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3 août 2012 5 03 /08 /août /2012 05:21

 

Dans la collection "Les petits polars du Monde", des livres à 2 Euros chaque jeudi, nous avons déjà pu lire : Didier Daeninckx (Les négatifs de la Canebière), Jean-Bernard Pouy (Ce crétin de Stendhal), Marc Villard (Tessa). Voici l’histoire racontée par Dominique Sylvain Parfums d’été.

SYLVAIN-2012-ppmGarance Pélissier, trente-huit ans, est une détective privée chevronnée, qui ne manque pas de nez. Mère du jeune Ferdinand, étudiant, elle exerce en Picardie. C’est là qu’est basée l’unité de son compagnon militaire Thomas, actuellement en mission en Afghanistan. Les activités de Garance n’ont rien de prestigieuses. En ce moment, engagée par l’oncle de Thomas, elle surveille un ouvrier du bâtiment. Michael Lestrade, dit Mickey, est soupçonné par son patron Mondo de faire du coulage. Effectivement, il détourne un peu de matériel pour l’amener sur un autre chantier. Au bénéfice de l’entreprise de Norbert Zacharian, concurrent direct de l’oncle de Thomas. Quand Mickey retourne sur son lieu de travail, il y est bientôt rejoint par la comptable de l’entreprise, Isabelle. Quelques minutes plus tard, Garance voit Mickey s’enfuir. Très vite, elle retrouve la comptable poignardée. La culpabilité de l’ouvrier apparaît évidente.

Mickey espère trouver refuge à Londres, en empruntant le TGV. Il suffira donc aux policiers anglais de l’intercepter à son arrivée. Mais le suspect a repéré Garance. Il la prend en otage, durant le trajet, puis dans la capitale britannique. Le duo débarque chez Fabien, barman et guitariste, qui n’est autre que le frère aîné de Mickey. L’ouvrier donne enfin sa version des faits, s’affirmant innocent. Fabien ne le croit pas coupable. Il propose à la détective de l’engager, afin d’en apporter la preuve. Garance pense elle aussi que Mickey n’a guère le profil d’un tueur, même s’il a volé l’argent de la victime pour fuir. Tous deux rentrent en France, évitant de se faire repérer par les enquêteurs officiels. Soupçonner Mondo, le patron de Mickey, n’est pas absurde. Il y a peut-être un trafic de shit, car quelques personnes en consomment dans le secteur. On peut également suspecter Norbert Zacharian, dont la victime Isabelle a tenté d’espionner les comptes…

 

Depuis Baka (1994) jusqu’à Guerre sale (2011), Dominique Sylvain a publié tous ses romans chez Viviane Hamy. On n’oublie pas qu’elle a été récompensée par le Prix des lectrices de Elle en 2005 pour Passage du Désir, avec son duo Lola Jost et Ingrid Diesel. Dominique Sylvain s’avère aussi très convaincante dans des textes plus courts, des novellas. On y retrouve son écriture à la fois élégante, dynamique, enjouée. Dans cette histoire, on entend aussi bien Alain Bashung et Christophe, que du disco. Notons un petit clin d’œil aux romanciers Iain Banks et Raymond Chandler. Un intrigue bien rythmée, très agréable.

À suivre dans la collection "Les petits polars du Monde", dès le 9 août Caryl Férey (Famille nucléaire), puis Alexandra Schwartzbrod (Momo), Chantal Pelletier (Crise de nerfs), Franck Thilliez (Le grand voyage), Michel Quint (Triste comme un enfant), Tito Topin (Un été 22), Marcus Malte (Les Indiens), Sylvie Granotier (Le temps égaré) et Pierre Pelot (Roman de gare).

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2 août 2012 4 02 /08 /août /2012 05:20

 

La grande diversité du polar nous permet de lire du roman d’enquête, du roman noir, des intrigues variées et toutes les sortes de suspense. On y approche aussi le thème de la folie, comme dans le remarquable De peur que les ténèbres ne tombent (Presses de la Cité, coll.Sang d’Encre) de Charles Maclean.

MACLEAN-2012Début des années 1980, Martin Gregory est âgé de trente-trois ans. Cadre dans une société d’ordinateurs à New York, il habite près du village de Bedford. Il vit là avec son épouse d’origine autrichienne Anna, vingt-huit ans, et leurs deux chiens. Le couple adore Klaus et César, des goldens retrievers. Le jour de l’anniversaire de sa femme, Martin a prévu une surprise pour elle. En réalité, il va commettre un acte macabre à son insu. Il tranche la gorge des deux chiens et dispose leurs cadavres dans une grande caisse posée sur le sol du salon. Laissant sur place un énigmatique poème, Martin se rend en train à New York. Il s’enferme pendant deux jours dans une miteuse chambre d’hôtel, en proie à une crise hallucinatoire qui dure. Ce geste terrible et incroyable, il s’agira ensuite de le comprendre.

Tandis qu’Anna a été éloignée de Martin, celui-ci accepte de suivre une thérapie. Il ne croit guère aux psys, et ce n’est pas sa rencontre avec la Dr Hartman qui peut arranger les choses. Le test de Rorschach apparaît ridicule dans son cas. Martin est dirigé vers le Dr Somerville, un psy lui semblant plus compétent. En outre, Martin n’est pas insensible à sa belle assistante Pénélope. Son enfance aux Philippines, sa relation avec les chiens, il en parle au médecin. Pendant ce temps, les crises hallucinatoires se poursuivent. Manifestement, mon rêve avait un rapport avec mon état de frustration, mon sentiment de culpabilité et aussi mon inquiétude à l’égard d’Anna. Dès la deuxième séance, le Dr Somerville propose d’utiliser l’hypnose. D’ailleurs, Martin le sujet idéal pour une telle expérience.

Pour le psy, difficile de tirer des conclusions sur les rapports de Martin avec les chiens. Par contre, l’image d’une enfant sans doute morte nommée Missy, gisant recroquevillée dans le coin d’une cabane, parait hanter Martin. Il n’est pas encore question d’internement, mais le médecin est sûr de la violence interne du patient. Martin ne lui raconte pas qu’il sent parfois une odeur de moisi, ou alors d’amande, autour de lui. Il garde pour lui ce qu’il sait du mythe de Magmel et des Kendals, les gardiens du Cristal. Autant de passages hors du réel, peuplées de références personnelles et de sombres images fantomatiques. Sachant qu’ils sont toujours amoureux, le retour à un certain équilibre peut permettre de reprendre la vie commune avec Anna. Toutefois, elle reste en danger car les hallucinations de Martin ne cessent jamais vraiment, et sa confiance en Somerville disparaît…

 

Excellente initiative que cette réédition 2012 d’un roman qui fut publié autrefois sous le titre Le guetteur (1983). D’abord, il est bon de souligner la construction du récit. Narration à la première personne, rapports médicaux du psy, extraits du journal de Martin, l’histoire n’a rien de linéaire. Essentiel, car cela nous permet de cerner tous les aspects mentaux du personnage central. Ça va d’une presque normalité jusqu’à des scènes gravement délirantes et sinistres. Ce qui fascine, c’est que ce portrait est celui d’un monstre, avec sa dangerosité paranoïaque et ses secrets enfouis, sans qu’on puisse le juger abominablement antipathique.

Petit exemple de l’état d’esprit singulier de Martin : Au moment où j’avais frappé, j’avais éprouvé une soudaine exaltation, comme si j’avais été sous l’effet d’une drogue, d’une poussée d’adrénaline qui était encore en train de retomber. Je me sentais vidé, épuisé, tendu à l’extrême. Pour me calmer, je pris la bible de Print Begley et en feuilletai les pages piquées de moisissure. C’était lui ou moi, je n’avais pas vraiment le sentiment d’avoir fait quelque chose de mal, mais c’était la première fois que je tuais quelqu’un. Le parcours psychiatrique de Martin nous offre un roman qui fait frémir, tout autant qu’il nous captive jusqu’au bout. Une jolie réussite.

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31 juillet 2012 2 31 /07 /juillet /2012 06:41

 

Dans la collection Zone d’Ombres des éditions Lokomodo, Le clebs d’Hervé Mestron est un polar format poche extrêmement plaisant à lire.

MESTRON-1Architecte, Pete est marié à Cath, prof de français dans un lycée technique. S’ils n’ont pas encore d’enfants, le caniche Paulo partage leur vie. Pete reste insensible face à ce chien quelque peu envahissant, mais son épouse l’adore plus que tout. En ce mois de juillet, Cath doit s’absenter une nuit pour une visite chez sa mère. Refusant ce soir-là l’invitation de son voisin Carl Marchal, Pete rejoint dans un restaurant ses collègues du bureau d’études. Il rentre ivre au volant de son 4x4. Dans son garage, il heurte et tue le chien Paulo. Un accident qu’il ne pourrait pas expliquer à Cath sans provoquer un drame. Aussi enterre-t-il le cadavre du chien pendant la nuit dans un coin de leur jardinet.

Au retour de Cath, Pete se sent définitivement incapable de lui avouer ce qui s’est produit. Le couple recherche Paulo dans les environs. Le voisin Marchal, dont la fantomatique épouse serait infirmière, se montre coopératif. Nulle trace du chien, mais Cath pense qu’il rentrera. Elle annonce à Pete que sa mère va bientôt passer quelques jours chez eux. Il réalise immédiatement le danger, car sa belle-mère est une férue de jardinage. Elle est bien capable d’aller retourner ce coin de terre où il a enseveli le chien mort. Autre incident, Pete s’aperçoit qu’il a failli perdre son alliance, certainement quand il enterrait Paulo. Le couple reçoit par erreur au courrier un collier identique à celui de leur chien. Maladresse de facteur.

Bien que Pete soit toujours contrarié, les choses pourraient s’arranger. Sa belle-mère annule finalement son séjour chez eux. De son côté, Cath s’est résignée à ne plus revoir son chien. D’autant qu’elle vient de vérifier qu’elle est enceinte, signe du début d’une nouvelle vie pour tous deux. Betty, la chienne du voisin Marchal, fait preuve d’une dangereuse agressivité à leur égard. À l’heure où le couple pense déménager, Pete envisage de déterrer le cadavre de Paulo. Mais voilà qu’il reçoit plusieurs appels téléphoniques d’un inconnu. La menace apparaît bien réelle à Pete. À cause de toutes ces situations déstabilisantes, la tension provoque chez lui des montées de fou rire, et le surmenage le guette…

 

Toute cette histoire repose sur la normalité, et c’est ce qui fait la force de son dénouement. Il nous est facile de nous identifier à ce contexte. Un petit couple ordinaire, dont le seul souci réel est de réussir à faire un enfant sans trop tarder. Un voisin plus casse-pieds que cordial, dont l’épouse est invisible. Des collègues pas très fins mais sympas, et une belle-mère que le héros apprécie peu. La vie quotidienne, basique et assez routinière. On n’y est pas à l’abri d’un incident, dont les conséquences peuvent s’avérer sérieuses. D’autant que le personnage central, présenté avec une part de dérision, n’a rien d’un héros aguerri. Ambiance empreinte de simplicité, prouvant qu’il n’est pas indispensable de multiplier les effets spectaculaires ou macabres. Ce qui ne nuit nullement à la progression dramatique, bien au contraire. Un suspense fort excitant. ( La collection Zone d'Ombres est ici.)

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29 juillet 2012 7 29 /07 /juillet /2012 05:40

 

Redécouvrons, non sans un brin de nostalgie, une des premières enquêtes de San-Antonio : "Descendez-le à la prochaine".

SAN-A-1953aAu début de la décennie 1950, le commissaire San-Antonio est un agent d’élite d’un service secret français. Sa mission actuelle consiste à dégoter un cadavre idéal pour une mise en scène. À la morgue d’Orléans, le corps d’un polak exilé va faire l’affaire. Une fois le corps conditionné comme il se doit, San-Antonio se dirige ensuite vers la Forêt Noire. À Freudenstadt, il va déposer le cadavre dans la propriété de l’industriel Bunks. Le mort sera censé être son fils, Karl Bunks. Puis, sous pseudonyme, San-Antonio avertit les autorités françaises d’occupation dans cette région d’Allemagne. Son plan semble correctement fonctionner. Il s’installe dans une auberge locale, et rencontre M.Bunks avec sa fille Christia. Tout serait pour le mieux, sauf qu’un attentat fait exploser la voiture de San-Antonio. Alors qu’il retourne en Jeep vers Strasbourg, le commissaire prend une auto-stoppeuse ravissante à son bord, Rachel. Ensemble, ils voyagent en train vers Paris.

Supposé mort, Karl Bunks est en réalité confiné dans les geôles des services secrets. Il appartiendrait à une organisation pronazie, qui vient de kidnapper un attaché d’ambassade russe. San-Antonio essaie une fois encore de l’interroger. Malgré la pression, impossible de le faire parler. Peu après, San-Antonio retrouve une curieuse épingle d’or sur sa veste. Nul doute qu’elle appartienne à Karl Bunks, qui cherche ainsi à faire comprendre qu’il est en vie. À qui est destiné le message ? Certainement à la fameuse Rachel, que San-Antonio rejoint bientôt. Dès qu’il s’absente, la jeune femme fouille dans sa veste, tandis qu’il l’observe en cachette. S’il espère piéger les nazillons grâce à Rachel, c’est raté pour San-A. Il doit retourner à Strasbourg, où a été repéré un homme transportant une bombe dans sa valise.

Hospitalisé en piteux état, le type est interrogé par San-Antonio. Ce qui lui offre une vague piste, à Cannes. À l’hôtel où il était descendu, il n’en apprendra guère plus sur l’homme à la bombe. C’est donc sur la Côte d’Azur que le commissaire poursuit son enquête. Il dispose de cinq adresses, mais il va arriver trop tard. La femme qui pouvait le renseigner a été exécutée. Toutefois, en faisant croire qu’elle est toujours vivante, c’est l’occasion de tenter un traquenard contre ses adversaires. Une tueuse envoyée par les pronazis est vite maîtrisée par San-A. Dans la confusion qui s’ensuit, elle parvient à filer. De retour à Paris, ce n’est pas à l’ambassade soviétique que le commissaire peut espérer obtenir des infos concrètes. S’il a le sentiment d’enquêter sur du vent, il y a pourtant beaucoup de cadavres féminins sur le tapis. Et San-Antonio lui-même va frôler la mort…SAN-A-1953b

 

Ce roman datant de 1953 est la septième aventure de San-Antonio dans la collection Spécial-Police du Fleuve Noir. Si la tonalité est déjà enjouée, on n’en est pas encore au festival langagier qui va faire la gloire de l’auteur. Par contre, c’est un authentique roman d’action basé sur une intrigue policière à suspense fort mouvementée. Suivant pas à pas le dynamique commissaire, on ne s’ennuie pas un instant.

Par son contexte, c’est aussi l’équivalent d’un polar historique actuel. Car c’est bien la France de l’époque, l’Allemagne occupée par les Alliés, la résurgence des nazis et le trouble-jeu des Russes, qui sert de toile de fond à cette fiction. Pour les admirateurs du truculent Bérurier, il ne fait que de la figuration, mais intervient quand même pour sauver San-Antonio. Les amateurs éclairés noteront la dédicace à Igor B.Maslowski, le critique incontournable de Mystère Magazine, également romancier. Un passionnant roman, comme il se doit.

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28 juillet 2012 6 28 /07 /juillet /2012 05:23

 

Après Corps manquants et Douze de trop (titres disponibles dans la collection Archipoche), Fleurs sanglantes (L’Archipel, 2012) est la troisième aventure du héros créé par Coleen McCullough, auteure du best-seller romantique Les oiseaux se cachent pour mourir (1977).

McCULLOUGH-2012En 1968, Holloman est une petite ville du Connecticut, sur la côte au nord-est des Etats-Unis. La police locale est dirigée par un nouveau chef, le capitaine Vazquez. Père de famille, époux de Desdemona, Carmine Delmonico commande la section criminelle. Un service pas si facile à gérer, quand un flic comme Corey s’adonne à l’alcoolisme, bientôt imité par son collègue Morty Jones. D’autres sont plus fiables dans cette unité qui ne compte qu’un seul Noir et deux femmes. L’une d’elles, la jeune stagiaire Helen MacIntosh, est particulièrement horripilante. Fille de famille riche, membre des milieux huppés de Holloman, engagée par protection, elle en arrive même à agacer Carmine Delmonico quand elle s’habille en minijupe. Il doit lui rappeler qu’un service de police impose une certaine rigueur. Côté familial, le policier engage une jeune femme pour aider Desdemona, fatiguée par son rôle de mère de famille.

Un homme se faisant appeler Didus Ineptus vient d’agresser chez elle Maggie Drummond, la violant à répétition. Son pseudonyme est l’ancien nom du Dodo, l’oiseau disparu. Curieux personnage au corps lisse épilé, qui lui donne des airs de Marlon Brando. Entre chaque viol, il a pris le temps de lire un livre. Carmine est certain que cette affaire n’est pas unique. Très vite, on recense effectivement six autres cas comparables depuis sept mois, dont les victimes ne portèrent pas plainte. À chaque fois, le Dodo impose un début de strangulation lors des viols. On finit par trouver des points communs entre les victimes. Elles sont diplômées, occupent un emploi sérieux, et habitent dans le quartier de Carew. Carmine remarque que, dans les immeubles récents en question, vivent essentiellement des célibataires, beaucoup d’hommes. C’est aussi à Carew qu’a été créée une association comptant cent vingt-six personnes, les Gentlemen Marcheurs.

Mark Sugarman, un des fondateurs du groupe, peut prétendre qu’ils pratiquent des rondes dans un esprit convivial, il s’agit néanmoins d’une milice citoyenne. À laquelle le Dodo appartient très probablement. Helen MacIntosh fréquente des membres parmi ces Gentlemen Marcheurs, étant même proche du beau Kurt, un scientifique. Cette série de viols n’est pas la seule affaire qui agite Holloman en cet automne. La belle boutique d’Amanda Warburton, Le Nounours de Verre, a été vandalisée, tandis que la banque locale était cambriolée la même nuit. Hank Murray, gérant du centre commercial, vient en aide à Amanda. Deux célibataires qui formeraient un couple idéal.

Le policier Morty Jones n’y voit qu’une banale dégradation. Quand Amanda est de nouveau agressée, Carmine Delmonico va mener une enquête plus efficace. Il s’occupe également du vol nocturne à la banque. Tout en n’oubliant pas de suivre l’affaire des viols, car d’autres cas prochains sont à craindre. Il s’aperçoit que les jumeaux Warburton, neveux d’Amanda qui se disent stars de cinéma, viennent de s’installer dans le quartier de Carew. Ils paraissent un peu risibles, mais Carmine n’exclut jamais aucun soupçon. Le fait qu’Helen MacIntosh soit du même milieu que les Gentlemen Marcheurs peut s’avérer utile, ou l’inverse. Il faudra attendre le mois de décembre 1968 pour que se dénouent ces dossiers criminels…

 

Il s’agit bien d’un suspense plutôt sombre, avec son enquête lente et sinueuse. À travers le contexte, c’est aussi l’occasion de montrer un petit coin d’Amérique à la fin de la décennie 1960. La question du viol suggère autant celle de la place des femmes dans la société d’alors. McCULLOUGH-pocheLes femmes tiennent en réalité l’espace principal dans cette histoire, même si l’enquêteur en chef est un homme. À part lui, ceux-ci sont globalement assez peu agréables. A cette époque, on dispose de moins de moyens techniques pour enquêter, c’est aussi bien car ça permet d’inclure une vraie part de psychologie. C’est typiquement un polar dans lequel il convient de s’installer, de prendre le temps de la lecture, de suivre les pistes, d’observer les protagonistes, tout en progressant vers une noirceur certaine. Un suspense de belle qualité, par une romancière chevronnée.

[Douze de trop”, précédent roman de cette série, disponible en collection Archipoche]

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27 juillet 2012 5 27 /07 /juillet /2012 05:23

 

Dans la collection Petits polars du Monde, après Didier Daeninckx (Les négatifs de la Canebière) et Jean-Bernard Pouy (Ce crétin de Stendhal), place à un grand auteur de nouvelles, Marc Villard avec Tessa.

VILLARD-2012-ppmTrois jeunes hommes débarquent à Villeneuve-lès-Avignon. Outre Fly le Nîmois, qui se prénomme en réalité Olivier, il y a Julien le Parisien et Bertie l’Alsacien. Ils ont été engagés par Richard Prunier, le second de M.Keller, pour le braquage de la BNP locale. Le vigile étant leur complice, tout doit bien se passer. Masques sur le visages, armes à la main, c’est l’effet de surprise garanti pour le personnel et la clientèle de la banque. Le trio prend le fric, mais il y a un couac du côté du vigile. Celui-ci tire sur Fly, lui logeant une balle dans la clavicule. D’instinct, Fly réplique et abat le vigile. Puis les trois braqueurs quittent en urgence la banque, chacun pour soi. Sanguinolent, Fly titube dans les rues chaudes de Villeneuve, se cachant dans un parking pour masquer sa blessure. Quand il repère une maison avec son jardinet, il commence par se terrer dans la cabane à outil. Puis il pénètre dans la maison, trouvant une bonne planque dans une pièce de débarras.

La jeune femme chez qui Fly s’est introduit à son insu se nomme Tessa Livi. Elle est photographe. Souvent absente, ce qui laisse le champ libre au blessé pour se soigner, se reposer, se nourrir, écouter de la musique et les infos. Comme ils n’ont pu aller bien loin, les trois complices du hold-up sont activement recherché par la police. Depuis sa cachette, Fly observe clandestinement la jeune femme. Son addiction à la drogue est un problème, mais peut-être pas le plus sérieux de ses secrets. Le nommé Alvarez, auquel Tessa doit pas mal de thunes, Fly ne craint pas de s’occuper de son cas. Par contre, il reste dangereux pour le jeune homme de se montrer dans les gares, même s’il a modifié son allure. Pourtant, il tient à en savoir davantage sur cette Tessa, sa famille, la raison pour laquelle elle est sous médicaments et suivie par un médecin…

L’écriture de Marc Villard est vive, précise et inventive, dans ses nouvelles comme dans ses romans. Ce fort sympathique texte le démontre une fois encore. VILLARD-Ballon-1Chaque jeudi, un petit polar est publié dans cette collection. À suivre, dès le 2 août Dominique Sylvain (Parfums d’été), puis Caryl Férey (Famille nucléaire), Alexandra Schwartzbrod (Momo), Chantal Pelletier (Crise de nerfs), Franck Thilliez (Le grand voyage), Michel Quint (Triste comme un enfant), Tito Topin (Un été 22), Marcus Malte (Les Indiens), Sylvie Granotier (Le temps égaré) et Pierre Pelot (Roman de gare).

 

Voici l’occasion de revenir sur un de ses premiers romans, Ballon mort, publié dans la Série Noire en 1984, réédité chez Le Castor Astral en 2008.

François Bertolini, 34 ans, a fait une belle carrière de footballeur. Voilà une dizaine de jours qu’il a disparu. Il avait souscrit une assurance-vie pour une forte somme. Enquêteur de la compagnie, Stéphane Miller est lui aussi natif d’Orlandeaux. Adolescent, il a souvent joué au foot avec Bertolini sur le vieux stade de la ville. Avec son jeune fils Freddy, expert absolu en cinéma, Miller va séjourner sur place chez son père, le temps d’éclaircir l’affaire. Doumicq, l’agent d’assurance local, ne voit pas vraiment la nécessité d’une enquête. La famille Bertolini ne parait pas se tracasser pour la disparition du joueur. Après un pèlerinage sur le terrain de foot de sa jeunesse, Miller interroge l’épouse de François Bertolini. Mal vue de la famille de son mari, elle apparaît sur la défensive. Certain que son ami est mort, Miller cherche l’endroit isolé ou dangereux pouvant receler son corps.

VILLARD-Ballon-2C’est au fond des Grottes de Caliante qu’il découvre le cadavre de Bertolini, enseveli sous des roches. Accident ou simulation masquant un meurtre, ce ne sont pas les pedzouilles zélés de flics du coin qui sont capables de répondre. Désormais, Miller en fait une affaire personnelle. Il découvre que le fils de Bertolini est autiste. Ce qui explique que, rejetée par la famille de son mari, son épouse culpabilise. Elle semble proche de l’assureur Doumicq. L’hypothèse d’amants complices éliminant le mari est séduisante. Le cas de Lou Simonin, catho traditionaliste, qui dirige l’association Les amis de la Plaine, intrigue toujours Miller. L’enquêteur et Freddy sont la cible d’une camionnette non identifiée…

Ce titre fut un des premiers succès de Marc Villard. On oppose souvent sportifs et intellectuels. L’auteur prouve ici qu’on a tort. Car nos images d’enfance, nos admirations et nos plaisirs, restent ancrées en nous. Foot, cinéma, rock et jazz, telles sont les références indélébiles de l’auteur. Mais il n’oublie pas de nous proposer une vraie intrigue, sombre sans être trop noire.

Marc Villard vient de publier chez Rivages/Noir "Un ange passe à Memphis".

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26 juillet 2012 4 26 /07 /juillet /2012 06:51

 

BRIDENNE-2012-BestAh non, ne me faites pas croire que le nom de Nelly Bridenne vous est inconnu, si vous fréquentez Action-Suspense. Depuis 2010, elle a écrit et publié tous les titres suivants : "Le monde est plein de polissons" (les aventures de Maurice Batignol, tueur à gags, à gages ou à gagas), "Sur un petit air de requiem" (nouvelles dynamiques, dynamitées, caustiques et grinçantes), "Rebelle attitude" (poésie vivante, libre et urbaine), "Kit de survie dans le milieu (confus) de l’édition" (guide du démerdard, parce que Nelly connaît son sujet), "L’effet mer" (roman de plage sur le Bassin d’Arcachon ou ailleurs).

Tous ces livres, on en a parlé ici. On trouve encore plus d’infos sur le site de Nelly Bridenne. N’hésitez pas à lui commander ses bouquins, ils sont aussi sympas qu’elle. Aujourd’hui, si l’on veut goûter le style de cette auteure, elle nous présente un "Petit bestiaire" (fables, fariboles et fantaisies). À ce rythme, Nelly Bridenne devient la plus actives des éditrices françaises !

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25 juillet 2012 3 25 /07 /juillet /2012 05:14

 

Les éditions Pascal Galodé nous donnent l’occasion de redécouvrir un joyau de la littérature populaire du 19e siècle, grâce à la réédition du roman d’Émile Gaboriau La clique dorée.

GABORIAU-2012Paris, fin des années 1860. Mlle Henriette loge dans une chambre miséreuse d’un immeuble de mauvaise réputation. Le père Ravinet, brocanteur que l’on dit avare et guère honnête, y habite également. C’est lui qui va sauver la jeune femme, qui vient de tenter de se suicider. Il découvre deux lettres accusatrices, qui l’éclairent sur la situation de sa pauvre voisine. D’autant qu’il semble connaître un nom cité dans ces missives de la suicidaire, Maxime de Brévan. Bien que Mlle Henriette ne cache pas ses réticences, Ravinet décide de se montrer protecteur à son égard. Il est vrai que la jeune femme a connu un parcours des plus chaotiques.

Son père est le comte de la Ville-Haudry, qui fut un riche propriétaire en Anjou. Il se maria avec Pauline de Rupert, qui hérita bientôt d’un oncle. Ambitieuse épouse incitant, vite et sournoisement, le comte à quitter son domaine du Val de Loire pour s’installer à Paris. Ils menèrent une vie mondaine animée dans leur hôtel particulier de la rue de Varennes. La comtesse renoua avec Daniel Champcey, bel officier de Marine, qui était le jeune frère de son amour de jeunesse. Bien que sa fille Henriette ne fut en âge, Mme de la Ville-Haudry songeait sérieusement à la marier un jour avec Daniel Champcey. Mais, menant une vie très active dans la bonne société, elle succomba prématurément à une rupture d’anévrisme.

Devenue orpheline, Henriette ne renonce pas à cette idée de mariage voulue par sa mère. Tous deux sont prêts à se marier un jour à venir. Veuf, le comte de la Ville-Haudry se remet assez vite du décès de son épouse. Il est question qu’il se remarie avec une certaine Sarah Brandon. Si Daniel connaît peu les mondanités parisiennes, il se renseigne auprès de son ami Maxime de Brévan. Ce dernier lui révèle que c’est une fieffée intrigante. Miss Sarah Brandon est bien une des ces aventurières cosmopolites comme les cinq parties du monde nous en envoient depuis les progrès de la vapeur… Ni plus ni moins que les autres, elle est venue tendre à Paris son piège à imbéciles et à pièces de cent sous. Mais elle est d’une pâte plus fine et plus souple que les autres.

En effet, Sarah n’a-t-elle pas ruiné le jeune et riche Charles de Kergrist, dupé la Société d’Escompte mutuel et son comptable Malgat, par exemple. Entourée de mistress Brian et de sir Thomas Elgin, habitant avec elle rue du Cirque, Sarah est une adversaire fort redoutable qui ne peut que contrarier les projets maritaux de Daniel et Henriette. Pourtant, le comte reste certain de la probité de sa future épouse, et cherche à convaincre Daniel. Guère de parade pour Maxime et Daniel, car le cossu mariage du comte est finalement célébré à l’église de Sainte-Clotilde. Tandis que la nouvelle comtesse Sarah se pavane, Henriette est traitée plus que mal chez son père. Si Daniel espère encore renverser la situation, il risque bien d’être prochainement confronté à la Justice pour répondre d’un crime…

 

Il semble parfaitement inutile de vanter les mérites d’un roman d’Émile Gaboriau. C’est un portrait remarquable de l’aristocratie mondaine parisienne de l’époque qu’il nous présente en détail. Le mystère plane autour de tous ces personnages, dont la psychologie et les actes sont finement décrits. L’auteur met en avant le cynisme de ces supposés puissants, leurs manipulations et leur noirceur. Selon le principe du roman-feuilleton, péripéties et rebondissements abondent à chaque chapitre. GABORIAU-T1Rien n’est plus entraînant pour les lecteurs, la découverte progressive de la cause des malheurs d’Henriette et Daniel. Le récit est en permanence captivant sur plus de cinq cent pages. Il faut l’avouer, c’est un pur bonheur de lecture.

 

Peu réédité, ce roman est présenté par Thierry Chevrier, grand spécialiste de l’œuvre d’Émile Gaboriau. Le nom de cet écrivain est naturellement associé à celui de Monsieur Lecoq : un des premiers enquêteurs de la littérature policière, dont s’inspira en partie Sir Arthur Conan Doyle, pour Sherlock Holmes. Les cinq affaires traitées par M.Lecoq ont été rééditées en 2011 et 2012 aux éditions Omnibus. Le premier tome regroupe : L’affaire Lerouge, Monsieur Lecoq, et Le crime d‘Orcival. Dans le second tome, Le dossier n°113 et Les esclaves de Paris, deux romans peut-être moins connus. Dans ces deux volumes, il faut lire les préfaces de Thierry Chevrier, qui situent autant l’auteur et son époque (le Second Empire), que son personnage principal.GABORIAU-T2

Lecoq est un agent de la Sûreté dont les méthodes bousculent les habitudes policières : astucieux, champion du déguisement, il s'attache aux indices pour reconstituer des faits mystérieux, qu'il s'agisse d'usurpation d'identité (L'Affaire Lerouge), de vendetta républicaine (Monsieur Lecoq) ou d'adultère menant au meurtre (Le Crime d'Orcival). Qu'il s'agisse du vol d'une forte somme à la banque Fauvel (Le Dossier n°113) ou de l'effroyable machination orchestrée par un génial trio de maîtres chanteurs qui a placé Paris sous sa coupe (Les Esclaves de Paris), l'inspecteur Lecoq mène l’enquête sans compromis. Des histoires policières qui sont autant de fresques familiales et sociales où se côtoient des aristocrates dévoyés, des fils de famille en rupture de ban, des bourgeois retors, des âmes pures et virginales, des filles perdues et des gredins. Avec ses intrigues tortueuses et énigmatiques, Émile Gaboriau fut un des premiers maîtres de la littérature policière. Un auteur dont le style reste particulièrement palpitant.

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Toutes mes chroniques, résumés et commentaires, sont des créations issues de lectures intégrales des romans analysés ici, choisis librement, sans influence des éditeurs. Le seul but est de partager nos plaisirs entre lecteurs.

Spécial Roland Sadaune

Roland Sadaune est romancier, peintre de talent, et un ami fidèle.

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