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22 novembre 2013 5 22 /11 /novembre /2013 05:55

Noël 1897. Joshua et Caroline Fielding vont passer une dizaine de jour à Whitby, dans le Yorkshire. Comédiens, ils sont invités avec leur troupe dans la propriété de leur mécène, Charles Netheridge, et de son épouse. Ils doivent y jouer une pièce de théâtre que leur fille Alice a tiré de “Dracula”, le déjà célèbre roman de Bram Stoker. “Dans le livre, la tempête jetait le cercueil où reposait le vampire sur le rivage de Whitby. La pièce serait donnée le lendemain de Noël, devant un public composé d'amis et de voisins des Netheridge.” Dès le premier soir, Caroline perçoit des tensions. Le comédien Vincent Singer montre une fourbe agressivité. Le fiancé d'Alice, Douglas Paterson, craint qu'elle ne prenne trop au sérieux ses prétentions artistiques. Alors que ce n'est qu'un spectacle au public restreint.

Le destin de la jeune femme est de devenir une bonne épouse. Ce que pensent aussi ses parents : “Ce sera une véritable aubaine pour notre Alice... Une agréable distraction, avant qu'elle ne se consacre à sa vie conjugale.” Leur condescendance laisse perplexe Caroline. Mère de trois filles adultes aux parcours sinueux, sa maturité lui dicte davantage de tolérance. Même si en cette époque victorienne, les femmes restent inférieures. Le lendemain, la troupe commence par une lecture de la pièce d'Alice, version épurée de “Dracula”. Joshua Fielding fait comprendre au père et au fiancé de la jeune femme qu'il faudra en améliorer l'écriture, ce dont il va se charger. Sceptiques, Netheridge et son futur gendre ne voient toujours là qu'un plaisant projet, sans grande importance.

Anton Ballin est un voyageur bloqué par un accident et, maintenant, par l'épaisse neige. Il trouve refuge chez Netheridge. Ce soir-là, on évoque les vampires et les mythes grecs, ce qui ne risque pas d'alléger l'ambiance. Lors des répétitions suivantes, Ballin apporte son grain de sel afin d'améliorer la pièce. Il suggère d'incarner le rôle de Van Helsing d'une façon plus vivante, plus convaincante. Vincent Singer, qui joue ce personnage, ne tarde pas à s'approprier cette idée. Douglas Paterson semble fortement attiré par la comédienne Lydia Rye, qui ne ménage pas son charme. Caroline essaie de restituer avec le plus grand soin les décors inquiétants des Carpathes version Dracula. En parallèle du spectacle, un vrai drame couve. Que ni Caroline, ni aucune personne présente ne saurait empêcher. Car il y a de la vengeance mortelle dans l'air...

Anne Perry : Le spectacle de Noël (Éd.10-18, 2013)

Anne Perry s'est rendue célèbre grâce à deux principales séries, les aventures de Charlotte et Thomas Pitt, ainsi que celles de William Monk. On lui doit par ailleurs quelques autres titres tout aussi réussis. Tous les ans, elle présente un suspense plus court que ses autres ouvrages, dans la série “Petits crimes de Noël”. Il s'agit de contes criminels, ayant pour cadre l'époque victorienne. Situés durant la période de Noël, qui devrait être propice à la paix et au bonheur, ces romans sont fort énigmatiques. Comme si, symboliquement, les âmes noires attendaient ces temps hivernaux pour ternir un moment festif.

C'est la mère de Charlotte Pitt qui observe les faits dans la présente histoire. Femme d'expérience issue d'un milieu aisé, elle a choisi une nouvelle vie par ce second mariage avec un comédien. Comme elle, tandis que la pièce prend tournure, nous sentons que la tragédie n'est pas loin. Vu le sujet, l'intrigue ne peut qu'être quelque peu théâtrale. C'est loin d'apparaître déplaisant, d'autant que c'est “Dracula” de Bram Stoker qui sert de toile de fond. On n'oublie pas d'évoquer les vampires, l'arme du crime imitant un objet destiné à les éliminer. Ce nouveau "conte cruel de Noël" d'Anne Perry nous offre, une fois de plus, un très bon moment de lecture.

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21 novembre 2013 4 21 /11 /novembre /2013 05:55

Alors que son fiancé Jules est parti vers le Front, parmi les soldats mobilisés dès le 3 août 1914, une jeune femme est engagée chez Siècle Publicité. Secrétaire de formation, elle n'y connaît rien dans ce mode d'expression que sont les réclames. Néanmoins, elle est fort intéressée par la créativité autant que par les règles qui régissent la publicité. “Quand je feuilletais une revue, un journal, je n'imaginais pas la diversité des efforts d'imagination qu'il fallait mettre en œuvre pour concevoir, composer et publier une annonce que l'œil ne ferait, le plus souvent que survoler.” Elle va apprendre quelques ficelles du métier.

En temps de guerre, on se doit de donner une image encore plus positive du produit que l'on cherche à vendre. Quand son chef de service doit quitter la société, elle est choisie pour le remplacer provisoirement (ce sera définitif). Elle va devoir prendre en charge toutes sortes d'opérations publicitaires. En faisant attention à ne pas tromper le lecteur. Si “La belle jardinière” est un établissement sérieux qui acheminera les colis vers le Front, si les brassières de sécurité Perrin peuvent sauver des vies en cas de naufrage en mer, d'autres margoulins présentent des produits moins fiables. Elle doit flairer les escrocs, miser sur les opérations les plus patriotiques.

Pour mettre en valeur les produits pharmaceutiques et tout ce qui servira au bien-être du soldat, il faut s'adresser aux “marraines de guerre”. Ne pas se voiler la face, à l'heure où le rationnement des denrées est de mise. Promouvoir les produits authentiquement français. À l'époque de Noël, donner une image qui ne masque pas la réalité, mais reste optimiste – comme dans cette illustration signée Poulbot. Se servir de la caricature de Clémenceau pour quelques produits est sympathique. La guerre fait vendre, y compris des articles destinés aux “gueules cassées”. Quand cesse le conflit, le fiancé Jules revient de la guerre, non sans graves séquelles. C'est maintenant la paix qu'il faudra vendre...

Didier Daeninckx : 1914-1918 La pub est déclarée ! (Hoëbeke, 2013)

Telle est l'histoire que Didier Daeninckx raconte pour restituer ces longues années de la guerre 1914-1918. Cette fiction permet de situer le contexte, à travers le prisme original de la publicité d'alors. Malgré le conflit en cours, l'activité économique ne doit surtout pas cesser. Au contraire, elle doit se développer, et les réclames sont le meilleur atout de bon nombre de produits divers, souvent nouveaux. Répondre aux besoins, en susciter d'autres sans doute moins urgents, galvaniser le patriotisme (achetez français, un slogan qui est toujours valable), la publicité prend effectivement un essor considérable.

On s'en doute, le texte évocateur de Daeninckx est efficace, comme toujours. Mais ce qui intéressera dans une large mesure les lecteurs, c'est aussi l'iconographie. Les illustrations publicitaires constituent le témoignage d'un esthétisme et d'un symbolisme s'adressant visuellement à tous. De même, les réclames plus informatives sont autant porteuses de messages : mieux le soldat sera équipé (avec par exemple les bretelles Bayard sans peur et sans reproche), soigné (avec l'Urodonal), ou réconforté avec des boissons chaudes (tel le cacao au lait Eleska), plus vite il gagnera la guerre. Il est très émouvant de découvrir ces publicités d'antan, pas moins créatives que celles que nous connaissons. La première guerre mondiale fut une terrible boucherie, comptant des millions de morts. Mais cette facette publicitaire de la réalité de l'époque n'est pas négligeable. Un bel ouvrage, un cadeau (pas trop onéreux) à s'offrir...

Didier Daeninckx : 1914-1918 La pub est déclarée ! (Hoëbeke, 2013)
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20 novembre 2013 3 20 /11 /novembre /2013 05:55

New York, 1985. Célibataire âgé de quarante-deux ans, Léonard Karlov est un enquêteur chevronné de la police. Deux jeunes femmes viennent d'être poignardées successivement dans leurs appartements de Manhattan. Pas mariées, elles semblent avoir laissé entrer leur assassin sans se méfier. Karlov ne révèle pas publiquement un indice essentiel : on a trouvé des gondoles en papier près des têtes des victimes. Le policier note que l'assassin a méticuleusement fait le ménage après son passage. Réunissant les proches des jeunes femmes, Karlov ne tire guère d'indices de leurs témoignages. Un troisième crime identique est commis. Alors que monte la pression publique, le policier peut compter sur le soutien du Dr Harold Kramer, médecin légiste. Karlov décompose les gondoles en papier. Elles ont été faites avec des journaux de Chicago datant d'environ vingt ans.

Grâce à son ami Jim Hurley, policier de l'Illinois mis à la retraite, Karlov va obtenir une sérieuse piste. Everett Morton Howe assassina une jeune fille en 1965, après être entré chez elle sans qu'elle se méfie. Il fut interné en psychiatrie. Sorti quelques années plus tard, on l'enferma à nouveau pour tentative de viol. Il s'évada trois ans après, sans qu'on le retrouve. Récemment, il fut interpellé sans suite par un agent de police, sous un faux nom. La piste mène chez son employeur, qui le considérait comme un comptable fiable.

Circulant dans une Ford rouge, le tueur se fait passer pour un réparateur de télévisions. Il surveille les victimes visées avant d'agir. Malgré de menus incidents, l'assassin commet un quatrième meurtre. Les différences remarquées ici par Karlov ne sont pas significatives. Le journal de 1963, utilisé pour la gondole, vient cette fois de la petite ville de Winnetka.

Laura Barnett est fiancée à l'avocat Glen. Si elle a suivi la série de meurtres, ce sont surtout les petits cadeaux anonymes qu'elle reçoit qui l'inquiètent. Ils ne proviennent pas de Glen. Dans un premier temps, l'avocat la rassure autant qu'il peut. Mais Laura est de plus en plus certaine que c'est l'œuvre de Jason, son ancien petit ami. La police admet que Jason ne mène pas une vie équilibrée, mais il ne paraît pas dangereux. Le réparateur à la Ford rouge contacte Laura sous un prétexte. Dans le même temps, il a commis un cinquième assassinat. La police du quartier de Brooklyn vient d'arrêter Everett Howe, sans en aviser Karlov. Celui-ci démontre vite que les aveux de Howe sont sans valeur. Émettant des hypothèses tous azimuts, le policier trouve un point commun entre les victimes. Il s'agit maintenant de piéger le coupable...

William Katz : Violation de domicile (Presses de la Cité, 2013)

Quand on parle d'un bon livre, il n'est pas indispensable d'utiliser des étiquettes genre “thriller” et autres arguments se voulant percutants. Il s'agit là d'un suspense authentique dans la meilleure tradition, celle des romans d'enquête alliant questions et péripéties. Né de parents Russes, policier compétent n'ayant guère recours aux analyses de la science, le héros n'éprouve que très peu d'états d'âme. C'est un instinctif, utilisant ses relations et son flair pour progresser dans ses investigations. Certes, il n'avance pas assez vite pour empêcher quelques nouveaux crimes, mais cet enquêteur pur et dur ne renonce pas.

La construction du récit est habile. Outre les indices collectés par Karlov, des scènes nous montrent l'assassin rôdant autour de ses victimes, les approchant. On comprend que Laura, qui apparaît également avec son compagnon Glen au fil de l'affaire, est une des clés du dénouement de cette belle intrigue. D'ailleurs, dans la dernière partie, le rythme du récit s'accélère encore. L'auteur ne cherche pas les effets trop spectaculaires, les mystères glauques ou sanguinolents. Pas nécessaire lorsqu'une histoire est racontée avec fluidité et maîtrise. L'intensité naît naturellement des circonstances criminelles présentées. De forme classique, voilà un suspense très réussi.

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19 novembre 2013 2 19 /11 /novembre /2013 05:55

Les auteurs de polars sont bien naïfs. À qui fera-t-on croire que les enfants sont des êtres innocents ? Dans les romans, on les place généralement en position de victimes. Il est fort rare qu'on les suspecte de méfaits, de crimes, si ce n'est pour les disculper ensuite. Ceci n'est que de la fiction, d'une trop grande candeur. En réalité, les mômes d'hier comme ceux d'aujourd'hui ont toujours été des monstres. D'infâmes salopiauds, de la graine de criminels, tous ces mineurs qu'il serait de bon aloi de protéger. Les romanciers participent à ce mythe si peu crédible de l'enfant pur.

Il suffit de lire l'ouvrage d'Annick Le Douget “Crime et justice en Bretagne” (Coop Breizh, 2011) pour revenir à la vérité. L'auteure cite “... le cas en 1824, de Marie Quéméneur, une fillette de neuf ans du Pays bigouden, coupable du meurtre de deux enfants de Plonéour, conduite sur décision de la Cour d'assises du Finistère dans une maison correctionnelle pour y être élevée jusqu'à l'âge de vingt ans. Ou encore en 1827, d'Yves Robert, jeune pâtre de dix ans, qui s'est vengé de ses maîtres en incendiant leur maison, et que la Cour d'assises de Saint-Brieuc acquitte, mais ordonne qu'il sera conduit dans une maison de correction pour y être élevé jusqu'à ses vingt ans.”

En colonie pénitentiaire, voilà la solution décidée par nos aïeux pour tous les enfants malfaisants. Des établissements, certes rudes, mais qui remettaient les racailles dans le droit chemin. Quand, sous le futile prétexte de maltraitances, des jeunes détenus du bagne de Belle-Île-en-Mer se révoltèrent en 1934, le laxisme commença à s'installer. À part Giorgio Scerbanenco dans “Les enfants du massacre” (Rivages/Noir, 2011) et quelques titres de G.J.Arnaud ou de Brice Pelman, tous les mômes seraient des anges. Même George Pelecanos imagine, dans “Mauvais fils” (Seuil, 2011), la réinsertion possible pour des ados délinquants. Décidément, la plupart des auteurs de polars sont complices d'un manque de fermeté envers les enfants...

Le n°16 du magazine L'Indic est disponible, on se le procure vite !

On espère que chacun aura compris que cette présentation n'est pas à prendre au premier degré. Un brin d'ironie sur un sujet sensible n'est jamais inutile. Et pour continuer à faire le parallèle entre enfance et polar, il faut impérativement lire le dossier proposé par le magazine L'Indic, dans son nouveau numéro. Ce thème y est exploré par Caroline de Benedetti, Betty Douet, Thierry Picquet, Sylvain Forge, Jocelyne Hubert, Geoffroy Domangeau, Éric Maneval, Julien Védrenne... Au sommaire de ce n°16, on découvrira également :

Sévices : Les mots-croisés de Jacques Mailhos

Nécro : No more Elmore ! par Jocelyne Hubert

Garde à vue : Robert Darvel

La musique adoucit les moeurs : Dansez-vous le sabar ? (Les marques du fouet, Gérard Streiff) par Emeric Cloche

Focus : Femmes blafardes par Julius Marx

Dernière séance : Ciné club Fritz Lang / Beat Takeshi (par Julius Marx)

Verdict : Jeux d'enfants, Jonathan Trigell - Protocole 118, Claire Le Luhern - Djebel, Gilles Vincent - En un monde parfait, Laura Kasischke - Nous sommes un orage sous le crâne d'un sourd, Chaïm Helka - Toubab or not toubab, Jean-Claude Derey - Je tue les enfants français dans les jardins, Marie Neuser - Final Cut, Roger L. Simon - Les vestiges de l'aube, David S. Khara - Intermittence, Andrea Camilleri - Ce qui reste en forêt, Colin Niel - 400 coups de ciseaux, Thierry Jonquet - La méthode du crocodile, Maurizio de Giovanni - Les guetteurs, Ian Rankin - Quitte ou double, Cyrille Legendre - Rupture, Simon Lelic - Sur la ligne noire, Joe R. Lansdale - Le vol et la morale, Myriam Congoste - On ne joue pas avec la mort, Emily St. John Mandel - Du vide plein les yeux, Jérémie Guez

Bande Originale : Associés contre le crime, Basic Instinct et Drive, par D.J. Duclock

Main courante - Comparution immédiate

Portrait, Hafed Benotman par ArtphotoLLG

On se renseigne dès maintenant via le site ci-dessous...

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18 novembre 2013 1 18 /11 /novembre /2013 05:55

Une certaine mythologie du truand cultive l'idée que les grands criminels ou les tueurs en série seraient des êtres supérieurement intelligents. Insaisissables, les malfrats et autres escrocs, tellement plus malins que la moyenne qu'ils berneraient toujours les enquêteurs à leurs trousses ? La réalité est beaucoup plus prosaïque. D'abord, la plupart de ces multi-récidivistes passent une grande partie de leur vie en prison. Ensuite, lorsqu'ils sont un temps en liberté, ils s'ennuient ferme entre deux braquages, les opérations spectaculaires n'étant pas si courantes. Vivre dans l'opulence financière, se pavaner avec les plus belles femmes, faire la fête chaque nuit ? Voilà qui fleure bon la légende ou, du moins, est-ce une vie rêvée très provisoire. Enfin, il est fréquent que ces cadors du grand banditisme sèment carrément les indices derrière eux, quand ils ne sont pas dénoncés par leurs amis.

Évoquer le chef de bande Cartouche, le contrebandier Mandrin, le gang des tractions avant de Pierrot le Fou, les anarchistes de la bande à Bonnot, le cas si particulier du “séducteur” Landru, le redoutable braqueur Émile Buisson, la fuite en avant de Jacques Mesrine, c'est aussi rappeler que tous ces assassins finirent par être arrêtés et condamnés, ou abattus sans hésiter. Certes, le gang des Lyonnais organisa durant la décennie 1970 de superbes casses, orchestrés en détail. Néanmoins, la quasi-totalité de la bande fut bientôt arrêtée. Si, au tout début du dix-neuvième siècle, Pierre Coignard se cacha sur le nom du comte Pierre-André de Pontis de Saint-Hélène, il n'en fut pas moins rattrapé par Vidocq en 1818. Plus récent, la Justice retiendra dix-huit meurtres à l'actif de Thierry Paulin, le tueur de vieilles dames. On ne peut pas dire qu'il se cachait, le flamboyant fils de "Monette" Paulin.

Patrick Caujolle : Ennemis publics n°1 (Éd.Le Papillon Rouge, 2013)

Les Chauffeurs de la Drôme, qui martyrisèrent leurs victimes de 1903 à 1908, s'étaient inspirés de leurs prédécesseur de “la bande d'Orgères” (vers 1795). Si ces malfaiteurs cruels visaient un riche meunier des environs, ils ignoraient que Clémenceau venait de créer une police spéciale bien entraînée, qu'on surnomma vite les “Brigades du Tigre”. Autour de 1840, Jean Pomarédès sévit durant cinq années, semant la terreur dans tout le Midi, avant d'être condamné à mort par le tribunal d'assises de Montpellier. Parmi les “historiques”, il faudrait encore citer le fameux docteur Marcel Petiot, assassin de Juifs, condamné en avril 1946. Dans les années 1990 à Toulouse, l'octogénaire Ange Luccarotti pourrait sembler plus pittoresque. Après un parcours chargé de délinquant, avec ses jeunes complices Laure et Michel, Ange se lança dans de nouveaux casses.

Deux personnages très singuliers dans la mythologie du grand banditisme. Christian David fut surnommé, entre autres, “le beau Serge”. Né en 1929, il fit ses débuts comme simple braqueur, avant de se mettre au service des caïds du moment, puis de s'acoquiner avec les hommes de mains du SAC gaulliste. Bien que recherché comme repris de justice, cela le protégea durant un temps. Jusqu'à ce qu'il abatte un policier, et poursuive sa carrière dans le trafic de drogue en Amérique Latine. Peut-être fut-il impliqué dans l'affaire Ben Barka, ainsi qu'il le prétendit ?... Albert Spaggiari, personne n'a oublié le nom du cerveau de ce “Casse de Nice” qui excita la France entière en 1976. Passer par le Paillon et les égouts de la ville pour cambrioler l'équivalent de vingt-cinq millions d'Euros actuel, sacré boulot ! S'il aime la gloire, la personnalité de Spaggiari est toutefois plus ambiguë. Un baroudeur facho, dont on n'est plus si certain qu'il fut vraiment le cerveau du casse.

Né à Saint-Pétersbourg, Alexandre Ludinghausen fut un des plus brillants escrocs d'avant la Seconde guerre mondiale. Avec sa mère, ce rejeton de la noblesse tsariste multiplia les carambouilles, déroba quelques œuvres d'art majeures, trafiqua un vrai-faux Vermeer, et berna des bijoutiers auxquels il prétendait acheter une pierre précieuse. Longtemps recherché avec sa complice à travers toute l'Europe, ce n'est qu'en 1949 qu'il fut pris après le vol astucieux d'un tableau de Goya à Agen... Au total, ce sont vingt-deux portraits de criminels et de bandes de bandits, que nous présente dans ce livre Patrick Caujolle. Il utilise une tonalité généralement légère et enjouée pour nous décrire les circonstances de leurs méfaits. Ce qui est une manière de souligner que, bien qu'appartenant à l'histoire de la criminalité, ces personnages ne sont guère dignes d'admiration. Voici un nouvel ouvrage fort intéressant sur les grands noms français du crime.

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17 novembre 2013 7 17 /11 /novembre /2013 06:30

Comme chaque année, la crème des auteurs de polars donne rendez-vous aux lecteurs à Lamballe, dans les Côtes d'Armor. Ils sont encore venus nombreux en 2013 pour rencontrer les lectrices et les lecteurs, pour souvent converser avec celles et ceux qui les lisent. Ce festival est aussi l'occasion d'assister à des débats. Des associations telles que "813" (Les amis des Littératures policières) ou "Fondu au Noir" (magazine l'Indic) sont aussi présentes. L'organisation de cet évènement reste chaleureuse, conviviale, ce qu'invités et lecteurs admettent volontiers. Voici quelques images du samedi 16 novembre, première journée de "Noir sur la Ville".

Lamballe - Noir sur la Ville 2013 - les images du Festival
Lamballe - Noir sur la Ville 2013 - les images du Festival
Lamballe - Noir sur la Ville 2013 - les images du Festival
Lamballe - Noir sur la Ville 2013 - les images du Festival
Lamballe - Noir sur la Ville 2013 - les images du Festival
Lamballe - Noir sur la Ville 2013 - les images du Festival
Lamballe - Noir sur la Ville 2013 - les images du Festival
Lamballe - Noir sur la Ville 2013 - les images du Festival

Un reportage-photo réalisé le samedi 16 novembre 2013, dédié à l'enthousiaste amie Valérie, du blog L'oiseau-livre : http://loiseaulivre.over-blog.com/

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16 novembre 2013 6 16 /11 /novembre /2013 05:55

Ce week-end des 16 et 17 novembre 2013, en Bretagne et dans la Vallée du Rhône, l'élite des auteurs de polars ont rendez-vous avec leurs lecteurs. A Vienne (Isère) et à Lamballe (Côtes d'Armor), c'est la fête de tous les polars !

Festivals polars des 16 et 17 novembre 2013
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15 novembre 2013 5 15 /11 /novembre /2013 05:55

À l'initiative de l'éditeur Otto Penzler, chaque année paraît un recueil de nouvelles qui recense les meilleurs textes des auteurs américains du moment. Un écrivain confirmé choisit au final parmi les nouvelles sélectionnées. Ce type d'ouvrage fut publié plusieurs années chez Rivages, sous le titre “Moisson Noire”. Donald Westlake, Lawrence Block, James Ellroy, Michael Connelly, Nelson DeMille, Joyce Carol Oates présidèrent au choix des textes. Pour cette nouvelle édition, publiée chez Belfond Noir, c'est Harlan Coben qui décide quelles sont les vingt nouvelles présentées. Il a retenu les auteurs suivants :

Brock Adams, Eric Barnes, Lawrence Block, David Corbett et Luis Alberto Urrea, Brendan Dubois, Loren D.Estleman, Beth Ann Fennelly et Tom Franklin, Ernest J.Finney, Ed Gorman, James Grady, Chris F.Holm, Harry Hunsicker, Richard Lange, Joe R.Lansdale, Charles McCarry, Dennis McFadden, Christopher Merkner, Andrew Riconda, S.J.Rozan, Mickey Spillane et Max Allan Collins. Une présentation biographique permet de situer chacun de ces auteurs. Certains de ces noms sont mal connus en France, d'autres ont déjà une solide réputation dans le roman noir ou le suspense. Tous apportent leur inspiration personnelle et leur propre tonalité à ces courtes histoires. Cette diversité rend le recueil d'autant plus plaisant à lire. Une belle sélection, variée à souhaits.

Harlan Coben présente “Insomnies en noir” (Éd.Belfond Noir, 2013)

Quelques exemples parmi la vingtaine de nouvelles :

Joe R.Lansdale : “Pluie d'étoiles”. Deel s'était engagé pour combattre en Europe, durant la Grande Guerre. Quatre ans plus tard, le voici de retour dans son petit coin d'Amérique. Il retrouve sa femme Mary Lou, vingt-huit ans, et leur fils de huit ans, Winston. Pendant sa longue absence, leur voisin Tom Smites aida beaucoup Mary Lou et son fils. Métis d'une Indienne et d'un Suédois, Tom est un beau jeune homme. Deel se montra autrefois très paternel envers lui. S'il renoue avec son monde, Deel reste marqué par les images fortes des épreuves guerrières qu'il a traversées. Une explication s'impose entre Tom et lui, lors d'une partie de chasse. Il est certain que la mort sera au rendez-vous, quoi que fasse le shérif Lobo Collins.

Lawrence Block : “Table rase”. Âgée de vingt-trois ans, Katherine Tolliver (dite Kit) n'a eu qu'une demie-douzaine d'amants. Son vrai premier petit ami, ce fut Douglas Pratter. Huit ans après leur séparation, elle le recontacte à Toledo. Il est marié, il a un métier stable, il a plaisir à la revoir. Leurs retrouvailles se concluent logiquement par une relation sexuelle. Pourtant, Kit n'est nullement une romantique. Ni cette jeune femme équilibrée installée à New York, ayant réussi socialement, ainsi qu'elle veut paraître. Elle s'est interrogée sur son parcours sexuel, débuté alors qu'elle avait treize ans. Et sur sa vie, qui changea de cap à la mort brutale de ses parents. Kit efface maintenant tout ce qui a trait à certains moments de son passé.

Max Allan Collins, d'après l'œuvre de Mickey Spillane : “Mort depuis longtemps”. Grant Kratch fut condamné à mort et exécuté, son décès effectif fut authentifié. Il s'agissait d'un violeur et tueur en série plutôt fortuné. Ayant assassiné pas moins de trente-sept jeunes femmes, il méritait son sort. C'est le détective privé new-yorkais Mike Hammer qui l'arrêta à l'époque, dix ans plus tôt. Or, Mike vient de le repérer, bien vivant, à l'aéroport. Il le piste jusqu'à son hôtel, et s'arrange pour obtenir ses empreintes digitales. En fait, ce serait celles d'Arnold Veslo, petit truand disparu de la circulation depuis belle lurette. Kratch trouva-t-il le moyen d'échapper à la mort, ou bien s'agit-il d'un sosie ? Avec sa brune partenaire Velda, le privé Mike Hammer enquête. En effet, il y eût d'autres victimes imputables à Kratch après sa mort supposée.

Richard Lange : “Tueur d'enfant”. Veuve, Bianca est la plus âgée des employés de service à l'hôpital, en majorité Latinos. Ses propres enfants restent proches d'elle. Alors qu'elle est de retour dans sa maison, un policier passe pour une enquête de proximité. Quelques jours plus tôt, un bébé a été abattu en pleine rue. Ce quartier de Temple Street est de plus en plus dangereux. Bianca affirme au policier qu'elle n'a rien vu. Pourtant, comme d'autres ici, elle sait que le tueur est un voyou appelé Marionnette (José est son vrai prénom). Mais Bianca a déjà elle-même quelques soucis avec sa fille Lorena, et sa petite-fille Brianna. Peut-être quelqu'un dénoncera-t-il Marionnette ? Pour Bianca, trouver un peu de paix en compagnie de son voisin salvadorien Rudolfo ne serait pas désagréable.

Brendan Dubois : “En patrouille”. Cooper est une vaste et pauvre agglomération de l’État du Massachusetts. Mariée, Erica Kramer y exerce le métier de journaliste free-lance. En vue d'un reportage de fond, elle a obtenu de participer à une patrouille de police nocturne. Parmi les soixante flics, elle a choisi d'accompagner l'agent Roland Piper. Parce que c'est le plus chevronné. Peu ambitieux, il aime s'occuper du secteur du Canal. Ce quartier sensible de Cooper abrite squatteurs et trafics. Une fois posées les règles de respect entre eux, Erica et Roland partent en mission. Le seul incident important pendant la nuit, ce sera un cambriolage en cours dans une bijouterie. Laissant Erica à l'abri, Roland Piper intervient, avant de se faire assommer, un choc pas trop grave. Les collègues de l'agent interrogent Erica, qui ne sait rien sur les gens abattus à l'intérieur de la bijouterie...

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