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4 janvier 2012 3 04 /01 /janvier /2012 06:29

 

Les adeptes des liseuses et autres supports numériques pour les livres restent infiniment minoritaires sur le marché français. Même si l’on nous vante une bien relative explosion commerciale des tablettes, il n’est donc pas rétrograde de préférer encore et toujours le livre dans sa forme séculaire. KourilskyLe réalisme impose de rappeler que ce sont principalement des auteurs célèbres qui se vendent un peu sous ce format. Je ne suis pas favorable à ces initiatives qu’il faut bien qualifier d’invisibles, ce qui ne m’a pas empêché d’évoquer ici World Trade Cimeterre de Lakhdar Belaïd. Tout simplement parce qu’il s’agit d’une réédition qui ne sortira qu’en numérique.

De même, il m’arrive d’explorer les sites d'éditeurs vivant pour l’essentiel de commandes en ligne, qu’il s’agisse de livres papier ou numériques. Ainsi, sur le site des Éditions Glyphe, on peut se procurer les polars d’Olivier Kourilsky. Son nouveau titre Dernier homicide connu parait en ce mois de janvier.

 

Gaïa Village Publications est un éditeur (pas à compte d’auteurs, nous précise-t-on) ayant misé sur le tout-numérique depuis peu. L’initiative vise à proposer des livres moins chers que dans la forme habituelle, et une plus longue exploitation du catalogue. Parmi les auteurs, nous trouvons deux titres d’une romancière confirmée, Nicole Provence ( sa bibliographie ici ). Angkor, les génies décapités est un roman destiné à la jeunesse. Voici sa présentation : gaia village provence«Un bonze assassiné dans un des célèbres temples d’Angkor, juste au moment où Cléa la fouineuse passe ses vacances au Cambodge avec son gendarme de père. Belle occasion de se lancer dans des aventures palpitantes au milieu de la jungle ! Qui se cache derrière un fructueux trafic de statues antiques ?»

De Nicole Provence également, Les trois Madeleine (ou "Le ravin des anges") est un roman à suspense. Il est ainsi présenté : «Une nuit, réveillée par l’agitation de son chat, Madly le suit jusque dans la cave. L’accès de ce lieu lui a toujours été interdit par sa mère, et pour cause : sa grand-mère y est retenue prisonnière ! Tenaillée par la curiosité mais retenue par la crainte, Madly va mener l’enquête sur l’histoire de sa famille, la famille des «Trois Madeleine», gaia village dangaixdont le récit s’entrelace avec celui de la grande Histoire. Le roman surprenant d’une jeune fille ordinaire entraînée dans la démence de plusieurs générations.»

De Matthieu Dangais, Le requiem de l’horloge se définit comme un thriller à épisodes. Cette histoire devrait en compter six. Voici sa présentation : «Jusqu’où la téléréalité peut-elle aller pour gagner toujours plus d’audience ? Comment alimenter en chair fraîche, des spectateurs cruels et avides de sensations fortes à bon compte ? Dans un avenir pas si lointain, dans un pays peut-être plus proche qu’on ne l’imagine, ils sont sept à avoir accepté l’inacceptable…»

Le site de Gaïa Village Publications.

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3 janvier 2012 2 03 /01 /janvier /2012 06:32

 

Aux Éditions Seuil, voici un nouvel inédit de Thomas H.Cook : Au lieu-dit Noir-Étang (dès le 12 janvier). Un survol de l’intrigue s’impose…

COOK-2012-1Chatham est une petite localité de la région du Cape Cod, sur la côte Atlantique des Etats-Unis, au sud-est de Boston. Depuis 1926, les décors y ont assez peu changé, sans doute. Si ce n’est qu’à l’époque existait là une école de garçons, créée par Arthur Griswald. Chatham School fut sa grande passion, et pendant les années qu’il y occupa la charge de directeur-fondateur […] il éprouva, comme il ne le ressentirait jamais plus, le plus profond sentiment de vivre pleinement sa vie explique son fils Henry, quelques décennies plus tard. Henry est encore un adolescent quand, pour cette année scolaire, son père accueille une nouvelle professeure d’arts plastiques, la séduisante Mlle Élizabeth Channing.

Ayant parcouru le monde avec son défunt père, un écrivain-voyageur, la jeune femme impressionne Henry Griswald. Celui-ci n’a plus envie de se soumettre aux rigides principes pédagogiques de M.Griswald. La vie ne vaut d’être vécue qu’au bord de la folie, écrivit le père de Mlle Channing. Henry fait sienne cette devise. Il se met à beaucoup dessiner, ce qui le rapproche de la jeune professeure. Il se rend souvent près du Noir-Étang, au cottage où elle s’est installée. L’employée de maison de ses parents, Sarah, veut apprendre à lire. Henry l’accompagne à chaque fois qu’elle prend des cours chez Mlle Channing. Son père engage bientôt un autre professeur, Leland Reed, qui garde des séquelles de la Grande Guerre.

M.Reed a une épouse et une fille, la petite Mary. Ils logent sur la berge opposée du Noir-Étang, par rapport à Mlle Channing. Henry a remarqué les regards de la jeune femme pour M.Reed. Ce dernier rend très souvent visite à Mlle Channing, chez elle. Henry se propose d’aider M.Reed, qui construit lui-même son voilier dans un hangar de Chatham. L’adolescent sent chez ce professeur une sorte d’insatisfaction, une envie de fuite. Une connivence confuse s’établit entre eux.

Quand, en mai 1927, un drame se produisit autour du lieu-dit Noir-Étang, des habitants de Chatham prétendirent l’avoir prévu. M.Griswald-père fut moins sévère et catégorique que ses concitoyens. Me Parsons, le procureur, avait sa propre vision accablante de l’évènement. Logiquement, Henry Griswald fut un des principaux témoins de l’affaire. Désormais âgé, lui-même ancien homme de loi, Henry se souvient encore de l’impitoyable moralisme de Me Parsons. Mais nul ne sut jamais ce qui se passa réellement au lieu-dit Noir-Étang…

 

Il ne suffit pas de raconter une histoire pour capter notre attention de lecteurs. C’est par son écriture, que Thomas H.Cook nous hypnotise merveilleusement. Il entremêle les époques avec une souplesse impressionnante. Le narrateur Henry, qui vit toujours à Chatham, est effectivement le témoin privilégié de ce cas criminel. Pour le retracer, il évoque plusieurs périodes de sa vie. L’adolescence, mais aussi son âge adulte, quand il eut l’occasion de retourner sur les lieux du drame, et bien plus tard son regard apaisé de vieil homme. Comme il sait si bien le faire, l’auteur décrit le caractère profond des héros, avec leurs incertitudes ou leurs aspirations perdues.

On n’oublie pas que nous sommes au milieu des années 1920, dans un paysage éminemment romantique. Passion amoureuse, est-ce le thème du récit ? Si des fleurs poussent dans les cendres d’un volcan, c’est ici l’inverse. Dans les années qui ont suivi, j’ai considéré que l’affaire de Chatham School était l’exact opposé […] une chose avait fleuri brièvement, exhalé un parfum exquis puis, en un instant déchirant, tout réduit en cendres dit Henry. Vu la situation, il existe bien plus d’ambiguïté psychologique que ne le perçut le procureur. De la corde et un couteau ne donnent assurément pas les clés du procès, pas plus que l’apparente relation entre les protagonistes. Un suspense d’une admirable subtilité.

 

D'autres romans de Thomas H.Cook : "Mémoire assassine" - "Les leçons du Mal" - "Les ombres de la nuit" - "Les feuilles mortes" - "Les ombres du passé".

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2 janvier 2012 1 02 /01 /janvier /2012 10:35

 

POLARàDRAP2012Les 3, 4 et 5 février 2012, nouvelle édition du Salon du polar à Drap (06). Cette année, le parrain est Marc Villard, et l’invité d’honneur n’est autre que Georges Lautner. Sur ces trois jours, de nombreuses animations sont prévues. En particulier le samedi dès 14h30, une présentation de M.Villard, suivie d’un hommage au cinéaste G.Lautner. Plusieurs tables rondes auront lieu durant ce week-end consacré au polar.  

Les auteurs annoncés :

Karine Giebel, Françoise Laurent, Carine Marret, Benoît Séverac, Pascal Dessaint, Hervé Sard, Marin Ledun, Joseph Incardona, Pierre Brasseur, J.B.Pouy, Philippe Georget, Noël Simsolo, Jean-Hugues Oppel, Patrick Raynal, Jean-Jacques Reboux, Timothée Rey, Ayerdhal, Abdel Hafed Benotman, Michel de Roy, Francis Zamponi, René Frégni, Max Cabannes, Jacques Olivier Bosco, Serguei Dounovetz, Claude Ragon, Maurice Gouiran, Paul Carta, André Fortin.  

Toutes les infos ici sur le site du salon.

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1 janvier 2012 7 01 /01 /janvier /2012 00:01

 

Ça y est, nous sommes en 2012 ! VOEUX-RS

L’ami Roland Sadaune, romancier et “peintre de polar”, nous adresse sa carte postale qui sert ici d’illustration. C’est un patchwork d’auteurs émérites.

 

Mi-janvier, Action-Suspense aura quatre ans d’existence dans la blogosphère. Ce n’est pas un record, il y en a de plus anciens traitant de romans et de polars. Chroniquer plusieurs livres chaque semaine. Alimenter au quotidien cet espace de partage d’infos gratuites. Suggérer des idées de lecture. Proposer des auteurs plus ou moins connus. Mon but est resté le même depuis des années. Je ne suis pas juge, à peine avocat. Juste un témoin qui essaie avec sincérité de décrire la diversité de la Littérature policière. Sans complaisance mais avec bienveillance, la plupart du temps, car j’ai la chance de choisir. VOEUX-2012Il se peut que je me trompe parfois, que je sois trop enthousiaste. Quand on est passionné, ça peut arriver. Merci encore à celles et ceux qui ont la gentillesse de s’intéresser à mes infos. Ce n’est pas une simple formule, je vous remercie vraiment du fond du cœur. Car vous me donnez le sentiment que c’est ensemble que nous explorons le riche univers du polar. Préservons notre plaisir de lecteurs et nos envies de découvertes.

 

N’étant pas devin, je ne sais ce qu’il adviendra durant l’année qui débute. Je ne peux que vous souhaiter le meilleur. En particulier dans vos lectures, bien sûr. Je vous adresse à toutes et tous mes Meilleurs Vœux pour 2012 !

 

PS/ J’avais pensé à cette seconde illustration, mais celle de Roland Sadaune est plus excitante. Bonne Année !

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31 décembre 2011 6 31 /12 /décembre /2011 06:34

 

Ma chronique consacrée à Monsieur le Commandant de Romain Slocombe figure parmi les articles les plus consultés ici de septembre à décembre 2011, Je fus un des premiers à évoquer ce roman remarquable. Puis le bouche-à-oreille, une présélection pour le Goncourt, et une émission de télé ont permis à ce livre d’être apprécié d’un large public.

SLOCOMBE-VILLARDSi beaucoup de lecteurs ont ainsi découvert Romain Slocombe, l’expérience artistique de cette auteur est déjà longue. Il a débuté dans la bande-dessinée, pratique aussi la photographie. On lui doit de nombreuses photos de bondage, activité ludique mettant en scène des jeunes femmes consentantes ligotées. Ce qui explique la fascination de Slocombe pour le Japon, pays ayant popularisé ces jeux érotiques. Depuis quelques années, il a publié plusieurs romans noirs chez Fayard, dans la Série Noire, et chez d’autres éditeurs.

 

Parmi les albums de bédé dont il est l’auteur, retenons un de ceux qu’il cosigna avec Marc Villard, Cité des anges (1989, Albin Michel).

Los Angeles, vers 1954. Armé de son Rolleiflex, le photographe Ray Barker tire le portrait des éphémères starlettes du moment. Il réalise aussi des reportages en images pour les journaux, ainsi que des photos érotiques pour la revue Exotic, d’Elmo Schilling. Parmi les candidates à la gloire, Loretta Hadley a un peu marqué Ray Barker mais elle n’est pas revenue chercher ses portraits. Quelques jours plus tard, le photographe est contacté par le romancier et scénariste Dave Goodman, qui se présente comme le fiancé de Loretta. La jeune femme a disparu, il cherche sa trace. Peu après, le caïd Palermo s’intéresse également aux photos de Loretta. C’est près de l’embarcadère de Santa Monica qu’est bientôt retrouvé le cadavre de la disparue.

Ray Barker veut en savoir plus. Un indice le mène à la clinique psychiatrique des Yuccas. L’établissement accueille les dépressions nerveuses, réelles ou simulées, du tout-Hollywood. Barker tombe sous le charme de la réceptionniste, Carol Nishimura. Le photographe tente de contacter Nancy Cardenas, l’infirmière qui s’occupa de Loretta à la clinique. Si la sensuelle actrice Virginia Lyons fait appel à Ray Barker, c’est pour lui offrir autre chose que des informations. Après une visite à l’écrivain Henry Miller, Barker trouve une piste sérieuse. Ricardo Hadley, le père de Loretta, fut un acteur de série B. SLOCOMBE-VILLARD 1La solution pourrait être du côté familial, la mère ayant choisi pour nouveau compagnon le caïd Palermo. Toutefois, autour de la disparition de Loretta, le rôle de Dave Goodman n’est pas très clair non plus. Alors que Carol Nishimura s’éloigne de lui, Barker s’approche de la vérité…

 

Si le scénario est de Marc Villard, il est probable que Romain Slocombe y ait mis son grain de sel. Des scènes de bondage, une héroïne d’origine asiatique, on reconnaît là ses passions. L’histoire s’inspire de la grande époque d’Hollywood, mythe si intimement lié aux romans et films noirs. Le nom du héros ne fait-il pas penser à celui de Raymond Chandler ? Dans sa petite Willys’41, Ray Barker sillonne les quartiers de L.A., dans les décors de ces années 1950. Un album bédé à redécouvrir, pour les amateurs d’ambiance polar. L’intrigue est digne des traditionnels suspenses noirs, textes et images se complétant avec une réelle harmonie.

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30 décembre 2011 5 30 /12 /décembre /2011 06:30

 

La collection Actes Noir publie le fascinant premier roman de Ryan David Jahn De bons voisins, disponible dès le 4 janvier…

JAHN-2012À New York, Kat est une jolie brune de vingt-huit ans. Le 13 mars 1964 à quatre heures du matin, elle ferme le bar de nuit où elle travaille. Cette jeune femme volontaire rentre chez elle en voiture, à quelques minutes de là. Ayant garé sa Studebaker sur le parking de son immeuble, Kat traverse la cour quand elle est poignardée par un inconnu. Plusieurs voisins sont éveillés à cette heure. Ils se rendent compte de l’agression. Seul Patrick, dix-neuf ans, intervient vaguement. Le quidam s’enfuit. Chacun des habitants pensant que quelquun d’autre a déjà téléphoné à la police, personne ne vient en aide à Kat. Il est vrai que tous ont des préoccupations qu’ils estiment plus importantes.

Convoqué pour l’armée, Patrick se demande qui va se charger à sa place de sa mère, gravement souffrante. L’infirmière blanche Erin a envoyé son mari noir Frank vérifier si l’accident qu’elle vient de causer a des conséquences mortelles. Diane fait une scène de ménage à son époux Larry, rentré si tardivement de sa soirée au bowling, peut-être resté chez sa maîtresse. Un autre couple de voisins s’essaie à l’échangisme, au risque pour le mari de confondre sexe et sentiments. Quant au solitaire et suicidaire Thomas, il se prépare à une mort propre. Son compréhensif ami Christopher s’invite chez lui. Cette vie de famille idéale dont il parle souvent, Thomas lui avoue que c’est un mensonge.

Dans le quartier, surviennent d’autres évènements tandis que Kat attend en vain du secours, faiblissant peu à peu. Ancien enseignant, M.Vacanti a un sérieux accident de voiture. Quand arrive l’ambulancier David, il reconnaît la victime. Le policier Alan Kees fait sa ronde dans son véhicule de service. Lui qui se prend pour un bon flic, il en profite pour gérer ses combines, qu’un maître-chanteur met en péril. Il va régler le problème à sa manière, violente. Lorsque Frank, le mari d’Erin, a pu vérifier les dégâts que sa femme a causé, il est prêt à rentrer. Mais il est entraîné dans une sale affaire, où un Noir a peu de chances de se voir innocenté. William, l’agresseur de Kat, est passé chez lui. Toutefois, il a encore besoin de sortir. Dans l’immeuble, les voisins ont oublié Kat, qui garde encore quelques forces…

 

Environ deux heures, c’est le temps que dure cette histoire. Une agression qui ne perturbe guère la brochette de voisins passifs, dont nous suivons les petits tracas et les cas de conscience personnels. Malgré ces vraies ou fausses raisons, ces gens sont tous fautifs de ne pas intervenir. Que ce roman s’inspire d’un faits divers de l’époque, ce n’est pas tant ce qui importe. Car il s’agit ici d’une fiction, d’un habile chassé-croisé de personnages, d’une mécanique idéalement huilée Chacun vit égoïstement ces minutes si longues pour la pauvre Kat, blessée qui ne désespère pourtant pas.

Nous sommes dans le contexte de l’Amérique des années 1960. Certes, les mœurs sexuelles sont moins libres que de nos jours, et le flic Alan est un ripou de la pire espèce, par exemple, mais l’auteur n’abuse pas des clichés. Au contraire, il restitue une ambiance aussi sombre que cette fin de nuit agitée. On en oublie les rouages du récit criminel, pour apprécier la psychologie profonde rendant crédibles les protagonistes. Le sort de Kat n’est pas le seul suspense alimentant cette intrigue aux ramifications entremêlées. Un roman impeccable !

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29 décembre 2011 4 29 /12 /décembre /2011 06:32

 

Parmi les nouveautés à paraître en format poche dès le 5 janvier, deux titres peuvent retenir l’attention dans la collection Points. Publié au printemps 2010 aux éditions Parigramme, “Mortelles voyelles” de Gilles Schlesser fait partie de ces romans à redécouvrir..

Oxymor Baulay est un journaliste pigiste parisien quinquagénaire. Fauché, largué par son ex-épouse, il est l’amant de la sophistiquée Louise. Spécialiste des questions de société avec enquête sur le terrain, il réalise un reportage en immersion parmi les SDF de la capitale. POINTS-Janvier1Il sympathise avec Vaïda, qui se dit le fils du dernier roi des Gitans. Dans une valise mise au rebut, l’homme a trouvé un manuscrit qu’il veut échanger contre une cartouche de cigarettes. Curieux, Oxymor accepte la transaction. Intitulé “A noir”, il s’agit d’une drôle d’histoire. “Le roman est articulé autour de cinq meurtres, cinq femmes assassinées de la même manière. L’auteur a écrit à la première personne et insère de nombreux flash-back sur ses traumatismes d’enfance : nuits entières au cachot, fouet, viols familiaux. Oxymor frissonne. Ces meurtres sanglants et complaisants lui donnent la nausée…” Il note quelques indices, dont le titre qui s’inspire d’un poème de Rimbaud.

Selon Louise, “ce n’était peut-être pas destiné à être publié, ce n’est pas signé, il peut s’agir d’une forme de confession”, malgré la mention “roman”. Oxymor finit par réaliser ce qui le troublait dans ce texte. Tel un émule de Georges Perec, l’auteur n’utilise jamais le verbe “être”. Paul et Isabelle, couple d’amis bobos, présentent à Oxymor la belle Clara, marquée par un douloureux échec amoureux. Surtout, Paul est éditeur, et s’avoue bientôt très intéressé par la publication du manuscrit. Entre-temps, Vaïda est assassiné dans le campement de gitans. Consultant des documents, Oxymor comprend que les meurtres du manuscrit ont été réellement commis en 1979...

On n’est pas dans un roman observant strictement le déroulement d’un scénario à suspense. Cet exercice de style s’inspire un peu des pratiques de l’Oulipo, recherchant les astuces, pratiquant les textes avec contraintes. Outre sa culture parisienne, le héros est fort intéressant quand il se remémore des anecdotes de la vie littéraire passée, très amusant quand il glisse des exemples de figures de rhétorique dans son propos. En somme, il s’agit de jeux de l’esprit dont le lecteur doit accepter le postulat. Ceci n’empêche nullement l’énigme entraînant des déductions, le mystère amenant des hypothèses…

 

George P.Pelecanos est depuis longtemps une valeur sûre du roman noir. Nul besoin d'argumenter à son sujet. Son nouveau titre “Mauvais fils” est désormais chez Points.

Incarcéré à Pine Ridge, Chris Flynn est conscient d’avoir collectionné de stupides actes de délinquance. Âgé de dix-sept ans, il s’est marginalisé en voulant jouer au dur avec son pote Jason. Consommation de drogue, quelques larcins, autant de bastons, un itinéraire qui conduit fatalement dans un centre fermé tel que Pine Ridge. POINTS-Janvier2Bientôt arrêté après un nouvel incident, son sort fut évident malgré l’avocat ami de son père. Amanda, sa mère très pieuse, est compatissante vis-à-vis de Chris. Thomas Flynn, son père, se montre plus distant. Âgé de trente-neuf ans, Thomas Flynn fut un temps policier, avant de créer son entreprise de pose de sols et moquettes à Washington. Les jeunes parqués à Pine Ridge sont surtout des Noirs, avec quelques Latinos, Chris étant le seul Blanc. L’endroit n’échappe pas à la violence et aux trafics, impliquant quelquefois des gardiens. Ali Carter, jeune homme intelligent, ou Ben Braswell, plus rustre mais pas pourri, sont les rares détenus avec lesquels Chris sympathise. Sans doute est-ce la visite ici d’un écrivain qui fait prendre à Chris quelques bonnes résolutions.

Près de dix ans plus tard. Ali Carter a poursuivi des études. Il est employé dans une organisation sociale, trouvant des jobs aux ex-prisonniers et aux petits délinquants repentis. Chris est employé dans l’entreprise de son père. Il y fait équipe avec Ben Braswell. Un jour, Chris et Ben trouvent un magot planqué sous un plancher. Chris fait entendre raison à son ami, même si celui-ci vit plus modestement que lui. Ils laissent le pactole sur place, et taisent leur découverte. Mais Ben en parle quand même à son douteux ami Lawrence, qui ne tarde pas à entrer par effraction dans la maison et à dérober le magot. Bien la propriétaire ait appelé la police, pour Chris et Ben, l’incident pourrait s’arrêter là. Mais les truands Sonny et Wayne reviennent chercher l’argent planqué…

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28 décembre 2011 3 28 /12 /décembre /2011 06:32

 

Coup de cœur pour Freaky Fridays de Brigitte Aubert, quatrième titre de la collection Vendredi 13 des Éditions La Branche (disponible dès le 8 janvier 2012).

AUBERT-2012Hélène Robinson est une veuve de soixante-deux ans vivant à Deauville. Plus âgé qu’elle, son mari Joe est décédé depuis environ un an. Restant active, sous le nom de Mamie Hélène, elle prépare et vend ses gâteaux maison. Ce vendredi, elle en livre un chez ses voisins. Les Devauchelle habitent une riche propriété, proche de la plus modeste maison d’Hélène. Ce conseiller financier et sa famille ne lui plaisent guère, à part la petite Gaétane. Quand surgissent deux tueurs à l’accent slave, Hélène est témoin du massacre des Devauchelle et des employés. Seule Gaétane et son chien échappent au carnage, grâce à Hélène. Celle-ci est certaine d’avoir été repérée par les exécuteurs russes de ses voisins.

Chez elle, tout est prêt pour une fuite immédiate. En cas de pépin, Joe avait tout préparé, y compris une arme. Hélène redevient Vera Lopez, sa véritable identité. À la gare, il est déjà trop tard pour prendre le train. Mika et Andrei ne tardent pas à la localiser, à cause de son téléphone portable. Si Vera est moins prête à la cavale que ne l’aurait été Joe, elle reste réactive. Elle s’installe au Normandy, le palace de Deauville, avant de passer la soirée au casino. Le duo de tueurs s’y trouve aussi, mais ne peut la reconnaître. À côté d’elle, le couple Sandra et Jack semble faire partie de la même équipe que les deux Russes. Il est temps pour Vera de demander la protection de son contact de l’ambassade des Etats-Unis.

L’agent en question n’est pas loin, en effet. Mais il cherche aussi à éliminer Vera. C’est lui qui se fait buter, après une ébauche d’explication. Sandra réalise que l’opération dérape totalement : Ce cinglé de Gioanni avait programmé ça un vendredi 13 et ça leur revenait en pleine gueule. En additionnant les Devauchelle et les tueurs, l’hécatombe compte dix victimes pour ce seul vendredi. Vera a aussi fait le lien entre le mafieux Gioanni, vieil adversaire de Joe, et cette meurtrière affaire.

Dès le lendemain, elle explore la clé USB qu’elle a récupéré, y trouvant les comptes de Duvauchelle et des photos. Sur lesquelles Vera identifie le PDG de la société Securitex, et un chargé de mission ministériel. Tandis que Mika rôde toujours dans les parages, Vera se planque sur le voilier de Joe, le Vendredi. Arrivé à Deauville, un colonel de l’ambassade prend contact avec Vera. Ce qui ne signifie pas qu’elle puisse lui faire confiance. Elle commence à comprendre le rôle de certains protagonistes, mais elle est toujours en danger…

 

Quel bonheur ! Merci Brigitte Aubert ! C’est avec une belle virtuosité qu’elle maîtrise cet excitant récit. Voilà un authentique roman d’action et de suspense, une véritable comédie d’aventures comme on en lit trop peu souvent. Si quelques lignes de résumé ont permis de voir que la sexagénaire Hélène/Vera savait se défendre, ce n’est qu’un survol de péripéties qu’elle traverse. Car, loin de leur image de paisibles retraités, le défunt Joe et Vera eurent un passé agité. Son mari reste présent au quotidien dans son souvenir.

Cette histoire nous est racontée avec une remarquable souplesse narrative, sur une tonalité enjouée qui évite de lourdes caricatures. Outre la suite de rebondissements, puisqu’il s’agit aussi d’un roman noir, l’auteure n’oublie pas les activités de ennemis de Vera. Même si Monsieur Sécuritex entretenait des liens occultes avec Gioanni, et que Devauchelle l’avait découvert, ça ne justifiait pas de le flinguer avec toute sa famille pour un secret de Polichinelle. Est-ce les enfants d'aujourd’hui connaissaient encore Polichinelle ?… Armand Lavallières. Un nom qui fleurait bon la France des traditions, des pots de vins et des républiques corrompues. Le contexte éclaircira les motifs du carnage, bien sûr. Un excellent suspense, mouvementé à souhaits.

 

Les autres titres de la collection Vendredi 13 : "Close-up" de Michel Quint, "Samedi 14" de Jean-Bernard Pouy, "L'arcane sans nom" de Pierre Bordage. Chez 10-18, Brigitte Aubert a écrit une série de polars historiques autour du journaliste Louis Denfert.

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