Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
29 juin 2018 5 29 /06 /juin /2018 04:55

Chicago, au milieu des années 1950. Jim Lathrop est professeur de maths au collège de Palmer Square. Depuis trois mois, il est marié à la blonde Wilma, vingt-et-un ans. Ce jour-là, Jim est agressé dans un parking par un duo de brutes. Ceux-ci lui donnent un paquet destiné à Wilma. Jim rentre chez lui. Quand son mari lui raconte sa mésaventure, Wilma affirme n’y rien comprendre. Dans le paquet il y a environ 5000 dollars, sacrée somme ! Le matin suivant, Jim s’aperçoit que Wilma a disparu. Il contacte illico la police. Le lieutenant Jezierna écoute attentivement les malheurs de Jim. La fiche de Wilma figure dans les dossiers de la police, sous plusieurs identités. Comme son mari Jim, les flics possèdent très peu de renseignements sur les proches de Wilma.

Jim vient en aide à un couple de petits délinquants, Eddie Mandell — dix-sept ans — et son amie Jenny. Il vaut mieux les remettre dans le droit chemin, faciliter leur union. Mais surtout, Jim cherche des pistes pour retrouver sa bien-aimée. Plus adroit que la police, il déniche l’adresse de Vladimir, le frère de Wilma. Celui-ci ne se montre pas hostile envers Jim, même s’il ne cache pas que sa sœur l’a choisi car c’était un homme respectable. Peu après, Jim découvre Nielsen – le gardien de son immeuble – assassiné dans la cave. Cette fois encore, il alerte la police. Ça commence à faire beaucoup d’énigmes autour de Jim, se disent les enquêteurs. Leur principale hypothèse, c’est que Wilma a été incinérée dans la chaudière se trouvant à la cave.

Voulant contacter son avocat, Jim est à nouveau agressé par le duo des brutes du parking. Simple plaisir de cogner le professeur, peut-être. Pensent-ils vraiment que Jim sait où sont cachés les diamants volés par Wilma ? Jim a intérêt à profiter de sa liberté pour retrouver la trace de Wilma, dont il ne doute pas qu’elle soit encore vivante. Car il est désormais recherché pour meurtre. Bien que devant prouver son innocence, Jim possède assez de sang-froid pour ne pas paniquer. D’autant que la police ne semble pas traquer le fugitif. Les flics ont déjà compris que Wilma, morte ou vive, est davantage victime que coupable dans cette affaire-là. Jim va être de nouveau confronté au duo de brutes, mais avec de meilleurs atouts, ce coup-ci…

Day Keene : Question de braises (Série Noire, 1956)

Day Keene (1904-1969) fut un des auteurs populaires de la Série Noire dans les années 1950-60. Si ses romans n’avaient pas la noirceur de ceux d’un David Goodis, ni la complexité d’un John D.MacDonald, par exemple, il s’agissait de solides intrigues polars, riches en rebondissements. Les protagonistes sont toujours crédibles, correspondant aux Américains de l’époque. Dans ce “Question de braises” (1956), le héros est un professeur de collège ordinaire, respectueux de la loi et de la morale. Ce qui explique une bonne dose de lucidité chez lui, malgré les épreuves qu’il va traverser. C’est son amour pour sa femme – qu’il connaît si mal – qui le guide dans ses actes. Day Keene démontrait qu’il n’est pas obligatoire de faire du spectaculaire, du pétaradant, pour raconter une histoire qui "tient la route". Scénario de qualité et narration claire, le secret des romans agréables à lire.

Partager cet article
Repost0
28 juin 2018 4 28 /06 /juin /2018 04:50

Chicago, peu avant 1930. Sam Vettori est le patron du Club Palermo, mais c’est avant tout le chef d’un gang. Il dispose d’une petite équipe, de type fiables. Grâce à son indic Scabby, il a préparé un braquage à la Casa Alvarado. Menée par Rico, l’affaire ne traîne pas. Sauf que Rico abat un des témoins, le policier Courtney, qui aurait pu les reconnaître. Au final, le braquage rapporte plus de neuf mille dollars, beau pactole à se partager. Sam Vettori est conscient que la mort d’un flic, ce sont des ennuis à venir, aussi peu suspect soit-il dans un premier temps. Car le policier Jim Flaherty a l’œil sur la bande de Vettori. Surtout Joe, le chauffeur du gang, montre des signes de faiblesse. Il faut l’éliminer sans tarder. Malgré tout, la position de Sam Vettori est moins forte suite à ce braquage.

Les complices de Sam préfèrent désormais suivre Rico, apparaissant comme le nouveau chef. C’est beaucoup de pression pour Rico, même s’il assume son rôle. Dans la Petite Italie, où les gangs sont nombreux, son autorité reste relative. Son ambition est assez grande pour réussir à s’imposer, estime-t-il. D’autant que le puissant caïd Big Boy se montre régulier avec Rico, un atout sacrément favorable. Ce qui n’empêche pas que, peu de temps après, Rico soit la cible d’une fusillade. Le commanditaire, c’est forcément Petit Arnie, autre chef de bande qui n’apprécie pas l’ascension rapide de Rico. Pour ce dernier et son gang, l’heure est à la contre-attaque. Supprimer Petit Arnie ne serait pas la bonne solution, mais Rico l’oblige à quitter au plus vite Chicago.

Rico a trouvé sa place de chef du gang, même s’il doit se méfier un peu de certains truands voulant le rejoindre. Le pouvoir nécessite de la jugeote. Pendant ce temps, la police n’est pas restée inactive. Flaherty n’a jamais cessé de surveiller de près le gang de Vettori, devenu celui de Rico. Bien que n’étant pas le plus impliqué, c’est Joe – le séducteur de la bande – qui est arrêté le premier par la police. Otero, le fidèle lieutenant de Rico, est un des prochains sur leur liste. Rico comprend immédiatement que son tour ne tardera pas. Heureusement, il s’est trouvé quelques alliés qui l’aideront dès que le risque d’une interpellation est évidente. Certes, il devra sûrement quitter la ville, mais l’essentiel est de conserver la liberté…

W.R.Burnett : Le petit César (Série Noire, 1948)

Écrit en 1929, “Le petit César” est le premier roman de W.Riley Burnett. Durant l’entre-deux-guerres, la réputation de Chicago n’est pas usurpée : c’est la ville des gangs, des braquages, des rackets et de tous les trafics. La guerre fait rage entre bandes. À la base, celle de Sam Vettori n’est pas la plus violente. Mais Chicago ne manque pas de truands plein d’ambition, tel Rico. Entre grandeur et décadence, Burnett décrit avec un vrai réalisme l’ambiance chez les mafieux. On est dans l’action, peu dans la psychologie. Si ce livre figure parmi les classiques du roman noir, c’est aussi parce qu’il fut adapté au cinéma par Mervyn LeRoy avec Edward G.Robinson et Douglas Fairbanks Jr. Roman et film connurent un grand succès. Un pilier du roman noir, à découvrir ou à relire.

Partager cet article
Repost0
26 juin 2018 2 26 /06 /juin /2018 04:55

En Norvège, William Wisting est policier depuis trente-et-un ans. Il a une compagne, Suzanne, qui tient un bistrot. Line, la fille de William, est journaliste. Dix-sept ans plus tôt, William Wisting dirigea l’enquête sur l’enlèvement et le meurtre d’une jeune fille, Cecilia Linde. Le coupable fut arrêté, un nommé Rudolf Haglund. Les preuves contre lui étaient faibles, mais il fut condamné. Aujourd’hui, le nouvel avocat d’Haglund obtient sa liberté et demande la révision de l’affaire, arguant que des preuves furent falsifiées. William étant suspendu de ses fonctions le temps d’éclaircir les choses, l’info est rapidement à la une des médias, le journal employant Line Wisting en parlant abondamment.

La jeune reporter s’intéresse à une toute autre affaire. À Fredrikstad, un homme de quarante-huit ans qui promenait son chien a été assassiné. Sur place, la police ne distille guère de détails. Grâce au numéro de puçage du chien de la victime, Line ne tarde pas à découvrir son nom : Jonas Ravneberg. Il ne lui est pas difficile de trouver l’adresse de cet homme. C’est à cet endroit que Line est violemment agressée, peut-être par l’assassin de Ravneberg. À Fredrikstad, peu de gens semblaient connaître cet homme. Néanmoins, Line contacte un certain Roxrud, qui fréquenta quelque peu Ravneberg. Comme Roxrud, celui était collectionneur de voitures miniatures anciennes.

De son côté, William Wisting réexamine l’affaire Ceciia Linde. Il utilise les archives de a police, les confronte avec ses propres souvenirs du dossier. Ses principales hypothèses sont : une demande de rançon n’ayant pas abouti, un conflit dans la vie professionnelle du père de Cecilia, établir le rôle du petit ami de la jeune fille – le photographe Danny Flom, un kidnapping dû à un parfait inconnu. Quant à la question des preuves relatives, quel policier aurait pris l’initiative de les truquer ? William n’oublie pas que Rudolf Haglund fut formellement identifié par un témoin fiable, Karsten Brekke. Certes, le collègue de William ne respecta pas exactement la procédure, mais il s’agissait d’un flic honnête.

Tandis que Line continue à enquêter sur le meurtre de Fredrikstad, Rudolf Haglund a recouvré la liberté et son avocat se montre offensif. Parmi les éléments, William Wisting réécoute une cassette-audio que la pauvre Cecilia enregistra au temps de sa captivité. On ne sut jamais où elle fut séquestrée avant d’être assassinée. Probablement était-ce une ferme, dont le propriétaire ignorait quel drame se jouait à en son absence. En quelques jours, supportant mal son éviction provisoire, William ne ménage pas ses efforts pour se disculper. Dix-sept ans après les faits, ça paraît quasiment impossible…

Jørn Lier Horst : Les chiens de chasse (Série Noire, 2018)

Le policier William Wisting est, depuis 2004, le héros d’une série de romans de Jørn Lier Horst. C’est le septième titre, “Fermé pour l’hiver” (Série Noire, 2017) qui a inauguré les traductions françaises de la série. Un roman qui valut à l’auteur d’être lauréat du Norwegian Booksellers Prize en 2011. Avec le huitième, “Les Chiens de chasse, Jørn Lier Horst a remporté le Prix Riverton 2012, le Prix Clé de Verre 2013 et le Martin Beck Award 2014. Des récompenses que l’on ne saurait contester, à la lecture de ce polar supérieur. Double intrigue au programme, Wisting reprenant minutieusement un vieux dossier – ayant pu comporter erreurs ou trucages, sa fille Line s’occupant d’un meurtre tout frais. Une histoire d’autant plus séduisante qu’elle ne sombre jamais dans la noirceur absolue., privilégiant l’aspect humain. Un suspense construit et raconté avec une belle maestria.

Partager cet article
Repost0
25 juin 2018 1 25 /06 /juin /2018 04:55

S’il est un auteur qui excelle dans l’écriture de nouvelles, c’est Alain Émery. Ce n’est pas une simple question de format court. Les nouvelles lui permettent d’exciter son inspiration, de triturer ses méninges pour le meilleur résultat. Quand on a comme Alain Émery ce talent de conteur, cela donne des portraits et des scènes auxquels on adhère immédiatement. Des crimes et du sang ? Pas forcément, non. Mais des situations plutôt singulières, ça oui. Alain Émery n’a que de bonnes nouvelles à nous offrir.

Alain Émery : Partition pour chevrotine (Ed.Paul & Mike, 2018)

Parmi les quinze textes de ce recueil, voici trois exemples.

- La pègre des sentences – Qui se souvient du nommé Saint-Elme, un drôle d’olibrius ? Toute sa vie, il débita pas mal d’âneries face à des gens plus savants que lui, le bougre. Mais il se peut que, au hasard de ses raisonnements nébuleux, il lu soit arrivé d’annoncer des vérités.

- Effets de manche – Il faut se prononcer sur le cas de Franklin. Ce samedi soir-là, ce solitaire flânait dans les rues de sa petite ville. C’est alors qu’il croisa une jeune fille ivre. Dans une telle bourgade, boire sans retenue est souvent le seul moyen de faire la fête. Franklin chercha à venir en aide à la jeune fille saoule, et fut injustement, accusé d’agression sur elle.

- Une légende – Ce reporter-télé chevronné raconte à un journaliste débutant une affaire ayant marqué sa carrière "au service de l’information". Dans la Meuse, le meurtre du notaire Francis Monge fit grand bruit. Bénéficiant d’indiscrétions, le reporter-télé obtint plusieurs scoops retentissants, rapidement médiatisés. Tant pis si la vérité était quelque peu différente.

Qui, des ouvriers de l’usine Renard ou des habitués du Chien Rouge (dont je suis), se sont les premiers mis en tête de connaître toute l’histoire de Gabriel Bontemps, je l’ignore, mais cette volonté s’appuyait sur un noble sentiment. Nous l’avions à la bonne, ce gosse, et ce bien qu’il nous ait toujours tenu à distance. Il évitait ma compagnie – qui pourrait l’en blâmer ? Je ne suis qu’un vieil érudit à la retraite – et sa délicatesse l’excluait d’office de ces combats sans merci auxquels nous nous livrons au pied du zinc. Je ne me souviens pas qu’il ait jamais payé un verre à quiconque mais, par un fabuleux effet de bande, cette réserve affûtait notre sympathie.
Nous ne savions rien de lui. Venait-il – ainsi que le suggérait son accent travaillé au schnaps – de ces forêts immenses qui couvrent les montagnes de l’Est et lâchent en pleine nature des hommes faits d’un alliage de sciure, de neige et de pain blanc ? C’est plausible, comme de l’imaginer arraché à des terres orientales en partie couvertes d’eaux et peuplées d’indigènes aux humeurs d’échassier : après tout, il en avait l’allure, la légèreté. En matière d’hommes, tout est jouable, et celui-là, avec ses manigances de gibier, aurait tout aussi bien pu sortir d’un opéra-bouffe que d’un monastère cistercien.

Partager cet article
Repost0
24 juin 2018 7 24 /06 /juin /2018 04:50

Léanne Galji a longtemps été policière au sein de la Brigade des Stups à Nice. Quand elle choisit un nouveau poste, c’est naturellement qu’elle devient commandant de police à Brest. En effet, c’est en Bretagne qu’elle passa sa jeunesse et fit ses études. Elle y a gardé des amies : Élodie, aujourd’hui médecin légiste, et Vanessa, désormais psychologue, toutes deux collaborant avec la police. Elle ne tarde pas à avoir l’occasion de les retrouver quand une affaire criminelle se présente. À Combrit-Sainte-Marine en Pays Bigouden, Corentine Ledantec a été assassinée à coups de marteau. Cette dame de quatre-vingt-neuf ans possédait un caractère désagréable, une chieuse selon le voisinage.

Gwenaëlle Le Floch, fille de la victime, a découvert le cadavre. Quand Léanne l’interroge, elle est encore sous le choc. La policière et son équipe commencent à explorer toutes les hypothèses. Corentine a été tuée de six à sept coups de marteau, il en fallait de la haine pour que l’assassin s’acharne ainsi sur sa victime. Une piste implique un petit réseau de dealers quimpérois, auquel pourrait appartenir Julien Le Floch, petit-fils de Corentine Ledantec. Mais le coup de filet organisé par Léanne est un échec, le principal dealer ayant réussi à s’enfuir et Julien Le Floch restant introuvable. Une autre possibilité mène Léanne sur la piste de deux frères, plus ou moins Gitans, voleurs sévissant dans la région. Ces deux-là auraient-ils sauvagement tué Corentine pour lui voler ses quelques biens ?

Outre ses amies Élodie et Vanessa, avec lesquelles elle passe de bonnes soirées, Léanne n’est pas mécontente d’avoir de l’aide du côté du colonel de gendarmerie Erwan Caroff. Elle doit s’avouer ne pas être insensible au charme et au charisme de l’officier. Julien Le Floch ou les frères Reinach, les "Gitans", tels sont les principaux axes des investigations de Léanne et de son équipe. Mais il peut encore s’agir d’un problème de voisinage qui aurait dégénéré ou d’une traditionnelle question d’héritage, Corentine n’étant pas pauvre. Julien Le Floch, le petit-fils qui fréquentait fréquemment sa grand-mère, détient sûrement une partie des clés de l’affaire. Le trio des Brestoises (Léanne, Élodie et Vanessa) et le colonel Erwan Caroff détermineront bientôt la vérité…

Pierre Pouchairet : Haines (Éd.du Palémon, 2018)

Pierre Pouchairet fit carrière dans la police. Ayant fait valoir ses droits à la retraite en 2012, il s'est lancé avec boulimie et avec succès dans l'écriture. Ses titres ont été salués par la critique et récompensés, entre autres, par le Prix du Quai des Orfèvres 2017 (Mortels Trafics) et le Prix Polar Michel Lebrun 2017 (La Prophétie de Langley). En 2018, il a été finaliste du Prix Landerneau avec Tuez les tous... mais pas ici (Sang Neuf, Plon). C’est aux Éditions du Palémon qu’il a choisi de publier une nouvelle série de titres, ayant toujours Léanne Galji pour héroïne. Enquête policière et ambiances bretonnes détaillées au programme. Le tempo n’est pas des plus rapides, ce qui ne nuit en rien au récit (se déplacer de Brest jusqu’en Pays Bigouden prend plus d’une heure, par exemple). Voilà un polar solide, confirmant les qualités d’auteur de Pierre Pouchairet.

Partager cet article
Repost0
22 juin 2018 5 22 /06 /juin /2018 04:50

En Argentine au temps de la dictature, dans la première moitié des années 1970. Le commissaire-adjoint Lascano, n’appartenant pas aux sphères dirigeantes, est cantonné à des missions secondaires. Cette fois, il s’agit d’enquêter sur le suicide d’un Allemand nommé Rolf Böll. On impose même à Lascano un jeune assistant, Miguel Siddi. Comme le légiste Fuseli, le commissaire-adjoint a de fortes raisons de douter du suicide – qui a en effet été provoqué. En revanche, le policier peut s’interroger sur le rôle de Herta Bothe, l’épouse du défunt. Elle semble avoir disparu. Lascano récupère un carnet écrit par Rolf Böll, qui est rédigé en allemand, langue qu’il ne comprend pas. 

Le CV d’Herta est éloquent : elle fut gardienne dans les camps nazis, Ravensbrück et autres, une des plus dures. Elle fut condamnée à dix ans de prison à l’issue de la guerre, avant de venir se réfugier en Argentine où elle se maria à Böll. Elle est bientôt arrêtée et interrogée par Lascano. Pour le carnet de l’Allemand, le policier a besoin d’une traductrice. Son chemin croise celui de la jeune Marisa Frauberg. Lascano est immédiatement séduit par Marisa, mais il est maladroit pour exprimer ses sentiments. Ayant perdu de la famille dans les camps nazis, Marisa n’est guère enchantée de traduire le carnet. Il y est question de profiteurs qui, sentant venir la fin du Reich hitlérien, se préparaient à continuer plus tard leurs combines financières – restant dans l’esprit du nazisme.

La hiérarchie n’apprécie pas que Lascano mène une véritable enquête sur le suicide de Böll. Dès qu’il demande quelques jours de vacances, ça lui est accordé afin de l’écarter de cette affaire. C’est avec Marisa que Lascano va passer ce temps de repos, devenant vite très intimes. Entre-temps, le professeur Lévi – qui aurait pu fourni un élément-clé à Lascano – est exécuté par la police dictatoriale. Par ailleurs, la répression arbitraire sévit dans toute l’Argentine.  

À son retour, Lascano est muté aux Archives, ce qui indique bien qu’on ne veut plus qu’il enquête. Poursuivant sa traduction, Marisa mesure à quel point les sbires du nazisme furent et sont encore des personnes médiocres, sans honneur. Quant aux dirigeants actuels de l’Argentine, ils ne se font pas de cadeau entre eux non plus. Lascano ira au bout de ses investigations, trouvant l’assassin de Rolf Böll…

Ernesto Mallo : La conspiration des médiocres (Rivages, 2018)

Période troublée pour l’Argentine que ces années 1970. Même superficiellement, tout le monde connaît le contexte d’alors. Sans doute y eut-il des gens comme Lascano, moins impliqués dans la frénésie dictatoriale. S’il est surnommé "Le Chien" pour sa supposée capacité à être offensif dans ses investigations, cela apparaît modérément ici. Il a du caractère, c’est vrai, mais fait son métier consciencieusement, sans éclat particulier. Ce que l’on retient, c’est sa relation amoureuse progressant avec la jeune Marisa. Un homme tel que Lascano n’a rien d’un séducteur sûr de son fait, mais ses sentiments sont vrais. Via le carnet de Böll, on nous montre la bassesse des partisans du nazisme, dont l’Argentine fut un pays d’accueil un peu trop complaisant. Jamais ce peuple n’exprima depuis l’idée d’avoir protégé ces criminels. Cette “conspiration des médiocres” est un bon petit polar qui se lit sans déplaisir, mais qui manque un peu de relief.

Partager cet article
Repost0
20 juin 2018 3 20 /06 /juin /2018 04:55

Noël 2008, en Suède. Pour Nora Linde, analyste financière, son mari et leurs deux fils, ce temps de fête s’annonce heureux sur l’île de Sandhamn, sur la mer Baltique, son havre de paix. De son côté, son ami le policier Thomas Andreasson – inspecteur à la Criminelle au commissariat de Nacka – passe aussi un agréable Noël avec sa petite famille. Mais le 26 décembre, Thomas est appelé sur l’île. Une cliente de l’hôtel local a été retrouvée morte, gisant dans le froid extérieur. Un décès plus que suspect. Jeanette Thiels, cinquante-trois ans, n’était pas n’importe qui. Cette reporter avait une réputation de fonceuse. L’équipe du commissariat de Nacka se met en action pour comprendre les faits. L’appartement de Jeanette a été "visité", son ordinateur a disparu. 

La reporter était la mère d’Alice, treize ans, qui vit chez son père, Michael Thiels, divorcé de Jeanette depuis plusieurs années. Ce dernier semble posséder un alibi en bonne et due forme. La police perquisitionne l’appartement de la victime. Thomas interroge la voisine de Jeanette, Anne-Marie Hanson. Le premier bilan est maigre pour les policiers. L’un d’eux va se pencher sur les archives de Jeanette, les reportages – souvent sensibles – qu’elle a traités ces dernières années. Elle s’est rendue dans les Balkans, afin d’observer la réalité sur le terrain. Mais d’autres dossiers n’ont pas moins d’importance. L’émergence du parti politique d’extrême droite Suède Nouvelle, dont le leader est Pauline Palmér, figurait parmi les sujets que suivaient Jeanette.

L’autopsie de la reporter montre qu’elle était très gravement malade, développant un cancer bientôt fatal. Elle a ingéré du poison, probablement dans les vingt-quatre heures avant sa mort. Thomas et l’équipe d’enquêteurs réalisent que Michael Thiels s’avère bien plus suspect que prévu. Alcoolique et brutal, mais adorant sa fille, il a beaucoup manigancé afin de conserver la garde d’Alice. Bertil Ahlgren, voisin de Jeanette, pourrait sans doute témoigner. Mais à quatre-vingt-six ans, son état de faiblesse ne permet pas aux policiers de l’entendre. La petite Alice, qui comprend mal que sa mère est morte, court un réel danger. Elle possède une des clés des secrets de Jeanette. Les enquêteurs suivent toutes les pistes possibles, privées ou en lien avec les activités de la reporter, qui a été empoisonnée de façon fort singulière…

Viveca Sten : Retour sur l’île (Albin Michel, 2018)

Par terre devant eux, ce qui ressemblait à une personne accroupie. De derrière, elle avait l’air d’être tombée la tête la première, le front était enfoncé dans le sol, le visage enfoui dans la neige. La main droite était levée au-dessus de la tête, le gant pointant en avant, en direction de Lökholmen.
Thomas essaya de comprendre ce qu’il voyait. La victime était-elle tombée ? Ou cette main était-elle tendue pour se défendre ?
Quelqu’un avait commencé à brosser la neige du cadavre, mais s’était ravisé: le haut du corps était presque dégagé, mais les jambes encore recouvertes d’une épaisse couche blanche. Il distinguait a forme d’un talon bas.

Une partie du charme des suspenses de Viveca Sten – dont c’est ici le 6e titre – tient dans l’ambiance qu’elle installe, en particulier par son aspect insulaire. Chaque protagoniste est décrit avec le plus grand soin, les rendant très crédibles. Les chapitres sont courts, offrant sa place à chacun.

Autour de Thomas Andreasson, l’enquête policière en équipe avance sur un rythme traditionnel, sans précipitation, au fil des infos collectées. Pas de révélation-choc à espérer, ce sont les indices divers qui font progresser les investigations. Divorce houleux, motifs causés par le métier de la victime, inimitiés ? On le verra. Si le rôle de Nora est moindre, elle reste un des jalons de l’intrigue. Ce petit séjour en Suède, entre autres sur l’île de Sandham, est un plaisir de lecture confirmant le talent de Viveca Sten.

Partager cet article
Repost0
19 juin 2018 2 19 /06 /juin /2018 14:50

Le Prix SNCF du POLAR 2018 dans la catégorie ROMAN a été attribué à Víctor del Árbol pour son livre “Toutes les vagues de l’océan” (Éd.Actes Sud, Babel Noir). “Gonzalo Gil reçoit un message qui bouleverse son existence : sa sœur, de qui il est sans nouvelles depuis de nombreuses années, a mis fin à ses jours dans des circonstances tragiques. Et la police la soupçonne d’avoir auparavant assassiné un mafieux russe pour venger la mort de son jeune fils. Ce qui ne semble alors qu’un sombre règlement de comptes ouvre une voie tortueuse sur les secrets de l’histoire familiale et de la figure mythique du père, nimbée de non-dits et de silences. Une admirable fresque dans un XXe siècle dantesque porteur de toutes les utopies et de toutes les abjections humaines.” (Résumé éditeur)

Prix SNCF du POLAR 2018 catégorie ROMAN : le vainqueur
Partager cet article
Repost0

Action-Suspense Contact

  • : Le blog de Claude LE NOCHER
  • : Chaque jour des infos sur la Littérature Policière dans toute sa diversité : polar, suspense, thriller, romans noirs et d'enquête, auteurs français et étrangers. Abonnez-vous, c'est gratuit !
  • Contact

Toutes mes chroniques

Plusieurs centaines de mes chroniques sur le polar sont chez ABC Polar (mon blog annexe) http://abcpolar.over-blog.com/

Mes chroniques polars sont toujours chez Rayon Polar http://www.rayonpolar.com/

Action-Suspense Ce Sont Des Centaines De Chroniques. Cherchez Ici Par Nom D'auteur Ou Par Titre.

Action-Suspense via Twitter

Pour suivre l'actualité d'Action-Suspense via Twitter. Il suffit de s'abonner ici

http://twitter.com/ClaudeLeNocher  Twitter-Logo 

ACTION-SUSPENSE EXISTE DEPUIS 2008

Toutes mes chroniques, résumés et commentaires, sont des créations issues de lectures intégrales des romans analysés ici, choisis librement, sans influence des éditeurs. Le seul but est de partager nos plaisirs entre lecteurs.

Spécial Roland Sadaune

Roland Sadaune est romancier, peintre de talent, et un ami fidèle.

http://www.polaroland-sadaune.com/

ClaudeBySadauneClaude Le Nocher, by R.Sadaune

 http://www.polaroland-sadaune.com/