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5 août 2010 4 05 /08 /août /2010 06:03

 

Pour son deuxième roman paru en juin 2010 aux Éditions Nuits Blanches, Roch-Alexandre Kursner nous invite à un retour vers le passé. C’est dans un milieu aisé que se situe l’intrigue de Tuer le temps n’est pas un crime.

Dans les années précédant 1960, la famille Salvan de Allart appartient à la haute bourgeoisie. Henri, le père, est industriel dans la fabrication de papier. Mathilde, la mère souffrante, est régulièrement suivie par le Dr Granotier. Ils ont deux filles, les jeunes Blanche et Belle, dignes de leur condition sociale. Blanche pratique le violon, que lui enseigne Gaetano Sforza. Belle apparaît plus secrète et solitaire, se réfugiant parfois dans la petite chapelle de la propriété. Au manoir Les Ormeaux, ils sont servis par la cuisinière Mlle Hortense et par M.Maurice, chauffeur et factotum. C’est par hasard que Blanche et Belle font la connaissance de Gilles Artaud-Deville et de Marc-André Rossignol, deux fils de bonnes familles. Le second est l’héritier d’un riche raffineur sucrier. Ces garçons et filles du même monde ne cachent pas leur attirance mutuelle.

KURSNER-2010La mère de Gilles s’est renseignée sur le pedigree de celle qui plait tant à son fils. Sans doute n’est-elle que la fille d’adoption des Salvan de Allart. Néanmoins, il existe un mimétisme entre Blanche et Belle, qui gomme le fait qu’elles ne sont pas réellement sœurs. L’histoire personnelle de son aimée n’entame pas les sentiments de Gilles. Comme il se doit, Mathilde Salvan de Allart organise un dîner mondain afin de rapprocher les familles. Son mari connaît déjà le père de Marc-André, M.Rossignol. La famille Artaud-Deville fait partie de leur milieu. C’est ainsi que six mois plus tard, Blanche mariée à Marc-André et Belle ayant épousé Gilles, les deux couples s’envolent pour l’Amérique. En effet, les jeunes maris ont tous deux obtenu un poste à Chicago. Le seul malchanceux est Sforza, qui doit abandonner le violon à cause de soucis de santé.

Cinq ans plus tard, Blanche est de retour au bercail. Sa mère est décédée voilà quelques mois. Elle-même a traversé une série de drames, qui ont interrompu son séjour en Amérique. Après un détour par le cimetière, elle retrouve Henri Salvan de Allart au manoir. Si Mlle Hortense est toujours là, un certain Arsène a remplacé Maurice. L’industriel héberge désormais son cousin Brice Barlanvoy, colonial revenu d’Afrique. Surtout, le père de Blanche a déjà une nouvelle compagne, Faustine. La jeune femme pourrait être déroutée par le climat qui règne au manoir. D’autant qu’elle est bientôt menacée par Bucéphale, le chien de Brice. Sa maturité et son caractère secret l’aident à faire face…

Quelques beaux atouts à relever dans ce roman psychologique, le deuxième de l’auteur. D’abord, nourri d’une culture polar basée sur les meilleurs romans traditionnels, R.-A.Kursner adopte une forme classique, au texte soigné. On sent le plaisir d’écriture, avec une bonne fluidité narrative, images et vocabulaire étant choisis. Ensuite, c’est avec une certaine subtilité qu’il parvient à reconstituer l’ambiance de l’époque, fin de la décennie 1950. En effet, la bourgeoisie aisée d’alors avait ses codes, ses rites, qui ne sont plus les mêmes aujourd’hui. On y pratique toujours une semblable hypocrisie, mais plus selon les conditions de ce temps-là. Le rapport avec les domestiques n’en est qu’un exemple. La juste description du village à l’ancienne nous replonge dans le passé, avec une part de nostalgie. Enfin, l’intrigue ne développe pas un pesant suspense criminel, mais fait plutôt planer un mystère diffus, ce qui est fort agréable à lire.

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4 août 2010 3 04 /08 /août /2010 06:11

 

Direction le Québec, avec un excellent polar noir de Michel Vézina publié dans la collection Coups de tête des Éditions Les 400 coups : Sur les rives (2009).

Reporter indépendante au Québec, Mélanie Bonne s’intéresse principalement à des dossiers tordus. L’affaire venant de se produire à Rimouski appartient à cette catégorie. Quand le cadavre d’une femme mutilée a été découvert à l’Anse-aux-Sables, on a alerté le policier Charles Lesage. Celui-ci a immédiatement reconnu le corps de son ancienne amante, Adèle. Trente-deux ans plus tôt, Lesage tomba éperdument amoureux de cette femme, dont la réputation de prostituée n’était pas usurpée. Adèle disparut à l’époque, suite à l’incendie de son hôtel. L’enquête sur sa mort s’annonçait pénible, les meurtres étant rares dans cette région située à trois cent vingt kilomètres au nord-est de la ville de Québec. Quand Lesage retrouva les morceaux manquants du cadavre d’Adèle sur son bateau, il fut certain d’être visé. Après une longue abstinence, il se réfugia dans l’alcool. Son supérieur et ami, le capitaine Bélanger, ne doutait pas de son innocence. Quand l’assassin apparut, détaillant les sombres raisons de son crime, l’affaire vira au drame malgré l’intervention intuitive de Bélanger.

VéZINA-2009Mélanie se rend à Rimouski afin de cerner le contexte, écoutant, prenant le pouls sans poser de question. Les gens de la région n’aiment pas que des journalistes ne s’intéressent à eux que lorsque des drames surgissent (…) L’ambiance est d’ailleurs plus anglo-saxonne que latine. Étrange pour une petite ville où personne ne parle autre chose que le français. Les coiffures sont soignées, les vêtements propres, les sourires rares. Rimouski est une petite ville bourgeoise, propre sur elle. Le capitaine Bélanger accepte de rencontrer Mélanie, qui cite un cas identique s’étant produit à Moncton quelques années auparavant. Le policier répond qu’une nouvelle affaire similaire vient de se produire à Provincetown. Conclure à une série criminelle est pourtant prématuré.

Natif d’Haïti, Faustin Robert se présente comme enquêteur itinérant. Voyageur au passé compliqué, il dépend du NYPD, la police de New York. À Cuba, à Miami, Faustin a recensé plusieurs autres affaires identiques. Des meurtres semblables peuvent encore se produire au Canada. Entre son amant Jimmy, rasta blanc rimouskois, et le marginal Pierrot, un mystique déjanté, Mélanie n’avance guère dans son enquête. Elle a tendance à abuser de l’alcool et, surtout, de la drogue. On apprend que des nouveaux cas au scénario identique ont eu lieu à Carleton, puis à Baie-Comeau. Bélanger, Mélanie et Faustin suivent ces affaires de près. Déterminer ce qui relie ces crimes n’a rien d’évident. Est-ce parce qu’ils ont trop approché la vérité que Bélanger et Mélanie risquent d’être empoisonnés ?…

Voici un roman (et un auteur) québécois que les lecteurs francophones amateurs de noirceur doivent absolument découvrir. Il mérite vraiment le qualificatif de polar noir. Ce sont des personnages forts, au vécu souvent tourmenté, qui animent cette intrigue. Même si le climat dense est assez glauque, le sujet est bien plus subtil qu’une banale histoire de serial killer. Grâce à la tonalité vive du récit, on est tout de suite embarqués dans une étrange suite criminelle, racontée avec la nervosité nécessaire. Des tripes, du sang, du mystère, du danger, tels sont les ingrédients indispensables. La ville canadienne de Rimouski existe, avec un lieu nommé Pointe-au-Père (ce qui a pu inspirer l’auteur). Soulignons le savoureux réalisme des dialogues, usant avec malice du parler authentique : Ça sent la marde ! J’l’ai connue, moé, Adèle… Je l’savais qu’a l’était pas morte. Un jour ou tard, a l’allait revenir. A l’avait encore des affaires en suspens, moé j’pense. Sourires aussi dans les titres allusifs de chaque chapitre. Un polar de très belle qualité !

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4 août 2010 3 04 /08 /août /2010 05:00

Ni un tempo rock, ni l'hymne Québécois, juste une chanson que j'aime.  

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3 août 2010 2 03 /08 /août /2010 06:09

 

Un suspense à découvrir aux Éditions JBz & Cie, Siècle bleu de Jean-Pierre Goux. Un survol de l’intrigue est nécessaire avant d’en dire davantage.

Les Américains doivent retourner s’installer sur la Lune. Telle est la volonté de Cornelius Fox, le plus influent financier du pays. Le projet de son assistant Mike Prescott consiste à y exploiter une énergie nouvelle, l’Hélium3. Encore faut-il parvenir à manœuvrer le Président des Etats-Unis. Beaucoup de temps a été perdu sans résultat, ces dernières années. Or, on sait que les Chinois préparent également une mission lunaire visant la suprématie sur le satellite de la Terre. Cette fois, même s’il se montre d’abord réticent, le nouveau président élu est conscient des enjeux de l’Hélium3. Robert Carlson va concrètement soutenir le programme Constellation. Cornelius Fox impose Mike Prescott dans le poste de Secrétaire d’État à la Défense, afin de contrôler l’opération baptisée Aleph. Ayant subi divers aléas, le projet renommé Odyssey arrive quand même à son terme.

GOUX-2010L’organisation écologiste Gaïa se distingue de celles fondées précédemment, en pratiquant un activisme spectaculaire. Exemple, le coup d’éclat mené par João au Japon pour dénoncer publiquement la chasse aux dauphins, car ce pays ne se contente plus de tuer illégalement des baleines. Gaïa reste un groupe très secret sur lequel les autorités internationales ont peu de détails. À sa tête, Abel Valdéz Villazón est un jeune scientifique ayant rassemblé des volontaires convaincus qu’il faut agir avec force pour sauver l’humanité. Il a installé sa société au cœur du désert américain, dans les anciens locaux expérimentaux de Biosphère2. Même sa compagne Lucy ignore son implication dans Gaïa. La mystérieuse bibliothèque d’Abel lui donnerait les clés pour saisir l’engagement écologiste de celui-ci. Les scientifiques employés par la société d’Abel sont assez mitigés sur les méthodes de l’organisation Gaïa, dont les provocations agacent les états.

Peu de temps avant que les Chinois soient prêts, les Américains lancent leur fusée vers la Lune. Parmi l’équipage, se trouve le meilleur ami d’Abel, Paul Gardner. Réalisant son rêve éternel, Paul va commenter toute la mission sur son blog, ce qui lui accorde déjà une certaine notoriété. L’alunissage s’est déroulé dans de bonnes conditions. Peu après, la NASA perd le contact. Il s’avère que la base lunaire a été détruite dans une explosion accidentelle, causée par un matériel destiné à intercepter la fusée chinoise. L’équipage est mort. Ne pouvant afficher la scandaleuse vérité, le Président Carlson et les militaires du Pentagone prétextent une autre version. On évoque un attentat, provoqué par l’organisation Gaïa. Ayant perdu son ami Paul, Abel est doublement sous le choc.

Gardant le secret sur Gaïa vis-à-vis de Lucy, Abel et sa compagne vont essayer de comprendre ce qui se produit. Les installations du vieux Professeur Pungor, dirigées vers l’espace, pourront aider le couple. Lors des obsèques officielles, Abel s’aperçoit qu’il y a un survivant sur la base lunaire, dont les autorités ne parlent pas. Tandis que continue la traque des membres de Gaïa, Abel tente de décrypter avant la NSA les signaux codés venus de la Lune. Protéger Janie Tyler, la fillette du survivant, pourrait compliquer les choses pour Abel. En parallèle, les Chinois ne restent pas passifs. Adepte de la spiritualité chamanique, Abel espère que l’esprit de Ké l’aidera à trouver assez de vigueur pour disculper Gaïa. Le souvenir de son meilleur ami constitue une motivation supplémentaire…

Bien sûr, le nom de Gaïa vient de la déesse grecque personnifiant la Terre-mère, mais surtout de l’hypothèse Gaïa due au chimiste anglais James Lovelock. Elle vise l’équilibre harmonieux entre tous les êtres vivants de notre planète. C’est donc entre activisme et utopie que se situent Abel et ses amis militants. Face à des Américains experts en conspirations (on nous en donne quelques exemples), cultiver le secret ne suffit plus quand ils sont comparés au terrorisme islamique. Bien qu’Abel soit expérimenté (il a dupé les mafieux s’étant attaqués à sa famille autrefois), c’est contre le pouvoir des Etats-Unis que la partie se joue pour lui.

Dès que l’on envisage un équilibre écologique mondial, le propos semble forcément utopique, voire légèrement naïf. Comme chacun sait, la destruction est plus rentable que la paix universelle. Néanmoins, il n’est pas interdit de cultiver l’espoir d’un monde plus juste et plus protecteur de la nature. Sourions d’une petite astuce : Gaïa, Abel, Lucy, Paul, João, les gentils se reconnaissent ici à leur nom en quatre lettres. Utilisant des repères scientifiques documentés, l’auteur nous entraîne dans une aventure à suspense plutôt réussie. Peut-être la mise en place des éléments de l’intrigue donne-t-elle une entrée en matière un peu longuette. Quand démarre l’action proprement dite, le tempo narratif est bien rythmé. Bien plus complète que dans le résumé qui précède, l’histoire est solide et mouvementée. On est bientôt captivé par les péripéties. Une suite est annoncée ? On la lira sans nul doute avec autant de plaisir…

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2 août 2010 1 02 /08 /août /2010 06:12

 

La seconde édition du Festival Polar de Roissy-en-Brie s’annonce d’ores et déjà comme un feu d’artifice d’initiatives : du cinéma, des spectacles, des expos, des rencontres, 70 auteurs et des livres par milliers… Avec, cette année, une extension à la ville de Pontault-Combault. Du 1er au 10 octobre 2010, dix jours placés sous le signe du suspense. Un 2e Festival parrainé par Jean-Bernard Pouy, qui succède à Didier Daeninckx.

Parmi les animations proposées, notons l’exposition du peintre de polars Roland Sadaune, intitulée "Palette Noire", à la Grande Halle de Roissy-en-Brie.

POLAR-RoissySALON DU LIVRE – 9 & 10 octobre - Grande Halle de la Ferme d’Ayau

Romans, nouvelles, biographies, essais, bandes dessinées, littérature Jeunesse… 70 auteurs seront présents. Avec eux, vous pourrez discuter de leurs œuvres, de leurs sources d’inspiration, des métiers liés à la littérature… Et, bien sûr, ils se feront un plaisir de vous dédicacer leurs livres. Les auteurs annoncés :

Sylvie Granotier, Nadine Monfils, Chantal Montellier, Jeanne Desaubry, Caroline Sers, Catherine Diran, Sophie Loubière, Laurence Biberfeld, Christine Beigel, Marie-Claude Devois, Dany Bayles Ribes, Monique Le Dantec, Genèv Dumaine, Gisèle Meunier, Patricia Osganian, Corinne Sauze, Elisa Vix, Jean-Bernard Pouy, Gérard Alle, Jérôme Bucy, Gilles Bornais, Patrick Bard, Gilles Del Pappas, Michel Leydier, Thierry Crifo, Gérard Delteil, Serguei Dounovetz, Gérard Streiff, Laurent Fétis, John-Erich Nielsen, Max Obione, Christophe Costantitini, Pierre Filoche, Jean-Luc Le Pogam, Roger Martin, Jacques Mondoloni, Sébastien Rutès, Roland Sadaune, Serge Scotto, Alain Bron, Antoine Blocier, Christophe Alliel, Jean-Luc et Didier Arlotti, Bernard Boudeau, Jacques Bullot, Pascal Candia, Yves Bulteau, Pierre Cherruau, Benjamin Carré, Nicolas Cassagnau, Christian Chatillon, Paul Colize, Gildas Girodeau, Philippe Jussiaux, Jean-Pierre Larminier, Guillaume Lebeau, Thierry Lefèvre, Laurent Luna, Maclo, Jean-François Maillet, Mathieu Mariolle, Pierre Meige, Pierre Mikailoff, Johann Moulin, Joseph Ouaknine, Jean-Marc Pitte, Christian Robin, Jean-Paul Sermonte, Christophe Tembarde, Gilles Verdet, Laurent Whale, Alain Vince.

Tous les détails, toutes les animations :

http://www.festivaldupolar.com/wp/

 

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1 août 2010 7 01 /08 /août /2010 06:02

 

Née en 1938, Sandra Scoppettone connaît une belle notoriété en France depuis les années 1995-1999, grâce à sa série de suspenses ayant pour héroïne Lauren Laurano. Il ne faudrait pas occulter d’autres titres, tout aussi intéressants. Par exemple, "La mort dans l’art", roman fut initialement publié sous la signature de Jack Early, de même que "Petite musique de mort" et "Donato père et fils". Autre noir suspense très intense bien que moins connu, "De peur et de larmes" mérite également d’être apprécié.

SCOPPETTONE-1"La mort dans l’art" : New York, au début des années 1980. Ex-policier, Fortune Fanelli est détective privé. Divorcé, il élève seul ses deux enfants, dans son quartier natal de SoHo. Il est contacté par Charles Horton, qu’il ne connaît pas. C’est le cadavre de Jennifer, nièce d’Horton, qu’on vient de trouver dans la vitrine d’une boutique de SoHo. La jeune fille était à la recherche de son frère Patrick, 15 ans. Ce dernier, disparu depuis quelques semaines, avait fui sa famille. Horton engage Fanelli pour retrouver son neveu.

Le père de Jennifer et Patrick est un homme dur et glacial. Son épouse lui est trop soumise. C’est à cause de cette rigidité que leurs enfants ont quitté le New Jersey pour New York. Ni la proviseur, ni les parents n’ont compris que Jennifer prenait de la cocaïne. Fanelli remarque la pure beauté de Patrick. Un physique attirant les homos, mais l’adolescent détestait les gays. Son oncle Charles en fait partie. Tout comme Robert Sheedy, l’artiste peintre qui recueillit le jeune garçon à New York. Ce qu’ignorait Patrick. Homos, pas pédophiles, Horton ou son ami Sheedy n’auraient pas fait de mal à Patrick. C’est plutôt du côté des galeries d’art que Fanelli doit enquêter. Quand il se fait sérieusement assommer, le privé soupçonne le nommé Doug Fanner. Il a confirmation que c’est un dealer de drogue, et qu’il possédait la clé de la boutique où Jennifer fut découverte. On trouve le corps de Fanner dans la galerie d’art de Sarah Barber, dont il fut un moment l’amant. Mais c’est à l’Eurogallery que Fanelli déniche la vérité…

Quatre atouts principaux : une véritable histoire de détective privé; le décor new-yorkais (de l’époque) décrit avec affection; l’homosexualité évoquée sans caricature ni tabou; un humour fort agréable (fantasmant sur Meryl Streep, Fanelli tombe amoureux de son sosie). Notons encore le regard de l’auteur sur le monde artistique de New York, aussi commercial que souvent superficiel.

SCOPPETTONE-2"De peur et de larmes" : Âgée de 42 ans, Lucia Dove est shérif en Virginie. Avec son adjoint Jack Fincham, elle enquête sur la disparition d’une ado, Julie Boyer. Celle-ci avait ses secrets. Elle fréquentait Buster Clark, un voyou. Et puis, elle correspondait par Internet avec un jeune homme de Floride, Lyle Taylor. D’ailleurs, celui-ci se trouve dans les parages. Interrogé par la police, Taylor nie d’abord. Il finit par admettre avoir rencontré Julie. Maladroit, il n’a pas su la retenir. Mais il n’avoue pas l’avoir enlevée ou tuée.

Le cadavre de Julie est retrouvé. Mike, ex-mari de Lucia Dove, appartient au FBI. Leurs rapports restent conflictuels. Selon lui, plusieurs meurtres non élucidés ressemblent à celui de Julie – dont un en Floride, près de chez Lyle Taylor. Lucia et Jack se rendent dans cette région. Pour eux, c’est l’occasion de s’avouer leurs sentiments amoureux mutuels. Jack ne veut plus vivre avec Bonnie Jo, sa femme alcoolique. Peu après leur retour, Jack découvre son épouse pendue chez eux. Il croit à un suicide, mais cela semble être un meurtre. Jack est vivement suspecté. Devinant que Lucia et Jack sont amants, Mike défend cette hypothèse. Deux sœurs sont assassinées, selon la même méthode que pour Julie et les précédentes. Des indices accusent Jack de ces trois récents meurtres. Il est déstabilisé, mais se dit innocent. On apprend que Bonnie Jo avait un amant, l’introuvable Bernard Zanville…

Si l’on peut envisager longtemps la culpabilité de tel ou tel suspect, la réalité apparue en filigrane s’impose progressivement. C’est dire que la narration est maîtrisée. Les personnages sont réellement décrits avec subtilité. Loin des thrillers formatés ou aseptisés, cette histoire apparaît vivante et crédible.

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31 juillet 2010 6 31 /07 /juillet /2010 06:01

 

Né à Narbonne en 1919, André Héléna vit une jeunesse bohème avant de publier ses premiers romans noirs en 1949 : Les flics ont toujours raison et Le bon Dieu s’en fout. A l’époque, on le considère comme un besogneux, productif mais peu fiable. Jusqu’en 1955, il est exploité par des éditeurs douteux. Il écrit de nombreux romans, signés de son nom ou sous pseudonymes. Il s’agit d’histoires sombres, ayant pour héros des malfrats médiocres aux destinées fatales. La pègre y est présentée sans concession. Les intrigues sont simples et solides. La narration entraînante évite les fioritures, dans un langage direct. A lire : le cycle Les compagnons du destin (1952-53), neuf romans indépendants. Plus souriante, la série L’aristo (16 titres, 1953-55) est très plaisante. D’autres romans ou séries (dont Le gars Blankie ou La môme Muriel) signés de pseudos sont moins rigoureux. Les scénarios ordinaires, parfois mal maîtrisés, jouent sur l’ambiance du monde des truands.

ANDRE HELENAEn 1955, il co-écrit la novellisation du film Interdit de séjour (1956, La Chouette), dont il est co-scénariste. Pour La Chouette, il crée l’avocat Valentin Roussel. Dix-sept aventures sont publiées, de 1956 (Ces messieurs de la famille) à 1961 (Des fruits, des fleurs et du plomb). Il s’agit d’agréables comédies policières à suspense, souriantes et rythmées. Pour les cinq premiers titres, l’auteur est "encadré" par Simone Sauvage puis Claire Cailleaux. Cette série est signée Noël Vexin. Sous son nom, André Héléna publie dans la même collection des romans plus noirs : Peinture au couteau (1958), En cavale (1959), Le filet (1959). En parallèle, il écrit des romans érotiques, pour la plupart signés Alex Cadourcy, et probablement des pornos (non identifiables). A noter, un très bon roman noir Les clients du Central Hôtel (1959, coll. La Grenade).

Le Fleuve Noir accueille enfin André Héléna en "Spécial-Police", avec Par mesure de silence (1965). Pour cette collection, il crée le journaliste Em Cary. Huit épisodes sont publiés, de 1965 (L’article de la mort) à 1967 (Dionysos 7,65), des enquêtes agitées. Par la suite, beaucoup de ses livres sont réédités, sous le pseudo de Noël Vexin – en 1968-69 au éditions Les Presses Noires, puis chez Eurédif à partir de 1970.

André Héléna est décédé à Leucate en 1972. Malgré ses imperfections, il reste un très bon romancier, souvent comparé à Léo Malet. Sans doute y a-t-il une part de nostalgie dans la reconnaissance tardive, mais méritée, dont il est l’objet. Les plus récentes rééditions : en 1986, plusieurs romans noirs chez 10-18; en 1988, Les compagnons du destin, aux éditions Fanval; début des années 2000, aux éditions E-dite, quelques romans noirs et un inédit : Les crabes (2001). Le réalisme sombre, sans espoir, de beaucoup de ses livres a peut-être nui à la réputation de cet auteur prolifique.

Le demi-sel (1952) est réédité en septembre 2010 ans la collection Noir Rétro.

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30 juillet 2010 5 30 /07 /juillet /2010 06:15

 

TERRY-1Laurent Terry est un romancier trentenaire qui a déjà publié deux titres chez Plon, Manipulé (2008) et Usurpé (2010, collection Nuit Blanche). Laurent Terry est un pseudonyme. Bien d’autres auteurs avant lui ont utilisé un nom de plume, usage qui ne se pratique plus guère aujourd’hui (bon, y a quand même le cas Chattam). Sur son blog l’éditeur expliquait le 7 janvier 2008 les raisons de ce changement d’identité.

« Pourquoi j’ai proposé à Laurent de changer de nom ?

C’est toujours un peu violent de suggérer à un auteur de changer de nom, mais croyez-moi, dans l’édition, l’éditeur essaie au maximum de faire les choses pour le bien de tous : l’auteur et la maison pour laquelle il travaille. Pour moi, Le Toriellec faisait trop français, trop breton. Et il me semblait difficile de proposer un thriller américain de A à Z sans que le nom d’auteur soit conforme au contenu. Loin de moi l’envie de faire passer Laurent pour un auteur venu d’outre-Atlantique, mais je crois que de façon très subtile, très indicielle, un livre constitue un tout et qu’il ne faut rien négliger dans la communication qu’on pourra faire autour de lui. Terry le nom de plume qu’il s’est choisi, m’a tout de suite emballé : c’est bref, ça ne surjoue pas le côté américain et ça rappelle son nom de famille. Et puis Laurent a sauvé l’essentiel : son prénom. Une chance qu’il ne se soit pas appelé Jean-René... »

(http://opinionprivee.blogspirit.com/l_avis_de_denis_plon_/)

C’est une analyse défendable que celle avancée par cet éditeur. Action-Suspense ayant annoncé parmi les premiers la création de la collection Nuit Blanche, on ne reprochera pas à l’éditeur de Plon cette initiative. Puisque Laurent Le Toriellec a accepté de prendre un pseudo, pas de problème.

Par contre, les plus ardents régionalistes s’interrogeront sur la formule parlant d’un nom "trop breton". Récemment réédité chez Plon, le regretté Auguste Monfort (1913-1999) avait choisi comme pseudonyme Auguste Le Breton. Ce nom n’a pas nui à ses ventes, au contraire. Hervé Le Corre, né en 1955, bordelais au nom très répandu en Bretagne, a été publié à la Série Noire et chez Rivages avec un certain succès. Né en 1946, un autre Hervé au nom trop breton, Hervé Jaouen, a reçu la faveur du public, ainsi que de nombreux prix littéraires. Et Jean-François Coatmeur, c’est-y pas un peu trop breton pour être publié chez Albin-Michel "Spécial Suspense" ? Auteur de romans historiques dans la collection "Grands Détectives" (10-18) et chez l’Archipel, malgré un patronyme à consonance bretonne, Anne de Leseleuc est aussi appréciée d’un large public. Moins armoricain, le toulousain Philip Le Roy (né en 1962) a juste écourté son prénom, mais ses suspenses se vendent fort bien. Principalement diffusés dans l’Ouest de la France par l’éditeur Bargain, les bretons Françoise Le Mer, Serge Le Gall ou Firmin Le Bourhis peuvent confirmer que leurs ventes sont loin d’être confidentielles. TERRY-PlonSans doute moins importantes que celles de John Le Carré, britannique dont on se demande pourquoi il a choisi un pseudo franco-breton. Ce qui semble assez bien lui réussir depuis une quarantaine d’années.

Quant à moi, si j’en crois cet éditeur, il va falloir que je songe sérieusement à changer de nom. Jamais personne ne retiendra mon prénom désuet et asexué, ni mon patronyme trop typé breton. Qui lirait les infos polar et les chroniques de Claude Le Nocher ? Qui taperait ce nom sur Google et autres moteurs de recherches d’Internet ? Pour me fabriquer un pseudonyme, je vais donc reprendre le prénom de mon défunt oncle Joseph, et le nom de ma plante préférée. Joe Cactus, ça sonne bien, non ? Un peu trop western, peut-être - toujours ce syndrome de l'Ouest. Ou alors, je choisis un nom bien français (Stéphane Roy, par exemple) que j’adapte en américain. Ça ne donne vraiment pas un nom assez commercial : qui lirait la prose d’un Stephen King ? Non, finalement, je garde le nom que je porte depuis une cinquantaine d’années. Essayez de le retenir, amis lecteurs…

Une fois encore, ne voyez rien de bien méchant dans ce petit article estival, juste destiné à faire sourire. Que cela ne vous empêche pas de lire les romans de Laurent Terry, et tous ceux de la collection Nuit Blanche.

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