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13 octobre 2010 3 13 /10 /octobre /2010 06:04

 

Super coup de cœur pour Le vertige de la chute de Walter Mosley (Éd. Jacqueline Chambon), sans nul doute un des meilleurs romans noirs de l’année.

MOSLEY-2010À New York en 2008, Leonid McGill est un détective privé Noir âgé de 53 ans. Il s’est débrouillé pour obtenir de vastes bureaux dans le luxueux Tesla Building. Aura Ullman, son amie de cœur et administratrice de l’immeuble, est protectrice à l’égard de McGill. Par ailleurs, la vie de famille du détective ressemble fort à un ratage complet. Bien que tous ne soient pas de lui, il aime ses enfants. Tout particulièrement ce futé qu’est Twill, dont il surveille la messagerie web. Car, aussi débrouillard soit-il, le jeune homme risque d’être impliqué dans une sale affaire. McGill pratique encore la boxe chez son ami Gordo, pour se défouler. S’il s’est désormais assagi, le détective utilisa longtemps des méthodes violentes, au service de quelques caïds locaux. L’un d’eux, le truand Tony le Costard, vient l’engager pour une histoire tordue. Il s’agit de cibler un comptable gênant pour le caïd. Bien que McGill ne puisse refuser, il jouera le coup à sa manière.

Le détective a été engagé par Thurman, un de ses confrères d’Albany, pour retrouver quatre hommes. Il ne connaissait que leurs sobriquets d’ados des rues, datant d’une quinzaine d’années plus tôt. Après avoir transmis ses infos à Thurman, ces types sont assassinés. McGill s’en veut : Je n’aurais jamais dû me lancer dans la recherche de ces quatre mecs, et le pire, c’est que je le savais. Qui est prêt à payer une somme pareille pour retrouver des camés et des délinquants de seconde zone? Qui faut-il être pour accepter ce genre de boulot? Moi. Au seul motif que j’avais une ardoise à régler. Il se rend à Albany, afin de dénicher le prétendu Thurman, qui se nomme Norman Fell. Après une altercation vite réglée avec des racistes qui l’ont sous-estimé, McGill rend une petite visite à son collègue. Fell a été amoché, avant d’être éliminé : Je n’aurais su préciser s’il était mort étranglé ou si on lui avait brisé le cou, mais quoi qu’il en soit la fin avait été violente. Mieux vaut s’éloigner d’Albany. Néanmoins, grâce à la jeune prostituée Seraphina, McGill y garde dans sa manche un atout à exploiter.

De retour à New York, le détective est agressé dans son bureau. Pas si facile de riposter face un tel monstre violent, mais il parvient à l’assommer. Bien qu’il s’agisse de légitime défense, l’inspecteur Kitteridge peut causer de gros ennuis à McGill : C’est sans doute le seul flic vraiment honnête de la ville. Tu imagines ? Voilà un flic irréprochable, et son seul but dans la vie est de me coller derrière les barreaux. On est bientôt certain que ce Sanderson, l’agresseur, n’est autre que l’assassin. Pourtant, cette brute n’est évidemment pas l’instigateur de la série de meurtres. Quelqu’un avait projeté la mort des quatre pignoufs puis, son dessein accompli, pour effacer les traces il s’était également débarrassé de Norman Fell. Restait à déterminer si je figurais depuis le départ sur la liste des condamnés… McGill va retourner à Albany, suivre la piste offerte par Seraphina, et tenter de comprendre. Sans oublier de traiter ses propres problèmes…

 

MOSLEY-2010Quel bonheur de déguster une véritable aventure de détective privé navigant aux frontières de la légalité ! Quel plaisir de savourer une authentique histoire de durs-à-cuire, riche en pugilats et en coups bas ! Walter Mosley s’inscrit dans la lignée des précurseurs du roman noir, Dashiell Hammett ou Raymond Chandler. Il respecte idéalement cette grande tradition. Il suffit de constater le soin apporté à l’élaboration de l’intrigue, précise et maîtrisée, pour réaliser qu’il s’agit bien d’un polar de qualité supérieure.

Sans doute parce qu’il ne cache pas ses ambiguïtés, ses imperfections passées et présentes, McGill est un personnage qu’on aime d’emblée, sans restriction. Qu’il rencontre le puissant conseiller occulte new-yorkais Rinaldo ou une petite frappe comme Eddie Jones (dit Grande Gueule), McGill utilise son expérience de la vie pour ne jamais se laisser déstabiliser. Discernement qui lui permet d’être parfois bienveillant, voire d’éprouver une part de tendresse pour certaines personnes qu’il rencontre. Vieilles méthodes et techniques actuelles se côtoient dans cette enquête agitée, non dénuée d’humour. Mosley est aussi héritier de Chester Himes, évoquant la place des Noirs dans la société américaine actuelle. L’auteur introduit de subtiles nuances dans la métamorphose du sort des Noirs depuis trente ans... 

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12 octobre 2010 2 12 /10 /octobre /2010 06:28

 

Une info cinéma, à destination des mômes (et de leurs parents). Certes, ce film ne sera sur les écrans qu'en fin d'année, mais il n'est pas trop tôt pour noter l'info.

VIE de CHAT-1

Bientôt, un polar d’animation pour les enfants ! Le 15 décembre 2010, sortie du film “UNE VIE DE CHAT”, de Jean-Loup Felicioli et Alain Gagnol (Production Folimage, 1h10) avec les voix de Dominique BLANC, Bruno SALOMONE, Jean BENGUIGUI, et Bernadette LAFONT.

 

VIE de CHATLe scénario : Dino est un chat qui partage sa vie entre deux maisons. Le jour, il vit avec Zoé, la fillette d’une commissaire de police. La nuit, il escalade les toits de Paris en compagnie de Nico, un cambrioleur d’une grande habileté. Jeanne, la commissaire de police, est sur les dents. Elle doit à la fois arrêter l’auteur de nombreux vols de bijoux, et s’occuper de la surveillance du Colosse de Nairobi, une statue géante convoitée par Costa, le criminel responsable de la mort de son mari policier. Depuis ce drame, la fillette ne dit plus un mot. Les événements vont se précipiter la nuit où Zoé surprend Costa et sa bande. Une poursuite s’engage, qui durera jusqu’au matin, et qui verra tous les personnages se croiser, s’entraider ou se combattre, jusque sur les toits de Notre-Dame…

D'autres infos sur ce film d'animation :

http://folimage.over-blog.com/categorie-10935730.html

 

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11 octobre 2010 1 11 /10 /octobre /2010 06:07

POINTS-LOGORecord battu ! Vous avez été 1019 participants au Concours POINTS. Pour mémoire, 899 personnes avaient joué au précédent concours. MESSAGE-2010Merci à toutes et tous, en espérant que quelques-un(e)s en auront profité pour visiter quelques pages d'Action-Suspense. Le tirage au sort a désigné les CINQ GAGNANTS. Ils recevront les jours prochains un exemplaire du roman de Vincent Message "Les veilleurs", adressé par les Editions Points. A bientôt, pour de nouveaux concours. Et surtout, pour de multiples infos autour du polar !

 

La liste des gagnants :

 

Isabelle P. - de Drancy (93700)

Virginie G. - de Saint Sauveur de Flée (49500)

Laetitia L. - de Le Bouscat (33110)

Bastien A. - d'Aix-en-Provence (13090)

Evelyne J. - de Lure (70200)

 

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8 octobre 2010 5 08 /10 /octobre /2010 06:12

 

Bien qu’il ne s’agisse pas de fictions, deux ouvrages documentaires récemment publiés s’adressent aux lecteurs de polars. L’un raconte la conception du monde réel de l’espionnage, vue par un ancien professionnel. L’autre reprend plusieurs études sur le roman noir. Une autre manière, analytique, d’aborder le thème.

Dans la collection Sagesse d’un métier, les Éditions l’Œil neuf présentent le livre d’Alain Chouet La sagesse de l’espion (2010)

C’est ne rien comprendre que d’accuser les services secrets de faire "dans l’illégalité". Le fait est évident. Ils ne font même que cela. C’est leur vocation et leur raison d’être. Le renseignement se recueille en violant ou en faisant violer la loi des autres. Le problème n’est pas d’obtenir, fût-ce avec virtuosité, ce que les autres peuvent dire ou montrer, mais bien ce que leurs lois, leurs coutumes ou leur environnement social leur interdisent formellement de communiquer ou de faire. DocuCHOUETConsidérant cette fin, il va de soi que les moyens mis en œuvre seront en rapport : manipulation, séduction, corruption, violence, menace, chantage, au terme d’un processus qui aura mis à nu toutes les facettes de l’objectif visé, pénétré son intimité, exploité toutes ses vulnérabilités.

Né en 1946 à Paris, Alain Chouet est entré à la DGSE en 1972. Il a longtemps servi en postes extérieurs au Moyen Orient, en Afrique du Nord et en Europe avant de diriger le Service de renseignement de sécurité chargé de la lutte anti-terroriste, de la contre-criminalité et du contre espionnage à l’étranger.

Voici un extrait du début de cet ouvrage.

« L’Histoire humaine est plutôt fertile en affaires d’espionnage et de renseignement (…) Mais si l’histoire des espions se perd dans la nuit des temps, elle reste largement celle d’individus isolés, marqués du sceau du destin et en général voués à un sort funeste. En revanche, les services d’espionnage organiquement constitués, disposant de personnels, locaux, budget et moyens permanents sont de création très récente. Les plus anciens datent du début du 20e siècle. La France attendra 1946 pour se doter d’un service de renseignement à vocation généraliste et planétaire, le SDECE. Il n’est nul besoin de se livrer à des analyses sociologiques fines pour concevoir que, si les services de renseignement n’existaient pas, c’est tout bêtement parce qu’ils ne correspondaient pas à un besoin.

Jusqu’à la moitié du 20e siècle, les unités politiques, économiques et sociales étaient suffisamment statiques, isolées, indépendantes, pour ne pas avoir à intervenir de façon subtile dans la vie de leurs voisins, concurrents ou adversaires. La concurrence politique et économique entre systèmes autarciques, protectionnistes et centralisés ne pouvait se résoudre que par la menace ou l’exécution d’affrontements armés et violents. Au mieux pouvait-on espérer repousser les échéances par le jeu de quelques ambassadeurs habiles ou des alliances, y compris matrimoniales, savamment orchestrées.

Dans ce contexte la classe guerrière, et plus tardivement la diplomatie, instruments ultimes du pouvoir de l’État, disposaient d’un statut social reconnu et privilégié. La noblesse était avant tout d’épée. Les casernes ont encore aujourd’hui quelque nostalgie du sang bleu et les annuaires diplomatiques ne sont pas chiches en particules. La guerre et la diplomatie, modes ordinaires de relations entre les peuples, ont été rapidement normalisées par des ensembles de lois communément acceptées et généralement respectées, qui ont trouvé leur origine dans les traités de Westphalie et d’Utrecht et leur achèvement dans les Conventions de Genève et de Vienne.

L’espion était évidemment hors de ces normes. Son utilisation se bornait au besoin ponctuel du chef de guerre d’être informé des dispositions de l’armée adverse ou à celui du Prince de percer les intentions malveillantes du potentat voisin. Comme on ne passait quand même pas tout son temps à préparer des batailles ou à ourdir des complots, la fonction était intérimaire et, puisqu’il faut bien vivre, mercenaire. Le métier n’y gagnait pas en prestige. Affranchi des allégeances personnelles qui constituaient le seul fondement des sociétés antérieures à l’idée nationale, l’espion était littéralement un individu sans foi ni loi, félon par définition, gibier de potence par destination...»

http://www.sitedit.eu/mutu/oeil9/index.php?sp=liv&livre_id=51

 

DOCU-Manières de NoirLes Presses Universitaires de Rennes publient donc un livre consacré à l’étude de la fiction policière contemporaine. Sous la direction de Gilles Menelgado et Maryse Petit, Manières de noir mène l’enquête sur le roman policier : à quoi sert-il aujourd’hui ? Quelle a été son évolution depuis les années 70 ? Quelle est sa place actuelle dans la littérature ? La contamination par le "Noir" de la littérature générale est examinée ici, à travers les œuvres d’auteurs européens et américains contemporains, tels que Fred Vargas, Thierry Joncquet, Didier Daeninckx, Ian Rankin, David Peace, Henning Mankel, les frères Vaïner, James Ellroy, Jerome Charyn, Michael Connelly, etc, mais également celles d’écrivains mainstream comme Graham Swift, Kasuo Ishiguro ou encore Patrick Modiano, eux aussi séduits par la "manière noire" qui participe à divers degrés de leur imaginaire fictionnel.

Parmi les thèmes abordés : de Delphine Cingal, "Lectures du corps : de Sherlock Holmes à Kay Scarpetta"; de Mchèle Witta, "Le roman policier historique : une anomalie ?"; de Stéphanie Benson, "La langue étrange de David Peace ou l’exilé du Yorkshire"; de Maryse Petit, "Harry Bosch ou la stratification du monde" (Michael Connelly); de Léo Lapointe, "«Donnez-nous notre pékin quotidien» la polarisation du monde comme produit d’une rencontre"; de Françoise Abel, "Nostalgie des valeurs-valeur de la nostalgie chez M. V. Montalban"; de Maria Dolorès Vivero García, "L’humour dans l’enquête criminelle chez Fred Vargas"… et bien d’autres sujets développés.

348 pages et un cédérom (Paroles d’écrivain: Tanguy Viel - Dominique Manotti - Fred Vargas - Freddy Michalski (traducteur) - Table ronde avec Léo Lapointe, Philippe Huet (écrivains) et Gilles Guillon (éditeur).

http://www.pur-editions.fr/detail.php?idOuv=2408

 

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7 octobre 2010 4 07 /10 /octobre /2010 05:52

 

Après Brice Pelman, Auguste Le Breton, André Héléna, c’est Jean-Pierre Ferrière qui est aujourd’hui réédité dans la collection Noir Rétro, chez Plon. Rictus est un roman diablement convaincant !

Mathieu Collard est âgé de trente-quatre ans. Employé aux Cartonneries du Loiret, il habite près de Chartres. Il est marié à Jeanne, de dix ans sa cadette. Ils ont un fils de deux ans, François. Le Dr Jean-Louis Tristan, son généraliste, vient d’annoncer à Mathieu qu’il était atteint d’un cancer. Plus que quelques mois à vivre, moins d’une année. Il pense à sa famille. Que deviendront-ils sans lui, sans argent ? François irait dans une crèche, et Jeanne retournerait travailler aux Cartonneries plus tôt que prévu, mais elle ne pourrait pas conserver la maison. Où habiterait-elle ? Mathieu devrait absolument régler toutes les traites avant de disparaître. Oui, mais comment ? FERRIERE-RictusLa jeune prostituée Sandra compatit mais ne peut lui apporter qu’un soutien moral.

C’est Mlle Simone, l’assistante du Dr Tristan, qui offre à Mathieu le moyen de s‘en sortir. À peine avait-il remarqué cette quadragénaire sans charme lors de sa consultation. Elle le contacte et lui propose une forte somme. Et qu’est-ce que je devrai faire pour ça ? Tuer un homme, dit Mlle Simone, en regardant pour la première fois Mathieu dans les yeux. Il doit assassiner Alexandre Chassagne, homme d’affaire supposé véreux. Mathieu négocie une plus forte rétribution, sa commanditaire finit par céder. Une nuit, il intercepte la Jaguar de sa victime. Mathieu se précipita sur Chassagne, et lui passa la corde autour du cou. Médusé, l’autre ne se débattit pas. Les yeux clos, les mâchoires serrées, Mathieu tira de toutes ses forces sur les deux extrémités de la corde.

Mathieu n’a rien dit à Jeanne. Il paie les traites de la maison, achète une voiture. Peu de temps après, un drame touche sa famille. Mathieu est le seul rescapé. Hospitalisé, il apprend qu’il n’a pas le cancer. Simple gastrite, selon le Dr Brunel. À sa sortie, Mathieu veut contacter le Dr Tristan. Le cabinet de celui-ci est fermé. Il ne semble pas avoir jamais eu d’assistante. Par contre, Mathieu apprend que Tristan était l’amant d’Elisabeth Chassagne. Ils sont partis ensemble à Cannes. Mathieu réalise qu’on s’est servi de lui pour supprimer le riche mari. Vu en public à l’heure du crime, le couple d'amants est insoupçonnable. Grâce à Sandra, Mathieu obtient l’adresse cannoise de Jean-Louis Tristan et de Mme Chassagne. Il propose à la jeune prostituée de l’accompagner, seule personne dont il supporte la présence…

Voilà donc un roman qu’il est bon de remettre en lumière, heureuse initiative de la collection Noir Rétro. Romancier déjà confirmé quand il écrivit cette histoire, Jean-Pierre Ferrière concocta une sombre intrigue d’une grande justesse. Le personnage central n’est qu’un homme ordinaire, lucide et responsable, dont la vie quotidienne vire au noir. Cette "normalité" du héros ajoute une force certaine au récit de ses épreuves. De même, s’il peut se venger, il ne sera pas animé par une haine destructrice et violente, mais par un sentiment de justice logique. Le rôle de Sandra n’est pas neutre dans cette affaire, puisqu’elle représente une alternative autant qu’une alliée. Inutile de souligner la parfaite construction du scénario, ni la très agréable fluidité narrative, qualités majeures de l’auteur. Digne de figurer parmi les meilleurs suspenses, Rictus est assurément un roman à redécouvrir.

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6 octobre 2010 3 06 /10 /octobre /2010 05:57

 

Après un épisode de la série Le Poulpe intitulé Mort à Denise, Sébastien Gendron vient de publier une excellente comédie humoristique Taxi, Take off & Landing (Éd.Baleine).

Hector Malbarr est un homme ordinaire, de caractère passif, incapable de parler une langue étrangère. Depuis qu’est prévu son mariage avec la blonde Glenda, cet oisif en profite pour vivre dans le luxe. En trois ans, leur relation a beaucoup fléchi, mais ça lui importe peu. Ce jour-là, le couple est en transit à l’aéroport de Copenhague. Glenda s’absente quelques instants. Apparaît une brune bronzée, qui accapare sans préambule Hector. Déboussolé, sous le charme de cette Angie inconnue, il apprend que c’est sa future femme. Certes, elle est plus excitante que Glenda. Angie l’appelle Djinne. Hector étant supposé souffrir d’amnésie, elle lui détaille le programme de leur voyage. Il vaut mieux qu’il prenne une pilule, puisqu’il ne supporte pas les trajets en avions. Hector et Angie s’envolent.

GENDRON-2010-2À l’escale de Miami, ce n’est pas la grande forme pour le futur marié. Il se fait un peu trop remarquer, par l’hôtesse ou par cet ami d’Angie, soi-disant médecin qui l’ausculte : Je me retrouve donc torse nu, dans des toilettes à l’autre bout du monde, avec un Hawaïen dont je doute de plus en plus des diplômes universitaires, en train de me parcourir le buste avec son espèce de téléphone satellitaire. En consultant ses nouveaux papiers d’identité, Hector comprend pourquoi Angie l’appelle Djinne. Néanmoins, il porte un nom ridicule, sujet à de mauvaises plaisanteries. Bien que la position d’Hector soit malaisée, le voyage se poursuit, dans un jet de luxe, puis en hors-bord. Les voici arrivés à destination. Île de rêve, Lamb Island appartient au père d’Angie, le Dr Taburiax.

Jusqu’à là, même s’il ne maîtrise rien, tout va bien pour Hector. Il sent que la belle Angie prend ses distances, et que Fédor Taburiax n’est pas d’une grande franchise à son égard. Mais le bungalow mis à sa disposition lui convient. Et la jeune Consuelita n’est pas farouche. Quand intervient le père de la jolie métis, armé et furieux, ça se gâte. Hector se retrouve enfermé dans un bunker, dont l’issue est facile à situer : C’est en ouvrant cette porte que je mets en doute l’existence réelle d’un consortium hispanique. On n’enferme pas sérieusement la victime d’un rapt dans un tel endroit, avec une porte qui donne sur un tunnel long de plusieurs mètres… Pendant ce temps, Glenda n’est pas restée inactive. Bien que son père écossais ne soit pas du tout coopératif, le jeune femme ne renonce pas. D’ailleurs, c’était uniquement le père de Glenda que visait le Dr Taburiax en organisant cet enlèvement. S’enfuir de cette île ? Hector ne perd pas espoir…

 

Exquises tribulations que celles d’Hector, embarqué dans des désagréments qui dépassent sa compréhension. Pour lui, pas question d’héroïsme, juste de faire face honorablement à une situation inextricable à ses yeux. Toutefois, ce brave garçon n’est pas le seul protagoniste de l’affaire. Trois femmes et leurs pères respectifs, ainsi que le mercenaire Ramirez avec ses sbires et le major Leiter, jouent leur rôle dans cette comédie tropicale agitée. C’est une version décalée des romans d’aventures d’antan, avec un hommage à l’univers de Ian Fleming (et à Santiago Gamboa).

L’auteur fait preuve d’une belle finesse dans l’humour. Heureusement, le pire arrive toujours au plus mauvais moment. Le Dr Taburiax fait son entrée dans le bungalow n°26 et je sais à sa mine de poignée de frigo qu’il va me sortir d’ici. D’une manière ou d’une autre. Pas forcément la plus tendre. D’ailleurs, à voir l’énergie qu’il déploie pour que ses yeux ne lui surgissent pas de la tête quand il me regarde, on a un assez bel aperçu du programme de la nuit. Ce qui n’empêche pas Gendron de nous proposer un vrai scénario, énigmatique, fertile en péripéties et riche en suspense. Voilà une souriante histoire, savoureuse à souhaits, qui se dévore avec plaisir.

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5 octobre 2010 2 05 /10 /octobre /2010 06:06

 

Londres d’aujourd’hui et d’hier sert de décor au suspense de Dan Waddell Code 1879, publié dans la collection Rouergue Noir. Quand la généalogie intervient dans une enquête de police, le résultat est plutôt original…

Proche de la cinquantaine, Grant Foster est un policier grand et massif, au crâne rasé de près, au caractère ferme. À Londres, son équipe de la Criminelle Ouest se compose des inspecteurs Heather Jenkins, Andy Drinkwater et Majid Khan. Un cadavre amputé des mains vient d’être découvert dans un cimetière. Quasiment pas de témoin sauf la Femme Cidre, une clocharde zonant en ces lieux. Avant l’autopsie, Foster remarque des entailles sur le corps de la victime. Que signifie ce 1A137 ? En outre, un numéro codé a été composé sur le portable du défunt, après sa mort : 1879. Autant d’indices peu évidents à traduire. Heather Jenkins propose de faire appel à Nigel Barnes, généalogiste expert. Foster est sceptique, mais lucide : Ils n’avaient rien (…) Ils tâtonnaient à le recherche d’une ouverture. Foster voulait trouver le détail, l’information qui ferait jaillir la lumière et éclairerait l’enquête. Pourquoi pas la généalogie ?

WADDELL-2010Ayant connu des difficultés professionnelles, Nigel Barnes s’avoue excité d’être associé à cette affaire. Aidé par Heather et Khan, il consulte au Family Records Centre des registres datant de 1879. Ils finissent par dénicher des documents relatifs à un meurtre ayant eu lieu cette année-là dans le même quartier, dont un Albert Beck fut victime. Barnes poursuit sur cette piste, mais l’ensemble des descendants de cet homme sont aujourd’hui décédés. Dans les journaux d’alors, on évoque une série de trois meurtres. Virulente, la presse réclama un coupable. Barnes essaie de repérer géographiquement ces faits anciens, ces quartiers de Londres ayant beaucoup changé depuis la fin du 19e siècle. Foster s’intéresse au cas d’un clochard, supposé suicidé, qui porte le même signe 1A137 sur le corps. En réalité, il s’agit d’un avocat ayant disparu depuis deux mois.

Un troisième cadavre mutilé doit être attribué au même criminel. Chroniqueuse pour un journal, elle appartenait à une riche famille. Ni son frère, ni son petit ami ne sont suspects. Un barman a vu la jeune femme partir avec un inconnu, maigre élément. Les médias s’emparant de l’affaire, le supérieur de Foster prend en main l’enquête. Le policier et Heather Jenkins continuent avec Nigel Barnes à explorer les faits de 1879. À la lecture des journaux de l’époque, il s’avère qu’il y eut cinq victimes au total. On finit par arrêter un coupable, un débile mental nommé Eke Fairbairn. Ce géant plus simplet que dangereux passa en jugement. Le policier Pfizer ayant retrouvé chez lui l’arme des crimes, la condamnation de Fairbairn ne tarda pas. Dans l’enquête actuelle, on tient aussi un suspect. Foster et Barnes s’attendent à ce qu’il y ait deux autres victimes. Nigel Barnes tente de situer les descendants des protagonistes de l’affaire de 1879...

La généalogie peut sembler une occupation futile, une activité ne servant qu’à se faire plaisir en recherchant ses racines familiales. Dans le cas présent, l’auteur nous démontre qu’il ne s’agit plus d’un loisir. Car il faut se replacer dans le contexte et dans l’esprit victorien, pour expliquer les erreurs commises alors. Certes, une forme de vengeance explique les meurtres actuels. Mais les liens historiques entre les deux séries criminelles sont bien plus subtils qu’il y parait. Quant à la dernière cible du tueur, il ne l’a pas choisie au hasard. Sans doute cette solide énigme nous présente-t-elle des personnages suspects, selon la bonne tradition. Pourtant, ce sont bien les pistes généalogiques et les filiations qui font avancer l’affaire, et qui créent l’ambiance. Le tourmenté policier Foster, le passionné Nigel Barnes, la sensible et efficace Heather, forment un trio aussi sympathique que convaincant. Leur première enquête s’avère très réussie.

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4 octobre 2010 1 04 /10 /octobre /2010 05:46

 

Jusquau dimanche 10 octobre 2010 inclus, Action-Suspense avec les éditions POINTS vous proposent de jouer et de gagner grâce au Concours POINTS.

MESSAGE-2010Répondez aux trois questions posées (QCM). Cinq gagnants seront tirés au sort parmi les bonnes réponses. Chacun recevra un exemplaire de "Les Veilleurs" de Vincent Message.

 

Les trois questions :

 

1-Quel Prix a récompensé en 2009 «Les veilleurs» de Vincent Message :

Prix SNCF du Polar - Prix Laurent-Bonelli - Prix Plume de Cristal (Liège) - Prix du festival Étonnants Voyageurs

 

2- Quel est le nom du commissaire dans le roman de Petros Markaris «Publicité meurtrière» (chez Points) ?

Kostas Charitos - Petros Sherifian - Andros Panaganis - Nikos Anelkos

 

3- Qui est l’auteur de «Last exit to Brest», publié chez Points ?

Antonin Varenne - Claude Bathany - Frédéric Lenormand - Hugo Hamilton

 

Adressez vos réponses et vos coordonnées (qui resteront confidentielles) avant le 10 octobre au soir, ici action.suspense@yahoo.fr

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