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2 juin 2013 7 02 /06 /juin /2013 09:30
Patricia Parry est partie bien trop tôt !

On vient d'apprendre le décès prématuré de Patricia Parry. Née d’une mère narbonnaise et d’un père africain, Patricia Parry-Pousse fit des études de médecine et exerçait la profession de psychiatre. À Toulouse, elle a travaillé à l’hôpital départemental Gérard-Marchant. Patricia Parry restera l'auteure de plusieurs suspenses, tous récompensés.

"L'Ombre de Montfort. 1218-2001", Ed.Empreinte (2005) Prix André Soubiran de l'Académie du Languedoc 2006.

"Petits arrangements avec l'infâme", Ed.Seuil (2007) Prix du jury "Classé Polar" 2009.

"Cinq leçons sur le crime et l'hystérie", Ed.Seuil (2008) Prix Plume de Cristal du festival international du film policier de Liège 2009

"Sur un lit de fleurs blanches", Ed.Le Masque (2012) Prix du Roman d'aventures.

Je n'étais pas un proche de Patricia Parry, mais j'avais eu le plaisir de la croiser dans un festival, à Penmarc'h, au côté d'un autre Toulousain, Benoît Séverac. Si j'ai raté son dernier roman, ses deux titres publiés chez Seuil me parurent immédiatement de très belle qualité. J'ai même attribué un Coup de Cœur à "Petits arrangements avec l'infâme". J'avais prédit qu'elle remporterait le Prix Plume de Cristal pour "Cinq leçons sur le crime et l'hystérie", en 2009. Ci-dessous, cliquez sur une de mes chroniques et sur l'interview de Patricia Parry.

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2 juin 2013 7 02 /06 /juin /2013 04:00

Pour une fois, c'est la Science-Fiction d'autrefois qui est à l'honneur dans la rubrique Suspense Story, consacrée aux polars d'antan. Le premier titre évoqué est l'œuvre d'Herbert J.Campbell, auteur anglais né en 1925. Il fut l'un des rédacteurs en chef de la revue "Authentic Science Fiction" (1951-1957), et publia au moins quatorze romans (dont certains signés Roy Sheldon, pseudo collectif). Quelques-uns de ses titres, dont "Spectateurs de l'invisible" (Beyond the visible, 1952 - Éd.Le Trotteur, 1953), furent traduits en français. Le second roman est dû à un des piliers des éditions Fleuve Noir de ce temps-là, Peter Randa (1911-1979). Il publia 102 titres pour Spécial-police, 28 titres dans la collection Aventurier, 79 titres pour Anticipation, et cinq titres en collection Angoisse. Retour sur ces deux suspenses SF...

Spécial Science-Fiction : H.J.Campbell et Peter Randa

H.J.Campbell : "1963 ! Fusées lunaires" (The moon is heaven, 1951 - Éditions Le Trotteur, juin 1953)

A l’initiative de l’anglais Atah Kark, le premier voyage habité jusqu’à la Lune va enfin être possible en cette année 1963. Il a réuni pour cette expédition, dont il sera le chef, le pilote américain Leeson, le chimiste français Clavier, le technicien allemand Schnabel, et le reporter Mike. Ce dernier est le narrateur de leur aventure. Atah a également accepté d’emmener avec eux une passagère, Reina. Mike se sent immédiatement très attiré par la jeune femme. Toutefois, la situation étant tellement peu ordinaire, il se considère surtout comme son meilleur protecteur. Le jour venu, la fusée quitte sa base – située en Équateur.

Le trajet s’est bien passé jusqu’à la Lune, sauf qu’une météorite a abîmé une porte. Un moindre mal, que l’Allemand saura réparer. Une fois qu'est installée la coupole où ils vont vivre durant quelques jours, c’est au Français de leur fabriquer de l’air. Heureusement, il y a un champ de neige pas très loin. Par contre, il devra opérer des forages afin de trouver sur place l’hydrogène indispensable pour fabriquer leur carburant du retour. De leur côté, l’Américain est toujours de bonne humeur, et Reina entend se rendre aussi utile que tous les autres. Quant à Mike, il ne ménage pas non plus sa peine. Mais le comportement de l’Allemand l’inquiète de plus en plus, et même il l’exaspère.

Il n’avait pas tort de se poser des questions. La réparation de la porte abîmée n’avance pas, les incidents se multiplient. L’Allemand va être écarté du groupe. Sans doute ne se méfie-t-on pas assez de lui, car il trouvera le moyen de fuir la coupole, faisant courir un risque mortel à tout le monde. Qu’espère-t-il donc, dans ce milieu hostile ? Est-il capable de retourner seul sur Terre, abandonnant les autres ? Ce fou espère-t-il avoir trouvé la fortune sur la lune ? Mike est, à ce moment, le seul à pouvoir sauver le groupe –et surtout Reina. S’il y parvient, et si Clavier découvre une source d’hydrogène suffisante, il pourront alors songer à un prochain retour sur Terre…

On n’échappe pas à la caricature des protagonistes, ni au romantisme superflu, dans cette histoire plutôt naïve avec quelques détails improbables. La narration étant simple, sans prétention, voilà un roman abordable pour les non-initiés S.F., et plaisant à lire.

 

Peter Randa : "Les rescapés de demain" (Fleuve Noir Anticipation, 1961)

Vers la fin du 20e siècle, une expérience scientifique regroupe trois hommes et deux femmes. Ces jeunes militaires vont hiberner pendant dix ans. Parmi eux, Philippe est le fils d’un des savants ayant conçu le projet. Ce qu’ils ignorent –ce qu’on leur cache– c’est qu’une guerre nucléaire va éclater le jour même.

Dans leur sphère conditionnée, le groupe se réveille. Pas tous ensemble, ce qui semble indiquer un problème. En effet, voilà plus de trois cent ans qu’ils sont endormis. Peut-être même quatre cent ou cinq cents ans. Difficile à préciser. Quel monde nouveau ces cinq jeunes vont-ils maintenant découvrir ? Heureusement qu’ils sont armés, car leur première rencontre se fait avec des souris géantes ressemblant un peu à des kangourous. Ils s’en débarrassent, sortent à l’air libre. La végétation est omniprésente autour d’eux. Tout paraît à l’abandon, dans ce qui était autrefois la région parisienne.

Les Hammils ont l’aspect général d’être humains. Mais ce sont des robots, dont la puissance est si grande qu’ils n’ont pas besoin de se servir d’armes. Ils dominent les Primitifs, descendants des véritables humains –dont quelques-uns sont en rébellion contre le pouvoir qui les tient en esclavage. Les maîtres du pays sont les Mutants. Transformés génétiquement à la suite de la guerre nucléaire, ils ont fini par prendre le pouvoir. Ils dirigent les Hammils. Ils possèdent des capacités hypnotiques (dont seront victimes deux des jeunes gens). Ils veulent asservir les nouveaux venus. La fougue et l'astuce de Philippe et de ses amis, qui sont armés, leur permettra de faire face à la situation...

Solide, bien raconté, ce roman d’Anticipation utilise un schéma très classique (découverte d’un monde futur après une guerre totale). Le savoir-faire de l’auteur, qui privilégie les scènes d’action et un bon suspense, rend cette histoire très sympathique.

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1 juin 2013 6 01 /06 /juin /2013 20:10

Philippe, qui est un visiteur régulier d'Action-Suspense, cherche à retrouver le titre d'un film. Merci de lui apporter votre aide, si vous vous souvenez du titre (des références). Voici le message de Philippe :
« J'ai oublié la référence d'un roman (pas strictement un polar) d'une Américaine, peut-être prénommée Laura (pas Laura Lippman) ou Kathryn ou autre. Il a été adapté dans un film de 2010 ou 2011, c'est surtout ce dernier que je veux retrouver.

Dans une école, un lycée d'une petite ville, il y a eu une fusillade, genre Littleton. Beaucoup de personnes dont des élèves ont été tuées par le tireur, un jeune homme élève lui aussi. C'était il y a quinze ans. Aujourd'hui - c'est là que le film commence - a lieu une commémoration de ce drame. En hommage aux victimes, avec la banderole marquant le quinzième anniversaire.

L'héroïne - l'actrice est blonde - est une ancienne élève. Elle était dans l'une des classes que le tireur avait prises pour cible, elle a eu la chance de faire partie des survivantes. Elle retrouve donc ses anciens camarades qui ont survécu. Elle a surmonté cette épreuve, a fait sa vie, s'est mariée, elle a une fille qui a aujourd'hui presque son âge à l'époque de la fusillade.

Le film se déroule en montrant comment elle et les autres personnages ont tourné la page, mènent leur vie. Mais dans les 10 à 15 dernières minutes (ce que j'écris est un spoiler, je dévoile la fin, mais ce film a été beaucoup regardé), on revoit la scène de la fusillade 15 ans plus tôt. L'héroïne se retrouve au moment où le tireur lui fait face.

On croit que c'est un flash-back. Qu'elle revoit la façon dont elle a échappé à la tuerie.Mais ensuite le spectateur comprend : nous ne sommes pas il y a 15 ans, mais aujourd'hui. Tout ce qui s'est passé depuis le début du film, l'héroïne l'a rêvé. Se trouvant face au tireur, elle a imaginé en l'espace de quelques secondes ce qu'aurait pu être sa vie, les 15 ans qui se seraient écoulés, son couple. Sa fille - jouée par une actrice - n'a jamais existé, elle l'a imaginée aussi.
En réalité elle vit ses derniers instants, elle essaie de dissuader le tireur, mais rien n'y fait, après quelques échanges verbaux il finit par la tuer. Peut-être y a-t-il la scène où il la tue, ou pas. Avec une musique à la fois belle et grave sans être triste. J'ai oublié et je souhaiterais savoir quoi chercher en DVD pour revoir ce film.»


Quelqu'un peut-il renseigner l'ami Philippe : quel est le roman et le film ?

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31 mai 2013 5 31 /05 /mai /2013 17:21

Jack Vance est décédé chez lui, à Oakland (Californie) dans la soirée du dimanche 26 mai 2013, après une longue vie, riche et productive. Né à San Francisco le 28 août 1916, il était considéré comme un des grand auteurs de Science-Fiction du 20e siècle, en particulier dans le domaine de la Fantasy. Il publia de nombreuses nouvelles, et plusieurs cycles SF. Il ne faudrait surtout pas oublier ses ouvrages polars : "Lily Street", "Méchante fille", "Un plat qui se mange froid", "Charmants voisins". Et puis ce petit chef d'œuvre qu'est "Méchant garçon", récompensé par le Prix Mystère de la critique en 1980. J'ai eu l'occasion de chroniquer cet excellent suspense. Ainsi qu'un recueil de nouvelles intitulé "Baroudeur" (Ed.ActuSF), de très belle qualité. Il ne s’adresse pas aux seuls amateurs de Science-Fiction, mais à tous ceux qui aime les bonnes intrigues à suspense. Cliquez ci-dessous pour retrouver les chroniques consacrées à ces deux ouvrages.

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31 mai 2013 5 31 /05 /mai /2013 06:30

Tony habite une cité d'Aubervilliers, avec sa mère. Un quartier de tours, pas le plus agité de Seine-Saint-Denis, pas le plus facile non plus. Le jeune homme est né de père inconnu, probablement un gitan. Sa mère se fait entretenir par des types pas très brillants. C'est son oncle garagiste qui, autant qu'il peut, veille sur Tony. Il l'incita le gamin à pratiquer la boxe. Tony réalisa bientôt qu'il avait trouvé sa voie : “C'est là que je comprends pour la première fois que j'ai une prédisposition pour ce sport, sans doute plus mentale que physique. Je sais que mon talent est mineur, la preuve, je suis le seul à en avoir conscience. Mais je sais que si je veux faire quelque chose dans ma vie, je dois me consacrer à ça à fond.” Aujourd'hui, Tony est un vrai boxeur, qui s'entraîne chaque jour, et qui compte bien gagner son premier combat pro. Soixante-dix kilos de muscles. Rester concentré sur son objectif, malgré les vicissitudes de la vie de sa mère.

Habitant la même cité, Moussa aurait pu devenir son meilleur ami, d'autant que lui aussi fit un peu de boxe. Gamins, ils fréquentèrent la même école. Mais Moussa est devenu un de ces petits dealers de quartier. Certaines circonstances familiales l'y ont poussé, c'est exact. Et il essaie de rester aussi discret que possible. Quant à Miguel, c'est un homme mûr, un froid chef de bande, un véritable caïd. Son bizness s'étend sur l'ensemble du département, et au-delà. Entouré de ses sbires et de son frère Jean, handicapé, Miguel semble impressionné par le jeune boxeur. Peut-être parce qu'il sait que Tony a eu un père gitan, comme lui. Lors d'une virée nocturne à Paris, Tony viendra au secours de la belle Clara. Une jeune fille des beaux quartiers de la capitale, qu'il espère revoir, même si son fantasme reste aléatoire. D'autant qu'il a bientôt de plus graves soucis. Sévèrement agressée par un de ses compagnons, sa mère a été hospitalisée.

Bien que Moussa conseille à Tony d'éviter les représailles contre celui qui a tabassé sa mère, le jeune boxeur a soif de vengeance. Il prend contact avec Miguel, afin de localiser le type en question. L'homme sera vite retrouvé, dans la banlieue-sud. Et subira le sort qu'il mérite, sans doute. Tony n'ignore pas qu'il a une dette envers Miguel. Il participe avec les hommes du caïd à une opération, où ils simulent une intervention de police. Tony ne s'est pas dégonflé. Pour lui, c'est ensuite le retour au calme après un épisode perturbé. Tout pourrait s'arrêter là. Mais Miguel aura encore besoin de ses services. Tony a mis le doigt dans un engrenage dont on ne se libère pas si aisément...

Prix SNCF du polar 2013 : Jérémie Guez "Balancé dans les cordes"

Avec “Paris la nuit”, son premier roman, on sentait déjà un bon potentiel chez ce jeune auteur. Un certain style, malgré un sujet trop classique. “Balancé dans les cordes”, second titre de Jérémie Guez à ce jour, est nettement plus convaincant. Bien sûr, parce qu'il met en scène le contexte de la banlieue, de ces cités dites sensibles. Sans complaisance, à l'image de ce jugement de Miguel envers les jeunes délinquants : “Ils ont grandi dans la rue, mais ils savent se tenir. Alors que ceux de ton âge, Tony, ce sont des putains d'animaux, ils ont de la merde dans la cervelle.” Pas d'angélisme dans la description des ambiances, donc.

On retient peut-être davantage encore un autre atout. Outre celui du héros, les portraits des protagonistes sont plus fouillés, précis. Les histoires personnelles de Moussa, de Miguel, d'Assad, c'est ce qui ajoute de la crédibilité au récit. Sans oublier les sentiments intimes et familiaux de Tony, comptant beaucoup dans son comportement. De l'humain, des tripes, de la noirceur, voilà ce qui fait la force de cet excellent roman. Fin mai 2013, “Balancé dans les cordes” a été récompensé par le Prix SNCF du polar. À juste titre, car Jérémie Guez ne manque pas de talent.

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30 mai 2013 4 30 /05 /mai /2013 04:55

La guerre de 1870 s'avère catastrophique pour l'armée française, et va provoquer bientôt la fin du Second Empire. À Paris, alors qu'arrive l'automne de cette année-là, on espère encore résister à la pression des Prussiens. C'est dans ce contexte qu'une série de crimes se produit dans la capitale. L'enquête est menée par le commissaire Paul Lefèvre, avec son collègue et ami l'inspecteur Bernard Bouveroux. Ces deux quinquagénaires furent naguère officiers en Algérie. Ils y vécurent de troublantes aventures, les ayant fortement marqués. S'ils ont tous deux rejoint la police, leurs vies privées et leurs caractères sont différents. Veuf, s'enivrant parfois, habitant un modeste logis, l'inspecteur Bouveroux collectionne les documents rares, en érudit. Paul Lefèvre, lui, fréquente assidûment les maisons closes de Paris. Tel un esthète de la beauté féminine, mais autant par goût sexuel. Il a une amante régulière, Claire de la Lune, jeune prostituée issue d'un de ces bordels. En ces temps si perturbés, les deux policiers restent de fidèles serviteurs de la loi et de l'Empire.

C'est dans une maison close qu'est commis le premier meurtre. Un poète possédant une petite notoriété vient d'y mourir, empoisonné par ce qui peut faire penser à d'exotiques tatouages indochinois, voire guyanais. On pourrait suspecter une trop jolie religieuse, passée peu avant en ces lieux de débauche. Près du corps, se trouve l'extrait autographe d'un poème de Charles Baudelaire, décédé juste trois années plus tôt, à quarante-six ans. Le commissaire Lefèvre eût l'occasion de rencontrer Baudelaire, brièvement emprisonné pour la publication de son ouvrage majeur, Les Fleurs du Mal. Ce personnage impressionna le policier. La deuxième victime, le littérateur Granier de Cassagnac, est découverte dans les catacombes. Mutilation du corps, mise en scène sanglante, le coupable a fait preuve d'une grande cruauté. Le nouvel extrait de poème découvert cette fois semble encore de la main de Baudelaire. Visant d'obscurs plumitifs, ces deux crimes ressemblent fort à une vengeance. Pourtant, nul doute que le poète syphilitique soit décédé.

Le cadavre de la troisième victime gît, au cimetière Montparnasse, sur la tombe de Charles Baudelaire. Il s'agit du juge Pinard, qui le condamna jadis si sévèrement. Les indices ne sont guère parlants pour le duo d'enquêteurs. Paul Lefèvre se rend par le train jusqu'à Honfleur, où réside la mère de Baudelaire. Femme âgée tourmentée, Caroline Archenbaut-Defayis ne livrera au policier aucun de ses douloureux secrets familiaux. Dans le train, Lefèvre a croisé des compagnons de voyages, aux suggestions intéressantes quant à cette série de crimes. Tandis qu'une quatrième victime est poignardée avec un couteau maure, Lefèvre rend visite à Camille Poupeye, qu'il a connu lors du voyage en train. Ce nabot belge est un personnage insolite, mais surtout dangereux, qui va piéger le commissaire. Si Bouveroux préfère se consacrer à ses livres et à la mémoire de sa défunte Marthe, Lefèvre cherche à comprendre malgré tout cette nébuleuse affaire, quoi qu'il lui en coûte...

Bob van Laerhoven : La vengeance de Baudelaire (Pôle Noir, 2013)

Il ne faudrait pas voir dans ce polar historique un simple “roman d'enquête”. Cette intrigue est beaucoup plus riche et originale. D'abord, parce qu'elle est dominée par l'image de Baudelaire. Qui, ne l'oublions pas, fut le traducteur d'Edgar Allan Poe, un des initiateurs de la littérature policière. Si la biographie de l'immense poète est établie, on peut aisément penser qu'il restera toujours des zones d'ombres sur ce que fut sa vie. C'est évidemment sur cette idée que joue ici l'auteur. Autre élément bienvenu, le contexte de 1870. Dans un premier temps, il n'est que suggéré. Si Paris est menacé par les Prussiens, les batailles (perdues par l'Empereur) se passent effectivement ailleurs. Pourtant, l'insurrection des Communards n'est pas loin dans cette histoire.

Il est bon de préciser que l'auteur n'a sans doute pas souhaité nous présenter des héros absolument sympathiques, ni attachants. Les deux policiers sont d'anciens coloniaux, qui gardent présents des souvenirs de leur époque militaire. Le commissaire s'avoue assez hostile à la modernité de son temps, aux inventions qu'il juge extravagantes. Son adjoint et lui ne sont pas indifférents à la poésie, c'est vrai, mais apparaissent plus pragmatiques dans leurs fonctions. Même si l'enquête de Lefèvre doit finir de façon plutôt erratique, bien qu'ayant découvert la vérité. Cette distance envers les enquêteurs participe à l'ambiance mystérieuse du récit. Un singulier suspense d'une tonalité très réussie, à découvrir.

-"La vengeance de Baudelaire" est disponible dès le 12 juin 2013-

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29 mai 2013 3 29 /05 /mai /2013 06:49

Le samedi 8 juin à 16 heures, la BiLiPo (Bibliothèque des Littératures Policières) propose une conférence intitulée “Fantômas ! Biographie d’un monstre moderne”.

En 1913, Pierre Souvestre et Marcel Allain mettaient un terme au premier cycle des aventures de Fantômas par un trente-deuxième volume annonçant “La fin de Fantômas”. À cette date, le personnage avait déjà quitté en partie l’espace de la littérature populaire pour entamer une carrière au cinéma, sous la direction de Louis Feuillade, avant de susciter dès l’année suivante l’intérêt de Guillaume Apollinaire, de Blaise Cendrars, de Max Jacob. Il continuera par la suite sa course sanglante dans tous les médias, théâtre, cinéma, radio, bande dessinée, romans-photos, au point d’apparaître comme l’une des figures clés de l’imaginaire du 20e siècle.

Cette importance s’explique par la modernité du criminel masqué : le monde de Fantômas, c’est celui de la ville, des machines et de l’électricité. C’est aussi celui des faits-divers et de l’actualité sanglante qui servent de sous-texte à la série. C’est celui encore des fantasmes d’une génération hantée par la violence. Mais cette modernité, c’est aussi celle d’auteurs appliquant les techniques les plus récentes de l’industrie culturelle, cherchant à exploiter leur personnage sur des médias différents, inventant de nouvelles formes, de nouvelles pratiques d’écriture, et invitant le lecteur à lire lui-même autrement.

Fantômas est de retour ! à la BiLiPo le samedi 8 juin 2013

C’est cette modernité que présenteront dans leur conférence Loïc Artiaga et Matthieu Letourneux, auteurs d’un essai sur le criminel aux éditions Les Prairies Ordinaires ("Fantômas ! Biographie d’un criminel imaginaire", 2013) et responsables de la réédition de l’intégrale de "Fantômas" aux éditions Bouquins (juin 2013).

Loïc Artiaga est maître de conférences en Histoire culturelle à l’Université de Limoges. Il a publié "Des Torrents de papier" (PULIM, 2007) et "Le Roman populaire, 1836-1960" (Autrement, 2008). Matthieu Letourneux est maître de conférences en Littérature française à l’Université Paris Ouest. Il a publié "Le Roman d’aventures, 1860-1920" (PULIM, 2010) et "La Librairie Jules Tallandier, histoire d’une grande maison populaire" (avec Jean-Yves Mollier, Nouveau Monde, 2011).

BiLiPo (Bibliothèque des Littératures Policières) 48/50 rue du Cardinal-Lemoine - 75005 Paris. Il est conseillé de réserver au 01.42.34.93.00 ou en écrivant à bilipo@paris.fr

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28 mai 2013 2 28 /05 /mai /2013 04:55

Dans les rues de Paris, en ce printemps 1861, se multiplient les rénovations inspirées par le baron Haussmann. Le Second Empire transforme la ville en une capitale moderne, qui disposera de grandes artères, de vastes places, et qui promet de mieux loger la population modeste. C'est aussi une époque flamboyante pour la haute-bourgeoisie, qui gagne des fortunes et s'amuse entre soi dans les soirées mondaines. Issu d'une riche famille, Achille Bonnefond appartient à ces milieux. Avec son amante Lucile, jeune femme mariée qu'il est censé chaperonner, il assiste à tous les évènements parisiens. Encore que ce séducteur lui préfère sans doute la moins snob Marthe, qui va bientôt convoler avec un vieux soupirant aisé. Chez lui, Achille vit entre sa chatte borgne et Tamara, son employée qui le traite telle une mère. Admirateur de Vidocq, il créa une agence de détective, en association avec son camarade Félix. Ce dernier s'en occupe encore aujourd'hui. Achille a réussi à faire partie du cercle entourant l'Empereur, pour lequel il a mené quelques discrètes missions.

Achille est convoqué par le Ministre de l'Intérieur, qu'il connaît bien et qu'il apprécie. Un étrange meurtre a été commis au Parc Monceaux, lui aussi en travaux. Près du cadavre de la victime, dont le visage a été vitriolé, on a trouvé un message à caractère politique. S'il s'agit d'un avertissement menaçant envers l'Empereur, il faut trouver le coupable au plus tôt. D'abord, il est nécessaire d'identifier cette femme rousse, âgée de vingt à trente ans, qui a été battue à mort avant d'être aspergée de vitriol. Phtisique, alcoolique, anémiée, ce n'était probablement pas une prostituée, mais une femme dans la misère. Sur elle, des témoins ont aussi trouvé une carte de tarot, la Maison-Dieu. Achille fait appel à son ami Félix, afin que l'agence retrouve le nom de cette personne. Par obligation, lui-même se rend au bal masqué de Lucile de Brizacq, mais s'en échappe pour rejoindre Marthe. Hélas, Félix est blessé dans un accident, désormais incapable de poursuivre sa mission. Il venait de prendre contact avec un chiffonnier, Baise-la-Mort, qui pourrait les aider.

Ce Baise-la-Mort a autrefois assassiné un homme, qui abusait de la femme qu'il aimait. Une vengeance qu'il a payée cher, mais il a survécu à toutes les épreuves, et vivote parmi les chiffonniers triant les déchets parisiens. Achille va devoir mener l'enquête en personne, en suivant ce pitoyable compagnon (et son chien, Totor-la-Guillotine). Avant tout, comme son maître à penser Vidocq, il se grime pour ressembler aux plus pauvres gens du peuple. Achille se fait passer pour un apprenti chiffonnier, sous le nom de Dents-de-Lait. Malgré ses efforts, la victime reste longtemps anonyme : “C'est incroyable ! Personne, je dis bien personne ne connaît l'identité de cette femme. Elle est comme un fantôme qui aurait traversé son temps, puis se serait volatilisé sans laisser de traces.” Même le témoignage de “la femme en culotte” le renseigne peu. Gardant un pied à Paris, Achille doit voyager de Cologne à Dieppe afin d'en apprendre davantage sur la mystérieuse victime...

Frédérique Volot : La Vierge-Folle (Presses de la Cité, 2013)

Ce n'est pas un pur roman policier qu'on nous propose ici, on l'aura bien vite compris. Néanmoins, dans l'esprit de Vidocq, ce distingué détective va mener l'enquête sur un meurtre aussi énigmatique que violent. Peut-être un crime en rapport avec l'attentat d'Orsini ayant visé l'Empereur trois ans plus tôt. Comme dans beaucoup de bons polars, c'est en découvrant le contexte entourant la victime que notre fin limier espère progresser. Achille est assisté d'un pittoresque comparse, maniant l'argot d'alors, et connaissant ce Paris des bas-fonds qui disparaîtra largement grâce aux travaux haussmanniens.

Outre l'intrigue criminelle, bien présente, c'est une belle reconstitution de la capitale sous le Second Empire que nous présente l'auteure. Dans ce Paris dont la mutation s'accélère, la bourgeoisie des nouveaux riches tient le haut du pavé. Chantiers en cours, soirées de fêtes se voulant toutes plus glorieuses, prospérité affichée des puissants, mariages d'argent empreints d'un certain cynisme, tel est l'univers qui est restitué ici d'une manière très documentée. Nul doute qu'on approche de près l'ambiance qui régnait en ces temps-là, dans la bonne société. Quant à la population, incluant bon nombre de gueux, on peut supposer qu'elle profita beaucoup moins du “progrès”, qui enrichissait les notables. Notre héros se veut plus humaniste que ceux de son milieu social. C'est donc un très intéressant voyage dans le passé, qui nous est offert grâce à cette enquête.

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