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3 octobre 2011 1 03 /10 /octobre /2011 05:37

 

Dans la collection Terres de France, chez Presses de la Cité, L’homme qui en voulait trop de Patrice Pelissier nous entraîne en Auvergne. Les Combes, c’est un hameau perdu dans le massif du Sancy. Une poignée de maisons, d’autant plus isolées qu’il neige fort en ce début décembre. C’est là que vivent Claude, un enseignant, et sa compagne infirmière Sylvie. Leur maison est encore en rénovation, la réparant selon leurs moyens. Celle où habite André, vieux bonhomme acariâtre, est carrément crasseuse. Il s’en fiche, c’est un logement qu’il loue à sa sœur qu’il déteste.

PELISSIER-2011À l’inverse, le confort règne dans le gîte de Noémie, qui reçoit ponctuellement des touristes. C’est chez elle que les voisins se réfugient en cas de Blitz, car elle dispose d’un générateur électrique. Le Blitz, ce sont des périodes comme celle-ci, où la neige coupe les relations avec l’extérieur. Dernière habitante, Julia est une Hollandaise de quarante-sept ans ayant rompu avec son passé après le décès de son mari. Elle a aménagé sa maison à son goût, offrant sans doute la plus agréable ambiance du hameau.

Il arrive que Julia invite chez elle des amants de passage. C’est le cas d’Alex Marchand, un bellâtre de trente-cinq ans. Séducteur fauché, vivotant entre jobs occasionnels et générosité de ses conquêtes, il aimerait prolonger son séjour ici. L’isolement, causé par la neige ayant envahi la contrée, lui donne ce prétexte. Il se sent bien adopté par les gens des Combes. Peut-il deviner que Noémie n’a pas une si bonne opinion du voisinage ? Au moins Alex sait-il que le vieil André a deux armes dangereuses : un fusil puissant et un armagnac dévastateur. Alors que l’alerte météo est au plus fort, un étranger au hameau débarque après (dit-il) un incident en voiture. En réalité, ce Maurice Jésup représente une menace. Trop bien renseigné sur chacune des personnes vivant là, il sera le catalyseur du drame qui va bientôt se jouer en ces lieux.

Quelques jours plus tard, on découvre qu’un massacre s’est produit au hameau. Les premières constatations effectuées par les gendarmes, des enquêteurs de toute la région arrivent massivement. Outre un général, le procureur, le préfet, les journalistes ne vont pas tarder à rejoindre les Combes. Le carnage ayant causé six morts, l’affaire est sérieuse. On finit par retrouver un survivant à l’extérieur du hameau, gravement blessé, dans le coma, rapidement hospitalisé à Clermont-Ferrand.

Le jeune gendarme Delaire apparaît le plus efficace, notant tout dans son petit carnet, à l’ancienne. Il y dessine un plan qui a le mérite de mettre à plat la scène de crime dans son ensemble. Néanmoins, ça ne lui indique pas l’enchaînement meurtrier, ni les raisons du massacre. Le septième homme, la victime gisant dans la neige à l’extérieur du hameau, est le suspect probable. Pourtant, les enquêteurs ont fort peu de chances de retrouver la vérité…

 

Il s’agit bien d’un roman policier dans la tradition. Le décor montagneux et un petit groupe de personnes s’y prêtent, loin de tout sous une tempête de neige. Une partie de la narration est assurée par Alex, témoin intrusif. C’est plutôt un oisif profiteur qu’un vrai cynique, mais il évolue avec les circonstances. Du côté de la gendarmerie, on nous raconte objectivement les faits. De gros moyens sont déployés, mais peu d’hypothèses réellement étayées, faute d’éléments.

La tonalité du récit ne cherche pas une noirceur chargée. Hormis la reconstitution des crimes, peu de violence exprimée puisque le résultat est déjà sanglant. Les portraits n’accablent pas les protagonistes, sans masquer leurs failles, ni leur jeu parfois malsain. On constate la dégradation menant au carnage, on ne juge pas. Classique encore : on dispose de plus d’atouts que les enquêteurs, belle astuce pour créer une complicité avec les lecteurs. Une sympathique pirouette finale conclut cette affaire. Un suspense très réussi, extrêmement plaisant à lire.

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2 octobre 2011 7 02 /10 /octobre /2011 05:30

 

Calais, en 1965. Pied-noir venu d’Alger, le commissaire Gallois enquête sur le meurtre d’un nommé Lefèvre, éleveur de coqs de combats. Il remarque deux indices troublants, des objets de grande valeur : un soldat de plomb et un couteau à gigot en argent, l’arme du crime. Pour Gallois, l’assassin est un notable. Ses propos acerbes envers la population locale sont relayés par la jeune journaliste Julie Pilowski. Ses déclarations agaçant la Préfecture, le policier proche de la retraite doit se montrer rusé face à l’énarque Percy. Il faut éviter le scandale : un investisseur anglais, Harold Wyatt, séjourne actuellement à Calais.

BOUIN-2008Hélène Basset, la sœur du coqueleux Lefèvre, est assassinée. On l’a tuée avec un coûteux fusil, laissant encore près d’elle un soldat de plomb. Les policiers pourraient suspecter un ivrogne, P’tit Bosco, violent avec son épouse. Mais la piste du brocanteur Dalquin semble plus crédible. Ce roublard fut en conflit avec un groupe de chasseurs, dont faisaient partie les victimes. Gallois retient une date, 1954, peut-être à l’origine de ces crimes. Julie Pilowski devient l’amie de Marie Wyatt. L’épouse (d’origine française) de l’homme d’affaires est de santé fragile, souffrant de baby blues et d’anémie. Elle est soignée par le Dr Béhal.

Le marin Yvon Chaussois est assassiné peu après. C’était un proche de l’épouse de P’tit Bosco, qui est inquiété par la police. La voiture de Mr Wyatt est passée près du lieu du crime. Gallois l’interroge. Les officiels, qui espèrent les investissements de l’Anglais, ne cachent pas leur énervement. Quand la tombe d’un huissier décédé en 1954 est profanée, Gallois est sûr qu’il existe un lien. Tandis que son adjoint Davelot sympathise avec Julie, afin qu’elle écrive des articles plus justes, Gallois pense être sur la bonne voie. On lui envoie un vieil ami, lui aussi d’Alger, lui promettant une médaille, afin de le neutraliser. Suicide et exécution se succèdent. L’hypothèse du conflit entre anciens chasseurs reste plausible. Le rôle du brocanteur Dalquin n’est pas si clair qu’il le prétend. Alors que Mr Wyatt et son épouse quittent Calais sans y investir, Gallois est confronté à un dénouement dramatique. Dans son rapport, une “vérité acceptable” lui suffit, il estime avoir “presque” bouclé son enquête...

 

Si l’intrigue peut paraître un peu alambiquée, c’est ce qui lui offre une originalité certaine. Plutôt qu’une simple vengeance, on devine le besoin de châtier des malfaisants. La position du policier, exilé d’Algérie et mal admis dans la bonne société, est d’une savoureuse ambiguïté. S’il ne manque pas de suspects, ce “vieux renard” mène l’enquête selon sa propre logique. L’autre aspect particulier de ce roman, c’est l’époque décrite. La France de 1965 était aux antipodes de ce que nous connaissons de nos jours. Âge d’or et prospérité économique ? Ou un immobilisme pesant, hiérarchique et bien-pensant, source de tant de rancœurs ? On apprécie également cette ambiance bien restituée. Un suspense de très belle qualité, Prix Polar Cognac.

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1 octobre 2011 6 01 /10 /octobre /2011 07:21

 

En 2011, Stanley Péan a publié aux éditions Les Allusifs Bizango, peut-être un des meilleurs romans de l’année, riche suspense sociologique avec une touche de Fantastique.ZOMBI-1996 Ce livre s’inscrit tel un nouvel épisode, une autre étape, quinze ans après Zombi blues (1996). Ce titre fut édité en France chez J’ai lu en 1999 et en poche chez La Courte Échelle en 2007. Il n’est donc pas impossible de se le procurer. Petit survol de l’intrigue, même si cette histoire est beaucoup plus subtile qu’il n’apparaît dans mon modeste résumé…

 

Ce jeune trompettiste de jazz connaît une belle notoriété sous le nom de Gabriel d’ArqueAngel. Avec la pianiste Elaine McCoy et trois autres musiciens, il a formé un quintette qui se produit aux Etats-Unis et au Canada. Le parcours de vie de Gabriel a été chaotique. Natif d’Haïti, il a été recueilli là-bas par Corinne et Benjamin Reynolds. À l’époque, au temps de la dictature des Duvalier, ce dernier y était diplomate. Le couple avait une fille, Laura, mais venait alors de perdre leur fils Daniel à l’âge de neuf ans. Gabriel devint le fils adoptif des Reynolds. À part Laura, aujourd’hui médecin et mariée, le musicien garda peu de liens avec ceux qui l’avaient élevé. Ne se consacrant qu’au jazz, il ne se préoccupe guère des soubresauts politiques agitant sans cesse son pays d’origine.

En 1996, alors que Benjamin Reynolds vient d’être enterré à Ottawa, Gabriel et son quintette ont un engagement à Montréal, où un festival de jazz se prépare. Ils vont jouer au Sensation Bar. ZOMBI-1999Ce n’est pas le meilleur endroit pour que Gabriel calme son excessive consommation d’alcool. Entre son amante Suzanne et son spectacle, il ne s’intéresse pas à ce qui agite en ce moment la communauté haïtienne de Montréal. Ancien dignitaire du régime Duvalier, Barthélémy Minville s’est installé au Québec. Réfugié de luxe, cet ex-tortionnaire qu’on surnomma Barracuda, ne peut pas être inquiété par les autorités du pays. Ce que regrette Lorenzo Appolon, flic mulâtre haïtien de la police locale. Patron d’un restaurant, Ferdinand Dauphin va vainement tenter une opération commando avec quelques délinquants pour atteindre Minville. Lorenzo enquête là-dessus, sans résultat.

Son fils Noir albinos Caliban, son assistant Justin, et la prostituée blanche Jacynthe constituent l’entourage de Minville. Mais, s’il est à Montréal, c’est avant tout pour retrouver Alice Grospoint, fille d’un sorcier haïtien. Jadis, il utilisa les services du père, avant de l’abattre. Minville a un moyen de pression sur Alice, sa fille Naïma. Gabriel se croit loin de tout ce qui se rapporte à son île de naissance. Pourtant, il cauchemarde parfois, se sentant habité par un second esprit qu’il ne sait identifier. Peut-être garde-t-il un lien invisible avec Daniel Reynolds, mort trop tôt, dont il est un peu le marasa (frère jumeau). À moins que ce soit seulement l’alcool, ainsi que l’atmosphère parfois violente du Sensation Bar, qui le perturbent. Non, ce sont bien ses racines haïtiennes qui causent ce trouble…

ZOMBI-2007 

Les deux sources qui alimentent ce roman sont la culture haïtienne et l’univers du jazz. Un glossaire nous permet de définir les quelques mots venus d’Haïti qui échappent à notre vocabulaire. Culte vodou et folklore populaire font partie de la vie de tous les Haïtiens, y compris expatriés. Le sujet nous rappelle combien l’époque de Papa Doc (Duvalier) et de ses cruels Tontons Makouts (la milice secrète) marqua durablement ce petit pays.

Dans ce livre, chaque chapitre porte pour titre celui d’un célèbre morceau de jazz : Mood Indigo, Stormy Weather, In a Mist, Countdown, etc. Car c’est bien cette musique qui accompagne le récit, avec des accents de Charlie Parker ou de Miles Davis. Lamento musical qui apporte une chaleur à cette intrigue sombre. L’auteur sait aussi nous faire sourire, comme avec cette journaliste définissant le style de Gabriel : Ainsi l’interviewé se réjouit-il d’apprendre que son œuvre «s’inscrit dans la mouvance d’un certain jazz progressif d’inspiration néo-bop modal, mâtiné de traditionalisme». D’ArqueAngel et Elaine échangent des sourires ironiques. Le trompettiste n’en a rien à branler des étiquettes. Il joue de la musique, un point c’est tout.

Complémentaire à Bizango, ce Zombi Blues mérite d’être redécouvert !

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30 septembre 2011 5 30 /09 /septembre /2011 06:03

 

Disponible dès le 6 octobre dans la collection Domaine Policier des Éditions 10-18, L’heure d’avant de Colin Harrison nous entraîne à New York. George Young y est employé par un cabinet d’avocat intervenant sur les cas de fraudes aux assurances. Bientôt quinquagénaire, il habite le West Side avec son épouse Carol. Leur fille de dix-neuf ans est étudiante. Quand la veuve de Wilson Corbett lui demande un service, George accepte par reconnaissance. HARRISON-2011En effet, le bienveillant Corbett fut son mentor dans ce cabinet d’avocats. Âgée et souffrante, sa veuve s’interroge sur le décès de son fils Roger, quelques mois plus tôt. Non pas sur les circonstances : il est mort heurté par un camion-benne une nuit en sortant d’un bar. Une vidéo de surveillance en atteste. Savoir ce qui l’a distrait au point d’entraîner l’accident, c’est plus difficile. Engagé par la veuve Corbett, le détective Hicks a rassemblé quelques éléments qu’il donne à George. L’enquêteur lui déconseille de creuser trop profondément dans cette affaire.

La vie de Roger Corbett connut des hauts et des bas, trajectoire assez courante dans les milieux financiers auxquels il appartenait. Une suite d’opérations plus qu’hasardeuses l’ont vite ruiné, malgré la vente de ses principaux biens. [Il] s’était fait éjecter du train triomphant du capitalisme américain. Son divorce avait peut-être été la cause de sa chute, ou une de ses conséquences.

Sa sensuelle épouse ne semble guère marquée par le décès de Roger. Elle a fait vider l’appartement de son ex-mari sans y faire le moindre tri, avant de remiser ses affaires dans un box. George Young rencontre Eliska Sedlacek, mannequin tchèque, qui fut la dernière amie de Roger. Sincère relation entre une jeune expatriée et un biznessman sur le déclin, sans doute. Pourtant, George est sûr qu’elle lui raconte quelques bobards, qu’elle cache l’essentiel.

De quels indices dispose finalement George ? La ligne téléphonique de Roger Corbett est toujours active, c’est étrange. Le défunt s’intéressait au passé de son père, rien de très étonnant pour un homme de son âge. Dans le box, parmi les affaires de Roger Corbett, des décorations de Noël et autres soldats de plomb de médiocre qualité. En réalité, c’est Eliska qui les avait déposés chez Corbett. Elle profitait de son métier international pour passer ces objets, qui ont nettement plus de valeur qu’il y parait. Des gens dangereux risquent de les réclamer très rapidement. Face à eux, son roublard ami Anthony conseille à George Young de jouer au crétin de génie. Régler cette affaire-là ne suffit à déterminer ce que cherchait Roger Corbett concernant son père, Wilson Corbett…

 

Une précision s’impose : d’abord paru sous forme de feuilleton, l’un des objectifs de ce roman consiste à décrire l’univers new-yorkais. De nuit comme de jour, on se balade avec les héros dans les quartiers de cette ville grouillante, on évoque ses boutiques parfois insolites, certains habitants pas banals, ainsi que les lieux actuels ou même du passé. Parce qu’il est un new-yorkais ordinaire, absolument pas préparé à enquêter, le personnage central attire la sympathie. D’autant qu’il s’implique beaucoup plus que prévu. Intelligente et volontaire, son épouse lui apporte un soutien malicieux.

À l’origine, c’était donc un feuilleton (c’est ainsi que furent publiés les premiers chefs d’œuvres de la littérature policière). Ce qui offre au récit cette captivante progression. Si l’énigme posée est intéressante, les sinueux et sombres développements de l’intrigue deviennent vite palpitants. Voilà un suspense qui se lit avec un évident plaisir !

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28 septembre 2011 3 28 /09 /septembre /2011 05:35

 

Aux éditions Marabout, dans Les jeunes filles et la mort de Michael Genelin, nous faisons connaissance avec une téméraire enquêtrice de Slovaquie. Peuplé de cinq millions et demi d’habitant, ce pays (indépendant de la Tchéquie depuis 1993) est membre de l’Union Européenne. Policière émérite, Jana Matinova est en poste dans la capitale, Bratislava. Au temps du régime communiste, elle fut mariée à Dano, un comédien de théâtre. Ils eurent une fille, Katka. N’ayant pas craint de défier la police secrète, Dano finit par entrer dans la clandestinité après avoir divorcé.

GENELIN-2011La carrière de Jana dans la police se fit sous la protection du commissaire Trokan, son supérieur, époux d’une femme au caractère désagréable. Jana parvint à faire sortir Katka de Slovaquie, l’expédiant aux Etats-Unis. Désormais mariée à Jeremy Conrad, diplomate américain, Katka reste en froid avec sa mère. Parents de la petite Daniela, ils vivent à Nice.

Fort peu aidée par son incompétent adjoint Seges, Jana Matinova enquête sur l’accident suspect d’un minibus. Le choc et l’incendie ont causé sept mort. Il y avait six jeunes femmes à bord. Ces prostituées venaient d’Ukraine, sauf une Slovaque que Jana connaissait. L’homme les accompagnant possédait plusieurs identités. L’incendie du véhicule est anormalement tenace, preuve qu’il a été provoqué. Dans l’appartement de l’inconnu du minibus, Jana et Seges trouvent un calepin codé, un peu trop mis en évidence. On découvre le cadavre d’une femme dans le Danube, abattue avant d’avoir été jetée dans le fleuve. Originaire d’Ukraine, elle fut mêlée à un réseau de proxénétisme. Ayant insisté, Jana est autorisée à poursuivre l’enquête à Kiev, où elle a des contacts.

Grâce à ses amis Mikhail et Adriana, elle négocie les infos d’un flic qui possède un night-club. L’inconnu du bus serait un certain Koba. Toutefois, ce n’est pas la première fois que ce type cruel et puissant disparaît. Il resurgit toujours, défiant les polices des pays de l’Est. D’ailleurs, c’est sans doute lui qui provoque peu après l’explosion détruisant le night-club.

De retour à Bratislava, Jana est bien décidée à poursuivre ses investigations, à retrouver ce Koba. Elle doit d’abord se rendre à Strasbourg où, au Conseil de l’Europe, va se tenir une conférence sur le trafic des êtres humains. La déléguée irlandaise Moira Simmons a souhaité y associer la Slovaquie, point de passage de ces trafics-là. Celle-ci avoue à Jana ses motifs personnels de lutter contre l’exploitation des êtres humains.

À Strasbourg, Jana renoue avec son gendre Jeremy, qui suit les débats au nom des Etats-Unis. Délégué français de l’ONU que Jana avait rencontré, Foch a été torturé et poignardé. On suppose que l’ombre de Koba plane sur ce meurtre. Le policier russe Levitin est en France autant pour la conférence, que pour tenter de retrouver la trace de sa sœur Sasha. Elle a disparu alors qu’elle était impliquée dans des milieux mafieux. Pour Jana, outre son chef Trokan et ses amis de Kiev, Levitin est certainement le seul allié fiable. Ensemble, ils se rendent à Nice, sur la piste de l’impitoyable Koba. Il n’est pourtant pas leur seul adversaire…

 

Une enquêtrice slovaque, voilà qui n’est pas courrant, disons-le. Cette première aventure de Jana Matinova possède de multiples qualités. Américain connaissant plutôt bien le contexte européen, Michael Genelin évite l’accumulation de clichés sur nos régions. Certes, Nice est un décor facile, mais sympathique. Strasbourg et même Ribeauvillé, en Alsace, rivalisent ici avec Bratislava et Kiev. Surtout, on nous rappelle que la Slovaquie est un pays qui, en effet, a besoin du soutien de l’Europe et de l’ONU pour assurer son avenir. À travers les déboires du couple Jana-Dano, on évoque également le passé communiste, pesant lourdement sur la vie des citoyens de l’Est.

Le vécu de l’héroïne et sa compétence lui offrent une véritable personnalité, entre froideur professionnelle, relation de confiance ou proximité humaniste selon les cas. Quant à Koba, l’homme au teint bronzé, sa silhouette menaçante accompagne le récit, en filigrane. On nous donne aussi de bonnes occasions de sourire. Grâce au bienveillant commissaire Trokan, affublé d’une hystérique épouse; ou en ironisant sur le policier Seges, qui n’a aucun instinct d’enquêteur. Un scénario fluide, une intrigue riche en péripéties, pour un excellent moment de lecture !

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27 septembre 2011 2 27 /09 /septembre /2011 09:00

 

À partir du 13 octobre 2011, les Éditions La Branche présentent une nouvelle collection, dirigée par Patrick Raynal. Vendredi 13, c’est le nom et le thème de cette série de romans réunissant d’éminents écrivains (Brigitte Aubert, Pierre Pelot, Jean-Bernard Pouy, Pierre Hanot, Patrick Chamoiseau, Allain Mabanckou, etc).

Voici un des premiers titres de la collection, Close-up de Michel Quint.

QUINT-2011-2Miranda fait un numéro d’illusionniste au Quolibet, cabaret lillois sans prestige réunissant une poignée d’artistes. Miranda est une femme de presque quarante ans, aux yeux violets, à la voix profonde avec du brouillard dedans, du sanglot et du sang versé. De son vrai nom Octavie Dillies, Miranda a dû surmonter une séparation amoureuse particulière dix ans plus tôt. Quand son compagnon Éric fut victime d’un accident de chantier, il s’enferma seul dans sa nouvelle vie avec son handicap. Certes il était fautif, mais le dossier préparé par la jeune femme aurait permis à Éric de se retourner contre son employeur, une société de BTP. Si elle se débrouilla, changeant radicalement de vie, elle n’oublia jamais Éric. Quand, aujourd’hui, elle trouve l’occasion de le revoir, il garde ses distances.

Menés par un certain Bruno, quelques clients du Quolibet ont été séduits par le numéro de close-up amusant et habile de Miranda. À tel point que le chef du groupe l’a engagée pour une soirée privée. L’artiste a rapidement reconnu ce client. C’est le promoteur immobilier Bruno Carteret, PDG de Buildinvest, société qui employait Éric au temps de son accident. Miranda décide de se venger de celui qui, indirectement, causa l’échec de sa relation avec Éric. La soirée chez Bruno réunit le Gotha local et surtout le clan Vailland, la riche belle-famille de l’homme d’affaires. Des gens méprisants et acerbes, ces notables un peu sur le déclin. Si l’hypocrisie bourgeoise règne ici, Miranda exécute sa prestation avec brio. Elle termine avec une étrange prédiction, qui rend furieux l’intéressé. Miranda annonce que Bruno va mourir avant le prochain vendredi 13.

Quelques jours plus tard, le promoteur arrive sanguinolent au Quolibet. Il a été agressé dans son parking souterrain. On le soigne aussi bien que possible, avant qu’il ne s’explique. On en veut à sa vie à cause d’une opération immobilière foireuse, menée à Dubaï par le plus jeune membre de la famille Vailland. Bruno est capable de rétablir la situation, à l’échéance du prochain vendredi 13. Mais s’il meurt, ce serait tout bénéfice pour son épouse. En attendant de savoir qui veut le supprimer, Bruno se place sous la protection de Miranda. Celle-ci entend bien le dominer, en guise de revanche.

Bruno reste en contact avec son assistante, Sidonie. S’il a confiance en elle, mieux vaut quand même se mettre à l’abri. Bruno et Miranda s’installent dans un hôtel de luxe. Ils repèrent vite un Mongol, Vahid Gorevic, qui surveille l’appartement de Bruno. Sans doute est-ce le même agent de sécurité, impliqué dans un trafic de migrants, qui a visité le logement de Miranda. C’est un exécutant. Définir parmi plusieurs suspects dans la famille Vailland qui est le commanditaire, pas si facile. L’aide des artistes du Quolibet n’est pas inutile. La vengeance personnelle de Miranda passe après la protection de Bruno…

 

Si Michel Quint est l’auteur du best-seller Effroyables jardins, il fut récompensé en 1990 par le Grand Prix de Littérature Policière pour Billard à l’étage. Dans ce Close-up, on retrouve à la fois le remarquable style de l’écrivain, mais aussi toute son inspiration originelle issue du roman noir. Miranda appartient à cette mythologie, dans le rôle de la femme fatale. Bruno, c’est la victime désignée, le persécuté qui doit réagir. Ajoutons le décor d’un cabaret de second ordre, celui de la ville avec l’agglomération lilloise, de puissants ennemis identifiés qu’il est dangereux d’affronter, nous voilà effectivement dans une ambiance noire qui apparaît longtemps sans issue.

Nombreuses sont les péripéties qui ponctuent les mésaventures de Miranda et Bruno, toutes répondant à l’implacable logique du récit. Un exemple : quand Bruno affirme qu’il est stérile comme son père avant lui, n’imaginons pas une erreur car l’explication viendra en son temps. Quant aux rôles des coupables, ils seront au final clairement définis. Encore un roman impeccable de Michel Quint !

Du même auteur : "Les amants de Francfort" - "La folie Verdier".

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26 septembre 2011 1 26 /09 /septembre /2011 05:17

 

Vous n'avez pas pu participer au 4e Salon du Polar de ville de Templemars, qui s'est déroulé le samedi 24 septembre 2011 ? Grâce à l'ami Jean-Marc Demetz, voici quelques photos de cet évènement annuel. Auteurs, lecteurs, musique, et ambiance festive d'une journée dédiée au polar dans toute sa diversité.  Templemars-2011-15[1]Templemars-2011-02[1]

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Templemars-2011-06[1]Templemars-2011-07[1]Templemars-2011-10[1]Templemars-2011-09[1]Templemars-2011-12[1]Templemars-2011-13[1]Templemars-2011-16[1]Templemars-2011-01[1]Templemars-2011-14[1]Templemars-2011-03[1]Bravo aux organisateurs... Rendez-vous en septembre 2012 !Templemars-2011-05[1]

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24 septembre 2011 6 24 /09 /septembre /2011 05:30

 

Aux éditions Pascal Galodé, Rappelez-vous ce qui est arrivé aux dinosaures de Frédéric Paulin est un roman qui ne manque pas de saveur et d’originalité…

Malgré la vigilance d’un gouvernement efficace, une envahissante épidémie de grippe mortelle a franchi nos frontières. Que nul ne s’inquiète, la Ministre de la Santé a commandé à prix d’or des millions de vaccins. Avant qu’ils ne soient disponibles, des métropoles françaises sont déjà infectées par le virus. C’est le cas vers l’Ouest, dans cette grande agglomération. Cela n’empêche pas la police de remplir localement ses missions prioritaires. Pour faire du chiffre, étrangers à expulser et consommateurs de shit sont des cibles rentables. Piéger en plein centre-ville deux jeunes gitans agressifs sur leur scooter, voilà une belle prise. PAULIN-2011Le capitaine quadragénaire Paul Gascogne avec ses adjoints, Österberg et Ruiz, forment une bonne équipe de la BAC, Brigade Anti-Criminalité. Ils traquent les petits voyous tandis que d’autres tentent de soigner les malades de la grippe.

Participant à l’économie parallèle des quartiers du sud de l’agglomération, Farid, son cousin Zinedine et leur ami noir Ronald sont des dealers ambitieux. En vertu de la réponse sociale face à la délinquance, une association de réinsertion leur donne les moyens d’ouvrir un kebab. Bonne couverture pour blanchir les gains du trafic de drogue : les employées associatives s’en doutent, mais les officiels n’y voient que du feu.

Yann Blizik est un caïd des cités, dont le train de vie a fini par alerter les flics. Son activité commerciale ludique, des châteaux gonflables, ne justifiaient guère ses gros revenus. Ce malencontreux revers de fortune, Blizik le doit au lieutenant Mordefroid de la brigade des Stups, dont il est devenu un des indics. Car il reste bien informé sur le bizness, Blizik. Il connaît bien le trio de Farid, et sait comment coincer leur fournisseur de dope, Black Francis.

Il y a ceux qui s’activent pour sauver les victimes de la grippe : le docteur Elvis Dubrinfaux, le lieutenant des pompiers Tarasit, la compagne de Mordefroid qui est médecin en pédiatrie. Partout, la maladie fait des ravages catastrophiques. Et puis, il y a les flics qui espèrent alpaguer les trafiquants : Gascogne avec son équipe, épaulant Mordefroid et la sienne. Le procureur préfère qu’on oublie Farid et compagnie. Leur paravent légal étant subventionné par de l’argent public, on risque un scandale. Les médias se régalent d’infos alarmantes, les soignants sont débordés, la parano s’installe dans la population, la grogne monte chez les plus rebelles, un fort absentéisme pour cause d’état grippal sévit parmi les policiers. Paul Gascogne tente de préserver ses deux fils de l’épidémie. Dans ce chaos, il s’interroge sur certains de ses collègues, peut-être corrompus…

 

C’est une comédie noire qu’a concocté Frédéric Paulin pour ce roman fictionnel. En réalité, jamais la contagion par la grippe A n’a touché la France, pays qui n’a pas acheté de vaccins à outrance. Dans cette histoire, l’agglomération rennaise qui sert de décor n’est assurément pas Rennes. Quant aux méthodes exposées, sociales dépensières ou policières répressives, nos sages responsables politiques les désapprouveraient avec vigueur. Bien sûr, nos médias ne songeraient pas à semer la panique autour d’un grave problème de santé. Aucun jeune délinquant ne taguerait des voitures de police avec l’inscription keuf inside. Contexte d’un pays confronté à un épidémique virus de délinquance et de grippe : il vaut donc mieux en sourire.

L’humour réside également dans les patronymes. Parmi les flics, on croise des figurants nommés Jean-Marc Rouillan (partisan de l’action directe ?) ou Andréas Schatzmann (lecteur de Maurice G.Dantec ?). Paul Gascogne, comme la région éponyme, hommage au footballeur anglais presque homonyme, ou juste un gars qui cogne ? Gardons Newell Österberg (cent trente kilos) pour les initiés : l’original est bien plus ascétique, mais s’est aussi shooté. Outre ces clins d’œil et un regard ironique sur notre société, l’intrigue (un brin décalée, oui) élaborée par Frédéric Paulin est fort réjouissante et de belle qualité.

 

[Mystère Jazz présente un portrait de l'éditeur, Pascal Galodé]

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