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24 juin 2012 7 24 /06 /juin /2012 06:43

 

C’est aux éditions Flammarion que Michel Quint a publié en ce printemps 2012 un roman pour les jeunes lecteurs, Le comédien malgré lui. Il s’y inspire de l’œuvre de Molière, dans une histoire d’aujourd’hui…

Baptiste Février est jardinier de métier dans la région de Lille. Comédienne, sa petite amie vient de le quitter. Suite à un malentendu, Baptiste est engagé par Régine Destremaux, une veuve très riche et fort séduisante. QUINT-AdosElle lui propose un beau contrat, pas comme jardinier mais en tant que comédien. Ingrid, vingt ans, la fille de Régine, est étudiante en médecine. Depuis le décès de son père, qui avait fait fortune dans les médicaments et la chimie, Ingrid reste muette. Voilà six mois qu’elle ne parle plus, qu’elle s’est fermée au monde. La mission de Baptiste sera de lui faire recouvrer la parole, grâce à des cours de théâtre. La culture du jeune homme se résume aux légumes et aux plantes, il n’a aucune expérience artistique. Néanmoins, c’est bien payé et Régine est ravissante, donc il accepte. Il va s’inspirer des livres de théorie théâtrale de son ex-compagne.

Baptiste s’installe dès le lendemain au château du Lierre, chez Régine. Il pourra compter sur la sympathie de l’intendant Victor. Quant à la cuisinière Toinette, elle est plus sceptique. La mutique Ingrid est encore plus jolie que sa mère, malgré un air méfiant : Seuls ses yeux sont extrêmement mobiles, des yeux gris ardoise d’oiseau qui guette le danger. Le château dispose d’un petit théâtre privé. Pour commencer, Baptiste propose à son élève de jouer des rôles d’hommes. Ingrid se révèle excellente comédienne, expressive et douée, bien qu’elle ne parle pas… Le futur mari de Régine, Roland Vallet, est un prétentieux qui se présente comme cinéaste. Il évoque même un projet de film, dont Ingrid tiendrait le rôle principal. Baptiste se dit que Roland veut à la fois épouser la mère et avoir l’amour de la fille, ce qui le contrarie sérieusement. Pas confiance dans ce Roland.

Baptiste continue à chercher le meilleur moyen d’apprivoiser la jeune fille, qui ne se montre nullement hostile à son égard, mais conserve le silence. Il organise une visite à l’école de théâtre où son ex-compagne fut élève comédienne. Une façon de l’initier à l’atmosphère artistique. Au retour, Baptiste s’aperçoit qu’Ingrid est la légataire de son défunt père. Certes, il n’y connaît pas grand-chose. Mais quand l’avocat des Destremaux passe voir Régine, Baptiste sent un problème. Faut que je mette la zizanie dans la famille pour faire exploser ce rempart de faux-semblants et de mensonges se dit-il. La meilleure solution qu’il ait trouvée, c’est que tous ses proches participent à une scène de théâtre collective…

 

On ne répètera jamais assez que Michel Quint n’est pas seulement l’auteur de Effroyables jardins. Un immense succès, qui ne doit pas cacher les autres belles facettes de son talent. N’oublions pas qu’il a été récompensé par le Grand prix de Littérature policière en 1989, pour Billard à l’étage.

On aura compris que ce roman destiné aux collégiens est une version actualisée du Médecin malgré lui de Molière. Non pas une simple adaptation sous forme de roman, mais une histoire personnalisée par l’auteur. Étant attaché à sa région Nord-Pas-de-Calais, il situe l’action à Lille. Ancien enseignant titulaire d’une licence de Lettres classiques et d’une maîtrise d’études théâtrales, Michel Quint est évidemment à l’aise avec son sujet. Ce qui offre, outre la fluidité narrative, un certain humour au récit. Il y a même de l’action, avec une course poursuite sur les toits du château. C’est dire qu’on ne s’ennuie pas un instant avec cette intrigue. Encore une belle réussite de cet écrivain, un livre pour les jeunes… et les moins jeunes.

Du même auteur, mes chroniques sur "Close-up", "Les amants de Francfort", "La folie Verdier".

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23 juin 2012 6 23 /06 /juin /2012 07:47

 

Avis aux amateurs de nouvelles et de polars. POLARS-Monde"Une nouvelle inédite chaque jeudi" pendant treize semaines du 12 juillet au 4 octobre 2012, dans la collection "Les petits polars du Monde". Il s’agira de petit livres à 2 Euros, complémentaires au quotidien Le Monde (vendus séparément).

Des textes d’auteurs majeurs du polar : Didier Daeninckx (Les négatifs de la Canebière), Jean-Bernard Pouy (Ce crétin de Stendhal), Marc Villard (Tessa), Dominique Sylvain (Parfums d’été), Caryl Férey (Famille nucléaire), Alexandra Schwartzbrod (Momo), Chantal Pelletier (Crise de nerfs), Franck Thilliez (Le grand voyage), Michel Quint (Triste comme un enfant), Tito Topin (Un été 22), Marcus Malte (Les Indiens), Sylvie Granotier (Le temps égaré) et Pierre Pelot (Roman de gare).

Les illustrations des couvertures sont dues, également, à de grands noms (tel Loustal, pour le livre de Daeninckx). Belle initiative estivale ! Il ne reste plus aux passionnés qu’à réserver chaque jeudi leur exemplaire dans leur point de vente habituel, de mi-juillet à début octobre.

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22 juin 2012 5 22 /06 /juin /2012 05:34

 

Chez Actes Sud, Les damnés du back-office de Pablo Sánchez mêle noirceur et philosophie dans une histoire témoignant de notre époque.

Si César évolue dans le monde de la finance de l’Espagne actuelle, ce n’est pas à cause de l’appât du gain. Philosophe de formation, ce sont les stratégies faisant bouger ce milieu qui l’excitent. SANCHEZ-2012Sympathiser avec un conseiller atypique tel que Marcos Muñoz surnommé l’Anarchiste, aussi cultivé que lui, ça permet d’avoir un regard distancié sur le pouvoir et le rôle de l’argent. Exemple, le jeu de Marcos qui fait vendre et revendre un objet inutile, tout en gagnant de jolies sommes. Et puis, pas plus que César, Marcos n’est pas fasciné par leurs patrons respectifs. Le sien, Barrios, chef de la Fondation, est loin d’être admirable. Lezama, qui dirige la banque Trántor, le mentor de César, a eu naguère des ambitions politiques mais manquait encore de poids. Aujourd’hui, ses manipulations auprès des organismes internationaux restent mal compréhensibles. César est prudent à son égard.

L’agence Trántor de Barcelone est en crise. Avec ses onze employés, ce n’est pas la plus importante du groupe. Pourtant, question d’image, il faut vite y remédier. Lezama demande à César de remplacer là-bas Carvajal, le directeur dépassé par la situation. Le jeune cadre est conscient que ça va compliquer davantage ses rapports avec Eugenia, son épouse. Le cas de leur fils manquant, Jan, a creusé un fossé dans leur couple. Néanmoins, c’est bien ce genre de mission que César se sent capable de réussir. Certes, au téléphone, Carvajal se montre pessimiste. Une mauvaise ambiance règne dans l’agence de Barcelone. Celle qui aurait déclenché la sinistrose serait Yolanda Llorens, devenue folle, internée depuis. L’examen des CV montre à César qu’existe également un vrai problème de compétences. Sa capacité d’analyse sociale devrait lui offrir les bonnes solutions.

En arrivant dans la capitale catalane, César a déjà décidé d’agir comme Johan Cruyff. Le mythique entraîneur du Barça a su gérer cette équipe de foot afin d’en faire une des meilleures, César compte s’en inspirer. Aussitôt en place, assisté du comptable Alfredo, il licencie Betriu, le maillon faible de l’agence. Il serait logique qu’il évince aussi Sara, qui était l’amie de la folle Yolanda, dont l’ombre maléfique plane toujours sur l’agence. César a compris que Sara est intelligente, avec un fort potentiel mal exploité. Elle peut devenir son meilleur atout. Durant les quatre premiers mois, César poursuit ses ajustements. Non sans contrariétés persos, car Eugenia est devenue intime avec son collègue détesté Francesco. Si la situation de l’agence semble stabilisée, César doit lutter pour éviter l’échec final…

 

Il s’agit évidemment plutôt d’un roman sociologique que d’un pur polar. Pourtant, on pourrait y voir une illustration du milieu de la "criminalité en col blanc", aux activités financières masquées plus ou moins légales. Si cet univers est codifié, le respect des règles n’est que peu appliqué, comme l’ont prouvé des malversations et divers scandales autour des banques. Toutefois, l’auteur évite subtilement la démonstration caricaturale.

Son héros, César, garde des repères philosophiques face à l’argent et au pouvoir. Et il pense avoir un talent psychologique : Il faut savoir creuser avec dextérité dans l’écorce sociale (…) Je domine comme personne l’ingénierie sociale. Les entreprises sont pour moi des organismes transparents et jusqu’à un certain point simples; je détecte très vite leurs failles, leurs traumas, les prothèses dont-elles ont besoin. Je n’ai aucun mal à découvrir les intérêts humains. Insuffisant, car ce milieu est encore plus perverti qu’il ne le comprend. Son confrère Marcos Muñoz est, lui, un authentique cynique, au sens philosophique. Ce qui en fait un personnage marquant, pas du tout antipathique. Égratignant sévèrement le management, Pablo Sánchez nous raconte une histoire cruelle, ce qui la rend d’autant plus plausible. On n’est finalement pas très loin du roman noir, avec cet excellent titre.

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21 juin 2012 4 21 /06 /juin /2012 07:54

 

SIMENON-N1Georges Simenon reste évidemment un des auteurs majeurs de la littérature policière. Si l’offre est très complète autour de son œuvre en version livre-papier, elle s’élargit désormais à destination des amateurs de grands polars adeptes des liseuses et de l’Ipad, voici une belle initiative des éditions Omnibus. Depuis la mi-juin, une quarantaine de romans de Georges Simenon sont disponibles dans leur catalogue numérique. On en annonce une centaine d’autres d’ici la fin de l’année 2012.

 

Parmi les titres déjà présenté, notons des incontournables romans durs tels : Lettre à mon juge, Betty, L’horloger d’Everton, Les fiançailles de M.Hire, Les fantômes du chapelier, Le Président, Le chat, Le coup de lune, Trois chambres à Manhattan, Le train.

SIMENON-N2Bien sûr, le commissaire Maigret est présent dans ces versions numériques, avec entre autres : L’affaire Saint-Fiacre, Maigret à l’école, Le fou de Bergerac, Maigret et les témoins récalcitrants, M.Gallet décédé, Maigret et le clochard, etc.

 

Pour cette édition, les maquettes des couvertures ont été repensée, incluant la présentation d’origine. Un résumé permet d’introduire chaque roman, complété par la liste des principales adaptations télé et cinéma. Sans doute une excellente manière de redécouvrir Georges Simenon, pour les lecteurs adeptes de l'Ipad et des liseuses. 

Toutes les infos en cliquant ici.

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20 juin 2012 3 20 /06 /juin /2012 05:36

 

Dan Wells figure parmi les auteurs à suivre, notamment avec son deuxième titre, Mr Monster (Éd.Sonatine). Chez Pocket, on peut désormais redécouvrir en poche son premier roman, Je ne suis pas un serial killer.

WELLS-2012-PocketJohn Wayne Cleaver est un lycéen de quinze ans. Il habite Clayton County, une bourgade rurale et tranquille du Dakota du Nord. Avec sa tante Margaret, sa mère tient le funérarium local, activité généralement sans complication. Lauren Bacall, la sœur aînée de John, y est employée. Leur père Sam a abandonné la famille depuis longtemps. Garçon solitaire, John apprécie d’aider sa mère et sa tante aux préparations du funérarium. Il s’isole parfois près du Lac Marginal, comme il appelle Clayton Lake. Il fréquente peu d’amis, à part l’excentrique Max. John est fasciné par les tueurs en série, s’informant plus qu’il n’est normal à leur sujet. Ce qui a fini par inquiéter sa mère. Il suit maintenant une thérapie psy, chez le Dr Neblin. Conscient du risque de devenir un serial killer, John s’impose quelques règles de non-agressivité. Ce qui ne convainc pas complètement le médecin.

Dès qu’un premier meurtre est commis à Clayton County, John comprend que c’est l’œuvre d’un tueur en série. D’autant que personne n’avait de raison pour tuer Jeb Jolley. Quand on envoie son corps au funérarium, John est sûr que si un rein manque au cadavre, c’est déjà un signe. Si la mort ne t’était pas aussi familière, tu t’en porterait peut-être mieux estime sa mère, qui ne souhaite pas voir John s’exciter sur cette affaire. Pourtant, quelques temps plus tard, un deuxième crime comparable se produit. Le shérif affiche la prudence, faute d’éléments. Toutefois, il manque un bras au cadavre du fermier Dave Bird. L’important, ce n’est pas ce qu’il faut aux corps, c’est ce qu’il leur prend. Sortir toutes les tripes, c’était un simple moyen de trouver un rein, pas un rituel macabre… conclut John. Et puis, il y a ces taches de pétrole sur le sol, près des corps, un indice à ne pas négliger.

Au bal du lycée, pour Halloween, John grimé en clown se fait remarquer lorsqu’il menace subtilement l’arrogant Rob Anders. L’état mental de John n’empire pas, il a su contrôler ses pulsions. D’ailleurs, il reste attentif à ses proches, tel le vieux Mr Crowley et son épouse Kay. La troisième victime n’est autre que Ted Rask, le journaliste télé qui suivait la série de meurtres. John pense qu’il disposait de détails l’assassin, ce qui justifierait sa mort. Ce zonard qui rôde à Clayton County, John pourrait le suspecter. En réalité, c’est en surveillant l’inconnu que l’ado va identifier le criminel. Celui-ci va causer d’autres victimes. Dont Greg Olson, auquel il enlèvera l’estomac. C’est maintenant que le jeu devient dangereux, pour John, pour le Dr Neblin, ainsi que pour l’entourage du lycéen. Un combat mortel contre le monstre est engagé…

 

La grande habileté de Dan Wells consiste à nous présenter cette histoire dans un contexte de normalité. La mort plane sur une petite ville américaine ordinaire, peuplée de gens qui, longtemps, ne mesurent pas l’ambiance meurtrière. Parce qu’il est différent, obnubilé par les tueurs en série, peut-être susceptible de le devenir, le jeune héros est le seul capable d’intervenir. Il devra symboliquement détruire ce mur qui le sépare du monstre. Si John se considère dénué d’empathie, on en éprouve vite à son égard. Pour la simple raison que l’auteur n’oublie jamais qu’il fait parler (et vivre) un adolescent. Entre vie quotidienne, complexe de culpabilisation, colères parfois, enquête à risque et une belle part de témérité, John est un personnage complètement crédible. Sa maturité viendra s’il découvre un lien de sensibilité avec les autres. Quant à la forme du récit, on est entraîné par cette fluidité narrative percutante qui fait la qualité des très bons romans.

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19 juin 2012 2 19 /06 /juin /2012 07:14

 

Chaque mois de juillet, le rendez-vous du polar en Bretagne, c’est à Concarneau pour le festival Le Chien Jaune. Attention, il est programmé cette année plus tôt qu’à l’habitude. C’est du vendredi 6 au dimanche 8 juillet que l’on retrouvera auteurs et animations Quai d’Aiguillon, face à la ville close de Concarneau. Le thème de cette édition : "Voyage sans retour". La bibliothèque s’associe à l’évènement en présentant du 29 juin au 31 juillet une belle exposition intitulée "Trains du Mystère".

ChienJaune2012Dès le 5 juillet, soirée courts métrages SNCF au Centre des arts à Concarneau à 20h30. Sept courts métrages polars le temps d’une heure et demie -soirée gratuite ouverte à tous dans la limite des places disponibles. Cette sélection est le fruit d’une concertation d’un comité de professionnels passionnés de films courts, destinée à offrir au public le meilleur du genre et permettre à faire de ces auteurs encore peu connus les incontournables de demain.

Ouverture du festival le vendredi 6 juillet à partir de 10h.

Le Celtic train prendra les voyageurs costumés pour les convoyer au cocktail des voyageurs sous le chapiteau, Quai d’Aiguillon (cocktail du voyage sans retour à partir de 19h préparé par le Kitch). L’accès au cocktail sera ouvert aux personnes ayant un accessoire en lien avec le voyage ou ayant toute ressemblance avec Miss Marple, Sherlock Holmes, Docteur Watson, Fantômas, Sam Spad, Nestor Burma et autres enquêteurs des années 1920 aux années 1950.

Samedi 7 juillet : Le matin à 10h30 conférence à la bibliothèque Les fictions voyageuses à travers le globe, avec Caryl Ferey, Pascal Millet et Pascal Vatinel.

Le soir : concert de Jazz à 21h jusqu’à 23h30 sous le chapiteau (quai d’Aiguillon) Tribute to Gainsbourg. Samedi et dimanche, les auteurs seront présents sous le chapiteau du festival. Un wagon bar y sera mis en place pour le public. La compagnie du Chien jaune proposera un service de boissons et autres régalades aux voyageurs pendant les trois jours du trajet littéraire. Lors de ce voyage, vous pourrez rencontrer une trentaine d’auteurs jeunesse, adulte et bd édités par des maisons d’édition nationales et régionales (Le Rouergue, Fayard, Viviane Hamy, BD-music, Emmanuel Proust, Gallimard, Syros, Albin Michel, Liv’éditions, Alain Bargain éditions, Editions des Ragosses, Editions du Coprin, Terre de Brume, Coop Breizh, XYZ éditions, etc).

Parmi les auteurs annoncés : Caryl Férey, Antonin Varenne, Olivier Berlion (BD), Pascal Mllet, Renaud Marhic, Pascal Vatinel, Jean-Paul Le Denmat, Louarnig Gwaskell, Michel Demars, Alain Jégou, Olivier Thomas (BD), Jeanne Desaubry, Firmin Le Bourhis, Hervé Commère, Elisa Vix, Serge Le Gall, Jean-Pierre Bathany, Françoise Le Mer, Jean-Marc Perret, Michèle Corfdir, Sandra Martineau, Blÿnt (BD), Françoise Pasquani, Philippe Deblaise, Stéphane Jaffrézic…

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18 juin 2012 1 18 /06 /juin /2012 06:55

 

Chez l’Archipel, Ne tremble pas est le deuxième titre de Peter Leonard. Coup d’œil sur ce roman réjouissant…

LEONARD-2012Owen McCall a été une gloire de la NASCAR, un pro du stock-car, ce qui fit sa fortune. Il était marié à Kate depuis seize ans, avec qui il avait un fils de cet âge, Luke. Blonde aux yeux bleus, son épouse fit aussi preuve d’intrépidité par le passé. Son séjour au Guatemala fut émaillé d’aventures à hauts risques. Sans doute est-ce cette témérité en commun qui en fit un couple solide. À 49 ans, Owen McCall vient de mourir, suite à un accident de chasse. C’est son fils Luke qui a tiré cette maudite flèche mortelle. Depuis, le jeune homme est dépressif, limite suicidaire, conscient qu’il est de sa douloureuse responsabilité. Kate hérite de vingt millions de dollars, jolie somme qui sera gérée par Dick May, l’avocat et ami d’Owen. Elle s’inquiète de la santé morale de son fils, en particulier quand il a des ennuis après une sérieuse alcoolémie. Mais il faudra bien tourner la page.

Jack Curran est un repris de justice. Il vient de passer trente-huit mois en prison, dans l’Arizona. Se prétendant assagi grâce à la religion, Jack a bénéficié d’une remise de peine en semi-liberté. Puis il a rejoint sa sœur Jodie à Détroit. Ce n’est pas exactement par hasard que Jack renoue avec Kate McCall, qu’il sait veuve et riche. Si elle reste attirée par son ex-petit ami du temps de leur adolescence, qui lui rendit service pour sortir une amie du Guatemala, Kate est réaliste. Jack est un type sans grande envergure, qui aura toujours la poisse. Celui-ci avait des complices, pour le braquage qui l’a conduit en tôle. Dejuan, un Noir, qui accepte de jouer au tueur à gages. Récemment, un Mormon l’a engagé pour supprimer sa femme. Mais l’épouse payait mieux. Autre complice, Teddy, qui a connu Owen McCall par le passé. Il forme un duo avec Céleste, une Blanche aryenne, pas moins dangereuse que lui.

Sa planque ayant été détruite, Jack n’a plus les 257.000 dollars du butin, que lui réclament aujourd’hui ses ex-complices. Mais il leur reste la solution d’approcher Kate McCall et son pactole. La méthode douce étant sans succès, les truands vont probablement devoir passer à la manière forte, entre menaces et violence. C’est ignorer que Luke a besoin de se racheter. Et que Kate dispose d’alliés efficaces, tel cet Indien nommé Johnny Crow. Carnage en perspective…

 

Avec N’ayez crainte” (disponible chez Pocket), son premier titre publié en français, Peter Leonard nous avait déjà largement convaincus. Oui, le fils du mythique Elmore Leonard était à la hauteur. Ne tremble pas confirme à merveille son réel talent dans la comédie noire à suspense. Dans ce genre d’histoire, on se doit d’éviter le caricatural ou le théâtral. C’est justement le point fort de ce roman, qui dépeint des personnages certes chargés, pour autant quand même crédibles. Jack est un loser, tout en étant capable de ruse et d’initiative. Luke est dépressif car fautif, mais on sent qu’il peut réagir. Notons de savoureuses scènes, avec le couple Teddy et Céleste, si mal assorti. Quant à Kate, c’est loin d’être une faible femme dont le veuvage ferait une proie facile. On s’amuse beaucoup à la lecture des faits et méfaits de ce groupe de personnes, qui se dirigent vers un dénouement plutôt agité. C’est palpitant à souhaits, on en redemande !

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12 juin 2012 2 12 /06 /juin /2012 06:00

 

Le nouveau roman d’Alain Emery, publié chez Ouest et Compagnie, est intitulé Ouragan sur le cairn. Encore un polar breton ? Non, un vrai suspense de très belle qualité.

Âgé de soixante-cinq ans, Coste s’occupe de chevaux dans sa propriété de l’ouest de la France. Il est assisté par l’Apache, son protégé, un solitaire quadragénaire qui le vénère depuis longtemps. Veuf, Coste a perdu sa fille Lisa (Elisabeth) vingt-cinq ans plus tôt. EMERY-2012Si les Français se souviennent de la tempête de décembre 1999, les Bretons savent que l’ouragan d’octobre 1987 fut bien plus destructeur. Lisa avait vingt ans. Avec son compagnon Antoine, ils ont péri sur un voilier cette nuit-là, du 15 au 16 octobre. Ils venaient de quitter le port de Concarneau. Un quart de siècle plus tard, Coste découvre une photo de janvier 1988 prouvant que sa fille était encore en vie. Pour la gendarmerie, l’affaire est définitivement close. Coste fait de nouveau appel au détective Murène, qu’il avait engagé au sujet de la fugue de Lisa. De son côté, il mène sa propre enquête.

À Concarneau, le vieux Caplan se souvient d’avoir vu partir le voilier. Il apprend à Coste que sa fille était enceinte. C’est près du Golfe du Morbihan que le couple passa le printemps et l’été 1987. Sur place, Coste interroge les témoins qui ont connu Antoine. L’un deux, un marin appelé Manu, s’avère plutôt fuyant. On parle d’un jeune homme surnommé Milord, qui dépensa beaucoup pour épater le monde à cette période. Parmi ses amis, se trouvaient Antoine et Manu. Jacques Arland (Milord) était le fils d’une famille bourgeoise de Bénodet. C’est à lui qu’appartenait le voilier Harar, sur lequel Lisa et Antoine ont disparu. Mme Arland se montra après le drame d’une discrétion qui pousse aujourd’hui Coste à se poser des questions. Il ira la rencontrer dans le Finistère.

Coste s’intéresse à Dolorès, qui tenait vingt-cinq ans auparavant un bar de nuit fréquenté par ces jeunes gens. De son côté, le détective Murène ne reste pas inactif, fouillant dans les moindres détails de cette vieille affaire. Après des appels téléphoniques anonymes ou menaçant, l’Apache a des raisons de s’inquiéter. La propriété de Coste est bientôt ciblée par des incendiaires. Difficile de faire face à un ennemi fantomatique, mais l’Apache s’y emploie. Un ancien gendarme, qui habite désormais sur l’île de Bréhat, se souvient fort bien de cet été 1987, riche en mauvais coups assortis de violences autour du Golfe du Morbihan. Coste revient trop tard pour interroger le fameux Manu. Néanmoins, le détective Murène pense avoir trouvé la piste de leur principal adversaire. Encore que Coste et ses alliés soient loin de la vérité…

 

Ah, qu’il est agréable de lire un authentique polar, un vrai roman d’enquête. Rien de formaté, ni de linéaire dans cette histoire. Pas de mélo se cachant derrière une intrigue à suspense, non plus. Des êtres humains, aux portraits finement ciselés. Un fait divers, qui mérite sûrement une nouvelle explication. Des investigations, pleines de surprises et de danger. Pourquoi tout est-il crédible, non seulement les décors parfaitement dessinés ? Parce que l’épisode de référence, cet ouragan de 1987 presque ignoré des médias nationaux, fut une catastrophe en Bretagne. On le perçoit dans le récit, qui extrapole une possible conséquence mortelle. Ceux qui l’ont vécu savent que le drame était présent sur toute une région, cette nuit-là, en particulier du sud-Finistère au Golfe du Morbihan.

Par ailleurs, soulignons l’habileté de l’auteur dans la construction de ce roman. Le présent narratif, le passé et ses témoignages, le journal de l’Apache, et la progression tendue nous captivent sans aucun temps mort. Le talent d’Alain Emery ne fait aucun doute pour ceux qui ont découvert ses nouvelles et ses romans depuis plusieurs années. L’auteur reste modeste, c’est une qualité. Pourtant, il mérite le plus grand nombre de lecteurs, c’est une certitude. Merci Alain, pour ce nouveau roman passionnant. [Le site de l'éditeur, ici ]

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