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21 octobre 2010 4 21 /10 /octobre /2010 06:12

 

C’est une balade vendéenne et criminelle que nous propose Louis Dubost avec La demoiselle aux lumas, publié cet automne dans la collection Le Geste noir.

Chaillé-sous-les-Ormeaux est une bourgade campagnarde de Vendée, à quinze kilomètres au sud de La Roche-sur-Yon. C’est dans ces paysages vallonnés et bucoliques que le pêcheur Edmond fait une triste découverte, le cadavre dévêtu d’une adolescente agressée. Les secours ne peuvent rien faire pour cette jeune fille de quinze ans, assassinée après un viol. La victime est bientôt identifiée. Appartenant à une famille de Chaillé, Mélanie Galerneau était collégienne à La Roche-sur-Yon, n’avait pas de petit ami attitré, et faisait partie d’un groupe folklorique local. DUBOST-2010L’affaire ne tarde pas à être commentée par les porteuses de ragots, dont la bavarde Treize-Goules, qui ne s’exprime qu’en patois du cru.

Le couple de gendarmes chargés de l’enquête apparaît assez atypique. Le chef Gérard Duchassin est un esprit libre, hostile aux méthodes actuelles, restant fidèle à une éthique légaliste. De formation universitaire, le lieutenant Anne Cadou partage le non-conformisme de son collègue. Edmond, copain de pêche de Gérard, ne peut guère les aider. Le maire Bernardeau, incompétent plus haut que son QI, est largement dépassé par la situation. Pour Gérard, c’est la piste pédophile qu’il faut explorer. Anne est intriguée par l’objet que la victime tenait dans son poing serré, une coquille d’escargot vide. Les escargots ne sont pas rares par ici, mais celui-là vient visiblement d’une autre région de France.

La traditionnelle enquête de voisinage éclaire peu le tandem de gendarmes, ne leur offrant pas de vrai suspect. Aux obsèques de la victime, Treize-Goules continue à commenter les évènements en patois. L’autopsie a juste confirmé le viol. L’analyse de la coquille d’escargot est plus intéressante, démontrant qu’elle a contenu de la cocaïne. Gérard et Anne doutent que la sage Mélanie ait été une toxicomane, mais peut-être fut-elle impliquée dans un trafic. Tandis qu’Anne et ses amies fréquentent une boite de nuit du secteur, Gérard fait des recherches sur Internet. Il finit par retrouver la trace d’affaires similaire en Haute-Saône. Pour autant, le couple de gendarmes ne tient pas encore le meurtrier…

Louis Dubost ne prétend nous raconter ni la traque d’un cruel tueur sanglant, ni une enquête tarabiscotée fertile en fausses pistes et en indices incertains. Non, ce court roman met d’abord en valeur les décors champêtres vendéens, avec ce goût de la poésie et des mots qui anime l’auteur. Cette histoire laisse une place à l’humour, notamment grâce à un duo gendarmesque plutôt original. C’est après avoir lu J’étais Dora Suarez chef d’œuvre de Robin Cook, qu’Anne décida de devenir gendarme. Et l’intrigue peut se voir aussi comme un petit hommage au roman de Dominique Roulet L’escargot noir, une enquête de l’inspecteur Lavardin. Voila donc un bon petit roman, fluide et très plaisant à lire. À découvrir aussi, la collection Le Geste noir (cliquez sur le lien)

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20 octobre 2010 3 20 /10 /octobre /2010 06:15

 

Pour la septième fois, nous avons rendez-vous avec Jack Taylor, le héros de Ken Bruen. Avec En ce sanctuaire, il revient dans la Série Noire en cet automne 2010.

Jack Taylor ne trouve plus ses repères dans le Galway d’aujourd’hui, ni dans la Nouvelle Irlande enrichie, détestable par bien des aspects. Diminué par une claudication gênante et portant une prothèse auditive, l’ancien policier tente de rester sobre, de respecter une abstinence salvatrice. Ayant tout vendu et changé d’adresse, Jack Taylor est prêt à partir en Amérique. À cause des ennuis de santé de sa collègue Ridge, il reste encore un peu. C’est ainsi qu’il reçoit une lettre annonçant la prochaine mort de deux policiers, d’un juge et d’un enfant. Ce n’est pas un courrier anonyme, puisqu’il est signé par un certain Benedictus. Vieil adversaire de Jack Taylor, le surintendant Clancy n’accorde aucun d’intérêt à cette lettre, pourtant inquiétante. Quant à savoir comment ce Benedictus a obtenu la nouvelle adresse de Taylor, il estime que ça n’a rien de difficile.

La mort du laxiste juge Healy n‘intrigue personne, puisqu’il s’agit d’un supposé suicide. Pourtant, c’est une des victimes citées dans la liste reçue par Taylor. BRUEN-2010-SNPour que Ridge ne sombre pas dans l’oisiveté alcoolisée, Jack Taylor lui confie une enquête privée. Une affaire que cette pro ne tarde pas à éclaircir. Son voisin homo étant victime de persécutions, Taylor se charge de calmer le crétin violent qui se prend pour un justicier de la vertu. Le père Malachy serait le mieux placé pour expliquer à l’ancien flic le sens de la bénédiction, mais il est peu coopératif. Ex-dealer devenu adepte de la philosophie zen, Stewart se renseigne sur ce Benedictus afin d’aider un peu Taylor. Entre-temps, celui-ci a replongé dans une obsession alcoolique de plus en plus sévère. Je n’étais jamais complètement sobre, mais jamais complètement ivre non plus. Le moment où j’allais perdre le compte, littéralement, et où je m’en ficherais, approchait. Et là, ça craindrait.

Grâce à Stewart, Jack Taylor ne devrait plus culpabiliser concernant l’accident d’une fillette dont il avait la garde. Le fait que Ridge aille mieux pourrait aussi être positif. Mais non, Taylor n’échappe pas à ses démons. Poursuivant son enquête, il obtient une piste. La sœur Maeve enseigne à l’école primaire de la Miséricorde. Elle connaît Benedictus, mais se refuse d’abord à expliquer quel lien existe avec Jack Taylor. Quant à l’obèse frère de Benedictus, sa relation avec l’assassin est un tourment permanent. C’est sur un banc de square que Jack Taylor va, inconsciemment, croiser enfin Benedictus…

Lire un roman ayant pour héros Jack Taylor, c’est accepter de vivre avec lui des aventures plutôt brouillonnes, en apparence. Car telle est la vie du personnage, désabusé ou insatisfait, comme ballotté quand il navigue d’une situation à l’autre sans jamais sembler rien maîtriser. Dans ces conditions, Jack Taylor pourrait n’être qu’un alcoolo pathétique. Pourtant, dans chacun de ses actes, dans ses rapports avec les autres, on sent une approche humaniste de l’existence. Il n’est agressif qu’avec celles et ceux qui le méritent. Une fois de plus, nous le suivons avec sympathie dans les rues et les pubs de sa ville, son univers. Sans doute est-il inutile d’ajouter une opinion : Ken Bruen a depuis longtemps de nombreux adeptes. On adhère vite à sa manière personnelle de raconter l’Irlande.

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19 octobre 2010 2 19 /10 /octobre /2010 06:11

Déjà publié au Québec, Lazy Bird d’Andrée A.Michaud est disponible en France dès le 28 octobre 2010 (Éditions Seuil). C’est le premier titre de cette auteure confirmée que nous découvrons.

Animateur de radio québécois, albinos, Bob Richard n’a guère d’amis, à part son chien Jeff. Il reste marqué par la mort prématurée de ses parents, quand il avait vingt ans. On lui propose une émission de nuit pour une radio du Vermont, un programme axé sur le jazz et le rock d’anthologie. Cliff Ryan, son prédécesseur, a déserté sans préavis. Pour Bob Richard, frontalier sans véritables racines, les Etats-Unis ne représentent pas un exil. Depuis des années, je traduisais ma vie du français à l’anglais, et inversement, de même que celles des gens croisés au hasard de mes allées et venues. Plus souvent qu’autrement, j’avais l’impression d’être né dans un roman américain traduit au Québec. C’est ainsi que le 26 juin 2007, Bob Richard s’installe à Solitary Mountain, commençant à la radio le soir même. Après quelques jours dans un motel, il loue le Blossom Cottage, MICHAUD-2010dont la propriétaire est une homonyme de Rita Hayworth. Ses rares amis, il va les trouver au Dinah’s Diner. D’abord, il y a là l’aimable serveuse Georgia. Surtout, il sympathise avec Charlie Parker, autre homonyme, un sexagénaire excentrique.

Une auditrice téléphone plusieurs fois durant son programme, demandant : Play Misty for me. Son insistance n’est pas sans rappeler à Bob Richard un film de Clint Eastwood. Des appels peut-être inquiétants. À part Charlie et le patron de la radio, l’animateur n’est entouré que de femmes. Georgia, Polly Jackson qui anime l’émission d’avant minuit, June Fisher et sa mère Vera, Sarah Cassidy. Et puis, il y a le cas de Lucy-Ann Thomas, qu’il a surnommé Lazy Bird. Mineure, la jeune fille fuit la normalité. Si elle se montre parfois agressive avec Bob Richard, celui-ci reste protecteur. Logiquement, Lazy Bird est la première qu’il soupçonne d’être l’énigmatique Misty, mais il réalise son erreur. Cassidy, le policier local, ne parait d’abord pas accorder d’importance à son histoire. Pourtant, Misty fait bientôt planer une menace sérieuse, allant même jusqu’à blesser le chien de Bob Richard, là-bas au Québec. Maigre indice, le parfum Late Summer est sans doute trop courrant pour identifier Misty. Ayant croisé plusieurs fois un chevreuil albinos rôdant autour de la ville, Bob Richard pourrait y voir un signe maléfique.

Cliff Ryan, son prédécesseur à la radio, a disparu. Lui aussi semble avoir reçu les appels téléphoniques menaçants de Misty. Quand le policier Cassidy fait fouiller la décharge d’ordures, on y découvre le cadavre d’une femme. Puis c’est Lazy Bird qui choisit de disparaître, avant que Georgia ne démissionne du Dinah’s Diner. Cette dernière se sent aussi menacée. Insidieusement, la mort gagne du terrain à Solitary Mountain. Prise en charge par les services sociaux, Lazy Bird serait probablement à l’abri, si elle était capable de s’adapter à la situation. Bob Richard continue à chercher qui, dans son entourage, est la mystérieuse Misty…

 

Pour aborder l’histoire, il est indispensable d’imiter le héros, de s’installer avec lui dans cette petite ville du Vermont. Car le lecteur entre dans un roman psychologique cultivant une ambiance mêlant le quotidien et l’énigme. Bob Richard apprend à connaître les personnages, insolites ou instables, qu’il est amené à croiser. Sans être précisément des marginaux, ils ont un parcours de vie singulier. Secrète par nature, la nuit fait partie du décor. Comme sur un tempo de jazz lent, on avance vers une intrigue criminelle qui ne se dessine que progressivement. Qu’on ne cherche pas une stricte enquête policière. D’ailleurs, Cassidy l’explique bien : Le crime n’est pas toujours rationnel, Richard. Il faut parfois se laisser porter par l’incohérence de la folie pour saisir le sens du mal qui l’habite. Néanmoins, l’aspect meurtrier reste une ligne directrice du récit.

Est-il nécessaire de souligner que l’on nous propose de multiples références musicales, de John Coltrane aux Doors, en passant par plusieurs grands noms du jazz ? Le cinéma est également très présent, aux marges de ce scénario. Si ce roman est teinté d’une certaine nostalgie, c’est dans le regret que règne désormais une banalité du comportement, un manque de caractère : Les Baby Doll et les Lolita d’aujourd’hui ne pouvaient être que des versions édulcorées de celles d’antan, des filles ne connaissant pas la véritable odeur du péché, alors que la peau des authentiques Baby Doll secrétait cette odeur à la fois acide et huileuse qui damnait les hommes. Voilà une histoire qui, par ses diverses facettes, s’avère riche et excitante.

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18 octobre 2010 1 18 /10 /octobre /2010 06:07

 

Polars-en-Nord-DeclerckDu lundi 18 au dimanche 24 octobre, jouez et gagnez avec Action-Suspense et la collection Polars en Nord (des éditions Ravet-Anceau).

CINQ GAGNANTS seront tirés au sort parmi les bonnes réponses. Chacun recevra un exemplaire du roman de Philippe Declerck "Le réseau Flandres".

 

Les trois questions, autour de Polars en Nord :

 

1- Dans cette collection, qui est l’auteur de Vendetta chez les Chtis (n°64) ?

Maxime Gillio - Christine Desrousseaux - Elena Piacentini

 

2- Quel est le titre du roman de Michel Vigneron, n°70 de la collection ?

L’ogresse de Boulogne - Le puits de la perversion - Enfer et Côte d’Opale

 

3- Quel est le titre complet du roman de Francis Essiques : L’héritage… (n°67 de la collection) ?

L’héritage du Loup d’Abbeville - L’héritage de l’Irlandais de Brighton - L’héritage du sénateur de l’Oise

 

Répondez aux trois questions et indiquez votre nom et votre adresse (confidentiels), ici : action.suspense@yahoo.fr

Polars-en-Nord-Logo

Pour vous aider, cliquez sur les liens ou consultez

le catalogue des éditions Ravet-Anceau

 http://www.ravet-anceau.fr/catalogue.asp?catid=6

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17 octobre 2010 7 17 /10 /octobre /2010 06:08

 

Rivages/Noir réédite dans de nouvelles traductions (de Laurent Lombard et Gérard Lecas) les excellents romans de Giorgio Scerbanenco, décédé en 1969. Une bonne initiative, qui permet de lire ou relire Vénus privée, Les amants du bord de mer, Ils nous trahiront tous, Mort sur la lagune, Le sable ne se souvient pas. Retour sur la première aventure de Duca Lamberti publiée en France, chez Plon en 1967, Vénus privée.

SCERBANENCO-1À Milan, le docteur Duca Lamberti n’a plus droit au titre de médecin. Il sort de prison. Un séjour causé par la mort d’une de ses patientes, et qui a entraîné celle de son propre père. Se reconstruire une vie, venir en aide à sa sœur Lorenza et à sa nièce… voilà tout ce que souhaite Duca Lamberti, homme volontaire, un peu blasé ou endurci par cette expérience de la prison. Grâce à un ami de son père, médecin de la police, Duca trouve du travail. Une mission aussi délicate que particulière. David Auseri, fils d’un puissant homme d’affaires milanais, s’adonne à la boisson depuis un an. Le jeune homme abuse du whisky. Son père veut que ça cesse. Duca doit deviner la raison du comportement suicidaire de David.

Alberta Radelli était une jeune femme se prostituant quand elle manquait d’argent. Une chic fille finalement, que David avait croisé un jour. Il n’avait pas su l’écouter, comprendre qu’il devait partir avec elle – comme Alberta le lui demandait, l’emmener loin. Alberta était morte. David culpabilisait. Duca Lamberti estime justifié de relancer l’enquête sur le décès de la jeune femme. Une pellicule photo lui permet de découvrir un aspect de la vie d’Alberta, et une sordide affaire liée au proxénétisme. Livia Ussaro a bien connu Alberta. Elle accepte d’aider Duca. Mais son rôle présente de nombreux dangers…

Si l’intrigue criminelle est de bon niveau, c’est surtout la noirceur de l’ambiance qui donne toute sa saveur à cette excellente histoire. Dans un contexte original, le personnage principal est l’un des plus beaux de la Littérature policière. Son regard humain et désenchanté sur le monde le rend terriblement attachant. Le ton réaliste (et même dur) du récit contribue à créer un climat particulier. Un roman de qualité supérieure.

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16 octobre 2010 6 16 /10 /octobre /2010 06:03

 

Ça sent la fin de carrière pour l’homme qui tire plus vite que son ombre. En 1861, à l’époque où Abraham Lincoln va devenir Président, Lucky Luke et Jolly Jumper sont bons pour la retraite. Cette fois, ce n’est pas le cow-boy solitaire qui réussit à arrêter les frères Dalton. Pas lui non plus qui démantèle une bande de faux-monnayeurs. Le nouveau héros de l’Amérique, celui qui réussit toutes ces brillantes opérations, c’est Allan Pinkerton. Inventeur de la première agence nationale de détectives, composée d’experts dans tous les domaines, Pinkerton pourchasse les criminels par tous les moyens. Pour lui, nul n‘est innocent : En partant du principe qu’en tout honnête homme sommeille une canaille, la suspicion devient une priorité nationale. Pinkerton prône une justice sans pitié, servie par des méthodes modernes. LUKE-1Parmi celles-ci, chacun étant suspect, il ne néglige ni la délation, ni le fichage. Lincoln lui accorde toute sa confiance.

Dans ces conditions, voici Lucky Luke devenu le pire des ringards. Tout le monde commence à se moquer de lui. Le fier cow-boy digère mal l’affront venant de ce méprisant détective. Pour l’écarter définitivement, Pinkerton imagine une ruse qui va ridiculiser Lucky Luke. Mais cette rumeur qui court à Baltimore, il s’aperçoit bien vite que c’est un coup monté. Évidemment, Pinkerton en est l’instigateur, ce qui attise la colère de Lucky Luke. S’il admet les mérites du cow-boy, le Président Lincoln a déjà choisi. Non sans arrière-pensées, Pinkerton multiplie les moyens de sécurité, ce dont Lucky Luke est incapable. Cette folie sécuritaire a des répercussions sur la population carcérale. Dans les prisons pleines, les Dalton en ont assez de croiser des gens qui ne sont pas de leur niveau. Même pas des bandits, juste des victimes de dénonciations.

Puisqu’il en est ainsi, Lucky Luke et Jolly Jumper prennent leur retraite. Tant pis pour les attaques de banques ou de diligences, l’ancien cow-boy se consacre à la sieste et au jeu de boules. Les soucis du shérif local, il n’a plus envie de s’en occuper. Pourtant, Allan Pinkerton va avoir besoin de Lucky Luke. Venir en aide à l’adversaire qui l’a détrôné, pourquoi pas ? N’est-il pas celui qui connaît le mieux la bêtise des quatre bandits ? Les vieilles méthodes ont encore du bon…

 

Évoquer le nouvel épisode des aventures de Lucky Luke, ce n’est pas s’éloigner de notre thème. Car Pinkerton fut le premier à organiser le métier de détective, avec efficacité et sur l’ensemble des Etats-Unis. Au besoin, on n’hésitait pas à tricher sur les preuves. Symbolisée par cet œil qui surveille tous les citoyens, sa société aurait même inspiré la création du FBI. Personnage forcément controversé qu’Allan Pinkerton (1819-1884). Il mit ses activités au service de la Loi et de l’Ordre, soutint les dirigeants politico-financiers du pays, au détriment du peuple. Certes, il fut favorable au suffrage universel et à l’abolition de l’esclavage, mais surtout partisan d’un pouvoir autoritaire. Les auteurs lui font dire : Désormais, ce sera Tolérance zéro.

Ce sont justement les scénaristes qui nous rapprochent de notre sujet. Car il s’agit de Daniel Pennac et de Tonino Benacquista. Tous deux sont issus de l’écriture polar. C’est en publiant dans la Série Noire qu’ils ont acquis une belle notoriété, culture qu’ils ne renient pas. D’ailleurs, ils n’oublient pas que Dashiell Hammett fut détective pour Pinkerton (de 1915 à 1922). Et ne voit-on pas ici le futur incorruptible Eliot Ness s’engager au service de Pinkerton. Clin d’œil à un autre auteur : Tiens, Jim Thomson a encore fermé son saloon après l’heure légale Je veux une fiche sur ce Thomson!. Un aïeul de l’auteur de "1275 âmes", Jim Thompson ? Pennac et Benacquista créent un lien avec notre époque, évoquant les effets de dérives ultra-sécuritaires ainsi que la question des retraites. En outre, Pennac nous rappelle que la grammaire peut se décliner avec humour, entre futur simple, passé simple, et conditionnel passé. Sans doute l’un des meilleurs épisodes de Lucky Luke, une solide histoire très drôle concoctée par deux écrivains confirmés.

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15 octobre 2010 5 15 /10 /octobre /2010 06:09

 

C’est dans la collection Outside Thrillers que vient de paraître Vanilla Ride, le nouveau roman de Joe R.Lansdale, sixième opus des trépidantes aventures de Hap Collins et Leonard Pine…

À LaBorde (Texas), Hap Collins vivote de petits jobs auprès de la belle infirmière, Brett. Leonard Pine, son ami Noir homo, s’est reconverti comme agent de sécurité. Ils n’attendent qu’un signe pour reformer leur duo percutant. Policier Noir retraité, Marvin Hanson leur demande de récupérer sa petite-fille Julia, dite Gadget. Elle vit en caravane avec son petit ami Tanedrue et sa bande de médiocres dealers. Pas besoin de plan élaboré pour remplir cette mission. Hap et Leonard arrivent à No Enterprise, un bled texan où la Loi n’est qu’une vague notion. Sans perdre de temps en palabres inutiles, les deux experts en castagne mettent hors-service Tanedrue et ses tocards. Ils embarquent Gadget, non sans avoir détruit le petit stock de drogue des dealers. Toujours amoureuse, la jeune fille n’a guère envie de retourner chez Marvin. Peu importe, mission accomplie.

LANSDALE-2010Pour Hap et Leonard, la vie reprend son cours normal. Sauf que Budd Conners, un des flics ripoux de No Enterprise, vient leur transmettre un message genre menaçant. En détruisant la drogue de Tanedrue, ils ont causé du tort à la Dixie Mafia. Issus de mouvement racistes radicaux, ces gens-là ne font pas de cadeau quand on touche à leur bizness. Réaliste, le duo insiste pour que Marvin et sa famille se mettent à l’abri. La belle Brett devrait faire de même. Mais, dès le lendemain, Hap et sa compagne sont pourchassés en voiture par la bande de Tanedrue. Gadget fait d’ailleurs partie de l’équipée. Prévenu, Léonard ne tarde pas à intervenir. C’est ainsi que la fusillade tourne au carnage. Gadget s’en sort mieux que les dealers. Le sanglant rodéo ayant été inévitablement signalé à la police, Hap, Leonard et Brett sont en état d’arrestation.

Des agents du FBI leur proposent un arrangement évitant de passer devant un tribunal. Hirem Burnett est un repenti de la Dixie Mafia. Il est prêt à témoigner contre eux sous condition. Il s’agit de retrouver son fils Tim, avec sa fiancée Kathie et le fric des mafieux qu’il a détourné, afin de les placer sous protection judiciaire. Pas le choix, pour qu’on les laisse ensuite tranquilles, Hap et Leonard ne peuvent qu’accepter le deal. Cette fois, Hap commence par éloigner Brett des dangers à venir. Deux solides amis de Marvin viennent en renfort pour épauler Leonard et Hap. Puisque le couple recherché est censé se trouver autour du Lac des Pins, c’est par là que se dirige le petit groupe. Des costauds dans une Ford marron les ont pistés. Ces gars-là sont de vrais pros, des exécuteurs. Hap et Leonard vont devoir traverser quelques épreuves explosives…

 

Les deux partenaires sont entraînés dans un festival de situations hautement périlleuses, de scènes pétaradantes, de péripéties pleines d’action. Cette histoire fluide nous est racontée avec beaucoup d’humour et de dérision. En précisant que l’auteur ne lésine pas sur le vocabulaire direct, prêtant à ses personnages un langage peu châtié. Ses concitoyens ont la réputation d’abuser des jurons et autres termes crus, c’est vrai. Regard sur la société aussi, quand un Sudiste dit avoir du mal à s’habituer au statut des Noirs : Le mouvement des Droits civiques, c’était quand déjà… voyons… au milieu des années soixante, non? persifla Leonard. Et la Guerre de Sécession est finie depuis près de cent cinquante ans. C’est bien de voir que tu te mets à la page.

Derrière la drôlerie, on trouve un solide scénario basé sur les meilleurs archétypes du polar. Ainsi, le policier Drake qui se défend d’éprouver de la sympathie pour le duo, mais leur conseille de se méfier du FBI. Ou bien, une bonne surprise quant à l’identité du dernier tueur-à-gages traquant nos héros. Voilà du roman noir jouissif, rude et animé, dans la grande tradition du genre. Un voyage au Texas organisé par Joe R.Lansdale, ça ne se refuse pas !

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14 octobre 2010 4 14 /10 /octobre /2010 06:10

 

Le roman noir de Claude Bathany Last exit to Brest vient d’être réédité dans la collection Points. Bonne occasion de redécouvrir un polar qui fut récompensé en 2007 par le Prix du Goéland Masqué, à Penmarc’h.

BATHANY-PointsUn groupe de rock se forme par des rencontres. C’est ce qu’explique Alban, racontant l’itinéraire des membres de “Last Exit to Brest”. Cet agent de sécurité, un colosse de 45 ans, est devenu leur manager. Il a l’air d’une brute, mais Alban est un poète qui préfère les mecs. Il a été l’amant de Gabriel, pianiste de jazz assassiné. Le QG du groupe, c’est le bar Le Larsen. Charlène, la chanteuse, manque de grâce mais pas de voix. L’obèse Loïc, le bassiste, co-patron du bistrot, est l’heureux compagnon de la belle Bertille. Yann est autant photographe que guitariste. Le mutique Bertrand est leur batteur. Malgré un médiocre pedigree, Denis est le fédérateur qui a permis au groupe de progresser, d’abord sous le nom de “DJ and Co”.

La presse locale a relaté quelques faits divers. Les rockers de “Last Exit…” ne sont pas totalement étrangers aux crimes évoqués. Le meurtre de Gabriel concerne Alban, bien qu’innocent. Un détective privé enquête, sans préciser son but réel. Quand un cadavre est retrouvé dans les eaux de l’Elorn, on ne tarde pas à arrêter Denis. Le musicien n’est sans doute pas le principal responsable de ce mortel lynchage. Ty Josse, le frère de Bertille, a récemment touché le pactole. Ce qui n’impressionne guère le groupe de rock, qu’il admire.

Ex-flic, le détective connaît bien Zadikian, caïd brestois dangereux. Avec ses porte-flingues, le truand menace les musiciens. Ce que réclame Zadikian, Ty Josse l’a caché dans la cave du Larsen. Alban propose au détective un plan pour dédouaner ses amis. Mais, après une série de meurtres, il est déjà trop tard…

A Brest, comme ailleurs, la vie culturelle et musicale est centrée autour de certains bars, semblables au Larsen. Il y règne une intensité artistique, même si on y crée peu. Cet univers sert de décor à ce noir puzzle, bel exemple de “rock’n’polar”. La crédibilité de l’atmosphère est, évidemment, un atout majeur. Dans un premier temps, Alban nous livre l’historique du groupe, grâce à de savoureux portraits – entre grande tendresse et ironie légère. Toutefois, la mort rôde, via des articles de presse. La face B, 2e partie du récit, restitue l’enchaînement des faits. Bien maîtrisée, l’intrigue est très convaincante.

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