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28 novembre 2013 4 28 /11 /novembre /2013 05:55

Séraphin Cantarel est Conservateur en chef des Monuments français. Il est marié depuis un quart de siècle à Hélène, charmante archéologue et fine connaisseuse en tableaux. Son assistant se nomme Théodore Trélissac. Âgé de trente-trois ans, il affiche l'air d'un éternel étudiant. Malgré tout, il n'est pas moins cultivé que Séraphin Cantarel. Si ce dernier est installé dans la bourgeoisie, son épouse se veut plus indépendante d'esprit, et Théo joue volontiers les séducteurs quand l'occasion se présente. Après Albi, Cordouan et Reims, la nouvelle mission de Cantarel le mène au Mont Saint-Michel, en Normandie. “La Merveille de l'Occident” doit être bientôt classée au patrimoine mondial de l'UNESCO. Encore faut-il vérifier, en ce mois d'avril 1978, que la monstrueuse marée noire de l'Amoco Cadiz ne va pas atteindre les abords du Mont. Et puis, il faut envisager la restauration de la statue de Saint-Michel dominant le site, fort ternie par les siècles.

Un moine nu sous sa robe de bure a été retrouvé mort dans la baie du Mont. On pouvait imaginer une noyade, mais la présence de l'inspecteur Martin Brisac indique que c'est un meurtre. Le frère Emmanuel, bénédictin en poste sur le Mont, est un vieil ami de Cantarel. Il lui confirme qu'aucun moine n'est manquant dans leur petite communauté. D'ailleurs, ceux-ci ne se promènent jamais nus sous leur robe de bure. Plus tard, Cantarel croise une excursion de franciscains italiens en tenue. Chez eux non plus pas de disparu, mais un sac de voyage a été volé à leur novice, contenant sa robe de bure. Théo Trélissac rejoint son patron au Mont-Saint-Michel. Il étudiera la rénovation, loin d'être simple, de l'archange. Mais il a un autre problème énigmatique à soumettre à Cantarel, ce qui va nécessiter qu'Hélène ne tarde pas à venir elle aussi sur le site historique.

Édouard Bronstein désire faire valoir ses droits sur un tableau d'Eugène Boudin, qui serait en stock au Musée de Caen. Il prétend le prouver grâce à une photo montrant que son aïeul a possédé cette œuvre d'art. Bien qu'Hélène soit experte, difficile d'être affirmative avec ce seul document. Toutefois, il est bien possible que ce soit un de ces tableaux réquisitionnés par les nazis, dont on a perdu la trace des propriétaires initiaux. La référence à la guerre trouble Théo, pour de bonnes raisons. Grâce à l'intervention de Cantarel, le classement du Mont est en bonne voie, selon le ministère. Sur place, la situation s'aggrave quand le frère Jocelyn est assassiné. Spécialiste de la restauration de tableaux, ce bénédictin a été tué avec un porte-cierge. Alors que les amours de Théo avec la jeune Émilie sont contrariés, on apprend que le novice des franciscains italiens a disparu. Sans doute est-il en danger. Séraphin Cantarel et ses proches vont devoir démêler de diaboliques mystères...

Jean-Pierre Alaux : Saint-Michel, priez pour eux ! (Éd.10-18, 2013)

1978 ! La nunuche Danièle Gilbert incarne la télévision française giscardienne, le politicien italien Aldo Moro est enlevé et tué par les Brigades Rouges, plus chanceux le baron Empain est séquestré durant deux mois, la Bretagne est polluée par 200.000 tonnes de fuel après le naufrage du super-tanker l'Amoco Cadiz, le Liban est déchiré par la guerre, Claude François s'électrocute en jouant à l'électricien amateur, tandis que naît le premier bébé-éprouvette. Obtenir une ligne téléphonique prend encore du temps, et l'idée vient d'être lancée du Minitel − qui ne se concrétisera que deux ans plus tard. C'était il y a seulement trente-cinq ans, mais on a l'impression d'évoquer une époque terriblement lointaine et obsolète. C'est pourquoi cette série de roman trouve logiquement sa place dans la collection des polars historiques “Grands détectives” chez 10-18.

Dans ce quatrième épisode, on retrouve avec un plaisir certain nos enquêteurs amateurs, Séraphin, Théo et Hélène. Comme dans les opus précédents, c'est un site majeur qui est au centre de l'intrigue. Ceux qui n'ont pas visité le Mont-Saint-Michel ont bien tort, car les héros érudits nous rappellent ici que son histoire ne fut pas uniquement religieuse. Depuis que le couple Poulard s'y est installé au dix-neuvième siècle, ce lieu est d'abord touristique plus que spirituel. On n'y croise que fortuitement des moines, même en 1978. Outre qu'on nous dévoile un secret sur le jeune Théo, l'intrigue apparaît encore plus corsée et sinueuse que dans les trois autres aventures, ce qui est très agréable. Un suspense de belle qualité.

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27 novembre 2013 3 27 /11 /novembre /2013 05:55

Hommage à Georges Lautner, à travers le roman qui servit de base à son vingtième film “Il était une fois un flic” réalisé en 1971. L'adaptation était signée par le cinéaste et par Francis Véber, alors à l'aube d'une carrière brillante. Les rôles principaux sont tenus par Michel Constantin, Mireille Darc, le jeune Hervé Hillien, Michael Lonsdale, Venantino Venantini, Robert Dalban, Henri Guybet, Jean-Jacques Moreau, Daniel Ivernel, Robert Castel. Il est à noter que le roman de Richard Caron est déjà dédié à Francis Véber. En réalité, ce film était à l'origine un synopsis écrit pour le cinéma, sous le titre La Couverture, par R.Caron et F.Véber. Comme ils ne purent vendre leur idée de scénario, avec l'accord de Francis Veber, Richard Caron en tira ce roman intitulé TTX 75 en famille. Plusieurs années plus tard, le synopsis intéressa Georges Lautner, et F.Véber participa à l'adaptation du livre tiré de son sujet d'origine.

Ce film connut un beau succès. On a le voir, le roman situé au Moyen-Orient diffère largement du scénario, qui a pour décor la Côte d'Azur. Néanmoins, on retrouve dans le livre des scènes similaires avec l'épouse et l'enfant. Par exemple, chacun de son côté, le héros et son fils ont tous deux été impliqués dans des bagarres, résultat : Nous avions lui et moi le même œil au beurre noir et des déchirures aux vêtements, veste, chemise et pantalon, assez semblables... Ce qui se termine par leur double éclat de rire, comme dans le film. Dans un autre passage comparable, l'enfant a fait un cauchemar, et son père” doit lui raconter une histoire pour s'endormir. Par contre, si le film garde les prénoms de Christine (l'épouse) et de Bertrand (le fils), le reste des identités sont différentes. Même leur fonction change, l'agent secret Jasper Wood devient le commissaire Campana, se faisant appeler Louis Lopez.

Richard Caron : TTX-75 en famille (Fleuve Noir Espionnage, 1968)

L'intrigue du roman :

Jasper Wood est agent de la CIA, basé à Paris, chargé de missions dans toute l'Europe et au-delà. Âgé d'une trentaine d'années, c'est un célibataire athlétique. Son supérieur Harold lui confie une nouvelle mission. Sous couvert de commerce d'automobiles, l'agent américain Edward Forester est en poste à Arzoun, au Moyen-Orient. Ce pays arabe est un ancien protectorat français, mais est censé rester un pays ami des États-Unis. De fait, il s'agit d'un pays charnière entre l'URSS et l'influence occidentale. Forester a récemment disparu, probablement prisonnier dans les geôles locales. Bien qu'il ne connaisse rien à ce métier, Jasper Wood sera engagé sous le nom français de Gaspard Dubois, en tant que chef-cuisinier au Grand Hôtel d'Arzoun. Harold a pensé qu'il lui fallait également une couverture familiale afin de passer inaperçu.

Âgée de vingt-huit ans, Christine Molynieux est veuve d'un officier du Renseignement américain. Employée de bureau à l'ambassade des États-Unis, elle n'a pour seule famille que son fils Bertam, neuf ans. Le gamin sera rebaptisé Bertrand, quand Christine et lui vont jouer le rôle de l'épouse et du fils de l'agent. Jasper Wood n'est guère enchanté, car il a vite constaté que ce môme facétieux était “un affreux jojo. D'ailleurs, Bertrand se fera remarquer à la douane, en arrivant à Arzoun. Jasper et sa famille s'installent au Grand Hôtel, appartenant à Ismet Aket, informé de la mission en cours. La clé de l'affaire semble être Tatiana, la chanteuse du club de l'hôtel. Elle était la maîtresse de Forester. Son autre amant n'est autre que le colonel Azak, le tout-puissant chef de la Sécurité. Il faudra se méfier de l'espion russe Davidov et de Jef Durand, agent des services secrets français.

Quelques ajustements sont nécessaires entre Jasper Wood, sa “femme et son fils. Il ne veut pas que Christine s'occupe de lui, ni touche à ses affaires personnelles. Mais il doit se comporter en père, accompagnant le petit Bertrand au lycée, ou intervenant quand le môme a des ennuis suite à un incident avec un autre élève. Tatiana a été poignardée chez elle, certainement par Davidov, bien que la maison fut surveillée par Jef Durand. Abdul, l'assistant de Forester, a disparu. Le père de jeune homme est forcé d'aider le colonel Azak pour qu'il n'arrive rien à son fils. Puis c'est Ben Marmhoud, adjoint de Forester pour le commerce de voitures, qui est éliminé. Dans son rôle de cuisinier, Jasper Wood essaie de ne pas paraître suspect aux yeux de Jef Durand. À cause de Karen, la nouvelle artiste Est-Allemande du club de l'hôtel, l'agent de la CIA risque des ennuis avec le colonel Azak. Christine n'est pas non plus à l'abri du danger...

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26 novembre 2013 2 26 /11 /novembre /2013 05:55

Vincent Cortal est retraité de l'Éducation Nationale depuis quatre ans. Cet ancien prof de dessin et d'autres matières mène maintenant une vie solitaire et oisive à Paris. Ayant été convoqué par un notaire, maître Lenœuf, il n'en devine nullement la raison. Est-ce qu'il se souvient de Matilda Rosken, une Franco-Américaine marginale limite clocharde, vivant en France depuis les années soixante, habitant un appartement genre cloaque ? Sur une série de photos d'elle à plusieurs âges, cette Matilda ressemble vaguement, en beaucoup plus négligé, à la cinéaste Agnès Varda. Fouillant dans sa mémoire préhistorique, de lointaines images reviennent à Vincent. Il se rappelle de la décennie 1970, au temps où il traquait les films improbables du cinéma expérimental.

Au Centre Américain, on diffusait parfois ces œuvres underground qui s'affichaient élitistes, loin du cinéma traditionnel. Projections sauvages, semi-secrètes. Quelques cinéastes étaient issus de la Factory, d'Andy Warhol, semblait-il. Quand on débattait de la qualité de ces créations, Matilda et Vincent étaient généralement d'accord. Tout ça reste quand même flou pour lui, et ne justifie assurément pas qu'il soit légataire de Matilda. En effet, il hérite de quatre-vingt-six bobines de ces films qu'ils visionnaient autrefois, qui n'ont de valeur que pour des frappadingues dans son genre. À en croire le policier Carquignand, Matilda Rosken a été assassinée après avoir été brutalement interrogée. Voilà de quoi surprendre Vincent, mais il ne se sent pas plus que ça concerné.

Il dispose d'un local, où il aménage une petite salle de cinéma perso. “J'ai réalisé tout à coup que ma retraite m'emmerdait depuis un bon moment sans que j'ose me l'avouer. J'avais enfin quelque chose de sérieux à faire. Récupérer les joies idiotes de mon passé. Redevenir jeune et insouciant. Inespéré...” Belle collection, suscitant des réminiscences de l'avant-gardisme de jadis, pour Vincent. Par rapport à la liste répertoriée par Matilda, il doit manquer deux films. La question qui pèse sur le cortex de Vincent, c'est l'importance fort relative de ces œuvres disparues. Il ne compte pas sur le sceptique flic Carquignand pour l'éclairer. Quand Vincent est agressé avec violence par deux prognathes en joggings, une longue hospitalisation s'impose. Sa convalescence dans “la Venise du Gâtinais” ne le met pas à l'abri de ses ennemis. D'autant qu'il a retrouvé les films manquants...

Jean-Bernard Pouy : Calibre 16mm (Éd.In-8, 2013)

Les véritables initiés du cinéma expérimental sont infiniment rares. L'image fixe qui dure huit heures, les photogrammes raturés, ou l'abstraction esthétisante, n'ont jamais attiré qu'un public clairsemé. Expression artistique absconse, qui eut quelques adeptes, surtout quand l'ombre magique d'Andy Warhol semblait planer derrière ces créations. Il suffisait qu'une production (films, livres) se proclame underground pour glaner un peu de prestige. Les plus téméraires assistaient à d'insondables happenings, dénués de tout intérêt. Tel est donc le contexte passé évoqué par J.B.Pouy, qui tâta sûrement de cet univers.

Toutefois, c'est bien dans un sombre suspense que baigne ce roman court (ou novella). Le héros qui n'a rien d'héroïque hérite suite à un meurtre, et risque lui-même sa peau. Que les adversaires soient moldo-valaques, périgourdins ou plus classiquement américains, ils sont infiniment dangereux. Il y a même de la mutation dans l'air pour le flic, c'est dire leur puissance. On connaît et on apprécie la tonalité enjouée des histoires racontées par Pouy. Ce “Calibre 16mm” nous offre, une fois encore, un vif plaisir de lecture.

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25 novembre 2013 1 25 /11 /novembre /2013 05:55

Hommage au cinéaste Georges Lautner, à travers le roman qui servit de base à son deuxième film, “Marche ou crève”. Intitulé “Otages”, ce livre était signé Jack Murray, qui en publia une vingtaine pour la collection Espionnage du Fleuve Noir. En réalité, c'était un autre alias du duo d'auteurs connu sous le nom de Paul Kenny, les productifs Jean Libert et Gaston van den Panhuyse. Par ailleurs, ils en écrivirent aussi vingt-cinq sous le pseudo de Graham Livandert. Devenu “Marche ou crève !”, ce livre fut adapté par Pierre Laroche, et réalisé par Georges Lautner en 1959. Bernard Blier (Lenzi), Daniel Sorano (Milan), Jacques Riberolles (Stefan), Juliette Mayniel (Édith), Gisèle Sandré (Denise) tenaient les principaux rôles de cette histoire. Les extérieurs furent tournés dans le Limbourg (Belgique) et à Amsterdam. La musique était de Georges Delerue.

“Otages” est un solide roman d'aventures, avec son lot de rebondissements, de surprises, et ses personnages typés. Le mérite de ce trépidant suspense d'espionnage consiste à ne pas opposer de façon ordinaire des agents secrets des deux camps. Ce temps de la guerre froide apparaît bien lointain, mais ça reste un sympathique témoignage des intrigues que les auteurs pouvaient inventer à cette époque.

Jack Murray : Otages (Fleuve Noir Espionnage, 1957)

Agent secret d'un pays étranger, Milan Putnik débarque en France. Il se rend à Merlebach (Moselle) afin d'y contacter Stefan Borba. Autrefois collègue de Putnik au sein des services secrets de leur pays des Carpathes, Stefan a choisi de refaire sa vie en devenant mineur ici. Putnik est venu lui confier une mission. Décidant d'opérer pour son propre compte, leur ex-confrère Lenzi a des documents à leur vendre. Stefan doit servir d'intermédiaire. Au besoin, il peut même éliminer ce traître de Lenzi. Celui se trouve actuellement à Hamm, dans le Grand Duché du Luxembourg. Bien qu'il soit marié à Denise, et qu'ils aient trois enfants, c'est une mission que Stefan ne peut guère refuser.

Sur sa moto, il file au Luxembourg, où il a bientôt rendez-vous avec Lenzi. Quand il arrive chez lui, il trouve Lenzi pendu. C'est avec des agents censés être morts, Kasper et Ansaldo, que Stefan devra traiter. Ils sont accompagnés d'une séduisante brune, Édith. Une carte de l’État-major de l'OTAN indiquant les emplacements des stocks de projectiles atomiques, voilà ce que vend le duo. Ils réclament un million de Francs suisses cash, contre ce microfilm. Stefan transmet la demande à Milan Putnik, qui obtient cette forte somme en l'exigeant de son ambassade. Rendez-vous est pris entre Stefan et Édith, mais c'est un piège. Kasper, Ansaldo et la jeune femme prennent la fuite avec le pactole et le précieux document.

La famille de Stefan est prise en otage, afin de l'obliger à retrouver le trio. Ayant obtenu deux semaines de congés, il se rend à Copenhague (Danemark). Disposant d'une adresse, Stefan retrouve vite la piste de la belle Édith. C'est un certain Poul Petersen qui apparaît comme le chef dans cette affaire. Kasper n'est pas loin, non plus : “Les yeux de Stefan allaient de la figure de Kasper au doigt qu'il appuyait sur la détente. Il vit le frémissement de son index, l'infime recul de la gâchette. Son pied quittant le sol à l'instant précis où Kasper tira, frappa son poignet de plein fouet alors qu'un déclic dérisoire tintait.” Les services secrets français de la DST auront aussi leur mot à dire dans cette affaire...

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24 novembre 2013 7 24 /11 /novembre /2013 17:05

L'association 813 a décerné ses Trophées 2013 aux œuvres suivantes...

Roman français : "Le Dernier Lapon" d'Olivier Truc

Roman étranger "Michèle Witta" : "Le Diable, tout le temps" de Donald Ray Pollock

BD : "Blast" de Manu Larcenet

Prix "Maurice Renault" : revue L'Indic (Fondu au noir)

Félicitation aux auteurs récompensés.

Plusieurs blogs et sites figuraient dans la sélection "Maurice Renault". Aucun n'est au palmarès, on peut le déplorer.

Plusieurs blogs et sites figuraient dans la sélection "Maurice Renault". Aucun n'est au palmarès, on peut le déplorer.

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24 novembre 2013 7 24 /11 /novembre /2013 05:55

Éliette Vélard habite désormais à Saint-Vincent, village de l'Ardèche près de Montélimar. Âgée de soixante-quatre ans, veuve de Charles, Éliette a deux enfants adultes vivant en région parisienne. Elle a décidé de s'installer dans cette maison qu'ils retapèrent avec son défunt mari, où ils passèrent longtemps leurs vacances en famille. Ses seuls voisins sont Paul et Rose Jaubert, qui tiennent une ferme à quelques kilomètres. Ce n'est pas qu'Éliette s'ennuie vraiment ici, se trouvant des occupations, mais c'est un coin presque trop calme. Il lui arrive de gentiment fantasmer sur son voisin Paul, ou de délirer sur des légumes aux allures de sex-toys. Encore fort séduisante, Éliette manque de tendresse sexuelle.

Petit incident avec sa voiturette, un pneu crevé. Un homme de passage vient en aide à Éliette. Âgé de quarante-cinq ans, Étienne Poilet semble avoir un problème, qui l'a conduit à échouer par ici. Éliette l'invite chez elle, lui proposant bientôt de l'héberger. Elle se sent revivre, grâce à cette belle parenthèse dans sa vie, même si elle doit être courte. Chez ses voisins, un drame s'est produit. Leur fils Patrick vient de trouver la mort dans un accident de voiture. Il est vrai que c'était un excité du volant. Il aurait été surpris par un obstacle, un véhicule mal garé au bord d'une route étroite. Éliette tente de réconforter Rose, tandis que Paul Jaubert abuse en solitaire du pastis pour calmer sa rage naturelle.

Agnès, la fille d’Étienne, débarque chez Éliette. Cette jeune énervée de vingt ans traîne de longue date dans des milieux interlopes. Elle n'ignore pas qu’Étienne est passé par la case prison au Maroc, avant de revenir à Paris. Pour le compte d'un certain Théo, père et fille doivent fourguer deux kilos de drogue cachés dans une petite mallette. Avec l'accord de son père, Agnès va s'absenter afin de contacter un client potentiel sur la Côte. Chez les Jaubert, arrive leur second fils Serge et son compagnon allemand. Ce qui ne risque pas de calmer Paul, mécontent d'avoir un fils homosexuel. Bien qu'elle sente cette tension, Éliette entend profiter autant que possible de la tendresse câline que peut lui apporter Étienne. Pourtant, la situation va fatalement s'envenimer, entre Paul Jaubert et le voisinage, ainsi qu'entre Agnès et Éliette...

Pascal Garnier : Trop près du bord (Points, 2013)

Les romans du regretté Pascal Garnier (1949-2010) sont ponctuellement réédité, ce qui est une excellente initiative. Nul besoin d'écrire des pavés, de complexifier à outrance les intrigues, pour captiver les lecteurs. Telle pourrait être la leçon que donne cet auteur. Ça n'empêche pas une construction ciselée de l'histoire, au contraire. Si tout commence dans la paix, on va vers la fureur. À la base, des faits anodins et des personnes qui ne sont pas destinées à se croiser. Éliette ou Paul, des gens ordinaires. Étienne et Agnès, plutôt dans la délinquance. Puis monte un crescendo qui rappelle ces enchaînements de circonstances se terminant en faits divers. Comme dans certaines affaires dramatiques d'ex-conjoints qui n'ont plus à se rencontrer, et qui finissent mal.

Si la vie quotidienne apparaît sans troubles particuliers, chacun porte son propre vécu, ses sentiments intimes. Pour traduire cela, Garnier ne manquait pas de finesse. D'humour ironique, non plus. “La rhinite d'Agnès n'avait pas l'air de s'arranger mais, curieusement, cela semblait lui donner une énergie qu'elle déployait sans compter.” En réalité, elle sniffe de temps à autres des rails de coke. Ce qu'une brave femme telle qu'Éliette ne saurait imaginer. Si le ton n'est jamais agressif, le récit est percutant. Bien que d'un format assez court, un roman riche et sombre.

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23 novembre 2013 6 23 /11 /novembre /2013 05:55

Bon nombre de polars dans la collection Spécial-Police du Fleuve Noir furent de qualité très satisfaisante, certains étant même supérieurs. Mais on pouvait parfois tomber sur un roman qui, dès les premières pages, s'annonçait comme un nanar. J'estime que ce fut le cas de “La chasse au petit salé” de Giova Selly, datant de 1980. Certes, les auteurs ne sont pas obligés de tout savoir sur ce qu'ils décrivent, de vérifier chaque détail. Pourtant, il est généralement facile de s'informer. Des brochures renseignent depuis toujours sur la géographie ou l'histoire, par exemple. Dans ce cas, l'auteure n'avait qu'à consulter une fiche horaire SNCF pour ne pas se tromper à ce point.

 

Situons d'abord l'histoire, à travers ses premières pages.

En 1980, Hubert Bezon est venu pour affaires en Bretagne sud, entre pays bigouden et pointe du Raz. Il veut y bâtir un centre de vacances. Cette nuit-là, accompagné par un certain Ferrot, il prend le train pour rentrer à Paris, en gare de Quimper vers 22h30.

« — Ça va. Votre train entre en gare dans dix minutes. Vous l'aurez.»

Ferrot l'accompagne dans le hall de la gare.

« — Quai 1. C'est parfait, commenta Ferrot. Vous n'aurez pas à traverser, c'est le premier.

Malgré l'heure tardive, il y avait beaucoup de monde.

— Vous verrez, il est omnibus jusqu'à Rennes, mais ensuite direct pour Paris. Vous devriez y être vers deux heures du matin.

— J'ai retenu une couchette, dit Bezon. J'arriverai frais et dispos...»

Voici que le convoi arrive en temps et heure.

« — Quai n°1... Attention, s'il vous plaît. Le train en provenance de Brest, Châteaulin, entre en gare. Cinq minutes d'arrêt.»

Hubert Bezon monte à bord du train, voiture 10.

« — Attention quai n°1, clama le haut-parleur à l'extérieur. Train omnibus Quimperlé, Pontivy, Loudéac, Rennes... En voiture, s'il vous plaît.»

Passé minuit, le train arrive en gare de Rennes, où tous les voyageurs vont être bloqués à cause d'une grève surprise. Il leur faut trouver une chambre d'hôtel pour la nuit.

« Lui qui n'avait jamais voulu remettre les pieds à Rennes, c'était réussi.»

Quand il sera de retour à Paris, il découvrira que son épouse Florence a été assassinée en son absence...

“La chasse au petit salé” de Giova Selly, un sacré nanar de 1980

Ce préambule, qui ne couvre qu'une vingtaine de pages, est riche en détails d'une énorme absurdité.

Passons sur le quai n°1 qui est le premier (!).

Ce train est en provenance de Brest ? Non, Quimper est une gare de départ vers Paris, ce qui est aussi de son côté le cas de Brest. Il existe une ligne de chemin de fer entre ces deux villes, via Châteaulin, mais avec correspondance pour les trains en partance. On ne monte donc pas dans un train “en provenance de...”

Continuons avec le trajet annoncé. Aucun Quimper-Paris (même en 1980) n'est jamais passé par les villes de Pontivy et Loudéac, situées vers le centre de la Bretagne. Comme le savent des milliers de voyageurs, Rosporden, Quimperlé, Lorient, Hennebont, Auray, Vannes et Redon sont les gares desservies par cette ligne avant Rennes.

Le trajet débute à 22h30, avec arrivée à Paris annoncée à 2 heures du matin ? Rapide, ce train de nuit de 1980, qui ne met que trois heures trente pour rallier ces deux villes. En 2013, il faut encore quatre heure quarante minimum en TGV. On pourrait finasser davantage. En se souvenant qu'à l'époque (c'est du vécu), la plupart des trains de nuits “couchettes” entre la Bretagne et Paris passaient par Nantes et non par Rennes.

Que d'imprécisions, alors que le héros Hubert Bezon est censé avoir vécu durant la guerre à Rennes, dont il garde de ce fait un souvenir déplaisant. Qu'en est-il de la suite de cette intrigue ? Il faut bien avouer qu'après avoir lu tant d'âneries en si peu de pages, il n'y a plus qu'à refermer ce nanar, et choisir un meilleur roman, mieux documenté.

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23 novembre 2013 6 23 /11 /novembre /2013 05:25
Adieu Georges Lautner !

Fernand Naudin ; sa nièce Patricia et son époux Antoine Delafoy ; maître Folace, notaire ; Les frères Volfoni, Raoul et Paul ; Pascal et Bastien, premières gâchettes du milieu et quelque peu cousins ; Théo l'Alémanique ; Jean le majordome ; La grande sauterelle, sa sœur Églantine Michalon et son regrettable époux Léonard Michalon ; Théobald Dromart, dit Le Monocle ; la légion des espions d'opérette ; la troupe des truands improbables ; et tous les seconds rôles incontournables du cinéma français... ont le vif regret de vous annoncer le décès, ce 22 novembre, de Georges Lautner (1926-2013). Le public populaire se joint aux amis du cinéaste pour saluer cet artisan qui nous offrit des films divertissants, dont on ne se lasse jamais. Merci monsieur Lautner.

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