Le Grand Prix du Livre "Produit en Bretagne" est ouvert à tous types d’ouvrages (Roman, Livre en breton, Beaux livres et Inclassables). Son but est de mettre en valeur la littérature éditée en Bretagne par une maison d’édition située dans un des cinq départements bretons. Ces auteurs sont choisis par un jury expérimenté. En 2012, quatre catégories sont primées Coup de Cœur, Prix jeunesse, Roman et Beau Livre. Pour cette édition, le jury était composé de treize membres (neuf libraires indépendants, un journaliste, un documentaliste, un bénévole au sein d’une association de lecture) qui ont lu avec attention la petite trentaine d’ouvrage d’ouvrages.
Le Prix du Roman 2012 est attribué au polar de Frédérick Rapilly “Le chant des âmes”, publié aux éditions Critic.
Marc Torkan vit aujourd’hui auprès du Golfe du Morbihan. Veuf encore jeune, il tient une boutique d’antiquités et s’adonne au surf. Cinq ans plus tôt, il a quitté le magazine Paris Flash, pour lequel il fut un des reporters attitrés. Le rédacteur en chef le contacte pour une étrange affaire criminelle. Au Val-Sans-Retour, dans la Forêt de Brocéliande, on a découvert le cadavre mutilé d’une jeune femme. Le corps de Clara Riopelle était crucifié sur l’Arbre d’Or, œuvre d’art symbolique. On a arrêté des suspects, les Sons of Gaël, un groupe dans la mouvance gothique black metal. Sur place, Marc entre en contact avec Katie Jeckson, photographe black originaire des Etats-Unis qui fut la première à prendre une série de clichés du cadavre. Elle suivait le Teknival organisé dans la région vannetaise quand le meurtre a été découvert.
Même si le reportage de Marc provoque quelques remous à la rédaction de Paris Flash, Katie Jeckson et lui poursuivent l’enquête. Ils recherchent d’autres faits divers similaires à travers le monde. Détail important, la victime doit avoir eu la langue tranchée, comme Clara. Certes, des cas mortels de mutilations sur des jeunes femmes, on en repère dans de nombreux pays. Mais l’affaire concernant une Israélienne tuée en Thaïlande semble quasiment identique à celle de la Forêt de Brocéliande. Le couple se rend sur l’île thaïlandaise où s’est déroulé le meurtre. Contre un peu d’argent, un policier local leur offre des détails et leur montre le lieu du crime. Les grandes soirées techno ne sont pas rares ici, telle cette Sexy Beach Party à laquelle assistent Marc et Katie. Ils n’y glanent guère d’indices. Médecin légiste retraité, Michel de Ray analyse le rapport d’autopsie de Clara. On a trouvé des traces de GHB, drogue du viol. Néanmoins, il pense que l’assassin a laissé une certaine lucidité à sa victime, pour l’entendre crier…
Variation sur le thème du serial killer, c’est par son contexte que l’histoire devient fort intéressante. L’univers de la musique techno, du “son” apprécié par les amateurs de rave-parties, des nuits festives animées par de prestigieux Djs, tout cela n’est probablement pas si familier pour la plupart des lecteurs. Ce type d’ambiances étant propice aux excès, on peut imaginer des dérapages criminels. Le tempo du récit avance à son rythme, sans précipitation mais sans temps mort. Les chapitres sont introduits par les Murder ballads de Nick Cave. Climat musical, mais l’auteur n’oublie pas le vécu des personnages, leur psychologie, lors de cette chasse au psychopathe qui les transporte à travers le monde.