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10 juillet 2018 2 10 /07 /juillet /2018 04:55

Jacques le Luck est un riche industriel. Après quelques jours d’absence, il revient à son manoir. Il apprend qu’il est censé être mort la veille, son corps étant exposé dans une pièce de la maison. Un grand choc pour son épouse, qui décède dès qu’elle le voit. Cela suscitera peu d’émotion chez lui, car le couple s’entendait très très mal. Le commissaire Becassi est chargé d’enquêter sur les circonstances de l’affaire. Il émet bientôt une hypothèse sensée : le soi-disant Jacques Le Luck, le mort de la veille, serait le jumeau de l’industriel. Il se trouve que Le Luck a effectivement un jumeau, Thomas, qui n’est pas du tout son sosie. Celui-ci vit dans cette demeure, tel une sorte d’ermite, servi par son valet Nic. Ce Nicaise Gervais est un ami de longue date de Thomas. 

Le commissaire est prévenu : Thomas est un personnage des plus étranges. Un sorcier, un mage, un thaumaturge, bien difficile de le cerner. Selon son valet Nic, quelques années plus tôt, vagabondant à travers le pays, Thomas Le Luck aurait accompli un certain nombre de miracles. Puis il s’est établi comme fakir, influant mentalement selon les demandes de clients. Installé chez son frère, Thomas fuit le contact avec quiconque. Quand le commissaire parvient à lui parler, l’ermite s’accuse d’avoir causé par l’esprit la mort de la détestable épouse de son frère. Le policier est bien plus rationnel que ça. Il va enquêter en Bretagne, dans la commune dont sont originaires les frères Le Luck. Il s’y passa des choses énigmatiques autrefois.

C’est à Paris que le commissaire Becassi poursuit ses investigations. Pas seulement pour en découvrir davantage sur le mystérieux Thomas. Des témoins évoquent un certain M.Guy, au visage d’ange. Selon le policier, cet inconnu introuvable pourrait être une des clés de l’affaire. Malgré ses efforts, il n’avance guère. Désormais, Jacques Le Luck court un vrai danger mortel, annoncé par son frère devin. Par la suite, le comportement de Thomas reste parfaitement illogique. L’accuser d’une diabolique machination serait absurde. Le policier pourrait également soupçonner Nicaise Gervais, mais ce dernier n’a pas grand-chose à gagner à comploter. Sa fidélité à Thomas prime tout. Pour le commissaire, qui s’est pourtant démené, l’histoire a peu de chances de trouver sa solution…

Marc Agapit : Le temps des miracles (Fleuve Noir Angoisse, 1972)

La collection Angoisse fut publiée par les éditions Fleuve Noir de 1954 à 1974. Son audience fut moindre par rapport aux collections Espionnage et Spécial-Police, bien que présentant des suspenses "surnaturels" originaux et généralement de belle qualité, voire de vraies "perles rares". Marc Agapit (1897-1985) fut le principal contributeur de cette collection. Ses romans se plaçant dans un quotidien proche de la vraie vie, il cultiva des ambiances troublantes. Il ne cherchait pas à effrayer, à susciter l’horreur, mais poussait le lecteur aux limites de l’improbable, de l’inexplicable. La narration est claire, le rythme est sans temps mort.

La particularité de “Le temps des miracles”, paru en 1972, consiste à proposer une enquête policière en bonne et due forme. Faut-il croire aux miracles, par la seule intervention de l’esprit ? C’est la proposition que Marc Agapit fait ici à ses lecteurs. Voilà un auteur extrêmement original et inventif, dont il faut lire ou relire les romans.

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8 juillet 2018 7 08 /07 /juillet /2018 04:55

En novembre à Vannes (Morbihan). Au bout d’une voie autrefois goudronnée qui n’est plus qu’un chemin crevé d’ornières, près des ruines d’une usine désaffectée, une voiture brûle cette nuit-là. Le commissaire Nazer Baron est appelé pour enquêter, car il y a un corps calciné dans le coffre du véhicule. Celui-ci appartient à Agathe Miracki, quarante-deux ans, commerciale en produits financiers pour une compagnie d’assurances. Disposant de son adresse, le policier commence par le domicile de cette Agathe. Le vieux voisin Jos Doaré peut utilement renseigner Nazer Baron. Il a vu la jeune femme quitter sa maison la veille au soir avec cette voiture. Une perquisition s’impose chez Agathe Miracki, même si l’on est pas encore sûr que ce soit elle, la victime.

Si tel est le cas, a-t-elle été assassinée chez elle ? Un tapis imbibé de traces de sang le laisse à penser. Il est surprenant qu’Agathe soit sortie en oubliant son téléphone portable sur son lit. Nadine Houlard, une de ses collègues, se présente alors que les policiers sont en train d’inspecter les lieux. Elle devait voir Agathe pour des questions professionnelles. Grâce aux relevés téléphoniques, le commissaire Baron et son équipe trouvent le nom du compagnon actuel de la jeune femme. Âgé de quarante-quatre ans, Jérôme Ségui est dentiste. Agathe et lui avaient rendez-vous la veille au soir pour participer au vernissage d’une exposition au cœur de Vannes. Jérôme, ne pouvant joindre son amie Agathe, s’est évidemment inquiété, mais il n’a pas jugé nécessaire d’aller jusqu’à chez elle.

Nadine Houlard est une amie de Thomas Darmain, l’ex d’Agathe. À trente-neuf ans, il a fait des tas de petits boulots. Il est employé comme magasinier dans une société de transport. Il n’a ni le profil d’un délinquant, ni d’un criminel. Toutefois, il a eu du mal à tourner la page après sa rupture avec Agathe. La police peut aussi envisager qu’Agathe, dont on admet que c’est bien la victime, ait été agressée par un cambrioleur ou par un violeur. À moins que certains dossiers professionnels de la jeune femme soient à l’origine de cette affaire ? Après tout, elle traitait des transactions financières, ce qui peut amener parfois des conflits. La hiérarchie d’Agathe ne semble pas au courant de problèmes de ce genre. Le commissaire Baron va se pencher sur l’entourage personnel de la jeune femme…

Hervé Huguen : La source du Mal (Éd.du Palémon, 2018)

Depuis 2009, le commissaire Baron a été le héros d’une douzaine de polars, souvent situés entre Vannes (56) et la région nantaise. Le voici de retour avec “La source du Mal”. Il s’agit d’un roman d’enquête s’inscrivant dans la bonne tradition du genre, une intrigue énigmatique. Une belle galerie de personnages présentés avec crédibilité, parmi lesquels on peut en soupçonner quelques-uns – comme il se doit. Collecter des indices et des témoignages, ne pas en tirer trop rapidement des conclusions, tel est le rôle d’un policier connaissant son métier comme le commissaire Baron. Loin des polars spectaculaires, il est très agréable de suivre des enquêtes policières à la tonalité juste.

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6 juillet 2018 5 06 /07 /juillet /2018 04:55

Julie Loubriac est une jeune lycéenne de tout juste dix-huit ans vivant dans la région de Quimper. Elle a disparu depuis plusieurs semaines. Ses parents divorcés, Martine et Louis, sont très inquiets car ce n’est pas une simple fugue. La police ne peut guère agir. Il est temps pour Louis Loubriac de prendre les choses en main. Il se renseigne auprès des profs du Lykès, le lycée de sa fille. Il charge un de ses amis, expert en informatique, d’explorer l’ordinateur de Julie. Ce dernier trouve des éléments : Julie a été entraînée par son ami Yacine, partis pour le djihad en Syrie. En effet, la jeune fille fait partie d’un groupe de "volontaires" transitant par un camp à la frontière syrienne. Julie est un peu désorientée, mais puisque Yacine lui a promis que c’était pour la bonne cause, celle de Daesh…

Louis Loubriac se rend chez la famille de Yacine, mais il ne doit pas compter sur leur coopération. Peu après, il est contacté par Meggane, la fille d’un défunt ami. Elle appartient à la DGSI de Quimper, surveillant les éventuels djihadistes de retour en France. C’est à Paris que le nommé Berlic est membre de la DGSI. Il semble tout savoir sur le cas de Julie. Louis se demande quand même s’il peut lui faire confiance, le policier Berlic agissant en marge des consignes de sa hiérarchie. Bientôt, une autre lycéenne est repérée pour son projet de départ vers la Syrie. Louis prend en filature cette Magalie, de Quimper à Paris, puis en train jusqu’à Mulhouse d’où elle va prendre un avion vers le Moyen-Orient. Louis fait de même, et se retrouve à Istanbul.

Pendant ce temps, dans le contexte des attentats commis en France, la situation syrienne agite les sphères du pouvoir, autour de l’Élysée. Certes, les pros de l’anti-terrorisme ne sont pas inactifs. Par exemple, ils mettent la pression sur Saber Kaanali, un recruteur de futurs djihadistes. Que sa filière continue à les expédier en Syrie, pas de problème. S’ils partent, ils ne participeront pas aux attentats sur le sol français. Toutefois, des conseillers du pouvoir, il en existe de plusieurs sortes : des expérimentés tel Sébastien Matteoli, et de nouveaux promus ambitieux. Tous manigancent, davantage pour leur intérêt que pour celui de l’État… De retour à Quimper, Louis Loubriac poursuit ses investigations, ignorant les combines politiciennes, manipulations qui risquent de causer quelques morts…

Pierre Pouchairet : Tuez-les tous… mais pas ici (Coll.Sang Neuf – Éd.Plon, 2018)

Pierre Pouchairet utilise ici un thème d’actualité récente : l’incitation au départ massif de jeunes combattants pour entrer dans les rangs de Daesh – ou de l’État islamique, en Syrie. Comme tant d’autres, les parents de Julie n’ont pas décelé ses projets. Si certaines familles étaient favorables à l’engagement de leur enfant, sous prétexte de religion, beaucoup n’ont pas compris le choix de leur fils, de leur fille. Julie elle-même ne sait pas vraiment à quoi elle s’expose. C’est une expérience de non-retour, pourtant. Quand, comme Louis Loubriac, des parents se mobilisent, il est forcément trop tard.

L’auteur nous rappelle à juste titre la portée politique de cette guerre contre Daesh. Derrière les fermes déclarations de nos dirigeants et l’action bien réelle et efficace de nos services anti-terroristes, grenouillent un tas de "conseillers" discutables. Un noir suspense très entraînant, à la narration captivante. Une histoire palpitante restituant un sombre aspect de notre 21e siècle. Un authentique roman noir "à la française" (ce n’est nullement péjoratif).

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4 juillet 2018 3 04 /07 /juillet /2018 04:55

Âgé d’une cinquantaine d’années, Gabriel Lavilla est flic à la PJ de Nice. Il revendique ce terme de "flic". Vocation ? “Non, je crois que le mot exact qui m’a conduit a exercer ce métier, à me cogner des heures et des jours de planques, à foutre mon mariage en l’air, c’est injustice. Oui, l’injustice, cette maladie qui déchire vos entrailles chaque fois que vous vous pointez devant des corps meurtris, qui s’immisce dans votre sommeil pour vous rendre responsable de leurs vies volées, qui vous file la gerbe et l’envie d’exploser les types qui les ont dérobées.” Avec son équipe de la Criminelle, Gabriel est chargé d’enquêter sur la disparition de Laurent Ghiberti, quarante-six ans, patron du BTP aux activités diverses, puisqu’il possédait aussi l’hôtel Azur Palace qu’il vient de vendre. 

Gabriel connaît depuis leur adolescence Emmanuelle Ghiberti, la très classe épouse du disparu. En perquisitionnant chez eux, le policier découvre un pistolet appartenant à Laurent Ghiberti. Parmi ceux qui étaient en conflit avec le disparu, il y a l’entrepreneur en bâtiment Pironi. Une histoire d’impayés que Pironi n’a pas digérée. Mais celui-ci possède des alibis suffisants pour être peu suspect. Il faut compter aussi avec la mairie, Laurent Ghiberti étant proche du maire de Nice. Vergeat, le supérieur de Gabriel, et Lavilla font preuve d’une certaine diplomatie à son égard. Autre piste possible : Jade, la maîtresse de Ghiberti. De son vrai nom Camille Fournet, la jeune femme est plus une escort-girl qu’une amante passionnée. Emmanuelle savait que son mari la trompait. 

Pour les policiers, il faudrait éclaircir le rôle de Giordano, vice-président des principales sociétés de Ghiberti, sans doute amoureux platonique d’Emmanuelle. Gabriel Lavilla interroge aussi Mélanie, la fille du couple Ghiberti. Elle confirme des tensions entre ses parents. L’hôtel Azur Palace a été vendu à un riche Russe, un certain Timpraska. L’avocat de ce dernier intervient : en tant que résident monégasque, Timpraska refuse de venir témoigner au commissariat. Qu’à cela ne tienne, les policiers iront le questionner à son domicile. Qu’il s’agisse d’une disparition volontaire, d’un problème privé ou d’une affaire professionnelle, ça reste encore confus. Mais le chevronné Gabriel Lavilla, son adjoint Gérard et leur équipe sont tenaces, explorant à fond toutes les hypothèses…

Michel Tourscher : Une disparition (Éd.Toucan noir, 2018)

Si Marseille est la ville de tous les trafics, Nice est de longue date celle de toutes les magouilles financières, d’arrangements souvent frauduleux. Agissements sur lesquels les autorités ferment les yeux, non sans complaisance. L’image de Nice ne doit pas être ternie par ces malversations. Depuis quelques années, des "milliardaires russes" sont entrés dans la danse, étalant des millions d’Euros issus d’on ne sait quel bizness, faussant encore davantage les choses. L’argent coule à flots, Nice en profite.

Michel Tourscher, l’auteur, est officier de police dans les Alpes-Maritimes. Dans ce troisième roman, il décrit son métier avec ses aléas, le mode opératoire des enquêtes. La tonalité détaillée s’avère de bon aloi, mais le tempo eût mérité plus de rythme narratif. Néanmoins, “Une disparition” est un bon polar actuel, dont le héros est sympathique.

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3 juillet 2018 2 03 /07 /juillet /2018 04:55

À part pour la gymnastique sexuelle, le commissaire San-Antonio n’est pas un amateur de sports. C’est l’inspecteur Bérurier qui l’entraîne ce jour-là au match de football, au stade de Colombes. La rencontre France-Eczéma s’annonce exceptionnelle. Dans les tribunes, le gros Béru ne risque pas de passer inaperçu. Le match s’interrompt bientôt : l’arbitre teuton Otto Graff vient d’être abattu par un tir de deux balles. Le commissaire San-Antonio ne peut rester sans réagir. Tandis que Béru se fait agresser de toutes parts, le policier fouille les vestiaires. En particulier celui d’Otto Graff, car il s’agit d’en savoir plus sur la victime. À l’occasion de ce match, il résidait à l’Hôtel Modern. Selon l’expert, les balles ont été tirées par un fusil, à au moins deux cent mètres.

C’est bien simple, il y a un immeuble juste en face, ça vient donc de là, un tir du 3e ou du 4e étage. La concierge n’a vu personne de suspect entrer ou sortir de son immeuble. San-Antonio rend visite aux locataires du bâtiment. L’arme de précision, il la retrouve chez des voisins qui ont été ligotés et bâillonnés par les tireurs masqués. De retour au stade, San-Antonio repère un second mort inconnu, oublié dans la cohue de l’événement. Le temps de faire son rapport au Vieux, son supérieur, et San-Antonio est reparti sur la piste des assassins. C’est à l’Hôtel Modern que le commissaire espère dénicher des indices. Le vaillant Béru est déjà sur le coup lui aussi, dans la chambre du défunt arbitre est-Allemand, encore que l’inspecteur ne soit pas plus efficace que d’habitude.

Dans cet hôtel, il y a deux clients du nom de Graff : Otto la victime, et son supposé frère Pauli Graff. Ce dernier serait un artiste de cirque, de nationalité helvétique. Ce curieux bonhomme, San-Antonio l’a déjà croisé au stade. Dans la tradition communiste, Otto Graff était accompagné de deux sbires du régime. En voilà deux qu’on ne peut pas suspecter du meurtre, c’est déjà ça. Mais si on les arrête, ces flics de l’Est étant disciplinés, il ne faut pas s’attendre à des révélations fracassantes, non plus. Est-ce au cirque que San-Antonio trouvera les explications de toute l’affaire? Pas sûr. Car ce crime pourrait bien avoir été motivé par une toute autre raison, vieille comme le monde : la vengeance…

San-Antonio : San-Antonio renvoie la balle (Éd.Pocket)

Publié en 1960, ce polar est bâti sur une intrigue sans complication, un scénario classique de l’enquête policière. Avec une très grosse différence, quand même : c’est une aventure du commissaire San-Antonio. L’histoire est donc racontée dans la tonalité burlesque chère à Frédéric Dard. S’il est question de football, San-Antonio ne manquera pas de prouver une fois de plus son talent de séducteur, en batifolant avec la rousse Geneviève, témoin du crime. On ne peut passer sous silence la tonitruante présence de Bérurier. Le Gravos, le Mahousse, le Phénoménal, l’Énorme, son Altesse Rarissime, des surnoms collant parfaitement au personnage du Gros. Lire et relire San-Antonio, c’est toujours s’offrir un moment de détente, ne nous en privons pas.

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2 juillet 2018 1 02 /07 /juillet /2018 04:55

Pete Harper est musicien, compositeur. Il s’est installé pour quelques mois en Irlande, dans le Donegal. Il espère y trouver l’inspiration. Son ex-femme vit aux Pays Bas, à Amsterdam, avec leurs enfants Jip et Beatrice. Pete entretient une relation amoureuse ponctuelle avec Judie, commerçante locale. À Tremore Beach, il a sympathisé avec un coupe de voisins, Leo et Marie Kogan. Leo a vécu mille expériences, qu’il raconte volontiers. Malgré la violente tempête estivale qui est annoncée, Pete se rend à une soirée entre amis chez Leo et Marie. Au retour, l’orage monte en puissance. Alors qu’il évacue un obstacle sur la route, Pete est frappé par la foudre. Heureusement, il est rapidement hospitalisé, même s’il ne s’éternise pas dans ces services de soins. 

Quelques jours plus tard, Pete pense se sentir mieux. Ce n’est pas tout à fait exact, car il a par moments mal au crâne. Il va même être victime d’hallucinations cauchemardesques, d’une sorte de délire onirique ressemblant à un dramatique rêve éveillé. Il retourne à l’hôpital consulter a Dr Anita Ryan. Selon elle, ces céphalées ne sont pas anormales, il subit des séquelles courantes après avoir reçu un impact de foudre. Avec le temps, ça devrait disparaître. Mais il peut aussi s’adresser à un psy, au besoin. La douleur persiste dans la tête de Pete. Une nuit, il croit avoir affaire à des malfaiteurs rôdant autour de chez lui. Nouvelle hallucination. Malgré le soutien moral de Judie, de Leo et de Marie, Pete s’inquiète de plus en plus, redoutant de sombrer dans la schizophrénie.

Pete s’efforce de faire en sorte que son état n’ait pas d’impact sur les vacances de Jip et Beatrice. Finalement, il se résout à contacter le psychiatre Kauffman, de Belfast. Sa méthode pourrait être efficace, ou du moins utile. Amélioration toute provisoire, car en revenant à Tremore Beach, Pete est encore victime de troubles. Peut-être qu’un séjour en service psy lui apporterait un certain apaisement. Prémonition ou pas, Pete sent planer le danger sur son entourage. Sur ses enfants, sur Judie, sur Leo et Marie ? Tout ça reste trop flou, mais l’impression de péril est forte. Est-ce le lieu lui-même, Tremore Beach, qui porterait malheur ? Si Leo a souvent été loquace sur ses aventures à travers le monde avec Marie, il a masqué certains secrets…

Mikel Santiago : La dernière nuit à Tremore Beach (Babel Noir, 2018)

Il s’agit ici du premier roman de Mikel Santiago, désormais disponible en version poche chez Babel Noir, avant le remarquable “Le mauvais chemin” (Actes Noirs, 2018). Les déboires de santé de Pete Harper trouvent-ils une explication dans le paranormal, ou bien est-il en train de verser dans la folie ? C’est une histoire très vivante, intense, un suspense psychologique riche en péripéties et en questions, qu’à concocté l’auteur. On entre vite dans le petit univers de Pete – et de ses amis, grâce aux descriptions détaillées mais jamais lourdes. Une narration souple, c’est le premier atout des bons romans, une qualité essentielle dont fait preuve Mikel Santiago. Voilà un auteur à suivre de près.

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1 juillet 2018 7 01 /07 /juillet /2018 04:55

Anglais, Martin Neale a cru faire fortune en Argentine, mais il est dans la dèche. Il se retrouve dans le petit village d’Itapangua. Il espère mettre la main sur son compatriote Stephen Darnley, recherché pour un kidnapping meurtrier. Il y a une forte récompense à la clé. Neale n’y parviendra pas seul. Aussi contacte-t-il le commissaire d’Itapanga, Carjaval, un citadin qui ne se plaît guère dans ce trou perdu. Le policier accepte de s’associer à Neale. Il mobilise un camion et quelques "vigilantes" parmi les hommes étant sous ses ordres. Ils filent vers le désert, dans la direction où sont partis Darnley et sa compagne Suzanne. Le couple étant tombé en panne d’essence dans un village indien, il a poursuivi sa route à dos de mulets.

Neale, le commissaire Carjaval et sa petite troupe doivent opter pour la même solution : continuer la chasse sur les pistes du désert avec des mulets. Ils rattrapent Darnley et Suzanne. Il s’agit maintenant de rentrer à Itapangua, un périple sous le soleil ardent de cent-cinquante kilomètres, avec peu de vivres et d’eau en réserve. Quand les "vigilantes" comprennent qu’il y a une grosse prime pour ramener Darnley, ils exigent leur part. Neale et le commissaire Carjaval n’ont pas le choix, d’autant que Resi – un des "vigilantes" – ne compte pas en démordre. La progression est de plus en plus pénible à travers le désert, sous ce soleil de plomb. Deux des mulets meurent, à bout de forces. Tous n’ont d’autre choix que de tenir bon, à pied ou sur les mulets restants.

L’Indien Ceja, celui qui connaissait le mieux la région, décède en cours de route. Tant qu’il est simple de suivre la même piste qu’à l’aller, le groupe s’inquiète peu. Néanmoins, la confiance n’est pas au beau fixe entre Neale, le commissaire Carjaval et les "vigilantes". Mais Resi ne peut pas tout surveiller : en pleine nuit, Neale ne fait rien pour empêcher Darnley et Suzanne de tenter leur chance seuls. Il est conscient que, même s’ils prennent un peu d’avance, le défi est trop incertain. Arriver les premiers à Itapangua, essayer une autre solution pour disparaître ? C’est illusoire. En outre, il faut craindre une réaction radicale de Resi si le groupe rattrape le couple de fuyards. Et au final, combien seront-ils pour toucher la grosse récompense promise ?…

Michael Barrett : Balade au soleil (Série Noire, 1956)

L’arme au poing, ils arrivèrent à la hauteur des deux mulets chancelants. L’homme et la femme se tournèrent lentement, très lentement vers eux. Leurs visages toisèrent les uniformes bruns et débraillés, les revolvers, les peaux sombres, la figure barbue de Carjaval et finalement s’attardèrent sur Neale.
Un masque de poussière ternissait le visage de la femme, creusé par la fatigue et la peur ; elle l’observa un instant, puis ses yeux se tournèrent de nouveaux vers les hommes, leurs uniformes, leurs dagues et leurs revolvers. Neale y lut la terreur, l’amertume et la haine : l’autre l’avait reconnu et compris. Il détourna les yeux et pensa à l’argent. Cinq cent mille pesos.

Michael Barrett (1924-1999) était un romancier anglais. Il a publié une douzaine de livres, plusieurs ayant été traduits en français – dont “Les fuyards de Zahrain” (1963), “Feux de bush” (1968), ou “Ce soir à Sacarra” (1972). “Balade au soleil”, son premier suspense paru en 1956 dans la Série Noire, s’avère très bien construit – même si le scénario peut nous sembler aujourd’hui assez conformiste, un peu tel un western caniculaire en Amérique latine. Malgré tout, grâce aux péripéties bienvenues, on se passionne pour le sort de Neale, du commissaire Carjaval et de ses hommes. Un polar qu’il n’y a pas de raisons de reléguer dans les oubliettes de la littérature policière, qui se lit encore de nos jours avec un plaisir certain.

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30 juin 2018 6 30 /06 /juin /2018 04:55

À cette époque, fin des années 1970, il y a encore de l’argent en billets dans les banques. C’est pourquoi Billy Richards et sa petite bande braquent la National Westminster bank de Beechwood Brook. Pas une succursale d’importance, mais ils espèrent un beau butin quand même. À l’intérieur, se trouvent quatorze personnes, dont cinq clients. Glover, le directeur, se montre d’emblée coopératif. Mieux il obéira, plus vite ce sera fini. Sans doute est-il un peu trop optimiste. Un agent de police au repos s’est aperçu qu’il y avait un problème. Informé, l’inspecteur Tallboy prend la situation au sérieux. D’abord, vérifier par téléphone qu’il s’agit bien d’un hold-up. Ce que confirme Trotter, un des clients, producteur de télévision.

Rapidement, la complice qui attendait les braqueurs dans une voiture est arrêtée. Dans la banque, le vieux Ralph Reacher essaie de raisonner Billy Richards. Ce dernier est bien trop déterminé pour l’écouter. D’autant que Reacher devient vite barbant avec son bon-sens d’homme d’expérience. Billy finit par lui tirer dessus, le blessant sérieusement. Pendant ce temps, la police encercle les lieux et des tireurs d’élite sont prêts. Pour l’heure, les otages ne dramatisent pas, même s’ils n’ont guère de solution immédiate pour s’en sortir. Établir une ligne directe téléphonique entre la police et la banque n’est pas si simple, car Billy redoute un piège. C’est le père O’Connor qui va servir d’intermédiaire afin de mettre en place ce téléphone direct.

La police a identifié Billy Richards, un multi-récidiviste du banditisme, ainsi que son principal complice Walter Regan, un truand qui ne craint pas de tuer. Les deux autres comparses n’ont pas vraiment de poids. Évacuer Ralph Reacher par ambulance est désormais une priorité. Là encore, Billy craint une entourloupe des policiers. Si l’inspecteur Tallboy se fait passer pour un ambulancier, c’est surtout pour observer ce qui se passe à l’intérieur de la banque. Pour garantir la sécurité des otages, il est exclu de donner l’assaut. Une voiture pour prendre la fuite avec butin et quelques otages, c’est maintenant ce dont ont besoin Billy et ses complices. Les policiers temporisent. Au bout de trois heures, il va être temps que l’on intervienne pour en finir…

John Wainwright : Une si jolie petite banque (Série Noire, 1980)

John Wainwright (1921-1995) fut l’auteur de quatre-vingt-trois livres, dont seulement quelques-uns traduits en français (chez Le Masque et à la Série Noire). Le plus connu en France est certainement “À table !”, adapté au cinéma par Claude Miller en 1981, avec Lino Ventura et Michel Serrault. Se déroulant principalement en lieu clos, “Une si jolie petite banque” ne tombe jamais dans le théâtral. L’excellente idée de l’auteur, c’est d’alterner les versions, les témoignages par plusieurs clients et employés, tous ne réagissant évidemment pas de la même manière. Au départ, c’est avec désinvolture que le producteur-télé Trotter prend la chose, par exemple. Fréquent dans les années 1960 et 1970, ce type de braquage est aujourd’hui extrêmement rare : il n’y a quasiment plus de billets dans les banques, le plus stupide des voyous le sait bien. Raconté avec souplesse, ce polar témoigne donc d’une époque, restant diablement captivant. John Wainwright est assurément un auteur talentueux, injustement oublié.

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