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8 septembre 2010 3 08 /09 /septembre /2010 06:11

 

Coup de cœur pour un remarquable roman noir, aux multiples qualités. Pour la place du mort de Charlie Huston est publié en ce début septembre chez Seuil.

Durant l’été 1984, un groupe de copains passionnés de vélo dans une petite ville de Californie. Le plus mûr, c’est Paul Cheney, qui a bientôt l’âge de s’engager dans l’armée. Sans doute une façon de fuir son père, lequel a raté sa carrière universitaire ainsi que sa vie de couple et l’éducation de son fils. Pour Paul, tout ce qui n’est pas du punk-rock violent n’est que musique de pédé. D’origine mexicaine, son ami Hector est aussi un adepte du punk à peine moins extrême. Les frères Whelan complètent le groupe. George est l’aîné, ado intrépide et un peu fainéant. Brillant élève à l’esprit matheux, son jeune frère Andy passe pour une mauviette parmi eux. Il est sûrement pus fort en jeux de stratégie que dans une véritable bagarre. Ils sont les fils de Cindy et Bob Whelan. Ouvrier du bâtiment, ce dernier se comporte en père de famille responsable. Sa sœur Amy, infirmière, écoule des médicaments dérobés pour se faire un peu plus de fric.

HUSTON-2010Quand le vélo du petit Andy est volé, il n’est pas difficile d’identifier le coupable. Timo Arroyo est le jeune frère de Francisco et Ramon. Authentiques voyous, ces deux-là ont terrorisé leurs enseignants, et sont aujourd’hui mêlés à toute sorte de trafics. Ramon a même fait un séjour en prison. Francisco, l’aîné, frime dans son Impala, tel un petit chef de bande. Timo est déjà un des dealers du lycée. Quand Georges, Andy, Paul et Hector viennent récupérer chez Francisco le vélo volé, l’affrontement est inévitable. Ayant réussi à éloigner les Arroyo, le groupe cambriole leur maison. Outre l’argent, ils découvrent un labo de drogue. Paul s’empare de cinq cent grammes de Crystal Meth. Il préfèrerait vendre le lot, au lieu de le dealer, ce qui rapporterait plus d’un seul coup. Excités par les pilules d’amphétamines, les quatre volent quelques objets précieux chez un voisin. Plus facile qu’un job d’été, d’autant qu’ils ont une piste pour fourguer tout ça.

Jeff Loller est un adulte de la génération du père de George et Andy. Combinard, il accepte de jouer les intermédiaires. Son ami Geezer est un caïd qui bosse pour la mafia d’Oakland. Celui-ci paie bien les objets volés, affirmant qu’il est prêt à enrôler les jeunes sur d’autres cambriolages. Le Crystal Meth aussi, Geezer peut le fourguer. Dénoncés par Paul, les Arroyo ont été arrêtés. Ils sortent bientôt, car Geezer se charge de leur caution. Le trio de Latinos a bien l’intention de retrouver ses cinq cents grammes de Chrystal Meth, qui appartiennent de fait à Geezer et à ceux d’Oakland. La maison qui craint va servir de piège. Geezer soupçonne Amy Whelan de vouloir le doubler sur son propre trafic. Jeff se doute que le caïd prépare un sale coup. Face à de pareils allumés, l’affaire risque de se terminer par un carnage. Cette nuit-là, ne voyant pas les ados rentrer, Bob Whelan se souvient qu’il n’a pas toujours été un honnête citoyen…

 

Quelles sont les qualités de ce passionnant suspense ? D’abord, le groupe de copains, aux tempéraments si différents, apparaît parfaitement crédible. S’ils ont en commun le plaisir du vélo et le goût du fric facile, c’est surtout le manque de repères qui les caractérise. Ils confondent expériences excitantes et petite délinquance, sans mesurer les risques. Pour autant, le récit n’est absolument pas moralisateur, bien au contraire. D’ailleurs, ils ne sont pas la première génération à se comporter ainsi, on le verra. Se déroulant voilà un quart de siècle environ, l’ambiance de cette histoire reconstitue avec justesse l’époque des années 1980.

Sur le plan musical, les partisans du punk-rock haïssaient la variété, même de bon niveau. Le Crystal Meth (méthamphétamine) fut sans doute la première drogue de synthèse commercialisée partout à travers le monde, aux effets plus ravageurs que les drogues traditionnelles. Soulignons quand même la part souriante de ce roman. Avec, notamment, le personnage de Geezer, qui cherche toujours un vocabulaire approprié : Approprié ! T’as pigé une fois de plus. Merde alors, t’as avalé un dictionnaire ou quoi ? Bon, vous avez compris, les garçons ? C’est approprié dans votre situation. Construite et racontée avec habileté, cette tragi-comédie est un véritable régal.

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7 septembre 2010 2 07 /09 /septembre /2010 06:04

 

Publié chez Rivages/Casterman/Noir, Dernière station avant l’autoroute est signé Mako, Daeninckx et Pagan. Il s’agit de l’adaptation du roman d’Hugues Pagan paru chez Rivages en 1997 (et Rivages/Noir en 2000).

MAKO-DAENINCKX-PAGANC’est un nuiteux, un flic désabusé dont la nuit est le sombre royaume. Pas de vie de couple régulière; pas beaucoup d’estime de la part de ses collègues, non plus. On le traite de baltringue, autant dire d’inutile. Ce pochard de Yobe, quasiment le chef du service, le prévient qu’il est en zone rouge. Il se concentre sur les sordides crimes nocturnes. Comme la mort de Joséphine, jeune black tuée par balles, ayant un dossier au Mœurs et un autre aux Stups. Joséphine, technicienne de surface, exécutée à domicile, avait eu droit à une mort qui n’était pas à sa taille. Son meurtre faisait au moins trois ou quatre pointures de trop. Mais les énigmes ne l’intéressent plus. Son collègue Maurice sait qu’il a détourné un flingue sur les lieux du crime. Mau lui conseille d’éviter d’autres dérapages, de demander une mutation en service de jour.

Un sénateur ministrable est retrouvé mort dans un hôtel de luxe, chambre 101. Toutes les allures d’un suicide. Ou peut-être pas. Une affaire pas plus excitante que d’autres pour le flic nuiteux. Il reçoit la visite d’Alexandra Brandt, ex-épouse du défunt sénateur. Pas de franche sympathie entre eux. Elle lui laisse son numéro de portable, à toutes fins utiles. La position du flic devient de plus en plus incertaine dans le service de nuit. Selon Mau, il y a au moins quatre bonnes raisons pour l’éjecter. On pense qu’il est rincé ? Pas faux, sans doute. Ses abus d’alcool et de clopes, ses cauchemars. Il est hanté par l’image d’une gamine morte, d’une gosse qu’il n’a pas sauvée… L’accident de la Gare de Lyon.

MAKO-DAENINCKX-PAGAN-vueS’il devient intime avec Alexandra, il fuit les relations suivies. Il n’est pas vraiment surpris d’être viré du service de nuit. Direction un banal commissariat de quartier, dont le chef n’a pas besoin de lui. Monseigneur a ses méthodes, brutales. Ça ne peut pas durer bien longtemps dans ces conditions. La chute ne tarde pas. Deux mois à s’enliser, avant d’être interné. Pas vraiment le patient modèle. Alors autant tenter sa chance vers le soleil du Sud…

Plus que des affaires criminelles, c’est le parcours du flic solitaire que retient Daeninckx dans ce scénario. Il exploite toute la mythologie du loser, du flic hanté par un échec, prématurément usé, sur la mauvaise pente. Selon la tradition, une femme offre un espoir incertain et fragile. Daeninckx utilise largement et à bon escient l’ambiance du roman, nocturne, pluvieuse, et glauque. L’histoire est parfaitement servie par le dessin de Mako. Les visages sont marqués, sans abuser de traits caricaturaux. S’il est avant tout à l’aise avec le décor urbain, les scènes plus champêtres sont fort bien illustrées aussi. Graphisme, découpage et points de vue, donnent un fluidité au récit. Belle complémentarité des auteurs, donc, pour une version BD très convaincante.

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6 septembre 2010 1 06 /09 /septembre /2010 06:04

 

La 269e aventure de Gabriel Lecouvreur est signée Antoine Chainas. C’est une projection dans le futur que nous propose 2030, l’odyssée de la poisse (Baleine).

Dans le monde de 2030, les humains côtoient les Omnimorphes. Tel est le nom de ces créatures issues du clonage, disposant de cette faculté d’incarnation qui permet de les utiliser pour tous services. Sous le contrôle de la société Omnicron Inc., les Omnimorphes n’éprouvent aucun sentiment, ni états d’âmes, ni volonté de possession. Cela vient du fait que ces êtres fantomatiques ne possèdent pas de "Souvenirs". L’Hygiène Génétique veille à ce qu’ils garde cette insensibilité, qui les éloigne de l’homo sapiens sapiens. Certes, Omnicron Inc. peut leur fournir des "Souvenirs" fabriqués, mais il sont dépersonnalisés. Parfois, il peut se produire des anomalies, comme dans le cas de Georgie, un Omnimorphe de génération 00037 vivant à Paris. Celui-ci est habité d’un souvenir personnel, qui ne doit rien à ses abus d’alcool virtuel. Sans doute Georgie reste-t-il aussi indifférent que ses congénères, mais cette anormalité échappant à sa programmation le perturbe.

CHAINAS-Poulpe-2010En 2030, la place du livre-papier est quasi-inexistante. À part des nostalgiques et un certain nombre d’Omnimorphes, les librairies n’attirent plus. Toutefois, celle de Selmer subsiste. Georgie a sympathisé avec le vieil homme. Selmer lui a révélé qu’il fut autrefois, en 2014, un des treize pionniers de l’expérimentation des Omnimorphes. Les scientifiques, dont faisaient partie Selmer et le père génétique de Georgie, furent vite dépassés par l’exploitation commerciale de leurs recherches. Omnicron Inc. développa l’incarnation osmotique, capacité pour les clones de se laisser pénétrer psychiquement par des humains. Le patrimoine commun à l’humanité entière les gènes mitochondriaux trouva une résonance particulière chez des êtres sans Histoire ; des orphelins créés de toutes pièces et vierges de personnalité. Exsangues. Des ectoplasmes… Pour Selmer, les Omnimorphes possèdent néanmoins une existence bien réelle.

Il semble qu’un tueur en série élimine depuis quelques temps des Omnimorphes. Ce qui ne suscite guère que des conversations de bistrot, bien peu de réactions concrètes. Bientôt, Georgie comprend la menace : Il réalisa que ces meurtres n’étaient pas le fait d’un déséquilibré isolé, mais de plusieurs personnes agissant en concertation. Une entreprise organisée. Et il réalisa que la prochaine cible, c’était lui. Les agents des forces de l’ordre envoyés par Omnicron Inc. sont des clones dégénérés de nouvelle génération, des clones de clones.

Quel rapport Le Poulpe a-t-il avec tout ça ? Âgé de soixante-dix ans, toujours en couple avec une Chéryl désormais un peu flétrie, à peine plus vaillant que son ami bistrotier Gérard, le vieux Gabriel Lecouvreur oublie ses douleurs pour intervenir dans cette affaire. Il comprend que le rôle de Selmer, moins usé qu’il ne l’affirme, est capital dans l’évolution psychique de Georgie et de ses semblables. Protéger l’Omnimorphe à l’aide des moyens techniques de Selmer, Gabriel veut bien tenter l’expérience. Mais que faire pour contrer les humaines équipes tactiques qui prennent le relais des agents d’Omnicron Inc.?…

Le Poulpe étant un personnage contemporain, témoin actif des dérives de notre époque, intervenant autour de thèmes actuels, cet épisode risque de dérouter les lecteurs peu adeptes de science-fiction. Il est donc préférable de lire ce roman tel un polar futuriste. Dans les années 1950-60, on imaginait l’invasion prochaine de robots humanoïdes. Désormais, les manipulations génétiques mal contrôlées nous font craindre la prolifération de créatures aux génomes proches des nôtres. Entre ces deux versions, le progrès nous a imposé un monde qui n’est plus qu’une entreprise commerciale planétaire. Au lieu de nous inquiéter, faisons confiance aux dirigeants internationaux. Ils savent gérer avec autant de compétence l’éthique scientifique que les milieux financiers. Les aventures du Poulpe septuagénaire, rebelle aux implants électroniques d’identification, encore généreux quand il s’agit de donner des coups, s’avèrent distrayantes.

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5 septembre 2010 7 05 /09 /septembre /2010 06:13

 

Après Le sceau de l’ombre, déjà édité chez Krakoen, Marie Vindy vient de publier son nouveau roman Nirvana transfert.

Warren Stoll, 23 ans, est un ancien toxico suicidaire vivant à Dijon. Grâce à la jeune étudiante Céline et à sa mère, il parvient à se réinsérer. Son job de manutentionnaire lui a permis de changer de vie. Néanmoins, il reste fasciné par Kurt Cobain, et se laisse parfois aller à des soirées d’excès. Les lettres anonymes menaçantes reçues par Warren risquent de fragiliser son équilibre relatif. Elles ont un lien avec les attouchements et viols qu’il a subi dans son enfance, dont il ne garde pas de souvenirs précis. Contre l’avis de sa psy, le Dr Ziegler, Céline et sa mère incitent Warren à porter plainte. Les faits d’origine remontant à plus de quinze ans, c’est la Brigade des mineurs qui peut s’occuper de l’enquête.

VINDY-2010Le policier Simon Carrière et sa collègue Monique Randell ne prennent pas cette affaire à la légère. Certes, Warren figure dans les fichiers de la police pour son passé agité, mais ses tendances suicidaires sensibilisent Simon. Il contacte la criminologue parisienne Marie-Shan Li, avec laquelle il a sympathisé dans une précédente enquête. Celle-ci ne tarde pas à s’apercevoir que les lettres sont des messages codés, indiquant des prénoms : Pierre, Yvonne. Warren et ses proches ne voient pas ce que ça évoque. Toujours admirateur de Kurt Cobain, le jeune homme glisse vers un état dépressif. Tandis que Marie-Shan Li passe un week-end chez Simon Carrière, Warren reçoit un troisième message.

Cette fois, le corbeau indique un nom, Loisel. Si Pierre Loisel est un tranquille notaire de Chalon, sa sœur Yvonne a été mêlée à une inextricable affaire. Quand la Brigade financière enquêta naguère sur Viato, le compagnon russe d’Yvonne, elle tomba sur un sac de nœud mafieux. Les propriétés vinicoles que possédait Yvonne Loisel furent perdues, mais elle conserva un beau train de vie. Son mari est aujourd’hui en prison en Russie, et son fils Alexis vit au Etats-Unis. Simon Carrière et Monique Randell s’interrogent sur le Dr Ziegler, la psy de Warren, opposée au fait de fouiller dans le passé de son patient. C’est à Chalon, en se renseignant sur la défunte mère de Warren, que les policiers peuvent avancer.

Dominique Stoll a bien été l’employée d’Yvonne Loisel, dans sa propriété de Chagny. L’ancien jardinier confirme l’information, se souvenant de Warren et d’Alexis qui habitaient là. Yvonne rectifie bientôt, affirmant avoir simplement hébergé les Stoll, mère et fils. Disant ne pas connaître Warren et sa mère, le notaire Pierre Loisel a menti, peut-être par oubli ou par omission. La Brigade financière ne lâche pas le cas d’Yvonne et de son entourage, probablement liés à de sombres trafics. En sévère dépression, Warren est hospitalisé après une crise. Sa psy veut le diriger vers une clinique suisse. La police cherche à cerner les motivations de l’auteur des lettres anonymes, qui n’est sûrement pas loin…

Cette histoire se situe adroitement à mi-chemin entre roman noir et enquête. Si les héros en sont des policiers et une criminologue, c’est dans un contexte aux aspects obscurs qu’ils mènent leurs investigations. La mise au point du supérieur de Simon Carrière est assez éclairante sur l’ambiance : Vous vous accrochez à cette affaire parce qu’elle vous parait avoir plus de piquant que le reste (…) Ah c’est sûr, c’est plus marrant que les pères incestueux, que les familles tuyaux de poêle, les Roms et les gamines en fugue ! Mais c’est aussi votre boulot, et vous devriez le faire avec plus de discernement. C’est Randell qui tient le groupe sur ses épaules, Carrière. Et vous, vous menez votre petite enquête en solo… Il n’a pas tort, pourtant, de soupçonner de graves actes criminels. L’ombre suicidaire du leader de Nirvana, Kurt Cobain, ne cesse de planer autour du jeune Warren.

C’est avec une certaine virtuosité que Marie Vindy maîtrise son intrigue, fluide et fort bien construite. On peut penser qu’elle souhaite garder une distance vis-à-vis des personnages, souligner leur part tourmentée plutôt que de chercher une véritable empathie. Ce qui les rend indéniablement humains et crédibles. On se laisse volontiers entraîner dans ce récit au suspense bien dosé.

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4 septembre 2010 6 04 /09 /septembre /2010 06:05

 

PEACE-1Deux rendez-vous à noter en septembre, à Paris et dans le Gard. En effet, deux auteurs confirmés, deux maîtres du roman noir, rencontrent leurs lecteurs.

 

À Paris, la Librairie Compagnie invite David Peace à l'occasion de la parution de "Tokyo, ville occupée" (Rivages/Thriller) , deuxième volet de sa trilogie consacrée à la capitale japonaise après "Tokyo, année zéro". David Peace sera présent le Mardi 14 Septembre dès 18h, à la Librairie Compagnie, 58 rue des Écoles, 75005 Paris (Métro : Cluny-Sorbonne (ligne 10) - Odéon (ligne 4, ligne 10) / RER : Saint-Michel Notre Dame - Cluny (RER B, RER C) / Bus : 21, 27, 38, 85, 86, 87, 96)

http://www.librairie-compagnie.fr/

 

David Peace sera aussi à la librairie "Atout Livre" le 16 septembre à partir de 19h30. "Atout Livre", 203 bis avenue Daumesnil 75012 Paris


Auteur de "Little bird" et de "Le camp des morts", deux aventures du shérif Walt Longmire, JOHNSON-Craig Johnson est publié chez Gallmeister. La librairie Soleil Vert vous donne une belle occasion de rencontrer ce romancier natif du Wyoming. En effet, il sera à Calvisson (Gard) à la librairie Soleil Vert pour sa prochaine venue en France le samedi 18 septembre. Réservez dès maintenant vos exemplaires à faire dédicacer au 04.66.74.11.86 aux heures d’ouvertures de la librairie. Deux séances de dédicace : le matin dès 11h, et en fin d’après-midi à partir de 17h. (Les horaires de dédicace sont fixés pour lui laisser un peu de temps libre pour découvrir le village et la fête des Vendanges, qui aura lieu ce jour là). Librairie Soleil Vert, 15 Grand Rue, 30420 Calvisson.

http://www.librairiesoleilvert.com/

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3 septembre 2010 5 03 /09 /septembre /2010 05:58

 

Le premier volet de la trilogie Millenium, Les hommes qui n’aimaient pas les femmes, est aujourd’hui réédité en version poche dans la collection Babel Noir. Certes, le succès de cette saga a été phénoménal, mais beaucoup de lecteurs ne l’ont probablement pas encore lue. En particulier, celles et ceux qui attendent qu’un livre leur soit proposé au tarif poche. Le budget des lecteurs intensifs n’est pas extensible, tout simplement. Pour eux, voilà enfin l’occasion de faire connaissance avec Blomkvist et Salander.

LARSSON-Millénium1Brillant journaliste d’investigation, le quadragénaire Mikael Blomkvist est rédacteur en chef de la revue suédoise Millenium. Après avoir perdu un procès en diffamation, Blomkvist démissionne et sombre dans la morosité. Il est contacté par un puissant industriel, qui lui demande d’enquêter sur une affaire non élucidée depuis quarante ans. Sur l’île abritant l’imposante propriété familiale, sa nièce Harriet Vanger a naguère disparu. Il reste persuadé qu’elle a été assassinée.

Lisbeth Salander est une jeune femme d’environ vingt-cinq ans, au lourd passé psychiatrique, toujours sous tutelle des services sociaux (et de maître Bjurman). Complexe et étrange, Lisbeth est un génie de l’informatique, habile à manipuler les infos personnelles, publiques, policières, judiciaires, ou bancaires. Une sorte de hasard va la conduire à devenir la meilleure alliée de Blomkvist. C’est ensemble qu’ils parviendront à éclaircir les évènements issus du passé.

Il est toujours vain de tenter d’analyser les raisons d’un succès, surtout quand il s’avère universel comme pour Millenium. Le goût récent des lecteurs pour les romanciers scandinaves est loin de tout expliquer. Car l’ambiance narrative chez Stieg Larsson est fort différente, par rapport aux romans de son compatriote Henning Mankell ou de l’Islandais Arnaldur Indridason, par exemple.

La densité du récit aurait pu rebuter les lecteurs. La noirceur de sa tonalité, tout autant. Sans doute est-ce l’effet inverse qui s’est produit. Servie par une belle écriture sonnant juste, il s’agit d’une histoire dans laquelle on s’installe, on prend ses repères, on sympathise ou on s’interroge sur les protagonistes. En somme, on avance avec les héros, à leurs côtés. Cette proximité, qui n’est pas toujours perceptible dans les romans, est ici palpable. La personnalité atypique de Lisbeth Salander ajoute certainement un aspect attachant à cette sinueuse enquête.

Enfin ou surtout, Millenium s’appuie sur une riche documentation pour dénoncer les tares et scandales de nos sociétés, un évident cynisme chez des élites dirigeantes. À tous niveau, notre monde est hypocrite, intolérant, violent, cultivant un esprit malsain. Quant à espérer une moralisation… C’est l’alchimie de tous ces éléments qui a contribué à séduire un vaste public. Peut-être encore élargi grâce à cette réédition.

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2 septembre 2010 4 02 /09 /septembre /2010 06:05

 

Parmi les nouveautés BD de cette rentrée 2010, deux titres utilisent des décors parisiens nocturnes. La différence entre ces deux albums ne vient pas seulement de leur colorisation ou non. Il est probable que les amateurs de polars auront une préférence pour le premier, qui est d’ailleurs le moins coûteux.

 

BAUDOIN-VARGASEdmond Baudouin / Fred Vargas :

Le marchand d’éponges (Librio, 2010)

C’est un clochard nommé Toussaint Pi, à la rue depuis dix ans. Voilà quatre mois qu’il a découvert 9732 éponges végétales dans un hangar abandonné de Charenton. Chaque jour, il en entasse dans son caddie (qu’il a appelé Martin, tel un âne) qu’il pousse dans les rues de la capitale. Au rythme où il vend ses éponges, Pi en a pour plus de six ans à liquider son stock. Cette nuit-là, il est sur le point de s’endormir, tout près de Martin. Un taxi dépose une femme vêtue d’une fourrure blanche. Peu après, plusieurs coups de feu visent cette personne. L’assassin a sûrement confondu Pi avec un tas de vieux vêtements ignorés sur le sol, tant mieux pour lui. Alertée, la police débarque en force. Si la victime avait été Monique, sa copine qui tient le kiosque à journaux, il n’y aurait pas eu autant de grabuge. Pi est embarqué comme témoin jusqu’au commissariat. Avec son caddie et le chargement d’éponges miteuses.

C’est le policier Jean-Baptiste Adamsberg qui interroge le clochard. Pourquoi Pi aiderait-il l’enquêteur ? La femme en fourrure, elle a fait le tour de moi comme d’un tas de merde. Alors, pourquoi je l’aurais vue, moi ? Gravement blessée, la victime est quelquun d’important, de haut-placé, proche du Ministère de l’Intérieur. BAUDOIN-VARGAS-vueD’où le grabuge. Pas ça qui va inciter Pi à collaborer, bien sûr, lui le gueux vendeur d’éponges. Vaut peut-être mieux avoir 9732 éponges sur le dos que trois balles dans le corps répond Adamsberg. Comment faire comprendre à Pi qu’il ne compte pas moins que la victime ? Une promenade à deux dans le métro ouvre le rapprochement entre eux. Pi, avec un nom pareil, c’est le roi des chiffres. Même si ça ne lui a guère été utile dans son quotidien. Après qu’Adamsberg l’ait installé dans une chambre d’hôtel, un envoyé du Ministère fait pression sur le policier. Impossible d’obliger un type comme Pi à parler…

Il s’agit d’un BD inédite, adaptation de Cinq francs pièce, une des nouvelles du recueil Coule la Seine de Fred Vargas. Belle version en noir et blanc, ce qui colle plutôt bien à l’écriture de cette auteure. D’autant que l’essentiel se déroule durant une nuit, dans une sombre ambiance urbaine. Le face-à-face entre les deux hommes, Adamsberg n’étant à sa façon pas moins marginal que Toussaint Pi, est fort bien exploité. Le graphisme d’Edmond Baudoin est très pictural, et sa mise en scène de l’histoire utilise habilement les décors parisiens, sans les imposer au regard. Ce qui permet de respecter le texte et l’esprit de Fred Vargas. Une approche différente et séduisante de l’univers d’Adamsberg.

Cliquez ici sur la chronique de Gridou pour ce livre. 

 

BELLEVILLE STORYArnaud Malherbe / Vincent Perriot :

Belleville story -1.Avant minuit(Dargaud, 2010)

Freddy est un petit caïd parisien, sillonnant les rues de Belleville en rackettant quelques habitants. N’hésitant pas à jouer au dur avec les faibles, ce jeune voyou est au service du colérique Jadzek. Cette nuit-là, tous deux livrent un camion volé à une bande locale, des violents. Au lieu des cinquante télés dernier cri prévues, le véhicule cache un groupe de clandestins asiatiques. Chargement qui n’est pas du goût de la bande d’excités. Jadzek et Freddy savent à qui s’adresser pour se débarrasser des sans-papiers. M.Wang est le puissant patron d’une mafia du quartier, hermétique à toute pitié. Acceptant de prendre en charge les clandestins, Wang demande à Jadzek de lui prêter Freddy pour une mission. Un Chinois vient de débarquer à Paris, en provenance directe de son pays. Il s’agira pour Freddy de retrouver ce M.Zhu, afin de lui donner une arme.

Freddy repère aisément M.Zhu. C’est un piège : les sbires de M.Wang sont aussi présents, cherchant à abattre le Chinois. Rattrapé par les mafieux asiatiques, Freddy est torturé avant d’accepter de buter M.Zhu contre une forte somme. Peut-être que s’il réussit un gros coup pour Wang, le jeune caïd gagnera assez pour que son amie Larna cesse de se prostituer. BELLEVILLE STORY-vue1Éviter qu’elle s’enlise comme sa copine Sacha. Freddy reprend contact avec M.Zhu. Peu après qu’il se soient retrouvés dans un bistrot, une descente de police les oblige à fuir. Freddy finit par convaincre le Chinois qu’il peut l’aider. Car celui-ci n’est pas à Paris pour une courte visite touristique. Il cherche la trace d’Hibiscus, jeune Chinoise de quinze ans. M.Zhu pense qu’une prostituée peut leur apporter des informations…

Sentiments mitigés à la lecture de cette BD. Le scénario semble vouloir refléter une réalité actuelle de la criminalité parisienne. Caïds pas si courageux, bandes de délinquants nerveux pratiquant le trafic d’objets volés, organisation mafieuse chinoise, tels sont les protagonistes habituels des histoires de truands. Quant à la romance entre Freddy et Larna, rien d’innovant. On trouverait à peu près les mêmes éléments dans un vieux polar des années 1950. Néanmoins, l’histoire est correctement construite, plus proche d’un téléfilm que de Martin Scorcese. Côté graphisme, le meilleur côtoie ici le moins bon. Le décor citadin nocturne est assez bien rendu, la vitesse de certaines scènes convainc à peu près. Toutefois, on déplore que bon nombre de passages soient dessinés avec un minimalisme regrettable. Sous prétexte d’intimisme, le fond de décor s’efface. Idem pour certaines scènes de nuit en extérieur. On peut imaginer que ce soit volontaire, mais ça méritait d’être un peu mieux fignolé. Surprise finale : vous êtes priés d’attendre le tome 2 pour connaître la suite de cet album.

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1 septembre 2010 3 01 /09 /septembre /2010 06:04

 

Né en octobre 1932, le romancier Patrick Cauvin est décédé à la mi-août 2010. Claude Klotz, sous son vrai nom, signa bon nombre de romans. Cest sous le pseudo de Patrick Cauvin que sont parus la plupart de ses best-sellers. Il sut faire preuve de lyrisme autant que dhumour dans ses romans. En voici deux exemples diamétralement opposé, montrant létendue de son talent.

CAUVIN-1"Belange" (2006)

Quadragénaire, Adrien Beaurecourt est un éditeur parisien réputé. Bien qu’il s’y ennuie, il passe tous ses week-ends à Belange, sa gentilhommière du Maine-et-Loire. Inhospitalière, cette demeure ancienne lui vient de sa mère. Celle-ci personnifia l’autorité militaire aux yeux d’Adrien, qu’elle nomma longtemps Éliane. S’il reçoit à Belange des amis ou sa barbante maîtresse du moment, Adrien ne déteste pas la solitude.

Un jour, il s’aperçoit qu’un squatteur occupe les lieux en semaine. Le père Furet, qui fait office de jardinier et de gardien, n’a rien remarqué. Estimant que cette présence n’est pas inquiétante, Adrien n’alerte pas les gendarmes. Le squatteur répond aimablement au message qu’il lui laisse. L’éditeur tente de le surprendre en arrivant en avance, mais l’individu reste invisible. Ils continuent à échanger une sympathique correspondance, petit jeu qui dure plusieurs semaines. Puisqu’ils se partagent Belange, Adrien propose à l’inconnu de se rencontrer.

Quand il arrive cette fois-là, le squatteur a préparé un délicieux dîner. En réalité, il s’agit d’une charmante jeune femme de trente ans, Lucette. Mis à part son prénom, tout plait à Adrien chez cette jolie personne. Elle avoue être un peu alcoolique, mais ça peut s’arranger. A Paris, l’éditeur pense beaucoup à elle. Quand Furet fait du zèle, Adrien la tire des griffes gendarmesques. Il la présente comme sa fiancée. Mais les romances de princes et de bergères sont obsolètes. Car il y a Bob, le mec de Lucette, corpulent squatteur qui s’installe aussi à Belange. Rageuse déception pour Adrien dont, par ailleurs, les affaires sont florissantes…

Patrick Cauvin ne fut pas moins convaincant dans les souriantes comédies amoureuses. Si elle exprime une tonalité plus légère, cette facette est fort agréable. Humour astucieux et fluidité narrative sont les qualités majeures de ce roman, qui ne manque pas de surprises. On est très éloigné d’un romantisme désuet. La vie du héros et les divers portraits (dont celui de sa mère) offrent de savoureux épisodes.

CAUVIN-2"La reine du monde" (2001)

En 1972, Marc part s’installer en Afrique. Dix ans plus tard, lors d’un voyage à Vienne, il rencontre Marah. La jeune femme s’expatrie avec lui, dans sa plantation. Il crée le dispensaire local de Kitan, où elle s’investit. Au milieu des années 1990, Marc se demande s’il doit vendre. Mais la situation politique du pays paraît stable. L’arrivée du médecin Béral au dispensaire excite la jalousie de Marc. Il s’interroge sur lui-même autant que sur sa relation avec Marah. En 2000, des troubles commencent à agiter le pays. On évoque le retour de l’ancien dictateur, Toramba. A sa solde, Bacala et ses mercenaires mènent la guérilla.

Malgré son allure insignifiante, Van Oben est le patron occulte des affaires africaines de la France. Pour soutenir Toramba, il faut un prétexte : officiellement, des français habitant le pays seront victimes de partisans du pouvoir actuel. Un des hommes de Bacala tue Marah, mais rate Marc. Celui-ci veut venger sa compagne. Un ami va enquêter pour lui. Si le rôle de Bacala est évident, l’ordre vient de plus haut. En France, l’émissaire de Marc repère le nom de Van Oben. Il le surveille… Toute la famille de Kerando a été tuée dans une attaque. Ne restait que sa fille, un bébé qu’il confia à Marah. On ne sait ce qu’est devenu l’enfant dans la tourmente des évènements. Kerando recherche vainement Bacala pour l’abattre.

Zoran, homme d’affaires proche de Toramba, propose à Marc de lui racheter sa propriété. Zoran veut posséder les vallées, pour qu’on y cultive du pavot qu’il exportera. Les populations vivant là sont évacuées ou exterminées. Le médecin Béral en est aussi victime. Bien qu’il sache ne pas avoir le choix, Marc temporise. L’assaut est donné dans la capitale. L’état-major déchu s’enfuit…

Une histoire impeccable, d’une éclatante virtuosité, d’une puissante humanité. Patrick Cauvin dessine avec acuité un magnifique portrait de l’Afrique. De nombreuses questions sont évoquées : les peuples martyrs, l’illusion du pouvoir, les manigances occidentales, les mensonges, les trafics, la vision idéalisée de ce continent. Sans oublier tout le sang versé au nom d’intérêts incertains.

Paul Maugendre nous propose un excellent portrait de Patrick Cauvin / Claude Klotz sur "Mystère Jazz" (cliquez ici)

 

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