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28 octobre 2010 4 28 /10 /octobre /2010 06:14

 

L’album BD intitulé “Fanch Karadec - Le mystère Saint-Yves” est sorti il y a quelques semaines. Il ne m’attirait pas plus que ça. Peut-être à cause de l’étiquette “l’enquêteur breton”, qui me semblait un peu facile. Néanmoins, il a bénéficié de critiques élogieuses, et même été récompensé par un Prix. Après tout, pourquoi ne pas se laisser tenter ? Même si la formule frise la banalité, j’aurais dû me fier à ma première impression. Ça se vérifie une fois encore...

Retraité habitant Paimpol, Fanch Karadec est un ancien enseignant. Il joue aux cartes avec ses amis au P’tit Bistrot, le bar de sa compagne Soazig. Il lui arrive de sortir pêcher en mer avec son copain Serge, dit Sergio. Il passe ses soirées avec Soazig au fest-noz ou dans des pubs proposant des concerts. Quand la statue de Saint-Yves est dérobée à Tréguier, le faits divers retient vaguement son attention. Ce n’est quand même pas le casse du siècle. Quelques jours plus tard, un meurtre est commis dans le secteur. Bernard Le Hennanf a été crucifié sur une roue de charrette dans un champ. L’enquêteur Mauwen s’occupe de l’affaire. Fanch avait été témoin d’une vive altercation entre la victime et son voisin Gilbert Le Crom, ce dernier menaçant l’autre de mort.

Entre-temps, Fanch a reçu un courrier de Le Hennanf, qu’il n’a pas eu le temps d’ouvrir. Quand il le fait, il découvre une clé et un message mystérieux : “Saint Yves a la palud Sainte Anne est en grève”. Il semble que ce courrier ait été posté alors que Le Hennanf était déjà mort. Employée à la médiathèque de Lannion, Lena est la sœur de Fanch. Elle cherche une explication à cette formule énigmatique. Quand Fanch interroge le curé de la cathédrale de Tréguier, il comprend vite que celui-ci n’est pas absolument franc. Fanch et son fils Gerald assistent aux obsèques de Le Hennanf, lorsque la veuve provoque un incident, avant de s’en prendre à Gilbert Le Crom. Fanch pense trouver des réponses sur l’île Iliec, où Sergio le conduit en bateau. Il est agressé par des personnes encapuchonnées. Un nouveau meurtre est commis, à Tréguier…

BD-Fanch Karadec 

Si ce résumé s’arrête là, c’est parce que je ne connaîtrai jamais le dénouement de cette histoire. Non pas que j’aie interrompu ma lecture à cause du scénario un peu trop convenu ou des illustrations de cartes postales. Certes, l’intrigue ne vole pas très haut. Comme toujours, les Bretons (qui ont tous un gros nez, ici) sont présentés de façon plutôt caricaturale. Forcément pluvieux, les décors s’avèrent peu originaux. On a du mal à sentir une ambiance à suspense dans cette histoire.

Non, si je ne peux en dire plus sur la fin, c’est qu’après la page 48, retour à la page 33 et suivantes jusqu’à la 48. Conciliant, j’ai d’abord pensé à une “erreur technique”. D’ailleurs, si je m’adressais à l’éditeur, c’est ce qu’on me répondrait. La faute de l’imprimeur, donc. À bien y réfléchir, voilà une explication imparfaite. En effet, cet album est diffusé depuis deux ou trois mois. Suis-je le premier et le seul ayant acheté un exemplaire raté ? Bien sûr que non. L’erreur a forcément été signalée par de précédents clients, et l’éditeur en a été logiquement informé (...)

 

Dans la version initiale de cet article (voir ci-dessous), je suggérais que les Éditions Vagabondages me semblaient être des branquignols, des dilettantes mal organisés, peut-être pas malhonnêtes mais peu respectueux des lecteurs.

La réponse de Pascal Daniel, des Éditions Vagabondages, n'a pas tardé :

"En effet, une erreur s'est produite chez l'imprimeur et une centaine d'albums présentent cette erreur. Communiquez moi votre adresse courrier et je vous en ferais parvenir en retour un exemplaire "complet". Nous remplaçons systématiquement les exemplaires mal façonnés. Désolé pour ce désagrément."

Il faut reconnaître sa réactivité, car j’ai reçu deux jours plus tard l’album dans son édition complète. Je l’en remercie, et je suis heureux de vérifier que cet éditeur n’est donc pas malhonnête. Sans doute est-il compliqué de retirer de la vente des exemplaires erronés (probablement bien plus de la centaine évoquée), mais est-il vraiment impossible de faire contrôler l’état des albums dans les points de vente ? La question reste posée. L’incident est clos.

 

(Première version de ma conclusion)

Sans "dramatiser", ça ne donne guère envie de prendre la chose avec humour ou dérision. Les éditions Vagabondages sont donc, au mieux des branquignols, au pire des arnaqueurs. Considérons les comme des tocards dilettantes, incapables de gérer une “erreur technique”. Encore que vendre sciemment un produit défectueux, c’est une escroquerie pure et simple. Le respect du lecteur, du client, notion obsolète. “Faites-vous rembourser, et taisez-vous !” Tel est le mot d’ordre, sans doute (dans l'esprit du célèbre "Casse-toi, pauv'con !"). Fanch Karadec est promis à une série ? Je ne lirai pas la suite, puisque je n’a pas pu finir ce premier tome.

La réponse de Pascal Daniel, des Editions Vagabondages, n'a pas tardé :

"En effet, une erreur s'est produite chez l'imprimeur et une centaine d'albums présentent cette erreur. Communiquez moi votre adresse courrier et je vous en ferais parvenir en retour un exemplaire "complet".

Nous remplaçons systématiquement les exemplaires mal façonnés.

Désolé pour ce désagrément." 

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27 octobre 2010 3 27 /10 /octobre /2010 06:02

 

Récompensée par le Prix Polar dans la Ville en 2006, Sylvie Rouch n’est pas une néophyte en écriture. On le vérifie une fois encore dans Décembre blanc (Pascal Galodé Éd.) un polar entre sombre enquête et roman noir…

En ce froid mois de décembre, la neige est tenace sur Paris. Chef d’une brigade antiterroriste, Simon Bedecker est un homme mûr marqué par la vie. Son équipe et lui enquêtent sur des agressions à l’acide visant des femmes. Deux motards casqués ont vitriolé plusieurs femmes musulmanes. ROUCH-2010Des actes revendiqués par les Brigades d’Allah, jusqu’alors inconnues de la police, dans des communiqués exprimant des positions radicales. Les médias populistes néo-fascistes utilisent ces agressions pour cultiver l’islamophobie. Afin de plaire à un certain électorat, les autorités font pression pour désigner coupable le djihad d’Al-Quaida. Simon et ses hommes ne voient guère de lien entre les trois victimes, une femme de ménage, une gynécologue et la journaliste qui vient de subir le même sort.

Auteur d’articles souvent virulents, Tania Achaoui est employée par le magazine Bakélite. Hospitalisée, un peu moins touchée que les précédentes victimes, elle songe à ses proches, son frère Jamel, son ami Hassan. Tandis que ses adjoints débutent une enquête tous azimuts, Simon rencontre Réjane Anderson, créatrice et responsable du magazine. Pour elle, Tania est une passionnée du journalisme d’investigation, mordante et compétente. Réjane n’a rien à ajouter sur la vie privée de la jeune femme. Néanmoins, les enquêteurs s’intéressent au cas de Jamel, qui est fiché. Plus jeune, il fut impliqué dans un braquage, mais on ne trouva pas assez de charges contre lui. Ses supposés complices le couvrirent, sans doute. S’il a fréquenté des délinquants, Jamel apparaît aussi sur une photo aux côtés de possibles terroristes. La fière Tania restait insensible à l’amour de José, le graphiste de Bakélite, qui apporte peu d’élément nouveau à Simon.

Femme battue, victime d’un prétendu accident aux graves séquelles, Francine Marvaux s’adresse à Réjane Anderson. Elle a une revanche à prendre contre son violent compagnon, Eddie Lefranc. Francine trouva chez lui des tracts fascisants. Employé dans une imprimerie, l’homme affiche clairement des idéaux racistes, et s’énerve vite. Dans le contexte des agressions à l’acide, il craint des initiatives mal maîtrisées de ses sbires, des jumeaux tarés. La lieutenant Edwige Lamarche, de la Criminelle, suit les mêmes suspects que l’équipe de Simon Bedecker. Ce qui crée quelques tensions entre eux. Bien qu’il soit surveillé de près, Jamel parvient à tromper la vigilance des policiers. Simon interroge Tania sur son ami iranien Hassan, qui apparaît opposé au terrorisme islamique. La piste indiquée par Réjane pourrait s’avérer plus intéressante…

 

Le parcours des principaux protagonistes offre une réelle densité à ces personnages. Entre le cas de sa femme Irène et celui de son fils qui s’est éloigné de lui, Bedecker est de ceux qui surmontent tant bien que mal les épreuves. C’est ainsi que l’on comprend cette détermination qui le pousse à trouver les coupables, et surtout la vérité. Militante, Réjane Anderson n’est pas moins volontaire que le policier. Ex jeune délinquant, Jamel ne nous est pas présenté avec complaisance. Concernant les suspects, on nous propose plusieurs axes plausibles.

Est-ce que c’était une maladie d’aimer le blanc, le propre et l’aseptisé ? Eddie aimait les gens comme lui, qui aimaient le blanc. Il est difficile d’évoquer les fachos sans paraître assez caricatural, de dénoncer l’islamophobie (ou toute autre forme d’intolérance) sans risquer les clichés. Sylvie Rouch réussit à se montrer plutôt convaincante en la matière, évitant le manichéisme. Voici donc une intrigue très bien construite, à l’ambiance crédible, avec une bonne dose de suspense.

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26 octobre 2010 2 26 /10 /octobre /2010 06:23

 

Le suspense de James Patterson "Une nuit de trop" est désormais disponible en version poche…

Flic depuis sept ans à New York, Lauren est désormais inspecteur de la Criminelle dans le Bronx. Un jour, elle voit son mari Paul au bras d’une splendide blonde, pénétrant bientôt dans un luxueux hôtel de Manhattan. LP-PATTERSONSi Lauren admet que son couple est un peu usé, elle n’accepte pas les mensonges de Paul le soir même. Dans un élan de passion vengeresse, elle finit par tromper son mari avec Scott, un séduisant collègue des Stups. Après leurs ébats, Lauren assiste - invisible et impuissante - à une violente bagarre entre Scott et Paul. Peu après, on découvre le cadavre de Scott dans la fontaine de St James Park, au cœur du Bronx. L’enquête est confiée à Lauren.

À l’insu de ses collègues, dont son équipier et ami Mike, Lauren trouve vite des éléments accablant son mari. Une balle est restée dans la voiture de Paul, qu’il a mal nettoyée. La plaque et l’arme de Scott sont mal cachées dans leur abri de jardin. Près de St James Park, une dame noire âgée a parfaitement vu l’assassin. Outre une bâche appartenant à Paul, on a aussi retrouvé ses lunettes. Le plus dur pour Lauren reste d’annoncer la nouvelle à la jeune veuve de Scott, mère de leurs trois enfants. Les flics des Stups font tout pour aider Lauren. Après avoir dissimulé ou truqué les preuves, dont la liste d’appels téléphoniques de Scott, Lauren se demande comment réparer les dégâts.

Mentant toujours, Paul semble dans un déni de culpabilité. Une piste intéressante apparaît : Scott enquêtait sur les trafics des deux frères Ordonez. Avec Mike et les Stups, Lauren est entraînée dans une opération mouvementée contre ces suspects. Après une poursuite, Victor Ordonez est abattu par Mike. Puisque l’arme de Scott est découverte chez le trafiquant, le défunt fait un meurtrier idéal. Blessée légèrement durant l’intervention, Lauren pense le cauchemar terminé. Elle n’est pas exactement au bout de ses surprises…

Le talent de James Patterson consiste, non seulement à nous proposer un scénario solide et entraînant, mais surtout à multiplier sans cesse les rebondissements. Une policière déterminée à ne pas démasquer le meurtrier de son amant d’un soir, l’idée initiale est déjà sympathique. Confrontée à de nombreuses péripéties, l’attachante et dynamique Lauren ne ménage pas ses efforts. Quand l’action s’apaise un peu, elle comprend certaines vérités lui ayant échappé. Et la voilà repartie, sur un tempo soutenu. Sans oublier une belle dose d’humour. Un savoureux suspense, captivant et rythmé.

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25 octobre 2010 1 25 /10 /octobre /2010 06:19

 

POINTS-QUIRINYJusqu’au dimanche 31 octobre, jouez et gagnez avec Action-Suspense et les Éditions Points. DIX GAGNANTS seront tirés au sort parmi les bonnes réponses.

Chacun recevra un exemplaire du livre de

Bernard Quiriny "Contes carnivores".

 

Les trois questions :

 

1- Quel est le titre du roman de Bernard Quiriny publié en 2010 chez Seuil ?

Les Angoissées - Les Assoiffées - Les Aveuglées

 

2- Publié chez Points, Zone de tir libre est un roman de :

Anne Holt - Charlie Huston - C.J.Box

 

3- Arnaldur Indridason est l’auteur de :

Hiver cosmique - Hiver arctique - Hiver nordique

 

Répondez aux trois questions, en indiquant

vos coordonnées (confidentielles) à cette adresse :

action.suspense@yahoo.fr

Pour vous aider, cherchez les réponses sur www.lecerclepoints.com

POINTS-LOGO

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25 octobre 2010 1 25 /10 /octobre /2010 06:05

 

Bravo, vous avez été 736 participants au jeu-concours proposé par la collection Polars en Nord (des éditions Ravet-Anceau). CINQ GAGNANTS ont été tirés au sort parmi les bonnes réponses. Chacun recevra les jours prochains un exemplaire du roman de Philippe Declerck "Le réseau Flandres".Polars-en-Nord-Declerck

(Catalogue de la collection Polars en Nord :

http://www.ravet-anceau.fr/catalogue.asp?catid=6)

 

Les gagnants :

Mélanie Giglio, de Neuville-en-Ferrain (59)

Sandrine Desmoulins, de Congy (51)

Virginie Danet, de Saint-Avé (56)

Anita Mazur, d’Alfortville (94)

Daniel Fourez, de Douchy-les-Mines (59)

 

Participez dès maintenant au jeu-concours suivant, avec les Éditions Points. DIX GAGNANTS tirés au sort recevront un exemplaire du livre de Bernard Quiriny "Contes carnivores".

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24 octobre 2010 7 24 /10 /octobre /2010 06:05

 

Le deuxième titre d’un auteur sera-t-il aussi bon que le premier, qui nous a séduit ? C’est bien la question qui se posait pour le nouveau roman de Carlos Salem, Nager sans se mouiller, publié dans la collection Actes Noirs. Cette fois encore, il nous propose une excellente et souriante intrigue.

Sous une allure assez neutre, Juanito Pérez Pérez est cadre supérieur dans une multinationale. Quadragénaire divorcé d’avec Leticia, issue de la bourgeoisie, il voit peu sa fille Leti, 15 ans, et son fils Antoñito, 10 ans. Cet été, son ex-épouse ayant décidé de passer ses vacances avec son nouvel amant, Juanito va partir en camping avec ses enfants. Il craint un contretemps de dernière minute, mais ils se dirigent bientôt vers la région de Murcie. C’est dans un camping naturiste qu’il vont séjourner.

SALEM-2À peine arrivés, Juanito et les enfants s’aperçoivent que leurs voisins sont Leticia et le juge Gaspar Beltrán, son nouveau compagnon. Juanito porte une grande admiration au courageux magistrat. Bien que Leticia reste très directive, ils doivent pouvoir se côtoyer sans heurt. Juanito ne tarde pas à tomber sous le charme de Yolanda, 27 ans, animatrice du camping. Une fougueuse liaison qui ne déplait pas à sa fille Leti. Juanito retrouve ici par hasard son copain de jeunesse Tony, accompagné de la glaciale Sofia. Gamins, ils rêvèrent jadis de devenir pirates. Borgne et handicapé d’une jambe, le gras Tony est aujourd’hui un riche inventeur. Des vacances ordinaires, en perspective.

Le vrai visage de Juan Pérez Pérez est moins quelconque. Il est employé comme tueur à gages par un cartel appelé l’Entreprise. Cette activité criminelle l’a rendu riche. Chaperonné par le vieux Numéro 3, qui lui a beaucoup appris mais qu’il a dû finalement supprimer, Juan est le plus efficace des tueurs. Actuel Numéro 3, il ne dépend plus que du mystérieux Numéro 2. Ce dernier l’a envoyé dans le camping de Murcie, car s’y préparait une opération qui semble reportée. Juan s’interroge sur la cible prévue. Il est possible que ce soit Leticia, mais le juge Gaspar Beltrán compte bon nombre d’ennemis prêts à le faire assassiner. Suite à un problème avec un associé, son ami d’enfance Tony peut aussi bien être la victime désignée. Se souvenant des préceptes de son mentor, Juan n’accorde aucune confiance à la froide Sofia : Elle a une allure de pute à petits seins, de celles dont se méfiait le vieux Numéro 3. Ni à Sven, le beau maître-nageur.

Juan sympathise avec un professeur retraité, auteur de romans policiers. Celui-ci l’invite même à découvrir la grotte secrète où il cultive son inspiration. Entre ses enfants, le romancier et Yolanda, Juan goûterait presque des vacances normales et agréables. L’arrivée au camping de Numéro Treize, à la réputation justifiée de tueur sadique, prouve à Juan que l’opération se poursuit. Il commence à penser que son propre entourage court un réel danger. Beaucoup trop de coïncidences, qui rendent suspects la plupart de ceux qu’il rencontre dans le camping. Nargué par Numéro Treize, Juan ne craint pas de l’affronter. Le romancier, auquel il a fait quelques confidences, imagine qu’il s’agit d’une épreuve surprise organisée par l’Entreprise. Numéro Treize est victime d’une mortelle piqûre d’araignée. Ce qui entraîne une enquête, menée par l’inspecteur Arregui. Vraiment atypique, le policier a déjà croisé Juan. Pourtant, ce n’est pas son pire adversaire…

Voilà un résumé ne dévoilant qu’une infime partie de l’intrigue, juste des points de repère concernant cette histoire. Il faudrait évoquer aussi la relation entre Juan et le vieux Numéro 3, et de multiples autres détails. Le premier roman de cet auteur (voir ci-dessous) était très inventif. Ce deuxième titre l’est tout autant. Peut-être davantage, car la narration est encore mieux maîtrisée, d’une fantaisie espiègle. Il nous a concocté un festival de péripéties souriantes et de situations incongrues, avec quelques habiles clins d’œil (dont le nom du romancier, ou celui allusif au juge Balthasar Garzon). Le héros ne se trompe pas sur la menace qui plane autour de lui. Reste à en connaître l’instigateur, ainsi que le rôle précis de chacun. Ce n’est que dans les vingt-cinq dernières pages que s’éclairent les mystères, que sont révélés les arcanes de l’affaire. En effet, si la tonalité est humoristique, le scénario s’avère extrêmement bien construit. Ce suspense diablement excitant, astucieux et fort amusant, confirme le talent inventif de Carlos Salem.

 

SALEM-1C’est aussi l’occasion de redécouvrir Aller simple, réédité dans la collection Babel Noir. Road-story ou fuite perpétuelle, c’est bien la voie vers une nouvelle vie que choisit le héros. Surréaliste ou délirant, l’humour n’exclut pas la sensibilité, ainsi qu’une réflexion sur le destin. Un foisonnant roman, d’une belle originalité…

Enfant, Octavio Rincón s’imaginait devenir pianiste. Petit fonctionnaire de la région de Barcelone, il est aujourd’hui marié à la tyrannique Dorita. C’est elle qui a décidé ces vacances au Maroc. Suite à un choc, elle décède dans leur hôtel de Marrakech. Octavio ne sait quoi faire. Comment déclarer le décès, alors qu’il ne parle pas la langue locale ? Il fait la connaissance de Raúl Soldati, un Argentin désargenté, qui l’entraîne dans une soirée folklorique. Ils y croisent un menaçant Bolivien, une sorte d’agent secret nommé Acévez. Avec les faux dollars dérobés à ce type, le duo poursuit la fête à la Mamounia. Soldati fait passer “Don Octavio” pour un notable espagnol après de riches interlocuteurs. Durant cette soirée grandiose, Octavio s’aperçoit qu’il possède un sexe énorme.

Mais le Bolivien et ses sbires sont sur leurs traces. Soldati applique sa devise “Un soldat qui fuit servira pour une autre guerre”. Le duo doit récupérer le corps de Dorita et utiliser le fourgon frigorifique de Soldati pour le rapatrier en Espagne. Le cadavre a disparu, et Octavio déclenche à l’hôtel un incendie catastrophique. Chacun de son côté, les deux hommes fuient vers l’Atlas, le désert. Octavio prend en auto-stop un vieux hippie et ses compagnes. S’il n’avait le furieux Bolivien à ses trousses, Octavio resterait auprès de la belle Ingrid. L’Espagnol réalise que le hippie n’est autre que Carlos Gardel, le vrai, celui qui est mort dans un accident d’avion en 1935 à Medellin. Celui-ci s’est fixé pour mission d’assassiner Julio Iglesias, qui massacre le tango dans son interprétation. Le Bolivien les pourchasse toujours, cherchant à récupérer son précieux agenda. Ayant retrouvé Soldati, Octavio et Gardel débarquent sur les lieux du tournage d’un film. Un périple aventureux qui leur réserve encore quelques magistrales surprises…

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23 octobre 2010 6 23 /10 /octobre /2010 05:56

 

Parmi les nouveautés de l’automne 2010 chez Pocket, on peut retenir deux suspenses particulièrement insolites.Le suspense de Guillermo Del Toro et Chuck Hogan “La lignée” est sorti en octobre. Dortoir interdit de Serge Brussolo est disponible début novembre. Retour sur ces deux intrigues aux ambiances étranges.

 

Guillermo Del Toro et Chuck Hogan : La lignée

Depuis Dracula ou Nosferatu, visions romantiques issues de légendes anciennes, les créatures aussi fantomatiques qu'inquiétantes appartiennent à la grande Littérature populaire. Les auteurs ont ici adopté une version plus puissante, où vampires et zombies symbolisent le Mal invincible et perpétuel. Un scénario solide et très visuel, qui progresse dans la terreur et la violence. Même à un second niveau de lecture, plus décalé, cette histoire reste extrêmement réjouissante…

La Lignée-PocketLe vol Regis 753 atterrit à l’aéroport JFK de New York. À peine sur le tarmac, l’équipage de ce Boeing en provenance d’Allemagne ne répond plus. Liaisons coupées et lumières éteintes, on pourrait penser à une improbable panne. Très vite, on se rend compte que tous les passagers de l’avion fantôme sont morts. Dans l’hypothèse d’un virus meurtrier fulgurant, l’avion est immédiatement placé en quarantaine. L’épidémiologiste Éphraïm Goodweather et son assistante Nora Martinez sont appelés en urgence sur les lieux. Étrange impression pour eux, découvrant ces deux cent personnes mortes soudainement. Il y a néanmoins quatre rescapés, bientôt hospitalisés. Le confinement de l’appareil permettra des analyses précises, avant les autopsies. Dans la soute, on retrouve un grand coffre noir vide, sorte de cercueil tapissé de terre.

Une conférence de presse doit calmer l’opinion. D’ailleurs, la foule des new-yorkais s’intéresse à un autre phénomène, une éclipse solaire. De retour dans l’avion, Eph et Nora constatent d’étranges irisations dans l’habitacle. Le curieux coffre noir a disparu. Les deux scientifiques ignorent que l’objet a déjà fait une victime, la bagagiste qui avait approché l’avion. Les quatre rescapés se sont vite rétablis. Tous sont rentrés chez eux, sauf le copilote Redfern, qui se montre coopératif pour analyser son état. Toutefois, les passagers saufs vont ressentir des douleurs inquiétantes. À l’autopsie des victimes, on remarque que tous les cadavres portent des marques de lacérations, sans plaies. Les corps sont exsangues, mais aucun début de décomposition n’apparaît.

Abraham Setrakian est un vieux prêteur sur gages du quartier de Spanish Harlem. Lui, qui a connu les camps d’extermination et traversé bien des horreurs durant sa vie, a déjà compris ce qui se passe. Depuis son enfance, il connaît la légende de Jusef Czardu. Cette créature, il l’a plusieurs fois affronté. Abraham tente de contacter Eph et Nora à l’hôpital. Il les conjure de détruire au plus tôt les corps des victimes. Interpellé par la police, il est incarcéré au commissariat. Abraham va y croiser Gus, un jeune latino, involontairement mêlé à l’affaire. Alors que tous les corps ont mystérieusement disparu de l’Institut Médico-légal, et que le copilote Redfern subit une crise violente, Eph et Nora font finalement libérer Abraham…

 

Serge Brussolo : Dortoir interdit

Les romans de cet auteur offrent un étonnant théâtre d’ombres dont les héros, singuliers ou étranges, nous semblent pourtant crédibles. Leurs parcours peut-être chaotique, leurs angoisses profondes, leur vision du monde surannée, leurs excès délirants ou leurs projets fous, on y adhère sans hésiter. Excellent narrateur, Brussolo nous entraîne dans cette aventure avec sa maestria habituelle…

Brussolo-DortoirMickie Katz a vécu une enfance assez perturbée en Europe. Plus tard, aux Etats-Unis, elle est devenue l’assistante d’une célèbre décoratrice. Par la suite, Mickie a eu de sérieux ennuis, étant impliquée dans une sombre affaire mal élucidée. Âgée maintenant de 29 ans, elle vivote en Californie. Elle est contactée par M.Devereaux, de l’Agence 13, qui lui explique le concept développé par sa société. Il s’agit d’aménager et de décorer des lieux où se sont produits des drames sanglants. Son client actuel est le milliardaire Tobbey Zufrau-Clarckson. Celui-ci a acheté une ancienne base militaire. Il veut faire rénover l’immense bunker anti-nucléaire qui s’y trouve. Cet endroit fit l’objet d’une expérience voilà une quarantaine d’année. Ce qui se termina tragiquement, les cobayes humains s’étant presque tous entre-tués.

Mickie rejoint la vaste propriété de Tobbey Zufrau-Clarckson. Il y a installé un camp d’entraînement pour son armée privée, où les combats sont réels face à des robots programmés pour abattre tout ennemi. Mickie est accueillie par Evita, la médium du milliardaire. Tobbey reste obsédé par le fantôme de son ancêtre, colonel dans l’armée sudiste. C’est sur le champ de bataille tout proche de Shiloh que son valeureux aïeul perdit la vie. Portant les stigmates des mêmes blessures que le colonel, Tobbey croit en une malédiction. Si l’on retrouve une trace de son ancêtre, il espère en être délivré. Evita cultive ses fantasmes. Mickie rencontre l’épouse de Tobbey, Jenny, et sympathise avec une de leurs filles, Sarah Jane, presque 15 ans. Ces gens croient encore à la tradition sudiste d’autrefois. Tel une Arche de Noé, le bunker rénové est destiné à les protéger d’une guerre civile. Quant à Sarah Jane, qui devra épouser le plus vaillant guerrier de l’armée de son père, elle trouve ça quasiment normal. Sa sœur aînée Willa a connu le même sort avant elle. Aimant s’isoler dans le bunker, Sarah Jane parle à Mickie de l’œuf de plomb, un endroit sécurisé. Après une brève absence, Mickie et Evita retourne chez le milliardaire. Un carnage s’y est produit. Les antécédents de Mickie et la douteuse activité d’Evita ne plaident pas en leur faveur…

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22 octobre 2010 5 22 /10 /octobre /2010 06:07

 

On peut discuter de la valeur des Prix littéraires, dans le domaine du polar comme ailleurs. Pourtant, certaines récompenses semblent peu discutables. C’est le cas de celles attribuées au Festival de Cognac. Cette année 2010, le Prix Polar du roman a été attribué à Sire Cedric pour "De fièvre et de sang", aux Éditions Le Pré aux Clerc. Si j’ai fait l’impasse sur ce roman, j’ai adoré le lauréat du Prix Polar International. Il s’agit de Keigo Higashino pour "La maison où je suis mort autrefois" (Actes Sud). Petit résumé de ce suspense, effectivement un des meilleurs de l’année…

HIGASHINOVoilà longtemps que le narrateur, jeune universitaire, n’avait plus de nouvelles de son ex-petite amie, Sayaka. Celle-ci est aujourd’hui mariée à un homme d’affaires absent. Ils ont une fillette de trois ans, qu’elle rejette et maltraite. Elle pense que son mal-être est issu de sa prime enfance, dont elle ne garde aucun souvenir en mémoire. D’ailleurs, il n’existe pas de photo d’elle avant l’âge de cinq ans dans les albums de famille. Dans le sac de pêche de son défunt père, elle a découvert deux éléments énigmatiques : une clé à tête de lion et un plan conduisant à une maison isolée dans la montagne, près du lac de Matsubara. Sayaka demande à son ancien ami de l’aider à retrouver cette maison. Distant avec son propre passé, il hésite à l’accompagner. La détresse de Sayaka finit par le convaincre. Ils suivent l’itinéraire indiqué, depuis la gare desservant le lac de Matsubara jusqu’à une maison grise, close et semblant inoccupée.

La clé à tête de lion permet d’ouvrir la discrète porte du sous-sol. Explorant les lieux, le couple constate que la porte d’entrée est fortement verrouillée. Ils remarquent que plusieurs pendules et montres sont arrêtée sur 11h10. Étrange demeure, qui parait avoir été habitée par une famille père, mère et fils. Tout est ici figé comme dans un décor, ce qui étonne le jeune universitaire. La vie aurait cessé en cette maison vingt-trois ans plus tôt, selon un indice qu’ils recueillent. Il est probable que le père de Sayaka venait y faire régulièrement le ménage. Dans la chambre du petit Yusuke, que le garçon semble avoir brusquement quittée, le couple découvre le journal intime du gamin. Il y évoque d’abord une vie familiale simple de bon élève. Toutefois, il recevait des cadeaux d’une personne que son père n’aimait pas du tout. Il cite encore sans détails une Mme Otai, sans doute la femme de ménage des parents. Sayaka ne peut affirmer avoir des souvenirs précis dans cette maison. Malgré son aspect quelque peu lugubre, le duo décide de passer la nuit dans cette curieuse demeure…

 

Toujours à Cognac, le Prix Polar du meilleur album BD One Shot a été attribué à Mako, Daeninckx, Pagan pour "Dernière station avant l’autoroute" (Rivages-Casterman). Plus que des affaires criminelles, c’est le parcours du flic solitaire que retient Daeninckx dans ce scénario. Il exploite toute la mythologie du loser, du flic hanté par un échec, prématurément usé, sur la mauvaise pente. Quelques éléments sur cette excellente BD…

MAKO-DAENINCKX-PAGANC’est un nuiteux, un flic désabusé dont la nuit est le sombre royaume. Pas de vie de couple régulière; pas beaucoup d’estime de la part de ses collègues, non plus. On le traite de baltringue, autant dire d’inutile. Ce pochard de Yobe, quasiment le chef du service, le prévient qu’il est en zone rouge. Il se concentre sur les sordides crimes nocturnes. Comme la mort de Joséphine, jeune black tuée par balles, ayant un dossier au Mœurs et un autre aux Stups. Joséphine, technicienne de surface, exécutée à domicile, avait eu droit à une mort qui n’était pas à sa taille. Son meurtre faisait au moins trois ou quatre pointures de trop. Mais les énigmes ne l’intéressent plus. Son collègue Maurice sait qu’il a détourné un flingue sur les lieux du crime. Mau lui conseille d’éviter d’autres dérapages, de demander une mutation en service de jour.

Un sénateur ministrable est retrouvé mort dans un hôtel de luxe, chambre 101. Toutes les allures d’un suicide. Ou peut-être pas. Une affaire pas plus excitante que d’autres pour le flic nuiteux. Il reçoit la visite d’Alexandra Brandt, ex-épouse du défunt sénateur. Pas de franche sympathie entre eux. Elle lui laisse son numéro de portable, à toutes fins utiles. La position du flic devient de plus en plus incertaine dans le service de nuit. Selon Mau, il y a au moins quatre bonnes raisons pour l’éjecter. On pense qu’il est rincé ? Pas faux, sans doute…

 

Au Festival du Mans, l’association du Prix polar Michel Lebrun a récompensé le roman de Catherine Fradier "Cristal défense", éditions Au diable vauvert. Nouveauté cette année, le Prix polar Michel Lebrun des Lycéens, (PPM2L) résultat d'une opération expérimentale menée sur l'année scolaire 2009-2010, avec des classes de deux lycées. Le premier lauréat de ce prix est Hugo Buan pour "Cézembre noire" (Pascal Galodé Éd.,2009). J’avais bien évidemment chroniqué cette deuxième trépidante aventure du commissaire Workan, entre noirceur et humour…

BUANCézembre est une île de la baie de Saint-Malo. En cette veille de week-end du 11 novembre, elle est quasiment inaccessible à cause d’une violente tempête. Ceux qui s’y trouvent sont réfugiés dans la barge-hôtel de la famille Darec (Léon, le grand-père ; Marie-Line, sa fille, la gérante ; Noël, le fils de celle-ci). Outre deux scientifiques américains, les Monsiret et consorts sont des dirigeants de société en séminaire. On attend personne d’autre. Berthy, un malchanceux congénital, n’a pas choisi de se rendre sur Cézembre. Pour rembourser une dette de poker, il doit jouer au tueur à gages. Exécuter le contrat devient un vrai enfer pour ce tueur à crédit amateur. À part Hale-la-patte, ancien para d’Indochine muni d’une jambe artificielle, personne n’oserait braver les éléments. C’est ainsi que le duo improbable échoue sur l’île, après une tumultueuse traversée.

Dans le même temps, le commissaire Lucien Workan (du SRPJ de Rennes) est chargé d’une mission à Cézembre. Les deux Américains sont bien des scientifiques, mais surtout des agents de la CIA. Workan doit les surveiller pour essayer de savoir ce qu’ils font là. C’est sans doute en rapport avec le fait que l’île fut bombardée au napalm à la fin de la 2e Guerre. Sous la tempête, Workan embarque avec son équipe sur le bateau de son adjoint rouquin Lerouyer. Quand débarquent ces cinq convives supplémentaires sur la barge-hôtel coupée du monde, Marie-Line Darec s’inquiète pour l’approvisionnement. Tandis que le grand-père Léon retrouve son vieux copain Hale-la-patte, le jeune Noël raconte à Workan la riche histoire de l’île. Vers la fin de la guerre, le cas du capitaine allemand Ruhbescht, proche de Rommel, est plutôt intrigant. Il aurait caché sur Cézembre un lot de diamants, avant de mourir électrocuté à Rennes. Daphné, la fille des Monsiret, croit voir un soldat nazi. Tous les clients se pensent attaqués par des armes de guerre. C’est plutôt une mise en scène qu’une hallucination collective. Par contre, Mme Monsiret poignardée par une baïonnette, c’est un meurtre bien réel…

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