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24 septembre 2010 5 24 /09 /septembre /2010 06:00

 

Dans sa collection Domaine Policier, 10-18 nous propose aujourd’hui un roman noir de Craig McDonald La tête de Pancho Villa. Sans doute peut-on parler d’une road-story criminelle aux péripéties mouvementées. Tout en précisant que l’humour décalé du narrateur est un plaisir. Pourtant, d’autres éléments sont encore à retenir. Car l’histoire de Pancho Villa est symbolique des relations entre les Etats-Unis et le Mexique. Surtout, l’auteur restitue l’ambiance américaine de cette époque avec beaucoup de doigté, de finesse…

McDONALD-2010Dans l’Amérique de 1957. Romancier chevronné, Hector Lassiter est un homme mûr ayant connu une vie chargée. Depuis quelques jours, il est accompagné du jeune journaliste Bud Fiske. Celui-ci a entrepris d’écrire un article-fleuve sur le célèbre écrivain, pour un magazine. Le duo a rendez-vous avec Bill Wade dans l’arrière-salle d’une auberge de Ciudad Juárez. Baroudeur interdit de séjour aux Etats-Unis, Wade propose une curieuse mission à Hector Lassiter. Le sénateur Prescott Bush paie une fortune pour qu’on lui ramène la tête du défunt Pancho Villa. Entre mythe et histoire, ce trophée intéresse une société secrète de l’université de Yale composée de personnes puissantes, la Skull and Bones. Alors que Wade remet à Lassiter le crâne de Pancho Villa, les fédéraux mexicains interviennent. Affrontement sanglant, qui coûte la vie à Wade. Le duo s’enfuit et franchit la frontière. Ils font une halte chez Lassiter, au bord du Rio Grande. Les voilà attaqués à plusieurs reprises par des étudiants d’autres confréries de Yale. À chacun, Lassiter remet un faux exemplaire de la tête convoitée.

L’écrivain est conscient que plane un réel danger : Un chasseur de tête incendiaire, armé d’une mitrailleuse, se cachait quelque part près d’ici… un véritable tueur de sang-froid, implacable, qui voulait mettre la main sur la caboche de Pancho […] À présent, notre survie dépendait peut-être de notre capacité à régler ce micmac. En passant par El Paso, le duo cherche des détails sur Emil Holmdhal, l’assassin supposé de Pancho Villa. Puis Lassiter et Bud Fiske doivent faire un détour par la Californie, pour un détail à régler.

À Venice, Orson Welles y tourne La soif du mal. Ces retrouvailles sont l’occasion d’évoquer un ex-ami commun, Ernest Hemingway. Surtout, Lassiter y retrouve une ancienne amante, qu’il surnomme La Boche : Marlene Dietrich. Néanmoins, les deux possesseurs de la tête de Villa restent en danger. Pourchassé par des bandits mexicains, le duo embarque la belle Alicia et poursuit son périple aventureux à travers le pays. Une mission encore bien plus risquée que ne l’imaginait Hector Lassiter. Certes, ils en sauront plus sur la mort de Pancho Villa, en rencontrant Emil Holmdhal. Mais il semble bien que des agents de la CIA veuillent les intercepter… L’affaire connaîtra un double dénouement, en 1967, puis trois ans plus tard.

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23 septembre 2010 4 23 /09 /septembre /2010 05:54

 

Publié aux éditions Les chemins bleus, Quand il y a un mort à la fin, moi j’adore! est un recueil de sept savoureuses nouvelles signées Gérard Le Gouic.

La route de Normandie. Vingt-cinq ans plus tôt, ce jeune agent d’assurances rencontra Charlotte lors d’un séjour à Ouessant. C’est surtout à cause de la ténacité de cette enseignante en devenir qu’ils devinrent amants. Quand elle obtint un poste en Normandie, leur vie de couple se fit plus épisodique. Ce qui ne le dérangeait pas trop, car il avait à charge sa mère et sa sœur. Charlotte eut une liaison avec un autre, puis fonda sa propre famille. Un quart de siècle après, il imagine de possibles mais incertaines retrouvailles. LE GOUIC-2010

Le pont suspendu. Cette femme manque cruellement de sens de l’orientation. Au retour d’une journée avec un ami, elle se perd dans un labyrinthe de petites routes. Son trajet aboutit aux abords d’un pont suspendu. Elle a la phobie des ponts, qu’elle pense maléfiques. Faisant demi-tour, elle poursuit son errance. Pourtant, son chemin la ramène bientôt près du même pont. Prendre à son bord une autostoppeuse pour avoir le courage de traverser, pourquoi pas, mais…

Confessions sur la côte nord. À cause d’un aléa, cet artisan d’art doit patienter avant de rencontrer un bon client à Dinard. Se promenant en ville, il se joint par hasard à une équipe de cinéma en tournage. Brève et amusante expérience, qui se poursuit l’après-midi. En effet, il va jouer la doublure d’un acteur absent. Le scénario du film semble très proche de sa propre histoire conjugale.

Une « anomalie bizarre ». Un voisin curieux est intrigué par le bruit répétitif des WC de sa jeune voisine. Non, elle ne semble pourtant pas souffrante. Son besoin de comprendre devient obsessionnel. Il finit par s’adresser au commissariat de police. Un vieil inspecteur au bord de la retraite finit par aller vérifier.

Le veuf inconsolable. Ce veuf qui n’a jamais vécu seul, il s’aperçoit que la vie solitaire comporte bien des inconvénients. Au restaurant, on vous laisse la pire des tables. À l’hôtel, on vous méprise ouvertement. Il faut user de stratagèmes astucieux pour être un client comme les autres. Il excelle à ce petit jeu, trouvant des parades qui l’amusent. À l’occasion de ce nouveau séjour à l’hôtel, il a la mauvaise idée d’improviser un scénario inédit. Beaucoup plus difficile de se montrer convaincant lorsqu’on s’enferre dans ses mensonges.

Un honnête homme. Ce libraire compétent est apprécié de tous. C’est un homme d’une parfaite rigueur morale. Trop rigide peut-être, car le voilà contrarié par un microscopique souci de voisinage. Sans doute la clôture posée par le voisin n’est pas correctement alignée. Mais il ne devrait pas laisser l’adrénaline monter.

La lettre oubliée. Sa relation avec Véronique est quelque peu compliquée. Leur rencontre de hasard n’a pas engendré chez lui la passion. Quand il reçoit une lettre de la jeune femme, il trouve divers subterfuges pour ne pas l’ouvrir. Petit jeu qui va durer trois semaines. Jusqu’à ce qu’il accueille sa nièce Zoé, onze ans. La petite diablesse se demande ce que contient ce courrier oublié…

 

Bien connu des amateurs de poésie, Gérard Le Gouic a été récompensé pour son œuvre (Prix de Poésie de l’Académie de Bretagne et des Pays de la Loire en 2008; Prix Artaud en 1980 pour Géographie du fleuve; Prix Alfred de Musset, de la Société des Gens de Lettres en 1977 pour poème de l'île et du sel; Prix Bretagne en 1973 pour Poèmes de mon vivant). Il a aussi publié divers ouvrages en prose. Ce préambule permet de souligner que le présent recueil de nouvelles est dû à un écrivain chevronné. Il ne s’agit pas de simples textes, mais bien de courtes histoires racontées avec un style d’écriture personnel. Rien de purement sordide dans les subtils scénarios proposés, pas d’actes criminels spectaculaires. La tonalité est plutôt souriante, enjouée, voire malicieuse (le cas des solitaires à l’hôtel ou au restaurant apparaît un témoignage véridique). Pourtant, avouée ou mystérieuse, la mort est souvent au rendez-vous. Gérard Le Gouic nous offre là un grand plaisir de lecture !

http://www.lescheminsbleus-hentouglas.com/

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22 septembre 2010 3 22 /09 /septembre /2010 06:05

 

Parmi leurs nouveautés d’automne, les Éditions Jigal publient La bouche qui mange ne parle pas, le nouveau polar gabonais de Janis Otisemi.

Solo vient de passer trois ans en prison, à cause d’une bagarre mortelle dans un bar. Spécialiste des coups tordus, il tombait pour une affaire banale. Sorti depuis peu, Solo a bientôt besoin d’argent. Parmi la faune de délinquants de Libreville, il peut compter sur son cousin Tito. D’ailleurs, celui-ci lui lâche sans problème une avance sur un prochain coup. Avec le paquet de fric, Solo règle ses dettes et lève une pute. Dérober un véhicule de luxe ne cause aucun souci à Solo, qui sera le chauffeur de l’affaire amenée par Tito. Même s’il n’est que l’exécuteur pour de mystérieux commanditaires, Youssef dirige l’opération. Il s’agit de kidnapper un môme, puis de le livrer à un marabout. Solo désapprouve ce genre d’affaires malsaines : Trop de choses avaient changé pour lui depuis sa sortie de taule. Les gars n’avaient plus de code d’honneur. Sans coutume et patrie [sans foi, ni loi], ils avaient vendu la honte aux chiens.

OTSIEMI-2010Pendant ce temps, Joe et Fred profitent d’une nouvelle combine. Il s’agit de faire chanter de riches femmes mariées, piégées par des photos sexuelles. Ginette, leur dernière victime en date, est l’épouse d’un notable. Elle continuera à payer, Joe et Fred n’en doutent pas. Dodo et Jimmy ont un autre bizness, le braquage. Ils s’attaquent à une agence de la Western Union, un casse sans faute. Quant à Solo, il s’acoquine avec son vieil ami Kenzo. Babette, l’amante de Kenzo, profite en ce moment des largesses d’un banquier. Un pigeon qu’il ne sera pas difficile d’attirer avec la promesse de billets miracles, une arnaque classique sans grand risques. En effet, lorsque Solo lui joue la comédie, le banquier est prêt à sortir le pactole. Sauf qu’on lui a déjà fait le coup quelques mois plus tôt !

Les policiers Koumba et Owoula sont un bel exemple de ripoux "à la gabonaise". Ces officiers de la PJ trouvent toujours le moyen d’obtenir leur pourcentage, quitte à laisser courir des coupables. Puisque leur supérieur, le colonel Tchicot, leur accorde toute sa confiance, ils auraient tort de ne pas en abuser. L’enquête sur la série de meurtres d’enfants n’avance guère. Selon la rumeur, ces crimes rituels sont attribués à des politicards. Viser l’élite sans preuve, c’est bon pour la population locale, mais ça ne suffit pas à la police. De son côté, Youssef est inquiet à cause de récentes arrestations. En supprimant un complice, il espère qu’on ne l’identifiera pas. Pourtant, d’aveux en dénonciations, les jours des délinquants et criminels de Libreville sont probablement comptés…

Après La vie est un sale boulot, Janis Otsiemi nous propose une nouvelle exploration fort réussie de la pègre gabonaise. Petites combines, trafics divers, arnaques éprouvées, tout est bon pour traquer le gros coup, dans un pays où l’argent se dépense vite. Les Gabonais ne sont pas des bâtisseurs… [Ils] ont plutôt la réputation d’être des flambeurs, des canneurs, des coureurs de jupons. N’envisageant pas de devenir des Ouattara, des gens fortunés, les petits voyous veulent juste glaner du fric qui sera vite claqué. Dans la police, on suit le même raisonnement, semble-t-il. Si Solo est un élément central de l’histoire, c’est tout cet univers qu’on nous présente ici. L’auteur fait preuve d’une belle souplesse narrative, sans doute parce qu’il ne cherche pas à imiter quiconque. Se servant sans en abuser du vocabulaire et des expressions locales, il ajoute une saveur particulière à son récit. Le réel talent de Janis Otsiemi se confirme !

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21 septembre 2010 2 21 /09 /septembre /2010 05:55

  

Dans ses deux premiers romans, Michel Vigneron utilisait une tonalité dure. Le puits de la perversion, son nouveau titre chez Polars en Nord, décrit un monde actuel d’un réalisme profondément noir.

Patrice Orca est policier au commissariat de Boulogne-sur-Mer. À cause de la noirceur à laquelle il est confronté, Orca ne cache pas une certaine froideur confinant au cynisme. Qu’il s’agisse d’interventions extérieures ou d’interroger un suspect, les méthodes de ce flic s’avèrent souvent percutantes. Arrestation mouvementée pour un violeur qui se suicide peu après avec l’arme d’un gardien. Audition d’une femme battue, entraînant bientôt les aveux du mari. Procédure annulée dans ce dernier cas, pour vice de forme. Série d’agressions violentes sur des personnes âgées, par un cruel trio de manouches. Tel est le quotidien professionnel d’Orca. Par ailleurs, sa vie de famille est un complet ratage. VIGNERON-2010Il trouve un peu d’écoute auprès de sa maîtresse, Ariane, relation sans passion. Une vie insatisfaisante pour un flic d’action. Aussi se défoule-t-il en cognant sans pitié le mari brutal trop vite remis en liberté. Celui-ci porte plainte contre Orca, qui est mis en garde à vue. Ariane a heureusement bien compris que si on lui demande son témoignage, c’est pour offrir un (faux) alibi à Orca.

Éducateur dans un foyer pour jeunes en difficulté à Calais, Jean affiche envers tout le monde une bienveillance appréciée. Par exemple, il est compréhensif vis-à-vis du jeune Pascal, cabossé de la vie, qui se fait du fric d’une façon guère orthodoxe. Pourtant, le caractère profond de Jean est à l’opposé de cette façade. Il déteste ses collègues, sa mère atteinte d’Alzheimer, et sans doute le monde entier. Il n’aime que la domination et la force dans les rapports sexuels. Ne dédaignant pas les expériences homosexuelles, il prend plaisir à violer les femmes. Quant aux jeunes mineurs, il éprouve aussi de l’attirance pour eux.

Raymond Verbecq est boucher à Calais. Depuis que son épouse a été retrouvée morte dans leur puits, il élève seul sa fille de seize ans. On peut penser qu’il s’occupe bien d’elle. Face aux profs ayant remarqué que le niveau scolaire de sa fille baissait, il promet d’y veiller. Il n’y a qu’à son journal que l’adolescente confie sa véritable situation. Depuis des années, elle est l’esclave sexuelle de son père. Il assouvit ses besoins sans se poser de question, en maître pervers. Souvent, la jeune fille pense au suicide de sa mère, comme si elle l’appelait. Elle résiste moralement, bien que ces images du puits la hante de plus en plus.

Le policier Orca finit par découvrir une piste le conduisant aux agresseurs de personnes âgées. Il s’agit bien d’un petit caïd manouche et de ses deux sbires. Il réussit à les prendre en filature, sur un flagrant délit d’agression. Il les tient au bout de son arme, devrait les buter sans attendre. Gravement blessé lors de cette intervention, Orca frôle la mort. Surmontant l’épreuve, il entreprend de fouiller dans la vie du violeur qui s’est suicidé dans leurs locaux. Voyant la photo d’un enfant Rom aveugle, il sent comme un message, un appel au secours. Une sensation qu’il attribue à son expérience de ­mort imminente. Son enquête l’entraîne d’un camp de Roms jusqu’à Calais…

Les amateurs d’ambiances sous analgésiques et d’investigations aseptisées sont priés de choisir un autre roman. Outre de violentes agressions crapuleuses, on évoque ici crûment des crimes et délits sexuels, des dérives perverses extrêmes, une lourde affaire d’inceste. On patauge dans le sordide, dans les bas-instincts, ce que la nature humaine peut produire de plus rebutant. Avec des personnages toujours animés d’envies plus glauques, secrètement fiers de leurs exploits, pour eux autant d’expériences hors normes. Il est bon qu’on nous les présente ainsi, ayant une vie sociale ordinaire, puisque ça semble être le cas de la plupart des prédateurs daujourd’hui. En face, un flic qui n’a rien d’exemplaire, qui ne cherche pas à attirer la sympathie. Un homme d’action jusqu’au-boutiste jouant au nettoyeur. N’espérons guère de tendresse ou de drôlerie dans ce climat âpre, sale, d’une féroce dureté. Un bon suspense sombre, mais s’adressant à un public capable de prendre une certaine distance avec cette histoire.

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20 septembre 2010 1 20 /09 /septembre /2010 05:52

 JAILU

Jusqu’au dimanche 26 septembre 2010 inclus, Action-Suspense avec J’ai Lu vous propose de jouer et de gagner grâce au concours Henri Lœvenbruck.

 

Répondez aux trois questions posées (QCM). Cinq gagnants seront tirés au sort parmi les bonnes réponses. Chacun recevra un exemplaire de Les cathédrales du vide, nouveau titre d’Henri Lœvenbruck chez J’ai Lu.

 

Les 3 questions :

LOEVENBRUCK1- Le testament des siècles - Le livre des trépassés - Le rasoir d’Ockham - Le syndrome CopernicLequel de ces titres n’est pas un roman d’Henri Lœvenbruck ?

 

2- Harry Longperry - Andy Connely - Ari Mackenzie - Alfie Arly… Quel est le nom du héros de Les cathédrales du vide ?

 

3- En quelle année est né Henri Lœvenbruck ?

1962 - 1968 - 1972 - 1978 ?

 

Adressez vos réponses ici action.suspense@yahoo.fr

Indiquez votre nom et votre adresse (qui resteront confidentiels). Cinq gagnants recevront un livre offert par les éditions J’ai Lu.

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19 septembre 2010 7 19 /09 /septembre /2010 06:04

 

Parmi les nouveautés d’automne 2010 dans la collection Coups de tête, voici le roman de Dominique Nantel L’humain de trop. De la science-fiction qui ne nous éloigne pas tellement du polar, on va le constater.

La jeune et frêle Fasciola n’a pas d’existence légale, dans cet avenir proche où la Loi n’autorise qu’un enfant par famille. Sa mère Sarah l’a longtemps cachée et protégée. Risquant fort d’être dénoncée, Fasciola s’enfuit de son village natal. Ignorante du monde miséreux et de la bassesse humaine, elle n’a d’autre choix que de poursuivre son voyage jusqu’au port. Là, elle embarque avec des masses de pauvres gens vers Cité-Sur-Mer. NANTEL-2010Moins il y a de survivants à l’arrivée, mieux ça vaut, c’est la consigne.

Immense mégalopole flottante, la cité s’étend à perte de vue sur l’océan, elle est peuplée dit-on de tout ce dont le continent n’a pas voulu : ramassis de loques humaines, de racailles et d’assassins sanguinaires. Cité-Sur-Mer repose sur des milliers de radeaux arrimés les uns aux autres, toujours en mouvement… Dans cette ville où l’on doit sans cesse bouger, le plus difficile consiste à trouver un endroit pour dormir. Devant supporter promiscuité et risques d’agression, la fragile Fasciola se repose peu et mal. Il lui arrive d’agir en somnambule, tel un zombie, donnant à penser qu’elle se prostitue.

Quand les dangereux Hommes du Docteur s’attaquent à Fasciola, Mitri et son géant ami Sweet interviennent. C’est au bar Pit, dans le quartier CCB24, que ces marginaux tiennent leur QG. Ils y accueillent Fasciola. Ce qui ne plait pas du tout à leur copine Bylie, une amazone à la démarche de tueuse. Pour Bylie, il est clair que cette maigrichonne anémique ne ferait pas long feu dans la cité. Entre cette affamée d’expériences sexuelles qu’est Bylie, et Sweet l’obsédé de vidéos pornos, Fasciola n’a effectivement pas sa place. Le mouvement Squat revendique l’occupation des propriétés des plus riches, souvent inoccupées. Mitri est le plus efficace pour forcer les serrures. Chef des Chasseurs de Squats, Mike Cody n’est jamais parvenu à l’en empêcher. Mitri initie Fasciola à l’art d’entrer par effraction dans les maisons et appartements. Elle fait vite des progrès.

Quand Mitri et Fasciola squattent Le Sanctuaire, propriété du grand patron de la multinationale dominant le monde, les choses tournent mal. Consciente qu’elle fascine l’inspecteur Gonogo, Bylie a dénoncé Fasciola sans savoir que Mitri serait avec elle. C’est ainsi que Mike Cody peut enfin piéger son adversaire. Enfermé comme dans un bunker, le duo risque la mort. Mais Sweet alerte Sarah, la mère de Fasciola. Via ses réseaux, Sarah organise l’offensive contre la multinationale. Elle fait circuler des rumeurs, qui entraînent un début de rébellion, suivi d’une risposte sanglante. À Cité-Sur-Mer comme sur le continent, la population s’agite. Tandis que Sweet sauve Bylie en péril, Mitri et Fasciola vont devoir affronter Mike Cody. Ce qui va offrir un début d’explication à l’amnésie dont souffre Mitri, et ouvrir la porte à bien d’autres révélations…

S’il faut étiqueter la littérature, ce roman de science-fiction nous donne un très bel exemple de polar futuriste. Le monde qui y est décrit reste l’hypothèse fort possible d’un avenir sombre, âpre, violent, oppressif. Probable univers où règnera encore l’individualisme forcené, alors que la solidarité serait la bonne réponse. Peut-être cette voie va-t-elle se dessiner, d’ailleurs. Comme la chétive Fasciola, ses amis possèdent chacun son secret, lié à son parcours de vie. Au fil de l’histoire, on nous les révèle progressivement. Avec quelques surprises, assez spectaculaires. Des personnages attachants, peut-être parce que leur faiblesse ne les rend pas cyniques. Ils conservent une pureté dans leur opposition à ce monde-là, sinistré. D’où l’importance du contexte social dans lequel ils évoluent. Dominique Nantel nous propose ici un roman d’anticipation très réussi.

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18 septembre 2010 6 18 /09 /septembre /2010 06:03

 

Une histoire d’enlèvement ? Rien de plus classique dans le polar. Pourtant, le troisième roman d’Andrea Maria Schenkel renouvelle astucieusement le thème. Bunker vient de paraître dans la collection Actes Noirs…

Il a espionné sa voisine de l’immeuble d’en face, cette Monika qui déambulait souvent nue chez elle. Il a même visité son appartement, dérobant une photo. Ce vendredi après-midi, il fait irruption dans l’agence où elle est employée. Dans la confusion, Monika pense qu’il s’agit d’un hold-up, seule raison plausible de l’agression. L’homme la maltraite, l’assomme sans doute. Après un moment d’incompréhension, elle sombre dans un état comateux. Quand Monika se réveille, elle est nue dans une pièce à l’étage d’un moulin délabré. Elle parvient finalement à se libérer de ses liens, espérant s’enfuir. Son ravisseur, elle juge que c’est un rustre et un connard. Réagir, Monika y pense, mais sa volonté n’est pas assez forte. Il lui donne à manger, l’enferme seule dans la pièce.

SCHENKEL-2010Et si tout ça avait un rapport avec Joachim, qui hante ses rêves ? La photo volée chez elle datait de leur enfance, un cliché où Monika posait avec lui. Elle se remémore cette époque, se souvient de Hans. C’était l’idiot du village, celui dont les gamins se moquaient cruellement. Il voulait pourtant faire partie de leur bande. Le plus méchant avec Hans, ce fut assurément Gerold. Grande gueule jouant au meneur, il répandit de sales rumeurs au sujet de Hans. Quand un drame se produisit au village, il fut immédiatement suspect. Qu’est-ce qu’il est devenu ? Ils ont dit qu’il était fou. Hôpital psychiatrique à perpétuité (…) L’affaire était claire, pourquoi aurait-on continué à en parler ? La captive imagine que son ravisseur n’est autre que Hans, sorti prématurément. D’ailleurs, des détails physiques et comportementaux lui rappellent cet enfant, l’idiot du village.

Pour l’homme, qui a subi la prison, ce moulin est un refuge. Il y a là le souvenir de son père, brutal, qui enfermait sa mère dans la pièce à l’étage où se trouve Monika. C’est au moulin que le ravisseur développa son goût pour l’aventure. Il se souvient encore du projet délirant de son père, construire ce bunker. Mal conçue dans un terrain inadapté, cette cave fortifiée s’avère inutile... Est-ce le choc qui rend sa prisonnière hagarde, ou est-elle folle ? À cause de brûlures aux mains, Monika devient plus dépendante encore de l’homme. Elle a une pensée pour son patron qu’elle n’aime pas et sa collègue. Monika se doute que personne ne s’est préoccupé de sa disparition. Elle finit par proposer à son ravisseur de piéger son employeur, pour s’emparer de l’argent du coffre-fort…

Certes, il est un peu dommage de présenter un résumé linéaire pour un histoire qui n’est pas si rectiligne. En effet, le découpage scénique est nettement plus fin et habile. Chaque protagoniste raconte sa version de la séquestration, narrations parallèles assorties de leur état d’esprit et de réminiscences d’enfance. L’atout principal, c’est évidemment la psychologie de Monika et du ravisseur. Doit-on y voir une variante du Syndrome de Stockholm ? Pas exactement, car on trouve ici plus d’introspection que d’affinités entre eux. S’ils se rejoignent, c’est par leur caractère solitaire, voire indifférent. Au fil du récit, nous suivons également l’intervention des secours. Savoir qui ils essaient de sauver, voilà un aspect supplémentaire du suspense. Un roman court, subtil et captivant.

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17 septembre 2010 5 17 /09 /septembre /2010 06:07

 

Le livre de David Grann Trial by fire n’est pas un roman. Il s’agit d’une contre-enquête, hélas pas d’une fiction. Publié en cette rentrée aux Éditions Allia (3 Euros), il revient sur une affaire supposée criminelle, où le doute aurait dû profité à l’accusé…

Le drame se produit le 23 décembre 1991 à Corsicana, petite ville du Texas. En l’absence de sa femme Stacy, âgée comme lui de 22 ans, Todd Whillingham s’occupe de leurs bébés, la petite Amber et les jumelles. Quand un violent incendie ravage la maison, Whillingham est dans l’incapacité de sauver ses trois enfants. Après l’intervention des pompiers, les bébés sont retrouvés morts, intoxiqués par les fumées. L’enquêteur Vasquez et le pompier Fogg ne tardent pas à déterminer qu’il s’agit certainement d’un incendie volontaire. En effet, des indices montrent que le feu a été provoqué par de multiples foyers. Pour eux, il apparaît évident qu’une substance inflammable a été répandue dans la maison, en particulier dans la chambre des enfants.

Le jeune père fait figure de suspect principal : Le portrait de Whillingham que la police commençait à reconstituer était dérangeant. GRANN-2010Connu pour des petits vols et des violences conjugales, il prétend s’être calmé. Le procureur John Jackson le considère néanmoins comme un asocial, ayant pu commettre cet acte. Les témoignages sur les réactions de Todd Whillingham lors de l’incendie ne plaident pas en sa faveur. Qu’il ne porte aucune trace de brûlures alors qu’il affirme avoir bravé le feu pose question. Après une arrestation spectaculaire, il est inculpé. Son avocat d’office, qui le croit coupable, l’incite à accepter la négociation pour une peine de prison à vie. Whillingham refuse catégoriquement. Au procès, sans grande surprise, il est condamné à la peine de mort.

Simple citoyenne, Elisabeth Gilbert s’est interrogée sur la culpabilité de Todd Whillingham. Ils ont échangé des courriers, elle lui a rendu visite en prison, elle a consulté les archives sur l’affaire. Madame Gilbert n’était pas naïve : elle partait du principe qu’il était coupable. Cela ne la dérangeait pas de lui apporter du réconfort, mais elle n’était pas là pour l’absoudre. Toutefois, les éléments ne sont pas tous si accablants contre Whillingham, des témoignages sont même positifs. Certes, des psys considèrent qu’un passionné de hard-rock comme lui ne peut qu’être un sociopathe. Et le douteux témoignage d’un prisonnier sert trop facilement l’accusation. Mais les erreurs judiciaires ne sont pas rares dans les procès où des avocats commis d’office s’impliquent peu.

Les années passent, Todd Whillingham reste dans le couloir de la mort. Tandis qu’il survit dans l’enfer carcéral, les requêtes en appel déposées par son nouvel avocat sont laissées sans suite. Pourtant, des questions cruciales se posent sur la compétence des experts en incendies. Scientifique reconnu, Gerald Hurst relève des approximations dans la plupart des affaires, les enquêteurs se fiant davantage à leurs impressions qu’aux stricts faits. Il connaît un cas identique à celui de Whillingham, où une maison fut détruite en quatre minutes et demie. Le rapport de Hurst, soutenant la thèse accidentelle, aurait dû être déterminant…

 

Si la Justice française est imparfaite, celle des Etats-Unis baigne dans un océan d’incompétence aberrante. Les fautes d’appréciation (des procureurs, des juges, des experts) sont courantes, entraînant quantité d’erreurs judiciaires. Sans esprit scientifique, les enquêteurs décident d’une version, cherchant uniquement les preuves à charge pouvant l’étayer. On nous cite quelques exemples édifiants, atroces puisque des innocents ont été exécutés à tort. La prise de conscience progresse lentement : Depuis 1976, plus de 130 personnes qui se trouvaient dans le couloir de la mort ont été disculpées. Partisan de la peine de mort, le gouverneur Ryan y renonça après avoir frôlé l’erreur capitale. Mais, quand on voit qu’une Commission de révision n’examine pas les rapports contradictoires reçus, l’espoir d’une meilleure Justice reste mince.

Ce Trial by fire (L’épreuve du feu) est sous-titré L’état du Texas a-t-il exécuté un innocent ?. Un père qui tue ses enfants, c’est évidemment monstrueux. Whillingham ne mériterait pas notre pitié. Pourtant, réfléchissons à ceci : il n’avait pas de mobile, adorait ses bébés, n’était pas moins équilibré que ses concitoyens, et a été surpris par l’embrasement rapide de sa maison. Quant au rapport Hurst, il définit probablement le véritable scénario du sinistre. À chacun de tirer ses propres conclusions.

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