-2010Sur le lieu du crime, Landowski ne croit guère à un simple crime crapuleux, même si la carte bancaire de la victime a été volée et débitée.

Pour essayer de comprendre, le policier reconstitue l’ultime trajet de la victime. Il entre bientôt en contact avec Julieta, journaliste pour une revue associative de Buenos Aires et enseignante. Le jeune femme avait rencontré Bob Draner en Argentine, l’aidant à recueillir éléments et témoignages. Son enquête portait sur la période de la dictature militaire et sur l’Opération Condor. Le voile n’est pas entièrement levé sur les “disparitions” de milliers de personnes torturées. Plus particulièrement, Draner s’intéressait aux enlèvements d’enfants d’opposants politiques éliminés, qui furent “adoptés” par des familles de militaires. Julieta accompagnait le reporter, pensant retrouver à Belle-Île la trace d’un ancien tortionnaire. Sans doute est-ce celui-ci qui agresse violemment la jeune femme dans sa villa de location. Hospitalisée, Julieta affirme à Landowski qu’elle ignore où Draner a planqué le dossier en question. Peut-être cache-elle ce qu’elle sait.

Julieta est attaquée par le même individu à l’hôpital. Landowski repère l’homme sur le port de Palais, le pourchasse, mais le perd. Grâce à son ami Ange, le policier obtient quelques détails supplémentaires. Octogénaire, ancien douanier habitant à La Trinité-sur-Mer, l’oncle Eugène restait la seule famille de Draner. Celui-ci ne s’oppose pas à ce que Landowski consulte les carnets de son neveu. Mais il y manque quelques pages, probablement les plus accusatrices. Sur l’île, Landowski et Julieta se font volontairement remarquer afin d’attirer l’ex-militaire argentin. Ce dernier continue à supprimer les témoins gênants. Toutefois, une autre ombre venue d’Argentine rôde à Belle-Île, et trouve finalement une alliée, hostile depuis longtemps aux actes de l’ex-tortionnaire. Landowski cherche toujours les preuves photographiques irréfutables déterrées par le reporter…

Rappelons que le policier Landowski est un flic pur et dur, sans compromission avec les hors-la-loi. Mais c’est aussi un humaniste, détestant les injustices. S’il est un cas historique où fut bafouée la dignité des populations, c’est bien au temps de la dictature de la junte militaire argentine. Enlèvements, sinistre souvenir de l’ESMA où furent emprisonnés et torturés tant de gens, mort cruelle des opposants jetés d’avions, trafic d’enfants, et toutes les facettes de la terrible Opération Condor, exécutée par les fascistes latino-américains et pilotée par les Etats-Unis. Cette dramatique page d’histoire récente sert de toile de fond à ce roman, en détaillant avec précision certains aspects. Ce qui donne une évidente force au récit. Les investigations de Landowski sont riches en péripéties, en noirs mystères et en hypothèses, le menant jusqu’à la Pointe des Poulains, à Belle-Île, pour le dénouement. Un très bon suspense.

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22 juin 2010 2 22 /06 /juin /2010 08:35

 

Mystères en Bretagne, pour le premier roman de Guillaume Béchard "Abers amers", qui sort chez Pascal Galodé editeurs. Petit résumé, autour d'un mariage qui vire au carnage...

Bouquiniste et journaliste, Erwan est un rennais d’une cinquantaine d’années. Son vieil ami Raoul de Tregarec l’invite au mariage de sa fille Haude avec Patrick de Poulfanc, dans sa propriété finistérienne. BECHARD-2010Pour Erwan, c’est l’occasion de se souvenir de ses années estudiantines. Ils formaient un groupe d’amis défenseurs de la culture bretonne, avec Corentin Kerniel, Dominique Frugy, Raoul, et leur égérie Vefa de Lansulliac. S’affichant toujours dans l’esprit militant, Corentin est devenu banquier. Dominique dirige un magazine, auquel Erwan a longtemps collaboré. Quant à la riche Véfa, elle vit largement de la vente progressive de ses biens. Ce n’est pas le cas de son cousin Raoul, châtelain désargenté. Certes, la belle-famille de sa fille ne compte que de détestables parvenus friqués. Raoul espère pour ses fils un avenir plus brillant, peut-être illusoire.

Erwan a sympathisé avec Annick, qui tient le bistrot local Chez Marguerite. D’un milieu modeste, la jeune femme s’épanouit ici. Après la messe de mariage, où se mêlent petite aristocratie et officiers de la Marine, vient la fête au manoir de Tregarec. Outre le vieil employé Sezni, c’est Annick qui assure le service. Erwan, Vefa et Dominique se regroupent, sans que Corentin se joigne à eux. Soudain, le mariage bascule dans le drame. Aux tables d’honneur, vingt-huit invités sont victimes d’une intoxication alimentaire. Malgré l’arrivée des secours, on ne sauve que provisoirement la mariée. Famille, nobliaux, officiers, sont décimés par un plat empoisonné. Le policier chargé des premières constatations est Arsène Le Bodiec, vieil ami d’Erwan qui le considère comme un fin limier. Il est assisté du flic Lagadu qui, lui, porte un regard suspicieux sur tous les survivants. Il est possible que l’affaire soit accidentelle, des gamins ayant joué avec du poison.
Vefa et Erwan décident de tenter la vie de couple, entre le château de Lansulliac et Rennes. Chez son amie, le bouquiniste pourra consulter la documentation paternelle, afin d’établir un ouvrage généalogique sur cette famille. C’est Vefa qui organise la cérémonie des obsèques pour toutes les victimes. L’enquête se poursuit, Vefa étant interrogée en tant que cousine du défunt Raoul. Larsonnec, vieil officier de Marine rancunier, s’accuse d’avoir empoisonné ces gens dont il était jaloux. Mais son cas relève davantage de la psychiatrie que de la justice. Par Arsène Le Bodiec, Erwan a pu suivre l’évolution du dossier. Le rapport officiel policier amène à clore l’affaire, ce que confirme bientôt une décision judiciaire. Tandis qu’Annick hérite du bistrot Chez Marguerite, Arsène est désormais un heureux retraité. Le couple Vefa et Erwan entretient de bonnes relations avec ces derniers. Pourtant, Erwan s’interroge toujours sur le drame. Un élu local haïssait-il Raoul au point de supprimer l’ensemble des convives ? La généalogie va ouvrir une piste capitale pour Erwan…
Sans doute peut-on parler de “polar régional”, puisque l’histoire est ancrée dans des références bretonnes. D’ailleurs, le fond de l’intrigue s’inspire d’une légende traditionnelle. Si le décor a son importance, c’est bien à travers les personnages que ce suspense trouve son meilleur atout. Issus de familles aristocratiques de souches anciennes (ou plus récentes), ce sont eux qui créent le contexte. Raoul sauve les apparences, Dominique est le plus authentiquement noble du groupe, Vefa ne sait que faire de sa fortune, et le banquier se nomme Kerniel (!). Sans oublier le côté villageois, avec le bistrot d’Annick et ses habitués. Une ambiance bien restituée, dans tous les cas. Même si Erwan reste un détective amateur dilettante privilégiant sa propre vie, et bien que l’enquête n’aboutisse guère, la vérité arrivera discrètement. La tonalité assez enjouée du récit rend ce roman fort agréable à lire.

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21 juin 2010 1 21 /06 /juin /2010 06:25

 

C’est à Noirmoutier que Mary Lester, l’héroïne créée par Jean Failler, vit une nouvelle aventure agitée, dansCasa del Amor(Éd.du Palémon, 2010).

Capitaine de police à Quimper, la jeune Mary Lester est chargée d’une discrète mission par son “ami” Mervent, conseiller du ministre de l’Intérieur. En ce mois de septembre, Mary va séjourner dans l’île de Noirmoutier. L’affaire risque d’être sensible, car elle touche la famille du sénateur Gédéon Bélier. L’employée de maison de Mme Helder, sa belle-mère, a été victime d’un empoisonnement suspect qui l’a juste incommodée.

FAILLER-2010-1Ça commence mal pour Mary, victime d’un incident sur le Passage du Gois. C’est en scooter qu’elle débarque à l’hôtel de luxe où elle va résider. Elle se rend rapidement au manoir de la Moineaudière, où habite Mme Helder. Toutefois, avant d’y pénétrer, Mary remarque une petite maison insolite au coin du domaine, en bord de mer : la Casa del Amor. Celle qui vit là, Marie-Ange Marescot, n’est autre que la belle-sœur de Mme Helder, et la vraie propriétaire du manoir. Veuve depuis longtemps de Jules Marescot, frère de Mme Helder, cette ancienne serveuse du Bar de la Marine est évidemment détestée par sa belle-sœur. “Aversion réciproque” entre ces femmes, même si Marie-Ange a hérité bien moins que Mme Helder de la fortune Marescot.

Le premier contact entre Mary et la descendante d’une riche famille de pharmaciens nantais est sans chaleur : “Mme Helder était une octogénaire fort coquette, fort bien maquillée et ses lèvres ointes d’un rouge sombre ressortaient comme une fleur vénéneuse sur sa peau blafarde. Ses yeux celaient autant de chaleur qu’une paire de glaçons juste sortis du congélateur. D’emblée, Mary ressentit plus qu’une antipathie à son égard, plutôt une répulsion, un peu comme lorsqu’on croise une araignée ou un serpent.” Ayant fait l’historique de sa famille, Mme Helder accuse sa belle-sœur d’avoir voulu l’empoisonner.

Une version qui s’oppose à celle de Marie-Ange Marescot. Très heureuse de vivre dans sa villa, bâtie par un amant argentin fréquenté après le décès de son mari, Marie-Ange se montre moins vindicative que sa voisine. À cause de l’incident du Passage du Gois, Mary est bientôt suspectée par la gendarmerie. Ce qui lui permettra plus tard de fraterniser avec le gendarme Boissier. Entre-temps, un appel anonyme accuse Marie-Ange de détenir de l’arsenic, mais la perquisition ne donne rien. Il est vrai que Mary a écarté le danger peu avant.

Au Bar de la Marine, l’enquêtrice recueille les confidences des vieux clients au sujet de la famille Marescot et de Marie-Ange, fille de l’île toujours appréciée. La gendarmerie retrouve finalement l’arsenic, mais les empreintes d’une jeune fille simplette pourraient lui causer des ennuis. Pour la policière, il s’agit de définir qui a manigancé quoi, et dans quel but…

C’est une fois encore avec plaisir qu’on suit les aventures de Mary Lester. Au-delà du simple roman d’enquête, la jeune femme aime découvrir des lieux et surtout des personnages. Noirmoutier constitue effectivement un décor plein de charme, en particulier à travers ses propriétés anciennes, souvent résidences secondaires de notables nantais. Outre le tourisme, l’activité des marais salants et l’ostréiculture font aussi partie de la vie locale. Quant aux protagonistes de l’affaire, totalement opposées, l’une s’avère aussi détestable que l’autre est sympathique. Deux conceptions de la vie, peut-être pas si caricaturales. À la façon de Simenon, l’auteur s’applique toujours à nous présenter des gens au plus près de la vérité. On ne s’ennuie jamais avec l’intrépide Mary Lester, qui sait faire preuve d’humour parfois mordant. Grâce à une belle souplesse narrative, première qualité de Jean Failler, la fluidité du récit est entraînante.

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