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24 mai 2011 2 24 /05 /mai /2011 06:02

 

À découvrir dans la collection Coups de Tête Les portes de l’ombre, nouveau roman de Gilles Vidal…

Chanelet est une ville portuaire bordant l’océan. Veuf solitaire, le commissaire Marc Berchet n’est pas de ceux qui apprécient la hiérarchie politisée. Il s’entend quand même courtoisement avec le procureur Dourthe. Le capitaine Samir Hadji et le lieutenant David Simon sont les adjoints de Marc Berchet. C’est par un spectaculaire suicide dans un supermarché que débute une étrange hécatombe à Chanelet. Vérification faite, l’homme qui s’est supprimé en public fut naguère impliqué dans un kidnapping. Vient ensuite la mort bizarre d’un jeune voyeur. À l’autopsie, on conclut à une sorte de suicide par autodestruction méningée. Ce deuxième cas permet au commissaire de rencontrer Ludmilla. Berchet n’est pas insensible à cette magnifique blonde, employée dans l’immobilier. On relève encore le soudain suicide de Lucien Martinez, médiocre voyou.

VIDAL-2011Après diverses escroqueries, Serge Blayac est désormais le manager de la jeune Mathilde. Handicapée, cette étudiante disposerait de pouvoir médiumniques. Elle sent à sa manière les morts actuelles. Cas insolite qui intéresse la psy Nathalie Jauvert, ex-amante du commissaire Berchet. Le policier et le procureur Dourthe ne peuvent se contenter d’une troublante éventualité paranormale justifiant la série de suicide et de curieux accidents. Surtout pas quand il s’agit de la mort du riche et puissant Walgenwitz. Quant à la mise en scène macabre autour du massacre d’une famille, découverte au lieu-dit Les Têtes Rousses, les légendes diaboliques n’expliquent rien. Si Berchet connaît une parenthèse de bonheur à côtoyer la belle Ludmilla, ses adjoints Samir Hadji et David Simon traversent une période de fort malaise. Il les aide à surmonter ces douloureuses crises.

Berchet aimerait bien que la fille et le gendre du maire ne se croient pas tout permis dans le secteur, mais le commissaire n’est pas le bienvenu chez eux. Un tueur professionnel qui se fait appeler Matthieu Dumont rôde dans la région. Sa mission va s’avérer nettement plus compliquée que prévu. D’abord, il se sent parfois possédé par une force meurtrière incontrôlable. Par contre, il en vient à épargner une de ses cibles. Sans doute serait-il préférable qu’il arrête ce métier, qu’il n’accepte pas l’ultime mission. D’autant qu’il a été repéré par des vidéos de surveillance. Tandis que suicides et accidents inexplicables se poursuivent à Chanelet, le policier Samir Hadji enquête sur des vols d’animaux. Sa collègue et lui ne tardent pas à collecter de bons indices. Usant maintenant d’un pendule, la jeune Mathilde peut apporter de précieux éléments au commissaire Berchet…

 

Il est bon de savoir que Gilles Vidal n’est nullement un néophyte, ce qui explique sa parfaite maîtrise de son sujet. On peut qualifier ce livre de thriller, puisque c’est ainsi qu’il est étiqueté, et qu’il emprunte quelques codes typiques de ce genre de romans. L’ambiance qui règne est chargée de suspicion démoniaque, par exemple. Le seul vrai coupable dans cette histoire n’est autre que le Mal.

Ce qui rend cette intrigue passionnante, ce n’est donc pas seulement le mystère qui plane. Que l’auteur se libère de détails géographiques réels, en inventant des lieux, voilà une initiative à contre-courant plutôt sympathique. Soulignons qu’on trouve ici des personnages rendus crédibles par une très belle galerie de portraits. Si le policier Marc Berchet est au centre du récit, il n’est pas le seul héros intéressant. Par petites touches, grâce à quelques considérations sociales et politiques sur la France de notre époque, on s’approche du roman noir. Ce qui participe au climat délétère habilement installé par l’auteur. Excellent !

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23 mai 2011 1 23 /05 /mai /2011 05:49

Du 1er janvier 2011 jusqu’à ce jour, j’ai présenté ici plus de soixante-dix livres, correspondant à diverses formes de polars. Et si je devais n’en retenir que dix ? Une sélection avec des coups de cœurs, mais surtout une diversité parmi des titres de belle qualité. Du n°10 au n°1, vous trouverez mes choix dans la vidéo ci-dessous (ces romans ont été chroniqués chez Action-Suspense). C’est parfaitement subjectif, bien sûr. Néanmoins, je pense sincèrement qu’aucun de ces polars ne décevra les lecteurs.

Il suffit de cliquer sur la flèche pour démarrer la vidéo. Pour le grand format, cliquez sur le symbole [_] en bas à droite de l'écran.

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21 mai 2011 6 21 /05 /mai /2011 05:39

 

Chez Rivages/Noir, Des rats et des hommes de Tito Topin (titre parodiant celui du roman de John Steinbeck Des souris et des hommes) nous présente un Paris envahi par les rats. La puanteur sévit partout. Les poubelles débordent et s’amassent. On parle de vingt-six tonnes de déchets. Grèves et manifs d’idéalistes contre la pauvreté ajoutent à la confusion.

Avec ses airs rupins et sa Bentley, Kubitschek n’est pas aussi indifférent qu’il parait à cette ambiance. Son employée de maison âgée Farida ouvre trop les fenêtres de l’appartement, ce qui laisse entrer les odeurs, tandis que son fils et sa fille sont solidaires des manifs. À soixante-sept ans, encore massif physiquement mais malade, Kubitschek n’est pas le bourgeois qu’on imagine. Ancien gaucho-anar, dénoncé par des "amis", il fit un peu de prison suite à une opération foireuse. Puis ce baroudeur se livra à de juteux trafics, hors du territoire français. Aujourd’hui, il garde la passion du jeu, la roulette du cercle Rick’s lui étant souvent favorable.

TOPIN-2011Si Kubitschek prend sous sa protection la jeune pute albanaise Olga, c’est parce qu’elle a le même prénom que sa défunte épouse. Tous deux passent la soirée au Rick’s, quand se produit un violent braquage. Pas de quoi effrayer un homme tel que Kubitschek. Non seulement il résiste, mais il reconnaît la voix du chef des braqueurs, Georges Canetti. Georges et son frère Alex sont ceux qui les ont dénoncés, bien des années plus tôt.

Flic très douteux, le commissaire Boniface suspecte Kubitschek d’être l’organisateur du vol. Du bluff, Kubitschek le sait. Il négocie afin que le policier ne l’empêche pas de se venger de Canetti. Son vieux copain Machado fut un tueur efficace, mais c’est à l’hôpital que Kubitschek le retrouve. Il s’adresse alors à Gianni, le fils de son défunt ami Ambrosino, jeune garagiste fauché affligé d’une mère péniblement acariâtre.

Bien que diminué, Machado rejoint Kubitschek et Gianni pour mener à bien leur vengeance. Le trio dispose des puissantes armes d’Ambrosino-père et d’une Pontiac plutôt voyante. Pas grave : On ne demande pas à un feu d’artifice d’être discret dit Kubitschek qui, ayant renoncé à se soigner, avoue qu’il éprouve une sauvage envie de crever. Pendant ce temps, Boniface et ses collègues flics de haut rang, discutent de leurs petites combines autour d’un pique-nique, loin des manifs et de la puanteur. Si sa famille de pleurnichards n’intéresse plus guère Kubitschek, il n’est pas insensible aux cas de Farida et de la jeune Olga. Ceux dont il doit s’occuper maintenant, ce sont Georges et son frère Alex. Il est conscient que, face à cette crapule de Boniface, il va devoir ruser pour trouver Georges…

 

Dans cette histoire, il est bien question de toutes sortes de rats. L’homme a réalisé son rêve, il a enfin son clone. Il n’est pas parfait, il ne lui ressemble pas physiquement, il a un museau trop long, une queue poilue, mais il se comporte de la même façon idiote que lui […] On nous a rebattu les oreilles en nous faisant croire que nous sommes des êtres supérieurs, mais ça ne va pas durer, les rats sont en train de nous piquer la place. On croise ici quelques humains moins respectables encore que des rats. Tel le fils de Kubitschek (Tu n’a jamais su te servir d’un ouvre-boîte, et tu voudrais te servir d’une arme ?) qui fréquente des militants bien peu convaincants (La question de qui c’est tout le monde n’est pas à l’ordre du jour, dit le Grand Ordonnateur en tapant du poing sur la table).

Les comparses de Kubitschek, et leurs adversaires, n’apparaissent pas plus reluisants. Truands vieillissants et flics véreux sont au rendez-vous, et ça va saigner ! Même Farida et Olga n’échappent pas aux portraits ironiques, avec un peu plus de tendresse toutefois (Tu fais partie de la grande famille des imbéciles heureuses. Continue, ne change rien). Décrit avec mordant, le contexte d’une France en plein marasme est compensé par la tonalité enjouée, et des scènes extrêmement drôles. L’écriture de Tito Topin est fluide, narquoise, d’une belle vivacité. On se laisse volontiers séduire par les mésaventures de ses personnages. Bien peu d’entre eux en réchapperont, on s’en doute.

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20 mai 2011 5 20 /05 /mai /2011 05:50

 

J’évoque périodiquement les numéros de la revue QUINZINZINZILI, publiée par la Société des Amis de Régis Messac, dont le douzième numéro est disponible. Le propos de cette association s’adresse-t-il seulement aux érudits, passionnés de littérature d’antan ? Ce n’est pas certain. Mais sans doute la plupart des lecteurs actuels ignorent-ils tout de cet intellectuel de l’Entre-deux-guerres.

QUINZINZINZILI-12Régis Messac [1893-1945] s’est essayé à toutes les formes d’écriture journalistique de son temps. Sa plume, comme l’écrit Michel Nuridsany dans le Figaro du 24 février 1973, est celle d’un "esprit foncièrement et totalement libre". On ne rencontre chez lui aucune motivation économique, seulement une motivation idéologique. Rien n’est jamais dépourvu de sens politique. Messac produit une œuvre dans laquelle information et fiction sont souvent confondues. Son écriture est directe, rapide, sans retour, ni repentir…nous dit Olivier Messac dans le n°12 de la revue.

Méconnu oui, il joua pourtant un rôle non négligeable, à son époque. Il publia des articles et de nombreuses critiques littéraires, en particulier dans la revue "Les Primaires". Également auteur de plusieurs romans et thèses, il est à l’origine d’une collection intitulée "Les Hypermondes". Si elle ne connut qu’un succès d’estime avant d’être interrompue par la guerre, elle exprime un des principes essentiels de Messac : Ce type de collection hélas était en avance sur le cours de l’histoire. Les titres annoncés étaient assimilables à des ouvrages de vulgarisation explique Olivier Messac.

Justement, la vulgarisation au sens de la diffusion du savoir, fut une des causes défendues par Régis Messac. Qu’il s’agisse de science-fiction ou de littérature policière, considérés par lui comme des genres à part entière, il se fit l’écho des tendances les plus diverses de son époque. S’il égratigna les romans moins ambitieux, il sut discerner ceux présentant un réel intérêt. Il s’associa à des mouvements littéraires, certes oubliés aujourd’hui, mais ayant eu leur importance.

La revue QUINZINZINZILI est construite autour de ce personnage peu ordinaire que fut Régis Messac. Elle permet aussi de se replonger dans l’univers intellectuel de ces années 1920 et 1930. Avis à tous les curieux de culture !

Le site des Amis de Régis Messac est ici.

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19 mai 2011 4 19 /05 /mai /2011 05:41

 

À ne pas manquer, chez Rivages/Noir : L’héritage de Guillemette Gâtinel, le nouveau roman de Joseph Bialot…

En cette toute fin de 20e siècle, Rocbelle est une commune cossue au bord de la Fusane, pas si éloignée de Paris. Il fait bon vivre dans cette bourgade tranquille. De l’autre côté de la rivière se trouve la ville d’Arbase, née des bidonvilles de l’Après-guerre, qui conserve sa pauvreté. Le conseil municipal de Rocbelle vient d’être avisé qu’une ancienne concitoyenne lègue une fortune à leur commune. On ne se souvient guère de cette Guillemette Gâtinel, partie depuis longtemps aux Etats-Unis. Toutefois, la défunte pose une condition : que toute la lumière soit faite sur la mort de son fils Sylvain, quarante ans plus tôt. À l’époque, nul ne posa trop de question. En état d’ivresse, le jeune Gâtinel avait été victime d’une mortelle chute de vélo. Ancien journaliste devenu localier, Antonin Merlot accepte de tenter une nouvelle enquête. Autour de 1960, il fut ami avec Sylvain. L’hypothèse accidentelle l’a laissé perplexe, lui aussi.

BIALOT-2011Antonin peut compter sur Alvaro Carmona pour l’aider à découvrir la vérité. D’origine portugaise, ce policier retraité vécut à Arbase avec sa mère Inès une enfance modeste mais digne, non sans quelques ennuis. Bon élève, il est devenu flic, restant un ami proche pour Antonin. Outre le cas Sylvain Gâtinel, Alvaro s’intéresse à un meurtre récent. Comme lui de famille portugaise, Alberto Cabral a été assassiné. L’ancien policier n’ignore pas ce qui se cachait derrière la façade d’honnête homme d’affaires. Cabral trempait dans des trafics malsains et autres magouilles politiques avec le régime portugais d’alors. Un margoulin laissant une veuve officielle, un fils interné dans une clinique psychiatrique, et deux femmes qui furent très intimes avec lui. Alvaro comprend vite qu’il y a danger à enquêter sur Cabral. Lorsqu’il s’informe auprès de Sorini, ancien tenancier de tripot ayant bien connu le défunt, ils sont visés par un tireur qui fait deux victimes.

Concernant la mort de Sylvain, Antonin explore une piste plus politique. En ce temps-là, des valises pleines de billets circulaient, destinées à financer le FLN ou le Mouvement National Algérien. Sylvain, son amie Françoise, et leur copain Mansour militaient chacun à leur manière pour la fin du conflit algérien. Antonin se souvient de l’étrange disparition, à l’époque, d’un certain Youssef, peut-être mêlé à ces valises frauduleuses. Cantonnier et éboueur retraité, Ferchaux reste un vieil imbécile intolérant. Néanmoins, il témoigne avoir assisté à la mort de Sylvain, confirmant le meurtre et la présence d’une valise d’argent.

Tandis qu’un message de menaces les visent, Alvaro et Antonin interrogent le fils Cabral à la clinique psychiatrique. Il ne semble pas si fou, finalement. Alvaro rencontre d’autres témoins encore : Rosa, pute de luxe qui fut l’amante des Cabral père et fils; Linda, employée de maison chez Cabral; Dora, responsable de la société de Cabral. Antonin retrouve Françoise, qui s’éloigna du militantisme après quelques déboires. La découverte d’un cadavre disparu voilà quatre décennie n’est pas le dernier rebondissement de cette affaire…

 

Ne nous fions pas au titre, qui suggère un bon vieux roman d’énigme, avec des héritiers qui se trucident pour toucher le pactole de mémé Guillemette, l’ultime survivant n’étant bien sûr pas le coupable. Auteur chevronné né en 1923, Grand prix de Littérature policière 1979, Joseph Bialot est bien plus subtil et inventif. Il s’agit bien d’un roman criminel, où le duo de héros improvise une enquête sur des meurtres d’hier et d’aujourd’hui. Réveiller le passé, c’est fatalement prendre des risques. Leurs recherches vont connaître de multiples rebondissements, dont quelques-uns prêtent à sourire. La dérision et l’humour ne sont jamais loin, dans l’œuvre de cet auteur. Quant à l’admirable fluidité du récit, pourtant riche en péripéties sinueuses, c’est une des qualités principales de ce livre.

Pourtant, l’essentiel reste le contexte historique. Ce que Joseph Bialot décrit, c’est la France de la seconde moitié du 20e siècle, de la Guerre d’Algérie à l’An 2000, à travers la population d’une petite agglomération. Il retrace sans fards des incidents entre habitants issus de l’immigration de l’époque, des faits liés à l’Indépendance algérienne (les légendaires valises, en particulier), mais aussi les exactions du régime de Salazar, dictateur portugais. Sans illusion sur la sombre nature humaine, l’auteur ne porte aucun jugement. Un rappel de ces épisodes de l’Histoire encore récente, souvent édulcorés voire occultés, n’est pas inutile. Cet aspect-là ajoute une belle force à l’intrigue purement criminelle. Excellent, tout simplement !

 

Cliquez ici pour le précédent article sur Joseph Bialot. Il y est question de "La station Saint-Martin est fermée au public" et de "La java des bouseux" .

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17 mai 2011 2 17 /05 /mai /2011 05:49

 

Après L’homme qui rêvait d’enterrer son passé, aujourd’hui disponible chez 10-18, voici un nouveau roman de Neil Cross. Publié chez Belfond, Captif est un authentique suspense de grande qualité…

Kenny Drummond vit dans la région de Bristol, en Angleterre. Âgé d’environ quarante ans, cet homme aux cheveux déjà blancs vient d’apprendre qu’il n’en a plus que pour six mois à vivre. Kenny a peu d’amis proches. Il est resté en bon termes avec son ex-compagne Mary. Celle-ci est mariée à Stever, avec qui elle a deux enfants. Tous aiment bien Kenny. Quelques années plus tôt, il fut témoin indirect d’une tentative de kidnapping. Il a gardé le contact avec la policière Pat Maxwell. Aujourd’hui retraitée, elle habite dans un mobil home. En faisant un petit bilan de son existence, Kenny repense à une amie d’enfance avec laquelle il fut complice à l’école. Il demande à Pat de retrouver Callie Barton. L’ex-policière confie cette mission à Paul Sugar, un détective ringard endetté.

CROSS-2011Callie Barton a épousé Jonathan Reese, un paysagiste de Bath. Ils formèrent un couple sans enfant, mais pas sans problème. Dans les archives de la police, on trouve la trace d’une dispute conjugale ayant dégénéré. Après des soins, Callie est retournée vivre auprès de son mari. Puis, en juin 2004, la jeune femme a brutalement disparu. Elle s’est volatilisée du jour au lendemain. Le mari a subi quatre interrogatoires, mais n’a jamais été inculpé. Dans les journaux et par Internet, Jonathan Reese a lancé des appels pour avoir un signe de vie de Callie, sans succès.

Muni de divers renseignements, Kenny se rend à Bath dans son Combi orange vif, laissant Mary et Pat sans nouvelles. Il pénètre par effraction dans la maison de Jonathan Reese. Quand l’alarme retentit, le propriétaire et son copain Ollie ne tardent pas à arriver. Pas plus que la police, ils ne repèrent Kenny. Il s’est réfugié dans le grenier, où il se trouve bloqué pour la nuit.

Pensant disposer d’assez d’indices, Kenny est convaincu que Jonathan Reese est le meurtrier de son épouse Callie. Il l’enlève et le séquestre dans son cottage près de Bristol. Tout ce que veut Kenny, dont la santé faiblit peu à peu, ce sont les aveux du mari. Celui-ci continue à nier toute implication. Ollie et Becks, la petite amie de Jonathan Reese, s’inquiètent de sa disparition. La police ne parait pas pressée d’entamer une enquête. D’ailleurs, l’hypothèse d’un suicide n’est pas exclue. La situation semble une impasse pour le ravisseur et son prisonnier. Kenny éprouva un moment de panique à l’idée que cette journée ne finirait jamais, que Jonathan et lui étaient déjà en enfer. Et que l’enfer c’était ça, cette petite pièce. On ne s’en échappait pas. Ils étaient enfermés là pour l’éternité

 

Neil Cross est romancier, mais écrit aussi des fictions télé. C’est sans nul doute ce qui explique ici la parfaite maîtrise des rouages du scénario. Diaboliquement agencée afin d’offrir une belle intensité, l’intrigue progresse dans la noirceur. Difficile de lâcher ce suspense très prenant, ce récit raconté sur un rythme idéal.

Est-ce seulement grâce à son efficacité technique que ce roman s’avère si convaincant ? Non, l’histoire suit le héros, ne négligeant pas les importants rôles annexes. L’auteur nous présente des personnages issus du quotidien, ce qui les rend très crédibles. La petite famille de Mary, Pat l’ancienne policière usée, un combinard pourri de dettes, un mari artisan qui a tourné la page après que sa femme ait disparu, l’amie de celui-ci et son copain de chantier, autant de gens ordinaires. Les voici entraînés dans une affaire sombre, criminelle. Incertaine et violente également, car Kenny n’a plus rien à perdre. Armé d’un simple pied-de-biche et d’un couteau, il peut causer de graves dégâts dans cette fuite en avant vers la vérité allant même un peu plus loin encore. Un polar noir remarquable.

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16 mai 2011 1 16 /05 /mai /2011 05:58

 

MILLET chiennevieDe double nationalité, Pascal Millet partage son temps entre le Québec et la France, où il anime des ateliers d’écriture. On le croise très régulièrement dans divers festivals consacrés au polar.

 

Pascal Millet a publié plusieurs romans noirs, tels Une femme de trop ou Sirène de caniveau (chez Liv’Editions), ainsi que L’iroquois (Ed.Les 400 coups). Aux éditions du Boréal, il a aussi publié des romans-jeunesse (La série policière "Les nuits de Blues", cinq titres à ce jour, met en scène avec humour une société complète d’animaux.)

 

Avec le dessinateur Blÿnt, il est également l’auteur d’une BD noire, Chienne de vie. Celle-ci est maintenant disponible aux Editions du Coprin. Toutes les infos sont ici (cliquez) .

 

Disponible au Québec, le recueil de nouvelles de Pascal Millet "Animal". Pour tous renseignements, cliquez là.

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14 mai 2011 6 14 /05 /mai /2011 05:42

 

Publié chez Actes Noirs, Le Retoucheur de Dmitri Stakhov nous invite dans la Russie post-communiste, pour un suspense très particulier…

Heinrich Miller est photographe, une vocation familiale. Fils unique, il fut élevé par son seul père dans un univers masculin. Il ne se posa guère de question sur les stricts principes paternels, ni sur les réelles activités de son père. Heinrich était encore jeune quand il fut impliqué dans une bagarre au couteau qui entraîna la mort de sa petite amie Liza. C’est à cette occasion qu’il apprit l’appartenance de son père aux Services Secrets. Il était bien photographe, mais surtout retoucheur. Sur les photos officielles du régime stalinien, il fallait faire disparaître les personnages tombés en disgrâce. Gratter le négatif, recomposer le décor, garder l’unité du cliché, c’était tout un art, peut-être même un don. Protégé par son supérieur, le père d’Heinrich fut un précieux collaborateur pour le pouvoir. Désormais âgé, il a cessé toute activité.

STAKHOV-2011Établi comme photographe, possédant son propre studio, Heinrich ne manque pas d’ouvrage grâce à son agent, Kolia Koulaguine. Un peu collant, ce dernier est un grand admirateur du savoir-faire d’Heinrich. Il s’occupe des mannequins, posant souvent nues pour des photos. Il lui confie également divers travaux de retouche. À l’époque des ordinateurs, des logiciels de correction d’images, les experts sont devenus rares. Lioudmila Minaïeva vient faire retoucher une série de photos pros, totalement ratées. Le patron du restaurant où Heinrich a ses habitudes est aussi intéressé par son talent. Il veut que soient éliminés deux anciens amis sur un cliché. Il y a encore le cas de cette voisine décédée, dont le portrait d’origine est flou. Heinrich se souvient l’avoir effacée d’une photo prise lors d’un meeting. Il reste des clients pour un bon retoucheur sur négatifs.

Une certaine Tania, jeune femme qui ressemble fort à la défunte Liza, s’occupe du père d’Heinrich. Dans son appartement sécurisé, l’ex-retoucheur vieillissant semble défier le présent, sans que son fils comprenne cette métamorphose. Le rôle de l’attirante Tania n’est pas clair, non plus. Le carnage qui se produit au restaurant, causant notamment la mort du patron et de Lioudmila, confirme les récentes impressions d’Heinrich. Peut-être le talent paternel dont il a hérité va-t-il plus loin que de simples rectifications d’images. Son père le lui confirme : Tu as très bien compris. Ceux que tu effaces des négatifs meurent quelques temps après. Ou bien ils sont tués. Ils sont condamnés. Heinrich pourrait voir là, chez son père, une manière de surmonter un complexe de culpabilité remontant au stalinisme. Pourtant, la mort plane autour du père comme du fils. Changer de vie avec Tania ? Pour Heinrich, la solution n’est évidemment pas aussi simple…

 

Déroutant et envoûtant, ce sont les qualificatifs venant à l’esprit à la lecture de ce roman notions opposées, mais ici complémentaires. Même dans la Russie actuelle, la schizophrénie guette ceux qui se posent trop de questions. Heinrich s’éloigne-t-il de la réalité en s’interrogeant sur le singulier don hérité de son père qui, lui, agissait sur ordres ? Coïncidences ou pas ? S’enferme-t-il dans une vérité autistique ? Si le KGB est devenu FSB, la surveillance se poursuit-elle dans un cas sensible comme le leur ?

Sans vraiment les formuler, l’ambiance suggère ces idées-là. Et d’autres aussi troublantes, tels les rôles de Tania ou de Koulaguine. Le thème rappelle ce que fut ce type de censure quand le Parti stalinien éliminait doublement ceux qui lui déplaisaient. Une photo et sa retouche figurent dans ce livre, en guise d’exemple. La narration joue avec les époques, le héros imaginant parfois des scènes du passé paternel. C’est bien un suspense psychologique, où l’on avance vers le dénouement sur un tempo mesuré. Histoire fascinante, néanmoins, grâce à ce climat tellement incertain.

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