Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
17 février 2014 1 17 /02 /février /2014 05:55

Mémé Cornemuse est bien décidée à débarrasser le plancher, direction les Amériques. Fini de tourmenter ses contemporains, de déclencher des cataclysmes sur son passage, elle va rejoindre l'amour de sa vie à Hollywood, Jean-Claude Van Damme. Pour Mémé, l'acteur belge est une sorte de Dalaï-lama musclé de la pensée profonde, ou creuse, ça dépend. Après avoir passé ses dernières vacances dans une roulotte près de la mer du Nord avec un tueur en série, après avoir brièvement épousé un flic jouant les travelos, après avoir été concierge dans un immeuble où elle a fichu le souk, après avoir décimé les importuns croisés au hasard de ses aventures chaotiques, Mémé tient à concrétiser ce rêve qui doit la propulser vers l'homme de sa vie. Toutefois, le cyclone Cornemuse menace encore pour un temps, car elle a besoin d'argent avant que quitter définitivement le Vieux Continent.

Grâce ou à cause d'une émission de télé, Mémé Cornemuse s'invite chez des bourgeois avec leurs mômes. C'est quand même pas pour y jouer les bonniches. Dès l'arrivée, elle donne le ton (genre “Mon voisin le tueur”, avec la vieille dans le rôle de Bruce Willis). Mémé prive les gosses de leur poste de télé, supprime le voisin râleur, dégoûte la fille de ses hôtes des robes de princesses. Elle ne tarde pas à quitter cette famille irrécupérable, non sans avoir piqué leur fric dans le coffre fort et bousillé un tableau de Dufy. C'est en camionnette qu'elle poursuit sa route, après avoir vaguement transformé l'engin façon baraque à frites. Faut pas s'attendre à ce que, même à quinze Euros la portion, le fritkot de Mémé vous serve de la première qualité. Mémé n'est guère réceptive aux réclamations, sortant son flingue à la moindre contrariété, faut-il le rappeler.

En chemin, Mémé fait quelques rencontres. Dont le jeune Félix, qui recherche les traces familiales de son passé, ce dont il devrait s'abstenir. Lui, il aurait pu fournir l'accès direct à Jean-Claude Van Damme, mais Mémé l'ignore. Quant au personnage fantomatique venu lui annoncer sa dernière heure, c'est quand même pas la Camarde qui va impressionner la Mémé. Et puis, faire une bonne action pour surseoir à sa propre mort, c'est pas trop dans la nature de Mémé Cornemuse. La voilà qui débarque au Havre, y croisant fatalement le rockeur local, gloire de la ville depuis quarante ans, Little Bob. Engagée sur un navire, Mémé passe bientôt de la plonge à la bouffe, remplaçant le légitime cuisinier Mamadou. Le ferry n'allant pas à New York, Mémé fait escale sur les plages d'Ostende. Sans renoncer pour autant à retrouver prochainement son “fiancé”...

Nadine Monfils : Mémé goes to Hollywood (Éd.Belfond, 2014)

Écartez-vous de son chemin, dès que votre apercevrez son ombre : Mémé Cornemuse est de retour. Une vieille dame inoffensive, juste un peu obsédée par les chansons d'Annie Cordy, et dont les lubies se sont fixées sur Jean-Claude Van Damme, pensez-vous ? Gare aux imprudents qui confondraient ce typhon vertigineux avec une simple bourrasque. Car c'est de la lave en fusion qui éclabousse tout ce qui l'approche, entraînant son monde dans un tourbillon d'embêtements (pour être poli). Par contre, on reste à l'abri du danger tant qu'on se contente de lire les délirantes tribulations de Mémé Cornemuse. C'est même un excellent remède afin de ne pas sombrer dans la morosité, pour chasser la sinistrose.

Il est plutôt improbable que Mémé parvienne au terme de son voyage vers la Californie, on s'en doute. Ce qui ne nous empêche pas de voir défiler quelques célébrités. Et autres personnages divinement caricaturaux, bien sûr. D'une fantaisie débridée, les romans de Nadine Monfils font penser à l'univers de Charles Trenet. À son “Jardin extraordinaire”, en particulier : “Pour ceux qui veulent savoir où ce jardin se trouve/Il est vous le voyez au cœur de ma chanson/J'y vole parfois quand un chagrin m'éprouve/Il suffit pour ça d'un peu d'imagination.” Suivre les méandres humoristiques des aventures de la pittoresque Mémé, c'est laisser libre cours à nos envies d'excentricités. Faisons-nous plaisir grâce à cette savoureuse comédie populaire, au sens noble du mot. Merci Nadine Monfils !

Partager cet article
Repost0
15 février 2014 6 15 /02 /février /2014 05:55

Annabelle, quarante-cinq ans, est reporter pour le grand journal quotidien marseillais. Séparée de sa famille, elle reste en grande partie attachée au souvenir de son défunt amant, Pierre Saint-Gilles. Son idylle avec le policier Jean-Louis Paoli n'a pas duré, mais ils sont toujours proches. En privée, Annabelle est une raffinée, amatrice de bons vins. Mais son professionnalisme prend souvent le pas sur sa vie perso. Elle est amie avec Noémie Cajner, photographe au journal. Quadragénaire mariée depuis longtemps à Marc, mère de leurs deux filles, Noémie ambitionne une exposition dans le cadre de “Marseille capitale de la culture”. Elle a de bons contacts avec Merlot, qui décide de l'attribution des budgets. Ce qui amène Noémie à s'absenter quand elle est de service au journal.

Une fusillade s'est produite au Plan D'Aou, quartier sensible marseillais. Puis l'intervention des flics s'est mal passée, un policier ayant été abattu. Annabelle est parvenue à assister au faits divers, sans Noémie. Des clichés, elle a dû en acheter à Cholan, un photographe indépendant présent aussi sur place. Le coûteux tarif demandé lui reste en travers de la gorge. Certes, Annabelle tient un superbe scoop, et les photos seront signées par Noémie. Le duo de tueurs avait exécuté quatre Comoriens, dont on a retrouvé les macchabées sur les lieux, avant de buter le policier. Jean-Louis Paoli est sur la piste de ces tueurs Blancs, des pros venus des Balkans. Annabelle adresse de virulents reproches à Noémie pour son absence, et récupère l'essentiel de la somme qu'elle a versée à Cholan.

Quelques temps après, Noémie est retrouvée noyée à l'Estaque. Plus sûrement s'agit-il d'un suicide que d'un simple accident. À ses obsèques, c'est Annabelle qui prononce son éloge funèbre devant Marc, leurs filles, et le gratin marseillais. Grâce à la journaliste, le policier Paoli était au courant de la substitution concernant les photos. Il n'en a pas fini avec Cholan, car celui-ci est impliqué dans des vidéos X. Son rôle y est mineur, mais ce sont néanmoins des séances sadomasochistes. Dans un de ces films, feue-Noémie tenait la place principale. Est-ce un cas de paraphilie, tel qu'on pourrait le lire dans un roman de Michael Connelly, ou plutôt un chantage sexuel ? Quand Annabelle retrouve Merlot, ils sont visés par des tirs. Les hommes de Paoli veillaient, heureusement. Si l'affaire de Plan d'Aou commence à prendre tournure, celle autour de Noémie n'est pas moins glauque...

Annabelle Demais : Rose sang (Archipoche, 2014)

Personne ne peut faire preuve d'angélisme quant aux réalités criminelles marseillaises. Le comptage des exécutions, et des actes violents en tous genres, témoigne de la tension qui règne dans cette ville. Sourde menace, d'autant plus grave qu'il n'a plus guère de Parrains mafieux pour régenter le banditisme actuel, ce qui va de pair avec la corruption. Comment imaginer que l'artificielle “paix sociale” qui est affichée ici ne soit pas tributaire de l'argent sale ? Si les “cités” sont minées par les trafics et par le fric trop aisément gagné, cela ne doit pas masquer les questions qui pourraient se poser autour des élites phocéennes. Et dire que cette ambiance nauséeuse dure depuis une bonne centaine d'années !

Il n'est pas difficile de décrypter le pseudo de l'auteur : (Anna) Belle de Mai, du nom d'un quartier marseillais bien connu. Quant à savoir si c'est une femme ou un homme qui se dissimule derrière, gardons-nous d'émettre des hypothèses. Certes, notre Annabelle est largement décomplexée. En pays marseillais, on se flattera volontiers de ses prouesses sexuelles ou de sa collection de conquêtes, c'est vrai. En ce sens, le roman s'inscrit dans une tradition locale bien ancrée. Et le type de films évoqués existe bel et bien, aussi médiocres soient-ils probablement. Cette intrigue part donc du principe incontestable que le pouvoir, c'est l'argent plus le sexe. Et c'est ainsi qu'Annabelle est entraînée dans une aventure tumultueuse, qui n'est pas sans danger pour son entourage comme pour elle. Un polar mouvementé, dans la bonne tradition.

Partager cet article
Repost0
13 février 2014 4 13 /02 /février /2014 05:59

Âgé de soixante-quatre ans, ce new-yorkais a connu un certain succès en publiant quatre thrillers. Alors qu'il craint que sa santé décline, il veut connaître un ultime moment de gloire. Commettre une série de crimes parfaits, d'anthologie, ça ne s'improvise pas. Il est marié à la secrétaire du directeur d'un collège privé. Son épouse se mésestime elle-même, restant admirative de son héros écrivain. Ce dernier va s'inspirer du Petit Chaperon Rouge pour son chef d'œuvre criminel, un conte plus sanglant à l'origine. Il se baptise le grand Méchant Loup. Il adresse des messages menaçants à trois femmes rousses, concluant par ce mots : “Et comme la petite fille du conte, vous avez été choisies pour mourir.”

Les trois victimes désignées ? La Rousse n°1 est le Dr Karen Jayson, quinquagénaire qui exerce dans le Massachusetts. Elle vit seule avec ses deux chats. Pleine de compassion pour les malades, dans sa vie privée, elle aime jouer les humoristes sur scène. La Rousse n°2 est Sarah Locksley, trente-trois ans. Depuis un an, elle a abandonné son métier d'institutrice après un drame familial. Dépressive, elle s'abrutit d'un mélange d'alcool et de médicaments, vivant nue chez elle dans le désordre. La Rousse n°3 est Jordan Ellis, dix-sept ans, étudiante dans une école privée préparant à l'université. Depuis le divorce de ses parents, elle n'est plus si bonne élève. À cause de ses cheveux roux, elle se sent aussi à l'écart des autres. C'est une excellente sportive, ce qui plaît au Grand Méchant Loup.

Rédigeant le suivi de son projet, l'écrivain sait déjà que ses cibles n'ont pas de solutions concrètes pour réagir. La médecin appelle la police, mais il y a trop peu d'indices pour que soit lancée une enquête. L'ex-institutrice récupère l'arme de son défunt mari Ted, qui fut militaire et pompier, un Colt Python 357 Magnum. Plutôt se défendre que se suicider avec ce revolver. Même si Sarah, comme Karen, se laisse parfois perturber par des ombres ou des bruits inquiétants. La jeune Jordan s'angoisse moins, gardant une vie d'étudiante. Elle se renseigne en détail sur la version originale du conte, pensant y trouver de quoi contrer ce Grand Méchant Loup. Elle n'espère pas de soutien ni auprès du directeur de l'école, ni d'aucun psy (“Un psy avec un gros flingue, voilà ce qui m'aiderait”).

Les surveillant toujours, le Grand Méchant Loup adresse une vidéo via YouTube à ses trois cibles. Il les a filmées d'assez près, comme s'il sortait du bois pour les attaquer. Karen se renseigne, mais il semble aisé de publier dans l'anonymat des vidéos sur ce média. Jordan est plus habile avec Internet. Outre la sienne, elle retrouve vite celles destinées aux deux autres. Elle entre en contact avec le Dr Karen Jayson. Toutes deux vont sympathiser sans délai. Un détail final de la vidéo pour la Rousse n°2 leur permet d'identifier Sarah. À trois, elles peuvent espérer contrer plus facilement le Grand Méchant Loup. Mais peut-être est-ce là ce qu'il a prévu ? Au moindre incident, tant que son épouse ne s'en mêle pas, il peut compter sur son habile réactivité pour poursuivre son plan. Des failles, il y en a toujours, côté assassin, mais surtout côté cibles. Qui survivra à ce jeu meurtrier ?...

John Katzenbach : Le loup (Presses de la Cité, 2014)

Il n'y a pas à faire de commentaire sur un tel suspense signé John Katzenbach, Grand prix de Littérature policière 2004 pour “L'analyste”. Ce romancier gère son intrigue avec une rare maestria. S'il s'agissait simplement d'un “jeu du chat et des souris (rousses)”, ce serait déjà très réussi. Un tueur en série qui s'efforce de se montrer plus astucieux que la moyenne, un postulat classique et souvent bienvenu. L'auteur va plus loin, car il met en scène un écrivain, censé mener la danse. Ce personnage fait part aux lecteurs de toute sa conception de ce qu'il va illustrer, de sa psychologie et de ce qu'il pense (à tort plus qu'à raison) être celle de ses futures victimes.

C'est là que Katzenbach s'avère magistral. Ces passages “mise au point” ne sont jamais ennuyeux. Ces réflexions sur son métier ne ralentissent nullement le récit. “Tourner la page doit être pour le lecteur une nécessité absolue. À quoi bon raconter une histoire su elle ne résonne pas dans l'esprit du lecteur longtemps après qu'il a tourné la dernière page ? L'écrivain et le tueur s'efforcent tous deux de créer une œuvre durable.” Quant au trio de rousses, il serait inconcevable que dans le monde actuel, elles soient de banales “traquées”, inertes face au danger. Des initiatives, elles vont en prendre. Ce qui alimente en permanence l'action et multiplie les sympathiques péripéties. Une histoire à dévorer, si le Grand Méchant Loup des contes d'antan nous en laisse un morceau.

Partager cet article
Repost0
11 février 2014 2 11 /02 /février /2014 05:55

Pour Noël 1759, le roi Louis XV offre à la population une belle fête autour de la Seine avec un grand feu d'artifice. Ce qui n'empêche pas le lieutenant général de police Sartine de se méfier des réactions du peuple envers la monarchie. Cette nuit-là, un jeune homme vêtu tel un moine est assassiné dans une ruelle sombre. Après un étudiant et un apprenti, ce semble être le troisième meurtre d'une même série, visant des hommes de moins de vingt-cinq ans. Volnay, le commissaire aux morts étrange, et son père toujours attifé en moine mènent l'enquête.

“L'assassin a pratiqué la même méthode d'égorgement que pour les deux précédents crimes et tranché la langue avec son couteau”, constate le Moine. Une lettre écrite en cyrillique indique que le dernier mort serait Russe. Dans un premier temps, aucun autre point commun flagrant n'apparaît entre les trois victimes.

Le duo interroge Mme de Boissie et sa fille muette, qui ont vaguement connu l'étudiant en médecine assassiné. La belle veuve se montre peu coopérative. Volnay engage deux petits mendiants, Séverin et son jeune frère Baptiste, pour observer ce quartier. Dans le même temps, des affiches annoncent une prochaine Fête des Fous, sans en préciser la date. Une ou plusieurs journées prétextes à des débordements, ce qui inquiète fort Sartine. Il a chargé son agente Hélène de découvrir les instigateurs de cette Fête. Ce qui donne au Moine et à la jeune femme l'occasion de renouer intimement.

Diplomate en Russie, le chevalier d’Éon est actuellement à Paris. Sachant qu'il ne dépend pas du ministre des affaires étrangères Choiseul, mais qu'il est proche du roi, Volnay et Sartine ont à l'œil cet orgueilleux personnage. Il affirme ne pas connaître Podovski, le troisième mort.

La piste la plus troublante pour Volnay est celle des jansénistes. Ce mouvement religieux a été développé par le défunt diacre François de Pâris. Des gens se réunissent sur sa tombe, au cimetière Saint-Médard. Il semble s'y produire des miracles. Si des femmes hystériques y retrouvent la santé, comme ont pu le voir Volnay et le Moine, ces séances spectaculaires peuvent aussi bien relever de la supercherie. Le nombre de pratiquants augmente depuis quelques temps. Les parents de Scipion Le Franc, une des trois victimes, s'adonnent à des cérémonies assez brutales à l'abri des regards. Le père Cottu est un diacre janséniste particulièrement excité, qu'on peut suspecter. Le lien entre les trois morts viendrait-il des préparations d'un apothicaire, dites “hivernales”, dans le quartier où vit Mme de Boissie ? Entre la Fête des Fous qui approche et le rôle obscur du chevalier d’Éon, Volnay va devoir démêler les fils emberlificotés de cette affaire...

Olivier Barde-Cabuçon : Tuez qui vous voulez (Actes Noirs, 2014)

Après “Casanova et la femme sans visage” (Prix Sang d'Encre 2012) et “Messe noire” (Prix Historia du roman policier 2013), désormais disponibles en poche chez Babel Noir, voici la nouvelle enquête du commissaire aux morts étranges. On y retrouve avec grand plaisir ce policier qui, s'il est sous les ordres de Sartine, se plaît à contourner son autorité lorsque c'est utile. Il tient cet état d'esprit de son truculent père Guillaume qui, usurpant sans vergogne la qualité de moine, aime à s'amuser. Celui-ci est un érudit qui reste un partisan du progrès, tant scientifique que social. La seule qui sache l'émouvoir, c'est la séduisante Hélène, mais il n'oublie jamais qu'elle est employée par Sartine. De son côté, Volnay se montre assez maladroit avec l’Écureuil, sa jeune amie, ex-prostituée employée grâce à lui dans une librairie.

On croise dans cette intrigue le fameux chevalier d’Éon (1728-1810). Il nous est présenté comme un personnage ambitieux, dont la réussite est certainement légitime, s'impliquant sans doute un peu trop dans des secrets internationaux. Par ailleurs, on peut compter sur le Moine pour nous expliquer en détails les origines de la Fête des Fous, où s'inversaient les valeurs traditionnelles. Autre élément mis en valeur ici, le jansénisme. Ce mouvement ultra-religieux et politique apparaît avoir engendré, au nom d'une foi aveugle, d'étranges pratiques proches de la démence. À ce stade du règne de Louis XV, la contestation monte au sein de la population, prenant diverses formes comme celle-là. La fébrilité de Sartine témoigne des inquiétudes du pouvoir royal. C'est toute cette ambiance qui, au-delà d'une simple enquête, séduit dans ce roman et dans cette excellente série. Une fois de plus, Olivier Barde-Cabuçon nous a concocté un suspense historique très convaincant.

Partager cet article
Repost0
10 février 2014 1 10 /02 /février /2014 08:28

Le festival Polar'Encontre attribue chaque année son Prix Calibre 47. Ont été récompensés jusqu'ici Claude Mesplède, Benoît Séverac, Anne Secret, Romain Slocombe, Ingrid Astier, Alexandra Schwartzbrod. On pourra remarquer qu'il s'agit en majorité d'auteurs dont Action-Suspense présente les romans. Coups de cœur ou mise en vitrine logique, puisque ce sont des auteurs talentueux.

Ce week-end des 8-9 février 2014, le Prix Calibre 47 a été attribué à Elena Piacentini, pour “Le cimetière des chimères” (Éd.Au-Delà du Raisonnable). C'est une fois encore un roman qui méritait d'être défendu ici. D'abord, par un Coup de cœur dès sa publication. Ensuite, en l'incluant légitimement parmi les 15 meilleurs polars de 2013. Le jury du Prix Calibre 47 ne s'y est pas trompé non plus, ce dont il faut les féliciter.

Mille bravos à Elena Piacentini, une auteure à lire absolument !

Le Prix Calibre 47 du festival Polar'Encontre 2014 est attribué à...
Partager cet article
Repost0
9 février 2014 7 09 /02 /février /2014 05:55

Le policier Denis Koster enquête sur le cas d’Ambroise Fridelance. Celui-ci est illustrateur pour la collection “Effroi” de l’éditeur Serge Demare, installé rue Mazarine. Il est marié à Régine, qu’il appelle Ginette, handicapée depuis un accident de voiture. Acariâtre, son épouse incite Ambroise à réclamer une augmentation. Demare refuse, prétendant que le contexte de l’édition n’est guère florissant.

Ambroise se documente pour illustrer la couverture du roman “Le tam-tam de l’angoisse”, d’Euloge Zonta. (“Apportez-moi une couverture qui saigne” exige Demare). Il s’aperçoit alors qu’il possède un vieux tabouret valant une fortune. En effet, ce siège design est de Paul Leneuf, collaborateur de Le Corbusier. Les quatre exemplaires sont censés avoir brûlé à l'aéroport de Bamako, lors d'un coup d'état. De fait, il n’en reste qu’un exemplaire, celui d'Ambroise. Qui vaudrait dans les cent mille Euros. Son “amie” journaliste Nora Bellois confirme à Ambroise la valeur de l’objet. Elle le met en contact avec Maurice Macquart, censé être un commissaire-priseur expérimenté et fiable.

Pour Ambroise, la vente aux enchères de ce tabouret unique signifie la fin de ses soucis financiers. Son éditeur est beaucoup plus sceptique. Il lui explique les rouages de ce genre d’opération, une arnaque, dont seul Macquart profitera. “Votre commissaire-priseur, il va se mettre en cheville avec un des gros marchands de meubles sur la place de Paris, qui sera seul a enchérir... Résultat, votre tabouret va partir au prix de base, vingt mille Euros.” Ambroise a bientôt confirmation que Demare a raison. Il tente de récupérer l’objet déposé chez l’expert, mais il devrait s’acquitter d’énormes frais.

Ambroise engage une avocate, Me Rabichon-Loisel, afin de faire valoir ses droits. Ce qui ne résout concrètement rien. Certes, le chantage exercé par Macquart se plaiderait, mais un procès ne serait pas gagné d’avance. Furieux, Ambroise force la porte de l'expert commissaire-priseur, et exige son tabouret. C'est là que la situation finit par s'embraser... Koster et Nora poursuivent ensemble l'enquête, interrogeant dans la banlieue lilloise l'auteur du roman “Le tam-tam de l’angoisse”...

Romain Slocombe : Envoyez la fracture (Pocket, 2014)

Prix Mystère de la critique 2014 pour “Première station avant l'abattoir” (2013), Trophée 813, Prix Calibre 47, Prix Nice Baie des Anges pour “Monsieur le Commandant” (2011), le talent incontestable de Romain Slocombe est récompensé depuis quelques temps. Ce qui fait plaisir à ceux qui suivent de longue date cet auteur, artiste multi-facettes. La réédition en format poche, et à petit prix, de “Envoyez la fracture” est un bon moyen de se rendre compte de ses qualités.

Ce pourrait être la simple histoire d’un brave type naïf, qu’on essaie de filouter, qui défend maladroitement ses intérêts. En réalité, entre témoignages et scènes directes, la construction de ce roman court est très habile. L’auteur entretient un sympathique suspense. Les mésaventures d’Ambroise sont racontées avec une subtile ironie. Romain Slocombe évoque ici le mobilier design, les douteuses ventes aux enchères, la sorcellerie africaine. Il rend aussi hommage à l’édition populaire (Fleuve Noir, Ditis) et à ses illustrateurs, comme Gourdon. Extrêmement plaisant à lire, un vrai polar souriant.

En 2009, Claire Devers a adapté cette intrigue pour un téléfilm éponyme, avec Laurent Stocker, Clotilde Hesme, Léa Drucker, Michel Aumont, Judith Chemla.

 

- “Envoyez la fracture” est disponible dès le 13 février 2014 -

Partager cet article
Repost0
8 février 2014 6 08 /02 /février /2014 05:55

Gallois d'origine, sir Owain Gwyn quitte son poste d'ambassadeur de Grande-Bretagne aux États-Unis. Ce brillant diplomate regagne ses propriétés de Glastonbury, en Angleterre. Il restait en Amérique des problèmes à régler, que son agent George Dalton ne sut résoudre. Mais sir Owain peut aussi bien s'en occuper de chez lui, avec son adjoint Lance Beaufort. Car il est le plus éminent membre de l'Ordre Secret et Sacré des Arthuriens, l'OSSA. Il fait partie du premier cercle, celui de la Lignée de Sang, héritier des Chevaliers d'antan. Ceux qui sont proches du mage Myrddin, gardien des traditions dans sa tour galloise. Si leurs activités sont officieuses, elles sont connues des autorités anglaises. D'ailleurs, même le Prince de Galles voudrait appartenir à leur confrérie. L'OSSA intervient partout où, dans le monde, se présente un danger menaçant un certain équilibre religieux.

Owain Gwyn traque de longue date Josep Mardrid, trafiquant d'arme influent en Afrique. La principale cible de l'OSSA est actuellement Angelo Marchetti. Celui-ci a fait partie de leur confrérie, avant de les escroquer. S'il n'est pas impossible de le pister, on sait qu'il dispose d'hommes de main sans pitié. Ce sont certainement deux de ces tueurs qui ont assassiné dans le Maryland l'antiquaire Goldman. On lui a volé une croix religieuse, plus recherchée par les initiés pour son symbolisme que pour sa valeur marchande. C'est le policier Fitzgerald, dit “Irish”, qui est chargé de l'enquête. Cet alcoolique, dépressif depuis une horrible affaire sanglante, a découvert le cadavre du jeune complice du tueur. Selon des voisines, un véhicule étranger a stationné devant chez Goldman. La vidéosurveillance montre que c'est un 4x4 de l'ambassade de Grande-Bretagne.

Mitzi Fallon, trente-neuf ans, élève seule ses deux filles ados en Californie. Elles viennent de s'installer chez la sœur de Mitzi et son mari, à San Francisco. La jeune femme a intégré le HRI, service des crimes Historiques, Religieux et Inexpliqués, du FBI. Très vite, Mitzi va devoir rejoindre “Irish” à Washington, pour le meurtre de l'antiquaire. On se montre fort peu coopératif avec le duo à l'ambassade anglaise. Mitzi obtient de l'employée de Goldman une clé USB codée, dont le décryptage s'annonce difficile. “Irish” étant victime d'un grave accident, c'est Mitzi qui est obligée de poursuivre l'enquête en Angleterre. Sir Owain Gwyn et l'OSSA espéraient éviter un attentat d'Al-Qaïda aux États-Unis, grâce à un infiltré dans la cellule terroriste. Mais l'explosion meurtrière a bien lieu à la gare centrale de New York. Tandis que le danger qui entoure Mitzi risque de s'étendre à sa famille, l'OSSA poursuit ses missions. Parmi lesquelles, la protection du pape...

Sam Christer : Les héritiers de Camelot (MA Éditions, 2014)

Avec “Les héritiers de Stonehenge” (2011), Sam Christer avait connu un beau succès. Il y a de grandes chances que les amateurs de thrillers soient séduits une fois encore. Ici, l'intrigue est également basée sur la légende, s'inspirant des Chevaliers de la Table Ronde. De même qu'on prétend que Templiers et Cathares n'ont peut-être pas disparu, le roi Arthur et ses compagnons ont pu laisser une descendance à travers les siècles. Par exemple, Lancelot du Lac aurait les traits de Lance Beaufort, français d'origine, et Jennifer Gwyn, l'épouse de sir Owain, serait la reine Guenièvre. Le personnage de Mardid vient du perfide Mordred, tandis que Myrddin n'est autre que le célèbre Merlin.

Toutefois, s'il transpose ces héros, Sam Christer élargit l'action. C'est dans le contexte mondialisé du 21e siècle qu'ils combattent. Aux puissants ennemis traditionnels, s'ajoute un groupuscule new-yorkais d'Al-Qaïda. C'est un feu d'artifice de péripéties entraînantes, qui nous font voyager de la Californie jusqu'au Pays de Galles en passant par bien d'autres lieux. L'enquêtrice du FBI Mitzi Fallon apparaît quelque peu fragile dans cette tourmente meurtrière. Malgré tout, sa détermination à surmonter les évènements la rend rapidement sympathique. Pour elle, pas si facile d'identifier d'éventuels alliés. Et puis, restant une mère inquiète pour ses filles, elle devra affronter directement l'infâme Marchetti. Suspense et aventures mouvementées, pour une histoire rythmée aux scènes courtes et vives. Belle réussite, que ce nouveau roman franchement captivant de Sam Christer.

Partager cet article
Repost0
7 février 2014 5 07 /02 /février /2014 05:55

Pierre Civeri est amoureux de Marie-José. Celle-ci le considère comme un bon copain, mais elle est éprise de Gérard. Ce Gérard affirme être marié à une épouse très jalouse. Pierre ne croyait guère cette version. Pourtant, il a fini par constater que c'est vrai. Il va se dévouer pour faire le bonheur de celle qu'il aime, essayant à plusieurs reprises d'éliminer l'encombrante femme de Gérard. Ses premières tentatives fort maladroites tournent mal. C'est Gérard qui en pâtit, son épouse se portant toujours comme un charme. Grâce à une complicité d'occasion, Pierre parvient quand même à ses fins. Le voilà satisfait : Marie-José et Gérard sont désormais libres.

Pierre s'est absenté un temps de Paris. À son retour, il décide de revoir le couple. Gérard a changé de poste. Marie-José n'occupe plus son emploi. Ils habitent maintenant dans un ancien couvent, à l'écart du monde. La soirée de retrouvailles n'a rien de joyeux. Dès le lendemain, Gérard s'étant éloigné, Marie-José explique à Pierre qu'elle vit un enfer. D'une jalousie sans limite, son compagnon la tient enfermée. De nouveau, Pierre compte faire le bonheur de Marie-José. Il ne tarde pas à rejoindre Gérard au Val d'Oulx. Il s'arrange pour causer une avalanche, qui provoque la mort du mari de Marie-José. Toutefois, la police a trouvé un indice donnant à penser que ce n'est pas un accident. Les enquêteurs semblent soupçonner Marie-José de meurtre. Pour venir en aide à la jeune femme, une fois de plus, Pierre devrait se dénoncer. Mais les apparences sont nettement moins simples.

Fred Kassak : Voulez-vous tuer avec moi ? (1971)

Publiée en 1971, cette comédie policière de Fred Kassak est une adaptation de sa pièce radiophonique “Le métier dans le sang”. Si la situation initiale est pathétique, l'auteur ne privait pas d'utiliser une tonalité humoristique. En témoignent les ratages de Pierre pour occire l'épouse gênante, malgré des efforts méritoires. La seconde partie ajoute un petit côté sombre, sans que ça nuise à la fluidité ironique de l'intrigue. Le trop galant Pierre s'est carrément placé dans une situation inextricable. Il est probable que l'on considère aujourd'hui ce type d'histoire comme un peu basique, alors qu'il s'agissait d'un de ces suspenses malins diablement bien construits.

Partager cet article
Repost0

Action-Suspense Contact

  • : Le blog de Claude LE NOCHER
  • : Chaque jour des infos sur la Littérature Policière dans toute sa diversité : polar, suspense, thriller, romans noirs et d'enquête, auteurs français et étrangers. Abonnez-vous, c'est gratuit !
  • Contact

Toutes mes chroniques

Plusieurs centaines de mes chroniques sur le polar sont chez ABC Polar (mon blog annexe) http://abcpolar.over-blog.com/

Mes chroniques polars sont toujours chez Rayon Polar http://www.rayonpolar.com/

Action-Suspense Ce Sont Des Centaines De Chroniques. Cherchez Ici Par Nom D'auteur Ou Par Titre.

Action-Suspense via Twitter

Pour suivre l'actualité d'Action-Suspense via Twitter. Il suffit de s'abonner ici

http://twitter.com/ClaudeLeNocher  Twitter-Logo 

ACTION-SUSPENSE EXISTE DEPUIS 2008

Toutes mes chroniques, résumés et commentaires, sont des créations issues de lectures intégrales des romans analysés ici, choisis librement, sans influence des éditeurs. Le seul but est de partager nos plaisirs entre lecteurs.

Spécial Roland Sadaune

Roland Sadaune est romancier, peintre de talent, et un ami fidèle.

http://www.polaroland-sadaune.com/

ClaudeBySadauneClaude Le Nocher, by R.Sadaune

 http://www.polaroland-sadaune.com/