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31 mai 2011 2 31 /05 /mai /2011 05:43

 

Le 17 novembre 2010, grâce à l’ami Richard qui m’avait adressé ce livre paru au Québec, Action-Suspense était le premier blog français présentant une chronique sur le roman de Louise Penny En plein cœur. Précisons qu’il a été récompensé par plusieurs Prix littéraires au Canada, en Grande-Bretagne et aux Etats-Unis. On ignorait s’il serait un jour présenté aux lecteurs de France, ou s’il n’échouerait pas chez nous dans une obscure collection. Fort heureusement, c’est Actes Noirs qui, en ce début juin 2011, publie ce suspense de Louise Penny, rebaptisé Nature morte.

Profitons-en pour rappeler le contexte de cette intrigue québécoise : Loin des routes principales, Three Pines est un paisible village campagnard dans les Cantons-de-l’Est. Quand le corps de Jane Neal est retrouvé dans les bois ce matin-là, la police est bientôt sur les lieux. Âgée de 76 ans, cette enseignante retraitée a éduqué bon nombre d’habitants de la bourgade. Selon les premières constatations, il pourrait s’agir d’un accident de chasse. Pilotée par une jeune recrue, l’agente Yvette Nichol, l’inspecteur-chef Armand Gamache rejoint sur les lieux son équipe de la Sûreté du Québec. PENNY-2011Son adjoint Beauvoir confirme que la vieille dame a pu être transpercée par une flèche, mais on n’a rien découvert autour. Le témoin qui a trouvé le corps est très marqué, car Jane Neal était une amie de sa mère, décédée de maladie voilà quelques semaines.

Épouse du peintre Peter Morrow, elle-même artiste, Clara est sans doute la plus choquée. Elle partageait avec Jane Neal une amitié telle mère et fille. Son mari a des difficultés à la réconforter. Le cercle des proches de la victime réagit diversement. Poétesse réputée, Ruth Zardo ne masque pas son caractère vif. Olivier Brûlé, qui tient le bistrot local, et son compagnon Gabriel sont peinés, mais ne le montrent pas trop. Ex-psy à Montréal, la bouquiniste Myrna est la seule Noire de Three Pines. Armand Gamache rencontre l’héritière de Jane Neal, la fière Yolande, agent immobilier. Pas de tendresse à attendre de cette femme, qui interdit à la police de pénétrer chez sa tante. Du vivant de celle-ci, personne n’entrait chez elle, d’ailleurs. Sans être vraiment à suspecter, le mari et le fils de Yolande sont connus pour leurs actes délictueux.

À Three Pines, il y a un club de tir à l’arc, dont le siège se situe dans l’ancienne école du village. Coïncidence, peut-être. Ici, beaucoup de gens pratiquent la chasse à l’arc, avec du matériel plus ou moins récent. La policière Isabelle Lacoste a retrouvé une pièce de la flèche mortelle. Le trio de jeunes perturbateurs du village a-t-il un lien avec la mort de Jane Neal ? Le testament de la défunte parait incontestable, laissant quasiment tout à sa nièce. Le policier Gamache a repéré un vieil affût et un sentier d’animaux, peut-être en rapport avec le crime. Matthew Croft, son épouse et leur fils adolescent sont des tireurs à l’arc confirmés, donc les principaux suspects…

 

Ce roman d’enquête de la Québécoise anglophone Louise Penny joue sur les ambiances et la psychologie des protagonistes. C’est ce qui explique un tempo narratif plutôt lent, mais riche en précisions. Axée sur le décor villageois, l’histoire rappelle un peu certaines affaires de l’inspecteur Barnaby, le héros de Caroline Graham. Louise Penny souligne moins les hypocrisies inhérentes à une communauté comme celle-là. Elle décrit plutôt l’aveuglement du groupe, qui ne soupçonne jamais un des siens. Grâce à l’harmonie qui règne dans la bourgade, anglo- et francophones, ruraux et ex-citadins, hétéros et homos, se côtoient sans problème. Pourtant, cet équilibre n’est pas exempt de zones d’ombre.

Policier expérimenté humaniste, Armand Gamache trouve progressivement sa place dans cette bulle paradisiaque. Au risque d’être provisoirement suspendu de ses fonctions, à cause de son empathie pour la population. Pendant ce temps, son équipe n’est pas inactive. Il faut donc accepter le doux rythme campagnard automnal pour pleinement apprécier cette intrigue très réussie.

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30 mai 2011 1 30 /05 /mai /2011 05:44

 

BROSSEAU-2008

La collection Polars&Grimoires (Prix spécial du jury Claude Seignolle 2010) est désormais publiée par les éditions Terre de Brume. “La dame blanche était en noir” de Michel Brosseau et “Korrigans connection” de Renaud Marhic sont d’ores et déjà réédités sous ce nouveau label.

 

Polars&Grimoires présente aussi un roman inédit : “Folie d’Ys” de Michel Brosseau…

Thomas Le Gall est, avec son collègue Yann, un des deux journalistes de Douarn’ Hebdo, magazine culturel publié à Douarnenez. L’évènement du moment, c’est la future création d’un parc d’attraction sur l’Île Tristan, en face du port. Le projet CelticLand s’inspirera des légendes autour de la Ville d’Ys. L’opulente cité du roi Gradlon, qui fut jadis ensevelie sous les eaux à cause de sa fille Dahut, se situait dans les parages. Thomas note les réactions mitigées d’une population n’aimant guère que l’on récupère ainsi ses mythes. En outre, deux hommes liés au projet ont trouvé la mort ces derniers jours. Après un architecte décédé d’un malaise cardiaque, un des financeurs est mort sur la plage en sortant d’une boite de nuit voisine. Ces morts peut-être suspectes n’empêchent pas le lancement officiel du projet CelticLand, auquel assiste Thomas. Le maire s’abrite derrière les réalités économiques pour justifier ce parc d’attraction qui détruira le site.

Les opposants de la Coordination pour la Sauvegarde de la Baie sont sérieux. “Finie l’écologie des chevelus en sandales. Les pulls tricotés main avaient cédé la place à des vestes de bonne coupe. Hors son environnement militant, rien n’aurait distingué le représentant de la coordination d’un employé de banque.” Les questions qu’ils se posent sur la société initiant le projet méritent d’être creusées. Ils sont plus crédibles que le délirant Bazlaven, adepte d’une vision passéiste de la région. Étrange, cette promenade nocturne en costume de ville sur la plage, pour la deuxième victime ? Selon le commissaire Aubain, l’affaire est claire, abus d’alcool et imprudence expliquant l’accident. Un témoin, pas moins fiable qu’un autre, affirme qu’une sirène blonde accompagnait l’homme cette nuit-là. Ce qui n’est pas sans rappeler le maléfique personnage légendaire de Marie-Morgane, issu des mêmes traditions que la Ville d’Ys.

BROSSEAU-1La vocation de Douarn’ Hebdo étant culturelle, Yann souhaite éviter que Thomas déclenche un scandale en enquêtant. Tandis que le rockeur Jimmy Shaw invoque la malédiction d’Ys, les opposants proposent un projet alternatif respectueux de la vie locale. Quand un troisième homme apparenté à CelticLand fait une chute mortelle d’une falaise, on remarque la présence d’une blonde cavalière. Sous le prétexte de troubles causés par des groupuscules d’ultragauche, la DCRI mène des opérations dans le secteur. Il est vrai qu’une manif du Collectif d’opposants dégénère en castagne, à cause de quelques agités. Thomas prépare un article complet décryptant les aspects historiques et légendaires, reliant la Ville d’Ys et le projet CelticLand. S’intéresser au volet politico-financier du dossier ne serait pas une mauvaise idée. Journaliste et ancien flic, Martinon possède aussi des infos qui compléteraient l’analyse de la situation…

 

Le moteur de l’histoire est effectivement une affaire criminelle, les circonstances des trois morts s’avérant suspectes. Le journaliste trouvera finalement la piste décisive, après avoir enquêté dans diverses directions. L’atout majeur du roman reste son thème, l’exploitation du mythe de la Ville d’Ys. En bétonnant les lieux, les investisseurs n’auront aucun scrupule à se faire du fric au nom de la légende. “Au-delà de sa portée économique, le projet vise également à la valorisation du site dans ses composantes culturelles et environnementales”, discours admirable d’hypocrisie de la part des financiers. L’auteur souligne qu’ils ne sont pas les seuls à exploiter lesdites légendes, qui se sont construites au fil des siècles. La religion catholique a développé cette version d’un Sodome et Gomorrhe breton, afin d’impressionner les populations. Le renouveau culturel régional en abuse également souvent, confondant légende, folklore et réalité d’autrefois. Ici, le contexte évoque aussi les “féroces extrémistes” (tels ceux de Tarnac), prétexte à alimenter les peurs des citoyens et à justifier une sévère répression. Grâce à tous ces éléments, Michel Brosseau nous offre un roman riche et fort excitant.

 

Réédité dans la même collection, “La dame blanche était en noir” :

Sylvain Leroy est journaliste à Cholet. Il cherche des témoins concernant une troublante rumeur, qui court depuis quelques semaines. Une auto-stoppeuse vêtue d’une robe blanche hanterait certaines nuits les routes du bocage vendéen. Cette apparition fantomatique monte en voiture, d’abord silencieuse, puis prononce une formule sibylline avant de s’évaporer. Des automobilistes supposés sérieux attestent avoir vu cette Dame Blanche. Le pompiste loquace que rencontre Sylvain n‘est pas un témoin direct. Pourtant, il décrit une jeune femme blonde habillée de blanc, couverte d’un long manteau noir, portant un masque. Selon les archives du siège rennais de son journal, les précédents ne sont pas rares. On cite même le cas d’un moine mystérieux apparaissant ainsi.

BROSSEAU-2Les principaux témoins, qui convoquèrent même la télé pour parler de leur mésaventure, sont des jeunes de Tiffauges. Tout un symbole, ce village abritant les ruines du château de Gilles de Rais, au cœur du secteur géographique où ont lieu ces apparitions. Florian, le conducteur, est absent car toujours sous le choc. Ses amis, garçons et filles, savourent cette éphémère notoriété, avouant avoir été impressionnés par l’étrange rencontre. Dans la population, la psychose enfle.

Sylvain est conscient de la part folklorique de ces spectres évanescents. Yann Le Floch est un érudit ayant étudié beaucoup d’aspects sur la question. L’apparition lui rappelle la celtique Banshee, ainsi que tous les symboles liés à la Camarde. Lui-même a croisé la nouvelle Dame Blanche. Dans les archives, on recense le suicide d’une jeune fille originaire de Tiffauges, Morgane, au château d’Angers, près duquel un témoin a vu la Dame Blanche. Un photographe a vécu la même expérience que Le Floch et Florian…

 

Pour certains, la mythologie de l’étrange et les légendes féeriques “recouvrent de leur voile un quotidien trop terne”. Avec un risque de dérapage vers le style gothique, qui exprime souvent davantage de mal-être que de provocation. Le titre peut faire allusion à un roman de William Irish. On retrouve une semblable motivation vengeresse, moins criminelle ici. Sans oublier l’autre thème central, la rumeur. Le héros cherche à démontrer l’explication cartésienne des faits. On l’aurait aimé un brin plus caustique, que l’auteur soit encore plus sévère avec les effets du phénomène de rumeur. Michel Brosseau s’affirme comme un romancier inspiré. Il réussit à rapidement nous captiver grâce à cette histoire forte en mystère.

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29 mai 2011 7 29 /05 /mai /2011 06:23

MESPLEDESNé le 12 octobre 1943, Pierre-Alain Mesplède est décédé le 26 mai 2011.

Il avait notamment publié Les trottoirs de Belgrano (Série Noire, 1996) et E pericoloso for Jersey (Baleine, le Poulpe, 1997).

Plus récemment, il fut publié chez Pascal Galodé Éditeurs : L’esclave chrétien (2008) et Les caïmans du Marais (2009), des romans historiques qui ne négligeaient pas le suspense.

 

"L’esclave chrétien" :
Dans les années 1430, le jeune Arnaud s’éloigne de son Périgord natal lorsqu’il devient le clerc d’un évêque. Le prélat est bientôt nommé à Rome, où il devient un des légats du pape. Arnaud est son principal conseiller. Jusqu’au concile de Florence en 1438, où la papauté se réorganise, Arnaud gagne de l’importance. Les papes successifs lui confient des missions souvent délicates.
Jacques Cœur est l’un des hommes influents de cette époque. Grand argentier du roi de France, il dirige un vaste réseau, commerçant avec l’Égypte et l’Empire Ottoman. En observateur papal, Arnaud a pu mesurer la puissance de Jacques Cœur. Lors d’un voyage d’Arnaud à Alexandrie, le jeune esclave Aboleris réussit à fuir son état en se réfugiant à bord de son navire. Pour éviter l’incident diplomatique, le jeune homme sera rendu plus tard à son sultan. Pourtant, Aboleris va vivre un grand destin.
De Valréas à Avignon, les redevances dues au pape ne sont plus versées. Arnaud ne tarde pas à résoudre ces problèmes, dont les responsables sont un intendant douteux et des potentats locaux pillant les biens de l’Église. Mission plus compliquée : éviter un schisme causé par le duc de Savoie, pape autoproclamé. Jacques Cœur est un allié fort convaincant dans cette affaire. Après une mission réussie à Byzance – Constantinople appartenant encore à l’église chrétienne – Arnaud obtient le titre de comte Barbieri. On lui offre un palais, où vont loger sa femme Bianca, son fils Gero et son neveu. Cette demeure devient le centre de la diplomatie officieuse du Vatican.
Tandis qu’en France, Jacques Cœur est emprisonné suite à un complot le visant, la tension monte dans l’Empire Ottoman. Le sultan Mehmet II cache peu son intention de reprendre Byzance. Il est très bien conseillé par Zagan Pacha, dont Arnaud découvre qu’il s’agit de l’ancien esclave Aboleris. Grâce à ses amitiés, Jacques Cœur réussit à s’évader. Nullement ruiné, il continue à mener ses affaires à Rome. Après la prise de Constantinople, le pape actuel envisagera de lancer une nouvelle Croisade, peu mobilisatrice. Mehmet II et Zagan Pacha s'avèreront de fins stratèges...
L’Histoire fut une des passions de Pierre-Alain Mesplède. On retrouve ici quelques points communs avec son roman “Il était une fois” (Méréal, 1998) : l’abbé de Brantôme, la révision du procès de Jeanne d’Arc, le règne de Charles VII avec sa maîtresse Agnès Sorel. À travers le parcours de ce clerc au service du Vatican, l’auteur reconstitue cette époque lointaine. Entre relations commerciales, diplomatie et menaces guerrières, elle n’est pas absolument différente de la nôtre (à part la rapidité des échanges d’aujourd’hui). Outre les enjeux internationaux, Arnaud est aussi confronté aux basses escroqueries et grands complots. On se laisse volontiers charmer par ce récit historique romanesque et documenté.
Cliquez ici pour ma chronique sur Les caïmans du Marais de Pierre-Alain Mesplède.

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29 mai 2011 7 29 /05 /mai /2011 05:55

Après le franc succès des deux premières éditions, le Salon International du livre au format de poche “Saint-Maur en poche”, co-organisé par le Ville de Saint-Maur-des-Fossés et la librairie "La Griffe Noire", investit une nouvelle fois le parvis de la gare RER de Saint-Maur-Créteil. Les 18 et 19 juin 2011, ce festival littéraire généraliste offrira au public une programmation variée grâce à une centaine d’auteurs présents et de nombreuses nouveautés.

 Située dans le sud-est de la banlieue parisienne, Saint-Maur-des-Fossés est une commune de plus de 76 000 habitants, au réseau associatif et culturel très dense, au dynamisme croissant; ce qui n’a rien entaché à son image d’îlot de paix et aux atouts de son cadre de vie.

 Créée il y a plus de 20 ans par Gérard Collard et Jean Casel à Saint-Maur-des-Fossés, "La Griffe Noire" est une librairie originale et réputée dans le monde littéraire. Ces libraires sont avant tout de véritables passionnés de littérature qui prennent plaisir à transmettre leur amour des livres au public. "La Griffe Noire" a été l’une des premières librairies à avoir cherché à mettre les livres “en scène”. À travers un système inédit d’étiquetage, ils n’hésitent pas à donner leur avis ou à jouer avec les livres, tout en les aimant et en les respectant. Totalement libres dans le choix des œuvres proposées, Gérard Collard et Jean Casel ont fait de leur librairie une véritable institution pour les amoureux des livres.

SAINT-MAUR

Les auteurs polars annoncés :

Alexis Aubenque, Michèle Barrière, Patrick Bauwen, Fabrice Bourland, Jérôme Camut, Nathalie Hug, Maxime Chattam, Jean d’Aillon, Régis Descott, Ingrid Desjours, DoA, Dominique Manotti, R.J.Ellory, Jacques Expert, Claire Favan, Caryl Férey, Bob Garcia, Karine Giebel, Hervé Jourdin, Gilles Legardinier, Henri Loevenbruck, Nadine Monfils, Valentin Musso, John-Erich Nielsen, David S.Khara, Laura Sadowski, Thierry Serfaty, Jean-Marc Souvira, Maud Tabachnik, Franck Thilliez.

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28 mai 2011 6 28 /05 /mai /2011 05:40

 

André Picot fait partie de la grande famille des auteurs oubliés, bien qu’ayant publié une bonne quinzaine de romans policiers. Instituteur né en 1923, il commença à écrire des nouvelles dans les années 1950, avant de publier un premier roman en 1955, Le don de mort (Éd. Ciel du Nord). Avec son deuxième titre, In-Extremis, André Picot entre dans la collection Crime Parfait des Éditions Arabesque. De très bons auteurs populaires, tels Fred Kassak ou Georges-Jean Arnaud (sous le pseudo de Saint-Gilles) contribuèrent à cette collection. André Picot y produit huit titres (dont le dernier est signé Marc Noël). Puis il va publier six romans dans la collection Le Masque, certains co-écrits avec M.Roland. Sous le pseudo d’André Berger, il a encore écrit Ordonnance de non-lieu paru en 1977 au Fleuve Noir, dans la collection Spécial-Police. Retour sur deux titres de cet auteur.

 

In-Extremis (Éd. Arabesque, coll. Crime Parfait, 1957)

PICOT-1Joëlle est une institutrice âgée de 22 ans. Une nuit, elle est abordée à un arrêt de bus par un inconnu. Sans explication, il la conduit à l’hôpital le plus proche, à Créteil. Le banquier Pierre Rival est mourant, suite à un accident de voiture sans doute provoqué. Il demande à Joëlle de l’épouser, afin que son frère Jacques Rival n’hérite rien. Troublée, la jeune femme accepte. La voilà future héritière d’au moins un milliard. Ce qui n’est pas pour déplaire à tante Gertrude, qui l’a élevée et avec laquelle elle vit. Mais le détective Maurice Didier la met en garde. Probable assassin de son frère, Jacques Rival cherchera à lui emprunter de l’argent, par la menace ou en abusant de sa candeur.

Au lendemain d’une visite chez elles de Jacques Rival, la tante Gertrude est assassinée, étranglée. Le choc psychologique est pénible pour Joëlle, qui va s’installer dans l’hôtel particulier du défunt Pierre Rival, à Neuilly. Tout le monde se montre protecteur avec elle, surtout le vieux maître d’hôtel Joseph. Néanmoins, sa place est-elle là ? Elle a besoin d’un petit séjour de repos en clinique. Heureusement, Maurice Didier veille sur Joëlle. La culpabilité de Jacques Rival est bientôt prouvée. Ainsi, Joëlle peut épouser le détective. Maurice et Joëlle partent au soleil. Ce qu’ignore la jeune femme, c’est que son cynique mari est animé de mauvaises intentions. Les incidents qui jalonnent la suite risquent de rendre Joëlle à demi-folle, tandis que Maurice profite de sa fortune. L’inspecteur Truelle y mettra bon ordre…

 

Il faut mourir à point (Le Masque, Grand prix du Roman d’Aventures 1965)

PICOT-2Une petite ville de banlieue parisienne. Aujourd’hui retraité, l’ancien commissaire Rousseau observe ses concitoyens avec curiosité. Manière de passer le temps. Et de relever des comportements insolites. Par exemple, cet adolescent qui attend à la sortie de l’école. Que fait-il là, un appareil photo à la main ? Il semble suivre un des professeurs dans le bus, puis le métro, jusqu’à Paris. Intrigué, Rousseau parvient à les filer, lui aussi. Le professeur rencontre une jeune femme dans un hôtel. L’adolescent essaie de le prendre en photo, avant de rentrer en banlieue. Il se rend chez un certain Moutel. Renseignement pris, ce Moutel n’inspire guère la sympathie. Ancien inspecteur d’académie, il s’avéra sans pitié envers les enseignants, y compris concernant son fils Pascal. Il brisa la carrière de plusieurs personnes. En outre, c’est un féroce militant politique. Depuis vingt ans, au nom des valeurs morales, il prétend dénoncer ce qu’il estime être des combines. Possédant des dossiers sur tout le monde, il a détruit des gens, les poussant parfois au suicide.

Lorsqu’on retrouve Moutel assassiné chez lui, sa mort ne peine personne, pas même son épouse. Son fils Pascal a naguère subi ses excès de rigueur. Aurait-il, lors d’une explication violente, tué son père ? Le meurtrier peut aussi bien être Dubois, le professeur (marié) que l’adolescent Toni a pris en filature. Dubois est l’amant de la jeune enseignante Nelly. Celle-ci pourrait aussi figurer parmi les suspects. Vengeance politique, crime passionnel, meurtre pour éviter un scandale ? L’ancien policier mène une enquête parallèle auprès des relations de Moutel, investigations qui risquent de bientôt s’enliser. Sans doute la police soupçonne-t-elle en priorité Pascal Moutel, mais il faut retrouver l’arme du crime pour faire avancer l’affaire.

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27 mai 2011 5 27 /05 /mai /2011 05:46

 

Aux Éditions Jigal, Maurice Gouiran évoque une fois encore l’Histoire et les totalitarismes dans Sur nos cadavres, ils dansent le tango. Néanmoins, s’il y parle de certains sujets de société, il s’agit d’un véritable polar bien construit…

Conseiller municipal, Vincent de Moulerin a été abattu par balles dans un parking souterrain marseillais. La victime avait le grade de colonel, suite à une brillante carrière militaire en Indochine puis en Algérie. Trente ans plus tôt, il créa une société de gardiennage à Marseille, aujourd’hui dirigée par son fils Antoine. Pour le commissaire Arnal, c’est dans le banditisme local qu’on trouverait l’assassin de Vincent de Moulerin.

L’enquête de routine est confiée à Emma Govgaline, jeune policière à l’allure androgyne, limite gothique. Elle-même fille d’un militaire trop distant, maintenant décédé, Emma prend à cœur cette affaire. Aux obsèques, les éloges de son compagnon d’armes Bernardinet envers le colonel masquent un passé de facho, estime Emma. La veuve et la famille de Moulerin lui ont peu apporté d’aide. La policière contacte le toujours bien informé Clovis Narigou. Celui-ci se trouvant à New York, il la met en relation avec plusieurs amis.

GOUIRAN-2011C’est surtout l’ancien journaliste Mario Crescensi qui, bien qu’il vive sa retraite dans le Lubéron, est capable de lui donner des éléments. Sur la Guerre d’Algérie, d’abord, en lui rappelant le massacre d’éducateurs par un commando de l’armée française. Certes, rien ne prouve que le défunt colonel en fit partie. L’important reste de découvrir où de Moulerin se trouvait de 1962 à 1980. Sans doute en Espagne, puisque c’est là qu’il se maria avec Eva Torres.

Acceptant de recevoir Emma, la veuve confirme mais ne croit pas à un acte de vengeance contre son mari. Selon elle, il était particulièrement soucieux ces derniers temps. Il avait reçu récemment un étrange dé à cinq faces, troublant cadeau. Emma demande à Mario de se renseigner à ce sujet. Chez les Moulerin, le petit-fils Kevin apparaît singulier. Il s’isole en permanence avec son ordinateur, fréquente assidûment le monde virtuel de Second Life, fait des recherches sur sa famille.

Emma fait un saut à Paris, où Bernardinet lui confirme que son ami de Moulerin a passé quelques années comme instructeur en Argentine. Un partenariat officiel entre la France et ce pays. Les efficaces méthodes de l’armée française étaient appréciées là-bas. Cette mission en Argentine cessa avant que ne s’installe la dictature de Videla et de ses généraux. Toutefois la chronologie concernant le défunt colonel n’est pas totalement claire encore pour Emma.

Son amie Rosy est agressée dans l’appartement de la jeune policière, qui ne doute pas avoir été la véritable cible. Elle se réfugie un temps à La Varune, le village de Clovis, où elle est adoptée par les amis de celui-ci, toujours absent. Son supérieur Arnal fait bientôt pression sur Emma pour qu’elle s’occupe du banditisme marseillais plutôt que de cette affaire. Néanmoins, Mario continue à chercher des infos pour elle, et un ancien copain de classe initie Emma à Second Life…

 

Maurice Gouiran joue sur deux principales facettes. D’abord, une vraie intrigue à suspense. Il y a bien une victime et un tueur, ainsi qu’un contexte criminel pas si limpide. L’aspect enquête est complété par quelques considérations sur la ville de Marseille, ses supporteurs parfois exaspérants, son grand banditisme à peine caché, sa police éventuellement vérolée. Il est vrai que ceci est vu à travers le regard de la jeune Emma, bisexuelle mal dans sa peau. Sa fragilité la rend touchante, mais elle ne manque pas non plus de persévérance.

La seconde facette, c’est la documentation historique liée à l’affaire. La volonté de l’auteur, c’est de nous rappeler ces faits dramatiques afin que le temps ne les gomme pas, qu’on ne les oublie pas. Le rôle d’une large partie de l’armée française durant la guerre d’Algérie ne fut guère glorieux, la torture et les exécutions sommaires n’étant jamais justifiables. Quant à la dictature en Argentine dans les années 1970-80, il est bon d’en souligner les atroces méthodes qui causèrent des dizaines de milliers de disparus. Pendant ce temps, on jouait au football pour le Mundial 1978 sans condamner ce régime. La France ne fut pas officiellement impliquée dans le sinistre et meurtrier Plan Condor, mais on ne peut exclure qu’elle y contribua indirectement. C’est un roman militant fort convaincant que nous présente Maurice Gouiran, autant qu’un polar de belle qualité.

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26 mai 2011 4 26 /05 /mai /2011 05:38

 

Bien que ce soit ma passion, il n’y a pas que le polar dans ma vie. Je prends aussi un grand plaisir à m’occuper de mon modeste jardin potager. Ce qui m’a donné l’idée de recenser quelques titres de romans plus ou moins récents, où il est question de jardins. Une douzaine de polars, dus pour la plupart à des auteurs connus.

JARDIN 2011Il est probable qu’il en existe d’autres, mais voici ma propre liste :

Franz Bartelt : Le jardin du bossu (Série Noire)

Ian Rankin : Le jardin des pendus (Folio)

Vikas Swarup : Meurtre dans un jardin indien (Belfond)

Frédéric Lenormand : Le mystère du jardin chinois (Fayard)

George Pelecanos : Les jardins de la mort (Seuil-Points)

Patricia Wentworth : La mort au fond du jardin (10-18)

Patrick Cauvin : Jardin fatal (Le Livre de poche)

Ace Atkins : Le jardin du diable (Le Masque)

Nick Wilgus : Le jardin de l’enfer (Philippe Picquier)

Denise Hamilton : Dans un jardin sauvage (Seuil Policiers)

Anthony Eglin : Le mystère des jardins perdus (Le Livre de Poche)

Béatrice Nicodème : Meurtre dans un jardin français (Cle International)

N'hésitez pas à m'en suggérer d'autres !

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25 mai 2011 3 25 /05 /mai /2011 05:40

GOELAND-201111e festival du Goéland Masqué du 11 au 13 juin 2011, le Goéland Masqué de Penmarc’h (29). La salle Cap Caval reste le centre névralgique du Festival. Lieu d’exposition (de peintures, de livres), lieu de rencontres informelles pour une dédicace ou une conversation, lieu de centralisation de la vente des livres. C’est là que se déroulent les conférences, les ateliers thématiques pour la jeunesse, la dictée noire. C’est aussi le centre d’information du Festival, pour aiguiller le public vers les autres lieux : un sardinier, le Kan ar Mor, la chapelle de la Madeleine, le port de St Guénolé pour un livre métallique de 3m sur 1.50 m. La traditionnelle conférence de Claude Mesplède continue à explorer l’histoire de la Série Noire. Patrick Raynal ira à la rencontre des festivaliers sur un thème de son choix. Tables rondes et rencontres auront lieu dans les bars de la commune. Elles seront modérées et animées, ou laissées à l’imagination des auteurs.

 

Les auteurs annoncés :

Patrick RAYNAL, Invité d'honneur; Jean-François COATMEUR; Bernard ENJOLRAS, Prix du Goéland Masqué 2011; Laurence FONTAINE, Prix du Goéland Masqué 2010; José Javier ABASOLO; Carlos SALEM; José Carlos SOMOZA; Jeronimo TRISTANTE; Gérard ALLE; Patrice BENOIT; Abdel Hafed BENOTMAN; Christian BLANCHARD; Antoine BLOCIER; Hervé CLAUDE; Yvon COQUIL; Thierry CRIFO; Gilles DEL PAPPAS; Michel DREAN; Jean FAILLER; Caryl FEREY; André FORTIN; Pierre HANOT; Hervé HUGUEN; Stéphane JAFFREZIC; Jean-Paul JODY; Bernard LARHANT; Firmin LE BOURHIS ; Arnaud LE GOUEFFLEC; Françoise LE MER; Perrine LE QUERREC; Claude MESPLEDE; Nadine MONFILS; Max OBIONE; Juliet MANET. Jacques MONDOLONI; Jean-Bernard POUY; Jean-Jacques REBOUX; Sylvie ROUCH; Gérard STREIFF; Lalie WALKER; Claudine AUBRUN; Yann BIJER; Yann Fanch JACQ; Hervé LOSSEC (auteur du best-seller "Les Bretonnismes").

Les auteurs de BD :

Ralph MEYER, Chantal MONTELLIER, BIBEUR LU, Malo LOUARN, Blÿnt, Jaime MARTIN (espagnol), BRIAC, Pierre Henry GOMONT, JULES ET TOM, Christophe LAZE.

[Auteurs en caractères gras = cliquez sur le lien avec une chronique les concernant]

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Roland Sadaune est romancier, peintre de talent, et un ami fidèle.

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