Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
12 décembre 2011 1 12 /12 /décembre /2011 06:28

 

Une récente chronique est consacrée au roman de Robert Bloch Le crépuscule des stars. Un autre titre moins connu mérite sûrement d’être redécouvert. Le boucher de Chicago fut publié en 1976 dans la collection Super Noire, et n’a été réédité qu’en 1992 dans la Série Noire. On peut qualifier de polar historique ce roman délicieusement amoral.

Chicago, en 1893. Une vaste foire exposition dédiée à Christophe Colomb anime la ville. À l’angle de Wallace Avenue et de la 63e rue, s’élève un bâtiment neuf aux allures de château. C’est le Dr Gordon Gregg qui l’a fait construire. Au rez-de-chaussée, se trouve sa pharmacie. On y vend notamment l’Élixir électrique, fruit des longues et coûteuses recherches du médecin. BLOCH-SNAu premier étage, des chambres à louer seront vite rentabilisées avec les visiteurs de la Foire. Gregg s’est réservé le second étage, d’où il gère l’affaire. L’architecture intérieure de l’immeuble est plus complexe qu’il y parait, avec ses escaliers dérobés et ses pièces secrètes. Plusieurs entreprises ont été chargées de la construction, se succédant car Gregg n’honorait pas ses factures. Maintenant, tout est en place.

Employé d’une société d’assurances, Jim remet au médecin un chèque de dix mille dollars six semaines après le décès accidentel de son épouse Millie. Même si Gordon Gregg fut naguère impliqué dans un trafic de cadavres, on n’a pas pu déceler cette fois d’indice suspect dans la mort de sa femme. Crystal, la petite amie de Jim, est une jeune journaliste. Elle a la confiance de son rédacteur en chef Charlie Hogan, bien qu’il la trouve quelque peu intrépide. Il a quand même passé son reportage sur un des aspects de la Foire. Crystal est intriguée par le Dr Gregg. Tout vêtu de blanc, l’homme est séduisant, autant qu’un peu inquiétant. Pendant ce temps, celui-ci règle à sa manière la lourde facture d’un créancier, et s’occupe du cas de sa fiancée, Geneviève, qui est aussi sa secrétaire.

L’assureur patron de Jim a certains soupçons sur le Dr Gregg. Il serait bon qu’il explique ses derniers mouvements financiers, avec l’argent de Geneviève. Celle-ci a provisoirement quitté Chicago. Quand l’assureur insiste, Gregg fournit sans tarder une preuve que la jeune femme est bien en vie. Jim risque fort d’y perdre sa place. Suite à un reportage trop audacieux, Crystal est aussi sur la sellette. Elle expose à Hogan ses doutes sur Gregg, qu’elle a vu entrant dans une maison close. Le rédacteur en chef approuve le plan de Crystal. Se faisant passer pour la nièce de la défunte Millie, la journaliste s’introduit auprès de Gregg. Elle devient sa nouvelle secrétaire, et il lui promet de placer au mieux la fortune dont elle est supposée disposer. Crystal enquête, observant l’activité au château. Un certain Thaddeus, ex-complice de Gregg, ne complique pas bien longtemps la vie du médecin. Les investigations de Crystal ne sont pas sans risque…

 

Cette histoire s’inspire de celle d’un escroc ayant existé, connu sous le nom de H.H.Holmes, qui fit réellement construire un tel château, dont on ne connaît pas exactement le nombre de victimes éliminées. Cette époque, où l’Amérique était un jeune pays incarnant la modernité, fut propice aux méfaits des arnaqueurs en tous genres. Certes, ils finissaient toujours par se faire prendre, mais profitaient longtemps de leurs escroqueries. Ce n’est rien dévoiler de préciser que l’Élixir du Dr Gregg n’est que de l’eau, et qu’il n’est même pas médecin. Afficher un certain prestige suffisait pour duper les gogos, et manipuler des femmes éprises, à la manière d’un Landru.

Elle lisait un étrange pouvoir dans le regard profond de ses yeux foncés. Oui, c’est là que résidait le mystère, dans ce regard et dans cette maison insensée selon la téméraire journaliste. Les faits ne sont pas énigmatiques, mais l’ambiance n’en apparaît pas moins troublante. L’habileté narrative de Robert Bloch consiste à suggérer combien il est facile pour un tel personnage de se débarrasser des gêneurs. Cynisme peut-être, mais c’est par leur capacité d’adaptation et de manipulation qu’ont reconnaît les vrais escrocs. Un roman à ne surtout pas négliger dans l’œuvre de Robert Bloch.

Partager cet article
Repost0
11 décembre 2011 7 11 /12 /décembre /2011 06:44

 

DARD-2010Petite info dominicale destinée aux admirateurs de San-Antonio. Elle émane de Joséphine Dard ou plutôt de Joséphine Carlier, puisqu’elle est l’épouse du médiatique Guy Carlier. Comme son demi-frère Patrice Dard, qui écrit les nouveaux San-Antonio, elle perpétue activement la mémoire de leur père. J’ai évoqué ici son album riche en témoignages et en photos rares.

À propos de photos, Joséphine Dard a lancé depuis quelques mois une initiative ludique. Il s’agit d’un blog illustrant en photo les titres de son père. San-Antonio in-situ ou entre les mains de pipeuls. Les visiteurs de ce blog sont invités à participer à ce petit jeu très sympa.

Voici donc une bonne adresse à retenir : Ils lisent San-Antonio.

Partager cet article
Repost0
10 décembre 2011 6 10 /12 /décembre /2011 06:34

 

Publié en 1961 au Fleuve Noir, Le cauchemar de l’aube de Frédéric Dard reste exemplaire des bons romans noirs de cet écrivain. Sans être un record, belle série de rééditions pour ce livre : chez Presses-Pocket en 1968, au Fleuve Noir vers 1976, chez Presses-Pocket encore en 1988, puis chez Fleuve Noir en 2000. Le réalisateur Abder Isker l’adapta en 1973 pour un téléfilm avec Sylvain Joubert, Danièle Delorme, Catherine Therouenne, Jacques Debary. 

 

DARD-1961C’est par accident que Philippe Haruet s’est installé en ces lieux aux abords de la vallée du Rhône. De retour en France, plutôt désargenté, il est séduit par cette gentille cité, vieille mais joyeuse, où la vie avait la couleur et le goût du miel. Les pierres plates des maisons chauffées par le printemps abritaient de petits lézards fulgurants, et les murs semblaient frissonner le long des rues étroites et fraîches. Philippe est aussi sous le charme de Madalenia, fille du vieux potier Xidos, Grec d’origine. Les deux jeunes gens ne tardent pas à se marier. Ils vont s’installer dans une bicoque au bord de la route nationale. Ils veulent profiter de l’été pour vendre les pots et les vases confectionnés par Xidos. Ce commerce saisonnier s’avère très rentable pour le couple autant que pour le potier.

Alors qu’approche septembre, une dame vient acquérir la propriété attenante, projetant de vivre dans la vieille demeure en mauvais état. Mme Naullin est une femme d’environ quarante-cinq ans, aux cheveux blancs-blonds, au visage trop maquillé faisant penser à un automate, possédant une grosse voiture noire aux airs de corbillard. On peut imaginer que c’est une veuve, ou une divorcée. Elle habitera là avec sa fille Nathalie. Son mobilier est bien luxueux pour une telle masure, rendant le décor étrange. Disant connaître Xidos, Mme Naullin visite son atelier et lui commande une grosse jarre pour son hall, en vue d’y planter un oranger. Elle paie une somme généreuse, par chèque, ce qui est encore peu courrant. Paiement qui entraîne des complications bancaires.

Il n’y a pas que ce chèque, devant être co-signé par son mari, qui pousse le jeune couple à s’interroger sur Mme Naullin. Avec le recul, je comprends ce qui entretenait notre curiosité, c’était un incontrôlable pressentiment. Notre instinct avait dès le premier jour décelé un danger indéfinissable, et d’autant plus troublant justement qu’il était indéfinissable. Je crois que notre tourment était uniquement physique. L’arrivée de Mme Naullin dans notre univers équivalait à une maladie brutale. Qu’en est-il de son invisible fille Nathalie. Des vêtements attestent la présence d’une jeune personne. On l’entend chaque jour gratouiller au violon La danse espagnole de Falla-Kreisler. Sur la banquette arrière de la voiture noire, cette poupée fétiche appelée Dorothée ne peut qu’appartenir à Nathalie, aussi. Profitant de l’absence de Mme Naulin, Philippe entreprend de visiter sa fantomatique demeure, premier acte d’un drame à venir… DARD-1961-2000

 

Il n’est pas nécessaire d’exagérer les effets spectaculaires pour écrire un roman où plane une inquiétante sensation de mystère et de danger. Il suffit d’utiliser des personnages du quotidien, à peine différents de la population moyenne. Tel serait le message de Frédéric Dard, à travers la plupart des romans qu’il signa à cette époque. Toute la force du récit réside dans son apparente simplicité, qui sert la densité de l’intrigue. La tranquillité du couple Philippe-Madalenia est trop précaire pour que la situation n’empire pas, évidemment. Aucune menace précise n’étaye la tension, et pourtant on sait déjà que cette femme est maléfique, qu’elle ne se trouve pas là par hasard. Comportement bizarre et maison lugubre, folie peut-être. Lu cinquante ans plus tard, c’est également un témoignage sur le contexte de l’époque. Assurément, voilà un des titres de Frédéric Dard à redécouvrir.

 

D'autres chroniques autour de Frédéric Dard : "La peuchère", "La crève", "En légitime défense" (signé André Berthomieu), "Votez Bérurier" (San-Antonio), et le livre de sa fille Joséphine : "Frédéric Dard mon père".

Partager cet article
Repost0
9 décembre 2011 5 09 /12 /décembre /2011 06:40

 

Un classique du roman noir, toujours au catalogue Folio : Le démon dans ma peau de Jim Thompson.

THOMPSON-2011-FolioAu Texas, dans les années 1960, Central City est une ville de quarante-huit mille habitants. Lou Ford est l’un des adjoints du shérif Bob Maples. Âgé de vingt-neuf ans, c’est le fils d’un médecin qui avait bonne réputation ici. Le frère adoptif de Lou, Mike Dean, est décédé accidentellement sur un chantier six ans plus tôt. S’il avait eu précédemment des ennuis avec la justice, c’était quelque peu à cause de Lou. La mort de Mike Dean ne fut jamais vraiment éclaircie, mais on peut aussi bien penser qu’il a été assassiné. Le syndicaliste Joe Rothman partage ce doute avec Lou Ford. Mais comment mettre en cause le magnat de cette ville, Chester Conway ?

Par ailleurs, il y a deux femmes dans la vie de Lou. Côté sage, il est fiancé à Lucille Stanton, institutrice qui réclame le mariage. Face cachée, il est l’amant de Joyce Lakeland, une prostituée qu’il maltraite et qui aime ça. La fille en question est aussi la maîtresse d’Elmer Conway, le fils du grand patron. Relation que Chester Conway compte bien faire cesser, en payant pour qu’elle quitte Central City. Estimant pouvoir faire confiance à Lou Ford, qui se montre soumis envers lui, M.Conway-père lui a demandé de surveiller la transaction. Ce que va faire Lou, en effet, mais en manigançant tout autre chose. Quand on découvre Elmer abattu de six balles et Joyce massacrée par les poings de son agresseur, Lou regrette d’être intervenu trop tard à cause d’un pneu crevé.

Il doit s’expliquer auprès de l’attorney du comté, Howard Hendricks. Soupçons vite effacés, d’autant que Lou a toute la confiance du shérif Maples. Pourtant, c’est bien son adjoint toujours affable qui a supprimé le couple. En réalité, il reste un souffle de vie à Joyce. M.Conway la fait transférer par avion à Fort Worth, afin qu’on la sauve. Car il veut qu’elle soit jugée, pour blanchir la réputation de son fils et de leur famille. Lou et le shérif participent au voyage à Fort Woth, dociles face au puissant M.Conway. De retour à Central City, Lou n’a pas de mal à convaincre son allié le syndicaliste Rothman qu’il n’est pour rien dans cette sombre affaire.

Peu après, un suspect est accusé du double meurtre. Il s’agit du jeune Johnnie Pappas, petit délinquant notoire, fils d’un restaurateur grec. Lou s’est toujours montré amical et protecteur vis-à-vis de Johnnie. Mais il ne peut pas laisser en vie quelquun qui finirait par comprendre, par le dénoncer peut-être. De même que, si elle insiste trop pour se marier, Lou risque de décider l’élimination de sa fiancée Lucille. Quitter la ville avec le fric qu’il a détourné, c’est évidemment le but profond de Lou Ford. Du moins, essaie-t-il de le croire, car partir n’est probablement pas la solution pour lui…

 

Avec 1275 âmes, écrit auparavant dans le même esprit, Le démon dans ma peau figure parmi les romans magistraux de Jim Thompson. Sans doute parce que ces titres apparaissent plus abordables que d’autres du même auteur, bien plus noirs encore. La narration par le héros est pour beaucoup dans cette fluidité atténuant tant soit peu la gravité des faits. Belle manière de montrer la dualité du personnage : c’est le même Lou qui prépare son repas ou prend sa douche, que celui qui tue froidement et répond calmement aux quelques soupçons à son encontre. Il jouit d’une certaine impunité, ce shérif-adjoint si compréhensif avec tous. Parallèlement, il suscite une part de malaise chez ses interlocuteurs, tel l’attorney ou même le shérif.

La complexité psychologique du héros se dessine de plus en plus, non sans raison. Ses partenaires féminines ne sont guère mieux traitées quant à leurs portraits, un véritable roman noir n’épargnant personne. Soulignons la précision remarquable du récit, c’est un véritable travail d’orfèvre. Des puristes plaideraient sûrement pour une nouvelle traduction, qui n’omettrait pas un ou deux mots ou paragraphes occultés çà et là : ce serait absolument inutile, la puissance de l’histoire est restituée dans le ton choisi par Jim Thompson. Un grand classique du genre, à lire et relire.

Partager cet article
Repost0
8 décembre 2011 4 08 /12 /décembre /2011 06:31

 

Après Retour à la nuit d’Éric Maneval et Bois de Fred Gevart, les Éditions Écorce présentent leur troisième titre : Recluses de Séverine Chevalier. Noire, cette histoire l’est incontestablement…

Suzanne Jauque est une femme de quarante ans, qu’on imagine marquée par le destin. Il suffit de savoir que sa sœur Géraldine est lourdement handicapée, en fauteuil. Qu’elles ont été élevées sans père, par une mère assurant le minimum, sans tendresse, même avant sa maladie. Suzanne s’est occupée de sa sœur, surnommée Zia. CHEVALIER-2011Puis cette dernière a vécu au Centre. Zia n’a rien à reprocher au fonctionnement de cet endroit, vie réglée où on les traite en gentils légumes, un peu disloqués, sans trop les montrer quand même. Quand Suzanne viendra l’y chercher, Zia ne verra que la perspective d’un voyage changeant son décor. Vers Marseille, puis la Camargue et Mimizan dans les Landes, dans une villa vide. Ensuite, les Gorges du Tarn, nouvelle destination choisie par Suzanne.

Zia n’a pas besoin de s’interroger sur les motivations de son aînée de huit ans. Pour Suzanne, tout semble commencer par cet attentat, le 29 mai 2010. Une jeune fille se fait exploser dans un hypermarché d’Écully, dans la banlieue de Lyon, causant quantité de victimes. La mort du petit Polo, son fils, traumatise Suzanne. La kamikaze s’appelait Zora Korps, étudiante en management. Menant une hasardeuse enquête, Suzanne visite l’appartement du père de Zora, Paul Korps. La chambre de Zora ne renseigne guère Suzanne. Pourtant, elle voudrait reconstituer le parcours de cette jeune fille en jaune qui a semé la mort. Une tentative comportant bien plus d’improvisation fantasmée que de preuves. Avec Zia, elle part donc vers Marseille, Mimizan et autres lieux où passa Zora.

Fonctionnant principalement dans sa tête, Zia n’a pas trop de mal à surmonter les aléas de cet incertain voyage. Le comportement de Suzanne glisse vers une tension violente. Dans un camping désaffecté des Gorges du Tarn, les sœurs rencontrent Vautour. Tel est le pseudonyme de ce jeune marginal, qui ne se sent libre et bien dans sa tête que dans ce paysage-là. Un type va bientôt se trouver dans le coma, à cause de Suzanne. Zia observe, analyse peu mais avec justesse: Je ne sais pas pourquoi on en est là. À ce point de non-retour. Je sais maintenant, précisément, qu’elle s’est bel et bien détachée, comme l’iceberg. C’est peut-être ça, la véritable errance. Elles vont faire d’autres rencontres, qui vont théâtraliser leur vie, dramatiquement sans doute…

 

Amateurs de puzzles, bienvenue dans l’univers de Suzanne. Ne comptez pas sur un policier chevronné ou un détective intuitif pour recomposer à votre place son portrait. Ni sur le docteur Saw, psy ayant suivi cette femme égarée, qui raconte cette expérience en parallèle du récit. Dans sa lettre à Zia, il explique l’étrange rapport qui s’était établi entre Suzanne et lui. N’espérez pas que le bref résumé ci-dessus vous offre des clés, non plus. C’est au fil de la lecture que se dessine une image, qui garde des contours encore flous. Les pièces du puzzle passent sous nos yeux, parfois difficile à ajuster. Non pas qu’elles soient mal calibrées, mais c’est la vie et la vérité de Suzanne qui sont faussées. Oui, il est quelque peu nécessaire de se triturer les méninges, parfois d’extrapoler le simple récit. C’est bien ce qui offre sa singularité à ce roman, sinueux, différent, passionnant.

Partager cet article
Repost0
7 décembre 2011 3 07 /12 /décembre /2011 06:33

 

La Collection Calandre des Éditions Paquet présente des bédés traditionnelles, en histoires complètes. Les voitures y sont, autant que les personnages, au cœur des aventures racontées. Paru en cette fin 2011, Été indien pour la Mini de Régric nous rappelle fort les albums de Bob de Moor. Très sympathique ! 

BD-REGRICEn France, au milieu des années 1960. Le garage Purna est situé Saint-Germain-sur-Orge, petite commune proche de Paris. Ancien catcheur, le robuste patron est flanqué de deux employés glandouilleurs. Ana, la fille de M.Purna, est une jolie rousse court-vêtue. Ayant acquis une 2CV, elle envisage un raid dans le Ténéré avec une copine. Le véhicule étant bientôt détruit, son père lui offre une voiture mise en vente dans son garage. Elle appartenait au professeur Tumulus, archéologue cardiaque notoire, qui explora deux ans plus tôt le Rawajanbi, une région du nord de l’Inde. Son assistant Castagnol s’étant attiré de gros ennuis, Tumulus préféra fuir le secteur dans cette même Mini, aujourd’hui en vente.

Le professeur ignorait que les graffitis tracés à la hâte par Castagnol sur le coffre avant de la voiture possédaient une signification. Ce dessin permet d’accéder à la salle des offrandes d’un temple qu’ils étudiaient. Cette pièce secrète recèle un gigantesque trésor, qui intéressait aussi leur adversaire, l’archéologue anglais Silverspoon. Assisté de trois indous, Léon Castagnol est de retour en France. Il entend bien récupérer la voiture, et surtout le plan qu’il traça sur le coffre. Armé, il vient menacer chez lui le professeur Tumulus. Celui-ci avoue que la Mini est maintenant au garage Purna. Sans attendre, Castagnol tente de voler cette nuit-là le véhicule. Mais une alarme et l’ombre de Bibendum l’obligent à fuir.

La belle Ana entreprend de mener sa petite enquête. Elle se rend chez Tumulus. Le professeur affirme que le plan qu’elle a décalqué n’est qu’un graffiti sans intérêt. Pourtant, Ana s’aperçoit finalement que Tumulus lui a dérobé le dessin. Le plus sage serait de poncer le coffre de la Mini et d’oublier cette affaire. Bien que ses sbires soient mal en point, Léon Castagnol ne renonce pas à retrouver la Mini. Il risque de nouveaux ennuis, en particulier lorsqu’il rencontre un taureau furieux. Dans son Ariane, Castagnol pourchasse sans répit Ana et son père…

 

L’auteur revendique son admiration pour Bob de Moor, Hergé et Jacques Martin. Il est à peine nécessaire de le préciser. Le dessin en ligne claire et la calligraphie des phylactères sont identiques à ceux de ses maîtres. Le professeur Tumulus est quasiment le sosie de Philip Mortimer, héros d’Edgar P.Jacobs. Hergé apparaît dans un avion où voyage Tumulus. Clin d’œil aux années 1960, le gendarme local a l’aspect de celui de Saint-Tropez, Louis de Funès. Dans sa petite robe jaune, l’héroïne est assez sexy, autant que peuvent l’être les jeunes femmes dans cette catégorie de BD. Les décors évoquent sans excès caricaturaux ceux de l’époque. Le scénario est solide, riche en péripéties humoristiques, comme il se doit. Voilà une histoire "à l’ancienne" dans un style qui a fait ses preuves, vraiment très plaisante à suivre.

Dans la même collection, ma chronique sur "Le retour des capucins" de Dubois et Delvaux est ici.

Partager cet article
Repost0
6 décembre 2011 2 06 /12 /décembre /2011 06:49

 

Certains romans peuvent être qualifiés d’inusables. Bien sûr, il y a les grands classiques de la Littérature policière sans cesse réédités, de Sherlock Holmes au commissaire Maigret, en passant par San-Antonio et Agatha Christie. BLOCH-1979Il existe d’autres cas, tel Le crépuscule des stars de Robert Bloch (1917-1994). Auteur du roman Psychose adapté au cinéma par Hitchcock, ce romancier scénariste a publié bon nombre de titres, romans et recueils de nouvelles. Robert Bloch est une référence pour les amateurs de suspense et d’horreur.

 

C’est en 1979 que François Guérif publie Le crépuscule des stars, roman écrit en 1968, dans la collection Red Label qu’il dirige aux éditions PAC. La traduction est de Jean-Paul Gratias (pour toutes les éditions). Dès 1985, ce titre est repris dans la mythique collection des éditions NéO, sous la couverture de l’illustrateur Jean-Claude Claeys. BLOCH-1985Il porte le symbolique numéro 100. La présentation de l’ouvrage dans cette version en situe bien le contexte :

«Bloch lui-même reconnaît facilement que Le crépuscule des stars est son meilleur livre. En tous les cas, son livre le plus envoûtant et le plus angoissant. Paradoxe de ce roman où il n'y a pas de mystère à proprement parler. Mais, dans cette saga de Hollywood, racontée à travers la grandeur et la décadence de Tommy Post, Bloch nous fait entrer de plain-pied dans cette mythologie qui donne le vertige. Pour ce roman de la démesure et du baroque, Bloch ne pouvait pas trouver de meilleure période que cette époque où souffla un vent de folie sur cette ville devenue "l'usine à rêves" du monde entier.

BLOCH-1992Ce livre dépasse de beaucoup le simple roman à clefs, nous restituant parfaitement la fascination de Hollywood. Attaché à ses fantasmes, Robert Bloch ne pouvait détruire la cité magique que par l'arme qu'il préfère : le feu. C'est donc dans les flammes que, symboliquement, est détruit ce décor qui avait réussi à nous faire croire qu'il représentait notre monde secret.» Il s’agit d’un extrait du magazine Polar, que dirigea François Guérif.

BLOCH-2008

 

En 1992, Le crépuscule des stars parait en format de poche, chez 10-18. Il ne semble pas qu’il y ait eu d’autres rééditions avant celle de 2008. C’est Moisson Rouge qui décide alors de relancer la carrière de ce livre, avec une préface de F.Guérif. Fin 2011, le roman connaît une nouvelle édition de poche, n°841 dans la collection Rivages/Noir, où il a évidemment toute sa place. La présentation actuelle de ce roman : «Tom Post, jeune orphelin, rêve de se faire une place à Hollywood au temps du cinéma muet. Un jour, son rêve se réalise : il est engagé comme responsable des intertitres des films, les fameux "cartons". BLOCH-2011Alors qu'il gravit les échelons, le monde du cinéma change. L'irruption du parlant, l'industrialisation et la toute-puissance de l'argent sonnent le glas d'une époque. Certains vont résister, d'autres vont sombrer. Jusqu'à la folie. L'auteur de Psychose signe un roman envoûtant devenu mythique.

"Robert Bloch nous fascine, nous émeut, nous couvre de frissons, nous surprend, nous laisse pour finir pantelants d'une beinheureuse angoisse." (Michel Lebrun, Polar)».

 

Les lecteurs ayant raté les quatre précédentes éditions du livre peuvent désormais se rattraper grâce à cette réédition.

Partager cet article
Repost0
5 décembre 2011 1 05 /12 /décembre /2011 06:32

 

Né en 1928, Hubert Monteilhet publie encore un suspense chaque année aux Éditions de Fallois. Voici son nouveau roman, Les confessions du diable.

MONTEILHET-11Le commissaire Bernard Hauterive est en poste à Bergerac, en Dordogne. C’est un policier d’âge mûr, assisté de son jeune collègue Martinet. Non loin de là se trouve le collège Saint-Christophe. Ancien monastère transformé en pensionnat, cet établissement à l’ancienne dirigé par des ecclésiastiques, est fréquenté par des pensionnaires issus de familles bourgeoises. Deux neveux du commissaire y firent d’ailleurs leurs études. On vient d’alerter la police, car un des prélats vient de mourir, se suicidant probablement avec de la mort-aux-rats. Âgé de 73 ans, le père de Coursensac fut un homme d’église dans la pure tradition, enseignant de qualité ayant aussi un parcours colonial. Certes, il est étonnant de trouver du poison dans sa chambre, mais il y a une explication.

Le défunt était proche d’un élève, son filleul Gédéon d’Arsonval. L’adolescent est à la fois solitaire et brillant, surdoué généraliste, épileptique, s’intéressant en ce moment au trotskisme sans être aveuglé, interrogatif quant au catholicisme. Gédéon n’est pas dénué d’ambiguïté dans certains cas, d’esprit taquin ou plus manipulateur. Le commissaire connaît déjà le père du jeune homme. En effet, ce notaire de Bergerac s’est récemment inquiété d’un courrier anonyme prédisant à sa famille des drames à venir. Pas de lien apparent avec le décès de Coursensac, qui était une vague parenté du digne notaire. Empruntant un scooter et un peu d’argent, Gédéon s’enfuit du collège Saint-Christophe. Ce que le commissaire n’interprète pas encore comme un signe de culpabilité.

Il existe un enregistrement sur dictaphone numérique des conversations entre Gédéon et de Coursensac, confessions retrouvées par la police. Il y est question entre autres de l’évolution et de l’éthique de la religion catholique, Gédéon n’étant pas avare d’ironie à ce sujet. Il y avoue des petits méfaits familiaux, justifiés par son aversion envers la seconde épouse de son père le notaire. Plus sérieux, il laisse entendre que cette femme serait suspecte. Professionnel, le commissaire se renseigne auprès d’un détective privé niçois ayant enquêté sur elle, consulte un article évoquant le décès de la première Mme d’Arsonval. Rien de tellement probant, à vrai dire. Si Gédéon reste un temps introuvable, le policier entend éclaircir cette délicate affaire avant qu'il n'y ait trop de morts…

 

Couronné par le Grand Prix de Littérature policière en 1960 avec Les mantes religieuses, Prix Arsène Lupin 2009 pour Choc en retour, Hubert Monteilhet est un auteur à part dans l’univers du roman policier. Cet esthète de l’intrigue criminelle et du suspense psychologique possède sa propre tonalité. Le terme d’enquête ne convient pas aux histoires qu’il met en scène, même quand (comme ici) un policier interroge des témoins ou écoute une pièce à conviction. Les portraits précis et les faits suggérés, aussi énigmatique soient-ils, importent davantage qu’une traque de l’assassin, s’il existe. Le climat un brin désuet d’un collège religieux traditionnel dans la France profonde se prête bien aux mystères tels que les conçoit cet auteur.

C’est également l’occasion pour lui (qu’on dit catholique intégriste, mais qui dénonça souvent les cyniques excès religieux) de philosopher sur la théologie, d’en railler certains aspects à travers l’opinion de Gédéon. Pris au second degré, ces propos comportent une belle part d’humour mordant. Si l’érudit Monteilhet appartient lui-même à la "bonne société" qui se veut "bourgeoisie éclairée", il ne se prive pas de s’en moquer. C’est en grande partie ce qui fait le charme de ses romans, des polars hors catégorie.

Ici, ma chronique sur deux romans d'Hubert Monteilhet "Choc en retour" + "Oedipe en Médoc" .

Partager cet article
Repost0

Action-Suspense Contact

  • : Le blog de Claude LE NOCHER
  • : Chaque jour des infos sur la Littérature Policière dans toute sa diversité : polar, suspense, thriller, romans noirs et d'enquête, auteurs français et étrangers. Abonnez-vous, c'est gratuit !
  • Contact

Toutes mes chroniques

Plusieurs centaines de mes chroniques sur le polar sont chez ABC Polar (mon blog annexe) http://abcpolar.over-blog.com/

Mes chroniques polars sont toujours chez Rayon Polar http://www.rayonpolar.com/

Action-Suspense Ce Sont Des Centaines De Chroniques. Cherchez Ici Par Nom D'auteur Ou Par Titre.

Action-Suspense via Twitter

Pour suivre l'actualité d'Action-Suspense via Twitter. Il suffit de s'abonner ici

http://twitter.com/ClaudeLeNocher  Twitter-Logo 

ACTION-SUSPENSE EXISTE DEPUIS 2008

Toutes mes chroniques, résumés et commentaires, sont des créations issues de lectures intégrales des romans analysés ici, choisis librement, sans influence des éditeurs. Le seul but est de partager nos plaisirs entre lecteurs.

Spécial Roland Sadaune

Roland Sadaune est romancier, peintre de talent, et un ami fidèle.

http://www.polaroland-sadaune.com/

ClaudeBySadauneClaude Le Nocher, by R.Sadaune

 http://www.polaroland-sadaune.com/