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4 décembre 2010 6 04 /12 /décembre /2010 07:14

 

Après un séjour chez Maria chape de haine au Québec, version Luc Baranger, Gabriel Lecouvreur voyage jusqu’aux antipodes. C’est Hervé Claude qui l’y invite dans Mort d’un papy voyageur (Baleine, 2010)…

Avocat âgé de soixante ans, Maître Pinard était un client régulier du bistrot de Gérard. Il y venait savourer en solitaire la spécialité maison, les pieds de porc à la Sainte Scolasse. Gabriel Lecouvreur n’a jamais osé lui parler, mais sentait une connivence. Gérard confirme que Me Pinard était un mec bien. CLAUDE-PoulpeLe belle Cheryl, qui l’a connu aussi, le trouvait très poli. Détail qui ne risque pas de choquer le Poulpe : Me Pinard était gay. Plus troublante sont les circonstances de sa mort. Il a été dévoré par un crocodile dans la région de Cairns, en Australie. Pourtant, l’avocat avait une affaire à traiter à Perth, à l’autre bout du pays. Gabriel part enquêter au Rainbow Resort, club de vacances pour gays de Cairns près duquel on a découvert les restes de Me Pinard. S’il se fait vite des copains de boisson, il glane peu de renseignements. Le mystérieux Ashe est prêt à l’aider, mais il est victime d’une piqûre de méduse. Hospitalisé, l’informateur est dans le coma.

C’est dans les quartiers homos de Sydney que le Poulpe cherche une nouvelle piste. Pour approcher Dolly Lily, star d’un club gay et amie de Me Pinard, Gabriel va se transformer en Lady Gaga et faire le show, avec succès. Selon Dolly, c’est à Perth que l’avocat traitait une affaire peut-être dangereuse. Gabriel se rend sans attendre dans cette ville du Western Australia. Il y rencontre la cliente de Me Pinard, Zelda Nangara. Cette aborigène quinquagénaire est en conflit avec la puissante famille Cockburn. Elle est la fille (non reconnue, bien que fort ressemblante) de Bingo Cockburn, homme d’affaire ayant fait fortune dans la production minière. Elle réclame simplement ses droits d’héritière. Certes, les Cockburn lui ont versé une petite rente et tentent de l’amadouer. Il est vrai que la situation à l’intérieur de cette famille est plutôt complexe. C’est la fille Cecilia qui dirige la société, mais c’est le père Rod Jr qui possède la fortune.

Le Poulpe n’apprécie ni les religieux, ni les flics. Néanmoins, Mgr Bishop est un allié utile pour son enquête. Et le policier gay Ange Cattrioni, ami de Ashe, connaît parfaitement le dossier, et les silences médiatiques complaisants autour des Cockburn. Si Gabriel avance dans ses investigations, ce flic le soutiendra. Il suffirait que l’ADN démontre les liens, mais ce n’est pas si simple. Le Poulpe doit ruser pour rencontrer Rod Jr au milieu de ses mines, puis pour interroger Cecilia Cockburn lors d’une soirée mondaine. C’est en approchant la dernière épouse et veuve de Bingo Cockburn, que le Poulpe prend le plus de risques…

Hervé ClaudeGabriel, qui aime découvrir toutes sortes de bières, va tester la riche et diverse production australienne. Il garde néanmoins le contact avec la blonde Cheryl, via Internet. Bien que la victime ait été déchiquetée par un crocodile, c’est dans un panier de crabes que le Poulpe plonge ses tentacules. Il explore les cercles homosexuels, qui semblent posséder un certain poids en Australie. Au passage, on notera un hommage au romancier Joseph Hansen (1923-2004) : C’était un homme tolérant, qui a osé parler de l’homosexualité en Amérique dans les années soixante. Il fallait du culot admet l’archevêque Bishop. La région de Perth est obnubilée par l’enrichissement, nous dit Hervé Claude (photo). Et quand il y a beaucoup de fric en jeu, les litiges peuvent aller jusqu’au crime. La question des aborigènes est ici évoquée : s’ils sont désormais mieux traités, rien n’est vraiment réglé. L’auteur situe l’ensemble de ses polars (publiés chez Actes Sud et Gallimard) dans le même cadre, qu’il connaît bien. Il nous propose là un épisode poulpesque qui ne manque ni d’originalité, ni d'humour.

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3 décembre 2010 5 03 /12 /décembre /2010 07:24

 

Publié en 2006 chez Albin Michel, puis au Livre de Poche en 2009, Le Roi des Juifs de Nick Toshes est assurément un livre inclassable et déroutant.

Arnold Rothstein est mort à New York le 6 novembre 1928, à l’âge de 46 ans. L’avant-veille au soir, il jouait au poker avec des amis au Park Central Hotel. Après quoi, il fut la cible de coups de feu. Arnold était issu d’une famille juive, venue de la lointaine Bessarabie. Sans doute ignorait-il l’histoire culturelle si ancienne de son peuple. Commerçants s’étant installés en Amérique au milieu du 19e siècle, les Rothstein devinrent d’authentiques new-yorkais. TOSCHES-PocheEn ce temps-là, la ville était peu sûre. Dans ses quartiers mal famés, se côtoyaient les échoppes de textile, les bistrots et les bordels. Mais on y était plus libre. Abraham, dit Abe le Juste, père d’Arnold, fut un homme influent dans sa communauté religieuse. Encore que sa légende soit probablement enjolivée.

Arnold Rothstein s’affichait homme d’affaires. En effet, il possédait plusieurs sociétés, générant beaucoup d’argent. C’était surtout un joueur. Il créa une maison de jeu à Saratoga, fut propriétaire d’une écurie de chevaux de course, truqua le championnat de base-ball. La justice ne prouva pas son implication dans cette magouille, ni dans d’autres cas. Sans se mouiller, Arnold finança des trafics de drogue. Les futurs chefs de la mafia italo-américaine furent ses amis. Les corrompus de la mairie de New York l’appréciaient. Il produisit aussi des spectacles à Broadway. Son personnage inspira de grands écrivains. À cause de son douteux dernier testament, contesté par la famille, sa succession fut compliquée.

A cette époque, l’antisémitisme progressait. Si Abe le Juste montrait une pieuse sagesse, le seul Dieu d’Arnold était l’argent. Il profita du manque de réglementation dans ce pays neuf pour en amasser ; au besoin, il contourna la loi. Sa carrière en eaux troubles peut expliquer sa mort. A moins que sa maîtresse, la belle Inez Norton (qui succéda à la défunte Bobbie Winthrop) ait été la cause de ce meurtre. On ne le saura jamais, car on n’enquêta guère. New York vivait alors entre fric et trafics, corruption et crime…

« Ne croyez rien, sauf si ça vient de moi » nous répète l’auteur. Démêler la vérité de l’invention dans cet inextricable récit serait illusoire. Nick Tosches est un magnifique bluffeur sarcastique, un véritable écrivain. Son long prélude autour des origines du peuple Juif peut effectivement rebuter, éloigné du sujet réel. S’agit-il d’une biographie ou d’un roman ? d’un prétexte pour raconter le passé de New York, pour évoquer sa population juive ? S’agit-il de se souvenir de tous ceux qui méprisaient la légalité ? Ce livre est fascinant, à condition d’en accepter la forme dynamitée. Toutefois, il faut souligner que ce n’est pas le titre le plus facile de Nick Toshes.

 

Cliquez ici pour une autre lecture de ce livre chez "One more blog in the Ghetto".

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2 décembre 2010 4 02 /12 /décembre /2010 07:25

 

Alex Nicol nous propose une cinquième enquête de son héros Gwenn Rosmadec, Le sonneur noir de Lorient (Éd.du Polar/Nuits Blanches). Cette fois, ce n’est pas en Bretagne que l’on trouvera la clé de cette affaire…

Ancien grand reporter devenu écrivain public, Gwenn Rosmadec vit avec son épouse Soazic à Sainte-Marine, en Pays Bigouden. Il joue volontiers au détective amateur. Quand le cadavre d’un Noir est retrouvé noyé en mer, il est appelé par la gendarmerie. Il ne connaît pas cet homme, qui semblait vouloir le contacter. Peu après, au Festival Interceltique de Lorient, Gwenn et Soazic rencontrent le sosie du noyé. Originaire de Mayotte, ce Noir est musicien au bagad de Quimper. Enfant, Marc Saïd fut adopté par un couple de Bretons expatriés, M. et Mme Le Dantec. Ceux-ci habitent aujourd’hui une belle propriété aux allures de palais, non loin d’ici. Marc Saïd avait bien un frère, resté à Mayotte, qui ne peut qu’être le noyé Noir. Une séance d’hypnose confirme que les conditions du décès de leur mère, vingt ans plus tôt, furent obscures. Se faisant passer pour un inspecteur de la DDASS, Gwenn interroge Mme Le Dantec, son mari étant absent. Il n’est pas dupe de la version mensongère de cette dame. Soazic a la preuve que les Le Dantec ont accaparé la propriété bretonne, dont Mac Saïd aurait dû hériter.

NICOL-2010Gwenn, Soazic et Marc Saïd s’envolent pour Mayotte, espérant y trouver des réponses concrètes sur le passé du musicien Noir. Sur place, le président des Bretons de Mayotte et le principal du collège de Tsimkoura pourront les aider. Le service d’état-civil, nouvellement institué dans la région, a retrouvé trace des adoptions légales de Marc Saïd et de son frère. Ce dernier fut pris en charge par le fundi Mohamed Latifou, un religieux local. Si Latifou passe pour un notable, sa réputation reste peu glorieuse. Un directeur d’école qui connaît bien l’homme confirme à Gwenn et Soazic que le fundi est autant un partisan du djihad qu’un trafiquant. Il est probable qu’il ait spolié le frère de Marc Saïd, comme l’ont fait les Le Dantec. Grâce aux relations de Gwenn dans la Marine Nationale, une opération en hélico est organisée. Elle permet de repérer l’endroit où périt la mère de Marc Saïd, dans un accident d’avion. Pratiquant la plongée sous-marine, Gwenn explore le site en question. Gwenn et ses amis doivent alors surveiller Latifou, afin de glaner des preuves sur ses activités clandestines…

Malgré le titre en référence à la Bretagne, c’est bien Mayotte qui est au centre de ce roman. Située dans l’Océan Indien entre Madagascar et les Comores, cette possession française (qui deviendra Département d’Outre-Mer en 2011) possède autant de charme que de singularités. Un mélange de traditions, associées au rythme de vie locale, le voisinage de l’île comorienne d’Anjouan, l’isolement territorial ainsi que la cohabitation entre l’Islam et la République, forment divers éléments d’un contexte particulier. L’auteur connaît les lieux, où il exerce sa profession. Hormis la situation géopolitique, c’est bien sûr l’intrigue qui nous intéresse. Après une entrée en matière un peu téléguidée, l’énigme prend corps dès que le héros entame véritablement l’enquête (chez Mme Le Dantec). Le dépaysement ajoute des rebondissements à l’affaire. À souligner, les scènes d’hélicoptère, aux détails très pointus (avec des clins d’œil à ses amis auteurs bretons). Un roman fort plaisant qui, outre le mystère, nous permet de voyager.

 

Cliquez sur mon article concernant les quatre premiers romans d'Alex Nicol ayant pour héros Gwenn Rosmadec.

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1 décembre 2010 3 01 /12 /décembre /2010 07:07

 

Voici un roman idéal pour le mois de décembre : La révélation de Noël. Inédit dans la série des "Petits crimes de Noël", cette histoire plus courte d’Anne Perry montre une autre facette de son talent de romancière…

Londres, peu avant Noël 1895. Emily Radley est la sœur de Charlotte Pitt, dont le mari Thomas Pitt est un policier réputé. Susannah Ross, la tante d’Emily et de Charlotte vit en Irlande depuis longtemps. Elle dut s’écarter de sa famille quand elle épousa un catholique aujourd’hui décédé. Âgée de cinquante ans, Susannah est gravement souffrante. Emily se résout à quitter provisoirement son mari, pour rejoindre sa tante. PERRY-Noël2010Dans le Connemara, elle est accueillie par l’aimable Père Tyndale qui la conduit jusqu’au village côtier dont il est le prêtre. Il évoque le regretté Hugo Ross, le regretté époux de Susannah, qui fut très apprécié dans la région. Après cet exténuant voyage, Emily arrive chez sa tante, qu’elle trouve fort affaiblie. Heureusement, Susannah est bien aidée par Maggie O’Bannion, qui s’occupe de la maison. Emily remarque bientôt que Fergal O’Bannion veille de près sur sa femme Maggie, comme s’il redoutait un danger.

Malgré la météo venteuse, Emily se rend jusqu’au proche village. À l’épicerie locale, l’accueil est un peu distant mais poli. Plus tard, elle croise aussi Padraic Yorke. Ce sexagénaire connaît bien le passé de la région. Il lui raconte l’histoire, mêlée de légende, des clans qui furent maîtres des environs. De retour chez sa tante, Emily rencontre les Flaherty, mère et fils. Justement, jadis le clan Flaherty fut ici puissant. Si la mère semble acariâtre, le jeune Brendan est sympathique. La nuit suivante, le tonnerre gronde et les éclairs inquiètent Emily. Au cœur de la tempête, elle aperçoit un navire qui sombre au large du village. Elle ameute la population, qui se porte au secours des naufragés ayant pu survivre. Il n’y a qu’un seul rescapé, bien vite mis à l’abri chez Susannah Ross. Lorsqu’il récupère quelques forces, il dit s’appeler Daniel, mais n’a pas d’autre souvenir du drame.

Emily sent toujours une anxiété chez Maggie O’Bannion et le Père Tyndale. Le cas de Daniel risque de perturber les habitants du village, selon le prêtre. En effet, quelques années plus tôt, le jeune Connor Riordan arriva ici de manière inattendue, un peu comme Daniel. Or, il trouva la mort dans des circonstances mal expliquées. Emily se demande quel rôle joua Hugo Ross dans l’affaire. Se sentant faiblir, sa tante Susannah voudrait sûrement qu’Emily éclaircisse cette question. Toutefois, il s’agit d’un secret qui parait concerner l’ensemble de la communauté villageoise. Bien qu’anglicane, Emily assiste avec Daniel à la messe du dimanche, observant la population. Au bout de sept ans, poser des questions sur les moyens et les occasions qu’avait eu quelquun de tuer Connor Riordan s’annonçait difficile, pour ne pas dire impossible. Les seuls indices résideraient dans le mobile. Malgré les silences, Emily ne renonce pas à enquêter…

Anne Perry restitue de façon nuancée les ambiances et le contexte de l’époque. L’Irlande rurale est loin de Londres, une des villes-phares de la fin du 19e siècle. Les décors sont présentés avec la belle précision dont sait faire preuve l’auteur. L’analyse sociologique n’est pas absente, quand elle souligne l’éternelle frontière séparant anglicanisme et catholicisme. Une barrière pourtant franchie par Susannah Ross. Un tel village perdu recèle fatalement de lourds secrets créant une tension palpable, que l’œil extérieur d’Emily perçoit vite. La fluidité narrative et l’intrigue au tranquille suspense sont un régal. Un excellent conte criminel, en somme.

 

Dans la même série, Anne Perry a pubié en 2009 "La promesse de Noël" et en 2008 "Le secret de Noël". Retour sur ce titre, également très réussi.

Mi-décembre 1890. Le pasteur Dominic Corde et Clarice, sa seconde épouse, arrivent à Cottisham, petit village au cœur de la campagne anglaise. Pendant trois semaines, Dominic va remplacer le révérend Wynter, déjà parti en vacances. Le couple s’installerait volontiers ici. Fidèle au pasteur habituel, Mrs Wellbeloved s’occupera peu d’eux en cette période de fêtes. Peter Connaught, le jeune châtelain local, leur rend une amicale visite. Ils croisent aussi Mrs Paget ou Mrs Towers, dame âgée et seule. PERRY-Noël2008Dominic rencontre Mr Boscombe, qui fut l’assistant du révérend Wynter, et son épouse. Il est fort bien accueilli, mais sent que ces gens ont des soucis d’argent.

Tandis que Dominic s’interroge sur son futur sermon de Noël, Clarice remarque que le pasteur a oublié sa Bible personnelle. Personne ne sait où séjourne Wynter, pour la lui adresser. Il a aussi laissé son matériel à dessin dans son bureau et des vêtements d’hiver dans sa chambre, ce qui intrigue Clarice. Bientôt, elle découvre au fond de la cave le cadavre du révérend. Selon le médecin, Winter été victime d’une crise cardiaque provoquant une chute mortelle. Il n’admettra pas d’autre version, exigeant qu’on taise ce décès. Pourtant, Clarice se pose des questions sur les circonstances de cette mort. Des traces indiquent que le corps a été traîné dans la cave.

Dominic admet que ce peut être un meurtre. Pasteur à Cottisham depuis longtemps, Wynter connaissait sûrement beaucoup de secrets tus par les habitants. Les minces différences dans les comptes de la paroisse ne sont sans doute pas essentielles. Clarice avoue ses doutes aux Boscombe. Dominic fait de même chez Peter Connaught. Il n’est pas simple d’établir une relation de confiance, puisque le couple n’habite que provisoirement au village – bien qu’ils espèrent y rester. Dominic et Clarice veulent établir la vérité, mais doivent se montrer prudent. C’est dans les archives de la paroisse que Clarice trouve une piste concernant le secret des Boscombe. Sir Peter ou Mrs Towers ont probablement aussi des choses à cacher. S’il fut apprécié de tous, on peut se demander si le révérend était si honorable. Dominic clarifie le cas du couple Boscombe, qui n’est pas dans l’illégalité. Mais d'autres sombres secrets planent sur la calme bourgade...

Ambiance typiquement anglaise garantie, avec tasses de thé offertes à tout visiteur, et noirs mystères. Nous sommes ici dans la grande époque victorienne, avec ses codes et traditions. Dans un décor neigeux et frisquet, l’opiniâtre Clarice tente de résoudre l’énigme, sans déplaire à la population. Dominic, lui, est encore hésitant sur sa fonction : "Être pasteur consistait en partie à ne pas commettre d’erreur (…) Il était l’homme dont les gens du village attendaient qu’il accomplisse le travail de Dieu, et il ne devait pas les décevoir." Le couple évolue dans une intrigue classique et solide, qui se lit avec un réel plaisir.

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30 novembre 2010 2 30 /11 /novembre /2010 07:08

 

Le troisième épisode des enquêtes du commissaire Van In, le héros créé par Pieter Aspe est désormais disponible au Livre de Poche. ASPE-PocheQuelques mots sur Les masques de la nuit

Dans la banlieue chic de Bruges, un squelette est découvert lors de la rénovation d’une fermette. Le policier Pieter Van In et son adjoint Guido Versavel sont chargés de l’affaire. Ils interrogent les Vermast, une famille agaçante, aujourd’hui propriétaire des lieux. La fermette appartenait auparavant à une association, le Secours Flamand. C’est le vieil homme d’affaire Vandaele qui l’offrit à cet organisme caritatif. Un détail étonne Van In : la grille d’entrée est télécommandée. C’est curieux pour une propriété ayant hébergé des activités associatives. Quand le policier interroge le puissant Vandaele, ce dernier répond avec sérénité, expliquant même le détail qui a surpris Van In.

Grâce à un de ses anciens amants, Guido Versavel apprend que cette fermette fut encore une douzaine d’années plus tôt un lupanar, le Love. Ce bordel de luxe accueillit une clientèle de notables. L’autopsie du squelette révèle que l’inconnu avait subi une opération de chirurgie esthétique, plutôt rare à l’époque des faits. Les policiers ont reçu le renfort de leur collègue Baert, auquel ils n’accordent pas une grande confiance. Par contre, la jeune policière Carine Neels semble vouloir prouver son efficacité. Du côté de Vandaele et de son avocat Provoost, cette enquête dérange. Ils savent que c’est William Aerts, patron d’un bar-club financé par Vandaele, qui enterra le cadavre. Or, celui-ci est en fuite avec son pactole, direction l’île de Malte.

Linda, l’alcoolique épouse de William Aerts, livre une liste des clients de l’élite qui fréquentèrent le Love. Tous appartiennent au Secours Flamand. L’association est très liée au VLOK, parti politique fascisant. Van In et sa compagne Hannelore Martens, substitut du procureur, sont conscients qu’il s’agit d’adversaires influents. Il serait bon de connaître les activités réelles du Foyer, siège actuel de l’association. Une mission idéale pour la policière Carine Neels, à condition qu’elle ne prenne pas trop de risques. Si Van In est certain que l’énigme tourne autour de Vandaele, il sera difficile de trouver des preuves contre lui et ses complices…

Un roman d’enquêtes aux péripéties sinueuses. Sous l’influence de Hannelore, enceinte de cinq mois, Van In tente de mener une vie plus saine, évitant les abus d’alcool. Le policier conserve des méthodes d’investigation personnelles. Face à des gens haut placés, il lui faut être aussi subtil qu’offensif. On peut noter la tonalité ironique, qui n’épargne pas Linda ou la famille Vermast. Le cas de la victime retrouvée à l’état de squelette est plutôt singulier. Celui de la jeune Carine ajoute l’inquiétude au suspense Les révélations sur le passé de Vandaele et de ses amis expliquent leur cynisme. Malgré les obstacles, le tenace Van In parvient à définir le rôle de chaque protagoniste…

Cliquez ici pour ma chronique sur "Le collectionneur d'armes", une autre enquête du même commissaire Van In.

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29 novembre 2010 1 29 /11 /novembre /2010 07:22

 

Prix polar Points 2010Le record de 1098 n’est pas battu. Vous avez été 908 participants à proposer les bonnes réponses, pour tenter de gagner le roman d’Antonin Varenne Fakirs, Prix 2010 du Meilleur polar des Lecteurs de Points. Merci à celles et ceux qui jouent à chaque fois, avec obstination et bonne humeur. À mon grand regret, tout le monde ne pouvait pas gagner, seul le tirage au sort à laveugle en a décidé. Dautres jeux seront prochainement présentés ici.

 

Voici les noms des DIX GAGNANTS.Varenne FakirS

 

Muriel Chevallier, de Marignane (13)

Julien Cioffi, de Muret (31)

Charlotte Sabatier, de Saint-Étienne (42)

Sotima Herault, de Fontevraud L’Abbaye (49)

Anne Schneider, de Rouffach (68)

Marina Guerrazzi, d’Avignon (84)

Théo Blortz, de Belfort (90)

Anicet Owona, de Palaiseau (91)

David Zagny, d’Alfortville (94)

Ingrid Dehaye, de Soumagne (Belgique)

 

En attendant les prochains jeux, trouvez ici un maximum d'infos sur les polars en visitant Action-Suspense.

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28 novembre 2010 7 28 /11 /novembre /2010 07:05

 

Avec Moulin à vent (Les Presses du Midi), Sylvie Callet nous propose un nouvel épisode de la vie de son héros méridional…

Vivant dans la région toulonnaise, Jo Bianco est un comédien sans emploi qui s’improvise parfois détective amateur. Venant d’hériter de son ami Bèbe, il peut espérer quelques fonds en vendant le bar du défunt. Si la vieille R5 qui fait partie de la succession est une antiquité bringuebalante, elle l’aidera quand même à se déplacer. Justement, Jo va devoir quitter son refuge chez la belle lieutenant de police Flo. Il vient d’apprendre que son frère Louis-Édouard, qui habite en Beaujolais, est dans le coma. Jo s’est éloigné depuis longtemps de ce désagréable frère, un vrai facho, et n’apprécie guère sa pimbêche de belle-sœur, Mathilda. Néanmoins, Louis-Édouard reste un des rares membres de sa famille, et le soudain choc qui l’a plongé dans le coma intrigue Jo. En outre, il a envie de connaître sa petite nièce, la dégourdie Mary-Anne.

CALLET-2010Belle propriété que le domaine de la Rochejouhant. À son arrivée au château, Jo est accueilli avec rudesse par Franck, un cousin de Mathilda. Sa belle-sœur se montre peu chaleureuse et avare d’explications sur le cas de Louis-Édouard. Ne rechignant pas à apprécier les vins locaux, Jo est vite adopté par Luna, la vieille employée du château. Par contre, au déjeuner du lendemain midi, l’ambiance est plutôt réfrigérante. Les hôtes en sont le couple Delaunay et le poète Verbaurin. Jo n’imagine pas sympathiser avec eux ou l’omniprésent Franck, pas beaucoup plus avec son propre neveu Jean-Noël. Heureusement, il trouve une deuxième alliée grâce à la petite Mary-Anne. Tout ça n’indique pas clairement à Jo ce qui a conduit son frère dans cet état. À l’hôpital, la séduisante infirmière Angélique n’est pas insensible au charme du sudiste, mais ne peut le renseigner.

Jo apprend finalement que Louis-Édouard a été licencié, sous le prétexte de la Crise, de son poste de cadre bancaire. Depuis, sachant qu’une propriété comme la leur coûte une fortune, il s’est endetté auprès des Delaunay. Il semble que ceux-ci réclament leur prêt. Mathilda affirme que son mari était violent envers elle ces derniers temps, mais Jo y voit un joli mensonge. C’est en se promenant dans les bois que Louis-Édouard a été victime d’un accident, ou d’une agression. Selon le poète Verbaurin, la moto de Franck aurait foncé sur le frère de Jo. Le détective amateur ne peut faire pleinement confiance à ce témoin incertain. Quant à l’alibi de Franck, pas vraiment fiable non plus. Et quel est donc le rôle du gigolo Silvio, neveu de Luna ? C’est en jouant à Robin des Bois avec sa petite nièce Mary-Anne que Jo va découvrir de nouvelles pistes intéressantes…

Les puissants thrillers aux intrigues complexes et les romans noirs aux thèmes sociétaux possèdent d’évidents mérites. Les comédies à suspense ne manquent pas de qualités non plus, comme en témoigne ce nouveau titre de Sylvie Callet. Un petit jaune nous avait fait connaître le personnage de Jo, aimable dilettante plongé dans d’énigmatiques affaires. Le voici qui enquête dans les domaines et les sous-bois du Beaujolais. Évidemment, il se fait un peu voler la vedette par sa nièce. Néanmoins, face à une poignée de suspects, il doit faire la lumière sur une situation pas si simple. Malgré ou à cause de mon état d’épuisement, un essaim de question vibrionnait dans mon cerveau enflé, empêchant le sommeil de me trouver. Non seulement la tonalité est souriante, mais le récit enjoué introduit une belle complicité avec le lecteur. Dans l’esprit de Jo, des voix d’actrices connues interviennent parfois pour qu’il se concentre davantage. On partage son avis sur la hautaine Mathilda, le méprisant Franck, et toute la clique qui les entourent. L’écriture est inspirée, joyeuse souvent, caustique aussi. Un roman très agréable.

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27 novembre 2010 6 27 /11 /novembre /2010 07:07

 

La francophonie se résume généralement à des évènements institutionnels. Un show télé musical par-ci, le thème d’un festival culturel par-là. C’est bien, mais c’est assez peu concret dans l’esprit du public. Nos amis Africains, nos cousins Québécois, les ambassadeurs de la langue française, autant d’expressions plutôt symboliques.

À l’occasion de la Saint Jean-Baptiste, jour de la Fête Nationale du Québec (le 24 juin), un article de l’ami Richard M. m’a fait prendre conscience du peu d’efforts que nous tous consacrons à leur culture, leur littérature. Ils forment pourtant un grand îlot francophone dans le continent américano-anglophone. Richard citait quelques noms d’auteurs qui ne m’étaient pas inconnus, mais sans précisions (dans ma mémoire) 

L’idée d’une rubrique Spécial Québec me vient lorsque je découvre une collection québécoise aux accents rocks, Coups de Tête. Depuis, cette rubrique se développe progressivement. J’ai y parlé BDs (Michel Rabagliati, Marsi, Loisel & Tripp), j’ai interviewé Michel Vézina, j’ai chroniqué Nelly Arcan, Jean-François Poupart, Dominique Nantel, Luc Baranger, François Barcelo, Dominique Bellavance, Andrée A.Michaud, Stanley Péan, Louise Penny, Jacques Savoie et Michel Vézina. Quelques autres suivront, c’est promis.

BEAULIEULa grande question reste : comment se procurer des romans québécois en France ? En effet, rares sont les points de vente présentant un espace dédié à la francophonie québécoise, identifié comme tel. Serait-ce une mission quasiment impossible ? Non, pas tellement plus que d’acquérir n’importe quel livre.

Plusieurs cas de figure sont à distinguer.

Le plus facile, ce sont les écrivains du Québec publiés par des éditeurs français. Michel Tremblay, Dany Laferrière, Yves Beauchemin, et quelques autres, sont ainsi correctement diffusés. Parmi les nouveautés 2010, Lazy Bird d’Andrée A.Michaud (chez Seuil) ou le singulier Bibi de Victor-Lévy Beaulieu (chez Grasset) sont aisément disponibles. Il y aurait sans doute d’autres exemples.

Deuxième cas, les éditeurs québécois présents en France. L’éditeur Les 400 coups (collection Coups de tête) est dans le circuit de diffusion, mais nettement moins affiché que les éditeurs français. Pour ma part, j’ai acheté quelques-uns des romans en question dans un espace culturel Leclerc. Pas introuvables, donc. D’autres sont plutôt présents sur commande. C’est le cas de Libre Expression, de Québec Amérique, de Alire, de La Courte Échelle, etc. Pour les BDs de l’éditeur La Pastèque, rares sont aussi les exemplaires directement disponibles. Il convient donc de les commander auprès des libraires, et d’être un peu patients. Car le délai est souvent de quatre à huit jours, voire un peu plus. Exemple personnel, j’en ai acheté à la Librairie du Québec à Paris, qui expédie dans un délai rapide (en fonction des titres disponibles) sans frais exagérés. Certaines nouveautés québécoises coûtent un peu plus cher que les tarifs habituels. Le dollar canadien n’est pas l’Euro. Ne nous laissons toutefois pas rebuter par quelques Euros de plus.

Dans quelle mesure pouvons-nous directement commander au Québec ? J’avoue ne pas être qualifié pour répondre. Il me semble que la frontière inter-monétaire n’est franchissable que pour des experts. Et ça risque de doubler le prix du livre ainsi commandé, tous frais compris.

Les systèmes actuels de diffusion des livres privilégient l’actualité. Au bout de quelques mois, des auteurs disparaissent parfois des rayonnages. J’ai cherché vainement Chrystine Brouillet et deux ou trois autres auteurs, par exemple. Pas dans les nouveautés, donc plus difficile. Dans ce cas, commandes et livraisons sont aléatoires au niveau des points de vente, même quand les libraires sont efficaces. Par contre, les sites Internet proposent énormément de livres d’occasion (ou neufs) à des tarifs très raisonnables. Expérience concluante quand j’ai commandé (chez livrenpoche.com, mais il en existe beaucoup d'autres) et reçu quelques titres québécois, pour un prix pas excessif. Si l’on ne cherche pas uniquement des nouveautés, c’est la meilleure solution, la moins coûteuse, et plutôt fiable. La seule chose à vérifier, c’est qu’ils ont ces livres en stock, sinon se pose la question du délai déjà évoquée plus haut.

Pas de parcours du combattant pour se procurer des romans québécois en France. Comme pour tout achat, il suffit de repérer quelques titres ou quelques auteurs dignes d’intérêt. Les sites et blogs québécois sont là pour vous renseigner. Les libraires ou les sites Internet n’ont plus qu’à vous servir. Et c’est ainsi que vous découvrirez une littérature (polar) francophone différente et riche d’originalité.

 

Des sites et blogs à consulter :

 

http://lecturederichard.over-blog.com/

 

http://polarophiles.olympe-network.com/

 

http://www.litterature-quebecoise.com/classement/clas-polars-thrillers.html

 

http://www.revue-alibis.com/

 

http://www.passemot.blogspot.com/

 

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Toutes mes chroniques, résumés et commentaires, sont des créations issues de lectures intégrales des romans analysés ici, choisis librement, sans influence des éditeurs. Le seul but est de partager nos plaisirs entre lecteurs.

Spécial Roland Sadaune

Roland Sadaune est romancier, peintre de talent, et un ami fidèle.

http://www.polaroland-sadaune.com/

ClaudeBySadauneClaude Le Nocher, by R.Sadaune

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