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14 juillet 2012 6 14 /07 /juillet /2012 05:37

 

Né en juin 1939 à Barcelone, décédé en octobre 2003, Manuel Vázquez Montalbán fut un écrivain espagnol majeur. Si son œuvre est riche, incluant des romans de forme classique, c’est probablement grâce au personnage de Pepe Carvalho qu’il a acquis une notoriété internationale. Ayant connu une vie politique militante et tourmentée, Pepe Carvalho devient détective privé à Barcelone. “Il avait trente ans, il était grand, brun, il s’habillait cher, chez un tailleur des beaux quartiers, pourtant, il y avait dans son apparence quelque chose d’un peu négligé; et il aimait par-dessus tout se balader tranquille, entre les étals de la Boquería, chaque fois qu’il abandonnait le domaine de Charo pour reprendre le chemin de sa tanière, là-haut, sur les flancs de la montagne qui dominait la ville” nous dit un portrait tiré du roman “Tatouage”. En sachant qu’il vieillit au fil de la série.

MONTALBAN-2012Outre son activité de détective, Pepe Carvalho est aussi vrai gastronome et fin cuisinier. Un bon repas est l’occasion pour lui de brûler un livre. Autour de Pepe Carvalho, Biscuter est son homme à tout faire rencontré dans les prisons de Lerida, et puis le cireur de chaussures Bromure est son indicateur attitré. Il faut également citer sa maîtresse Charo, une prostituée au caractère indépendant. Ces romans ne sont pas de simples enquêtes, car le contexte est essentiel. D’abord, ces polars ont (en grande partie) pour décor la ville de Barcelone d’avant les Jeux Olympiques, au temps où la capitale catalane conservait des quartiers typiques. Surtout, il s’agissait pour Manuel Vázquez Montalbán de présenter des aspects sociopolitiques, historiques et culturels de l'Espagne, du franquisme jusqu’à la fin du 20e siècle. Toutefois, si les faits ont des racines politiques et sociales, ces intrigues sont racontées avec une belle fluidité, non sans un certain humour.

Pepe Carvalho est aujourd’hui de retour dans un premier recueil réunissant trois titres : “Tatouage”, “Les Mers du Sud”, “Meurtre au Comité central”. Cette co-édition Seuil-Christian Bourgois est une belle occasion de (re)découvrir l’univers de ce héros emblématique. On est rapidement immergés dans ces aventures car, dès la première enquête, le détective est engagé par le mari d’une coiffeuse afin de découvrir la vérité sur la mort d’un homme retrouvé sur une plage. Sur le dos de la victime, une énigmatique formule est tatouée : "Né pour révolutionner l’enfer". Une phrase extraite d’une vieille chanson… Une lecture qui permet de retenir ce qui reste un témoignage sur une époque. D’ailleurs, les noms des partis et institutions politiques nous sont précisés hors-texte, c’est bien utile.

En post-face, il faut lire l’un des derniers entretiens entre Manuel Vázquez Montalbán et sa traductrice Michèle Gazier, datant de fin mai 2002. L’auteur y évoque l’écriture, son héros, mais aussi la marche du monde. Comme Frédéric Dard qui a si souvent tenté de faire comprendre qu’il n’était pas si simple d’élaborer un San-Antonio, Manuel Vázquez Montalbán s’explique à ce sujet : “Il m’est bien plus difficile d’écrire un Carvalho qu’un autre roman, en apparence plus complexe dans sa structure. Car il est autrement compliqué de composer un roman linéaire qui ne soit ni rhétorique, ni redondant, comme doit l’être un Carvalho. Il est vraiment difficile de partager un roman avec un personnage, sans que le lecteur s’aperçoive du divorce entre le personnage et l’auteur, qui se lasse peut-être de lui et aimerait faire autre chose. [Un roman complexe, c’est de la technique] Il est beaucoup plus ardu et subtil d’écrire un Carvalho qui est, lui, une vérité littéraire.” Pour les amateurs de romans noirs, lire et relire les enquêtes de Pepe Carvalho est toujours un excitant plaisir.

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13 juillet 2012 5 13 /07 /juillet /2012 05:31

 

C’est un héros que l’on aime, l’éternel Arsène Lupin, archétype du personnage de gentleman cambrioleur. Il fut créé en 1905 par Maurice Leblanc pour le journal Je sais tout, dans L'Arrestation d'Arsène Lupin, bientôt suivi d’autres nouvelles qui seront publiées en volume et connaîtront un grand succès. Jusqu'à la fin des années 1930, on retrouvera ce héros dans 813, Arsène Lupin contre Herlock Sholmès, L’aiguille creuse, La comtesse de Cagliostro, Le bouchon de cristal, Les huit coups de l’horloge et bien d’autres titres passionnants.

DE COME-2012Bon nombre d’études ont été consacrées à Arsène Lupin, toutes très documentées sur l’univers de ce personnage aussi marquant que le commissaire Maigret, Sherlock Holmes, ou Hercule Poirot. Pour le soixante-dixième anniversaire de la mort de Maurice Leblanc, Philippe de Côme rend hommage à ce sympathique héros de la littérature populaire, dans Arsène Lupin de A à Z (Pascal Galodé Éditeurs). Il nous rappelle d’abord les origines familiales et les influences de Maurice Leblanc. Puis vient une chronologie de la vie d’Arsène Lupin. On souligne ensuite que l’art du déguisement et l’utilisation de multiples pseudonymes furent les grandes spécialités de celui qui cambriolait sans violence. Après avoir détaillé ses noms d’emprunt, c’est avec autant de précisions la liste des femmes qu’il croise dans ses aventures qu’on nous propose.

Les affaires dont Arsène Lupin est le héros sont également liées aux lieux, et à leur contexte. C’est ainsi qu’est dressée la liste des rues de Paris où le gentleman cambrioleur a habité et œuvré. Plus loin, on trouvera les villes de la saga lupinienne, d’Étretat à Baden-Baden, de Chartres à l’abbaye de Valmont. D’autres auteurs sont recensés, qui ont également créé des personnages de gentlemen cambrioleurs : Lawrence Block, John Creasey, E.W.Hornung, Edgar Wallace, etc. Il était évident qu’Arsène Lupin deviendrait rapidement aussi un héros de cinéma. D’ailleurs, la première adaptation américaine date de 1908. Suivront des films français, américains, anglais, et même un film mexicain en 1947 et plusieurs adaptations japonaises. La dernière version française date de 2004, film d’Édouard Molinaro avec Romain Duris et la splendide Kristin Scott Thomas.

À partir de 1971, c’est la télévision qui va relancer la popularité d’Arsène Lupin. Tous les épisodes sont recensées, avec moult détails sur le synopsis et les personnages, ainsi que d’insolites anecdotes. Si Georges Descrières s’était approprié l’identité d’Arsène Lupin, ce rôle fut aussi tenu avec autant de talent par François Dunoyer et Jean-Claude Brialy. On pourrait regretter que l’auteur oublie les nouvelles aventures d’Arsène Lupin écrites par Boileau-Narcejac dans les années 1970; et discuter de la disposition de certains chapitres. Peu importe, voilà une nouvelle étude très intéressante, permettant une approche de bon aloi. Les générations de lecteurs passent, mais ce diable d’Arsène Lupin reste immortel et fascinant pour tous.

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12 juillet 2012 4 12 /07 /juillet /2012 05:33

 

Publié chez Tabou Éditions, Les Souliers de Satan de Nadine Monfils se classe parmi les érotiques. Cette histoire à épisodes autour d’une héroïne très singulière ne manque pas de charme…

Follandine est une jeune femme, aussi belle qu’il vous plaira de l’imaginer. Son amant se prénomme Gabriel, plutôt ange noir que protecteur bienveillant. MONFILS-2012-TabouTous deux vivent une relation étrange, passionnée. Je n’étais pas faite pour des eaux tranquilles et toi, tu n’es ni fleuve ni mer sauvage, tu es tourbillon et quand on se sent pris dans tes ondes, il est déjà trop tard. Inutile de nager, il faut se laisser entraîner en s’abandonnant totalement. Follandine explique : À lui tout seul, mon compagnon m’offre un univers de délices et d’horreurs, de murmures et de cris, de caresses à bout de griffes, et de mots tantôt claques, tantôt velours. Elle précise encore : Je ne peux me contenter ni d’à peu près ni d’ersatz. Je veux de l’absolu ou rien. Une vie intense, avec des surprises permanentes, et mille excès amoureux consentis. Masochiste ? Sans doute. Je ne peux vivre la passion sans ses extravagances résumera finalement Follandine.

La propriété de Gabriel pourrait être un grand jardin fortifié, dans lequel des ados attendent le bon plaisir du maître des lieux. Assisté de l’éphèbe Athanatos, il improvise des jeux cruels entre ces jeunes, d’autres jeux qui sont aussi punitions pour Follandine. Ou bien Gabriel lui donne-t-il un improbable rendez-vous, avant un voyage de rêve, où ils prendront un autostoppeur, percuteront un cycliste et une dame au chien. Dans un cimetière des trains, Follandine croise un contrôleur fantomatique avec son miroir brisé, assassin anonyme. Après avoir été adoptée par Gourgandine, une pute amputée, Follandine rencontre avec Gabriel, dans un vrai train, un homme possédant une curieuse main articulée. Le couple débarque quand la Rue-aux-folles, où chaque maison recèle des personnages mystérieux. Entre Raoul le marin en petit costume, une jeune couple modèle, et un zombie photographe, un quartier aussi insolite qu’excitant.

Les expériences de Follandine et Gabriel se poursuivent, toujours plus incroyables ou sinistres. Côtoyer un rat, passer devant un homme à la tête presque coupée, se perdre dans une ville souterraine aux trottoirs jonchés de bras et de jambes, s’inviter dans un cinéma où le port de la petite culotte est interdit et puni, telles sont quelques-unes de étapes initiatiques décidées pour Follandine. Elle va aussi connaître Nathanaël, l’enfant libre et sensuel. Tant de choses à vivre entre rêve et réalité. Enfin, peut-être qu’un jour, il sera temps de s’éloigner : Nous allons partir vers le Désert des Tartares, vers l’envol et le délire. Avant cela, nous irons enterrer nos souvenirs à Bruges… Laisser derrière soi le passé, continuer dans la passion, le seul programme qui convienne à Folandine et Gabriel…

 

Nadine Monfils est auteure de polars, probablement une des plus originales qu’on puisse lire. Prix «Polar 2007» au Salon «Polar&Co» de Cognac pour "Babylone Dream", Prix littéraire des lycéens et apprentis de Bourgogne 2009 pour "Nickel Blues", Prix de la ville de Limoges 2010 pour "Coco givrée", créatrice de la série des enquêtes du commissaire Léon (le flic qui tricote) actuellement rééditée aux éditions Belfond, elle a publié deux grand succès en 2011 "Les vacances d’un serial killer" et en 2012 "La petite fêlée aux allumettes".

Nadine Monfils écrit donc aussi des livres érotiques. Qu’il vaut mieux qualifier d’histoires fantasmagoriques. En témoigne ce passage : Nous pénétrons dans une vaste pièce blanche aux murs nus. Au milieu, un immense livre en relief est couché sur un plateau tournant. Je t’aide à l’ouvrir. Chaque page dépliée dévoile tout un univers, et tu laisses à l’adolescent le choix d’entrer où il veut. Loin d’une basse pornographie, c’est une écriture raffinée et imaginative qui nous est proposée. Rêve ou cauchemar ne font qu’un dans cette suite d’aventures, où la passion est omniprésente. Le lecteur est ici à la fois complice troublé et spectateur souriant. Voilà une autre sympathique facette de Nadine Monfils, à découvrir sans complexe.

 

Publié en 2008 chez La Musardine, "Le bal du Diable" est un autre érotique de Nadine Monfils, qui ne manque pas non plus d'une belle fantaisie.MONFILS-2008

Malgré son air enfantin, Nina de Pertuis est une fieffée coquine. Quand elle s’amuse à faire la pute, ça lui vaut parfois quelques désagréments. Ses parents vont y mettre bon ordre en obligeant Nina à épouser un vieux comte. La jeune femme s’avoue subjuguée par cet homme, troublée par son regard. Les préparatifs du mariage sont assez excitants pour Nina. Après la cérémonie, le couple voyage dans la Rolls-Royce du comte, jusqu’au château de celui-ci. L’accueil n’est pas si gai, Nina devant subir des examens médicaux. Une experte en parfums, puis l’habilleuse, puis la coiffeuse, préparent la jeune mariée au goût du comte. C’est l’heure de leur première relation sexuelle.

 

Le mari s’est aperçu que, contrairement à ce qu’il croyait, Nina n’était pas vierge. Furieux, le comte séquestre Nina. Finalement, elle ne pourra sortir qu’escortée d’un majordome. Ce qui n’empêche pas Nina de ruser, et de rencontrer un vieux bonhomme caché dans le château. Le comte estime que son épouse est beaucoup trop curieuse, et la fait enfermer dans une geôle. Où Nina a de curieux rapports avec son fantomatique voisin aussi emprisonné. Quand elle est reconduite à sa chambre, la jeune femme ne songe qu’à fuir. Par les sous-sols, ça semble la meilleure solution. C’est ainsi qu’elle découvre que s’y déroule un étrange spectacle de cirque, aux numéros cruels. Nina se sait traquée par les gardes du comte, qui sera sans pitié si on la retrouve. Entre les cellules où vivent des phénomènes de foires et des boutiques fétichistes, un drôle de parcours l'attend...

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10 juillet 2012 2 10 /07 /juillet /2012 16:45

 

GPLP1Le 64e Grand prix de Littérature policière sera décerné le mardi 25 septembre 2012. Dès aujourd’hui, on connaît la sélection officielle, vingt-quatre titres ont été retenus, dont huit romans français et seize romans étrangers.

 

ROMANS FRANÇAIS :

- POUY, Jean-Bernard : Samedi 14 - Ed.La Branche, 2011

 - MADANI, Karim : Le jour du fléau - Gallimard, 2011

- NEUSER, Maria : Je tue les enfants français - L’Ecailler, 2011

- SANTAKI, Rachid : Des chiffres et des litres - Moisson rouge-Alvik, 2012

- BUSSI, Michel : Un avion sans aile - Presses de la Cité, 2012

- SALAME, Barouk : Une guerre de génies, de héros et de lâches –Rivages, 2012

- NIEL, Colin : Les hamacs de carton - Rouergue/Noir, 2012

- MISKE, Karim : Arab jazz - Viviane Hamy (Chemins nocturnes), 2012GPLP3

 

ROMANS ETRANGERS :

- SALEM, Carlos : Je reste roi d’Espagne - Actes noirs, 2011

- SIEGEL, James : Storyteller – Le Cherche Midi, 2012

- ARBOL, Victor del : La tristesse du samouraï - Actes Sud (Actes noirs), 2012

- LATYNINA, Julia : Gangrène - Actes Sud (Actes noirs), 2012

- POLLOCK, Donald. Ray : Le diable, tout le temps - Albin Michel (Terres d’Amérique), 2012

- CAMILLIERI, Andrea : Le champ du potier - Fleuve noir, 2012

- PASTOR, Marc : La mauvaise femme. - J.Chambon (Roman policier), 2012

- ROTTELA, Sebastian : Triple crossing - L.Levi (Policier), 2012

- JAMES, Bill : Questions d’éthique - Rivages (Rivages/Noir), 2011

GPLP4- MALLO, Ernesto : Un voyou argentin - Rivages, 2012

 - NEVILLE, Stuart : Les fantômes de Belfast – Rivages, 2011

- TEMPLE, Peter : Vérité – Rivages (Rivages/Thriller) 2012 

- COOK Thomas : Au lieu-dit Noir Etang – Seuil (Seuil/Policiers), 2012

- FERRARI, Kike : De loin on dirait des mouches - Moisson rouge-Alvik, 2012

- URIBE, Willy : Le prix de mon père – Rivages, 2011

- FALDBAKKEN, Knut : Gel nocturne – Seuil (Seuil/Policiers), 2012

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9 juillet 2012 1 09 /07 /juillet /2012 05:25

 

Megan Abbott nous a séduit avec ses premiers titres : Absente, Adieu Gloria, et Red Room Lounge. Cette fois, il ne s’agit plus d’une histoire rappelant les romans noirs des années 1950. D’un autre style, La fin de l’innocence est un remarquable suspense psychologique.

ABBOTT-2012jclÂgée de treize ans, Lizzie vit avec son frère Ted et leur mère divorcée. Evie Verver est sa voisine, du même âge. Non seulement les deux ados sont dans la même classe, mais elle entretiennent une relation fusionnelle. Elles ne font qu’une, se partageant leurs secrets et leurs vêtements. Bien qu’encore peu féminines, Lizzie et Evie ne sont pas insensibles aux garçons. Lizzie passe beaucoup de temps chez les Verver, cette famille idéale. Dusty, la sœur aînée d’Evie, a dix-sept ans. C’est une jeune fille sportive, pratiquant le hockey, dont la séduction fascine les deux filles. Infirmière, Mme Verver est aujourd’hui une femme plutôt effacée. Lizzie se souvient qu’elle montrait naguère plus de fantaisie. Par contre, M.Verver est un homme merveilleux, aux yeux de Lizzie. Patient et chaleureux, il est très complice avec Dusty, autant qu’attentif vis-à-vis d’Evie et de son amie.

C’est le printemps, vers la fin de l’année scolaire. Le jour où Evie disparaît, Lizzie est la dernière à lui avoir parlé. La police recherche immédiatement l’adolescente. La rumeur locale évoque une précédente disparition, parle d’un tueur rôdant dans la région. Dusty et la mère d’Evie sont sous le choc. Lizzie s’efforce de rester proche de M.Verver. Quand elle se souvient que son amie pensait qu’un inconnu surveillait sa fenêtre de chambre, Lizzie suggère cette piste à M.Verver. Il y avait bien une voiture couleur bordeaux qu’elle a repéré peu avant la disparition d’Evie. Peut-être celle d’Harold Shaw, l’agent d’assurance. Tant que rien n’est sûr, il faut rester prudent dans les accusations. Néanmoins, M.Shaw n’est pas rentré chez lui. Une perquisition à son domicile ne donne pas les preuves espérées par Lizzie et ses copines de lycée. Mme Shaw pense que son mari a trouvé refuge au Canada.

Une vieille dame aurait vu une ado plonger habillée dans un lac voisin, où des recherches sont menées. Lizzie tient à sa propre version, impliquant M.Shaw. Un détail précis lui permet de découvrir des indices importants. Pourtant, elle doit quelque peu manipuler ces preuves pour que, grâce à M.Verver, l’enquête soit orientée dans la bonne direction. Tandis que le FBI cherche autour de la frontière canadienne, Lizzie finit par admettre la mort possible de son amie. Les derniers temps, n’étaient-elles pas un peu moins complices ? Evie m’échappe, se dit Lizzie. La nervosité dépressive de Mme Verver et de Dusty n’empêchent pas l’ado de continuer son enquête parallèle, pour conserver sa relation avec le père d’Evie. Alors qu’elle tente une fouille clandestine nocturne chez M.Shaw, c’est le fils de celui-ci qui va l’aider à faire progresser les investigations policières…

 

Le contexte est plutôt actuel, encore que le sujet apparaisse intemporel. Maîtriser un véritable suspense psychologique n’est pas si simple, surtout quand l’auteure doit se mettre dans la tête d’une enfant de treize ans. C’est justement ici l’atout majeur. Car Megan Abbott ne nous présente pas une petite adulte, mais bien une adolescente, avec sa vie scolaire et familiale, son amitié forte pour sa jeune voisine, l’imaginaire de son âge, et son attirance pour la maturité tranquille du père d’Evie. Lizzie ressent le besoin de comprendre, au-delà de la disparition de sa copine.

Une affaire qui progresse donc surtout grâce aux trouvailles de Lizzie. L’intrigue semblerait assez simple, mais il faut compter avec les portraits subtils des personnages. Par exemple, si le jeune Pete Shaw aide l’ado à pister son père, ça répond à de fins motifs. Quelques scènes vécues par les deux amies suggèrent des nuances dans l’image idéale des Verver. Belle virtuosité narrative, pour un suspense de haute qualité. C’est différent de ce que l’on connaît déjà de Megan Abbott, mais tout autant convaincant.

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8 juillet 2012 7 08 /07 /juillet /2012 08:12

 

Un rendez-vous à noter dès maintenant pour tous les nordistes amateurs de romans : le Salon du polar de Templemars 2012, le 29 septembre.

Cette année, un évènement à ne pas manquer le vendredi 28 septembre à 19h (salle Robert Blézel). Stéphane Bourgoin, spécialiste mondial des tueurs en série, présente une conférence-débat. Templemars2012Depuis 1979, l’écrivain et criminologue Stéphane Bourgoin a parcouru le monde entier pour interroger plus de de 70 tueurs en série dont Gerard Schaefer, Ed Kemper, Ottis Toole, Stewart Wilken, Brian Rosenfeld, Joseph Baldi, Elmer Wayne Henley. Il étudie leur comportement et leur façon de penser de manière à mieux les combattre.

De ces entretiens sont nés de nombreux ouvrages, parmi lesquels Serial killers - Enquête mondiale sur les tueurs en série, publié chez Grasset. Stéphane Bourgoin est co-directeur de l'Unité de sciences du comportement du Centre international de sciences criminelles de Paris. Il est également auteur de plusieurs dizaines de documentaires pour la télévision française, conférencier et directeur de collections de romans policiers & fantastiques et aussi libraire.

 

Le samedi 29 septembre toute la journée : rencontre avec une cinquantaine d’auteurs de polars, Espace Noël Dejonghe, 6 rue Jules Guesde à Templemars – Nord.

Richard Albisser, Jean Pierre Bocquet, Michel Bouvier, Estelle et Richard Brichet, Maryse Cherruel, Lucienne Cluytens, Paul Colize, Valéry Coquant, Philippe Declerck, Dirk Degraeve, Roger Delaporte, Jean-Marc Demetz, Claire Favan, Martine Festas, Jean Paul Fosset, Maxime Gillio, Fabien Herisson, Léo Lapointe, Jérôme Leroy, Jean-Christophe Macquet, Sandra Martineau, Philippe Masselot, Patrick Morel, Michael Moslonka, John-Éric Nielsen, José Noce, Max Obione, Lionel Olivier, Gaëlle Perrin, Éléna Piacentini, Jean Bernard Pouy, Laura Sadowski, Hervé Sard, Jacques Saussey, Fredéric Silva, Claude Soloy, Emmanuel Sys, Franck Thilliez, Annick Turpin, Claude Vasseur, Patrick Samuel Vast, Marie Vindy, Luc Watteau, J. Wouters.

 Plus d’infos, cliquez ici.

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7 juillet 2012 6 07 /07 /juillet /2012 07:17

 

INDIC-12Si vous souffrez de nyctophobie, ne lisez surtout pas de polars la nuit. Si c’est un cas d’achluophobie, évitez les romans noirs. Mais si vous n’avez peur de rien, ni de personne, vous pouvez tranquillement lire le n°12 de L’Indic. Car tel est le thème du dossier de ce nouveau numéro : le polar et la peur. Du suspense psychologique au thriller plus ou moins effrayant, en passant par Stephen King ou Hitchcock, quelques aspects de la peur en fictions sont ici traités.

Par ailleurs, les deux éminents traducteurs que sont Pierre Bondil et Jean-Paul Gratias échangent leur expérience et leurs sentiments sur l’art de la traduction. Les illogismes et autres révisions de formules dépassées (ou de vieil argot) leur donnent parfois quelques soucis. La rubrique Verdict concerne des romans de Pete Dexter, Eric Debeir, John Burnside, Ludo Sterman, Ross Macdonald, William Irish, José Carlos Somoza, Pascal Dessaint et Éric Maneval. Comme toujours, la musique est présente dans cet Indic n°12.

Intéressant dossier aussi, réalisé par des lycéens autour des métiers en lien avec le polar. Une avocat, un agent de recherches (détective privé), un gendarme, un psychiatre, etc. répondent à leurs questions. Il s’agit bien sûr d’orientation professionnelle, mais ces métiers apparaissent effectivement dans les intrigues policières. Bien sûr, d’autres articles restent à découvrir dans ce numéro estival. On se renseigne aux adresses ci-dessous.

Fondu Au Noir - 2 rue Marcel Sembat - 44100 NANTES

fonduaunoir44@gmail.com - Tel. 02 40 34 72 35

ou sur leur site, ici.

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5 juillet 2012 4 05 /07 /juillet /2012 05:22

 

Les Éditions Jacqueline Chambon nous proposent un roman noir d’une indéniable originalité, La mauvaise femme de Marc Pastor.

PASTOR-2012Vers 1917, Moisès Corvo est policier à Barcelone. Mal marié, il passe le plus clair de son temps dans les quartiers miteux de la ville. Il traîne entre les prostituées et les bars, l’imprimerie de son frère Antoni et le cinéma Napoleón où il a droit à des séances spéciales. Corvo n’est guère apprécié de sa hiérarchie, ni de certains de ses collègues, tel l’inspecteur Buenaventura Sánchez, du genre flic parfait. Il enquête généralement avec le policier Juan Malsano, tous deux s’entendant assez bien. Le meurtre en pleine rue d’un traîne-patin appelé Le Borgne n’est pas une affaire de grande importance. Pourtant, il porte des traces de morsures, que l’on pourrait attribuer à quelque monstre. À l’autopsie, il est impossible de déterminer quelle est l’arme du crime. Le Borgne et son jeune complice Bocanegra étaient employés par un médecin, pour lequel ils volaient des cadavres.

Corvo et Malsano ne tardent pas à retrouver le Docteur von Baumgarten. S’il ignore les causes de la mort du Borgne, l’Autrichien ne nie pas le trafic de cadavres. Il s’agit d’expériences scientifiques. Son étude des monstres humains doit aller plus loin que celle du Pr Lombroso, basée sur un échantillon trop restreint. Le médecin ne déplait pas à Corvo, mais peut s’avérer suspect. Le duo de policiers à vite repéré Bocanegra, qu’ils bousculent pour l’obliger à parler. Le jeune homme accuse trois Nègres de la mort du Borgne, affirmant qu’ils pratiquent des rites sanguinaires. On arrête bientôt ces Africains, ce qui octroie quelques jours de repos à Malsano et Corvo. De son côté, Bocanegra est engagé par la mystérieuse Enriqueta, une femme influente des quartiers miséreux de Barcelone. Elle l’initie aux milieux qu’il va fréquenter, ainsi qu’aux risques des missions qu’elle veut lui confier.

La disparition d’enfants de prostituées n’entraîne évidemment aucune enquête de police. Bien qu’au moins huit gosses aient disparu, on parle encore de rumeurs. Connaissant plusieurs de ces filles, Corvo tente quand même d’obtenir des détails sur ces probables kidnappings. Malsano estime son entêtement bien inutile. Le duo interroge un vieux pédophile ayant fait de la prison, Bernat Argensó. Pour lui, le coupable est un vampire, qui a besoin du sang des enfants. S’il en est un qui connaît la dangerosité d’Enriqueta, c’est son père Pablo Martí. Mais ce n’est pas la police qui l’interroge. Le jeune Bocanegra est, lui aussi, témoin de la cruauté d’Enriqueta envers un bébé. Comme tous ceux qui approchent cette femme, il reste fasciné par sa personnalité. Entre la perversité monstrueuse d’Enriqueta, et le vampirisme, accrédité par le Dr von Baumgarten, Corvo s’enfonce dans cette affaire sans garantie d’en trouver le dénouement…

 

Bien que le contexte de la Catalogne fin 19e-début 20e siècle soit restitué avec un soin admirable, voilà un roman à ne pas lire comme un simple polar historique. Il est d’abord bon de retenir que Corvo est un policier hors norme, dont on découvre peu à peu les facettes. Il n’est pas exagérément cultivé, mais connaît les textes d’angoisse de Robert Louis Stevenson, Sherlock Holmes et le Chevalier Dupin. Il se fond sans mal dans cette atmosphère plutôt glauque des quartiers mal famés de Barcelone.

Ambiance étrange, cruelle et troublante, qui donne son charme à cette histoire d’une grande noirceur. Soulignons qu’un aspect narratif peut gêner certains lecteurs, du moins tant qu’on ne l’intègre pas. En effet, un personnage asexué qui parle au présent intervient ponctuellement dans le récit : il s’agit de la Mort. Elle rôde autour des protagonistes, ombre inquiétante toujours présente. Le cas d’Enriqueta (inspirée d’une vraie criminelle de l’époque) ne peut laisser la Mort indifférente, bien sûr. Un suspense insolite, sombre et magnétique, très réussi.

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