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22 décembre 2013 7 22 /12 /décembre /2013 06:21

De son vrai nom Marcus Beresford, Marc Brandel est né le 28 mars 1919 à Londres et décédé le 16 novembre 1994 à Santa Monica, en Californie. De 1945 à 1985, il écrivit une quinzaine de romans, dont plusieurs pour la jeunesse. Il fut surtout scénariste pour la télévision. Un seul de ses titres “Ça va chauffer” (1956) fut traduit en français (par Igor B.Maslowski) dans la collection Un Mystère. Une bonne raison de retenir ce suspense ? François Guérif le classe parmi ses cent préférés, dans son livre de souvenirs “Du polar”. Il lui consacra une fiche du “Dictionnaire des Littératures Policières” de Claude Mesplède.

La traduction n'a rien de trop vieillotte, hormis une expression telle que “ce n'est pas mon tapis” (pas concerné) ou quand on situe mal quelle police désigne la Milice d’État. Le récit étant fluide et très bien écrit, ça n'a pas grande importance. Car il s'agit bien d'un roman noir remarquablement construit, qui nous présente avec soin chacun(e) des protagonistes, et où monte inexorablement la pression. Entre bourgeoisie traditionnelle, religion encore présente, classes populaires dénigrées, et sexualité mal vécue, les meilleurs ingrédients sont réunis pour un suspense intense.

Une référence du roman noir, effectivement, qui mériterait une réédition.

Marc Brandel : Ça va chauffer (collection Un Mystère, 1956)

Grantchester est une petite ville, au début des années 1950. Issu de la plus ancienne famille locale, le Dr Charles Gordon en est l'autorité morale. Marié à la discrète Yvonne, il est le père de la taciturne Madelon. Âgée de dix-neuf ans, celle-ci se réfugie dans ses fantasmes, qui concernent Jerry Fletcher. Jeune scientifique menant des expériences sur les rats, il est aussi timoré que Madelon. Le quadragénaire chef de la police Ray Koster n'a guère à réprimer que de petits délits, sur fonds d'alcoolisme. Le banquier Reider ami de toujours de Charles Gordon, Hadow propriétaire de l'usine de gants, Canby qui dirige le journal local rétrograde, sont les principaux notables de Grantchester, habitant le secteur huppé. Il existe ici un quartier sud pour les ouvriers, forcément de mauvaise réputation. On n'aime guère les étrangers. On se méfie même ceux de Molton, la ville voisine.

Le cadavre découpé d'une jeune femme est découvert près de la voie ferrée, la tête étant introuvable. Elle a été tuée peu avant, au cours de la nuit précédente. Des rumeurs fort incertaines courent vite en ville. Heureusement, on identifie bientôt la victime. Clara Hoyt, vingt-cinq ans, enceinte au moment de sa mort, tenait un salon de beauté après avoir été employée à l'usine. Elle semblait apprécier les sorties festives. Il n'en faut pas plus au passéiste Canby pour décréter que cette traînée a été tuée par un homme de rencontre étranger à la ville. Charles Gordon et le policier Koster sont moins catégoriques, mais le temps passe sans élément nouveau. “Le deuxième corps fut trouvé vingt-sept jours très exactement après le premier” par un ivrogne du coin, dans une poubelle, sans la tête. Cette fois, la jeune victime est Ann Bridge, fille d'une bonne famille.

Le banquier Reider engage des détectives pour fouiller les maisons du quartier ouvrier. Ce qui créée bientôt des tensions dans la population. Les magasins ferment tôt, de peur qu'on agresse leurs employées. Horace Palmer, qui dirige la Mission caritative, se montre perturbé par ces crimes et leurs effets. La police doit intervenir au Steve's Bar, quand une altercation accusatrice intervient entre clients. La troisième victime est Carrie Minton, la bibliothécaire âgée de trente-cinq ans, cousine de Charles Gordon. L'atmosphère est à la suspicion générale, y compris au sein du groupe de notables, qui ont pourtant des alibis. “Jusqu'à présent, la police a réussi à prévenir des troubles graves, mais en sera-t-elle capable lorsque le Moloch exigera une victime ? En tout cas, innocent ou coupable, il faut que quelqu'un soit arrêté” écrit Jerry Fletcher dans son journal intime. C'est vers lui que le père d'Ann Bridge oriente finalement les plus vifs soupçons...

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21 décembre 2013 6 21 /12 /décembre /2013 05:55

Ne racontons pas cette histoire au futur, car ça se passe probablement dès maintenant au sein d'un de nos ministères ou dans un club de réflexion politique occulte. On a chargé deux technocrates de concevoir et de rédiger le rapport ADS, “Aide Don Service”. Âgé de quarante-deux ans, le chef est appelé A. Père divorcé, c'est un arriviste acharné, ayant adopté tous les codes de la société actuelle. Servile avec son supérieur P, il méprise avec agressivité son adjoint B. À cinquante-quatre ans, B est un fonctionnaire sans avenir, qu'on a recasé sur ce projet. Si B fournit l'essentiel du rapport, c'est fatalement A qui en tirera le bénéfice. “Aide Don Service”, que signifie ce dossier sur lequel nos dirigeants vont avoir à légiférer un jour, dont il faut déjà prévoir les contours ?

Le bénévolat, c'est terminé ! L'altruisme, ça suffit ! Tout acte de la vie courante doit être impérativement rémunéré. Finie la gratuité, qu'il faut au plus tôt déclarer illégale. Le bon sens impose d'interdire tout ce qui n'est pas payant. Condamner les bénévoles heureux de rendre service aux autres, telle ne peut qu'être la solution. Criminaliser tout esprit de charité, voilà comment on pourra éradiquer ce qui nuit à notre société. D'abord, prévoir un lexique où seront bannis les mots et expressions litigieuses, tels que “Merci”, “S'il vous plaît”, “Très volontiers”, “Pas de problème” et autres billevesées aimables. Faire preuve de la moindre cordialité envers quiconque, fut-ce par le langage basique, c'est ouvrir la voie à des relations personnelles. Chacun sait quelle perte de temps ça signifie.

À proscrire en premier, le conseil d'ami. À l'heure où toutes sortes d'officines en font leur métier, où le coaching sévit dans toutes les branches de la vie sociale, il est intolérable de se contenter de l'opinion d'un ami. C'est même assez suspect, donc ça doit tomber sous le coup de la loi. Et ce qu'on qualifie d'Aide à la Personne, il y a tant d'abus. Voyez cette dame qui invite en vacances une voisine lui ayant rendu service. Un séjour gratuit, c'est effectivement insensé, répressible si l'on creuse quelque peu l'affaire. Quant aux gardes d'enfants par les grands-parents, n'est-ce pas aberrant ? Il est urgent de décourager ces accommodements, alors qu'il y a des services payants pour ça. Au besoin, ne craignons pas d'influencer, de manipuler les populations pour que cessent ces pratiques.

Pour les technocrates A et B, une épineuse question se pose sur l'Encyclique papale du 29 juin 2009, régulièrement rappelée aux catholiques : “Caritas in veritate”, l'amour dans la vérité. Certes, le paroissien se fait rare, et les prescriptions de l’Église sont peu écoutées, mais cet appel à la générosité fait tache. Il faut encadrer les associations, limiter le budget des plus utiles, bien sûr. Offrir des cadeaux aux autres, héberger des proches, et autres initiatives délictueuses qu'il faut contrer sans pitié. Révisons encore le sens de l'amitié, qui n'a pas lieu d'exister dans notre monde. Finis l'échange qui vous rend redevable, ou la gentillesse qui est une forme évidente de faiblesse. Des brigades réprimeront, des indics les informeront, des médiateurs feront appliquer la loi du “tout service payant”...

Emmanuelle Heidsieck : À l'aide ou le Rapport W (Éd.Inculte, 2013)

Vous continuez à faire preuve de politesse ? Il vous arrive d'offrir un coup de main ? Vous ne demandez qu'à faire plaisir ? Votre naïveté frise la stupidité. La dégradation sociale vous guette. Dans quel univers croyez-vous vivre, braves gens ? Certes, quelques vains idéalistes prônent encore l'harmonie du “bien vivre ensemble”, voire même défendent la charité comme un acte utile à la société. C'est de la folie, voyons ! En quoi l'idée de donner serait-elle naturelle, alors qu'on peut logiquement faire payer. Des sociétés facturant leurs services existent pour tous vos besoins. Si vous encouragez le bénévolat, vous verrez que bientôt, par exemple, un certain nombre de blogs vont donneront des conseils de lecture gratuitement. Avouez que ce serait honteux, non ?

Plutôt que d'écrire un essai sur le thème, Emmanuelle Heidsieck a choisi une forme plus fictionnelle. C'est un roman, animé par des personnages dépeints selon leurs caractères. Toutefois, il s'agit bien de mettre le doigt sur un déplorable phénomène de société. À cause de l'individualisme qui nous guide en permanence, nous ne savons plus réfléchir, décider, vivre au quotidien, sans recours à l'argent. Être solidaires dans la simplicité ? Le geste d'offrir est suspect, pousse à la méfiance. Donner est anormal, et ça deviendra assurément condamnable en justice d'ici quelques années. Voilà ce que montre, avec ironie et dérision, Emmanuelle Heidsieck dans ce livre sociologique. Qui, par certains aspects, est sans doute un cri d'alarme. Lisez-le et offrez-le autour de vous... tant que ça n'est pas interdit.

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20 décembre 2013 5 20 /12 /décembre /2013 05:55

Carrickfergus est une petite ville côtière un peu au nord de Belfast, en Ulster. En ce début de printemps 1982, c'est la quatorzième année que sévit en Irlande du Nord cette guerre civile que les Anglais nomment des Troubles. Depuis la mort de Bobby Sands en mai 1981, l'IRA n'a aucun problème pour recruter des volontaires. Presque chaque jour, des bombes explosent à Belfast, la répression anglaise et les milices protestantes n'y pouvant rien. La population vérifie chaque jour si l'on a pas posé un explosif sous sa voiture. Les trajets dans la région de Belfast sont malaisés. À partir du 2 avril, la Guerre des Malouines qui débute risque d'enlever des troupes militaires en Irlande du Nord, ce qui peut dé-sécuriser encore une situation déjà largement chaotique.

Bien que médaillé après une précédente affaire, l'inspecteur Sean Duffy n'est pas vraiment heureux, car il reste lucide sur le foutoir qui l'entoure. Ce qui explique d'ailleurs en partie que sa compagne, la médecin légiste Laura Cathcart, préfère s'éloigner en Écosse durant quelques temps. Son appartement trop vide de Coronation Road est à peine un refuge pour Sean Duffy. Nouvelle affaire mystérieuse, lorsqu'on retrouve un torse humain dans une valise jetée une benne à ordures. Le corps a été congelé, mais difficile de déterminer depuis quand. L'homme, sans doute un étranger, a été empoisonné. Toutefois, l'abrine est un toxique extrêmement peu courant. La plante dont on l'extrait ne semble pas du tout présente dans les îles anglo-irlandaises. Le tatouage de la victime va apporter un élément crucial. L'homme est un ancien soldat d'un régiment d'élite américain.

Malgré les précautions de l'assassin, la police découvre l'adresse du propriétaire de la valise funeste. Sean et son collègue y sont reçus par la veuve de Martin McAlpine. Celui-ci a été abattu dans la cour de sa ferme par un commando de l'IRA en décembre dernier. Le scénario du meurtre apparaît illogique à Sean. L'agressive chienne de McAlpine aurait dû réagir, et puis les fusils de chasse ordinaires sont obsolètes au sein de l'IRA. Le collègue local de Sean confirme que le dossier est clos, après une enquête bâclée. Pas de trace sur les lieux des douilles du tueur, ni de marques laissées par sa moto, c'est étonnant aussi.

Le corps de la valise est finalement identifié. Il s'agit d'un nommé Bill O'Rourke, venu en pèlerinage au pays de ses ancêtres. Comme si la région en proie à la guerre civile était si touristique. Le consulat des États-Unis ne collabore qu'au minimum. Dans cette affaire, les meurtres sont assurément destinés à masquer un trafic. Sean Duffy doit faire un détour ― très agité, puisqu'il passe par l'hôpital ― via Boston (Massachusetts) afin de faire avancer son enquête, malgré le FBI. Il comprendra enfin d'où vient l'abrine, ce poison si rare. Bien qu'il ait reconstitué l'ensemble des faits, après un final explosif, Sean risque des ennuis hiérarchiques...

Adrian McKinty : Dans la rue j'entends les sirènes (Éd.Stock, 2013)

Après “Une terre si froide” (2013), c'est la deuxième aventure de Sean Duffy publiée dans la collection Cosmopolite Noire, chez Stock. Merci à l'ami Norbert de m'avoir signalé cette trilogie. Commencer par le deuxième titre ne pose aucun problème, j'en témoigne. Cette histoire démontre, une fois de plus, qu'une enquête mouvementée n'est pas incompatible avec l'ambiance du roman noir. D'autant que, les faits étant racontés par le héros, l'auteur y ajoute une dose d'humour, entre autodérision et ironie fataliste. Sans doute était-ce le seul moyen de ne pas sombrer, pour qui survivait en ces temps perturbés à Belfast.

C'est évidemment par son contexte général que cette intrigue appartient pleinement à la catégorie du roman noir. On est là dix ans après le dramatique Bloody Sunday, mais la guerre civile avait débuté quelques années plus tôt entre minorité catholique et majorité protestante. S'il évoque les belligérants, et la montée en puissance de l'IRA au début de l'ère Thatcher, Adrian McKitty souligne surtout le climat qui règne dans la population. La police est mise à contribution aux côtés de l'armée, alors qu'elle inclut des personnels de plusieurs religions. À cause de cette instabilité, l'Ulster perd de plus en plus d'atouts économiques. Ce qui n'incite guère à y rester quand on peut faire autrement. À moins d'être attaché à cette terre, et d'accepter une certaine dérision, comme Sean Duffy.

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19 décembre 2013 4 19 /12 /décembre /2013 10:01

L'éditeur François Guérif symbolise le roman noir américain ou international, aux yeux des lecteurs qui le connaissent comme créateur de la collection Rivages/Noir, après avoir lancé de précédentes collections similaires. Ce serait négliger certaines des bases de sa culture polar. Dans “Du polar”, livre d'entretiens avec Philippe Blanchet, publié en 2013 dans la collection Manuels Payot, il s'exprime aussi sur les romanciers français. Bien sûr, Léo Malet, Jean-Patrick Manchette, et Pierre Siniac tiennent une place dans son propos et dans son cœur. Il y eût aussi une autre rencontre, capitale pour lui : Michel Lebrun.

« C'est quelqu'un d'important pour moi. Je l'ai connu en 1972/73, en travaillant sur ce projet de livre sur le cinéma policier français, avec Stéphane Lévy-Klein. À l'époque, je le voyais comme un auteur mineur des Presses de la Cité. Et ce fut une rencontre formidable. Après l'interview, je me suis précipité chez les bouquinistes, sur les quais, pour acheter ses livres. Et lui avait été touché par ces deux jeunes gens qui s'intéressaient à son travail. Il a tout de suite proposé de nous aider. Michel avait un côté encyclopédiste. Il connaissait énormément de choses, et c'était quelqu'un de délicieux. On est devenus très amis […] Il a dû écrire une centaine de romans policiers, sous pseudonymes et sous son nom... Bon certains de ses livres étaient très mauvais, notamment les plus vieux. Mais il y a plein de bouquins sympas...» (Désolé de vous contredire, M.Guérif, mais il n'y a quasiment aucun mauvais titre parmi les romans de Michel Lebrun publiés dans les années 1950/60.)

François Guérif : Du polar (Éditions Payot, 2013)

En disant grand bien de deux romanciers incontournables, François Guérif surprendra certainement ses admirateurs. Du moins ceux qui, ayant des œillères, ne défendent que le roman noir pur et dur, et détestent autant Georges Simenon que Frédéric Dard.

« Simenon écrit des choses qui peuvent être assimilées au roman noir. D'une certaine façon, Maigret est un détective on ne peut plus classique. Mais en même temps, c'est du pur roman noir, dans le sens où ça n'est pas tellement l'identité du coupable qui compte, mais la manière dont Maigret écoute, regarde, s'imprègne de la personnalité même de l'assassin... Très souvent, il ne juge pas, d'ailleurs. En plus, à côté des Maigret, Simenon écrit toute une série de romans très noirs […] Non, pas “à la manière de”... Au contraire, il est pour moi l'exemple même de quelqu'un pour qui le roman policier, c'est un roman social par excellence. Et quand il est aux États-Unis, il n'écrit plus du tout sur ce qu'il a vu en France, mais sur ce qu'il voit sur place. C'est ce reflet qui l'intéresse. »

Quant à Frédéric Dard, Guérif n'est pas moins élogieux à son sujet :

« Je dois dire que c'est un auteur que j'ai découvert sur le tard. Je dois dire qu'à l'époque, je n'aimais pas beaucoup San Antonio ? Je trouvais ça très inégal [...] Mais il y avait l'autre Frédéric Dard que j'aimais bien. Celui des romans noirs et romantiques. Ils n'étaient pas toujours très bien construits, mais il y avait une vraie atmosphère de poisse qui planait comme ça, au-dessus des gens. [Première rencontre] Je me souviens très bien que j'étais un petit peu intimidé. Frédéric Dard, c'est un monument tout de même. Et je dois dire que ça a fonctionné tout de suite. S'il y a quelqu'un qui n'était pas difficile d'accès, ni prétentieux, ni imbu de lui-même, c'était bien lui ! [Il a] une place un peu à part. D'abord, un auteur incontestablement bien ancré dans la littérature populaire, qui commence sa carrière avec des romans noirs.

« […] Il y a un côté André Héléna, un côté poisse qui est très intéressant chez Frédéric Dard. Quelle que soit l'histoire, on sent dès le début cette espèce de prédestination qui, de toute açon, ne peut que mal se terminer […] Dard est un romancier noir, tout comme Léo Malet. Ils se connaissaient et ils s'aimaient bien. Je sais que Léo Malet disait du bien de Frédéric Dard. Et puis franchement, c'est vrai que les quelques fois où j'ai rencontré Frédéric Dard, c'était un homme délicieux […] Que ce soit Pierre Siniac, que ce soit Léo Malet, Frédéric Dard ou Albert Simonin, c'étaient des gens que tu aimais fréquenter. »

Si, par ailleurs dans ce livre, François Guérif évoque quantité d'auteurs américains, ces passages sur les écrivains français mérite autant d'être retenus.

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18 décembre 2013 3 18 /12 /décembre /2013 05:55

Dany et Agnès Quincey forment un couple parisien de quinquagénaires aisés, habitant l'Île Saint-Louis. À cinquante-quatre ans, Dany a perdu son emploi dans l'informatique. Agnès est directrice générale des parfums Destut, réputés à travers le monde. Actuellement, le lancement de leur nouveau produit, Diadème, la met quelque peu sous tension. Les deux meilleurs amis sont un couple de psys, désormais séparés, Anne et Franck Amar. Celui-ci a refait sa vie avec une jeune Russe. Dany et Agnès Quincey restent proches d'eux, même si le hasard doit s'en mêler pour que leurs amis praticiens se revoient, chez eux. En effet, Agnès vient d'être témoin de plusieurs incidents dans le métro. Deux personnes ont chuté mortellement sur la voie. Il peut aussi bien s'agir d'accidents que de suicides. Agnès croit avoir remarqué une femme en trench-coat près de la scène macabre.

Néanmoins, la vie continue. Après la soirée mondaine de promotion du parfum Diadème, et un dîner privé avec le créateur du parfum et le patron de la société, Agnès est mêlée à un autre accident dans le métro. Peut-être est-ce plus marquant encore, car la jeune Coraline n'avait que dix-sept ans. Cette fois, c'est le nommé Michael Fairbanks qu'Agnès pense avoir vu rôder autour de la scène. Cinq ans plus tôt, elle a eu une liaison sexuelle avec cet homme, ce qu'elle avoua plus tard à son mari Dany. Selon Agnés, Fairbanks se montrait assez violent dans leurs étreintes, ce qui l'envoûtait à l'époque. Qu'il soir revenu se venger d'elle après leur rupture, rien d'impossible. Elle livre une version édulcorée des faits, n'évoquant que le dernier cas, au policier Mezghani, chargé de l'enquête.

Ce dernier va bientôt déterminer que Michael Fairbanks n'existe pas. Pourtant, Agnès persiste à y croire. Anne confie à Dany que son amie Agnès fut suivie psychologiquement quand elle était adolescente. Des troubles causés par un viol, semble-t-il. Après avoir assisté aux obsèques de la jeune Coraline, le couple Quincey prend quelques jours de vacances du côté de Chinon, région natale de Dany. Celui-ci cherche à en savoir plus sur sa femme, tout en évitant le clash entre eux. Un accident lors d'une visite au château d'Ussé pourrait avoir des conséquences. Le policier Mezghani risque de finir par s'interroger sur Agnès. La psy Anne finit par conseiller de s'adresser au docteur Patrick Romestaing. Ses théories sur le syndrome de Croyde ne font pas l'unanimité, mais un séjour d'Agnès chez lui peut éclaircir les tréfonds de ces affaires...

Marc Welinski : Le syndrome de Croyde (Éd.Daphnis et Chloé, 2013)

Bien que les scénarios soient évidemment fort différents, Agnès n'est pas sans rappeler les héroïnes de “Pas de printemps pour Marnie”(1964) ou de “Sueurs froides─Vertigo” (1958), célèbres films d'Alfred Hitchcock. Est-ce que les troubles psychologiques qui les ont habitées peuvent interférer sur ce qui les perturbe aujourd'hui ? Bien sûr, ce serait résumer beaucoup trop vite la présente intrigue. Si elle s'étale sur cinq cent pages, c'est afin de cerner tous les détails du contexte.

À commencer par le couple Quincey, qui se considèrent comme des “partenaires” excluant la notion purement familiale. Agnès est une femme d'affaires typique, ce qui implique toujours une part de froideur dans ses rapports avec les autres. Ça suppose certains refoulements chez ces personnes, dominantes en apparence. Équilibre probablement plus fragile, car une femme doit davantage lutter pour atteindre socialement les sommets. Et doit s'interdire des pulsions, des choix qui seraient naturels chez d'autres femmes. On les imagine, croyant pouvoir gommer de déplaisantes étapes de leur existence passée et tout assumer dans leur vie de “dirigeante”, ce qui reste illusoire.

À l'opposé, quinquagénaire estimant pouvoir profiter de son temps, son mari Dany affiche une dose de dilettantisme. Face à la situation, inquiet et dépassé, c'est lui qui nous raconte la première partie des faits. Puis c'est au tour de l'héroïne Agnès de raconter la suite. Une introspection visant un retour à la normale, sans doute, mais les méandres de l'âme féminine sont parfois plus compliqués. Voilà une histoire où prime la psychologie, sans négliger un suspense bien réel malgré ses aspects cotonneux.

Lire également l'opinion de Pierre Faverolle et de Mimipinson.

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16 décembre 2013 1 16 /12 /décembre /2013 05:55

Julian Strummer et Pierre Moince sont deux reporters qui vont être récompensés par le Prix Pulitzer 2017, pour une enquête d'exception. Quelques temps plus tôt, l'Anglais Julian traverse une crise sentimentale, rompant avec son amante Ashlee, qui est mariée. Pour un reportage, il séjourne durant un mois en Amérique latine. Dans un coin perdu de l'Équateur, il remarque un certain Juan, guide touristique qu'il devine être un compatriote. Son vrai nom est John Woodcock, natif de Liverpool, ancien militaire britannique. Malade, il accepte de raconter son histoire, en échange de soins. Après des combats en commando plus ou moins glorieux, John intégra une unité occulte de l'armée anglaise.

Le 27 juillet 2012, il participa à une action secrète au Niger. La mission de son groupe consistait à éliminer une poignée de villageois du déserts, probablement soutiens d'Al Qaida. John eut un peu de chance quand, leur cible ayant été exterminée, son groupe fut abattu par des militaires français qui ne laissèrent aucune trace. John parvint à quitter l'Afrique, passa par son pays natal où il comprit être recherché, avant d'aller se cacher en Équateur. Certes, il y eut une version officielle de la mort collective des Peuls Nigériens. Mais l'ouverture des J.O. de Londres primait dans l'actualité de ces jours-là. Dès son retour d'Amérique, Julian entreprend de savoir ce qui a motivé cette mission meurtrière.

Il renoue avec son amante Ashlee, avant de contacter son ami journaliste Pierre Moince. Ce dernier a des relations en Afrique. Pour le colonel français en poste au Gabon qu'il connaît, silence officiel de rigueur. En confidence, il affirme néanmoins que son pays n'a commis aucune bavure. “Il y a une chape de plomb sur cette affaire qui semble convenir à tout le monde, reprit Seyresse. Je sais simplement que l'armée est plus victime que coupable, qu'elle a été manipulée.” Les deux reporters trouvent une piste au Liechtenstein, paradis fiscal. Mais Julian réalise vite que le siège de cette banque fantôme se trouve au cœur de Londres. Le duo va devoir faire preuve de ténacité pour déterminer les enjeux et les rouages de cette affaire, empoisonnante pour certains...

Bruno Jacquin : Le jardin des puissants (Éditions Les 2 Encres, 2013)

Des romanciers français sont, autant que les auteurs américains, capables d'écrire de très bons “thrillers internationaux”. En voici un exemple, avec ce roman d'aventure, comme il se doit riche en mystère et en péripéties. “En six mois, Julian et Pierre étaient allés sur les cinq continents, parcourant l'équivalent de trois tours du monde.” Quand on s'attaque à un organisme tentaculaire, il faut une part de chance et de hasard, mais on doit surtout aller dénicher les renseignements à la source. Revenir au vrai métier de reporter.

“Ne confonds pas tout et tout le monde. Ce sont les vils journalistes de révérence, obséquieux aussi bien avec ceux qui possèdent le pouvoir qu'avec ceux qui ont l'argent, quand il ne s'agit pas des mêmes ; ces journalistes de connivence, qui tentent d'imposer leur définition de l'information et au-delà, une certaine façon de penser, une certaine manière de voir le monde […] Ceux-là, oui, salissent ta profession.” Même si la vérité est sale et visqueuse, plus sombre encore que la population ne l'imagine, risquant de déséquilibrer les intérêts de dirigeants sachant se protéger, elle doit éclater dans toute sa noirceur. Publié par une petite maison d'édition, un suspense d'action plein de qualités.

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14 décembre 2013 6 14 /12 /décembre /2013 00:10

Le polar est riche, en qualité et en diversité. Cette année 2013 nous l'a encore prouvé. De la pure noirceur, des intrigues fort astucieuses, des contextes historiques ou singuliers, des références à la tradition du polar noir, de la fantaisie et de l'originalité, on n'a eu que l'embarras du choix. Justement, quand vient le moment d'en sélectionner quelques-uns, il s'en présente au moins une trentaine possédant des qualités supérieures. Précisons que “22/11/63” de Stephen King n'apparaît pas, le Maître étant forcément hors catégorie. Il y en aurait même d'autres, sans doute, parmi ceux que je n'ai pas eu l'opportunité de lire, bien qu'étant lecteur intensif. Je n'ai pas la science infuse pour m'auto-glorifier d'une compétence hors norme. Ici il s'agit juste de présenter des suggestions honnêtes.

Les 15 meilleurs polars de 2013

Alors, puisque je ne compte en retenir que quinze, tant pis pour ceux qui pouvaient figurer dans les meilleurs. Tels (par ordre alphabétique) Alex Berg : Zone de non-droit (Ed.J.Chambon), John Brandon : Little Rock (Le Masque), Didier Daeninckx : Têtes de maures (L'Archipel), Frantz Delplanque : Elvis et la vertu (Ed.Seuil), Tom Drury : La contrée immobile (Points), Lisa Gardner : Preuves d'amour (Albin Michel), Alfredo Noriega : Mourir, la belle affaire ! (Ombres Noires), Janis Otsiemi : African tabloïd (Éditions Jigal), Michel Quint : Veuve noire (Éd.L'Archipel), Thomas Raab : Metzger sort de son trou (Carnets Nord).

Ces romans n'ont pas démérité, bien au contraire.

Les 15 meilleurs polars de 2013

Cinq autres titres doivent encore disparaître du choix final. C'est douloureux, quand on a pu apprécier ces excellentes histoires. Il eût donc fallu garder également... Victor Gischler : Coyotte Cossing (Denoël), Joseph Incardona : Misty (Baleine), Hesh Kestin : Mon parrain de Brooklyn (Éd.Seuil), Miguel Ángel Molfino : Monstres à l'état pur (Ombres Noires), et Viveca Sten : La Reine de la Baltique (Éd.Albin Michel). Il s'agit de romans qui méritent, là encore, qu'un large public déguste leurs qualités.

Quinze, il n'en reste plus que quinze. “À lire impérativement”, selon une formule connue ? Action-Suspense se contente de proposer, certainement pas d'imposer. À chacun(e) de lire selon son plaisir. Néanmoins, à divers niveaux, ces quinze titres-là possèdent une saveur supplémentaire, peut-être une excellence qu'on n'a pas trouvée chez d'autres, y compris parmi les sélectionnés hélas écartés. Pour lire l'intégralité des chroniques qui leurs sont consacrées, il suffit de cliquer sur les titres.

Les 15 meilleurs polars de 2013

 

Mes 15 meilleurs polars de 2013 sont...

 

- Sam Millar : On the Brinks (Éd.Seuil)

Telle qu'il la raconte, la vie de Sam Millar a longtemps été un roman noir, prisonnier politique Nord-Irlandais avant un braquage audacieux aux États-Unis qui le conduit encore en prison. Ce n'est pas de la fiction, c'est pourtant le meilleur polar de l'année.

- Megan Abbott : Envoûtée (Le Masque)

Une histoire de femmes criminelles dans l'Amérique des années 1930. L'auteure se réfère à la meilleure tradition du roman noir, démontrant toujours une subtilité dans l'action et dans la psychologie, qui frise la perfection.

- Lauren Beukes : Les lumineuses (Presses de la Cité)

Harper Curtis est une sorte de fantôme criminel qui traverse le vingtième siècle dans la région de Chicago. Un postulat issu du Fantastique, pour une des plus originales histoires de tueurs en série, d'une sacré intensité.

- Harry Crews : Nu dans le jardin d'Eden (Sonatine)

Un inédit de cet écrivain décédé, son deuxième roman écrit en 1969. Un pur chef d'œuvre de fantaisie que ce portrait de Garden Hills, bourgade perdue de Floride, et d'habitants opiniâtres ou déjantés. Un scénario magnifiquement écrit.

- David Gordon : Polarama (Actes Noirs)

New-yorkais, Harry est un auteur de romans populaires, qui se trouve impliqué dans une affaire criminelle. Suspense, humour, et hommage aux grands ancêtres du roman noir. Une virtuosité indéniable.

- Ken Bruen : Sur ta tombe (Ed.Fayard)

Jack Taylor est toujours en vie, on se demande comment il y parvient tant il est cabossé. Cette nouvelle aventure, toujours habitée par le Mal, figure parmi les meilleurs titres de la série. Il n'est jamais trop tard pour adopter Jack Taylor.

Les 15 meilleurs polars de 2013

- Ryan David Jahn : Emergency 911 (Actes Noirs)

Dans une bourgade texane, la fille du policier Ian Hunt est définitivement déclarée défunte, des années après sa disparition. Or, elle vient d'échapper à ses ravisseurs. Un suspense astucieux à la fois dense et enjoué, dans l'Amérique profonde.

- Toby Ball : Les catacombes (Ed.10-18 inédit)

Dans une métropole américaine en 1935, le maire et ses proches sont corrompus. Un journaliste, un détective et un documentaliste des archives de la police enquêtent chacun à leur façon. Très bel hommage aux ambiances des classiques du roman noir.

- Bruce DeSilva : Pyromanie (Actes Noirs)

A Rhodes Island, Mulligan est un reporter “à l'ancienne”. La série d'incendies touchant les quartiers anciens de la ville faisant des victimes parmi ses amis, ne sont pas accidentels. Qu'il est délicieux de lire de vrais romans noirs d'investigation comme celui-ci.

- Ahmed Khaled Towfik : Utopia (Ombres noires)

L’Égypte est devenue en 2023 un pays invivable pour les plus pauvres et les plus nombreux, tandis qu'une élite financière vit dans des ghettos sécurisés... avant que la révolte gronde à nouveau. Polar d'anticipation et regard juste sur la société égyptienne.

- Romain Slocombe : Première station avant l'abattoir (Éd.Seuil)

Au début des années 1920, la Paix est dans tous les esprits. Pourtant, dans l'univers que fréquente le journaliste Ralph Exeter, ce sont les prémices d'une future guerre qui se développent. Un roman à la fois documenté et très animé.

Les 15 meilleurs polars de 2013

- Noah Hawley : Le bon père (Série Noire)

Le Dr Paul Allen ne croit pas que son fils soit devenu un criminel. Affinant son diagnostic, il relève des témoignages favorables, au fil du parcours de son fils. Basé aussi sur d'autres affaires connues, son combat restera long et incertain. Encore un suspense intense.

- He Jiahong : Crime impuni au monts Wuyi (Éditions de l'Aube)

En 1998, six quinquagénaires chinois font du tourisme dans la région du Wuyishan. L'un d'entre eux va mourir, mais l'enquête restera imprécise. Évocation du régime chinois et évolution de la justice dans ce pays, en toile de fond d'un passionnant roman.

- Michael Wallace : Les Justes (Pôle Noir, MA Editions)

Il se commet aussi des crimes dans les sectes mormones, chez les intégristes polygames de l’Église de la Seconde venue du Christ. Étudiant en médecine, le fils d'un patriarche de leur communauté enquête avec sa jeune sœur. Un climat pour le moins insolite.

- Elena Piacentini : Le cimetière des chimères (Éd. Au-delà du Raisonnable)

En cette journée neigeuse, le policier Leoni et son équipe de la PJ lilloise sont appelés au cimetière de l'Est de la ville. Il s'agirait d'un suicide, mais l'affaire est plus tourmentée qu'il y paraît. Noirceur, magouilles et sourires, pour un polar captivant.

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13 décembre 2013 5 13 /12 /décembre /2013 05:55

En cette fin d'année 2013, deux rééditions bienvenues au Livre de Poche...

 

Sylvie Granotier : "La Rigole du diable"

À vingt-six ans, Catherine Monsigny est avocate pour le cabinet de Me Renaud, ténor du Barreau. Elle espère qu’un procès criminel l’aidera à se faire un nom, en démontrant sa compétence. L’affaire Myriam N’Bissi lui en offre l’opportunité. Native du Gabon, elle réussit à échapper à la famille qui l’exploitait en France. Grâce à une association militante, elle put épouser Gaston Villetreix, plus âgé qu’elle d’une trentaine d’année. Elle partit vivre avec lui dans la Creuse, à Saint-Jean-des-Bois. Le mariage dura six ans, jusqu’au décès de Gaston. Le permis d’inhumer fut accordé, mais des cousins visant l’héritage accusèrent Myriam. Il est vrai qu’on trouva le même poison dans le corps autopsié de Gaston et dans la maison. Incarcérée à Guéret, visiblement déprimée, Myriam nie avoir tué son mari. Il est vrai que dans ce village où les portes ne sont pas fermées à clé, on a pu aisément déposer le poison chez ce couple, trop original pour la bourgade.

Catherine reste perturbée par son propre univers familial. Elle n’avait que quatre ans quand sa mère fut assassinée. Le meurtrier épargna l’enfant, qui ne saurait le reconnaître. Elle fut élevée et protégée par son père, le Dr Claude Monsigny. Ils changèrent de région et de nom. Catherine n’a jamais obtenu de détails sur le drame, son père s’étant réfugié dans une solitude fermée. Certaines nuits, la jeune femme est hantée par des images de sa mère, plus imaginées que vraies. Sans négliger des affaires mineures, Catherine s’implique dans la future défense de Myriam. Lors de ses séjours en Creuse, elle s’installe dans une chambre d’hôtes du côté d’Aubusson, chez des amis du journaliste Louis Bernier, avec lequel elle a sympathisé. Au village, elle est troublée par Olivier, un néo-rural voisin et ami du couple Gaston-Myriam. Louis et Olivier sont ses meilleurs alliés sur place, le journaliste se renseignant même pour elle...

Voici quelques éléments factuels, pas les fins détails qui donnent sa force au récit. On retrouve la virtuosité narrative, qu’on aime chez cette auteure. Il convient de noter la précision des décors et des ambiances, parisiennes ou creusoises. Au tribunal ou au cabinet de Me Renaud, à la prison de Guéret ou chez les amis de Catherine dans le Creuse, les scènes apparaissent vivantes et naturelles, d’une belle crédibilité. Autre point fort capital, la psychologie des personnages. Avec subtilité, Sylvie Granotier concocte un scénario délicieusement mystérieux, riche en questions et en péripéties. Un roman absolument passionnant.

Sylvie Granotier : Le rigole du Diable - Jean-François Coatmeur : Une écharde au cœur (Le Livre de Poche)

Jean-François Coatmeur : "Une écharde au cœur"

Disculpé par un non-lieu, le quadragénaire Gwen Malinec est libre après deux ans et demi de prison. Il reste en contact avec sa compagne Nicole, qui s’occupe de leur fille Justine. Il est préférable que Gwen ne revoit pas Antoine, 17 ans, fils adoptif de Nicole, à cause de qui il fut incarcéré. C’est dans la maison de sa défunte mère, à Pouldavid près de Douarnenez, que Gwen va s’installer avec son chien Argo. Alors qu’il approche de sa destination, une ombre fantomatique surgit dans la nuit. Ayant été agressée alors qu’elle se baignait dans une crique voisine, une jeune femme cherche du secours. Gwen accepte d’héberger Mara, 28 ans. Sa première version des faits apparaît douteuse. En effet, elle oublie volontairement de préciser qu’elle se trouvait cette nuit-là avec son amant Yvan. Gendre d’un puissant élu local, celui-ci n’est pas intervenu. Croyant que Mara s’est noyée, il laisse toutefois un ultime message sur son répondeur.

Ayant été averti qu’Antoine a fait une fugue, Gwen pousse Mara à lui confier la vraie version de sa mésaventure. Elle possède peu de renseignements sur Yvan, sauf qu’il est vaguement prof de dessin. Ce n’est pas lui qui l’a agressé dans l’eau, Mara en est certaine. Elle finit par admettre avoir été contactée par un inconnu, afin de piéger son amant. À la fois, elle fut contrainte d’accepter car on menaçait son fils hospitalisé, et elle ne pouvait refuser la jolie somme promise. Ce qui n’explique pas pourquoi c’est elle qui a été victime d’une agression. Par son ancien instituteur, Gwen envisage l’éventualité qu’Yvan soit un de ses ex-copains de classe. Septuagénaire, Guillaume fut le voisin et l’ami de Gwen. Aujourd’hui en maison de retraite, il réclame avec insistance que Gwen et Nicole lui rendent visite. Son état frisant le délire inquiète le couple, qui ne comprend pas sa manière de les rejeter. On est toujours sans nouvelle du jeune Antoine...

Il ne viendrait à l’idée de personne de contester la qualité supérieure d’un roman de Jean-François Coatmeur. Ses suspenses se savourent pour plusieurs raisons. La densité de l’intrigue constitue évidemment le premier atout. Il le démontre une fois de plus ici. Grâce à des personnages complexes aux secrets inexprimés, grâce à des situations gardant une large part d’ombre, le lecteur avance sur un chemin incertain. L’auteur est le seul maître du labyrinthe où il nous a entraînés.

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