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22 août 2010 7 22 /08 /août /2010 06:07

 

Le roman de Thierry Serfaty Agônia version poche est publié en septembre 2010 chez J’ai Lu. Une bonne occasion de redécouvrir cette intrigue sous haute tension, ayant pour thème la manipulation mentale.

L’affaire de l’IMSI, Institut pour la Maîtrise de Soi et l’Indépendance, est close pour le couple de policiers Érick Flamand et sa superbe épouse noire, Laura. Avec la mort du Maître de la Peur, qui dominait les enfants phobiques de l’Institut, leur petite protégée Léa ne risque plus rien. Le Dr Frère continue de s’occuper de son établissement, proche de la montagne Sainte-Victoire, en Provence, dans un climat apaisé. De retour à Paris, seule, Laura s’interroge sur sa relation avec Érick. Mais déjà, une nouvelle vidéo circule sur Internet. Elle montre un des adeptes du défunt Maître, un fighter, affrontant sa peur dans un défi mortel. Quand on retrouve le cadavre, le jeune homme est vite identifié. Il fut un des patients de l’Institut.

SERFATY-AgôniaGaël, un adolescent phobique au caractère violent, s’est autoproclamé successeur du Maître. Au sein de l’Institut, il parvient à dominer des petits patients, tels Loni ou Anna. Une nuit, la fugue d’Anna sur le lac – qu’il a ordonné, crée panique et tension. Marlène, la jeune prof de sport à l’esprit indépendant, se pose des questions. Pour le bien des enfants, le Dr Frère préfère qu’on attende le week-end avant de révéler aux familles les problèmes traversés ici. Agressée par Gaël, qu’elle compare à un “archange sombre”, Marlène garde le silence quand Érick intervient. Elle promet à Érick de veiller particulièrement sur la petite Léa. Quant à Gaël, la venue du policier lui permet de donner un visage à son ennemi.

Alors qu’Érick rentre à Paris, une vidéo est repérée sur Internet. Cette fois, un chien y est immolé, sous les yeux d’un témoin. Le curieux manque de réaction de ce dernier, qui semble conditionné, démontre qu’il n’éprouve aucune colère. Le Dr Pylon, le psy aveugle ami d’Érick, confirme qu’un autre pas a été franchi par les adeptes du Maître. On a détruit chez eux non seulement la peur, mais tout sentiment. On a gommé leurs émotions. Dans le même temps, en Provence, Gaël kidnappe la petite Léa à l’Institut. S’étant aperçue de la disparition de Léa, Marlène interroge les enfants. Loni et Anna admettent le rôle de Gaël, le nouveau Maître. Menant une rapide enquête, Marlène trouve bientôt la cabane qui sert de refuge à Gaël. Elle est bientôt retenue prisonnière avec Léa. Érick est sur la piste du ravisseur, suivant les objets que sa protégée à semé, tel le Petit Poucet…

Après Peur (2007), le calme Érick et la volcanique Laura sont confrontés à de nouveaux dangers. Le conditionnement humain par interaction des gènes et du mental, expliqué à travers la psychobiologie, serait un sujet rébarbatif pour beaucoup, s’il était évoqué dans un rapport scientifique. Illustré par l’exemple, au cœur d’une aventure diablement mouvementée, ce thème de l’aliénation de la personnalité devient passionnant. Il est vrai que l’unité de temps apporte une belle vivacité à la narration, tendue avec quelques sourires. Un thriller au puissant suspense, évidemment riche en psychologie.

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21 août 2010 6 21 /08 /août /2010 06:05

 

Intitulé Le credo de la violence, le prochain suspense de Boston Teran sort le 25 août 2010 chez Le Masque. Il sera bientôt chroniqué ici. Voilà l’occasion de se remémorer le tout premier titre de cet auteur Méfiez-vous des morts, paru en 2002. Tout indiquait déjà la qualité supérieure de Boston Teran.

TERAN-2002John Victor Sully est shérif à Baker, Californie, en 1987. Âgé de vingt-cinq ans, il ne s’est jamais senti capable de quitter cette bourgade en bordure du désert Mojave. A la veille de témoigner contre Foreman, un dealer, Sully est victime d’un piège. Prétextant une panne de voiture, Shay (13 ans) l’entraîne dans le désert. Dee (28 ans), la mère de Shay, l’y attend pour le tuer – avant de l’enterrer. Mais Sully trouve la force de sortir du trou. Gravement blessé, il est hospitalisé. De forts soupçons pèsent sur son intégrité. Peu a peu, il devient presque une loque humaine. Pour ne pas toucher le fonds, il disparaît.

Dee – accro aux speeds – et sa fille Shay entretiennent des rapports conflictuels, partageant le même état d’esprit suicidaire. Si Dee a commis ce meurtre (raté), c’est pour aider Burgess Ridden, son amant. Foreman le dealer et Alicia Alvarez, sa copine Latino, faisaient chanter Burgess au sujet de magouilles immobilières. La mise hors circuit de Sully évite la prison à Foreman. En échange, celui-ci se tait. Et Burgess peut affirmer à son père que tout est en ordre pour l’école dont ils sont les promoteurs.

1998. Méconnaissable, Sully est devenu Vic Trey et vit à El Paso. Un certain Landshark (de son vrai nom William Worth) le contacte. Chroniqueur au "New Weekly", il souhaite réhabiliter Vic – dont il connaît le dossier. Cet agoraphobe possède de gros moyens financiers et techniques. Il dispose aussi d’une équipe solide, composée de Terry (son petit ami Noir), de Rog (son cousin maniaco-dépressif) et de Freek (un pirate informatique efficace). Magale, une fille de vingt ans enquêtant pour lui, a été supprimée par Dee – pour avoir pris des photos de Burgess Ridden avec deux complices de Foreman. Ces types, Pettyjohn et Hugh Englund, furent impliqués dans l’histoire de 1987.

Vic et Landshark ont pour point commun un épisode douloureux de leurs passés respectifs. Vic accepte l’offre de Landshark. Se présentant comme un marginal, Vic entre en contact avec Shay. TERAN-2010Celle-ci, à la demande de sa mère, se renseignait sur Magale. Tandis que Landshark et son équipe recueillent des infos sur elles, Foreman et sa bande font de nouveau chanter Burgess. Cette fois, c’est la Belmont School qui ne devrait pas être bâtie sur un site pollué. Foreman et sa Latino détiennent des documents le prouvant. Burgess ne sait que faire, mais Dee ne craint pas les solutions violentes. Elle envoie Shay et Vic dans le Nevada pour remettre l’argent à Foreman. La transaction vire à l’affrontement. Malgré tout, Shay et Vic s’en sortent vivants. Par contre, la série meurtrière n’est pas terminée…

Un remarquable suspense à l'intrigue particulièrement solide, peuplé de crapules en tous genres et de vengeurs mal dans leurs têtes. Vic, Shay et Landshark sont des héros attachants. En prime, visite guidée de la région de Los Angeles. Découpage scénique très cinématographique, construction de l’histoire fort bien pensée, rythme narratif très alerte, personnages idéalement dessinés : tous les ingrédients d’un excellent polar sombre.

Du même auteur, Le credo de la violence”.

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20 août 2010 5 20 /08 /août /2010 06:12

 

Il y a tant de talents à découvrir au Québec, à travers les romans et la bande-dessinée ! Les Éditions de la Pastèque publient les fleurons de la BD québécoise. Afin de bien montrer la diversité proposée, intéressons-nous à deux auteurs d’inspiration totalement différente.

BD-RABAGLIATI"Paul à Québec", de Michel Rabagliati.

Dessinateur, Paul est marié à Lucie. Ils ont une petite fille, Rose. Ils vont devoir s’installer dans une maison plus spacieuse, avec le bricolage que ça suppose. Le 24 juin, c’est la Fête Nationale du Québec. En 1999, à l’occasion de ce week-end de la saint Jean-Baptiste, toute la famille de Lucie se réunit chez les parents de celle-ci. Roland et Lisette Beaulieu sont retraités. Le beau-père de Paul a eu des problèmes de santé, qui semblent résolus. Si Roland Beaulieu a fini sa carrière professionnelle comme vice-président d’une grosse compagnie, son parcours de self made man fut d’abord chaotique et industrieux. Avec son épouse Lisette, ils ont eu trois filles (Suzanne, Lucie, Monique), qui leur ont donné cinq petits-enfants, autant de lapins à choyer.

Dans la belle-famille de Paul, l’ambiance est souriante, festive. À part ce jeu incompréhensible, J’achète, qui ne cesse de dérouter Paul. Les enfants Beaulieu ont espéré l’indépendance québécoise, mais n’y croient plus guère… Le temps passe. Les années 2000 débutent. L’informatique et Internet arrivent, casse-tête horripilant et coûteux pour Paul. L’état de santé de Roland Beaulieu se dégrade. Cancer, trois mois à vivre. BD-RABAGLIATI-vueHomme depuis toujours actif, il supporte mal cette déchéance annoncée. Lisette ne peut faire face seule. Bientôt, il a besoin de soins palliatifs. La Maison La Chênaie est plus agréable qu’un triste hôpital. Toute la famille se mobilise autour de Roland…

C’est un témoignage drôle et touchant sur le quotidien d’une famille québécoise que nous présente Michel Rabagliati dans ce sixième album de la vie de Paul, personnage qu’il créa en 1999. Soulignons que quasiment toutes les BD de cet auteur ont obtenu diverses prestigieuses récompenses. "Paul à Québec" a été primé au Festival d'Angoulème. Le graphisme apparaît simplifié, mais ne nous y trompons pas. Les séquences expriment, avec plus ou moins de détails décoratifs, le sens et l’importance des scènes. La mise au point entre le médecin et Roland à son arrivée à la Maison La Chênaie en est un bon exemple. La dame âgée quittant sa maison vendue, tout autant. Il s’agit donc de raconter les joies et les peines, les petits plaisirs et les douleurs d’un groupe de personnes, avec cette véracité qui rejoint nos propres souvenirs. Comment ne pas se sentir proche de cette famille ? Un histoire très attachante.

BD-MARSI"Miam-miam fléau", de Marsi.

Que se passe-t-il dans la contrée ? Un monstre dévore toutes les nourritures qu’il trouve sur son passage, détruisant potagers et murs des maisons pour s’approprier tout ce qu’il y a de comestible. Il vient de passer au village Chez Freux. La population a courageusement tenté de résister, vainement. Tous continuent à traquer la bête, qui s’est enfuie dès qu’elle n’eût plus rien à manger. Elle se dirige vers le village de Chez la Mère Crapette. Bien gardé, à l’abri de sa haute muraille, cette bourgade-là est sans doute mieux protégée. Il est vrai que ses réserves de vin, le fameux Château Gros-Lot Double zéro, sont précieuses...

Quel est ce monstre et d’où vient-il ? Les majestueuses Gorges de la Rigôle cachent un royaume parallèle, peuplé de créatures différentes. Le roi est désespéré, car son goûteur officiel l’a quitté. Peut-être ne mangeait-il pas à sa faim. Certes, nombreux sont les postulants pour le remplacer. BD-MARSI-vueMais le moral royal reste au plus bas. Sire Pouette et Coco Météore, le meilleur coursier du royaume, essaient de rattraper le monstrueux goûteur qui assouvit sa boulimie aux dépens des habitants de la contrée. Au village de Chez la Mère Crapette, le peuple est mobilisé. Aussi, quand ils aperçoivent Pouette et son destrier, ils les confondent avec le monstre. Coco Météore est assez rusé pour les obliger à lui obéir. Ils vont pouvoir rencontrer la Mère Crapette, afin de mettre au point un plan permettant d’intercepter le goûteur en cavale…

Il s’agit d’une BD humoristique, on l’aura compris. Il convient de noter la belle inventivité de cet album. Confrontant des humains et des êtres venus d’un étrange royaume, l’intrigue est simple et solide. Néanmoins, le scénario est fort bien agencé et les idées sont créatives. On apprécie les scènes-choc, poursuites et mouvements de foule. Le graphisme s’apparente à la traditionnelle ligne claire, non sans accorder un certain soin aux détails. Le tempo est vif, l’histoire est souriante, très agréable à lire.

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19 août 2010 4 19 /08 /août /2010 06:06

 

On peut découvrir le Québec à travers ses romans et auteurs actuels, dont la collection "Coups de tête" nous donne d’excellents exemple. C’est également possible grâce à la BD. La série Magasin Général de Loisel & Tripp nous offre une chronique villageoise très convaincante. Sans nul doute bien documenté, le scénario retrace des épisodes de la vie quotidienne d’habitants vivant dans la simplicité de leur époque. BD-LOISEL-TRIPPAdultes et enfants, artisans locaux, fermiers, jeune institutrice enceinte, curé et vieilles paroissiennes râleuses, couple dont la jeune épouse est jalouse d’une jolie veuve, autant de situations qui fleurent bon la réalité du temps passé. L’auteur Jimmy Beaulieu contribue aux dialogues, donnant une tonalité québécoise traditionnelle au langage des personnages. Petit résumé du premier tome de la série, intitulé Marie.

Dans les années 1920 au Québec, Notre-Dame-des-Lacs est un village rural. Félix Ducharme vient de mourir. Voilà vingt ans qu’il s’occupait du Magasin Général, approvisionnant la population locale qui ne bouge guère d’ici. Il laisse derrière lui une veuve encore jeune, Marie, native de Chicoutimi. Les villageois s’interrogent sur la suite, eux qui ne reçoivent plus leurs commandes depuis quelques semaines. Marie elle-même n’est pas sûre de continuer seule, de jouer ce rôle d’équipeur qui fut celui de Félix. Quand un gamin du village est blessé, c’est à elle qu’on s’adresse pour téléphoner au médecin. Puisque celui-ci ne peut se déplacer, elle le conduit dans sa camionnette jusqu’à la ville de Saint-Siméon. Un peu maladroite à chauffer son char, elle en profite pour ramener de la marchandise, toutes les commandes en attente. C’est bien compliqué de servir tout le monde en même temps, tout en vérifiant le stock de ses produits. Si Gaétan est l’attardé mental de la bourgade, il est parfaitement capable d’aider Marie dans son commerce.

BD-LOISEL-TRIPP-vueLe nouveau et jeune curé du village sympathise bientôt avec Noël Poulin, vieux menuisier anticlérical, bien plus agréable que les bigotes âgées qui agaçaient déjà son prédécesseur. Noël projette la construction d’un bateau, mais certains détails techniques lui échappent. Le curé aura de bonnes solutions à lui proposer. À Notre-Dame-des-Lacs, on aime aussi faire la fête au son de la musique, buvant fort. Même si le curé doit s’interposer lors de la bagarre générale qui clôt la soirée, tous se sont bien amusés. Malgré la perte de son Félix et le fait qu’elle ne soit pas d’icitte, Marie parviendra à poursuivre l’activité du Magasin Général…

Publiée depuis 2006 chez Casterman, la série Magasin Général semble connaître un beau succès. Elle comporte cinq tomes principaux (Marie, Serge, Les hommes, Confessions, Montréal) et trois hors-série (L’arrière-boutique du Magasin Général). Elle est l’œuvre des dessinateurs et scénaristes Régis Loisel et Jean-Louis Tripp, vivant à Montréal. C’est dans la complémentarité qu’ils construisent cette bande-dessinée. Loisel élabore un story-board déjà très évolué, repris et affiné par Tripp qui joue sur les ombres et les décors. Le choix des plans est assez diversifié et le graphisme apparaît chaleureux, y compris dans des scènes plus tristes. La belle colorisation de François Lapierre tient habilement compte de cette précision des images, des ambiances.

C’est une autre approche du Québec et de son histoire, aussi intéressante que par les romans, polars ou littéraires.

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18 août 2010 3 18 /08 /août /2010 06:13

 

C’est une intrigue en Finlande que nous présente l’auteur allemand Jan Costin Wagner dans son nouveau roman L’hiver des lions, aux Éditions Jacqueline Chambon.

Kimmo Joentaa est policier à Turku, situé à 170 kilomètres à l’ouest d’Helsinki. Jeune veuf, il reste très marqué par le souvenir de sa épouse Sanna. De service à la veille de Noël, Kimmo vit une nuit animée. Il fait la connaissance de Larissa, qui ne masque guère sa volonté de le séduire, avant que son ami et collègue Tuomas Heinonen ne débarque chez lui déguisé en Père Noël. Celui-ci a des problèmes de couple, à cause de son addiction aux jeux d’argent. WAGNER-2010Sur le matin, Kimmo apprend qu’un meurtre vient d’être commis en forêt. La victime est Patrik Laukkanen, le médecin légiste local. Difficile tâche d’annoncer la triste nouvelle à sa compagne, mère de leur bébé. Quant aux circonstances du crime, une constatation s’impose : On dirait que son assaillant a frappé sous le coup de la colère. Il y a des coups de couteau répartis au hasard sur presque tout le buste. L’équipe des policiers de Turku lance son enquête.

Un meurtre similaire est commis à Helsinki. La victime est Harri Mäkelä, un fabricant de faux cadavres pour le cinéma. Très vite, Kimmo devine le point commun entre les deux hommes. Ils ont participé au talk-show télévisé le plus suivi du pays, celui de l’animateur Hämäläinen. Dans l’émission intitulée Les maîtres de la vie et de la mort, la prestation du légiste Patrik Laukkanen fut très réussie, et Harri Mäkelä montra trois exemples de faux cadavres réalistes. Kimmo visionne le DVD du programme, sans noter de détails particuliers, si ce n’est une bonne humeur un peu dérangeante. Interrogé par les enquêteurs, l’assistant d’Harri Mäkelä explique les méthodes du défunt. La documentation du fabricant avec les photos permettant de fignoler les faux cadavres, confirment la qualité de ses réalisations sans offrir d’indice capital. Visionnant à nouveau le DVD, Kimmo se demande si un des mannequins ressemble à un mort bien réel.

L’animateur Hämäläinen est agressé dans un couloir de la télévision. Ni témoin, ni images de vidéosurveillance, la police n’a aucun suspect. Hospitalisé et vite remis du choc, Hämäläinen ne se souvient de rien d’anormal concernant l’émission avec les autres victimes. Kimmo note que l’agresseur a poignardé moins vivement l’animateur, peut-être motivé par moins de colère. Malgré tout, il est prudent pour la police d’assurer la sécurité du célèbre Hämäläinen. La piste de personnes décédées dans certains types d’accidents, en train ou en avion, parait plausible. Même si selon son supérieur les idées de Kimmo sont toujours saugrenues, il s’agit de recenser des catastrophes passées, de situer des proches traumatisés, de trouver quelquun chez qui le deuil s’est transformé en agression irrationnelle. L’animateur Hämäläinen est déjà prêt à présenter de nouveau son talk-show. Kimmo traque toujours l’indice déterminant…

Parmi les pays nordiques, la Finlande ne nous est pas forcément le plus connu. Voici une manière de le découvrir, en hiver, durant la semaine du 24 décembre au 1er janvier. Ce roman d’enquête baigne dans un troublant climat psychologique, ce qui le rend d’autant plus intense. L’état d’esprit du policier Kimmo Joentaa constitue le principal atout de cette histoire. Marqué par son drame personnel, il fait preuve d’empathie envers tous, collègues ou témoins, proches de victimes. Seule la belle Larissa (ce n’est pas son vrai prénom) échappe à sa perspicacité, bien qu’ils deviennent intimes. Dans l’ombre, on découvre par petites touches une autre personne, jouant un rôle essentiel. Les portraits de chacun des intervenants de l’affaire sont joliment précis et nuancés. Un suspense riche en finesse, à l’ambiance véritablement prenante.

(À paraître début septembre 2010)

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17 août 2010 2 17 /08 /août /2010 06:02

 

Sans doute L’empoisonneuse d’Istanbul de Petros Markaris est-il un roman d’enquête, mais sûrement pas au sens strict. Si c’est bien elle, le nom de la présumée coupable est connu. Ce sont les raisons profondes d’une démarche criminelle qui sont en cause…

Avocate stagiaire, Kathérina est la fille du commissaire Charitos. Le mariage de celle-ci s’est déroulé dans une morne ambiance, les deux familles désapprouvant cette trop simple cérémonie civile. Pour aider son épouse Adriani a se changer les idées, Kostas Charitos l’emmène en excursion. Ils font partie d’un groupe de voyageurs séjournant à Istanbul. Le couple découvre les nombreux beautés de cette ville, ses quartiers animés. Le gourmand policier apprécie les spécialités culinaires turques. Parmi les touristes, Mme Mouratoglou connaît bien cette ville dont elle est originaire. Sa famille fit partie des Grecs qui durent quitter Istanbul quelques décennies plus tôt. Toutefois, subsiste encore ici une communauté de compatriote appelés les Roums, environ deux mille personnes pour la plupart âgées, vivant surtout dans le quartier de Makrochori.

MARKARIS-2010Le commissaire Charitos est contacté par un natif de Constantinople, qui est à la recherche de Maria Chabou, une dame grecque de 90 ans. Il s’inquiète de ne pas avoir de nouvelles d’elle, et pense qu’elle a rejoint Istanbul. Kostas Charitos prend contact avec les polices grecque et turque. Il semble bien que Maria soit partie de son village après avoir empoisonné son frère, chez qui elle habitait. Le supérieur du commissaire lui demande de suivre l’affaire en Turquie, l’enquête étant menée par le jeune policier Murat Saglam. Quand le cadavre d’une autre dame âgée est découvert, il tolère la présence de Charitos. La victime était une Grecque d’Istanbul, parente de Maria Chabou. Comme le frère au village, elle aussi a été empoisonnée par une tarte de tyropita, spécialité de Maria. Même s’il y a peu de témoins, la vieille dame est fatalement suspectée.

Kostas Charitos interroge plusieurs personnes de la communauté grecque. Ce qui lui permet de compléter ce qu’il sait déjà sur le parcours chaotique de Maria. Il se demande où cette dame peut loger, car elle ne connaît plus grand monde ici. Une de ses cousines l’a hébergée quelques jours, et il existe bon nombre de maisons abandonnées où Maria peut se réfugier. Le commissaire se renseigne au Baloukli, maison de retraite regroupant des Roums. Maria y est passée, voulant voir son ancienne belle-sœur décédée un an plus tôt. Venait-elle la supprimer ? Le commissaire n’en est pas si sûr. Maria a paru malade et très faible à ceux qui l’ont croisée, un soignant la pensant atteinte d’un cancer. Peut-être faudrait-il la rechercher dans les hôpitaux ? Charitos reconstitue les actes criminels de Maria, tentant d’imaginer ses motivations. Cette fois, un Turc est victime d’une tyropita empoisonnée. Et la fantomatique Maria reste longtemps introuvable…

C’est dans les facettes du contexte que ce roman trouve ses multiples qualités. L’auteur ne se contente pas d’une banale visite touristique d’Istanbul. À travers le regard de ses héros, c’est une approche sociologique de cette ville qu’il nous offre. Le tempo de vie des habitants et leurs habitudes alimentaires en sont un exemple. Savez-vous à quoi on mesure un bon buveur à Constantinople, monsieur le commissaire ? Au nombre d’heures pendant lesquelles il est capable de garder une bouteille de raki "vivante", en l’accompagnant d’une ou deux tranches de melon, d’un concombre coupé en quatre ou d’un morceau de féta. Plus la bouteille se vide lentement, meilleur buveur il est. L’histoire agitée de la communauté grecque est ici illustrée par les sites qu’ils occupaient, autant que par le sort de la vieille Maria. Les relations entre Grecs et Turcs se sont assouplies, mais restent tendues (l’exaspérant ancien général Despotopulos rêve de reconquérir la ville). Les rapports de sympathie entre le couple Charitos et celui de Murat Saglam donnent de l’espoir. Un roman dans lequel on s’immerge avec grand plaisir.

(à paraître début septembre 2010)

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16 août 2010 1 16 /08 /août /2010 05:46

 

Datant de fin 2009, Paradis, clef en main de la québécoise Nelly Arcan (Les 400 coups, coll.Coups de tête) entre peut-être dans la Littérature plus que dans le domaine du polar. Pourtant, son thème n’est pas si éloigné de nos lectures.

À Montréal, Antoinette Beauchamp est âgée d’une trentaine d’années. Depuis deux ans, elle est paraplégique, grabataire et malpropre. C’est suite à un suicide raté qu’elle se retrouve désormais dans cet état. Pourtant, elle s’était adressée à la compagnie Paradis, clef en main, connue pour sa réussite dans les suicides de ses clients. Bien avant elle, son oncle Léon avait fait appel à cette entreprise, et était parti en beauté. Le suicide est une sorte de tradition familiale, puisque le grand-père maternel d’Antoinette avait déjà choisi cette voie. La jeune femme n’a plus que sa mère, propriétaire d’une société vouée à la beauté, vendant des cosmétiques nouveaux. Dynamique, mais surtout écrasante pour ses proches, la mère d’Antoinette, y compris pour le défunt oncle qui était son frère aîné. Elle déteste Paradis, clef en main, pour sa pratique (largement illégale) du commerce de la mort. Son fonctionnement est digne d’une secte, dont Léon fut un adepte.

ARCAN-2009Si Antoinette n’a plus envie de mourir, elle n’a rien d’autre à faire que de se remémorer sa vie. Elle n’y cherche pas les raisons de ses pulsions suicidaires, juste le souvenir de son parcours depuis l’enfance. Sans doute fut-elle marquée par l’expérience humiliante du chandail jaune quand elle avait dix ans. Bien sûr, sa relation avec son oncle était fusionnelle, non pas sexuelle. Ce n’est pas ce qui causa son instinct suicidaire, estime Antoinette. À quatorze ans déjà, elle tenta de se supprimer. C’est bien longtemps après la spectaculaire mort de Léon que sa décision d’en finir fut prise. Elle connaît l’historique de Paradis, clef en main. Médecin, M.Paradis avait un fils au caractère apathique. Adolescent, ce fils fit une tentative de suicide. Son père essaya toutes les solutions pour qu’il échappe à cet état d’esprit permanent, mais ne put le sauver de lui-même. Ensuite, il créa cette société pour aider des gens à en finir dans de bonnes conditions.

Antoinette dut traverser un étonnant processus de sélection, afin de tester sa volonté suicidaire, elle qui voulait mourir comme la reine Marie-Antoinette. Jeu de piste d’un parking à une salle de gym, rencontre d’un comité de gens coiffés de chapeaux melons, rendez-vous nocturne avec un psy dans une église, psy qui ne parle que de ses problèmes au lieu de l’écouter elle, duel au poker dans un zoo, autant d’épreuves en apparence farfelues. C’est M.Paradis en personne qui lui confirma que son souhait était accepté. Il est vrai que la mise en scène de sa mort fut somptuaire. Mais aujourd’hui, à l’heure où sa mère donne des signes visibles d’affaiblissement, avec ou sans fauteuil roulant équipé high-tech, Antoinette veut vivre: Une affaire christique. D’être revenue d’entre les morts m’a transformée

Il ne s’agit pas d’un polar, mais d’une histoire qui abolit les genres littéraires. En effet, si le roman noir a pour but de montrer une réalité sociétale avec des héros conduits vers une destinée fatale, on est ici dans un tel contexte, hormis l’aspect criminel. Encore que la mort y soit forcément très présente, et que les activités de Paradis, clef en main soient au-delà de la légalité. Loin d’un pesant traité défendant l’idéologie du choix et du droit au suicide, le sujet est présenté avec une belle part de drôlerie ou de fantaisie.

C’était ma mère. Elle était revenue sans faire de bruit, en rabat-joie, avec ses gros sabots, sa grosse cravache mentale. Le retour de la Mère Fouettard.

Remarquable écriture, vibrante et mordante, aussi forte dans la violence directe et parfois scatologique, que dans la tendresse ne cherchant nul apitoiement. Certes, le manque d’énergie de vivre qui entraîne l’envie d’en finir est au cœur du récit d’Antoinette. Plus positive, elle souligne aussi la singularité de chacun d’entre nous, nécessaire pour exister. On oscille donc entre mort et vie, espérant que l’espoir prendra un léger avantage sur la fin. Dans la réalité, ce ne fut pas le cas. Un jour de septembre 2009, Isabelle Fortier estima qu’à trente-cinq ans, la vie ne l’excitait plus. Auteur des deux autofictions Putain et Folle, et du roman À ciel ouvert, Nelly Arcan choisit de partir. Elle nous laisse cet ultime livre, une fiction au goût de dernier témoignage.

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14 août 2010 6 14 /08 /août /2010 09:54

Un clin d'oeil, deux lectrices...

Lectrice2010-A

Lectrice2010-B

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