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13 mai 2011 5 13 /05 /mai /2011 05:41

 

Un policier recueillant des témoignages, quoi de plus normal ? Les dépositions, les mains courantes, c’est le quotidien des flics. Qu’il s’agisse de témoignages sur le métier de policier, c’est une démarche moins habituelle. Que ces éléments du vécu de la police nous soient présentées sous forme de saynètes, c’est assez peu ordinaire. D’autant que beaucoup de ces textes s’avèrent souriants, voire enjoués. Serge Reynaud, qui revendique sa vocation pour ce métier qu’il exerce depuis trente ans, a publié en 2009 un premier livre selon le même principe, intitulé Chroniques de la main courante. REYNAUD-2011Il récidive aujourd’hui chez François Bourin Éditeur, avec Bonne nouvelle, c’est la police!. Pas de provocation dans ce titre, plus sûrement un clin d’œil malicieux.

Sont donc rassemblées ici soixante-six histoires, scénarisées par l’auteur d’après des anecdotes racontées par ses collègues. Il n’est pas question de toutes les résumer. Néanmoins, on peut évoquer le cas de ce flic qui improvise une intervention réussie contre des délinquants fuyant à moto. Rentré chez lui, son épouse lui a laissé un mot le priant de faire le ménage à fond, ce dont il s’acquitte avec bonne volonté. Drôle aussi, ce face à face entre un jeune bloquant son lycée et un policier compréhensif. L’étudiant manque d’expérience, il n’a pas compris à qui il s’adressait. Comique encore, ces flics en patrouille lancés dans une recherche cuniphile avec restitution à sa légitime propriétaire, cunicultrice, de trente et un spécimens cuniformes géants. On nous parle là de récupérer quelques lapins.

Beaucoup plus sombre, cette mission où un couple de policiers doit annoncer à la famille le décès d’un fils dans un accident. Des histoires dénoncent également la basse stupidité. C’est le cas d’une famille vivant dans un appartement depuis sept ans sans payer de loyer, ayant même accaparé le logement voisin. Restons calmes devant la sale franchise raciste, la logorrhée puante de l’ex-occupante illégale des lieux. Autre scène bien plus amusante, où un enfant de douze ans s’étant perdu sur la plage attend ses parents au poste de police. Comment ne pas approuver cet agent qui remet sévèrement à leur place un père et un mère, ne méritant assurément pas ce qualificatif.

Pour les citoyens que nous sommes, il existe deux façons de voir la police. Soit on parle des forces de l’ordre, flics de la répression, cow-boys de l’intervention. Certes, quand c’est justifié, la police se doit de passer à l'action efficacement, sans oublier le respect des populations. Soit il est question des gardiens de la paix, formule qui suggère qu’un policier a pour mission de protéger et d’agir. Et qui suppose qu’il ne confonde pas malfaiteurs ou fauteurs de trouble en tous genres avec le reste des citoyens. C’est plutôt dans cette seconde catégorie que Serge Reynaud puise ses exemples, ses anecdotes transformées en courtes histoires. Il ne vante pas une police parfaite, idéalisée. Loin d’un bilan ministériel des chiffres de la délinquance, il montre de manière drolatique, très plaisante, le visage quotidien d’un certain nombre de policiers. Une approche à visage humain, qui est sans nul doute sa conception du métier.

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12 mai 2011 4 12 /05 /mai /2011 05:40

 

Chez Christian Bourgois Éditeur, Martin Suter nous invite à partager les aventures de son nouveau héros dans Allmen et les libellules

C’est en Suisse alémanique que vit l’aristocrate quadragénaire Johann Friedrich von Allmen. Du moins, ce dilettante cultivé héritier d’une grosse fortune, veut-il continuer à donner l’apparence de sa noble richesse. En réalité, ce collectionneur a déjà vendu tout ce qu’il avait acquis, tout ce qui avait une certaine valeur. Y compris sa demeure, la prestigieuse villa Schwarzacker, sauf la serre lui servant de bibliothèque et de refuge. Il occupe la maison du jardinier avec Carlos, son serviteur guatémaltèque. Ce dernier règle les questions d’intendance, malgré le manque de moyens financiers. Allmen vivote grâce à des traficotages. Il vole çà et là des objets d’art mineurs, qu’il revend à l’antiquaire local, Jack Tanner. Ce qui lui permet d’étaler ses dépenses, pas d’éponger ses dettes. Tel le grossier Döring, certains créanciers deviennent impatient, voire menaçants.

SUTER-2011Ancien étudiant de Charterhouse, dans le Surrey, Allmen y a appris l’art de ne pas se tracasser quand les dettes s’accumulent. Néanmoins, il sent approcher le seuil critique. Seul un miracle peut le sortir de l’ornière. Il se produit quand il fait la connaissance de Joëlle Hirt, dite Jojo, fille d’un financier âgé de la région. Très entreprenante, elle l’invite dans son lit. Mais c’est dans la pièce d’à côté qu’Allmen va trouver son bonheur. Il s’y cache un véritable trésor, dont cinq coupes Art nouveau, signées Émile Gallé. Des objets précieux, d’une valeur bien supérieure à ce qu’il dérobe d’ordinaire. La tentation est grande d’en voler une, en restant insoupçonnable. S’il quitte Joëlle Hirt sans prendre la coupe Gallé, Allmen va bientôt venir la récupérer discrètement. Non sans prendre de risques, car la conduite d’une voiture ne lui est pas familière.

Même si l’antiquaire Jack Tanner ne lui offre qu’un trop faible prix, c’est suffisant pour qu’Allmen solde la plupart de ses dettes courantes. Ce qui lui permet de cultiver son image d’aisance généreuse. Et tant pis si Dörig doit se contenter d’un remboursement partiel. Pas certain que ce dernier soit encore patient, pour le reste de la somme.

Allmen est toujours en contact avec Joëlle, le couple passant une fastueuse soirée dans un restaurant branché. Chez son amante, il constate que cinq coupes de Gallé se trouvent toujours dans la pièce secrète. Sa situation ne lui permettant pas d’y renoncer, Allmen s’arrange pour s’en emparer. Victime d’un tir sans conséquence dans sa bibliothèque, il confie son butin à Carlos, afin qu’il le cache. Cette fois, Allmen ne peut pas compter sur l’aide de l’antiquaire. Il va devoir enquêter sur les mystères autour des coupes…

 

Voilà un personnage qui peut se réclamer d’Arsène Lupin autant que des héros de Tom Sharpe ou de P.G.Wodehouse. Toute comparaison est relative, puisqu’il possède ses propres caractéristiques. On lui pardonne bien des choses car, admirateur d’Elmore Leonard, Allmen était un toxicomane de la lecture. Cela avait commencé dès ses premiers pas dans le livre. Il avait rapidement constaté que lire était la manière la plus simple, la plus efficace et la plus belle d’échapper à son environnement. Et de garder ce flegme qui impressionne son entourage (dont M.Arnold, chauffeur de taxi attitré).

Tenir son rang social en pratiquant de petits larcins, c’est déjà un exploit. Ayant l’occasion d’améliorer ses revenus, le voici donc plongé dans une affaire plus complexe. Soulignons aussi le sang-froid rassurant de son complice Carlos, semi-clandestin venu du Guatemala. Il s’agit ici de leur première aventure, délicieusement amorale et très divertissante. Pas de lourd contexte criminel, mais une narration toute en souplesse et en fluidité. Un véritable régal, savoureux à souhaits. On ne manquera pas de suivre les prochains épisodes des tribulations d’Allmen.

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11 mai 2011 3 11 /05 /mai /2011 16:36

Soleil VertLa libraire "Soleil vert" de Calvisson, dans le Gard, reçoit régulièrement des auteurs. Après une rencontre autour du polar historique en avril, c'est Francis Zamponi qui sera en dédicaces le samedi 21 mai 2011, à 11h.

Né en 1947 d'un père colonel des RG et d'une institutrice, Francis Zamponi a passé son enfance à Sétif en Algérie. Il participe au mouvement du 22 mars en 1968 avant de devenir journaliste. Il a été responsable du secteur "Intérieur" du journal Libération. Aujourd'hui écrivain, on lui doit de nombreux essais et romans noirs qui se réfèrent à l'histoire de l'Algérie entre les années 1940 et l'indépendance : "Mon colonel" et "In nomine patris". Francis Zamponi est un des premiers à parler ouvertement des massacres de Setif et de Guelma qu'il évoque dans son dernier polar "Le boucher de Guelma" (A paraître en Folio plicier le 13 mai). A découvrir aussi "Le don du sang", un roman social sur fond d'Islamisme qui s'adresse autant aux ados qu'aux adultes. De quoi s'assurer la mémoire de ces évènements tragiques et douloureux.

(Si vous ne pouvez être présent mais désirez recevoir un livre dédicacé, il vous suffit de contacter la librairie - son site est ici).

On peut aussi cliquer ici pour ma chronique sur "69 Année politique" de Francis Zamponi, traitant de l'affaire Markovic.

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11 mai 2011 3 11 /05 /mai /2011 08:12

Les éditions Après La Lune proposent plusieurs rendez-vous en mai 2011...
BURON-2011Jeudi 19 mai à 20h30, Les Comptoirs du Noir et les éditions Après la Lune vous invitent à une mise en voix de l'ouvrage de Fernand Buron Casse toi pov'con, sous la houlette de Marie-Pierre de Porta avec Daniel Schröpfer et Cybèle Castoriadis. Peut-être M. Albert (le véritable pov'con du salon de l'Agriculture, enfin retrouvé) sera-t-il présent.
Chez Mamouti, 3 rue de la Tombe-Issoire 75014 Paris
M° Saint-Jacques - (Tél. 01 45 65 24 46)
A partir de 19h30 : apéritif (chacun paie son écot) - 20h30 : lectures dans le jardin d'hiver
21h30 : couscous révolutionnaire tunisien (13 €)
Les comédiens sont rétribués au chapeau
La lecture sera filmée et diffusée sur YouTube

 

BRASSEUR-2011Rencontre avec Yasmina Khadra le vendredi 20 mai à 18h, à l'occasion de la sortie de La Rose de Blida (et autres nouvelles)
Fnac Saint-Lazare Forum, 3e étage (débat animé par Hubert Artus)

 

Vendredi 20 mai et samedi 21 mai 2011 de 16h à 19h : Dédicace de Sylvie Cohen (Mammouth rodéo trash) et Pierre Brasseur (Je suis un terroriste)
Librairie L'INVIT’ A LIRE
12 rue du Château-Landon 75010 Paris
(M° Louis-Blanc ou Gare de l'Est)

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10 mai 2011 2 10 /05 /mai /2011 05:47

 

Coup de cœur pour le roman de Stanley Péan Bizango (Éd.Les Allusifs), qui mêle une part de Fantastique à l’intrigue polar…

À Montréal, de nos jours. Domino Roussel, vingt-trois ans, native d’Haïti, arrivée au Québec voilà une douzaine d’années et confiée à une famille bourgeoise, a connu un parcours chaotique. Fugueuse, elle a fini par échouer dans l’entourage de Chill-O, un Haïtien d’origine qui se présente comme producteur de musique hip-hop. Surnommée Gemme, Domino ne reste pas longtemps intouchable auprès de son prince charmant. Chill-O la met bientôt à l’ouvrage comme danseuse nue et prostituée, tandis que lui continue à diriger son bizness de drogue. Malgré les affirmations du patnè (proxénète) Chill-O, les bouzen (putes) sont malmenées par la bande de michan gason (voyous) à son service. Ce soir-là dans un bar, une altercation éclate entre Domino et le bras droit de Chill-O. Un inconnu s’interpose, cognant le nommé Steel, avant de s’enfuir avec la fille.

PéAN-2011Cet homme qui a protégé Domino, la journaliste Andréa Belviso (du Quotidien de Montréal) pense l’avoir rencontré naguère. C’était à New York, au cœur d’un drame. Dans des faits divers, elle a trouvé plusieurs cas d’une présence étrange. Une sorte d’être caméléon apparaît pour aider des gens en péril, adoptant le visage qui rassure le plus les victimes. Il a collaboré un temps avec Mado la voyante, cartomancienne ayant connu une petite notoriété. Pas facile pour Andréa de convaincre son patron qu’il existe là un sujet à explorer.

Lorenzo Appolon est un des rares policiers montréalais d’origine haïtienne. Il a refait sa vie avec Marie-Marthe, sa compagne étant propriétaire de restaurants typiques. Celui qu’Appolon voudrait coincer depuis bien longtemps, c’est Chill-O. Il n’ignore pas grand-chose des activités de cette bande et de son chef. Mais il manque de preuves, l’image publique de Chill-O étant propre. L’altercation entre Domino et Steel est insuffisante. Néanmoins, Appolon est intrigué par l’inconnu ayant secouru la fille. Des êtres bizarres, il en a déjà combattus dans sa vie.

Domino amène son curieux protecteur chez Papy Bòkò, le vieux houngan (prêtre vodou) qui la considère telle sa fille. Le vieillard réalise vite que c’est un bizango. Vouloir désenvoûter le caméléon humain est au dessus des forces de Papy Bòkò, qui doit être hospitalisé. Si le couple s’offre un petit séjour dans un hôtel de luxe du Vieux-Montréal, il est plus prudent pour Domino et son ami de quitter la ville. Ils se réfugient chez Wells, un vieux fermier aveugle qui croit que le bizango est son fils revenu. Sûre que Chill-O enverra ses sbires à leurs trousses, Domino se demande si elle a bien fait de suivre cet inconnu. D’autant qu’il a tué un des hommes de Chill-O dans un restaurant de Marie-Marthe. Le policier Appolon n’obtient pas un total soutien de son supérieur et ami, mais poursuit son enquête. Il est contacté par Andréa, qui lui révèle tout ce qu’elle sait. Face à la violence du gang, Apollon et le bizango réagissent chacun de leur côté…

 

La rencontre entre le bizango et la jeune prostituée marque le début du portrait de cet étonnant personnage, issu des traditions vodous : Malgré ses efforts, il n’arrivait pas à rompre le contact avec cette fille. Et, très vite, le transfert d’informations entre l’esprit de Gemme et le sien gagna encore en intensité. La danseuse porta ses poings à ses tempes, en proie à un vertige soudain qu’elle ne pouvait attribuer au rhum (…) Elle pressait son arcade sourcilière gauche du bout des doigts et sembla hurler «Sortez de ma tête!» Sans que le moindre son franchisse ses lèvres charnues. Au fil du récit, se dessine plus précisément le caractère de cet être errant, portant ses incertitudes et ses propres douleurs, soulageant celles des autres en pénétrant leur âme, devinant leurs cicatrices, prenant le visage ou la forme qui s’adapte à telle situation. Il ne s’agit pas d’un ange gardien ou d’un démon, l’esprit vodou étant subtilement plus nuancé. Assimiler cette religion à des exercices de magies ou à des rituels exotiques, ce serait nier la profondeur de ces croyances (Sérieusement, le vodou, est-ce que ça fonctionne pour de vrai ?).

PéAN-2011À travers les réminiscences de Domino, de Papy Bòkò, et d’autres, des images d’Haïti apparaissent aussi, comme en filigrane de l’histoire. Retenons encore la dimension sociale de ce roman. Dans le Québec actuel, est évoquée la place des populations venues d’Haïti. Très juste sans doute, ce débat télévisé sur la délinquance, avec ses clichés sur la responsabilité des gangs de Noirs. On entendrait le même type d’argumentaire largement vicié en France, hélas. L’auteur compare un peu la cuisine haïtienne à l’intégration des siens, l’une et l’autre n’ayant pas réussi à s’imposer dans la vie québécoise. Être intégré ne garantit pas le bonheur, à l’exemple du policier Appolon, qui reste insatisfait, blessé à l’intérieur, par un épisode précédent ("Zombie blues" chez J'ai Lu).

Un roman comportant plusieurs entrées, comme celui de Stanley Péan, est forcément riche et passionnant. Sans oublier une écriture en finesse et une belle part de suspense. À découvrir, d’autant plus facilement que Les Allusifs, éditeur du Québec, est parfaitement diffusé partout en France.

Ma chronique sur "Le tumulte de mon sang" de S.Péan est ici. 

Découvrez l'univers de l'auteur sur son site.

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8 mai 2011 7 08 /05 /mai /2011 06:05

Le 13 mai 2011, pour la 6e fois, le Prix Arsène Lupin récompensera une œuvre de littérature policière, et sera remis au Clos Lupin, dans la ville d'Étretat dont Maurice Leblanc a contribué à la renommée, y situant notamment "L'Aiguille Creuse", l'aventure la plus célèbre de son héros. Le Prix Arsène Lupin a été créé en 2006 à l'initiative de l'Association du Clos Arsène Lupin, présidée par Mme Florence Boespflug-Leblanc, petite-fille de Maurice Leblanc.
Prix Lupin 1Récompensant une œuvre originale publiée ou en cours de publication, le Prix Arsène Lupin cherche à mettre en avant une qualité d'écriture, un roman qui laisse place à l'humour, ainsi qu'à l'astuce permettant la résolution de l'énigme policière au cœur du livre. Cette tradition de la littérature policière, qui, depuis la disparition de Maurice Leblanc, a pu inspirer Gaston Leroux avec Rouletabille, ou Souvestre et Allain avec Fantômas, s'écarte d'un courant plus violent qu'on retrouve dans la littérature policière contemporaine.
En 2010, le jury a eu la joie de récompenser une femme, Dominique Muller, pour son roman mêlant le crime et l'art, "Laguna nostra" (Robert Laffont). Comme l'an passé, le Prix est doté de 1000 Euros pour récompenser le lauréat. Parrain du Prix, Alain Decaux assistera cette année à la remise du Prix Arsène Lupin à Etretat. Composé de lupinophiles convaincus et venus d'horizons très divers, le jury du Prix, dont la présidence est tournante, a cette année à sa tête Jean des Cars, écrivain, historien et conférencier. Les autres membres du jury sont Claude Brulé, Jacques Ferraton, Adrien Goetz, Dominique Goust, Isabelle Morini-Bosc, Pascal Thomas, Philippe Touron, Jean Tulard, Frédéric Vitoux, Michel Zink, Jean-Claude Zylberstein.
Les livres sélectionnés pour le Prix 2011 :
Louis Bayard, "La tour noire" (Le Cherche-Midi)
Antoine Bello, "Enquête sur la disparition d'Emile Brunet" (Gallimard)
Jean Contrucci, "Le vampire de la rue des Pistoles" (Jean-Claude Lattès)
Jean-Louis Debré, "Regards de femmes" (Fayard noir)
Pascal Dessaint, "Le bal des frelons" (Rivages)
Daniel Fohr, "Prière de laisser ses armes à la réception" (Robert Laffont)
Robert Goddard, "Par un matin d'automne" (Sonatine)
Sylvie Granotier, "La rigole du Diable" (Albin Michel)
Aline Kinner, "Le jeu du pendu" (Liana Levi)
Frédéric Lenormand, "La baronne meurt à cinq heures" (Jean-Claude Lattès)
Jean-François Parot, "L'honneur de Sartine" (Jean-Claude Lattès)

Quelques précisions sur le Clos Lupin :
Prix Lupin 2Achetée par Maurice Leblanc en 1919, cette maison qu'il rebaptise le Clos Arsène Lupin sera sa maison de vacances pendant plus de vingt ans, celle où il imaginera nombre des aventures de son gentleman cambrioleur de héros, s'inspirant souvent de ses recoins, cabinets et autres portes dérobées. Vendu après sa mort, Le Clos Lupin a été racheté en 1998 par la petite fille de Maurice Leblanc, Florence Boespflug-Leblanc. Ancienne décoratrice, elle a en effet le projet d'en faire un musée dédié à son grand-père et à Arsène Lupin. Conçu en sept tableaux avec, à la clé, la résolution d'une énigme lupinienne, il accueille aujourd'hui pas loin de 25000 visiteurs par an ! La visite, interactive, se fait au son de la voix de Georges Descrières, qui interpréta Arsène Lupin à la télévision.
En 2011, Florence Boespflug-Leblanc revend la propriété à la ville d'Etretat, qui l'acquiert avec la participation de la Région Haute-Normandie et du Conseil général de Seine Maritime. Mais nulle inquiétude pour les lupinophiles : si ces collectivités locales rachètent le Clos Lupin, c'est bien avec la ferme intention de poursuivre une politique d'expositions, de concerts et d'animations diverses. Autant d'initiatives qui continueront à asseoir la réputation d'un lieu qu'aiment à visiter tant les amateurs de maisons d'écrivains que les amoureux de la Normandie, sans compter tous les fans d'Arsène Lupin...
Association du Clos Arsène Lupin - 15, rue Guy de Maupassant – 76790 Etretat
Informations : tél : 02.35.10.59.53

Le site du Clos Lupin, ici.

 

Mise à jour, vendredi 13 mai :
Le Lauréat 2011 est Frédéric Lenormand. Né en 1964, il écrit pour les adultes et pour les enfants. Spécialiste du XVIIIe siècle et de la Révolution, il a publié chez Lattès "Les Princesses vagabondes" (1998), Prix François-Mauriac de l’Académie française. Il est aussi l’auteur des "Nouvelles Enquêtes du juge Ti" (chez Fayard), série policière traduite en plusieurs langues.
Le roman primé, "La baronne meurt à cinq heures", est le premier épisode d’une série où l’on découvre un Voltaire détective, entraîné dans de sombres intrigues qui ne trouvent pas toujours de réponses dans la philosophie. Dans ce roman historique à la fois rigoureux et très amusant, Voltaire, bientôt rejoint dans sa quête par Emilie du Châtelet, enquête sur l’assassinat de sa protectrice, la baronne de Fontaine-Martel.

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6 mai 2011 5 06 /05 /mai /2011 05:47

 

Publiée chez Coop Breizh, voici une nouvelle aventure de Léo Tanguy, Carnaval infernal de Stéphane Pajot. Il faut savoir qu’il a des amis partout en Bretagne, le cyber-journaliste Léo Tanguy. Pour glaner des infos destinés à son site Internet, Léo sillonne la région à bord du vieux Combi Volkswagen légué par ses parents, aujourd’hui retraités dans les Monts d’Arrée.

En cette année 2019, voici que Léo arrive à Nantes, dans le cinquième ancien département de la Bretagne historique. C’est plutôt la Bretagne hystérique, en cette période de préparation du carnaval nantais. Cette année, le nouveau comité a choisi un thème qui en laisse beaucoup sceptiques, l’Enfer. Dans la famille PtitLu comme chez leur rivaux, la famille Grospet, on prépare avec ardeur les chars pour le carnaval. Depuis qu’on produit à Nantes des machines géantes, des personnages et même des éléphants gigantesques, l’imagination débridée n’a plus de limites.

PAJOT-2011Outre l’aspect culturel, Nantes est aussi le paradis des médias, des journaux. C’est la course à l’info pour Célestin, journaliste de La Gazette de l’Éléphant et ami de Léo, contre Louis Gloriand, son confrère de l’Édito de Nantes. Ces hebdos ont leurs fidèles, version papier ou via Internet. Justement, un étonnant fait-divers secoue la vie nantaise. Un vaste cocon a été tissé sur la façade du théâtre de la place Graslin. On a d’abord pensé à une performance artistique, sauf qu’il y avait un cadavre au cœur de ce cocon. Même si la police ne donne guère de détails, on identifiera bientôt le mort. Il s’agit de Bubu, figure locale participant à la fabrication de chars du carnaval. Invité par Célestin, Léo va donc essayer de comprendre ce qui se passe ici. C’est dans des bistrots repaires d’habitués qu’il arrose au muscadet sa prise de contact avec les Nantais.

Quand les ateliers de la famille PtitLu sont attaqués à la patate chaude, on peut croire à du vandalisme ou à un coup des Grospet. Peu après, Célestin offre à Léo un survol de la ville dans son Pou-du-ciel, sorte d’ULM. À leur tour, ils sont visés par des patates chaudes, et doivent atterrir d’urgence. Les agresseurs pourraient bien être un groupuscule facho, dont le QG se trouve sur une péniche. Eux aussi préparent un char de carnaval, mais avec des objectifs négationnistes. Quand Léo interroge le flic Sticmou à leur sujet, le policier admet qu’on ne peut encore rien contre eux. Chikafusa, une séduisante journaliste japonaise que Léo trouve fort attirante, est venue enquêter sur ce carnaval. Les festivités sont peut-être compromises car on découvre un autre cadavre, aplati sous le pas d’un éléphant. Crime imputable aux fachos, rivalité meurtrières ? Avec intrépidité, Léo poursuit son enquête…

 

Stéphane Pajot est fin connaisseur de l’histoire nantaise, de la vie locale d’hier et daujourd’hui. Il dresse ici un portrait des singularités et des initiatives qui ont fleuri dans cette ville. La compagnie Royal de Luxe, en particulier, fut à l’origine de cet essor. Friche industrielle, l’Île de Nantes s’est transformée en ateliers pour machines géantes. L’auteur nous fait visiter quelques lieux marquants de la culture nantaise. Ce qui inclut inévitablement les bistrots et leurs piliers, source d’infos pour tout journaliste.

Dans cette ambiance souriante, l’intrigue criminelle n’est pas oubliée. Malgré la bonne humeur, règne aussi un certain malaise dans ce petit monde. Amertume profonde, sombres secrets des uns ou des autres, résurgences fascisantes, autant d’éléments qui planent sur ce roman. S’il y a du rififi à Nantes, ça intéresse le cyber-journaliste. À l’image des aventures du Poulpe, les enquêtes de Léo Tanguy sont écrites par un nouvel auteur à chaque épisode. Ce suspense de Stéphane Pajot est aussi riche en péripéties mouvementées qu’en détails documentés, ce qui le rend vraiment très agréable à lire.

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5 mai 2011 4 05 /05 /mai /2011 05:56

 

Dans l'actualité internationale, la mort de Ben Laden offre l'occasion de revenir sur un roman d'action traitant du terrorisme islamique : "L'Afghan" de Frederick Forsyth fut publié en 2007 chez Albin Michel, puis chez Le Livre de Poche...

FORSYTH-2007"Al-Isra", le voyage symbolique du Prophète, désigne un projet terroriste d’Al-Qaïda. Les services secrets anglo-américains analysent cette information. Pour en savoir plus, il leur faut un espion capable d’infiltrer l’organisation de Ben Laden. Cet homme, c’est le colonel anglais Mike Martin. Aujourd’hui retraité, ce baroudeur a appartenu à l’élite de l’armée. Des Malouines à l’Afghanistan, il a participé à toutes les guerres.

Martin doit se substituer à Izmat Khan, prisonnier à Guantanamo depuis cinq ans. Ce patriote afghan se battit au côté du commandant Massoud. Le jihad d’Al-Qaïda n’était pas son combat. Mais un jour, un missile américain détruisit son village et sa population. Izmat Khan rejoignit les Talibans, se comportant en héros jusqu’à la fin.

Après une préparation incluant les moindres détails, Mike Martin prend la place de l’Afghan que l’on renvoie dans son pays. Le vrai Izmat Khan est détenu dans un chalet isolé aux Etats-Unis. "Evadé" dès son arrivée, Martin joue au fugitif, du Pakistan aux Emirats Arabes. Le Dr Al-Khattab vérifie l’identité du prétendu Izmat Khan, dont la réputation reste héroïque. Ben Laden lui-même confirme une anecdote authentifiant Izmat Khan. Il recommande de l’associer au projet "Al-Isra". Martin en ignore encore la nature.

Un navire de commerce parfaitement en règle a été affrété par un membre d’Al-Qaïda. Un autre bateau est piraté : maquillé, il remplace le premier, navigant en toute légalité. Martin réussit à alerter les services secrets. FORSYTH-07-PocheCeux-ci pensent qu’un pétrolier détourné risque d’exploser sur le canal de Suez ou de Panama, ou qu’un grand port occidental est visé. Malgré une enquête internationale, rien ne prouve que l’hypothèse soit juste.

C’est sur le paquebot Queen-Mary II, entre New York et Southampton, que se déroule le G 8. Le navire des terroristes transporte un carburant qui, en explosant, détruirait tout à cinq miles autour. Martin comprend que l’objectif de cette bombe flottante est le paquebot... 

 

Frederick Forsyth est un maître du roman d’espionnage. A travers le parcours de ses deux héros, il retrace la complexe situation géopolitique depuis un quart de siècle. C’est l’optique d’un Anglais, mais l’explication clarifie le contexte des années 2000. Puis vient l’action, l’infiltration dans les réseaux obscurs de la nébuleuse d’Al-Qaida. Bien que l’opération terroriste en cours soit décrite, le suspense demeure intense. L’auteur est aussi précis sur la technologie des services secrets, dont l’efficacité n’interrompt pas le processus lancé par l’ennemi. Solide, documenté, mouvementé, un roman d'action efficace.

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