Un policier recueillant des témoignages, quoi de plus normal ? Les dépositions, les mains courantes, c’est le quotidien des flics. Qu’il s’agisse de témoignages sur le métier de policier, c’est une démarche moins habituelle. Que ces éléments du vécu de la police nous soient présentées sous forme de saynètes, c’est assez peu ordinaire. D’autant que beaucoup de ces textes s’avèrent souriants, voire enjoués. Serge Reynaud, qui revendique sa vocation pour ce métier qu’il exerce depuis trente ans, a publié en 2009 un premier livre selon le même principe, intitulé “Chroniques de la main courante”. Il récidive aujourd’hui chez François Bourin Éditeur, avec “Bonne nouvelle, c’est la police!”. Pas de provocation dans ce titre, plus sûrement un clin d’œil malicieux.
Sont donc rassemblées ici soixante-six histoires, scénarisées par l’auteur d’après des anecdotes racontées par ses collègues. Il n’est pas question de toutes les résumer. Néanmoins, on peut évoquer le cas de ce flic qui improvise une intervention réussie contre des délinquants fuyant à moto. Rentré chez lui, son épouse lui a laissé un mot le priant de faire le ménage à fond, ce dont il s’acquitte avec bonne volonté. Drôle aussi, ce face à face entre un jeune bloquant son lycée et un policier compréhensif. L’étudiant manque d’expérience, il n’a pas compris à qui il s’adressait. Comique encore, ces flics en patrouille lancés dans une recherche cuniphile avec restitution à sa légitime propriétaire, cunicultrice, de trente et un spécimens cuniformes géants. On nous parle là de récupérer quelques lapins.
Beaucoup plus sombre, cette mission où un couple de policiers doit annoncer à la famille le décès d’un fils dans un accident. Des histoires dénoncent également la basse stupidité. C’est le cas d’une famille vivant dans un appartement depuis sept ans sans payer de loyer, ayant même accaparé le logement voisin. Restons calmes devant la sale franchise raciste, la logorrhée puante de l’ex-occupante illégale des lieux. Autre scène bien plus amusante, où un enfant de douze ans s’étant perdu sur la plage attend ses parents au poste de police. Comment ne pas approuver cet agent qui remet sévèrement à leur place un père et un mère, ne méritant assurément pas ce qualificatif.
Pour les citoyens que nous sommes, il existe deux façons de voir la police. Soit on parle des “forces de l’ordre”, flics de la répression, cow-boys de l’intervention. Certes, quand c’est justifié, la police se doit de passer à l'action efficacement, sans oublier le respect des populations. Soit il est question des “gardiens de la paix”, formule qui suggère qu’un policier a pour mission de protéger et d’agir. Et qui suppose qu’il ne confonde pas malfaiteurs ou fauteurs de trouble en tous genres avec le reste des citoyens. C’est plutôt dans cette seconde catégorie que Serge Reynaud puise ses exemples, ses anecdotes transformées en courtes histoires. Il ne vante pas une police parfaite, idéalisée. Loin d’un bilan ministériel des chiffres de la délinquance, il montre de manière drolatique, très plaisante, le visage quotidien d’un certain nombre de policiers. Une approche “à visage humain”, qui est sans nul doute sa conception du métier.