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21 décembre 2010 2 21 /12 /décembre /2010 07:05

 

Publiée chez Glénat en cette fin 2010, la version BD de L’assassinat du Père Noël (d’après Pierre Véry) est signée Didier Convard, Éric Adam, et Paul.

Mortefond est un village perdu dans la campagne vosgienne. C’est là que Prosper Lepicq choisit de séjourner en ce mois de décembre, afin de s’y reposer. Installé à l’auberge Kopf, il est vite adopté par les habitants. Ce parisien s’est bien gardé de préciser qu’il était avocat et détective, ayant mené quelques enquêtes avec la police. Lepicq a sympathisé avec Gaspard Cornusse, artisan photographe, et sa ravissante fille Catherine. BD-Pierre Véry-1Il apprécie autant le curé que l’instituteur anticlérical Villard. Il rencontre le baron Roland, héritier du manoir local, revenu à Mortefond après une vie pleine d’aventure. Dans ce village hors du temps, une grande part de l’activité est consacré à l’artisanat du jouet. Pour la nuit de Noël, on prépare la grande fête de Il était une fois. Chacun se grime en héros de contes de fées ou en personnage légendaire, pour une soirée réunissant toute la population.

À Mortefond, l’église Saint-Nicolas abrite un trésor. Le doigt bagué du saint, un doigt en or qui vaut une fortune. Selon la légende, qui n’intéresse plus guère que les gamins du village, il existerait un bras complet, tout en or et incrusté de pierres précieuses, disparu lors de la Révolution Française. Sur une stèle du cimetière, une formule sibylline est censée indiquer où se cache l’objet précieux: Interroge Lucifer et son saint, tu trouveras le bras d’or. On laisse ce mystère aux enfants, l’important étant que le curé et son sacristain Kappell veillent sur le doigt bagué au presbytère. Voici qu’arrive la nuit de Noël, à laquelle Prosper Lepicq participe gaiement comme les autres. Durant la messe, à l’extérieur de l’église Saint-Nicolas, l’instituteur Villard fait chanter L’Internationale à sa chorale d’élèves. Petit jeu anticlérical habituel, qui amuse tout le monde.

Pendant ce temps, déguisé en Père Noël, le photographe Cornusse fait le tour du village, distribuant les cadeaux, buvant sa dose d’alcool fort à chaque étape. Le banquet annuel de Il était une fois a commencé. Observant la belle Catherine courtisée par le vieux baron Roland, l’instituteur est bien triste car il ne peut rivaliser. Soudain, des enfants alertent la population: On a assassiné le Père Noël. On le retrouve poignardé, gisant dans la neige. L’instinct de détective de Prosper Lepicq le pousse à prendre l’affaire en mains. On ramène chez lui le cadavre de Gaspard Cornusse. Lepicq comprend rapidement qu’il y a erreur sur la personne. En effet, ce n’est pas le photographe qu’on a tué. Il s’agit du Dr Ricomet, médecin peu aimé des villageois. Néanmoins, il faut éliciter les faits. Pourquoi était-il habillé en Père Noël ? Si Cornusse est toujours vivant, le doigt en or a été volé cette nuit au presbytère. Lepicq enquête, flairant l’ambiance…

BD-Pierre Véry-2Belle adaptation en BD du roman de Pierre Véry, publié en 1934. Il n’est pas si aisé de transcrire le mystère empreint de poésie et d’humour, tel qu’imaginé par cet auteur. Sur ce point, le scénario est ici très habile. En effet, nous entrons dans ce village lors de la nuit de Noël, puis un flash-back nous permet de faire mieux connaissance avec les protagonistes, avant que le détective intellectif s’occupe de découvrir la vérité. Un meurtre ne laisse pas que des empreintes de pas et des tâches de sang, il imprègne l’espace tout autour de son aura malfaisante… Maintenant, il s’agissait pour moi de lire l’invisible. Deux petites remarques concernant le dessin. Si le décor est réussi et les scènes nocturnes convaincantes, les personnages apparaissent un peu figés alors que l’action est mouvementée. Quant à l’allure de Lepicq, on peut le trouver bien juvénile (il a trente-six ans dans le roman de Pierre Véry). Malgré ces détails relatifs, l’ensemble est plutôt réussi, et même fort sympathique. Si le roman est depuis quelques années présenté dans des éditions destinées au jeune public, cette BD s’adresse à toutes les générations.

 

Cliquez ici pour un précédent hommage à Pierre Véry.

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20 décembre 2010 1 20 /12 /décembre /2010 06:57

 

La collection Noir Rétro a réédité un des bons romans noirs d’André Héléna, Le demi-sel. Petit voyage dans le temps, retour dans le Paris des années 1950...

Balthazar est un marginal plutôt jeune, un voyou, buveur et peu courageux. Il est six heures du soir. Depuis neuf heures ce matin, son immeuble est surveillé. Pas par la police : [un flic] n’aurait pas hésité. Il aurait grimpé l’escalier, frappé à la porte et, une main sur son revolver, il aurait exhibé sa carte. Non, c’est un nommé Bob, complice du truand Scipioni, qui attend que Balthazar sorte. Ses adversaires ont donc retrouvé sa trace. Il n’a pas d’autre choix que d’éliminer Bob : Le jeune homme leva son automatique, visa soigneusement. HELENA-NoirRétroAu moment où l’autobus passait sous ses fenêtres, il tira. Il vit l’homme chanceler, porter les mains à sa poitrine, faire deux pas avant de s’écrouler dans le ruisseau. Balthazar s’enfuit vers le centre de Paris.

Depuis qu’il a tué à juste titre Moreno, c’est déjà un homme traqué. Pourtant, Balthazar n’a pas une âme de criminel, juste de mauvaises fréquentations. La bande de Scipioni est à ses trousses. La police aussi ne tardera sans doute pas à le suspecter, à le pourchasser, estime Balthazar. Le hasard fait que deux autres membres du gang Scipioni sont abattus cette nuit-là. Flics et truands en arrivent à la même conclusion, il n’y aurait qu’un seul tueur. Scipioni s’inquiète : Tout ce qu’il avait fait depuis deux ans avait été rasé en huit jours, même pas. Il avait eu six hommes sous la main, il lui en restait deux. Les quatre autres avaient été abattus par Balthazar (…) Un demi-sel, rien d’autre. Un petit paumé qui n’essayait même pas de jouer les gros bras. Et il les avait tous mis dans sa poche, cassé la baraque et démoli le gang.

Le commissaire Barral n’a pas tardé à faire le rapprochement entre Scipioni et cette série de meurtres. Pour le moment, l’Italien réussit encore à se dédouaner. Mais, tant que Balthazar est introuvable, il risque de gros ennuis. Balthazar poursuit sa cavale dans le Paris nocturne. Trouver de l’aide auprès de sa petite amie Gisèle ? Non seulement elle ne mesure pas la situation, mais elle pourrait encore aggraver les choses. D’ailleurs Gisèle ne rime pas avec fidèle. Il y a aussi Simone, cette jeune fille trop tendre que Balthazar protège dans ce bistrot mal famé. Quel miracle un homme aux abois tel que lui peut-il espérer ? Du côté de la bande de Scipioni, René et Nestor s’interrogent sur la suite. Risquer sa peau pour rattraper Balthazar, supposé extrêmement dangereux ? Ou plutôt se confier aux flics, négocier avec le commissaire Barral ? Le destin est en marche…

Le talent de romancier d’André Héléna (1919-1972) fut sous-estimé de son vivant. À l’époque, on le considère comme un besogneux, productif mais peu fiable. Jusqu’en 1955, il est exploité par des éditeurs douteux. Il écrit de nombreux romans, signés de son nom ou sous pseudonymes. Il s’agit d’histoires sombres, ayant pour héros des malfrats médiocres aux destinées fatales. La pègre y est présentée sans concession. Les intrigues sont simples et solides. La narration entraînante évite les fioritures, dans un langage direct. Le demi-sel est un des neufs romans de son cycle Les compagnons du destin (1952-53). Un des plus noirs de l’auteur, servi par une narration nerveuse. Son malheureux héros est placé sur une pente fatale jalonnée de cadavres. Il y a peu de chances que s’inverse le cours des évènements, même si l’auteur introduit un mince espoir. Un récit sombre à souhaits et une narration fluide, pour un roman qui méritait d’être réédité dans la collection Noir Rétro, aux éditions Plon.

Cliquez ici pour le portrait d'André Héléna.

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19 décembre 2010 7 19 /12 /décembre /2010 07:01

 

Retour sur un livre d’Emmanuelle Urien, paru chez Gallimard en 2007, La collecte des monstres. Certains recueils de nouvelles ressemblent à ces labyrinthes qui nous procurent une saine dose de frissons. Train fantôme ou galerie des horreurs, en y pénétrant, on se prépare à l’effet de surprise. Nous allons nous trouver face à des portraits d’inconnus, dans des situations imprévues. Par le biais de courtes scènes, vont nous apparaître des individus singuliers. Mais peut-être est-ce juste un miroir déformant qui les caricature, alors qu’ils sont proches de nous. Ils sont issus de la réalité, de faits de société médiatisés ou non, d’infos ne méritant que quelques lignes dans un journal, ou de notre mémoire collective. Décisions lâches ou erronées, et comportements empreints de bassesse sont si quotidiens. Sur cette base, en dix-huit textes, Emmanuelle Urien nous fait rencontrer quelques-uns de ces personnages. Un peu médiocres, un peu monstrueux ? Sans doute, puisque telle est la nature humaine. En voici une dizaine d’exemples…

URIEN-2007Guichetière à la RATP, Juliette est âgée de vingt-cinq ans. Espère-t-elle vraiment trouver le Prince Charmant en passant des petites annonces ? Juste les réponses ordinaires d’hommes sans ambition, ni fantaisie. Bien sûr, Juliette aussi ment un peu dans son annonce, mais il ne sont pas du tout excitants. Sauf peut-être ce type direct qui affirme Je suis l’homme qu’il vous faut

À la recherche d’un emploi, cette ex-chef de projets dans la communication est devenue championne des entretiens d’embauche. Elle triche légèrement autour de son CV, joue avec le recruteur, montre plus d’aisance que son amie Nathalie. Pourtant ça ne fonctionne jamais. Alors autant accepter n’importe quoi…

Il est long le chemin du retour, pour cet homme qui regagne l’île de Bréhat. Il s’interroge sur sa vie d’avant, sur ses futurs rapports avec Sophie. Ils formaient un couple vivant dans l’aisance, grâce aux parents de la jeune femme. Bien des choses ont changé ces dernières années, à cause des évènements. Ayant traversé bien des tourments, il a encore peur de l’avenir…

Lilas est une étudiante sans grandes ressources. Pour payer ses factures, elle a fini par se prostituer un peu, évitant de déborder sur le trottoir des pros. Les putes l’estiment bizarre, mais ne la jugent pas. Lilas s’est imposée des règles strictes, précautions lui évitant les mauvaises rencontres, les clients dangereux. L’hiver venu, elle est contrainte d’ignorer peu à peu ces règles salvatrices…

C’est parce qu’il ne supportait pas les regards dans son dos qu’il est devenu photographe. Grâce à son efficace agent, c’est même aujourd’hui un artiste de renom. Longtemps, il fait semblant d’apprécier cet univers mondain superficiel. Bientôt, une thérapie va le guérir de certaines obsessions…

Ce jeune homme sort de prison, regagne le quartier d’immeubles où vit sa famille. Coupable de complicité dans un trafic de drogue, aux yeux de tous. Il était pourtant bien moins coupable que ces dealers, qui continuent ouvertement à vendre leur produits chaque soir près du toboggan…

Drôle de couple au seuil d’une rupture définitive, là, dans cette voiture. Qu’a-t-il à lui reprocher ? Sa froideur, depuis le début. Elle est bien forcée d’admettre que son caractère solitaire n’a guère entraîné de tendresse ou d’attention à son égard. Une femme sans cœur, dont il s’éloigne sans regrets…

Pour le moment, il est employé au nettoyage dans un parc zoologique. Il se sent plus proche des babouins que du hautain personnel de ce zoo. À part Jean-Claude, comptable au destin pas plus brillant que le sien. Il a attribué le même prénom à un petit babouin maltraité par les autres…

Firmine rêvait de devenir star de cinéma. À dix-huit ans, elle a fuit sa famille et s’est dirigée vers la Côte d’Azur. Pas si facile d’être repérée par les gens du cinéma, à Saint-Tropez ou à Cannes. Néanmoins, son physique avantageux et sa candeur l’ont un peu aidée. Elle a couché avec beaucoup d’hommes riches, surtout riches de promesses. Car, à part quelques courtes répliques dans des films sans intérêt, elle ne fit jamais carrière. Elle s’est engluée dans son rêve. La notoriété va la rattraper quand même, un peu trop tard…

Dans le quartier des Roussettes, la solidarité n’est pas un vain mot. Quand on apprend que le petit Anatole est atteint d’une maladie orpheline, les habitants s’organisent pour aider les parents. Récolter des fonds en vue d’une intervention chirurgicale aux Etats-Unis, c’est assez lent et compliqué. Heureusement, M.Noël se met au service de cette cause. Comptable pointilleux de l’opération, il finit par être apprécié de tous. Pas plus que les parents éplorés, M.Noël ne tient à faire parler de lui. Il agit, voilà tout. Bientôt, la somme est réunie…

Huit autres textes complètent ce recueil, le troisième de l’auteur, publié en 2007. S’il n’est pas question de leur attribuer une étiquette polar, il s’agit néanmoins de contes cruels, voire de sujets criminels. En effet, la mort rôde dans beaucoup de ces textes, avec une possible issue fatale propre aux histoires noires. En virtuose de la nouvelle, Emmanuelle Urien joue subtilement avec des situations ordinaires (pour s’en convaincre, il suffit de lire l’histoire de divorce En toutes lettres). Aucun des personnages n’étant brillants ou admirables, l’humour se décline ici entre dérision et ironie. Les dénouements à chutes (apprécions la fin de Conduite accompagnée) suscitent aussi le sourire, teinté d’amertume parfois (voir Zone de silence). On savoure ces textes avec grand plaisir. Depuis, Emmanuelle Urien a publié d’autres nouvelles et un roman, Tu devrais voir quelquun (Gallimard, 2009).

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17 décembre 2010 5 17 /12 /décembre /2010 07:17

 

Coup d’œil sur quelques publications parues ces dernières semaines, pour les lecteurs de polars et d’autres littératures populaires.

 

INDIC 7Le septième numéro du magazine L’Indic est sorti en novembre. Pourquoi ne pas commencer par la fin ? Entre la poésie noire de Sophie Faure et les mots-croisés d’Edmond Gropl, on peut y lire une nouvelle de l’excellent Jean-Paul Jody. Au centre de la revue, une singulière photo de Jean-Bernard Pouy. Quelques œuvres sont analysées, telles Moi, comme les chiens de Sophie Di Ricci, Au seuil de l’abîme de Hake Talbot, l’adaptation BD de Dernière station avant l’autoroute, le roman de James Sallis Cripple Creek, ou les premiers titres SF de Robert Charles Wilson. On trouve aussi l’interview très franche de Frédérick Houdaer, auteur et directeur de collection, quelques pages inévitablement consacrées à la musique, un peu de cinéma, et un dossier intitulé Braquages. On notera là un article consacré à Dortmunder, le héros créé par Donald Westlake, ainsi que d’autres textes tout aussi bien pensés. Caroline, Émeric et l’équipe fédérée par cette association nous présentent une fois de plus un numéro très attrayant.

Fondu au Noir, 27 rue Anatole Le Braz, 44000 Nantes

Et leur site www.fonduaunoir44.blogspot.com

Vache115 

Le fanzine de Serge Vacher La Vache qui Lit compte depuis longtemps bon nombre de fidèles. Il a eu la gentillesse de reprendre dans son n°113 (octobre) l’interview que m’avait accordé le québécois Michel Vézina. Le n°114 (novembre) était largement dédié à la boxe, grâce aux beaux articles de Gerardo Lambertoni et Serge Vacher. Le n°115 parait en ce mois de décembre. Parmi l’actualité, on s’intéressera principalement à l’interview de Christophe Dupuis. Grand lecteur de polars, libraire, il a animé le célèbre magazine L’Ours Polar (créé il y a plus de dix ans). Cela donne une rencontre amicale avec Serge Vacher, auteur et lui aussi grand amateur de polars.

La Vache qui Lit, 8 rue Galliéni, 87100 Limoges

Mail : serge.vacher@wanadoo.fr

 

 

QUINZINZINZILI-11La revue QUINZINZINZILI est consacrée à l’univers de Régis Messac (1893-1945). Cet intellectuel s’intéressa, pendant les années 1930, à la Littérature populaire sous diverses formes. Il publia plusieurs romans et quantité d’articles. On nous en donne d’ailleurs encore quelques exemples dans ce numéro 11, placé sous le signe de Frankenstein, largement consacré à la Science-Fiction. Précieux témoignage que celui de Régis Messac, sur des œuvres et des auteurs aujourd’hui oubliés, tel Théo Varlet. Sans être un révolutionnaire, il n’en fut pas moins un grand auteur de littérature d’imagination scientifique, dans l’entre-deux-guerres. Un portrait précis de cet écrivain, et sa bibliographie complète, nous permettent de découvrir Théo Varlet. Un article revient sur Le miroir flexible, de R.Messac, roman réédité aux Éd. Ex-Nihilo. Puis on lit un bel article de Régis Messac datant de juin 1927, intitulé L’homme artificiel. Le suivant est consacré à des romans ayant pour personnage central Napoléon 1er. Il s’en publia quelques uns dans les années 1930, que ce texte nous permet de redécouvrir. Le numéro s’achève sur une demie douzaine de chroniques de romans, dues à Régis Messac. Là encore, des titres et des auteurs sans doute oubliés (sauf Erich Kastner, peut-être), pourtant non négligeables. Un numéro particulièrement instructif, qui s’adresse à celles et ceux partageant l’esprit de curiosité qui fut celui de Régis Messac.

La revue QUINZINZINZILI est publiée par la Société des Amis de Régis Messac, 71 rue de Tolbiac, Paris 13e

Leur site : www.regis-messac.fr

 

813-n108Le titre du numéro 108 de la Revue 813 est explicite : Nos 100 polars préférés. Cent polars et leurs auteurs ont été choisis par des adhérents de l’association 813. Ils sont présentés en quelques dizaines de lignes. On lit avec plaisir les textes de l’ami Serge Breton concernant William Irish, Frédéric Dard et Georges-Jean Arnaud; ceux de Claude Mesplède pour Daniel Pennac, Joseph Bialot et Tonino Benacquista; ceux de Boris Lamot sur Andrea Camilleri, Mo Hayder et Jean Vautrin; ceux de René Barone au sujet de Boileau-Narcejac, John Dickson Carr et Dominique Sylvain (qui elle-même a écrit un texte sur Mystic River de Denis Lehane); celui de Cyrille Mousset pour La femme en vert d’Arnaldur Indridason; ceux de Marie Vindy évoquant Ruth Rendell, Pierre Véry et Georges Simenon (parler de Maigret avec justesse en si peu de lignes, vraiment un exploit); bel hommage de Xavier Murer à l’excellent Sébastien Japrisot. Désolé de ne pouvoir citer tous les contributeurs. Outre ces dix-sept auteurs et romans, il en reste quatre-vingt-trois autres à découvrir dans ce numéro. Seulement un tiers d’auteurs français ont été retenus, avec la subjectivité logique caractérisant toute sélection. Çà et là, certains romans moins marquants ou auteurs surtout connus du microcosme, mais telle est la loi d’un tel florilège. Une approche de la culture polar, incomplète plutôt que frustrante, mais présentant un bon panel de romanciers.

Association 813, 19 rue Bisson, 75020 Paris

Leur site : www.813.fr

 

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16 décembre 2010 4 16 /12 /décembre /2010 07:06

 

Né en 1921, Paul Sala fut policier jusqu’à sa retraite, en 1976. Dès 1970, il publia des romans dans la collection Spécial-Police du Fleuve Noir. Il créa entre autres le personnage du Savoyard, héros de cinq romans. Il s’agit d’un robuste quinquagénaire, vivant à Rivail près du Léman. Il ne craint pas de se bagarrer, de se mettre en danger, ni de contourner un peu la loi pour découvrir la vérité. Une petite série de romans mouvementés, très sympathiques.

SALA-1Le Savoyard (1970)

Savoyard bon teint, pêcheur frontalier sur le Lac Léman, Arthur Vadois reçoit un télégramme de sa fille Sylvie, qui vit à Paris. Ils se sont perdus de vue depuis quelques années. Arthur décide de se rendre immédiatement dans la capitale. Dès son arrivée, un jeune voleur tente de s’emparer de sa valise. Arthur le rattrape vite, récupère l’objet, et laisse filer le voleur. Plus tard, celui-ci devient l’allié d’Arthur, l’aidant pour son enquête.

Sylvie ne loge plus à l’hôtel, où son père pensait la trouver. Le concierge et les voisins de chambres disent ne rien savoir sur Sylvie, ni sur son départ. Le détective privé contacté par Arthur ne lui inspire guère confiance. Quant à l’inspecteur Bergougnan, il ne pense pas retrouver facilement Sylvie. Arthur doit donc chercher seul. Ou plutôt avec la complicité de François, dit Fifi, son jeune voleur. La trace de Robert, qui fut un temps le petit ami de Sylvie, ne donne pas de piste. Le duo doit se méfier de la bande du Chtimi, des violents truands, pas très équilibrés psychologiquement, qui trafiquent de la drogue. Est-il encore temps de sauver sa fille ? Arthur et Fifi l’espèrent…

SALA-2Le Savoyard prend ses patins (1971)

Arthur Vadois habite près de la frontière franco-suisse. Un jour de tempête sur le Léman, il sauve trois personnes. Ces deux hommes et cette fort jolie rousse ne semblent pas vouloir rencontrer les autorités. En effet, ils ont commis un hold-up sanglant en Suisse. Arthur n’a nulle envie de passer pour leur complice. Quand il rentre chez lui, deux des voleurs ont pris en otage la mère Christine, vieille amie d’Arthur. François, dit Fifi, arrive bientôt en renfort. Le truand Marco propose un marché : Arthur et Fifi doivent récupérer son butin dans la faille de terrain où il l’a jetée, puis la rousse Florence et lui s’en iront. Pas si simple, car la fosse en question est pleine de vipères.

Arthur et Fifi ne sont pas les seuls à vouloir retrouver le sac lâché par les voleurs. Plusieurs attaques montrent que l’adversaire les connaît bien. Celui-ci n’hésite pas à supprimer le propriétaire du terrain en question. Arthur doit-il douter de Fifi, au passé de petit voyou ? Le temps s’écoule sans pouvoir récupérer le butin. D’autant qu’un bloc de roche obstrue maintenant l’ouverture de la faille. Pour que la situation évolue, Arthur doit à la fois piéger l’adversaire inconnu et se débarrasser des voleurs. Si d’autres personnes interviennent, ça risque de se compliquer sérieusement.

SALA-3Le Savoyard et la Vaudoise (1973)

Arthur Vadois est aujourd’hui maire de son village de Rivail. Bien que marié à Berthe, il a noté qu’une charmante jeune femme n’était pas insensible à son charme de quinquagénaire. À Miribel, la station de sports d’hiver proche de Rivail, il est sur le point d’entrer en contact avec l’inconnue. C’est alors que Félicien Marteuil, haut-fonctionnaire chargé des futures stations de neige, est assassiné presque sous les yeux d’Arthur. La belle jeune femme pourrait bien être impliquée dans ce meurtre.

Un incendie s’est déclaré dans la station. Peu après, on croit retrouver le cadavre du pyromane supposé. Arthur et son ami Ulysse, patron d’un hôtel local, gardent pour eux ce qu’ils savent. Car, entre-temps, Arthur a reçu les aveux de Nérine Bolomey, la jeune femme en question, qui a tenté de se suicider. Tandis que le commissaire Lemoine mène son enquête, Ulysse trouve un indice pouvant disculper Nérine (qui se repose dans une clinique suisse). Arthur et François suivent leurs propres pistes, sans en informer le policier. Le témoignage de la femme d’Ulysse n’est pas inutile. C’est à la suite d’un article paru dans la presse qu’Arthur commence à comprendre les faits.

SALA-4Le Savoyard a le punch (1973)

Dans son rôle de maire, le même jour Arthur célèbre un mariage et assiste à des obsèques. Mais ce qui le marque le plus, c’est d’apprendre le décès de Modeste Giovanolli, qui lui avait sauvé la vie autrefois. De toute évidence, il s’agit d’un meurtre. Pourtant, qui pouvait en vouloir à cet homme aimable, un peu rebouteux ? Chez le défunt, Arthur est agressé par deux hommes, avant de découvrir la jeune Portugaise Armandina, cachée dans le hangar de Modeste. Celui-ci était-il mêlé à une affaire d’immigration clandestine entre Suisse et France ? Berthe, l’épouse d’Arthur, est quelque peu jalouse d’Armandina, qu’Arthur a ramené chez eux.

Avec l’aide de Fifi, Arthur retrouve bientôt ses deux agresseurs. Il essaie de les faire parler, mais reçoit un coup qui le plonge dans le coma durant quelques jours. C’est évidemment le responsable du trafic, et de la mort de Modeste, qui a frappé Arthur. Sans doute doit-il chercher des suspects dans son propre village.

SALA-5Le Savoyard au Canada (1978)

François (Fifi), le protégé d’Arthur Vadois, s’est installé au Canada. Avec son épouse Flo, il y tient un bar-restaurant (La Maison du Pêcheur). Fifi alerte par téléphone Arthur quand sa femme est enlevée par des truands voulant s’emparer de son établissement. Un endroit idéal pour eux qui veulent écouler de la drogue. Accompagné de son épouse, Arthur prend l’avion pour Montréal. Pendant le vol, il fait la connaissance d’une ravissante Japonaise, Mlle Tatsuki. Un autre Asiatique est assassiné avant qu’ils n’arrivent à destination.

Peu après avoir quitté l’aéroport, le taxi d’Arthur est attaqué par des voleurs. Arthur ne dit pas toute la vérité au lieutenant Boisjoli. En effet, il compte échanger les sachets de drogue qu’il a récupérés contre la vie de sa belle-fille. La bande de Michael, commandité par le caïd Jo di Ricardo, accepte l’échange. Le Savoyard sait bien q’on ne peut leur faire confiance. À Mlle Tatsuki non plus, sans doute. Il va devoir se montrer malin et user d’arguments musclés pour faire tomber le chef des truands…

Paul Sala est l'auteur de bien d'autres titres dans cette collection Spécial-Police du Fleuve Noir des années 1970 (dont plusieurs ont pour décor le Canada). On en reparlera.

 

Cliquez ici pour lire chez Mystère Jazz le portrait de Paul Sala.

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15 décembre 2010 3 15 /12 /décembre /2010 07:15

 

Publié chez Rivière Blanche, Les vestiges de l’aube est le premier roman de David S.Khara, qui connaît un beau succès avec son autre titre paru aussi en 2010, Le Projet Bleiberg. L’auteur maîtrise ici parfaitement son scénario et ses personnages, mêlant idéalement polar et vampires…

Dans le New York d’aujourd’hui, Barry Donovan est un policier ayant du mal à surmonter ses traumatismes. Témoin des attentats du 11-Septembre, il reste très marqué par la tragédie, à titre personnel. Son refuge, c’est cet appartement confortable au cœur de Manhattan, hérité d’un oncle. Internet est pour lui une façon de se sociabiliser à nouveau, en gardant un certain anonymat. C’est à travers un tchat que Barry a sympathisé avec le nommé Werner. S’il parvient mal à cerner cet homme possédant de la culture et une grande expérience de la vie, il sent naître une amitié pure entre eux, basée sur la confiance.

10-KHARA-1Avec son partenaire John Sanderson, le policier enquête sur une série de meurtres. Depuis huit semaines, une douzaine de cadavres ont été retrouvés à Manhattan. Les victimes sont des quadragénaires aisés, tous exécutés selon le même processus. Peu de points communs entre ces hommes d’affaires sans histoire. Pas d’indice non plus, c’est probablement l’œuvre d’un professionnel du crime. Lors d’une discussion avec Werner via le web, Barry évoque brièvement cette enquête.

Depuis cette cave protégée où il habite, Werner aimerait bien apporter son aide au policier. Si le monde actuel l’intéresse, c’est parce qu’il est très différent de celui dans lequel il a vécu. Werner est né au 19e siècle dans une riche famille d’industriels. Lui-même développa la fortune parentale, étant fabriquant d’armes durant la Guerre de Sécession. Pour son époque, cet aristocrate actif se voulait humaniste, dans un contexte qui ne s’y prêtait nullement.

Authentique mort-vivant, Werner survit depuis bien longtemps en absorbant une dose régulière de sang humain. Évidemment, hors de question d’avouer à son ami policier qu’il est un vampire. Pas encore, mais peut-être devra-t-il le faire prochainement. Pour l’heure, après une première rencontre réelle avec Barry, Werner suit l’enquête de celui-ci et de Sanderson en prenant diverses formes. Ses métamorphoses constituent un atout, mais sa force physique démesurée cause certains dégâts.

Le duo de policier trouve quand même une piste. Ils rencontrent une prostituée à la clientèle aisée. Grâce à elle, ils trouvent le nom d’Édouard Taylor, 42 ans, vice-président d’une banque d’affaires, résidant près de Central Park. Il a le même profil que les précédentes victimes. Dans son appartement, les policiers découvrent un cadavre. Ce Michael Sullivan était venu exécuter Taylor, mais c’est le banquier qui l’a éliminé avant de disparaître. Werner est aussi sur la scène du crime, quasiment invisible. Il parvient à faire parler Sullivan, qui lui livre le nom de son commanditaire, un caïd mafieux. Un renseignement qu’il fait discrètement parvenir à Barry. La prostituée et un de ses gardes du corps sont retrouvés chez elle, sauvagement assassinés, tandis que le deuxième gorille est en état de choc. Alors que Werner et Barry se sont donnés rendez-vous au Waldorf Astoria, le policier est invité contre son gré chez le chef mafieux…

Les histoires de vampires et les intrigues polars ne vont guère ensemble, en général. Les pouvoirs attribués aux vampires suffisent pour tout résoudre en cours de récit, et pour bâcler un dénouement artificiel. Amateur de cinéma d’action et de scénarios fantastiques, David S.Khara a su très habilement déjouer ces défauts. Une véritable enquête criminelle constitue le moteur de ce suspense, avec son lot de rebondissements et de scènes surprenantes. La qualité principale, qui rend solide et crédible cette aventure, c’est la profondeur des personnages de Barry et Werner. On n’ose dire des héros, car la définition qu’en donne Werner est plutôt sombre (page 155). À près de cent cinquante ans d’intervalle, les deux hommes ont un vécu puissant et tragique, ce qui les rapproche. Certes, le caractère du dandy Werner nous titille quand il se veut supérieur, mais son parcours relativise l’agacement. Barry diffère des flics blasés, trop souvent exploités dans le polar. Il reste comme en équilibre instable sur le fil de sa vie gâchée. Évitant d’abuser des clichés, voilà un excellent roman qu’on ne peut que conseiller.

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14 décembre 2010 2 14 /12 /décembre /2010 07:06

 

Dans la collection Spécial-Suspense chez Albin Michel, Sylvie Granotier publie en janvier 2011 son nouveau roman intitulé La Rigole du Diable. Ayant eu le privilège de le découvrir un peu plus tôt, je n’attendrai pas plus longtemps pour lui attribuer un grand Coup de cœur

À vingt-six ans, Catherine Monsigny est avocate pour le cabinet de Me Renaud, ténor du Barreau. Elle espère qu’un procès criminel l’aidera à se faire un nom, en démontrant sa compétence. L’affaire Myriam N’Bissi lui en offre l’opportunité. Native du Gabon, elle réussit à échapper à la famille qui l’exploitait en France. Grâce à une association militante, elle put épouser Gaston Villetreix, plus âgé qu’elle d’une trentaine d’année. Elle partit vivre avec lui dans la Creuse, à Saint-Jean-des-Bois. Le mariage dura six ans, jusqu’au décès de Gaston. Le permis d’inhumer fut accordé, mais des cousins visant l’héritage accusèrent Myriam. Il est vrai qu’on trouva le même poison dans le corps autopsié de Gaston et dans la maison. Incarcérée à Guéret, visiblement déprimée, Myriam nie avoir tué son mari. Il est vrai que dans ce village où les portes ne sont pas fermées à clé, on a pu aisément déposer le poison chez ce couple, trop original pour la bourgade.

GRANOTIER-2011Catherine reste perturbée par son propre univers familial. Elle n’avait que quatre ans quand sa mère fut assassinée. Le meurtrier épargna l’enfant, qui ne saurait le reconnaître. Elle fut élevée et protégée par son père, le Dr Claude Monsigny. Ils changèrent de région et de nom. Catherine n’a jamais obtenu de détails sur le drame, son père s’étant réfugié dans une solitude fermée. Certaines nuits, la jeune femme est hantée par des images de sa mère, plus imaginées que vraies. Sans négliger des affaires mineures, Catherine s’implique dans la future défense de Myriam. Lors de ses séjours en Creuse, elle s’installe dans une chambre d’hôtes du côté d’Aubusson. C’est chez des amis du journaliste Louis Bernier, avec lequel elle a sympathisé. Au village, elle est troublée par Olivier, un néo-rural voisin et ami du couple Gaston-Myriam. Louis et Olivier sont ses meilleurs alliés sur place, le journaliste se renseignant même pour elle.

À Paris, Catherine vit une relation amoureuse compliquée avec Cédric Devers, un de ses clients. Sûrement pas le Prince Charmant, cet homme qui fut marqué par un amour impossible et reste maladroit, voire malsain, avec les femmes. Bien qu’il n’y soit pas dans son élément, le père de Catherine la rejoint à Paris pour tenter de l’aider. La jeune avocate est capable de contrer les cousins de Gaston, mais elle veut mieux définir le profil de sa cliente. Cette hypothétique grand-mère dont elle parle, cette famille qui l’aurait exploitée, ce rapide mariage, bien des questions se posent. Quand Myriam eût une brève relation avec Daniel, de l’association, quel fut son comportement réel ? Une femme intelligente, sans doute manipulatrice, cette Myriam. Pourtant, elle n’avait pas de motif direct pour supprimer son vieux mari, c’est l’essentiel. Maître Renaud approuve la position que Catherine défendra au procès, qui approche. Catherine retourne en Creuse…

 

Ce survol de l’intrigue ne présente que quelques éléments factuels, pas les fins détails qui donnent sa force au récit. On retrouve la virtuosité narrative, qu’on aime chez cette auteure. Il convient de noter la précision des décors et des ambiances, parisiennes ou creusoises. Au tribunal ou au cabinet de Me Renaud, à la prison de Guéret ou chez les amis de Catherine dans le Creuse, les scènes apparaissent vivantes et naturelles, d’une belle crédibilité. Autre point fort capital, la psychologie des personnages. On comprend bien vite que chaque protagoniste tait des secrets, masque sa vérité. Et que le passé de la jeune femme peut s’accorder au présent. Plutôt que des coïncidences, il faut voir ici les hasards de l’existence.

Ce n’est pas un suspense que nous présente l’auteur, mais plusieurs cas énigmatiques. Pour autant, ce n’est ni un roman d’enquête, ni une histoire d’avocat et de prétoire, thèmes classiques de la littérature policière. Avec subtilité, Sylvie Granotier concocte un scénario délicieusement mystérieux, riche en questions et en péripéties. Un roman absolument passionnant.

 

Cliquez pour ma précédente chronique sur deux romans de Sylvie Granotier.

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13 décembre 2010 1 13 /12 /décembre /2010 07:08

 

La série BD "Magasin Général" de Loisel & Tripp nous propose en cette fin 2010 son tome6 "Ernest Latulippe" (Casterman). Retournons avec plaisir dans la province du Québec, au cœur des années 1920...

Propriétaire du Magasin général de Notre-Dames-des-Lacs, Marie est partie à Montréal avec sa protégée Jacinthe. Mais, leur séjour chez la tante Philomène s’éternise. Vie citadine et rencontres amoureuses font que Marie ne semble pas pressée de revenir chez elle. En son absence, c’est Serge qui s’occupe du commerce. Les produits commencent à manquer pour approvisionner le village. Faute de solution, la population est nerveuse. Les rancœurs contre Marie et les mauvais prétextes alimentent un pugilat général. BD-LOISEL&TRIPP-6Si les hommes regrettent la belle et serviable Marie, la jalousie des femmes est à son comble. Ce n’est pas le jeune curé qui peut calmer la situation. Serge doit d’abord faire l’inventaire, et tenter d’obtenir des marchandises à crédit auprès des fournisseurs de Saint-Siméon. Ceux-ci refusent, n’accordant leur confiance qu’à Marie.

Serge va avancer l’argent, puisant dans ses économies pour acheter du stock. Juste les affaires indispensables à chacun, en attendant de pouvoir fonctionner correctement. Il prend avec ses amis Isaac et Alcide la route de Saint-Siméon. Un problème de taille entrave leur route : le pont a été détruit par les pluies. Tous les hommes du village s’unissent pour le réparer, tandis que les femmes doivent seules se charger des récoltes. Ce qui suscite encore d’amers commérages contre Marie. À Montréal, si le séjour convient encore à Marie, Jacinthe s’ennuie de plus en plus. Peut-être est-il temps qu’elles rentrent, accompagnées de la tante Philomène. Le pont est à peine remis en état, qu’une surprise attend au main la population de Notre-Dame-des-Lacs : la camionnette de Marie stationne devant le Magasin général.

Très vite, un attroupement s’est formé devant le commerce. Jacinthe retrouve avec plaisir son ami Gaétan, l’employé simplet du Magasin général, ainsi que tous les autres. Marie redoute quelque peu ce retour, car elle s’est éloignée suite à des malentendus. Pourtant, tout se passe bien avec Serge, qui n’a d’yeux que pour elle. Et les habitants du village veulent qu’elle raconte tout ce qu’elle a vu à Montréal. C’est alors que surgit Ernest Latulippe, le vieux trappeur. Attaqué par un ours, son frère Mathurin est gravement touché. Une expédition s’organise pour aller le soigner et le ramener au village. Outre les images de la grande ville, Marie raconte à son amie Adèle ses aventures amoureuses à Montréal…

Voici le sixième tome de cette fort agréable série de Régis Loisel et Jean-Louis Tripp, chronique d’une communauté rurale québécoise dans les années 1920. Il n’est sans doute pas indispensable d’avoir lu tous les précédents pour apprécier. Jeune veuve, unique commerçante locale, la prévenante Marie est au centre de la vie villageoise. Les réactions la concernant apparaissent très crédibles, comme il se doit dans une telle bourgade. Évidemment, l’adaptation des dialogues en québécois par Jimmy Beaulieu ajoute beaucoup de charme à l’histoire. Au risque de placer un peu trop de pis, de ben correct et d’icitte quand même. Pis ta Lucienne, elle est-tu encore en sacrement ? Elle rumine là-dessus. Elle est pas parlable. Ça reste très sympa, bien sûr ! Le scénario largement souriant et le dessin sont parfaitement en harmonie. Un nouvel épisode très réussi.

Cette série BD a été évoquée ici dans une précédente chronique.

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