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27 février 2014 4 27 /02 /février /2014 05:55

Un homme a été tué au bowling de Dixy Bill, à New York. C'est l'inspecteur Nooland, assisté du sergent McGrett, qui est chargé de l'enquête. Ça s'annonce mal, car les papiers d'identité de la victime sont faux. Il faudra déterminer pourquoi on a abattu cet homme en public. La police ne doute pas que l'assassin soit un professionnel. Sidney Bruce Horney est un journaliste new-yorkais. La Tribune, le journal qui l'emploie, révèle bientôt le nom de l'inconnu : Johnny Starret, dit Johnny-le-Gandin, grand spécialiste du vol de bijoux, un type insaisissable. Sid Horney avait eu la chance de l'interroger quatre ans plus tôt. Sidney est viré du journal ce même jour. Il se promet de faire la lumière sur l'affaire avant tout le monde, que ce soit la police ou La Tribune.

Employée de l'hôtel California où résida Johnny Starret, la séduisante Sybil va aider Sidney dans son enquête parallèle. D'abord, il s'agit de découvrir qui était ce Bergetto, auquel la victime parla au téléphone peu avant sa mort. Une casquette neuve, des cigarettes King, et une poignée d'indices permettent au journaliste de se poser les bonnes questions. Tandis que, de son côté,l'inspecteur Nooland aide un garde du corps à ne pas se faire tuer, et trouve la piste de l'assassin, Sidney découvre les véritables raisons de ce crime. Préparant son scoop, il s'adresse à une agence de presse...

Léo Malet : Mort au bowling (Éditions 12N, 2012)

Ce roman fut initialement publié en 1952 dans la collection Le Verrou, petits fascicules des éditions Ferenczi. Il était signé sous le pseudonyme de Frank Harding. À cette époque, Léo Malet écrit depuis déjà plusieurs années. C'est dire que, même s'il s'agit d'un roman moins ambitieux paru dans une collection modeste, l'auteur maîtrise son intrigue. Il est certain que l'Amérique décrite ici n'apparaît pas d'un grand réalisme. Ça n'a guère d'importance, l'essentiel réside dans une ambiance énigmatique, une enquête agitée. Ce n'est pas un chef d'œuvre, mais une histoire très plaisante à lire, finalement plutôt souriante. Ce titre est disponible depuis juillet 2012, au catalogue des éditions numériques 12N.

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26 février 2014 3 26 /02 /février /2014 05:55

On a déjà évoqué ce roman ici. Mais, compte-tenu de sa qualité, il n'est pas mauvais d'y revenir, puisqu'il est désormais disponible en version poche.

Dans les thrillers historiques sur les thèmes religieux, deux lectures possibles. Soit on espère que l’auteur apportera quelques révélations quant aux secrets du catholicisme ― voire des vérifications au sujet de textes plus ou moins apocryphes, d’épisodes mal éclaircis ou carrément tus par le Vatican depuis des siècles. Des mystères, il en reste sûrement, qu’il faut se garder d’interpréter avec trop d’imagination. Soit, et l’on peut préférer cette autre lecture, il s’agit de se plonger avec délices dans une aventure étrange, riche en rebondissements, qui nous fait voyager pour partie dans le passé. Elisabetta, l'héroïne, et ses proches vont effectivement être confrontés à des péripéties pleines de danger et d’interrogations. Un suspense vraiment excitant.

Glenn Cooper : La prophétie des Papes (Pocket, 2014)

De nos jours, Elisabetta Celestino appartient à une famille romaine. À soixante-huit ans, son père est un mathématicien mis sur la touche par l’Université. Sa sœur Micaela est médecin en gastro-entérologie, à l’hôpital Sant’Andrea, tout comme son fiancé Arturo. Leur frère Zazo est policier au Vatican. Douze ans plus tôt, Elisabetta était étudiante en archéologie. Avec son fiancé Marco, elle fut victime d’une grave agression, jamais expliquée. Tournant la page, elle devint religieuse. Le Pr Tommaso de Stefano, son ancien maître d’études, reprend aujourd’hui contact avec elle. Un éboulement dans les catacombes de Saint-Calixte vient de mettre au jour une découverte singulière, à garder secrète.

Au Vatican, le pape souffrant vient de mourir. Il laisse l’Église catholique en proie à des sphères d’influences occultes. Dans son château de Slovénie, le puissant Krek suit de près l’actualité vaticane. Entre les funérailles papales et la préparation du conclave, il veille à ce que rien ne trouble l’ordre apparent. Il est vite alerté sur les catacombes de Saint-Calixte, et sur le rôle qu’Elisabetta joue dans l’affaire. Elle a intégré la commission pontificale d’archéologie sacrée, auprès du Pr de Stefano. Dans ce columbarium oublié de Saint-Calixte, se trouvaient des restes de corps possédant une anomalie physique, marqués d’une sorte de tatouages. Ces signes rappelant ceux du zodiaque, Elisabetta se souvient que les Romains de l’Antiquité accordaient de l’importance à l’astrologie.

Après l'étude de documents, la première piste mène Elisabetta et sa sœur Micaela à Ulm. Un défunt professeur de cette université présentait des curiosités physiques comparables aux cadavres du columbarium. Il possédait des dossiers anciens énigmatiques. L’un concerne une série de nombres, que le père mathématicien d’Elisabetta pourrait tenter de décrypter. L’autre, c’est une pièce de théâtre de Christopher Marlowe, sur le thème de Faust, écrite vers 1600. Elisabetta prend contact avec le Pr Evan Harris, expert de l’œuvre de Marlowe. Un sbire aux ordres de Krek a tenté de s’introduire dans le couvent d’Elisabetta, affaire que son frère policier Zazo ne néglige pas. L’ennemi dispose de moyens très importants...

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25 février 2014 2 25 /02 /février /2014 05:55

Le commissaire Amédée Mallock est en villégiature dans sa propriété du côté d'Andernos-les-Bains, sur le Bassin d'Arcachon. C'est un policier expérimenté, un brin misanthrope, inspiré par des détails insignifiants pour d'autres enquêteurs. En ce caniculaire mois de juillet, une affaire criminelle va le sortir de sa torpeur. Originaire de la région, son collègue et ami Gilles Guédrout est maintenant commissaire à Bordeaux. Un meurtre vient d'être commis dans un château viticole des environs. Jean de Renom semble avoir été abattu par son épouse Camille. On n'a pas encore trouvé l'arme du crime. Jeunes parents, ce couple de trentenaires apparaissait pourtant uni. La mère de Camille n'est autre que la députée Sophie Corneille, probable prétendante aux futures élections présidentielles. Hospitalisée, la coupable supposée dit ne pas se souvenir de son acte. Devant le corps de Jean de Renom à la morgue, Mallock reconstitue la scène d'assassinat telle qu'il peut la concevoir.

Les familles de Renom et Corneille s'entremêlent de longue date. D'abord, des questions commerciales autour du vignoble les ont rapprochées. Les premières vignes remontent à 1323, quand le vicomte Pancrace d'Armuth développa les cépages, malgré les troubles de la Guerre de Cent Ans. Si les amateurs apprécient la production du château, on n'a jamais produit un vin très supérieur ici. Ça semble dû aux malédictions pesant sur la propriété. Un des derniers cas concerne le meurtre du père de l'actuelle députée, une quarantaine d'années plus tôt. La justice condamna l'amant de l'épouse, le chevalier Charles d'Assas, oublié en prison depuis tout ce temps. Le commissaire contacte à ce sujet son équipe parisienne, baptisée “Fort Mallock”, tandis qu'il rencontre d'Assas en prison. “Pour lui, ce fut à cet instant que commença vraiment l'affaire Corneille. Elle le mènerait bien plus loin, et en des temps bien plus anciens et sanglants, qu'il ne l'aurait imaginé.”

L'arme du crime ayant été retrouvée cachée dans un coffre-fort de sa chambre, Camille de Renom est en état d'arrestation. L'ADN permettrait de savoir s'il existe un lien familial entre le défunt Jean de Renom et Charles d'Assas. Mallock recherche des infos sur la fameuse malédiction du templier Gil Gælian du Gar touchant ce terroir depuis les années 1330. À quoi correspond réellement le chiffre de sept victimes, lié à cette légende et à ses suites ? Alors que Félicien, le maître des vignes, continue à s'occuper du cépage, Mallock et le juge d'instruction Max Balestra entament la partie sensible de l'enquête. Surnommée “la Grande Sophie”, sa réussite sociale a placée la députée parmi l'élite, justifiant qu'elle traite de haut tout le monde. Interrogée par Mallock en prison, Camille admet défauts et qualités de sa mère. Grâce au témoignage de la sage-femme portugaise connaissant la vérité sur la naissance de Jean, l'enquête progresse un peu. Mais c'est loin d'être le seul secret que le commissaire doit découvrir dans ce dossier...

Mallock : Les larmes de Pancrace (Fleuve Éditions, 2014)

Tout policier de fiction digne de ce nom possède ses caractéristiques personnelles et ses propres méthodes. Ce commissaire d'âge mûr roulant dans sa vieille Jaguar, estimant sain de se parler à lui-même, d'un esprit sinon lunatique mais assez fantasque, ne manque pas de particularités. Néanmoins, l'observation et la déduction sont très développés chez lui. Et c'est avec un grand fond d'humanisme qu'il traite cette délicate affaire. Où, peut-être, des regards vers un lointain passé historique sont nécessaires pour assimiler le présent. S'il dispose de moyens techniques et d'une équipe, plutôt autonome, Mallock fonctionne à son rythme. Il est vrai qu'au départ, il est tout de même en vacances.

C'est dans les méandres d'une intrigue emberlificotée que nous entraîne donc Mallock. Il n'a pourtant pas l'intention de nous égarer dans un labyrinthe d'hypothèses oiseuses ou autres fausses pistes. Il nous invite à le suivre dans ses pérégrinations en Aquitaine, à marcher au même pas, sans chercher à en deviner plus qu'il n'en révèle. Dénicherons-nous ensemble, en toute transparence, la clé de l'énigme ? Certes oui, mais ce sera après un itinéraire pour le moins gratiné. La tonalité enjouée d'un récit fluide, autour de cet enquêteur hors normes, reste le meilleur atout de ce suspense policier fort excitant.

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23 février 2014 7 23 /02 /février /2014 05:55

Dominique Dupont-Viau est née à Paris en 1955. Elle débute dans le roman policier en 1995, aux éditions Le Masque, avec "L'Organisation". Suivront "Le pas de l'engrenage "(1999), "Au pied du mur" (2000), "La mort la précède" (2003), ainsi que "La mélancolie des ombres" (Flammarion, 2004). Chez Le Masque, elle a également publié des suspenses historiques sous le pseudonyme de Dominic D.West : "Le mobile" (1997), "La dominante" (1998), "La partition" (1998), "La rançon" (1999), "L'impair" (1995).

Beaucoup de femmes gardent enfouies des réminiscences douloureuses, des secrets aussi lourds à porter que difficiles à exprimer. Tel est le propos de “La mort la précède”, suspense psychologique où le lecteur doit s'attendre à un récit plutôt lent, très intérieur. L’aspect introverti des personnages fait qu'ils nous apparaissent comme des ombres dans un décor incertain. C'est évidemment le but, ce qui intéressera en priorité les amateurs de psychanalyse.

Un coup d'œil sur cette intrigue...

Leonora Salvieri, la trentaine, installée dans un village en Ardèche, ouvre un cabinet de psychologue. Âgée de trente-trois ans, Eponine est sa première cliente. Cette jeune femme disgracieuse et trop directe vit chez son père. Celui-ci, Joseph Blachère, est un puissant diplomate et homme d’affaires. Née au Brésil, Eponine n’a pas connu sa mère. Elle a détesté ses trois belles-mères successives. Au point que l’on peut se demander si elle est cause de leur disparition, et des accidents que subit la troisième compagne, Morgane. Eponine n’est pas si idiote ou limitée. Elle possède des dons artistiques, et était très attachée à sa chienne, qui vient d’être tuée lors d’une partie de chasse.

Leonora s’interroge sur ses compétences face à un tel cas. Elian, le potier, ancien acupuncteur, la réconforte même s’il parle peu. Et puis elle se souvient de son Ombrie natale : le pays du bonheur, mais aussi celui où elle perdit très tôt ses parents. Dans une soirée, elle entend rumeurs et commérages sur Eponine et son père – avant que ce dernier n’essaie de jouer au séducteur avec elle. Impression déplaisante pour Leonora, qui le juge prétentieux et manipulateur. Eponine et Morgane restent incapables de se comprendre. Morgane affirme que Blachère n’est pas son père.

Leonora rend visite à Constant, le vieux monsieur qui lui céda ses ruches. Il évoque sa propre épouse décédée, qui avait aussi ses secrets. Il s’inquiète de ne plus voir Eponine depuis plusieurs jours. Ensemble, ils partent à sa recherche. Distancée, Leonora ne peut l’aider quand Constant est agressé. Mystérieusement alerté, Elian la rejoint. Finalement, Blachère s'expliquera sans remords la complexité de son passé...

Dominique D.Viau : La mort la précède (Le Masque, 2003)

Dominique Dupont-Viau a abandonné le polar depuis dix ans. Titulaire d'un doctorat de 3e cycle en sciences humaines, son cursus l'a amenée à pratiquer diverses formes de coaching. « Ma pratique pluridisciplinaire est fondée sur un travail approfondi. Elle respecte la personnalité, les capacités et le rythme de chacun. Le “contrat changement” que j’établis en fin de coaching, projet professionnel ou formation permet à chacun de poursuivre sa route avec un fil conducteur. » Voir son site, ci-dessous.

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22 février 2014 6 22 /02 /février /2014 20:25

Le concept d'un festival des littératures policières à Toulouse remonte à 2007 quand Ida et Claude Mesplède suggérèrent à la direction de la Librairie de la Renaissance d’unir leurs compétences pour y parvenir. A l’origine de son nom de baptême, Toulouse Polars du sud, les Mesplède proposèrent aussi la création du prix littéraire Violeta Negra, afin de mieux faire connaître les romanciers des langues du sud. Le couple Mesplède apporta sa connaissance approfondie  du milieu des polardeux, alerta ses réseaux et ouvrit son carnet d’adresses. De son côté, la direction de la Renaissance  apporta son savoir-faire en matière de diffusion du livre et mit ses locaux à la disposition du festival. Dès 2008, ce Festival était en chantier. La première édition fut une réussite, ce qui incita les collectivités à augmenter leurs subventions. Les animations se sont multipliées, depuis.

Claude Mesplède a démissionné de la présidence à l’issue d’une réunion en décembre au cours de laquelle ses propositions nouvelles furent rejetées avec remise en cause de la sélection des invités. Pour pourvoir cette présidence laissée vacante, le conseil s’est réuni le 19 février 2014. Deux candidatures étaient soumises au vote – imposé par on ne sait trop qui à bulletins secrets – dont celle d’Ida Mesplède, jusqu’alors vice-présidente et coordonnatrice du festival. A une écrasante majorité, son concurrent a été choisi. Ida Mesplède a décidé, elle aussi, de démissionner de TPS. Désormais, Ida et Claude Mesplède nous informent qu’ils n’ont plus aucun lien avec l’association Toulouse Polars du sud et que l’utilisation de leur nom par cette association relèverait de l’abus de confiance.

"Toulouse Polars du Sud" change de direction

On se gardera d'émettre une opinion sur ce qui pourrait ressembler à une entente fort peu démocratique, visant à évincer le couple Mesplède. Il est possible que, dans un légitime souci de rentabilité, les organisateurs n'envisagent plus d'inviter que des valeurs sûres, en terme de ventes. On peut craindre, sans rien affirmer déjà, un sévère changement de cap au détriment des auteurs et des plus modestes éditeurs. Ce qui fait la force de ces festivals, c'est pourtant la diversité des talents, ce qu'Ida et Claude Mesplède ont toujours défendu. On peut penser que l'état d'esprit de TPS va se radicaliser dans d'autres directions, sans tenir compte des lecteurs ni de leurs envies de découverte. L'avenir nous le dira...

Mise à jour samedi 1er mars : Claude Mesplède a souhaité apporter quelques précisions, que l'on pourra lire dans les commentaires. Action-Suspense ouvrira un "droit de réponse" dans les mêmes conditions à l'association TPS, si ses nouveaux dirigeants le désirent.

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21 février 2014 5 21 /02 /février /2014 07:40

Stéphane Néguirec est natif de Guingamp. Ce jeune Breton possède une âme vagabonde. Il a préféré ses spectacles poétiques, plutôt qu'une vie stable auprès de son épouse et de ses enfants, à Saint-Malo. Ses voyages l'ont mené de plus en plus loin, jusqu'à Cotonou, métropole la plus importante du Bénin. Stéphane n'a que de vagues projets, cherchant seulement à s'intégrer parmi la population de ce pays africain tropical.

Il s'est installé dans un logement fort modeste du quartier de Tokpota, à Porto Novo. Il n'est pas le dernier à profiter des nuits béninoises, dans les bars où certaines filles ne disent pas non à son fric. Ayant été agressé en compagnie d'une jeune pute, il reçoit l'aide d'une belle Ghanéenne, qui se fait appeler Déborah Palmer. Elle le paie pour pouvoir vivre un temps chez lui.

C'est dans une tigresse en peluche que la jeune femme cache son pactole. Le couple étant à nouveau agressé chez Stéphane, ils trouvent refuge dans une auberge minable. Déborah propose alors de le payer pour devenir l'épouse du Breton. Un mariage blanc, d'autant qu'elle n'est pas attirée par lui. Le faussaire Ignace leur procure sans tarder les documents censés officialiser leur union. En cas de contrôle, ces “faux” grossiers ne feraient pas un instant illusion. Peu après, le couple est encore attaqué. Cette fois, ils sont enlevés par les sbires d'un chef musulman. Les Blancs kidnappés ont une certaine valeur, même si un Français vaut moins qu'un Américain. Le ravisseur va bientôt céder Stéphane à un vrai islamiste, qui a fait préparer un cercueil pour son otage.

Ansah Ossey est un Ghanéen qui se fait appeler Jésus Light. Avec des complices, il a été l'auteur d'un gros braquage dans son pays. Mais ses amis ont été abattus, et sa compagne Paméla a fui avec le conséquent butin. C'est au Bénin que Jésus pense la retrouver. Il est bientôt confronté à un commissaire de police corrompu, qui lui prend l'argent qu'il gardait. Sans le sou, il contacte un ami pêcheur prêt à l'aider. Pas gratuitement : “Non mais, quel était ce pays étrange où, pour rendre le plus élémentaire des services, on pensait d'abord à vous essorer ?” La meilleure piste est une coiffeuse qui doit savoir où se cache Paméla. Jésus pense à l'obliger à le conduire jusqu'à elle. Mais les Africaines savent réagir... Quant à Stéphane et Déborah, ils vont tout faire pour sortir des griffes de l'islamiste...

Florent Couao-Zotti : La traque de la musaraigne (Éd.Jigal, 2014)  ─ Coup de cœur

Précisons d'abord que Florent Couao-Zotti, écrivain béninois, n'est pas un néophyte, ayant à son actif une œuvre reconnue bien au-delà de son pays. C'est avec finesse qu'il utilise le langage, épicé de certains mots typiques. Ceux-ci sont présents, définis dans un glossaire, sans être envahissants. Sans doute faut-il retentir que les Zems sont des taxis-motos très utilisés au Bénin, que les kpayos évoquent toute marchandise de contrefaçon, ou que l'axuévi est l'alcool le plus consommé ici. Chaque titre de chapitre est une formule de type proverbiale, telle “Le chameau ne se moque pas des bosses des autres”.

Il convient de savourer le récit, délicieusement écrit. En témoigne cet extrait, qui dépeint en quelques lignes l'ambiance nocturne entre Cotonou et Porto Novo : “La nuit avait drapé les rues de ses ombres noires, massives et épaisses. Les réverbères les froissaient à peine à travers leurs éclairages attiédis et pâlots, comme si les responsables de la société d'électricité publique avaient peur d'en relever la puissance. Sur la chaussée, les automobilistes et les motocyclistes roulaient comme à l'habitude, à l'emporte-pièce, zigzagant à l'humeur, freinant à l'inspiration, tournant à l'instinct.”

Racontée avec une tendre ironie, l'histoire s'attache autant aux personnages qu'au décor du littoral citadin béninois. Nous suivons d'un côté les mésaventures de Jésus Light, qui a beaucoup de mal à retrouver sa compagne. Et d'autre part, un jeune Breton égaré sur le continent africain. “Ça faisait trop longtemps qu'on le roulait dans la confiture... Il voulait savoir désormais avec quelle genre de pâte on allait le pétrir.” Bien que l'intrigue ne soit pas absolument mystérieuse, le suspense est bien réel, et les rebondissements incessants. Un roman captivant et écrit avec style, jouant avec le langage, comment ne pas adorer ?

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20 février 2014 4 20 /02 /février /2014 05:55

Capitaine de police expérimentée au Quai des Orfèvres, âgée de trente-neuf ans, Isabelle Mayet vient d'obtenir sa mutation à Nantes. C'est parce que sa mère souffre de la maladie d'Alzheimer que cette dynamique blonde frisée a dû faire ce choix. Une nomination bien accueillie à la brigade criminelle nantaise. Sauf par le lieutenant Bruno Farge qui visait le poste attribué à Isabelle. Très vite, elle se met dans le bain. Un cadavre a été trouvé dans le bunker de l'île Héron, sur la Loire. Pas un endroit facile d'accès, bien que faisant partie de l'agglomération de Nantes. Rempli de bouteilles vides et de sacs poubelles éventrés, le blockhaus est repoussant. C'est pourtant là que vivait un sexagénaire prénommé François, façon ermite. Les autorités ignoraient sa présence.

Selon l'amie qui le ravitaillait, ce sont les rayonnements électromagnétiques qui ont rendu cet homme malade. D'où, peut-être, cette consommation excessive de boissons alcoolisées. Le médecin légiste confirme qu'il s'agit bien d'une mort par cirrhose. La mort n'étant pas suspecte, ça ne nécessite plus une enquête. Néanmoins, Isabelle Mayet insiste. Lors du nettoyage du bunker, elle a déniché la clé d'une trappe. En explorant seule ce souterrain, elle risque de restée enfermée dans ce mausolée de béton. À une sortie, elle découvre le cadavre du chien de l'ermite, poignardé avec un sang-froid de pro du combat. L'ermite est bientôt identifié. François Bertignac fut policier aux RG de Nantes, avant ses problèmes de santé graves et sa retraite.

Isabelle possède plusieurs éléments. La photo d'une jeune femme, datant de 1975. Le vieil ordinateur de l'ermite, dont le disque dur mérite d'être exploré. Et un énigmatique tatouage AAA, auquel Bertignac s'intéressait. Teresa Aguirre, tel était le nom de la jeune fille du cliché. C'était une opposante chilienne, que Bertignac connut à l'époque de ses études. Selon un de ses anciens collègues, ils furent très intimes. À part un silure, poisson de grande taille, le plongeur qui visite l'épave du bateau de l'ermite n'y voit rien de déterminant. Tandis que la mère d'Isabelle a tendance à fuguer, se présente une double piste sérieuse. En 1995 et en 2001, deux jeunes femmes furent agressées et tuées à Nantes, sans que les enquêtes aboutissent. C'est aux Archives qu'Isabelle trouve le lien entre les deux cas. Pour aller au bout de son enquête, elle va mettre sa vie en péril...

Sylvain Forge : La Trace du silure (Éditions du Toucan, 2014)

C'est aux lecteurs de romans policiers authentiques, que s'adresse ce suspense inscrit dans la très bonne tradition du genre. En effet, la progression de l'intrigue débute par un mort singulier, passe par diverses pistes à éclairer, et nous entraîne jusqu'à un final teinté d'angoisse. Entre les services d'enquêtes et les acronymes de la police (SRIJ, FNAEG...) dont il ne faudrait pas abuser, on baigne dans une ambiance qui se veut proche du réel. L'héroïne fait preuve d'intrépidité, autant que d'intuition. Ce qui la conduit dans certaines situations délicates. Elle ne laisse pas insensible le charmeur substitut Samuel Vanneck, mais doit aussi penser à sa mère souffrante. Un contexte bien dessiné, donc.

Certes, le célèbre Quai de la Fosse nantais n'est plus le repaire mal famé qui lui valut une sinistre réputation. Mais peut-être masque-t-il encore des mystères. Car ce roman est aussi l'occasion de visiter Nantes, des quais de l'Erdre aux rives de la Loire, jusqu'au port de Trentemoult. Le détour par l'île Héron, méconnue car c'est un site protégé, ne manque pas d'intérêt. Ces détails participent à l'affaire, ce qui évite le genre balade touristique. Le sujet s'avère plus large, puisqu'un des aspects sombres évoque des temps funestes en Amérique latine. Avec une narration classique, et des chapitres assez courts, Sylvain Forge nous a concocté un suspense vivant qui se lit avec grand plaisir.

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18 février 2014 2 18 /02 /février /2014 05:55

Né en 1967 à Nantes, vivant dans le Morbihan, Stéphane Heurteau est scénariste et dessinateur de bédé depuis 2001. S'il a déjà beaucoup d'albums à son actif, il s'est fait connaître d'un plus large public grâce à la série Fanch Karadec (Éd.Vagabondages). Il est le scénariste des trois aventures (à ce jour) de cet enquêteur breton. Au printemps puis à l'automne 2013, il publie chez Coop Breizh les deux tomes de "Sant-Fieg". Le premier est intitulé "Rachid", le second "Armel".

Il s'agit d'un roman graphique dont l'action se passe à Crozon, dans le village de Saint-Fiacre. À travers le personnage de Rachid, l'histoire se passant dans les années 1960 évoque les conséquences de la Guerre d'Algérie. Les débuts de l'autonomisme breton et les rivalités entre plusieurs personnages sont aussi au cœur de l'intrigue. Dans la seconde partie, son fils Armel revient dans la région. Cette BD fort humaniste a été primée à Cognac, Prix Polar du meilleur one-shot 2013.

Le Grand prix de la BD bretonne attribué à Stéphane Heurteau

Dimanche 16 février 2014, Stéphane Heurteau était un des invités du Salon "Penn ar BD" (salle de l’U.G.S.E.L, quartier de Kerfeunteun, à Quimper). Il s'est vu décerner le Grand prix de la BD bretonne pour "Sant-Fieg" (aujourd'hui disponible en coffret avec les deux tomes). Stéphane Heurteau a été choisi grâce au vote des internautes. Par ailleurs, les patients du service hématologie de l'hôpital Morvan de Brest devaient attribuer le prix "Espoir". Ils ont désigné le même album, donc doublement récompensé.

Ci-dessous, cliquez pour lire mes chroniques sur ces deux tomes.

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